27 janvier 2000 Français Original: anglais
E/CN.6/2000/PC/CRP.1
http://www.un.org/womenwatch/index.html
Troisième session 3-17 mars 2000
Point 2 de l'ordre du jour provisoire*
Préparatifs de la session extraordinaire de l'Assemblée
générale intitulée Les femmes en l'an 2000 : égalité
entre les sexes, développement et paix pour le XXIe
siècle
Résumé des travaux des groupes de travail en ligne sur les
douze domaines critiques
du Programme d'action de
Beijing
Note du Secrétaire général
- En 1999, WomenWatch a organisé, à l'échelle mondiale, des groupes en
ligne en vue de recueillir des informations sur la mise en application
des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing.
- Les membres des groupes de travail représentaient plus de 120 pays
et comprenaient notamment des organisations non gouvernementales (ONG),
des représentants de gouvernements, des organisations
intergouvernementales et des chercheurs.
- Les groupes de travail se sont tout particulièrement employés à
mettre en lumière :
a) Les politiques, la législation, les stratégies et les
partenariats qui ont favorisé l'accession des femmes à l'égalité ;
b) Des études de cas, les meilleures pratiques optimales, des
exemples d'efforts fructueux entrepris par les pouvoirs publics, le
secteur privé et la société civile, ainsi que les enseignements tirés;
c) Les obstacles qui subsistent et les moyens de les surmonter
- WomenWatch est la passerelle qu'offre l'Organisation des Nations
Unies pour accéder à des informations en provenance du monde entier sur
les préoccupations des femmes, l'évolution de leur situation et l'état
de leur accession à l'égalité. Le site a été créé par la Division de la
promotion de la femme, du Secrétariat, le Fonds de développement des
Nations Unies pour la femme (UNIFEM) et l'Institut international de
recherche et de formation pour la promotion de la femme. WomenWatch est
un projet interorganisations auquel participent de nombreux organismes
des Nations Unies.
Mise en application du Programme d'action de Beijing au cours
de la période 1995-2000 : la voix des défenseurs de la condition féminine,
des chercheurs, des représentants des gouvernements et des organisations
de la société civile
-------------------------------------
Résumé des travaux
des groupes de travail en ligne
Table des matières
I. Récapitulatif
II. Introduction
III. Les domaines critiques
A. Les femmes et la pauvreté
B. Éducation et formation des femmes
C. Les femmes et la santé
D. La violence à l'égard des femmes
E. Les femmes et les conflits armés
F. Les femmes et l'économie
G. La participation des femmes à la vie politique et à la prise de
décisions
H. Mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion de la
femme
I. Les droits fondamentaux des femmes
J. Les femmes et les médias
K. Les femmes et l'environnement
L. La fillette
Annexe
I. Récapitulatif
Dans le cadre des préparatifs de l'évaluation des cinq années écoulées
depuis la conférence de Beijing, quelque 10 000 personnes se sont
associées aux groupes de travail en ligne de WomenWatch pour
analyser les progrès accomplis dans la mise en application du
Programme d'action de Beijing. On a ainsi pu réunir, de toutes
les régions du monde, des enseignements et des stratégies qui devraient
pouvoir guider les interventions futures. Plus de 120 pays ont été
représentés dans les groupes de travail qui ont échangé des informations
sur les progrès accomplis, les obstacles encore en place, les
enseignements tirés et les pratiques optimales. Si les résultats de ces
échanges ne sont ni exhaustifs ni définitifs, ils témoignent néanmoins de
la richesse des expériences qu'ont vécues tous ceux qui uvrent à
promouvoir l'égalité entre les sexes. Ils constituent aussi une excellente
source d'idées et de stratégies susceptibles d'être empruntées et adaptées
selon que de besoin. Comme l'a fait observer un participant, Dans
certains processus de l'Organisation des Nations Unies, tels que
l'Évaluation de la mise en application du Programme d'action de Beijing,
il nous est parfois demandé de nous prononcer formellement sur les
souhaits et les aspirations des femmes - ce qui nous conduit parfois à des
généralisations, au risque de marginaliser davantage encore celles qui
n'ont déjà pas voix au chapitre. Nous devons veiller à ne pas parler des
femmes en termes universels. (Philippines)
Pour les 12 domaines critiques, les obstacles, les enseignements et les
pratiques sont tantôt communs, tantôt spécifiques. Ils laissent cependant
apparaître, dans l'ensemble, un certain nombre de tendances. Quels
obstacles communs s'opposent à la réalisation de progrès dans les domaines
critiques et quelles mesures faudrait-il prendre à cet égard? Quels
enseignements communs peut-on tirer des expériences rapportées dans ces
échanges?
Obstacles communs à la réalisation de progrès
Pour l'ensemble des domaines critiques, on a, à maintes reprises,
relevé un certain nombre d'obstacles qui entravent sensiblement la
réalisation des objectifs convenus lors de la quatrième Conférence
mondiale sur les femmes. La majorité de ces obstacles ne sont pas nouveaux
mais leur élimination s'avère laborieuse.
Un certain nombre de valeurs culturelles, de normes de société et de
croyances religieuses accordent une valeur moindre à l'apport, aux idées
et à la vie des femmes et des filles.
Les processus de prise de décisions et d'orientation font peu de place
aux femmes et à la question de l'égalité entre les sexes.
Les avantages et les retombées préjudiciables de la libéralisation des
échanges, de la mondialisation et de la privatisation sont contradictoires
et inégaux, les femmes beaucoup plus touchées par les conséquences
négatives.
On ne dispose souvent pas de données ventilées par sexe.
La violence qui, fondée ou non sur des croyances religieuses
discriminatoires, s'exerce contre les femmes et les filles au foyer, à
l'école ou dans les médias, continue de s'accentuer.
Il n'existe pas de volonté politique suffisante pour engager les
actions susceptibles d'induire un changement durable.
Enseignements tirés
Les enseignements qu'ont tirés et partagés les membres des groupes de
travail constituent d'importants axes de référence pour les futures
actions de mise en application du Programme de travail. Si la plupart de
ces enseignements revêtaient un caractère spécifique, ils ont également
laissé apparaître plusieurs points communs:
Il faut associer étroitement la législation visant à créer un cadre
propice à l'instauration de l'égalité entre les sexes à des stratégies
d'éducation et de sensibilisation.
Pour modifier les attitudes et les pratiques qui entravent la
réalisation de l'égalité entre les sexes, il apparaît essentiel de
sensibiliser les enfants dès leur jeune âge et d'accorder une importance
particulière à la question de l'égalité dans l'enseignement formel et non
formel.
Il ne suffit pas, pour assurer le changement, d'accroître la
représentation des femmes au sein de l'administration ou dans d'autres
sphères de prise de décisions ou encore de décréter l'égalité entre les
sexes par voie de législation. De telles mesures n'ont pas d'effets
automatiques sur l'évolution de la situation.
L'examen du problème de la parité entre les sexes, dans le cadre d'une
réflexion à long terme, peut souvent conduire à l'adoption de stratégies
intégrées et efficaces. Par exemple, l'examen de la violence liée aux
armes à feu, du point de vue de la santé et de la prévention des
traumatismes plutôt que sous le seul angle de la sécurité, peut élargir le
cadre du plaidoyer et des interventions.
Les démarches intégrées menées sur plusieurs fronts jouent un rôle
déterminant dans la dynamique du changement, qu'elles interviennent dans
les domaines des soins de santé, de l'éducation, de la sensibilisation ou
des droits de l'homme.
Les interventions aux échelons mondial, national et local et les
stratégies définies en fonction des contextes jouent un rôle décisif dans
l'instauration d'un changement durable en faveur des femmes, que ce soit
dans le règlement des conflits, l'élaboration d'outils appropriés pour
l'analyse des questions de parité entre les sexes ou l'animation de
débats.
Quelques points saillants des échanges; des groupes de travail
Les groupes de travail ont procédé à un échange des nombreuses
expériences concrètes qu'ils ont vécues et des multiples enseignements
qu'ils ont tirés au cours des cinq dernières années.
Les participants ont souligné combien il importait d'orienter les
efforts vers l'éducation des jeunes enfants.
L'Equal Opportunities Commission a concentré ses efforts sur
l'éducation des jeunes enfants dans le cadre d'une stratégie visant à
promouvoir l'égalité des chances. Il s'agit d'incorporer ces notions à la
vie de l'école plutôt que d'en faire l'objet d'une autre matière
d'enseignement. On a ainsi élaboré, à l'intention des enfants d'âge
préscolaire, un module de formation comportant des livres d'images, des
matériaux didactiques, des jeux et des chansons. Des ateliers de formation
ont été organisés à l'intention de plus de 700 enseignants des écoles
maternelles et des jardins d'enfants. Plus de la moitié des jardins
d'enfants de Hong Kong y ont participé. (Hong Kong)
Les participants ont décrit les services de soins de santé parallèles
que les femmes mettaient en place.
Nous nous efforçons de concevoir un autre système de soins de
santé, qui sera géré par la fédération des associations locales de femmes.
Notre organisation veille à ce que ces associations prennent en mains les
processus de prise de décisions et de gestion. À quelques exceptions près,
toutes les interventions en cours consistent à sensibiliser et à desservir
celles qui, déjà, sont sensibilisées et ont accès à des services qui ne
parviennent jamais aux villageoises pauvres et analphabètes. En termes
d'équité, une telle démarche se justifie-t-elle?(Népal)
Les participants ont favorablement accueilli la législation et les
politiques nouvelles concernant les droits et la représentation des
femmes.
La politique de l'action positive a considérablement contribué à
renforcer la participation des femmes à la vie politique et publique en
Ouganda. Ici, chaque district doit élire au parlement une femme qui
représente les femmes au sein de cette institution, mais de surcroît, les
femmes peuvent se faire élire en fonction du mérite. L'action positive a
ainsi conduit au parlement plus de 40 femmes et a permis à de nombreuses
femmes d'occuper des fonctions publiques dans un certain nombre
d'institutions - l'Ouganda étant le seul pays africain où une femme occupe
le poste de Vice-Présidente! (Ouganda)
Les participants découvrent de nouveaux modes de gestion des conflits.
Nous nous efforçons de déplacer la question de la violence liée aux
armes à feu du seul cadre de la sécurité et des conflits pour la recentrer
en rapport avec la santé et la prévention des traumatismes. Au regard du
conflit ou du traumatisme, il s'agit désormais d'intervenir en amont
plutôt qu'en aval. Cette démarche se fonde sur la Charte d'Ottawa pour la
promotion de la santé, qui stipule que toute personne a droit au bien-être
mental, physique et social. (Australie) Les participants franchissent les divisions ethniques pour instaurer la
paix.
Je voudrais partager avec vous quelques-unes des stratégies et
méthodes utilisées par les associations de femmes à Chypre. S'agissant de
la constitution du groupe, les participants conviennent, dès le départ,
qu'elles ne représentent qu'elles-mêmes et non pas, par exemple, des
organisations non gouvernementales (ONG). Elles conviennent en même temps
que notre objectif est de nous exprimer et de comprendre des besoins
plutôt que d'affirmer des positions politiques. Initialement, les femmes,
qui appartiennent à deux groupes ethniques différents, ont des attitudes
complètement différentes et sont choquées par ces différences. Nous leur
donnons l'occasion de décrire les périodes les plus traumatisantes de leur
histoire. À ce stade, les deux groupes commencent à fusionner. Le nouveau
groupe qui se forme ainsi n'a ni structure, ni responsable, ni hiérarchie
et chacun s'y sent l'égale des autres. Tout au long de ce processus, les
femmes mènent une quête en elles-mêmes. Le changement vient de l'intérieur
et non pas de l'extérieur. (Chypre) Les participants créent et encouragent des partenariats en vue de
promouvoir l'accession des femmes à l'égalité.
Organisées et créatives, les femmes des secteurs informels
(vendeuses des rues) se sont regroupées et, en association avec les
hommes, ont constitué des groupes chargés d'engager la concertation et
d'assurer la défense de leurs intérêts. À Cebu, des organisations
populaires et des organisations non gouvernementales ont constitué, avec
les collectivités locales, des organismes tripartites chargés de suivre
les questions qui concernent les vendeurs des rues et le code
d'administration locale. Cette stratégie de partenariat démontre qu'il est
possible de créer des sociétés civiles grâce à la mise en place de
réseaux, à l'organisation et à l'éducation. (Philippines)
* *
II. Introduction
L'Organisation des Nations Unies entame l'examen quinquennal de
l'application du Programme d'action de Beijing avec, à sa disposition, une
grande diversité de connaissances et d'expériences, d'expérimentations et
de stratégies. Nombre d'organisations non gouvernementales, de chercheurs,
de particuliers, d'organisations intergouvernementales, de gouvernements,
d'organismes bilatéraux et multilatéraux et d'institutions spécialisées
ont apporté d'importantes contributions. De quels succès peut-on se
prévaloir depuis 1995? Quels obstacles continuent d'entraver l'exécution
de la série ambitieuse de tâches qui restent à accomplir? Quels
enseignements peut-on retirer des cinq années écoulées et quels nouveaux
défis les femmes doivent-elles relever? Quelles mesures et initiatives
concrètes peut-on prendre pour surmonter les obstacles qui empêchent la
pleine application du Programme d'action?
En 1999, le projet WomenWatch a réuni des particuliers représentant
différentes organisations, professions et régions du monde afin qu'ils
partagent leur expérience touchant la mise en oeuvre du Programme d'action
de Beijing. Ils ont été répartis en 12 groupes de travail en ligne
recouvrant chacun un domaine critique. Ces groupes de travail qui
fonctionnaient par messagerie électronique s'inscrivaient dans un cadre
général commun et avaient principalement pour objectif d'identifier ce qui
suit :
Les politiques, législations, stratégies et partenariats visant à
promouvoir l'égalité entre les sexes qui avaient donné de bons résultats;
Les études de cas, meilleures pratiques et autres exemples
d'expériences réussies menées par les pouvoirs publics, le secteur privé
ou la société civile ainsi que les enseignements à en retirer;
Les obstacles qui continuent d'entraver les progrès et les moyens de
les surmonter.
Qu'est-ce que WomenWatch?
|
WomenWatch constitue pour l'ONU la
plaque tournante des échanges d'informations à l'échelle mondiale
sur les préoccupations des femmes et les progrès que celles-ci
accomplissent dans leur lutte pour l'égalité. Lancé par la Division
de la promotion de la femme du Secrétariat, le Fonds de
développement des Nations Unies pour la femme et l'Institut
international de recherche et de formation pour la promotion de la
femme, WomenWatch est un projet interinstitutions qui fait appel à
nombre d'organismes des Nations Unies. |
On trouvera WomenWatch sur le Web à
l'adresse suivante :
http://www.un.org/womenwatch |
De septembre à décembre 1999(1),
une dizaine de milliers de personnes ont tenu un débat collectif, mis en
commun ce que l'expérience leur avait appris et apporté leur contribution
à Beijing+5 dans le cadre de groupes de travail. Le résultat a été un
foisonnement d'idées concrètes appelées à orienter de façon décisive la
poursuite de la réalisation des objectifs du Programme d'action : égalité,
développement et paix.
Groupes de travail
1. Sortir les femmes de la pauvreté
2. Établir l'égalité dans l'enseignement
3 Assurer et promouvoir la santé des femmes
4. Mettre fin à la violence contre les femmes
5. Les femmes et les conflits armés
6. Mettre fin à l'inégalité économique des femmes
7. Favoriser l'accès des femmes à l'exercice du pouvoir et à la prise
de décisions
8. Mécanismes nationaux pour l'égalité des hommes et des femmes
9. Réaliser les droits fondamentaux des femmes
10. Les femmes et les médias
11. Renforcer le rôle des femmes dans la protection de l'environnement
12. Autonomiser les petites filles
En bref
Qui a participé aux groupes de travail en
ligne? |
Les groupes de travail ont réuni une
dizaine de milliers de personnes dans plus de 120 pays. |
Environ 10 % d'entre elles, soit un
millier de personnes, ont apporté une contribution de fond qui a été
examinée par l'ensemble du groupe. Beaucoup d'autres ont eu des
échanges individuels qui n'ont pas été diffusés à tous les
participants mais ont néanmoins contribué à enrichir le dialogue
général. |
La répartition géographique moyenne des
participants était la suivante : |
Amérique du Nord : 35 % |
Europe (pays en transition d'Europe
centrale et orientale compris) : 17 % |
Asie : 17 % |
Afrique : 13 % |
Amérique latine : 6 % |
Pacifique : 4 % |
Asie occidentale : 2,5 % |
Caraïbes : 2 % |
Bien que seuls 19 % de tous les
internautes résident en dehors de l'Europe et de l'Amérique du Nord,
près de la moitié des participants aux groupes de travail étaient du
Sud. Le rapport Nord-Sud s'établissait à 58 % pour le Nord et 42 %
pour le Sud**. Ces pourcentages variaient énormément de groupe à
groupe, deux d'entre eux - celui sur l'environnement et celui sur la
prise de décisions - attirant davantage de participants du Sud que
du Nord. |
En moyenne, la moitié des participants
représentaient des organisations non gouvernementales. |
Les pouvoirs publics étaient
particulièrement bien représentés dans les groupes suivants :
mécanismes nationaux (30 %), environnement (15 %), pouvoir et prise
de décisions (13 %) et santé (13 %). |
Les universitaires et les chercheurs qui
formaient en moyenne 24 % des participants étaient particulièrement
bien représentés dans les groupes suivants : éducation (40 %) et
économie (30 %). |
Les organisations intergouvernementales
(à savoir l'Organisation des Nations Unies et la Banque mondiale)
comptaient le moins de représentants (7 %). |
** La participation du Sud a
probablement été plus forte que ce chiffre ne l'indique car certains
messages portaient une adresse électronique globale qui permettait
difficilement de déceler le pays d'origine de l'expéditeur. L'Europe
orientale a en outre été rangée dans le Nord. |
Méthodes
Chaque groupe de travail en ligne a fonctionné pendant six semaines; il
était encadré par un groupe consultatif d'experts de la question à
l'examen(2),
comprenant notamment un animateur habitué à diriger des forums
électroniques.
Pour chaque groupe de discussion, ce groupe consultatif comprenait,
outre l'animateur, des conseillers thématiques et un coordonnateur
WomenWatch (la composition du groupe consultatif est donnée dans une note
de bas de page au début de chaque chapitre). WomenWatch a contacté un
grand nombre d'organismes des Nations Unies, d'organisations non
gouvernementales et de particuliers ayant une connaissance approfondie et
une grande expérience du domaine critique considéré et choisi les membres
du groupe sur la base de leurs compétences parmi les spécialistes disposés
à consacrer une partie de leur temps au groupe de travail sur une durée de
six semaines.
Pour chacun des forums de discussion, il appartenait au groupe
consultatif d'orienter les débats. L'animateur dirigeait les travaux du
groupe par le biais de messages hebdomadaires et s'assurait qu'ils
restaient bien axés sur les obstacles rencontrés, les enseignements tirés
de l'expérience et l'élaboration de recommandations. Chaque animateur a
établi un rapport sur les conclusions du groupe de travail, en
consultation avec les autres membres du groupe consultatif.
Le centre de recherche pédagogique EDC-USA a apporté un appui de fond
en aidant à approfondir les sujets à examiner; il a également contribué à
la coordination et à la campagne d'information. Il a aussi assuré
l'animation des groupes de travail au jour le jour, sauf en ce qui
concerne celui consacré aux femmes et les médias (WomenAction 2000) et
celui axé sur les mécanismes nationaux (Christina Janssen).
Les groupes de travail étaient ouverts à tous. Quelque 17 000
particuliers et organisations avaient été invités, soit directement soit
par l'intermédiaire de gestionnaires Listserv. Les campagnes d'information
avaient surtout visé des organisations non gouvernementales féminines, des
centres d'études sur les rôles des hommes et des femmes, des responsables
d'administrations publiques et des organisations multilatérales et
bilatérales. Elles ont été particulièrement intenses dans le Sud et
environ 40 % des invitations sont allées à des particuliers et des
organisations dans les pays en développement. L'invitation a en outre été
diffusée par l'intermédiaire de réseaux privés et affichée sur les sites
Web de WomenWatch et d'UNIFEM.
On peut consulter les archives des groupes de travail sur le Web à
l'adresse suivante : http://www.un.org/ womenwatch/forum. Le
stockage des archives a été assuré par le Programme de constitution de
réseaux pour le développement durable du Programme des Nations Unies pour
le développement.
Le présent rapport : renseignements de caractère
général
Le présent rapport a pour objet de regrouper et diffuser les diverses
idées qui ont jailli de chacun des groupes de travail de WomenWatch.
Établi par Alice Mastrangelo, avec le concours du comité WomenWatch, des
groupes consultatifs et des animateurs de l'EDC, il s'inspire des rapports
finals présentés par les animateurs des groupes de travail, ainsi que des
résumés hebdomadaires des travaux de chacun de ces groupes et des messages
individuels qui ont été reçus. Sans prétendre aborder tous les sujets ou
problèmes abordés, ce qui serait impossible, il tente de mettre en lumière
les questions que les participants se sont généralement accordés à juger
fondamentales et d'en tirer des enseignements spécifiques susceptibles
d'être applicables ailleurs. Un rapport d'activité complet sera disponible
sur le site Web de WomenWatch pour chacun des groupes de travail à
l'adresse suivante : http://www.un.org/womenwatch/forum.
Chaque chapitre comporte une rubrique Enseignements retirés, illustrée
par un cas précis ou une citation directement empruntée à un message d'un
des participants. Comme il est impossible de citer tous les messages
reçus, les extraits ont été choisis de manière à représenter au mieux la
diversité des questions abordées et les différentes régions du monde. On a
corrigé les fautes de grammaire et abrégé certaines citations, mais on
s'est efforcé de rester le plus fidèle possible au sens original. Pour des
raisons de confidentialité, les noms des participants ont été omis mais le
pays et l'affiliation sont indiqués chaque fois qu'il a été possible de
les déterminer.
Les groupes de travail ont été financés par la Fondation pour les
Nations Unies et le Ministère britannique du développement international.
* *
III. Les domaines critiques
A. Les femmes et la pauvreté
Groupe de travail en ligne
Sortir les femmes de la
pauvreté
|
12 octobre-23 novembre 1999
|
Nombre total de membres:
971 |
Des messages ont été reçus de
63 membres représentant 21 pays (61 % du Nord et 39 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 54 % |
Organismes publics : 1
% |
Organisations
intergouvernementales : 5 % |
Chercheurs ou universitaires
: 16 % |
Autres : 24 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-poverty/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Depuis l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing
en 1995, freiner la progression de la pauvreté dans un environnement
économique en évolution rapide s'impose de plus en plus comme une
nécessité impérieuse. Les participants au groupe de travail Sortir les
femmes de la pauvreté(3)
ont pris note avec préoccupation des discriminations systématiques fondées
sur le sexe qui exacerbent la pauvreté parmi les femmes, des effets
négatifs que risquait d'avoir la libéralisation des échanges et du fait
que l'absence de volonté politique continuait à faire obstacle à
l'introduction de changements durables. De manière générale, les débats
ont porté sur les causes de la pauvreté parmi les femmes et sur les
situations que celles-ci connaissaient, sur les politiques
macroéconomiques et sociales, sur les plans de développement de nature à
faire reculer la pauvreté, sur l'accès des femmes au crédit et à l'épargne
et sur les recherches concernant la situation des deux sexes. Promouvoir
les partenariats entre les gouvernements et les organisations non
gouvernementales, encourager l'introduction de nouveaux services propres à
améliorer l'existence des femmes pauvres et mieux cerner les effets de
l'instabilité économique et de la libéralisation des échanges sur les
femmes ont compté au nombre des nouvelles questions examinées par les
participants.
1. Obstacles rencontrés
Effets négatifs de la libéralisation des échanges et des privatisations
sur les femmes pauvres.
Persistance de discriminations fondées sur le sexe dans les sphères
culturelles, juridiques, politiques et économiques qui restreignent les
perspectives d'avenir des femmes pauvres.
Fossé existant entre les politiques visant à instaurer la parité entre
les sexes et l'adaptation des pratiques administratives de nature à faire
reculer la pauvreté parmi les femmes. Mauvaise connaissance des aspects sexospécifiques de la pauvreté et
absence de volonté politique de remédier à la situation.
Insuffisance de la représentation des femmes dans les emplois publics.
Application de plans de microcrédit ou d'autres programmes économiques
sans aucune coordination avec d'autres plans visant à promouvoir l'égalité
des femmes, comme les programmes d'enseignement ou les campagnes
législatives.
Manque de données ventilées par sexe et d'analyses concernant la
situation des hommes et des femmes qui faciliteraient l'adoption de
mesures efficaces dans la lutte contre la pauvreté.
2. Idée-force
Les effets contradictoires des politiques macroéconomiques et
des politiques sociales.
Les participants se sont tout particulièrement intéressés aux effets et
à l'efficacité des macropolitiques en matière de lutte contre la pauvreté
féminine, qu'il s'agisse de réformes économiques ou d'éducation. Un
intervenant asiatique a fait valoir que si certaines politiques
macroéconomiques avaient provoqué une hausse de la pauvreté féminine, ces
mêmes politiques - une fois reformulées pour tenir compte des
sexospécificités - permettraient aux femmes de mieux tirer parti des
perspectives de développement et d'emploi. De même, il est possible
d'anticiper nombre de problèmes qui se posent aux femmes en matière de
développement social en mettant en place des programmes sociaux adaptés.
Un participant a fait observer que le Gouvernement sud-africain avait mis
au point une politique d'éducation très complète afin d'effacer les
séquelles de la discrimination raciale et, partant, d'améliorer les
perspectives d'avenir des femmes pauvres. L'Inde a, quant à elle, adopté
des politiques sociales imposant d'enregistrer au nom des femmes les
parcelles de terre octroyées aux familles pauvres et faisant obligation
aux programmes d'assistance financière alimentés par le gouvernement - y
compris les régimes nationaux d'assurance vieillesse en faveur des femmes
et les régimes d'assurance en faveur des travailleuses - de réserver aux
femmes la moitié des fonds. Plusieurs intervenants ont cependant fait
observer que ces politiques n'étaient pas nécessairement appliquées. Des
participants d'Europe de l'Est et de la Communauté d'États indépendants
ont souligné que, dans les pays en transition, les femmes pauvres étaient
contraintes d'assumer des tâches supplémentaires pour faire face à la
restructuration économique. Les femmes sont les premières à être
licenciées et les dernières à être embauchées (PNUD, Ukraine). Les
participants ont également estimé que les politiques d'ajustement
structurel qui privilégiaient les privatisations et les coupes dans les
budgets sociaux avaient des effets particulièrement négatifs sur les
femmes pauvres.
3. Enseignements tirés
Les politiques et les programmes de lutte contre la pauvreté
qui sont fondés sur des analyses tenant compte des sexospécificités de
l'environnement social, économique, juridique et politique dans lequel ils
sont appliqués et qui visent à faire évoluer les lois, les pratiques et
les croyances discriminatoires peuvent considérablement atténuer la
pauvreté féminine.
Exemple : Il y a plus de femmes touchées à des degrés divers par la
pauvreté pour les raisons suivantes : les femmes ont plus difficilement
accès à l'éducation et aux moyens de production, sont parfois privées du
droit à la propriété et ne jouissent pas dans certains cas de droits égaux
au sein même de la famille et de la société. Pour être efficaces, les
politiques de lutte contre la pauvreté doivent reposer sur la
reconnaissance des droits de la femme et tenir compte du fait que les
femmes exercent des rôles multiples et sont très présentes dans le secteur
social et économique non structuré, sans pour autant être rémunérées.
(États-Unis)
Exemple : On peut imputer le recul de la pauvreté aux politiques
sociales plus qu'à la mondialisation et à la libéralisation de l'économie.
Cela est dû à : i) l'accroissement des investissements dans l'éducation
primaire, l'attention étant accordée à la réduction des inégalités entre
les sexes; ii) la décentralisation au moyen du système Panchayati Raj,
avec un quota de 33 % pour les femmes; iii) l'augmentation des
investissements d'infrastructure; iv) la meilleure prise en compte de la
situation des femmes dans le gouvernement. (Inde)
Les microcrédits peuvent réellement contribuer à réduire la
pauvreté si l'on fait abstraction du seul critère de rentabilité
économique pour donner aux femmes les moyens d'accéder aux ressources et
de contrôler celles-ci.
Exemple : Au Nigéria, les microcrédits, aussi modestes fussent-ils,
ont non seulement renforcé la capacité économique des femmes qui ont été
expulsées de leur foyer, mais les a aussi incitées à se battre pour
obtenir un juste dédommagement pour leurs maisons détruites. Grâce à des
campagnes d'éducation et de sensibilisation lancées au moyen de projets
tels que des microcrédits, les femmes s'impliqueront davantage dans la
défense de leurs propres droits. (Social and Economic Rights Action
Centre, Nigéria)
Exemple : Il importe de s'assurer que les femmes disposent de
ressources financières dont elles assurent elles-même la gestion. À cet
effet, il faut prévoir des programmes de formation professionnelle et de
formation à la gestion des entreprises. Faire en sorte que les femmes
puissent trouver des débouchés commerciaux et bénéficient de services de
commercialisation est un facteur important dont il faut tenir compte. Les
projets menés doivent prévoir des activités de sensibilisation aux
comportements sexistes destinées à l'ensemble des membres de la famille,
dans la mesure où une femme exerçant une activité économique ne se
défausse pas pour autant des responsabilités qui lui incombent en sa
qualité d'épouse et de mère. (CARE, Bangladesh)
Il importe d'intégrer une démarche soucieuse d'équité entre les
sexes dans les politiques et les programmes de lutte contre la
pauvreté.
Exemple : Au Népal, au Bangladesh et en Sri Lanka, nos projets de
lutte contre la pauvreté qui incorporaient une démarche soucieuse d'équité
entre les sexes nous ont appris qu'il fallait : tenir compte des besoins
et des préoccupations des hommes et des femmes dans la formulation des
objectifs; identifier, au stade de l'élaboration du projet, les principaux
éléments qui font obstacle à la participation des femmes, quel que soit le
composant considéré; définir des stratégies permettant de surmonter les
obstacles, tous composants confondus; allouer des ressources de sorte que
les stratégies puissent être appliquées; ne pas manquer de collecter des
données ventilées par sexe pendant l'exécution du projet; évaluer la
capacité des partenaires à exécuter des projets tenant compte des
sexospécificités et, lorsque cela était possible, tenter de renforcer
cette capacité. (Agence australienne pour le développement international,
Australie)
De véritables partenariats entre les gouvernements, le secteur
privé et les organisations non gouvernementales peuvent jouer un rôle
essentiel dans la réduction de la pauvreté féminine.
Exemple : Dans les années 80, des organisations non
gouvernementales et le Gouvernement du Tamil Nadu ont joué un rôle moteur
dans la création de groupes d'entraide. Ce projet s'est imposé comme un
modèle digne d'être reproduit à plus large échelle dans d'autres parties
de l'État et dans le reste du pays. Le Fonds international de
développement agricole a appuyé ce projet d'avant-garde en apportant une
aide au projet de développement des femmes du Tamil Nadu. Il s'agissait
essentiellement d'améliorer le statut économique et social des femmes
vivant au-dessous du seuil de pauvreté grâce à la création de groupes
d'entraide ouverts aux femmes pauvres de la région, les ONG étant invitées
à participer activement au projet et à le superviser. Les activités de
formation à l'animation de groupes d'entraide et de perfectionnement
professionnel ont également grandement facilité l'émancipation des femmes
pauvres. Le statut des membres des groupes d'entraide au sein de leur
famille et de leur communauté a connu une amélioration notable. Il
convient de saluer l'Indian Bank qui a appuyé cette entreprise colossale
et octroyé des prêts aux groupes jugés solvables au fur et à mesure des
besoins. (Tamil Nadu Women's Development Corporation, Inde)
4. Programme d'action pour lutter contre la pauvreté
féminine
Faire campagne pour le lancement de plans de microcrédit liés à
d'autres stratégies d'émancipation, telles que l'éducation.
Mieux cerner l'influence des facteurs internationaux, tels que
l'instabilité économique et la libéralisation des échanges, sur
l'aggravation de la pauvreté féminine.
Encourager l'établissement de véritables partenariats entre les
gouvernements, les organisations multilatérales, le secteur privé et les
ONG en vue d'appuyer les initiatives de lutte contre la pauvreté axées sur
les femmes.
Faciliter le recours aux nouveaux services issus des progrès réalisés
dans le domaine des technologies de l'information et de la communication,
tels que la télémédecine, afin d'améliorer les conditions de vie des
femmes pauvres.
Encourager la participation des femmes aux différentes phases des plans
de lutte contre la pauvreté et de la formulation des politiques.
Formuler et appliquer des politiques de lutte contre la pauvreté qui
tiennent compte de la situation particulière des hommes et des femmes.
Promouvoir l'application de plans comportant plusieurs volets en vue
d'éliminer les obstacles sociaux, économiques, juridiques et politiques et
de réduire les inégalités existant entre les deux sexes en matière de
pauvreté.
Au vu des liens existant entre endettement et pauvreté, appuyer les
initiatives visant à généraliser l'allégement de la dette et à accélérer
les activités en ce sens.
Encourager les activités visant à expliquer au public les liens entre
pauvreté et inégalités entre les sexes.
Aider les ONG féminines à lutter contre la pauvreté.
Appuyer les processus démocratiques qui facilitent la création
d'emplois, créent une situation favorable à l'investissement et réduisent
l'écart entre riches et pauvres.
Faciliter la compilation, l'analyse et l'exploitation de données sur la
pauvreté ventilées par sexe, groupes d'âge, couches sociales et races, et
d'indicateurs sexospécifiques en vue d'évaluer les progrès accomplis dans
la lutte contre la pauvreté.
B. Éducation et formation des femmes
Groupe de travail en ligne
Établir l'égalité dans
l'enseignement
|
11 octobre-19 novembre 1999
|
Nombre total de membres :
874 |
Des messages ont été reçus de
70 membres représentant 25 pays (62 % du Nord et 38 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 28 % |
Organismes publics : 1
% |
Organisations
intergouvernementales : 1 % |
Chercheurs ou universitaires
: 40 % |
Autres : 30 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-edu/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Les membres du groupe de travail en ligne sur l'établissement de
l'égalité dans l'enseignement(4),
dont les travaux ont duré six semaines, ont examiné les grandes questions
relatives aux mesures et aux politiques en matière d'éducation concernant
tous les niveaux de l'enseignement, de la maternelle au supérieur. Les
avantages retirés de l'éducation de base des filles, les résultats
universitaires des filles par rapport à ceux des garçons, l'éducation dans
les situations de conflit armé, le harcèlement sexuel généralisé dont les
filles sont victimes, les possibilités d'éducation, le matériel
pédagogique et la formation des enseignants - tels étaient les principaux
thèmes des travaux et des débats. Les obstacles à l'égalité dans
l'enseignement tenaient surtout aux normes culturelles et aux pratiques
sociales bien ancrées, ainsi qu'à l'environnement éducatif défavorable ou
hostile aux filles. Bien que l'on ait généralement convenu de la modestie
des progrès réalisés depuis 1995 dans les domaines centraux que sont la
formation des enseignants ou les changements d'attitude, il a également
été reconnu que les ONG dirigées par des femmes avaient mis en uvre avec
succès de nombreuses pratiques éducatives innovantes. Se tournant vers
l'avenir, les participants ont lancé un appel à l'action quant aux
nouvelles questions qui se posaient, par exemple l'éducation des enfants
des rues et la nécessité d'une démarche soucieuse de l'équité entre les
sexes s'agissant de l'éducation en situation de conflit armé.
1. Obstacles rencontrés
La persistance des attitudes culturelles et des pratiques sociales
empêchant les filles d'aller à l'école, par exemple la faible priorité qui
est donnée à l'éducation des filles, les mariages précoces et l'importance
des tâches domestiques incombant aux femmes et aux filles.
Le fait que les systèmes éducatifs formels et les gouvernements
nationaux n'ont pas suffisamment réformé les programmes, formé les
enseignants ou cherché à modifier les perceptions sociales qui perpétuent
les inégalités en matière d'éducation.
L'hostilité aux filles des environnements d'apprentissage, caractérisée
par le harcèlement sexuel et l'utilisation de matériels pédagogiques à
caractère discriminatoire, entre autres.
La sensibilisation insuffisante des enseignants aux sexospécificités.
Les conséquences de la pauvreté et les problèmes qui l'accompagnent :
chômage, criminalité et réduction de l'accès à l'éducation et du niveau
d'instruction, en particulier dans les zones rurales et dans les zones
isolées.
La diminution des ressources allouées à l'éducation durant les périodes
de crise financière ou de pénurie nationales.
Les contraintes imposées aux femmes et aux filles, qui rendent
difficile l'assiduité de leur présence à l'école ou de leur participation
aux programmes d'alphabétisation.
2. Idée-force
Le harcèlement et la violence à caractère sexuel dans les
écoles sont un sérieux obstacle à l'égalité dans l'enseignement.
L'un des principaux problèmes communs à tous les pays est celui du
harcèlement sexuel dont sont victimes les filles. De la Suède au Zaïre en
passant par la Belgique et l'Afrique du Sud, le harcèlement est un motif
majeur d'abandon scolaire. Dans certains cas, ce sont les enseignants qui
harcèlent sexuellement les élèves; celles-ci se retrouvent même parfois
enceintes et sont forcées de quitter l'école, généralement sans que cela
ait de conséquences pour les responsables. Les organisations de femmes ont
élaboré différents programmes d'éducation sexuelle et de prévention des
MST, mais la plupart sont axés sur les besoins des femmes adultes plutôt
que sur ceux des filles d'âge scolaire. En Afrique du Sud, un programme
visant à promouvoir la culture et les services pédagogiques [Culture of
Learning and Teaching Services (COLTS)] fait appel à des moyens créatifs
d'explorer les stratégies qui permettraient de mettre fin à la violence et
au harcèlement sexuels dans les écoles.
3. Enseignements tirés
Les approches pluridimensionnelles sont essentielles à la
réalisation de l'égalité dans l'enseignement - de la révision des manuels
à l'ouverture de garderies pour les frères et les surs des enfants
scolarisés.
Exemple : Je m'occupe de l'éducation en Inde depuis près de 20 ans.
Le Programme relatif à l'enseignement primaire à l'échelon du district a
été lancé en 1994, concrétisant les engagements pris dans la Constitution
indienne en faveur de l'enseignement primaire universel, dans la politique
nationale de l'éducation adoptée en 1986 et à l'occasion de la Conférence
de Jomtien. L'objectif de ce programme est essentiellement de renforcer
les capacités des écoles publiques rurales gratuites, et son cadre
conceptuel met l'accent sur le fait que l'enseignement primaire universel
s'inscrit dans un contexte qui varie d'un état à l'autre à l'intérieur
même du pays. Alors que certains états qui ont déjà atteint le niveau de
scolarisation quasi totale devront privilégier la qualité de
l'enseignement dispensé et les résultats obtenus, d'autres devront mettre
l'accent sur la participation et la scolarisation minimales. Il est
évident que chaque district définit ses priorités particulières et énonce
ses propres plans annuels. Une place très importante est accordée aux
femmes et l'on a observé que les plans énoncés par les districts avaient
certaines caractéristiques communes, notamment :
La constitution de comités de mères ou d'associations de parents
d'élèves, qui permettent d'établir un dialogue avec les parents sur la
nécessité d'envoyer leurs filles à l'école.
La distribution gratuite de matériels d'apprentissage de l'écriture
et de la lecture destinés aux filles et aux enfants appartenant à des
groupes marginalisés.
La fourniture d'un déjeuner quotidien à tous les enfants afin que
les petites filles reçoivent leur part à l'école.
L'assurance que les femmes et les mères sont représentées dans les
comités villageois sur l'éducation qui supervisent le fonctionnement des
écoles.
La nomination de nouvelles enseignantes et les efforts déployés
pour qu'il y ait au moins une enseignante dans chaque école.
La création de centres de soins et d'éducation pour la petite
enfance, qui accueillent les frères et les surs des enfants
scolarisés.
Le démarrage du programme d'autonomisation des femmes (Mahila
Samakhya) dans les habitations et les villages où vivent essentiellement
des femmes appartenant aux castes pauvres inférieures, l'objectif étant de
créer des conditions propices au changement. Après la mise en train du
programme d'autonomisation, ces femmes ont demandé qu'une instruction
élémentaire leur soit dispensée ainsi qu'à leurs enfants, en particulier à
leurs filles.
La mise en place de systèmes d'enseignement informels adaptés à la
situation particulière des filles (emploi du temps, lieu où l'enseignement
est dispensé, etc.).
Le contrôle des taux de scolarisation et d'abandon scolaire des
filles.
L'organisation régulière d'examens destinés à contrôler les
résultats scolaires des filles.
La suppression des stéréotypes sexistes contenus dans les manuels
scolaires et les mesures prises pour éviter que les manuels présentent de
tels clichés (en veillant par exemple à ce que les filles soient aussi
bien représentées que les garçons dans les illustrations, les discussions
et les exemples, à ce que les filles et les femmes ne soient pas
systématiquement présentées comme occupant des positions subordonnées et à
intégrer ces sujets dans les manuels pour en discuter avec les
élèves).
Les efforts faits pour assurer aux femmes une représentation égale
à tous les niveaux dans les équipes de projets et le corps enseignant.
(Inde)
Étant donné le rôle crucial des enseignants, il est impératif
d'institutionnaliser l'éducation sexospécifique dans la formation et la
spécialisation des enseignants et des fonctionnaires.
Exemple : La Commission de l'égalité des chances a fait de
l'éducation dès le plus jeune âge un instrument de sa stratégie de
promotion de l'égalité des chances. Elle entend intégrer ce concept dans
les écoles plutôt que créer une nouvelle discipline à enseigner. Un module
de formation a notamment été élaboré avec l'aide d'une organisation
spécialiste de l'éducation des enfants d'âge préscolaire, qui propose des
livres d'images, des supports pédagogiques, des jeux et des chansons que
les enseignants peuvent utiliser pour leurs cours. Des stages de formation
ont été organisés à l'intention de 700 jardiniers d'enfants et maîtres
d'écoles maternelles. À Hong Kong, plus de 50% des jardins d'enfants ont
bénéficié de ce programme et ont reçu chacun, à titre gracieux, un
exemplaire du module de formation. En ce qui concerne les élèves des
écoles primaires, la Commission de l'égalité des chances et le Ministère
de l'éducation ont parrainé en collaboration un spectacle de marionnettes
venu des États-Unis d'Amérique qui avait pour thème Les enfants du
quartier (Kids on the Block) et visait à sensibiliser les enfants à la
notion d'égalité des chances. La Commission a également diffusé auprès des
écoles et des enseignants, à titre d'information, des publications
gratuites traitant des concepts d'égalité des chances, de discrimination,
de harcèlement sexuel, etc. Les élèves des établissements secondaires et
les étudiants ont été nombreux à contacter la Commission ou à s'y rendre
pour y obtenir les informations dont ils avaient besoin dans le cadre de
projets scolaires sur la parité entre les sexes ou d'autres questions
touchant à l'égalité des chances. (Hong Kong)
Il est indispensable de combattre l'illétrisme pour donner
davantage de chances aux femmes.
Exemple : L'Organisation pour l'alphabétisation des adultes du
Zimbabwe n'a jamais considéré l'alphabétisation comme une fin en soi, mais
la conçoit comme un moyen de lutter contre la pauvreté et de
démarginaliser les femmes en leur donnant accès au savoir et en leur
permettant d'acquérir des compétences rémunératrices. À l'issue du
troisième niveau d'enseignement, les élèves sont capables de lire
n'importe quel texte écrit dans leur langue maternelle, d'effectuer des
calculs (additions, soustractions à quatre chiffres, multiplications et
divisions) et d'écrire des lettres, de remplir des formulaires et de lire
et d'écrire dans un anglais élémentaire, et ont le niveau requis pour
réussir l'examen d'admission en septième année du système scolaire
traditionnel. (Zimbabwe)
Ce sont les parents qui influencent le plus les choix que
peuvent faire et que font les filles en matière d'éducation.
Exemple : Il convient de noter qu'en dépit des efforts
faits pour encourager l'éducation des filles, les milieux culturels dont
viennent ces dernières devraient être pris en considération. Dans de
nombreuses sociétés africaines (en particulier au Soudan), les garçons
sont de loin préférés aux filles, qui sont considérées comme des membres
temporaires de la famille dans laquelle elles sont nées, du fait qu'une
fois mariées elles seront plus utiles à la famille de leur mari qu'à celle
de leur père. Cette mentalité et d'autres comportements comptent parmi les
facteurs préjudiciables à l'éducation des filles. Modifier ces attitudes
exige une démarche révolutionnaire axée sur les parents, auxquels il faut
faire prendre conscience, par l'intermédiaire de l'enseignement et de
l'alphabétisation, que l'éducation des filles peut être dans leur intérêt
autant que celle des garçons. Les parents devraient savoir qu'il est plus
honorable de marier une fille bien éduquée qu'une fille ignorante.
(Soudan/Finlande)
Dispenser une formation aux femmes ayant de faibles revenus
afin qu'elles puissent assurer les premiers apprentissages peut augmenter
leurs chances en matière d'éducation et leur permettre de trouver une
source de revenus.
Exemple : Le Gouvernement a mis en train un projet national
consacré aux jeunes enfants (Impilo). Il finance des organisations non
gouvernementales qui s'occupent de former des femmes, dans des communautés
pauvres, à assurer les premiers apprentissages. Un grand nombre de ces
femmes étaient analphabètes ou illettrées et ont pu être alphabétisées
grâce à ce programme de formation (leur niveau d'éducation atteint celui
de la neuvième année d'enseignement). Je viens d'achever l'évaluation de
l'un des centres pilotes et les résultats positifs du programme sont déjà
visibles. Beaucoup de femmes ont commencé à ouvrir des centres dont elles
tirent un modeste revenu en faisant payer une somme modique aux parents
des élèves. (Afrique du Sud)
Les enseignants, les parents et les étudiants doivent
promouvoir, afin qu'elles prennent effet, les mesures juridiques visant à
éliminer des manuels les images et les messages à caractère sexiste qu'ils
contiennent.
Exemple : Pour modifier le contenu des manuels scolaires,
l'Argentine a adopté deux mesures juridiques, l'une en 1984 et l'autre, de
portée municipale, en 1997. Dans l'un et l'autre cas, le parlement local
(établit à Buenos Aires) a voté une loi recommandant la suppression des
images et des messages sexistes contenus dans les manuels. Ces lois n'ont
eu aucun effet réel en ce qui concerne les maisons d'éditions et n'ont pas
non plus suscité l'adhésion du corps enseignant. Il faut lancer une
campagne plus déterminée et durable, avec l'aide des enseignants, des
parents, des étudiants et même des médias, afin de pouvoir identifier les
expressions du sexisme dans les manuels avant et pendant l'élaboration des
nouveaux matériels pédagogiques. (Argentine)
Mettre en parallèle les possibilités en matière d'enseignement
et de formation et les perspectives économiques est un élément majeur dans
la définition d'approches globales de l'éducation.
Exemple : En tant que représentant d'ACTEW - Advocates for
Community-based Training and Education for Women - je m'intéresse tout
particulièrement au débat. Notre organisme s'emploie à assurer et à
promouvoir une formation communautaire accessible aux femmes de l'Ontario
(Canada). Les femmes avec lesquelles nous travaillons, dont beaucoup sont
âgées, viennent d'immigrer, sont handicapées, mères célibataires ou femmes
de couleur, ou les deux, se heurtent à une discrimination systématique et
continuent de subir les conséquences de longues années de récession
économique et de migrations économiques massives. Nous sommes convaincus
que l'éducation et la formation peuvent conduire de la pauvreté à
l'indépendance économique. Nos membres ont une perception unique des
problèmes rencontrés par les femmes en terme d'accès, qui leur permet
d'offrir des services intégrés et complets dans les domaines de l'emploi
et de la formation et de donner ainsi aux femmes les moyens de trouver et
de conserver des emplois de qualité. Il est je pense plus important que
jamais que ceux d'entre nous qui sont déterminés à offrir une formation
globale, communautaire et conçue pour les femmes, mettent en commun leurs
programmes, leurs pratiques les plus performantes et leurs ressources.
(Canada)
Le sport peut être un instrument de développement essentiel
dans l'éducation des femmes et des filles.
Exemple : Il ressort d'études menées aux États-Unis d'Amérique
que les femmes occupant des postes élevés au gouvernement, dans les
entreprises et l'enseignement pratiquaient durant leur enfance et leur
adolescence un sport ou une forme d'activité physique de loisir auquel
elles étaient attachées. Ces femmes attribuent en outre à ces moment
importants de leur jeunesse une partie de leur succès à l'âge adulte.
Women Sport International, organisation que je représente, s'emploie à
faire considérer le sport et les activités physiques de loisir comme un
droit fondamental qui doit être reconnu aux filles et aux femmes. Ces
activités sont non seulement étroitement liées à la santé des femmes mais
encore essentielles à leur éducation et à celle des filles. Le terme sport
est souvent associé uniquement aux hommes ou à l'entraînement olympique
des élites. Le mouvement mondial des femmes en faveur du sport rassemble
des femmes, et quelques hommes partageant leurs idéaux, qui veulent
promouvoir auprès des organisations communautaires l'idée du sport comme
moyen de développement. (États-Unis d'Amérique)
Les arts plastiques et le théâtre peuvent être des moyens
efficaces de modifier les comportements discriminatoires et de lutter
contre la violence ou d'autres problèmes rencontrés dans les milieux
scolaires
Exemple : Le projet de promotion de la culture et des services
pédagogiques [Culture of Learning and Teaching Services (COLTS)] vise à
encourager les enseignants du niveau primaire et du niveau secondaire à se
demander pourquoi la culture de l'apprentissage et de l'enseignement
n'existe pas dans leur établissement, et fait souvent appel à des moyens
créatifs comme le théâtre et les arts plastiques. Ce projet rencontre un
tel succès qu'il est devenu une initiative nationale et est en cours de
mise en uvre dans cinq des sept provinces. Je demande à des étudiants des
universités d'aider les élèves à monter leurs pièces de théâtre, je donne
des conseils, je conçois des matériels d'information, j'organise des
ateliers de formation à l'intention des enseignants et je supervise mes
étudiants. Les élèves participent aux festivals à l'échelle des districts,
des régions et des provinces, puis à un festival national final à
l'occasion duquel des livres et d'autres matériels d'information sont
remis à l'école gagnante pour la récompenser. Le festival de théâtre est
dirigé par un jury de professionnels. Cette année, plus de 500 écoles du
pays ont participé au projet, auquel le gouvernement et le secteur privé
commencent à s'intéresser vivement. En ce qui concerne les pièces de
théâtre elles-mêmes, un certain nombre d'entre elles traitent des
problèmes de la violence et du harcèlement sexuel à la maison et à
l'école; elles abordent également les questions des viols collectifs, de
la grossesse et des maladies sexuellement transmissibles. Le projet vise
notamment à la mise en place de mécanismes d'aide dans les écoles et à
encourager le recours aux associations d'étudiants et leur promotion.
(Afrique du Sud)
Les taux élevés de scolarisation des filles sont souvent le
résultat de politiques favorables à l'enseignement universel.
Exemple : À Hong Kong, depuis les années 70, l'enseignement de base
est gratuit et obligatoire pour tous les enfants âgés de 9 à 14 ans. Il en
est résulté des changements considérables en termes de scolarisation et
l'on observe désormais une parité entre les sexes dans les écoles
primaires et les écoles secondaires. Concrètement, les femmes
représentaient ces trois dernières années plus de 50 % de l'ensemble des
étudiants des universités et leur taux d'analphabétisme était tombé à
environ 9 % au début des années 90. (Hong Kong)
Exemple : Au début de l'année 1974, le Gouvernement indonésien a
mis en uvre une mesure présidentielle spéciale (SD Inpres) concernant les
écoles élémentaires, qui visait à assurer l'enseignement universel de la
population scolarisée. Depuis lors, la scolarisation des filles dans les
écoles élémentaires (7-12 ans) est passée de 58 % en 1971 à 83 % en 1980
pour atteindre 92 % en 1990 (les années correspondent aux recensements
démographiques) et 95 % en 1995 (Intercensal Population Survey). La taux
de scolarisation des garçons de la même tranche d'âge était de 62 %, 84 %,
91 % et 95 % respectivement aux mêmes dates. L'un des éléments
fondamentaux du processus de développement en Indonésie est l'expansion
économique rapide, tout au moins jusqu'à l'arrivée de la crise. Des
emplois ont été créés pour les hommes et, de plus en plus, pour les
femmes, dans le secteur public formel et dans le secteur privé. Les
parents ont pris conscience qu'il était important d'investir dans
l'éducation non seulement de leurs fils mais aussi de leurs filles.
(Indonésie)
4. Programme d'action pour la réalisation de l'égalité dans
l'enseignement
Établir un lien entre l'éducation et l'emploi en incitant les
entreprises (par des mesures financières ou autres) à recruter des femmes
et des filles à des postes ou dans des secteurs qui ne leur sont
traditionnellement pas réservés.
Créer des liens concrets entre l'éducation et les débouchés
économiques, qu'il s'agisse de former les femmes pour qu'elles se
spécialisent dans l'enseignement ou d'informer les filles sur les
professions qu'elles peuvent exercer.
Établir un lien entre la formation professionnelle et l'information sur
les possibilités d'emploi dans les secteurs non traditionnels.
Créer des cadres d'examen des questions liées aux différences entre les
sexes et d'autres facteurs qui contribuent aux inégalités entre les filles
et les garçons et les femmes et les hommes en ce qui concerne le niveau
d'éducation atteint.
Énoncer et faire appliquer des mesures gouvernementales aux fins de
l'éducation obligatoire des filles, et instaurer un système de quota pour
garantir que les filles puissent poursuivre leur scolarité au-delà du
niveau élémentaire.
Mener des campagnes de sensibilisation préconisant un degré zéro de
tolérance pour les violences à caractère sexuel et intellectuel dans le
cadre de l'école.
Institutionnaliser la sensibilisation aux disparités entre les sexes
dans les programmes de formation et de spécialisation des enseignants et
des fonctionnaires. Familiariser les enseignants avec les méthodes d'enseignement non
sexistes et antisexistes.
Mettre en relation l'enseignement théorique et les compétences
pratiques nécessaires pour trouver un emploi et s'assurer un revenu.
Promouvoir la formation continue afin que les femmes ne se laissent pas
dépasser par les avancées technologiques et les autres progrès
Offrir une aide financière aux familles pauvres qui envoient leurs
filles à l'école.
Utiliser les technologies nouvelles et faire appel à l'enseignement à
distance pour pouvoir contacter les femmes chez elles.
S'efforcer de changer l'attitude des parents et des collectivités
envers l'éducation des filles.
C. Les femmes et la santé
Groupe de travail en ligne
Assurer et promouvoir la santé des
femmes
|
6 septembre-15 octobre 1999
|
Nombre de membres :
844 |
Des messages ont été reçus de
64 membres représentant 20 pays (57 % du Nord et 43 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 50 % |
Organismes publics : 13
% |
Organisations
intergouvernementales : 2 % |
Chercheurs ou universitaires
: 26 % |
Autres : 9 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-health1/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Les participants aux travaux du groupe de travail en ligne Assurer et
promouvoir la santé des femmes(5)
ont considéré que la pauvreté et la mondialisation, les traditions
culturelles et religieuses et l'absence de volonté politique étaient les
principaux obstacles à la réalisation des objectifs stratégiques énoncés
au chapitre C du Programme d'action. Le dialogue a été axé essentiellement
sur les principaux obstacles à la promotion de la santé des femmes, les
moyens d'améliorer les conditions de vie et de travail des femmes, la
santé mentale des femmes et la prise en compte des problèmes de santé des
femmes dans les services de santé. Les participants se sont déclarés
particulièrement préoccupés par les incidences de la multiplication des
conflits et du passage de certains pays à une économie de marché sur la
santé des femmes et le fait que certaines croyances et certains
comportements culturels freinaient les progrès dans ce domaine. Mettre au
point des programmes types globaux en faveur de la santé des femmes,
donner aux femmes les moyens d'avoir davantage de prise sur leur vie et
leur santé, et défendre la santé des femmes en s'appuyant sur une approche
fondée sur leurs droits ont été considérés comme les trois éléments
essentiels d'une stratégie de changement 1. Obstacles rencontrés
Effets désastreux de la mondialisation et de l'accroissement de la
pauvreté sur les femmes, et notamment du manque d'indépendance de ces
dernières sur le plan économique.
Effets directs et indirects de pratiques culturelles et religieuses
persistantes (infections dues aux mutilations génitales féminines et aux
maladies sexuellement transmissibles, accès des femmes à la nourriture et
aux soins de santé au niveau des ménages, etc.).
Manque de volonté politique, qui fait que les gouvernements ne prennent
pas les mesures voulues au niveau national, et priorité insuffisante
accordée aux problèmes de santé des femmes.
Effets de la multiplication des conflits armés et de l'accroissement de
la violence.
Non-participation des femmes à la prise de décisions concernant les
politiques de santé.
Adaptation insuffisante des services de santé aux différentes
catégories de patients.
Non-reconnaissance du rapport direct qui existe entre les questions
sociales et environnementales et la santé des femmes.
Absence de choix concernant la santé en matière de procréation, qui
fait obstacle à la promotion de la santé des femmes.
Augmentation chez les femmes des problèmes de santé mentale, en
particulier dans les pays en proie à des conflits armés et dans les pays
en transition.
Influence croissante de certaines coalitions politico-religieuses, qui
ont réussi à empêcher l'adoption de lois visant à permettre aux femmes de
contrôler leurs fonctions procréatrices.
2. Idée-force
La santé des femmes est négligée parce qu'on ne lui accorde pas
un rang élevé de priorité au niveau national.
La domination des hommes aux postes de décision a été considérée comme
un obstacle majeur à l'adoption de lois de nature à permettre une
véritable amélioration de la santé des femmes. La faible priorité accordée
à celle-ci est manifeste en Inde, au Tadjikistan, au Bangladesh, au Ghana,
au Kenya, en Ouganda et aux Philippines, où le nombre des services de
santé et des soignants s'occupant des problèmes de santé des femmes est
des plus insuffisants. Les participants ont fait valoir que l'insuffisance
des ressources nationales n'expliquait pas tout et que si la santé des
femmes continuait à être négligée par rapport à celle des hommes, c'était
parce qu'on ne s'en préoccupait pas suffisamment
3. Enseignements tirés
Les participants au groupe de travail ont échangé de nombreuses
informations sur l'expérience acquise dans la poursuite des objectifs du
Programme d'action concernant la santé des femmes et sur les stratégies à
adopter pour réussir à les atteindre (élaboration d'approches globales,
utilisation d'une approche qui mette l'accent sur les droits des femmes,
etc.).
Il est urgent de dépasser le modèle médical pour mettre au
point des approches globales en matière de santé.
Exemple : Le groupe de femmes de Ntyang se compose de 170 femmes
rurales. Son bureau comprend neuf membres, en poste depuis plus de trois
ans. Les membres du bureau ont été élus à l'issue d'une formation à la
direction de groupe. Cette formation a porté sur la manière de diriger un
groupe démocratiquement et de prendre des décisions collectives, de régler
les conflits, etc. Le groupe se réunit une fois par mois pour suivre des
cours sur la santé en matière de procréation, aborder certains problèmes
de santé et participer à diverses activités (tissage, tricotage,
confection de pommades et de pots de terre, etc.). La vente des produits
de ces activités permet au groupe de se procurer des recettes. Le groupe a
élaboré un programme de santé en matière de procréation qui est exécuté
par des volontaires et il fournit des médicaments essentiels pour le
traitement de problèmes de santé en matière de procréation et des
problèmes de santé mineurs ainsi que du matériel de planification
familiale non clinique qui est utilisé dans le cadre de soins de santé
primaires. Il dispense ses services aux membres de la communauté par
l'intermédiaire de la pharmacie locale, qui est particulièrement bien
située puisqu'elle se trouve dans un quartier aisément accessible. (WHON,
Nigéria)
Exemple : De nationalité américaine, artiste et thérapeute
utilisant l'expression artistique, agréée, j'exerce depuis huit ans dans
un service local de santé mentale. En travaillant en groupe ou avec des
clients individuels, je me suis rendu compte qu'un grand nombre des
clientes du service avaient souffert de mauvais traitements qui n'avaient
pas été pris en charge. Souvent, il n'était pas fait mention de ces
mauvais traitements dans leurs dossiers médicaux et, lorsque c'était le
cas, ils n'avaient que rarement donné lieu à un traitement thérapeutique.
Il y a beaucoup de raisons à cela. Je suis d'accord pour penser que la
meilleure façon d'appréhender le traitement thérapeutique et la formation
est de le faire de manière globale. Je crois aussi que le meilleur moyen
d'y parvenir consiste à s'occuper à la fois du corps et de l'esprit et à
dispenser la formation nécessaire à l'échelle des collectivités pour que
les femmes travaillent ensemble, c'est-à-dire s'entraident et aident
d'autres femmes à s'entraider. Après huit ans de travail en groupe avec
des femmes en qualité de participante et d'animatrice, je considère que
plus la formation et l'éducation dispensées sont globales et concrètes,
plus la guérison est complète. Apprendre aux femmes à s'occuper
d'elles-mêmes et à faire face à leurs problèmes en s'appuyant à la fois
sur l'art, le mouvement, la musique et l'écriture donne beaucoup de
confiance en soi. Apprendre concrètement à des femmes à s'occuper de leur
santé et de leur alimentation en leur enseignant des techniques de
relaxation et d'examen de leur corps, le jardinage, la cuisine et les
traditions médicinales locales a des effets plus durables que des cours
traditionnels donnés dans des salles de classe. (États-Unis)
L'organisation, les conseils entre pairs et les activités de
plaidoyer sont indispensables pour améliorer la santé des femmes; aider
les femmes à avoir davantage confiance en elles également.
Exemple : La santé des femmes pose de gros problèmes au Venezuela à
cause de la pauvreté, qui est endémique. De nombreuses femmes n'ont pas
les moyens de se faire soigner et d'acheter des médicaments et n'ont pas
accès aux hôpitaux ni aux dispensaires. Notre organisation a organisé des
séminaires sur la prévention parce qu'elle considère que la prévention,
c'est-à-dire l'éducation, est indispensable pour résoudre de nombreux
problèmes. Dans le cadre de ces séminaires, nous enseignons dans les
écoles, les universités et les collectivités locales les moyens d'éviter
les grossesses précoces, de se protéger contre le VIH/sida et d'éviter de
commencer à fumer. Nous dispensons également une aide psychiatrique et
apprenons aux femmes à avoir davantage confiance en elles.
(Venezuela)
Permettre aux femmes de prendre leur santé en main et
d'affirmer leur droit de participer à la conception des services de santé
est un facteur de réussite important.
Exemple : Nous essayons de mettre au point un système de soins de
santé alternatif dont la gestion sera confiée à une fédération de groupes
de femmes locaux. Il s'agit d'une entreprise difficile et de longue
haleine car il n'est guère aisé de donner confiance en soi et de redonner
confiance dans les autres aux femmes désavantagées, partout soumises à la
violence, à l'oppression et à l'exploitation. Par ailleurs, notre
organisation milite pour que les groupes de femmes participent à la prise
de décisions et au contrôle de gestion. Elle est fermement convaincue en
effet qu'il n'est pas acceptable de priver les femmes de leurs droits sous
prétexte qu'elles ne sont pas en mesure de les exercer et qu'il faut au
contraire leur permettre de les affirmer. Tous ces efforts, à quelques
exceptions près, visent à sensibiliser les esprits et à fournir des
services aux personnes qui sont déjà quelque peu conscientes de leurs
problèmes et ont accès à ces services. (Népal)
Exemple : L'OMS ayant averti que l'Inde avait atteint un
stade endémique en ce qui concerne le VIH/sida, de nombreux programmes ont
été élaborés à l'intention des travailleurs sexuels. Pour diverses
raisons, la plupart de ces programmes n'ont pas été très probants mais là
où les travailleurs sexuels eux-mêmes ont été étroitement associés aux
travaux, les résultats ont été nettement meilleurs. Il est intéressant de
noter que le programme concernant le VIH/sida s'intéresse maintenant de
près à l'autonomisation des femmes. Celles-ci ont leurs propres
organisations, qui recrutent des adhérentes un peu partout dans le pays et
dont les représentantes ont participé à des conférences internationales.
Elles ont leurs propres coopératives, qui leur permettent d'acheter moins
cher que chez les commerçants, et elles ont organisé par leurs propres
moyens, à l'échelle nationale, des conférences à l'occasion desquelles
elles ont exigé que leurs problèmes soient pris en compte dans le Code du
travail. (Inde)
L'intérêt manifesté par les gouvernements pour la santé des
femmes et l'importance du financement des mesures arrêtées dans ce domaine
constituent un indicateur important - mais non unique - de l'accès des
femmes aux services de santé et de la qualité de ces services.
Exemple : Au Cambodge, le plan stratégique quinquennal fait de la
santé en matière de procréation une priorité. Mais le secteur de la santé
doit actuellement faire face à plusieurs problèmes. Les crédits
budgétaires alloués au Ministère de la santé, au Ministère des affaires
des femmes (0,095 % en 1999) et au Ministère du développement rural sont
très faibles comparés à ceux alloués au Ministère de la défense nationale
(22,07 % en 1999) et ne constituent qu'une part infime de l'enveloppe
totale. Il y a davantage de travailleurs médicaux dans les villes que dans
les campagnes. La plupart des services sanitaires fonctionnent au niveau
des provinces et des districts, mais les dispensaires des communes et des
villages manquent des moyens matériels et financiers suffisants pour se
développer. Grâce à des services mobiles de formation à la santé en
matière de procréation, un certain nombre de villageoises savent désormais
qu'il faut qu'elles consultent dans les centres sanitaires et se fassent
examiner par des travailleurs médicaux, mais les soigner pose de gros
problèmes dans la mesure où les centres sanitaires manquent de fournitures
médicales. Enfin, il y a davantage de travailleurs médicaux masculins que
féminins dans le pays (dans la société cambodgienne, les familles
privilégient l'éducation des garçons par rapport à celle des filles, les
femmes étant censées s'occuper de la maison et les hommes des activités
sociales). (Agence australienne de développement international,
Cambodge)
Une approche fondée sur les droits peut être efficace en ce qui
concerne non seulement la santé des femmes en matière de procréation et
l'hygiène sexuelle mais aussi leur santé en général.
Exemple : La plupart des gouvernements n'ont pas de politiques
spécifiques pour protéger les droits des travailleurs migrants en matière
de santé. La législation sur le travail n'est pas appliquée, les accords
internationaux pertinents sont violés et aucune initiative, telle qu'une
campagne de prévention des maladies sexuellement transmissibles, par
exemple, n'est prise pour apprendre aux populations migrantes à protéger
leur santé. De plus, un grand nombre de politiques gouvernementales
nuisent à la santé et au bien-être des migrants. En Malaisie, par exemple
dans les hôpitaux publics, les travailleurs migrants versent des
honoraires très élevés mais ne bénéficient que d'un traitement de
troisième classe et ils ne sont couverts par aucune assurance maladie,
sauf en cas d'accident, notamment du travail. CARAM (Coordination of
Action Research on AIDS and Mobility)-Asie est un réseau d'ONG présentes
dans sept pays d'Asie. Ces ONG utilisent la méthode de la recherche par
l'action pour réunir les informations dont elles ont besoin afin de
réduire la vulnérabilité des migrants concernant le VIH/sida en concevant
des interventions appropriées et protéger leurs droits fondamentaux et
leurs droits en matière de santé en élaborant des instruments de plaidoyer
en leur faveur. (CARAM, Malaisie)
4. Programme d'action permettant d'assurer et de promouvoir la
santé des femmes
Améliorer et développer l'éducation et la formation des soignants de
manière à accroître leurs connaissances et leurs compétences.
Lutter contre la pauvreté et favoriser l'indépendance économique des
femmes, condition indispensable à l'amélioration de leur santé.
Demander aux gouvernements d'adopter des politiques qui garantissent le
droit à la maternité et obligent les pères à prendre leurs
responsabilités.
Faciliter l'accès aux soins de santé de ceux qu'il est difficile
d'atteindre en mettant en place des services, des cours et des formations
qui tiennent compte des différences culturelles.
Dépasser le modèle médical en vue d'adopter des approches globales en
matière de soins de santé.
Les conseils et la formation entre pairs constituent un élément
indispensable de l'action sanitaire, en particulier dans les zones
reculées.
Regrouper les activités d'organisation, de mise en réseau et de
plaidoyer dans des programmes de santé qui permettent aux femmes de
prendre leur santé en main et d'affirmer leurs droits.
Redoubler d'efforts pour que les gouvernements s'engagent à prendre et
à financer les mesures nécessaires pour assurer la santé des femmes
(volonté politique).
Adopter une approche fondée sur les droits (en s'appuyant sur la
Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination envers
les femmes, notamment) lorsqu'il s'agit de promouvoir non seulement la
santé des femmes en matière de procréation et l'hygiène sexuelle mais
aussi leur santé en général.
Engager aussi bien les groupes d'hommes que les groupes de femmes dans
l'action entreprise; faire en sorte que les messages de base soient
clairs, simples et concrets; travailler non seulement au niveau des
collectivités mais aussi des organes de décision, sans laisser de côté les
cadres moyens, qui devraient être encouragés à prendre des responsabilités
pour appliquer les mesures arrêtées.
Évaluer les progrès réalisés concernant l'égalité entre les sexes dans
le domaine de la santé en se servant d'indicateurs de base tels que les
taux d'utilisation des moyens de contraception, les taux d'utilisation des
différentes méthodes de contraception et les taux de maladies sexuellement
transmissibles, notamment.
Expliquer et faire reconnaître le rapport direct qui existe entre les
questions sociales et environnementales et la santé des femmes.
D. La violence à l'égard des femmes
Groupe de travail en ligne pour
l'élimination
de la violence à l'égard des
femmes
|
Novembre 1999-janvier 2000
|
Nombre total de membres : 2
304 |
Des messages ont été reçus de
190 membres représentant 49 pays (64 % du Nord et 36 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 51 % |
Organismes publics : 5
% |
Organisations
intergouvernementales : 3 % |
Chercheurs et universitaires
: 26 % |
Autres : 15 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://www.globalknowledge.org/english/archives/
mailarchives/endviolence/home.html |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Il est précisé à la section D du Programme d'action que la violence à
l'égard des femmes et des petites filles fait obstacle à la réalisation
des objectifs de développement, d'égalité et de paix, et qu'elle entrave
la vie des femmes dans toutes ses dimensions. À l'instar de la Déclaration
de 1993 sur la violence à l'égard des femmes, le Programme d'action donne
à la notion de violence une acception très large, qui recouvre tout acte
ou menace d'acte causant un préjudice physique, sexuel ou psychologique.
Le droit de ne pas subir de violence fait partie des droits fondamentaux.
Le débat qui s'est engagé a révélé l'ampleur du phénomène dans toutes les
sociétés et suscite une prise de conscience croissante. Grâce en grande
partie au dynamisme des associations et aux victoires déjà remportées, on
commence à s'apercevoir que cette violence n'est pas une fatalité. De
nombreuses stratégies ont été proposées lors des discussions du groupe de
travail pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes(6).
Elles concernent notamment les changements législatifs, la formation,
l'amélioration des statistiques et la nouvelle orientation des services.
1. Obstacles rencontrés
Absence de statistiques sur la prévalence, la nature et le coût de la
violence.
Caractère ouvertement discriminatoire des lois.
Non-application des lois en vigueur.
Absence de protection des femmes et des petites filles victimes de
violences.
Impunité des agresseurs.
Refus persistant de faire de la violence à l'égard des femmes et des
petites filles une priorité nationale, même dans les pays où les lois sont
très strictes dans ce domaine.
Subordination économique, sociale et politique des femmes, d'où une
méconnaissance par ces dernières de leurs droits et des aides auxquelles
elles peuvent prétendre.
2. Idée-force
Changer les lois ne suffit pas.
Le thème de la réforme législative, de l'action militante devant les
tribunaux et autres stratégies d'ordre juridique a donné lieu à des débats
passionnés. Les membres du groupe de travail ont fait remarquer que, dans
beaucoup de pays, la violence à l'égard des femmes était encore tolérée
par la loi. À cet égard, l'introduction dans le droit interne de
dispositions réprimant le viol conjugal, la violence familiale, le crime
dit d'honneur et autres sévices a été saluée comme un immense pas dans la
bonne direction.
Pourtant, le débat sur les voies de recours légales a également révélé
que la réforme législative était une question complexe dont l'analyse
devait s'inscrire dans une démarche plus large et plus systématique. De
nombreux membres ont fait remarquer qu'en règle générale il ne suffisait
pas de changer la loi pour éliminer la violence à l'égard des femmes, car
la loi ne fait pas disparaître les idées fausses qui entourent le
phénomène et le fait que de nombreuses femmes ne connaissent même pas
leurs droits fondamentaux au titre des lois en vigueur. En Inde, on a
légiféré à qui mieux mieux, mais on n'a pas réussi pour autant à faire
cesser les violences contre les femmes, a écrit un membre indien. De plus,
certains membres se sont inquiétés des nombreux dysfonctionnements de la
justice (en raison le plus souvent d'un manque de ressources), qui font
que les affaires de viol et de mauvais traitements sont traitées de
manière très inégale par les tribunaux (Campagne multimédias sur la
violence à l'égard des femmes et des enfants). D'autres ont noté que la
corruption qui sévissait dans de nombreux pays entravait la bonne
administration de la justice. Il a par ailleurs été signalé que certaines
réformes législatives avaient fait reculer la cause des femmes, et
qu'elles devaient donc être combattues. L'un des exemples cités a été
celui de l'Orégon, où la plupart des actes de violence conjugale sont
considérés comme de simples délits, et ne deviennent des infractions
pénales que s'ils sont commis sous les yeux d'un enfant. Le message n'est
malheureusement que trop clair : frapper une femme n'est pas une grande
affaire, mais le faire devant un enfant devient gravissime. (Coordonnateur
de SOS femmes battues, County de Multnomah, États-Unis)
De nombreux membres ont considéré que les stratégies
polydirectionnelles restaient les plus efficaces : application des
conventions internationales et des lois en vigueur, réforme législative,
action militante en faveur d'une application plus stricte des lois,
formation de la police, campagnes de sensibilisation et d'information
destinées à montrer que la violence à l'égard des femmes, sous quelque
forme que ce soit, était une atteinte aux droits fondamentaux de la
personne.
3. Enseignements tirés
La lutte contre la violence passe par l'application stricte de
la loi, la répression systématique des infractions, la formation, le
suivi, et la mise à disposition de moyens suffisants.
Exemple : L'Afrique du Sud a promulgué en 1998 une loi très
progressiste appelée Loi sur la violence familiale. Malheureusement, les
services de police jurent leurs grands dieux qu'ils ne peuvent pas la
faire respecter. Absence de formation, manquent d'infrastructures, etc. -
tous les prétextes leur sont bons. L'application de notre magnifique
législation va donc exiger un changement complet de mentalité! (Women's
Support Centre de Masimanyane et KZN Network on Violence against Women,
Afrique du Sud)
Exemple : Le Gouvernement tadjik a adopté un plan d'action national
d'amélioration de la condition de la femme. Ce plan de sept ans
(1998-2005) prévoit l'interdiction de la violence dans tous les domaines,
l'établissement de statistiques précises sur la question, une action de
concertation avec les centres d'aide aux femmes battues et la définition
de sanctions pénales réprimant la violence. Mais il n'y a aucun budget
pour ouvrir des centres d'aide et d'hébergement pouvant recevoir les
victimes de violence, pour former des travailleurs sociaux et pour équiper
les hôpitaux publics. (Khujand Women's Center, Tadjikistan)
La justice, les services sociaux et les organisations non
gouvernementales doivent collaborer pour intensifier la lutte contre la
violence.
Exemple : À Maurice, nous avons pris des mesures judiciaires,
administratives et sociales contre la violence. La loi sur à la protection
contre les violences familiales a été adoptée en 1997 et nous avons créé
un service d'aide ouvert 24 heures sur 24, des permanences téléphoniques
et des antennes décentralisées. La police, les hôpitaux et les services de
probation travaillent en coordination. Les centres de consultation
familiale s'efforcent de venir en aide aux couples en difficulté. Des
campagnes d'information sur les droits de l'homme ont été lancées, y
compris sur les lieux de travail. Les médias se sont largement mobilisés
pour faire passer notre message. Nous préparons une vaste enquête sur la
violence familiale, ce qui nous permettra de mieux connaître le profil des
conjoints violents et de lancer des campagnes à leur intention. (Ministère
de la condition de la femme, Maurice)
Exemple : Nous collaborons actuellement avec les pouvoirs publics,
qui viennent de mettre en place un comité national de prévention de la
violence familiale. C'est pour nous une grande victoire, car cela signifie
que le Gouvernement reconnaît et soutient notre action, qu'il va nous
aider à consolider notre réseau et à travailler plus efficacement. Après
des années d'indifférence de la part des autorités mexicaines, nous allons
enfin pouvoir vraiment aller de l'avant. (Alternativas Pacificas, ONG de
Nuevo Leone, Mexique)
Exemple : Les comités locaux de coordination qui se sont créés en
Colombie-Britannique s'avèrent extrêmement utiles et efficaces : ils
appuient l'effort de sensibilisation, renforcent la confiance entre
prestataires de service, militants et les institutions, se mobilisent pour
faire tomber les barrières qui entravent l'action contre la violence, et
trouvent des solutions et des initiatives novatrices qui se traduisent par
de véritables changements dans les collectivités locales. (Victims
Services Division, Ministère de la justice de Colombie-Britannique,
Canada)
Il faut définir des indicateurs communs et faire les études
statistiques correspondantes pour déterminer la prévalence réelle de la
violence et les montants que l'État consacre à la lutte contre ce
fléau.
Exemple : En Afrique du Sud, les plaintes des femmes battues sont
classées par la police dans la même catégorie que toutes les autres
affaires d'agression, sauf s'il agit d'un acte à caractère sexuel. Il est
donc impossible d'obtenir des statistiques sur le nombre total de
violences commises contre des femmes. La police prétend que les
formulaires de déclaration et d'enregistrement des plaintes sont standard
et qu'il est difficile de les modifier. (South African Medical Research
Council, Afrique du Sud)
Exemple : Le Canada a mis au point une grille applicable à tous les
actes de violence familiale, qu'il s'agisse de violation de domicile, de
harcèlement, etc. Il a fallu plusieurs années de rodage du système pour
que les données statistiques puissent être considérées comme fiables, mais
avec l'habitude et à force de persévérance, c'est aujourd'hui chose faite.
(Victim Services Division, Ministère de la justice de
Colombie-Britannique, Canada)
Les mesures et programmes doivent refléter le fait que la
violence pose toute une série d'autres problèmes, notamment ceux qui ont
trait à la santé et au statut économique des femmes.
Exemple : Nous avons constaté que l'impossibilité de trouver des
garderies peu onéreuses constitue souvent un obstacle majeur pour la
plupart des ex-femmes battues qui essaient de trouver un emploi et de le
conserver. De plus, beaucoup de ces femmes continuent à être poursuivies
et harcelées sans relâche par leur agresseur, ce qui les oblige parfois à
quitter leur emploi. La rigidité des horaires de travail les empêche de
trouver le temps nécessaire pour témoigner devant les juges, de consulter
les services d'aide sociale ou de chercher un logement. Et pourtant, ces
facteurs ne sont pas pris en compte dans les législations et les
politiques nationales et locales. (Center for Effective Public Policy,
États-Unis)
Exemple : Si les victimes de violences conjugales bénéficient en
général de soins physiques adéquats, les équipes soignantes n'ont pas
toujours conscience des nombreuses autres séquelles laissées par les
mauvais traitements - complications obstétriques, désordres
gastro-intestinaux, dépression, etc. En 1998, le département de la santé
du Queensland a reçu un budget de 1 million de dollars pour des programmes
d'aide psychosociale en faveur des femmes victimes de violences
familiales. Nous avons laissé des questionnaires dans les centres de
consultation prénatale et les services d'urgence de cinq hôpitaux pour
déterminer la prévalence de la violence. Les femmes ont répondu
massivement à notre appel. Douze mois après le début de notre enquête, 97
pour cent des 1 174 femmes qui avaient répondu au questionnaire (et dont 8
à 12 pour cent avaient déclaré avoir subi des violences) nous ont dit que
le projet était une excellente initiative. (Département de la santé du
Queensland, Australie)
La violence coûte cher aux employeurs; la formation peut être
un facteur d'économie.
Exemple : L'État du Maryland (États-Unis) exige maintenant que ses
60 000 fonctionnaires suivent des séminaires consacrés aux effets de la
violence familiale sur la productivité. Le gouverneur a signé le décret
instituant ces cours de formation après qu'une enquête du Bureau des
affaires nationales eut révélé que l'absentéisme, les soins médicaux
supplémentaires et la baisse de productivité liés à la violence familiale
représentaient une perte d'environ 5 milliards de dollars par an pour les
employeurs. Le cadre de la fonction publique qui découvre que tel ou tel
membre de son service subit des violences dans son milieu familial peut
désormais le référer à la cellule gouvernementale d'aide aux
fonctionnaires. La victime elle-même peut appeler la police en cas de
menace immédiate, prendre un congé, ou faire déposer son chèque de paie
sur un autre compte bancaire. L'État encourage par ailleurs les employeurs
du secteur privé à avoir des programmes similaires. (Community Well,
Research and Evaluation Inc., États-Unis)
La démarginalisation et la promotion des femmes exigent une
meilleure diffusion de l'information sur les droits des femmes et des
modèles législatifs les plus favorables.
Exemple : Les Nigérianes qui perdent leur mari doivent se plier à
toute une série de rites déshumanisants et dangereux - boire l'eau qui a
servi à laver le cadavre du défunt, s'isoler du monde, etc. De plus, elles
n'ont droit à aucun héritage. Nous avons organisé plusieurs ateliers et
des débats à la radio et à la télévision, édité des livres et des affiches
sur cette question. Cet effort n'a pas été inutile, puisque les veuves
sont maintenant plus nombreuses à s'adresser aux centres d'assistance
judiciaire et qu'elles commencent à créer des associations. (Fédération
internationale des avocates, Nigéria)
Exemple : L'information juridique consultable sur Internet
intéresse essentiellement les pays développés et les exposés (par exemple
de lois types) sont souvent trop peu détaillés pour être utiles au
législateur. Nous avons découvert que signaler des précédents judiciaires
précis en provenance d'autres pays en développement était un excellent
outil de mobilisation. Il serait utile de faire l'inventaire de toutes les
lois promulguées dans les différents pays pour réprimer le viol et la
violence familiale, en indiquant dans chaque cas leur degré d'application.
Ces données pourraient peut-être être centralisées par l'ONU. (Windhoek
Legal Assistance Center, Namibie)
4. Programme d'action
Adopter la Déclaration de Beijing et la définition de la violence à
l'égard des femmes qui figure dans le programme d'action; élaborer des
politiques nationales prohibant la violence sous toutes ses formes et où
qu'elle se produise - dans la famille, au travail ou dans la collectivité.
Mieux sensibiliser l'ensemble du personnel judiciaire au phénomène de
la violence à l'égard des femmes afin de favoriser une action plus
concertée face à ce phénomène.
Encourager les hommes à se mobiliser et à s'engager dans la lutte
contre la violence.
Améliorer les services médico-sociaux d'aide aux victimes de la
violence et nouer des liens plus étroits avec des services sociaux
essentiels tels que les services d'aide à l'enfance et la formation
professionnelle.
Ouvrir des centres d'urgence à guichet unique où les victimes
trouveront sous un même toit tous les services coordonnés nécessaires,
l'aide d'autres grands acteurs de la lutte contre la violence comme la
police, et pourront bénéficier de services de recherche de témoignages,
puis évaluer l'efficacité de ces dispositifs.
Rallier les administrations, la société civile, les institutions de
recherche et le secteur privé autour des stratégies d'élimination de la
violence les plus efficaces.
Ratifier la Convention sur l'élimination de toutes les formes de
violence à l'égard des femmes et son Protocole facultatif, ou y accéder;
encourager l'application de cet instrument dans les juridictions
nationales et locales.
Mettre au point des indicateurs communs et établir les statistiques de
la violence à l'égard des femmes afin de déterminer avec précision
l'ampleur du phénomène et notamment d'en calculer le coût; ces données
serviront à définir les politiques gouvernementales, à mobiliser les
ressources nécessaires et à stimuler le débat public.
Exiger que les policiers et les personnels judiciaires rendent compte
de ce qu'ils font pour lutter contre la violence à l'égard des femmes, et
assortir cette exigence de mesures incitatives (promotions) ou dissuasives
(blâmes).
S'attaquer plus résolument dans les politiques, les lois et les
programmes à l'une des causes profondes de la traite des femmes et des
petites filles, à savoir la pauvreté.
Soutenir les associations de femmes et autres groupes de la société
civile qui mènent une action novatrice contre la violence et/ou qui
réparent une lacune importante dans les services aux victimes.
Trouver une solution pour associer les hommes à l'action contre la
violence sans pour autant priver les femmes des ressources dont elles
disposent.
Soutenir la recherche sur les causes profondes de la violence
masculine.
Mettre au point des programmes pédagogiques pour mettre en exergue le
caractère intolérable de la violence à l'égard des femmes et promouvoir
une action efficace d'élimination du fléau, et les diffuser par
l'intermédiaire des médias et des écoles et par d'autres voies.
Bâtir une base de données documentaires universellement accessibles sur
l'élimination de la violence à l'égard des femmes, et y inclure les
directives, lois-type, modules de formation, procédures de documentation,
et autres matériels importants.
Améliorer l'application et le suivi des nouvelles lois, des
législations en vigueur et des conventions internationales afin d'éliminer
la violence à l'égard des femmes.
Traiter toutes les formes de violence à l'égard des femmes (dont le
viol, le crime d'honneur, etc.) comme des infractions pénales.
E. Les femmes et les conflits armés
Groupe de travail sur les femmes et les conflits
armés
|
11 octobre-19 novembre 1999
|
Nombre total de membres :
614 |
Des messages ont été reçus de
68 membres représentant 25 pays (75 % du Nord et 25 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 50 % |
Organismes publics : 8
% |
Organisations
intergouvernementales : 3 % |
Chercheurs ou universitaires
: 16 % |
Autres : 23 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http:www.sdnhq.undp.org/ww/women-armdconf/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Le groupe de travail en ligne sur les femmes et les conflits
armés(7)
s'est proposé de réfléchir aux moyens de mieux protéger les femmes et les
filles en situation de conflit armé ainsi qu'au rôle joué par les femmes
dans la prévention des conflits, la reconstruction après les conflits et
la consolidation de la paix. Il a axé ses travaux sur les trois thèmes
suivants : l'impunité qui couvre les crimes commis à l'encontre des femmes
et les moyens d'y mettre fin, la protection et la participation des
réfugiés et des personnes déplacées, et le rôle des femmes dans la
démilitarisation et la réduction du commerce des armes. Les participants
se sont tout particulièrement intéressés à la question des viols perpétrés
en temps de guerre et aux stratégies garantissant que les responsables
seront poursuivis. La prévention des conflits a également suscité beaucoup
d'intérêt. Les participants ont débattu des dimensions sexospécifiques de
la violence, du militarisme et de la paix. Ils ont également estimé qu'il
fallait définir la sécurité en termes de santé, ou en termes humains, et
non plus en termes militaires
1. Obstacles rencontrés
Le recours de plus en plus fréquent à des stratégies de viol et
d'imprégnation dans des situations de conflit armé.
Les difficultés qui continuent de s'opposer à ce que les responsables
de viols et crimes de guerre à l'encontre des femmes soient poursuivis en
justice.
La persistance des préjugés, de l'opprobre et de la honte qui entourent
le viol, même en situation de conflit, empêche les efforts menés pour
recenser ces crimes et en poursuivre les responsables d'aboutir.
Le fait que l'État entérine dans bien des cas les violences commises
par la police et d'autres forces de sécurité à l'encontre de certains
groupes ethniques et des femmes.
L'absence de femmes dotées de pouvoirs dans les négociations pour la
paix.
La persistance d'une culture militariste qui privilégie les conflits et
exclut les femmes de la consolidation de la paix et de l'action politique.
L'absence d'accompagnement psychologique ou émotionnel dans les
méthodes utilisées par les organisations internationales ou les médias
pour recenser ou enregistrer les crimes sexuels.
Les représailles exercées à l'encontre des femmes dans lesquelles
l'État voit des avocates des droits de l'homme.
La négligence à l'égard des besoins des femmes déplacées et les
inégalités dans la distribution de l'aide, les femmes se voyant attribuer
une part plus réduite.
Le fait que l'environnement physique des camps de réfugiés et les
situations de logement temporaire suscitent des conflits.
2.
Idée-force
La contribution des femmes à la violence et à la paix.
La question de savoir si les femmes sont intrinsèquement douées pour la
paix a suscité un débat au sein du groupe de travail. La majorité a estimé
qu'il était dangereux d'en rester aux stéréotypes de la femme pacifique ou
de la femme victime. Il est apparu clairement que dans le domaine de la
consolidation de la paix, les priorités des femmes ne sont pas les mêmes
que celles des hommes, les femmes s'attachant plus à des questions de
survie. Certains participants ont noté qu'en matière de consolidation de
la paix, les femmes ont de gros points forts : elles sont particulièrement
compatissantes parce qu'elles ont souvent été elles-mêmes victimes de
discriminations. De même, parce que leur place dans le système politique
est moins solide que celle des hommes, elles ont plus souvent tendance à
rechercher la paix. Souvent les premières victimes des conflits, elles en
ressentent directement les effets sur leur famille, ce qui leur donne
tendance à oeuvrer pour la paix, ou au contraire à communiquer la haine
que leur inspirent les atrocités perpétrées.
Par ailleurs, les femmes sont souvent impliquées dans des situations de
conflit et de violence, avec des résultats divers. Un membre du groupe a
noté qu'en Érythrée, 35 % des combattants avaient été des femmes, ce qui
avait contribué à émanciper beaucoup d'entre elles après le conflit.
D'après ce membre : Le rôle [joué par les femmes] pendant les 30 ans qu'a
duré la guerre d'indépendance, [...] a rendu la société plus équitable. Un
autre membre a signalé que les hypothèses des milieux de l'aide
humanitaire, qui voyaient dans les femmes des victimes innocentes - et non
les auteurs d'éventuelles d'atrocités - avaient prolongé le conflit dans
les camps de réfugiés rwandais. Dans l'ensemble, les membres du groupe ont
souligné, d'une part, l'importance du concept de virilité dans la création
de cultures militaristes et, d'autre part, la logique sexospécifique des
conflits et de la violence. L'un d'entre eux a résumé le débat en ces
termes : Comment nous, militants et théoriciens des aspects
sexospécifiques des conflits, pouvons-nous influencer ceux qui
interviennent dans des situations de conflit armé de façon à ce que leurs
programmes reflètent une vision plus nuancée des rôles respectifs des
hommes et des femmes, et qu'ils ne se contentent pas de plaquer un schéma
préconçu sur les femmes?
3. Enseignements tirés
On peut accomplir des progrès significatifs en élargissant les
définitions des crimes de guerre aux violences sexuelles commises à
l'encontre des femmes, ce qui permet de poursuivre plus facilement les
personnes présumées responsables de ces crimes.
Exemple : Le Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie et le
Tribunal pénal international pour le Rwanda ont considérablement avancé,
non seulement parce qu'ils ont instruit ces crimes, mais aussi parce
qu'ils en ont élargi la qualification, faisant du viol et des autres
formes de violence sexuelle des instruments de génocide, des crimes contre
l'humanité, une violation de l'article 3 commun [aux Conventions de
Genève], des violations des lois ou coutumes de la guerre, des actes de
torture et des infractions graves. Il faut espérer que ces violences
seront également bientôt associées à une réduction en esclavage. Le Statut
de la Cour pénale internationale permet également de poursuivre plus
facilement les personnes présumées responsables de crimes commis
exclusivement à l'encontre des femmes, ou dont ces dernières sont les
principales victimes, puisqu'il prévoit des poursuites à l'encontre des
personnes présumées responsables de viol, d'esclavage sexuel, de
prostitution forcée, de grossesse forcée, de stérilisation forcée ou de
toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable. Il reste
certes beaucoup à faire, mais les progrès accomplis depuis 1993 sont
extraordinaires. (États-Unis)
Le viol a une incidence destructive et diffuse qui touche
plusieurs générations, surtout lorsque les conflits sont déguisés ou non
avoués.
Exemple : Tout d'abord, lorsque le conflit lui-même est déguisé ou
non avoué, il est rare que le viol soit présenté comme une arme politique.
Ensuite, les victimes ne peuvent attendre ni soulagement ni amélioration
des choses : elles ne peuvent que se débattre indéfiniment dans une
situation dont tout le monde craint qu'elle n'empire. En dernier lieu, les
victimes doivent adopter un masque de normalité pour faire face des années
durant à un conflit dans le cadre duquel, leur viol étant juste une
atrocité parmi d'autres, elles ne peuvent le vivre comme quelque chose de
normal. Et bien entendu aucun recours, aucune réadaptation et aucun
traitement ne sont disponibles. (Inde)
Redéfinir la violence en termes de santé publique et de
prévention des blessures, plutôt qu'en termes policiers peut ouvrir de
nouvelles possibilités d'action juridique ou législative.
Exemple : En Australie, l'organisation pour laquelle je travaille
axe ses activités concernant les violences infligées avec des armes à feu,
non plus sur le maintien de l'ordre conçu uniquement en termes de
conflits, mais sur la prévention des blessures, envisagée dans le contexte
général de la santé. Ainsi, l'attention qui était accordée à la période
d'après-guerre ou d'après-conflit est-elle reportée sur la période
d'avant-guerre, ou sur la prévention des blessures. Cette démarche se
fonde sur la Charte d'Ottawa, selon laquelle tous les êtres humains ont
droit au bien-être physique, mental et social. Appliquée à la question du
contrôle des armes à feu, elle met l'accent sur les transferts d'armes,
les lois nationales concernant les armes à feu, la fabrication d'armes,
les moyens de faire évoluer les mentalités, etc. (Australie)
Les femmes réagissent souvent différemment des hommes aux
situations de conflit et de consolidation de la paix.
Exemple : Paradoxalement, en situation de guerre ou de conflit, les
femmes nourrissent parfois plus de haine que les hommes car elles voient
leurs enfants et les êtres dont elles s'occupent se faire blesser ou tuer.
Il arrive hélas souvent qu'en réprimant cette colère par acculturation,
elles la transmettent à la génération suivante par leur attitude et par
l'éducation qu'elles donnent. Je pense qu'il est temps que nous
réfléchissions sérieusement à la façon dont les femmes réagissent vraiment
en cas de conflits, à ce que nous devons faire pour nous-mêmes, et au fait
que le mouvement féministe a repris certaines agressions patriarcales sous
prétexte de parvenir à l'égalité entre les sexes. A Manipur, les femmes
sont utilisées pour symboliser les initiatives pacifiques et l'on a
souvent recours à elles au stade des négociations, mais cela a des
conséquences complexes. Tout d'abord, elles deviennent des cibles en
raison de leur rôle. Ensuite, les femmes sont certes très majoritaires
dans les activités concernant les problèmes de survie et dans le mouvement
de défense des droits fondamentaux, mais elles ne peuvent probablement
influencer les décisions politiques, voire même y participer, que de
manière minime. (Inde)
Exemple : Parce que les femmes ont souvent la responsabilité de la
survie au jour le jour, que ce soit en temps de guerre ou en temps de
paix, elles sont sensibles à ce que l'on appelle parfois la violence
structurelle, c'est à dire la violence liée à l'exploitation, à
l'inégalité et à la pauvreté, et pas seulement à la violence physique
évidente de la guerre. Elles établissent souvent un lien entre les deux
dans des projets pratiques axés sur la survie. Par exemple, les
remarquables activités intercommunautaires des centres de femmes de
Belfast sont possibles parce que les femmes des quartiers défavorisés des
deux parties au conflit ont les mêmes besoins. (Royaume-Uni)
Apporter une aide humanitaire aux femmes en situation de crise
ne suffit pas; il faut dispenser une formation à la défense des droits
fondamentaux des femmes.
Exemple : Après le tremblement de terre de 1988 en Arménie, j'ai
commencé à travailler avec la Croix-Rouge géorgienne. En avril 1989, nous
avons créé le Centre de sauvetage Santeli et participé à de nombreuses
actions dont le but était de sauver des vies dans la région
transcaucasienne. Toutefois, lorsque les sauveteurs de Santeli se sont mis
à travailler en situation de crise (1991-1994), ils ne connaissaient rien
au processus de défense des droits fondamentaux des femmes. Il fallait
certes apporter une aide humanitaire mais aussi mener des enquêtes,
rassembler des preuves (procéder à des entretiens), analyser les faits, et
faire des recommandations en vue de la création d'une stratégie de
protection des droits fondamentaux des femmes. Nous voulons apprendre aux
femmes appartenant à des groupes à risques (personnes déplacées et
population vivant aux frontières de l'Abkhazie) à défendre leurs droits,
les préparer au comportement à adopter dans des situations extraordinaires
et étudier la situation de la région de Gali en menant des enquêtes et en
rassemblant des preuves. (Géorgie)
Les activités communautaires de consolidation de la paix
peuvent réussir là où des négociations officielles ont échoué, et elles
peuvent servir de modèle pour les processus officiels.
Exemple : Bien que l'environnement n'ait pas été propice à une
participation plus active des Angolaises au processus de paix, des
organisations féminines populaires ont proposé un certain nombre
d'initiatives de consolidation de la paix qui ont bénéficié de l'appui du
Gouvernement angolais, par le biais du Ministère de la famille et de la
promotion de la femme ainsi que des chefs d'Églises. Notre organisation
est le fruit de certaines de ces initiatives et elle a les buts suivants :
i) créer un réseau de communication pour l'échange d'informations et
d'expériences sur les aspects sexospécifiques du développement; ii)
exercer des pressions sur le Gouvernement pour faire progresser la cause
des femmes; iii) donner aux femmes les moyens de faire face au problème de
l'inégalité des sexes; et iv) dispenser une formation aux organismes
membres. Notre organisation a été créée surtout parce que les femmes
réalisent qu'il faut agir pour faire évoluer les mentalités et les
comportements masculins tout autant que féminins face à la reconstruction
et au développement du pays. (Angola)
Stratégies de consolidation de la
paix
|
Appuyer les initiatives nationales,
locales et populaires de consolidation de la paix dans le cadre d'un
plan d'action coordonné. |
Renforcer les capacités
institutionnelles des femmes et d'autres acteurs clefs d'activités
de renforcement de la paix en dispensant une formation à la
sensibilisation des adultes aux problèmes des femmes. |
Atténuer les aspects négatifs des
régionalismes, de la méfiance ethnique et du fossé qui sépare le
monde rural du monde urbain. |
Mettre au point des mécanismes
appropriés de dialogue intercommunautaire, de réconciliation et de
résolution des conflits, avec la participation des chefs
traditionnels et des autorités religieuses. |
Contribuer à la recherche d'un
consensus sur la paix auquel adhèrent les organisations populaires
(création d'une culture de paix). |
Exemple : Les activités auxquelles participent les deux communautés
chypriotes datent des années 1990. Lorsque nous avons commencé, nous
étions 10 membres de la communauté chypriote grecque et 10 membres de la
communauté chypriote turque à nous réunir à la frontière, dans un no man's
land appelé la ligne verte qui divise Chypre en deux. Trois mille
personnes en sont vite venues à assister à nos réunions, ce qui a alarmé
les autorités. Nous apportions en effet la preuve que les Chypriotes turcs
et les Chypriotes grecs pouvaient se rencontrer et se comprendre. Or, la
doctrine officielle était que nous ne pourrions jamais revivre ensemble.
Dès le début, les femmes ont beaucoup participé aux groupes pacifistes
bicommunautaires. J'ai créé le groupe des femmes des deux communautés. Il
s'est réuni pendant plus d'une année, jusqu'au moment où il en a été
empêché. Les réunions des groupes de femmes ont été arrêtées avant celles
des autres. Pourquoi cela? Je pense que les femmes étaient plus
inquiétantes pour les autorités que les groupes mixtes. (Chypre)
Venir à la table des négociations en tant qu'individus, éviter
les positions politiques rigides, constituer des réseaux et des comités
populaires de femmes sont autant de bonnes stratégies de consolidation de
la paix au niveau des communautés.
Exemple : Je voudrais vous parler de certaines méthodes et
stratégies utilisées par les groupes de femmes à Chypre. En ce qui
concerne la constitution des groupes, nous obtenons d'emblée des
participantes qu'elles acceptent de ne représenter qu'elles-mêmes, à titre
individuel, et non des ONG ou tout autre organisme. Elles doivent
également s'engager à éviter les généralisations et à ne parler qu'en leur
nom, à la première personne du singulier (Je) plutôt qu'à la première
personne du pluriel (Nous). Nous demandons également d'emblée aux
participantes d'adhérer au principe selon lequel nous sommes là pour
exprimer et comprendre des besoins plutôt que pour imposer des positions
politiques. Au début, les femmes ont des attitudes complètement opposées,
en fonction de leur appartenance ethnique, et elles sont choquées
d'entendre les femmes de l'autre groupe parler si différemment. Nous leur
donnons l'occasion de raconter les moments les plus traumatiques de leur
vécu. À ce moment, deux groupes séparés commencent à se fondre. Le groupe
n'a pas de structure, pas de chef, pas de hiérarchie, et tout le monde se
sent traité sur un pied d'égalité. Tout au long de ce processus, les
femmes regardent au fond d'elles. Le changement vient de l'intérieur, et
non de l'extérieur. (Chypre)
Il est indispensable d'offrir aux femmes des opportunités
économiques pendant les périodes de reconstruction qui suivent les
conflits.
Exemple : Au Rwanda, les Comités de femmes sont des structures
populaires composées de 10 membres élus lors d'élections exclusivement
féminines pour représenter les femmes à tous les échelons de l'État. Les
bailleurs de fonds et les ONG en ont déjà fait un canal de transmission de
leur aide au développement. Le Gouvernement a chargé chaque comité de
créer, d'alimenter et de gérer des Fonds communaux pour les femmes, qui en
sont toujours à l'état embryonnaire. Ils ont pour but d'aider à démarrer
des activités économiques communales et sectorielles tout en permettant à
des femmes du peuple de se prononcer sur des financements qui peuvent
changer leurs vies. Ceci est possible en partie grâce à des activités de
microcrédit pour lesquelles les Fonds communaux prêtent moyennant des taux
d'intérêt minimaux de petites sommes à des femmes qui ne pourraient
obtenir de crédit par d'autres moyens. Le programme sur les femmes et la
transition a recentré beaucoup de ses activités de façon à collaborer avec
les Comités de femmes au niveau des communes. Il finance ainsi leurs
activités et en forme et conseille les responsables chargées des Fonds
communaux. (Rwanda)
Les organisations féminines doivent avoir une place officielle
à la table des négociations, dans le cadre de la diplomatie préventive,
des pourparlers pour la paix et de la gestion des affaires publiques après
les conflits.
Exemple : Un groupe extraordinaire de femmes libériennes a fondé
l'Initiative des Libériennes, dans le but d'exercer une pression populaire
sur les politiciens et les chefs de guerre. À la suite d'un débat consacré
à l'échec du processus de paix, ces femmes ont décidé de joindre leurs
voix à celles des partisans du désarmement et de la paix. Elles
n'imaginaient pas au départ que leur organisation avait un avenir à long
terme, mais elles se sont beaucoup impliquées dans le processus de paix au
Libéria et elles ont assuré une présence à haut niveau dans toutes les
conférences pour la paix. C'est ainsi qu'elles ont commencé à participer
au processus de paix. Les décideurs étaient en effet impressionnés par la
ténacité et la détermination avec laquelle elles présentaient les vues des
femmes sur le processus de paix, les femmes ayant été les premières
victimes des violences qui ont déferlé sur le Libéria. (Royaume-Uni)
Exemple : Les Burundaises ont décidé de s'organiser et de créer des
associations pour la paix et la réconciliation. Elles ont malheureusement
été exclues de toutes les réunions convoquées par le Gouvernement pour
trouver une solution au problème. Même les femmes qui appartenaient à des
partis ont été ignorées. Voyant qu'elles étaient exclues de toute
initiative, elles ont décidé de ne plus compter que sur leurs propres
forces. Elles ont participé à un forum international qui leur a permis de
rencontrer d'autres femmes et de discuter avec elles. Avec l'aide de Mme
Speciose Kazibwe, Vice-Présidente de l'Ouganda et de Mme Perry,
ex-Présidente du Libéria, elles ont pu organiser une conférence en
Ouganda, après laquelle elles ont rencontré le Président de l'Ouganda.
Celui-ci a accepté de négocier la participation des Burundaises aux
négociations pour la paix au Burundi qui se tiennent à Arusha.
(Burundi)
Le renforcement des capacités, la formation et les groupements
de femmes sont indispensables pour faciliter la participation des femmes à
la reconstruction de pays sortant de conflits.
Exemple : Il est crucial que les femmes participent à la
reconstruction des pays sortant de conflits si leur voix doit nourrir le
dialogue communautaire. Lorsque nous commençons à apporter une aide à des
communautés qui sortent de conflits, nous veillons à donner un rôle aux
institutions féminines, qu'elles soient ou non officielles. Dans le cas de
la Sierra Leone, par exemple, nous sommes en train de mettre sur pied une
formation destinée aux organismes qui veillent à l'application de la
Charte africaine des droits de l'homme et des peuples. Elle sera dispensée
du 28 février au 10 mars 2000 et sera axée sur le rassemblement de preuves
concernant les violations des droits fondamentaux des femmes ainsi que sur
l'action à mener sur la base de telles preuves. (Royaume Uni)
Donner aux femmes l'occasion de partager leur vécu aide à
comprendre de vieux conflits, à envisager une réconciliation et à demander
réparation, mais cela doit se faire de façon respectueuse, avec
l'accompagnement nécessaire.
Exemple : Des réfugiés du Timor oriental sont en train d'arriver en
Australie et la section australienne de la Commission internationale de
juristes cherche des avocats bénévoles pour prendre les témoignages des
réfugiés et rassembler des preuves récentes en vue de la création d'un
tribunal chargé de juger des crimes de guerre ou d'une commission interne
pour la paix et la réconciliation. Comme nous le savons tous, c'est
l'Assemblée générale des Nations Unies qui décidera ou non de créer pour
le Timor oriental un tribunal pénal du même type que ceux qui ont été mis
en place pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda. Cette décision sera donc
soumise à toutes sortes d'aléas politiques. Quoi qu'il en soit, je trouve
très intéressant de consigner l'histoire de ces femmes, du moment que cela
se fait avec délicatesse, et qu'en sont chargés des spécialistes
responsables, et non des médias exploiteurs, l'accompagnement nécessaire
étant fourni à toutes les personnes concernées. (Australie)
4. Programme d'action concernant les femmes
et les conflits armés
Réfléchir à la création d'une assemblée permanente chargée de la
prévention des conflits, véritable Conseil de sécurité au féminin.
Réfléchir à la question de savoir si les viols commis à l'encontre des
femmes doivent être traités séparément des autres crimes de guerre ou
entrer dans le cadre des traités internationaux concernant ces crimes.
Faire participer les hommes à l'action menée après les conflits dans le
domaine de la santé en matière de procréation.
Redéfinir la sécurité en termes humains plutôt qu'en termes militaires
et la question du contrôle des armes à feu en termes de santé publique
plutôt qu'en termes policiers.
Créer pour les personnes déplacées des zones préventives (censées
prévenir l'apparition de conflits) dont seraient chargés des contingents
de maintien de la paix des Nations Unies.
Dépassant les stéréotypes, affiner la vision des rôles masculins et
féminins en situation de conflit armé, aux fins de la programmation des
activités.
Faire campagne contre le recours à des armes telles que la terreur, le
viol ou la torture.
Avec l'accompagnement médical et psychologique voulu, rassembler de
façon holistique et détaillée des preuves concernant les violences
sexuelles.
Élaborer un instrument international consacré aux femmes en situation
de conflit armé qui interdise le viol et qualifie explicitement de crime
toute forme de violence sexuelle.
Nommer un rapporteur spécial des Nations Unies sur les femmes et les
conflits armés.
Effacer l'opprobre et la honte qui frappent les victimes de viol ou
d'autres crimes sexuels en sensibilisant les femmes, les hommes, les
médecins, la société au sens large, le système judiciaire, les familles,
la police, etc.
Sensibiliser davantage aux problèmes des femmes les soldats chargés du
maintien de la paix, y compris au sein de l'OTAN.
Faire participer plus de femmes à des missions de sécurité et de
contrôle
F. Les femmes et l'économie
Groupe de travail en ligne
sur l'élimination des inégalités
économiques
entre hommes et
femmes |
6 septembre-15 octobre 1999
|
Nombre total de membres:
982 |
Des messages ont été reçus de
82 membres représentant 30 pays (55 % du Nord et 45 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 36 % |
Organismes publics : 6
% |
Organisations
intergouvernementales : 15 % |
Chercheurs ou universitaires
: 30 % |
Autres : 13 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-economy/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Au cours des cinq années écoulées depuis la Conférence de Beijing, on a
assisté à une évolution rapide de l'économie, tant au niveau mondial qu'au
niveau local. La mondialisation, la transition économique, la
libéralisation des échanges et le microfinancement font maintenant partie
du débat comme de la vie quotidienne des femmes. C'est dans ce nouveau
contexte, et compte tenu des différentes situations régionales, nationales
et locales que les participants au groupe de travail en ligne sur
l'élimination des inégalités économiques(8)
ont examiné les progrès accomplis depuis 1995, les obstacles qui restent à
surmonter et les mesures à prendre. De manière générale, le dialogue a
essentiellement porté sur les moyens de mettre fin aux inégalités
économiques entre hommes et femmes et de concilier la vie professionnelle
et les responsabilités familiales ainsi que sur l'élaboration des
politiques économiques.
1. Obstacles rencontrés
Les préjugés tenaces que partagent hommes et femmes concernant les
métiers appropriés aux uns et aux autres (répartition du travail entre les
sexes), stéréotypes qui cantonnent les femmes dans les emplois mal payés
et peu considérés et fait reposer sur leurs épaules le plus gros du
travail non rémunéré qui consiste à s'occuper de la famille.
Le manque de reconnaissance du travail à domicile des femmes, en
particulier des femmes d'un certain âge, et ses incidences sur la sécurité
sociale et la retraite.
Certaines formes de restructuration et de libéralisation économique,
qui créent de nouveaux problèmes pour les femme
Le manque de données et d'informations pertinentes et ventilées par
sexes sur l'emploi, qui permettraient de mieux cibler les politiques.
Le manque de participation des femmes à la prise de décisions sur les
politiques économiques, tant au niveau national qu'au niveau
international.
La complexité des programmes bien conçus de microfinancement, qui pose
un problème si ceux-ci doivent permettre de réduire les inégalités
économiques entre hommes et femmes.
2. Idée-force
Les restructurations économiques et les grosses entreprises
sont-elles toujours mauvaises pour les femmes?
Dans chaque région, les participants se sont dits préoccupés par les
effets négatifs potentiels et réels de la privatisation et de la
transition économique. Avec la privatisation des services publics, les
femmes perdent leurs emplois et leur protection contre la discrimination.
Dans de nombreux pays, les inégalités entre hommes et femmes se creusent à
mesure que l'économie se privatise. Ailleurs, c'est lors de la
privatisation que des politiques de non-discrimination ont été mises en
place. Les participants se sont félicités que de grandes entreprises
élaborent des codes de conduite et respectent les règles de la concurrence
loyale et ont souligné qu'il fallait encourager ces pratiques.
3. Enseignements tirés
Il est essentiel d'accompagner les programmes économiques et
les réformes législatives de campagnes d'information et de sensibilisation
et de programmes d'éducation qui visent à changer les mentalités et les
comportements.
Exemple : Dans nos programmes, nous nous sommes attachés à vérifier
comment les profits avaient été utilisés par le ménage. Je m'inquiète de
voir que les femmes ne sont souvent pas maîtres de l'argent du ménage et
qu'il arrive que les hommes décident seuls de l'usage du crédit. Les
programmes de microcrédit peuvent apporter beaucoup aux femmes s'ils
s'accompagnent de mesures d'autonomisation qui leur permettent d'utiliser
et de gérer l'argent du ménage et de prendre des décisions en consultation
avec leur mari. (UNIFEM/PNUD/Volontaires des Nations Unies Viet Nam)
Exemple : Je voudrais faire part de mon expérience. J'ai créé la
Commission de l'égalité des chances de Hong Kong en 1996. Elle est chargée
de faire appliquer l'arrêté sur la discrimination fondée sur le sexe,
l'arrêté sur la discrimination fondée sur le handicap et l'arrêté sur la
discrimination fondée sur la situation familiale. La législation est
importante pour garantir l'égalité des chances, mais elle doit
s'accompagner de campagnes d'information et d'une éducation sur le long
terme. La Commission de l'égalité des chances a lancé une campagne
destinée à sensibiliser le public et à mieux faire comprendre les
principes de l'égalité des chances et de la non-discrimination. À Hong
Kong, en 1996, 35 % des personnes interrogées disaient savoir ce qu'était
la Commission de l'égalité des chances. En 1998, ils étaient 87
%.(Université chinoise de Hong Kong, Chine)
Exemple : Les femmes sont souvent perçues comme des ménagères ou
des reines de beauté alors que les hommes ont une image d'homme d'affaire
sérieux. La Commission sud-africaine sur l'égalité entre les sexes a tenté
de mettre fin à ces stéréotypes en organisant chaque année des colloques
avec les médias et en encourageant une approche novatrice et créative des
questions relatives aux femmes. Elle espère aussi être à même d'influer
sur les programmes des organismes de formation des journalistes.
(Commission de l'égalité entre les sexes, Afrique du Sud
Les politiques nationales instaurant le principe de
non-discrimination peuvent favoriser (mais ne garantissent pas)
l'instauration d'un environnement propice à une plus grande équité
économique. Elles peuvent aussi avoir des effets négatifs si elles ne
tiennent pas compte du travail non rémunéré des femmes.
Exemple : L'exemple de l'Ouganda montre à quel point la
discrimination positive peut contribuer à autonomiser les femmes.
L'Ouganda a élaboré des politiques spécialement destinées à encourager les
femmes à occuper des postes techniques et à travailler dans l'armée, la
police, les organismes publics, les commissions, etc. Le Gouvernement a
obligé les entreprises de tous les secteurs à nommer au moins une femme
parmi les cadres. La politique de discrimination positive est essentielle
pour donner du courage aux femmes. Elles sont de plus en plus nombreuses
dans l'armée, la police, les métiers techniques et autres activités
économiques qui étaient autrefois l'apanage des hommes. Aujourd'hui, le
secteur des affaires s'est beaucoup féminisé grâce à la politique du
Gouvernement. Les femmes ouvrent des écoles privées, des sociétés de
financement, des supermarchés, etc. (Organisation panafricaine de
libération de la femme, Ouganda)
Exemple : Je viens de terminer une étude de cas sur les pratiques
en matière d'emploi d'une grosse multinationale agroalimentaire, Cargill,
qui a racheté 20 % de l'entreprise publique zimbabwéenne Cotton Board
quand elle a été privatisée en 1996. J'ai été frappé par le fait que
Cargill ait embauché des femmes, ce que n'avait pas fait l'entreprise
publique. Les femmes sont légèrement plus nombreuses en bas de l'échelle,
mais elles sont aussi très présentes aux échelons les plus élevés. Des
emplois viennent d'être créés dans le domaine informatique, et ils sont
tous attribués à de jeunes femmes. Il s'agit de bons emplois à durée
indéterminée, avec prestations sociales et logement. Lorsque j'ai demandé
à Cargill pourquoi l'entreprise avait recruté des femmes, on m'a répondu
que Cargill était un employeur qui respectait l'égalité des chances, que
son code de conduite stipulait que l'entreprise devait se conformer aux
lois des pays dans lesquels elle était installée et que la législation
zimbabwéenne interdisait la discrimination dans l'emploi. (Gender and
Agribusiness Project, University of Illinois, États-Unis)
Par opposition
Une analyse des points forts, points faibles, chances et risques du
contexte économique de l'Afrique du Sud a montré que, si la législation
instaurait l'égalité entre hommes et femmes, les grandes entreprises
rechignaient à acheter des services ou des produits à des femmes
micro-entrepreneurs. (Afrique du Sud)
Exemple : Même si le droit japonais du travail instaure l'égalité entre
hommes et femmes, la réalité veut que si le chef d'entreprise demande à
ses salariées travaillant à plein temps et touchant un salaire élevé
(comme il peut le demander, et le demande, aux hommes) de travailler plus
ou de faire plus d'heures, les femmes quittent souvent leur emploi pour un
emploi moins bien rémunéré, à durée limitée et à temps partiel. Les
salaires sont très bas pour les emplois à temps partiel. (Japon)
La ratification des conventions internationales peut inciter
les gouvernements à s'engager et catalyser l'action nationale.
Exemple : Il importe que la Convention de l'OIT, qui prévoit
l'égalité de traitement pour tous les travailleurs à domicile, soit
ratifiée. En Irlande, le Gouvernement va lancer une campagne d'information
à l'intention des travailleurs à domicile. En Inde, le Gouvernement met en
place un comité qui sera chargé d'examiner la possibilité d'adopter une
politique spécifique sur le travail à domicile, qui aurait notamment pour
conséquence de créer des administrations de sécurité sociale pour les
travailleurs à domicile. Au Royaume-Uni, le Gouvernement a récemment
introduit un salaire minimal national qui concerne aussi les travailleurs
à domicile. À Madère (Portugal), le gouvernement régional a, sous la
pression des syndicats, adopté une réglementation concernant les brodeuses
à domicile. (HomeNet, Royaume-Uni)
La mise au point d'outils permettant d'analyser les budgets des
gouvernements dans une perspective d'égalité entre les sexes facilite la
redistribution des ressources au profit de l'autonomisation économique des
femmes.
Exemple : Les budgets sexospécifiques ont pour but de faciliter
l'évaluation de l'impact des budgets gouvernementaux sur les femmes. Ils
s'efforcent de décomposer les budgets des gouvernements en fonction de
leur impact sur les femmes et les hommes et sur différents groupes de
femmes et d'hommes. Jusqu'à présent, ces initiatives mettent l'accent sur
la redéfinition des priorités plutôt que sur une augmentation des dépenses
globales. On préconise aussi une réorientation des activités du
gouvernement plutôt que des changements dans les montants alloués à
certains secteurs. (International Center for Research on Women,
États-Unis)
Les partenariats entre la société civile et le gouvernement
peuvent aider les femmes à s'organiser au niveau local pour faire
respecter leurs droits économiques et leurs droits en matière de
travail.
Exemple : Organisées et créatives, les femmes du secteur informel
(vendeuses des rues) se sont liées et ont créé, avec les hommes, des
groupes de dialogue et de défense de leurs droits. À Cebu, les
organisations populaires et les organisations non gouvernementales ont
formé des organismes tripartites avec les autorités locales pour débattre
des questions concernant les vendeurs des rues et le code d'administration
locale. Cette collaboration aux étapes de la planification, de l'exécution
et de l'évaluation, de plus en plus courante et appréciée, montre qu'il
est possible de créer des sociétés civiles par la coopération,
l'organisation et l'éducation. (RSCJ, Philippines)
4. Programme d'action destiné à mettre fin aux inégalités
économiques entre hommes et femmes
Compte tenu des obstacles persistants mis en évidence, des grandes
questions discutées dans le cadre du forum et des enseignements tirés de
l'expérience, on pourrait élaborer un programme d'action qui aurait pour
but de :
Généraliser les initiatives visant à analyser la collecte et la
répartition des ressources par les gouvernements dans une perspective
d'équité entre les sexes.
Favoriser l'adoption de codes de conduite et de pratiques de
concurrence loyale par les entreprises privées, codes et pratiques qui
seraient surveillés de manière indépendante.
Encourager le débat sur la sécurité économique des femmes âgées et
prendre des mesures pour garantir leur sécurité économique.
Reconnaître le travail à domicile des femmes et des filles, modifier en
conséquence les programmes publics de retraite et renforcer la
réglementation du travail pour empêcher l'exploitation des femmes et des
filles.
Promouvoir l'intégration, dans les politiques économiques, d'une
perspective sexospécifique, par exemple en rendant les plans d'égalité
entre les sexes obligatoires dans les transactions des banques
internationales de développement.
Envisager de lancer des programmes d'auto-assistance et de
microfinancement communautaires, qui constituent une solution souple pour
suppléer aux initiatives conduites par les banques.
Encourager les partenariats entre les organismes publics et les
organisations non gouvernementales pour défendre les droits économiques
des femmes.
Reconnaître le travail non rémunéré des femmes et offrir des services
(garde d'enfants, etc.) pour aider les familles qui doivent concilier
travail et responsabilités familiales.
Compiler et analyser des données et informations sur la situation
économique et l'emploi des hommes et des femmes.
Dans le cadre de la législation et des programmes d'autonomisation
économique, faire des efforts concertés pour mettre fin à la
discrimination et aux stéréotypes.
Adopter et faire appliquer des lois et politiques garantissant la
non-discrimination et l'égalité des chances.
S'appuyer sur les conventions relatives aux droits de l'homme et au
travail, entre autres, pour faire en sorte que les gouvernements
s'engagent et agissent conformément à ces instruments.
Recourir à des stratégies à volets multiples visant à surmonter les
obstacles culturels, légaux et structurels à la réalisation des droits
économiques de la femme et adopter une approche du cycle de vie qui tienne
compte des multiples rôles de la femme.
Rendre les plans d'égalité entre les sexes obligatoires dans les
transactions des banques internationales de développement.
Encourager l'instauration de partenariats entre les gouvernements et
les organisations non gouvernementales pour défendre les droits
économiques des femmes.
G. La participation des femmes à la vie politique et à la prise
de décisions
Groupe de travail en ligne
Promouvoir la participation des femme
à la vie politique et à la prise de décisions |
6 septembre-15 octobre 1999
|
Nombre total de membres:
952 |
Des messages ont été reçus de
87 membres représentant 37 pays (44 % du Nord et 56 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 45 % |
Organismes publics : 13
% |
Organisations
intergouvernementales : 9 % |
Chercheurs ou universitaires
: 20 % |
Autres : 13 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-power/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Qu'en est-il de la représentation politique des femmes? Comment les
femmes exerçant des fonctions politiques ou se trouvant à des postes de
responsabilité s'occupent-elles de la problématique hommes-femmes? Quel
est l'impact des mesures de discrimination positive et des quotas? Comment
faire une plus large place aux femmes dans la prise de décisions? Tels
sont quelques-uns des principaux thèmes abordés par le groupe de travail
en ligne Promouvoir la participation des femmes à la vie politique et à la
prise de décisions(9).
Les participants au dialogue ont fait part d'expériences nationales très
différentes concernant la représentation des femmes dans les gouvernements
et dans le corps législatif. Certains ont signalé que d'importants progrès
avaient été accomplis depuis 1995, d'autres au contraire qu'aucun
véritable changement n'avait été constaté ces dernières années. L'impact
des mesures de discrimination positive et des quotas et les moyens de
renforcer la participation des femmes dans les organes de décision ont été
longuement examinés.
1. Obstacles rencontrés
Le fait que les femmes occupant des charges électives ne peuvent ou ne
souhaitent pas s'exprimer en leur propre nom, à cause de la pression
qu'exercent sur elles les hommes de leur famille, du fait qu'il est
difficile sur le plan politique de prendre fermement position au sujet des
questions sexospécifiques et de la peur de perdre leur poste.
L'insuffisance de la formation et de la préparation des femmes qui
comptent se lancer ou se sont déjà lancées dans la vie politique.
Les réactions hostiles à l'égard des femmes qui font carrière dans
l'administration, sont plus exposées que les hommes au risque d'être
rétrogradées ou de perdre leur poste en cas de compression budgétaire.
Le fait que le milieu du travail ne soit pas favorable aux femmes
(harcèlement sexuel, manque de crèches, rigidité des horaires de travail,
etc.).
Le fait que les valeurs socioculturelles figent le rôle des femmes et
la perception qu'on en a et perpétuent les stéréotypes négatifs des femmes
qui briguent ou détiennent une charge élective.
Le manque d'accès à l'information sur la vie publique et l'ignorance de
ses règles.
Le coût élevé des campagnes politiques.
La tendance persistante à confier aux femmes des ministères
traditionnellement considérés comme féminins - ceux de l'éducation, de la
santé, de la sécurité sociale et des services publics, par exemple.
Les menaces physiques contre les femmes qui briguent une charge
élective et contre leur famille.
Le fait que les gouvernements ne sont pas obligés de rendre compte des
résultats obtenus dans le domaine de l'égalité entre les sexes.
La multiplicité des responsabilités incombant aux femmes, qui rendent
leur carrière politique difficile.
2. Idée-force
Le fait que les femmes sont de plus en plus nombreuses à
occuper des postes de responsabilité ou à exercer des fonctions politiques
a-t-il une influence positive?
Les participants ont noté que les politiques des gouvernements ne
devenaient pas automatiquement meilleures parce que les femmes devenaient
plus nombreuses à occuper des postes de responsabilité et ont examiné les
moyens d'appuyer les femmes politiques pour qu'elles puissent faire
progresser la cause féminine. Certains ont demandé que les femmes, en
particulier celles qui militent au sein d'associations, leur fournissent
les informations et l'appui dont elles ont besoin pour promouvoir
l'égalité entre les sexes. Tous ont souligné la nécessité de créer un
environnement où les décideurs partageraient les responsabilités et
seraient davantage comptables de leur action en faveur de l'égalité entre
les sexes.
3. Enseignements tirés
Les réseaux et les échanges d'idées officieux sont importants
parce qu'ils permettent d'appuyer les femmes politiques et de faire
connaître les problèmes des femmes aux décideurs.
Exemple : Dans le cadre de notre programme, intitulé Femmes
représentantes et femmes représentées, nous organisons tous les mois des
petits déjeuners au cours desquels nous débattons de questions politiques
et mettons au point des activités de mobilisation. Ces petits déjeuners
sont l'un des moyens dont se servent des organisations de femmes comme la
nôtre pour nouer le dialogue avec les élues, de quelque bord qu'elles
soient. Nous invitons en effet, TOUTES les femmes parlementaires et TOUTES
les magistrates de la ville de Buenos Aires à chacun de ces petits
déjeuners. (Fundación Mujeres en Igualdad, Argentine)
La participation des femmes à la prise de décisions et à la vie
politique a une influence positive sur la prise en compte des questions
sexospécifiques et sur les politiques y relatives.
Exemple : En Ouganda, la participation des femmes à la prise de
décisions a une incidence sur la nature des politiques adoptées. Pour ce
qui est de la politique de santé, par exemple, un des secrétaires d'État
qui en ont la charge, - une femme - a insisté pour qu'elle tienne
systématiquement compte des problèmes des femmes. Un séminaire a été
organisé et une consultante recrutée pour faciliter cette prise en compte,
ce qui a eu un impact positif. Pour la première fois, la politique de
santé traite de la violence à l'égard des femmes et propose de ventiler
les données par sexe. Le problème maintenant est de la mettre en pratique,
ce qui risque de susciter bien des résistances. (Ministère de la santé,
Ouganda)
Les quotas et les mesures de discrimination positive en faveur
des femmes ont permis d'accroître leur participation à la vie publique
mais se heurtent encore à des résistances.
Exemple : Des mesures de discrimination positive ont été prises en
Érythrée où 30 % des sièges des assemblées nationales et régionales sont
réservés aux femmes. À l'heure actuelle, les assemblées nationales
comprennent 22 % de femmes et les assemblées régionales de 27 à 37,8 %.
(Érythrée)
Exemple : Les articles 32 et 33 de la Constitution ougandaise de
1995 établissent le droit des femmes de participer à égalité avec les
hommes à la vie politique et publique; et d'autres articles prévoient
l'adoption de mesures de discrimination positive.
Ce type de mesures a fait beaucoup pour accroître la participation
des femmes à la vie publique en Ouganda où chaque district doit désormais
élire une femme à un siège de député au Parlement et où les femmes ont la
possibilité de se présenter à des élections dans certaines
circonscriptions. À ce jour, les mesures de discrimination positive ont
permis à une quarantaine de femmes de siéger au Parlement.
Pour apprendre aux jeunes femmes
à exercer des responsabilités :
Développer leur confiance en soi et leur qualité de dirigeantes.
Leur apprendre à penser par elles-mêmes et à prendre des
décisions.
Élaborer des politiques qui garantissent l'égalité d'accès à
l'éducation dès le plus jeune âge.
Apprendre aux filles comment fonctionne le système de politique
national.
Encourager les filles à faire partie d'équipes sportives et leur
inculquer l'esprit d'équipe. |
La Constitution de 1995 prévoit aussi que des femmes doivent siéger
dans tous les organismes publics et parapublics et toutes les autres
institutions afin qu'elles puissent faire part de leurs préoccupations et
exigences, politique qui permet à beaucoup de femmes d'occuper des postes
dans de nombreuses institutions et qui fait que l'Ouganda est actuellement
le seul pays d'Afrique à avoir une femme pour Vice-Président. (PAWLO,
Ouganda)
Exemple : Le Parlement colombien a adopté récemment une loi
prévoyant que 30 % des plus hautes fonctions publiques doivent être
exercées par des femmes et, notamment, l'inscription d'au moins une femme
sur chaque terna (liste de trois candidats parmi lesquels le Président ou
d'autres dignitaires, à qui cette liste est présentée, peuvent désigner
les titulaires de hautes fonctions). Cette loi n'est pas encore en vigueur
et nombreux sont ceux qui pensent qu'elle ne sera pas adoptée ou qu'elle
sera déclarée inconstitutionnelle avant même d'être appliquée.
(Colombie)
Le développement des capacités de diriger des jeunes femmes
sera à l'avenir tout aussi indispensable que celui des hommes.
Exemple : Le programme Sexospécificités et développement a
coparrainé avec des organisations non gouvernementales lituaniennes un
camp de formation à l'intention d'adolescentes. Ce camp intitulé Les
femmes prennent les choses en main, a été adapté d'un camp de formation
analogue (Les filles dirigent le monde), mis en place en Roumanie par des
volontaires du Peace Corps. Outre qu'il offrait une formation commerciale
à ses participants, il visait à développer non seulement leurs capacités
de dirigeantes mais aussi leurs capacités personnelles, en particulier
leur confiance en soi. Nous pensons que, pour que les femmes puissent
devenir des femmes d'affaires avisées, il faut d'abord qu'elles acquièrent
les qualités de base nécessaires. (US Peace Corps : Corps de volontaires
des États-Unis pour la paix, Lituanie)
Les activités d'organisation et de promotion menées par les ONG
de femmes réussissent à sensibiliser les esprits et à donner aux femmes
l'élan dont elles ont besoin pour se lancer dans la vie
politique.
Exemple : Il n'y a pas, au Nigéria, de loi électorale qui
garantisse aux femmes l'égalité en matière de représentation mais les
activités de mobilisation ont sensibilisé les Nigérianes à ce problème.
Elles ont ainsi établi, pour la première fois, un plan d'action politique,
qu'elles ont publié, organisé un sommet de femmes et réclamé des mesures
de discrimination positive. Elles ont même formé un parti politique qui
n'a malheureusement pas pu être enregistré mais qui est devenu une
association politique.
Au niveau local, dans l'État des Rivières, la Fédération des
avocates a lancé toute une série de campagnes qui ont pris la forme de
visites sur le terrain, de cours sur le système électoral et de causeries
radiophoniques. Elle a réussi non seulement à sensibiliser davantage les
femmes à la question de la représentation politique, mais également les
hommes. Comme suite à une visite que ses représentantes ont rendue au
Président de l'Assemblée nationale, elle est actuellement en train de
soumettre à l'Assemblée deux projets de loi résolument favorables aux
femmes. (Fédération des avocates. (FIDA), Nigéria)
Le volet Formation et développement des capacités des femmes de
diriger occupe une place centrale dans les stratégies des ONG visant à
préparer les femmes à exercer des responsabilités, aussi bien au niveau
associatif qu'au niveau politique.
Exemple : Le PNUD coopère avec le Comité national vietnamien pour
la promotion de la femme à l'exécution d'un projet visant à développer au
Viet Nam les capacités nécessaires pour appliquer le plan d'action
national pour la promotion de la femme.
Ce projet a donné lieu à un stage de formation de formateurs de
quatre jours, axé sur le développement des capacités de diriger, qui a été
suivi de six cours de formation organisés à l'échelon local, à l'intention
de 144 candidates aux élections à la dixième Assemblée nationale de
juillet 1997. Ces cours ont porté essentiellement sur l'organisation d'une
campagne électorale et la manière de présenter un programme électoral et
ont permis d'élaborer des propositions d'action.
Ils ont notamment donné l'occasion à une travailleuse sociale de 27
ans de s'exprimer pour la première fois de sa vie en public. Lors des
premières tentatives qu'elles a faites pour présenter ses idées, elle n'a
pas réussi à dire un mot, mais le dernier jour, avec l'appui et les
conseils des autres participantes, elle a réussi à faire une déclaration
de cinq minutes. Elle est actuellement l'un des plus jeunes députés de
l'Assemblée nationale.
Les responsables du projet ont organisé une conférence de presse
avant les élections afin de promouvoir une image positive des femmes en
tant que dirigeantes et de faire en sorte que les femmes soient mieux
représentées au Gouvernement. Ces objectifs ont été atteints puisque le
taux de représentation des femmes est passé de 18 % à plus de 26 %
(Spécialiste des questions sexospécifiques pour les Volontaires des
Nations Unies, le PNUD et UNIFEM au Viet Nam)
Mettre en place au sein des diverses entités, des structures
qui encouragent les femmes à s'organiser peut les aider à prendre une part
plus active à la prise de décisions.
Exemple : Au début des années 70, un petit groupe de femmes du
Parti travailliste néo-zélandais a décidé qu'elles en avaient assez. Elles
ont commencé à réorganiser la section Femmes du Parti de manière qu'elles
puissent être un facteur de changement, c'est-à-dire qu'elles puissent
encourager les femmes à jouer un rôle plus important , plus déterminant,
dans la vie politique et les former à cette fin. Le fait que le Premier
Ministre néo-zélandais et le Chef de l'opposition néo-zélandaise soient
actuellement des femmes n'est pas un hasard. (Nouvelle-Zélande)
L'examen du budget consacré aux femmes (ou aux questions
sexospécifiques) est un bon moyen de se renseigner sur le processus des
prise de décisions et sur l'ordre des priorités, de faire pression sur les
pouvoirs publics et d'organiser des activités de plaidoyer.
Exemple : En Afrique du Sud, le budget consacré aux femmes permet à
tous ceux que cela intéresse de savoir quelle part du budget le
Gouvernement consacre à la défense, à la santé, à l'éducation, etc., et
comment les crédits budgétaires sont utilisés (traitements, activités,
infrastructures, etc.) et, si l'on pousse l'analyse, de répondre à
d'autres questions : quel est le pourcentage de femmes travaillant au
Ministère de la santé? Quel pourcentage de programmes, ce ministère
consacre-t-il aux filles et aux femmes? Les contrats passés par le
Gouvernement aux fins de la construction de dispensaires sont-ils conclus
avec des sociétés dont des femmes sont propriétaires?
Ce budget est aussi un bon moyen de faire pression sur les pouvoirs
publics et d'organiser des activités de plaidoyer. On élabore actuellement
des matériaux de formation destinés à le faire connaître et à apprendre
aux ONG à s'en servir de manière qu'elles puissent à leur tour apprendre
aux collectivités à défendre leurs programmes auprès des pouvoirs publics.
(African Gender Institute, Afrique du Sud)
4. Programme d'action permettant de promouvoir la participation
des femmes à la vie politique et à la prise de décisions
Étudier les moyens d'instaurer et de maintenir un dialogue régulier
entre les collectivités et les hommes et les femmes occupant des postes de
responsabilité, dans le cadre de réunions, de projections de cassettes
vidéo, etc., de manière qu'il y ait partage des responsabilités au service
du changement.
Créer, dans les municipalités, des commissions permanentes de femmes
qui puissent faire état des préoccupations des femmes et en débattre.
Faire mieux comprendre l'importance et l'efficacité des politiques de
discrimination positive.
Apporter aux candidates à des charges publiques, non seulement des
informations et des données sur les problèmes des femmes, mais aussi un
appui financier et moral.
Obtenir des municipalités qu'elles alimentent en permanence des fonds
Femmes et développement qui permettent de financer des programmes et
projets de nature à favoriser l'égalité entre les sexes.
Établir des stratégies et mettre en place des mécanismes qui permettent
de suivre l'action menée par les gouvernements et d'autres institutions en
faveur de l'égalité entre les sexes.
Créer des coalitions pour appuyer des mesures législatives importantes.
Développer les capacités des jeunes femmes de diriger et apprendre à
celles-ci à avoir confiance en elles.
Apprendre aux décideurs à intégrer les problèmes sexospécifiques dans
leurs plans de travail.
Développer les capacités des femmes d'établir des stratégies de
mobilisation et de les appliquer, de traiter avec les médias et d'établir
des textes législatifs qui favorisent leur participation à la vie
publique.
Se servir des médias pour faire mieux connaître les problèmes des
femmes et les questions sexospécifiques et la participation des femmes au
processus de prise de décisions.
H. Mécanismes institutionnels chargés de favoriser la promotion
de la femme
Groupe de travail en ligne
Mécanismes nationaux pour l'équité entre les
sexes
|
8 février-19 mars 1999
|
Nombre total de membres :
428 |
Des messages ont été reçus de
37 membres représentant 21 pays (67 % du Nord et 33 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 28 % |
Organismes publics : 30
% |
Organisations
intergouvernementales : 21 % |
Chercheurs ou universitaires
: 14 % |
Autres : 7 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://www.sdnp.undp.org/ww/ww-natmach/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Chargés par le Programme d'action d'être les principales entités de
coordination des politiques nationales, ayant pour tâche essentielle
d'appuyer l'intégration de la problématique hommes-femmes dans tous les
secteurs et dans toutes les entités de l'État (par. 201), les mécanismes
nationaux servent de moyens institutionnels pour la mise en oeuvre des
domaines critiques du Programme. Compte tenu de cette responsabilité
supplémentaire, les mécanismes nationaux formulent des stratégies
efficaces de coordination des politiques, d'intégration des
sexospécificités et de promotion de mesures politiques favorisant
l'objectif de l'équité entre les sexes. L'ordre du jour du groupe de
travail sur les mécanismes nationaux(10)
était conçu en fonction de ces tâches nouvelles : assurer l'intégration de
la problématique hommes-femmes, coordonner les politiques au sein du
gouvernement, offrir une assistance technique aux fins de l'intégration
des questions d'équité entre les sexes et proposer et guider des
modifications institutionnelles. Le dialogue a aussi porté sur des
stratégies permettant de renforcer la volonté politique et la
responsabilisation, sur la mise au point d'instruments nouveaux tels que
l'intégration des sexospécificités dans le processus budgétaire, et la
coopération avec les ONG.
1. Obstacles rencontrés
Le dialogue a porté essentiellement sur les stratégies et les
enseignements, mais les participants ont aussi noté avec préoccupation les
obstacles et problèmes ci-après :
Absence de mécanismes nationaux dans de nombreux pays, et faiblesse des
ressources humaines financières affectées aux mécanismes existants.
Fortes variations dans la volonté d'intégrer les questions d'équité
entre les sexes et dans l'importance des mesures prises à cette fin.
Absence de liens directs entre les politiques formulées pour
l'utilisation de l'aide des donateurs et les politiques et pratiques
d'autres ministères (santé, agriculture, etc.); il se peut en effet que
l'intérêt soit de plus en plus axé sur les négociations internationales,
les conseils stratégiques ou l'exécution de projets dans des pays en
développement.
Nécessité de faire de l'intégration des sexospécificités un élément
essentiel de la gouvernance.
2. Idée-force
Quel est le rôle joué actuellement par les mécanismes nationaux
et comment évolue-t-il?
Les participants ont convenu dans l'ensemble que le rôle principal des
mécanismes nationaux est un rôle de catalyse et d'observation - avant tout
de dynamisation. L'idée qu'ils devaient servir à gérer les réformes
institutionnelles, en employant pour ce faire des instruments nouveaux et
novateurs, a été soulignée fréquemment. Des questions ont été posées
concernant la façon dont les mécanismes nationaux doivent être dirigés et
concernant l'emplacement qui convient le mieux. Vaut-il mieux qu'ils
soient dirigés par un ministre ou par une personnalité en vue du mouvement
féministe? En ce qui concerne leur emplacement, une participante de l'Inde
a noté que, dans certains systèmes politiques, il valait sans doute mieux
qu'ils soient situés en dehors du gouvernement et fonctionnent en tant
qu'organismes autonomes, car le fait d'appartenir au gouvernement risquait
de réduire leur prestige auprès des organisations de la société civile.
D'autres participants n'étaient pas du même avis, faisant valoir qu'un
mécanisme national situé en dehors du gouvernement n'aurait pas la même
responsabilisation et notant qu'il n'y avait pas lieu d'assumer, à la
place du gouvernement, l'obligation d'assurer un niveau de vie décent aux
citoyens et de faire profiter ceux-ci équitablement des avantages de
l'économie.
3. Enseignements tirés
L'incorporation des questions d'équité entre les sexes dans les
plans sectoriels ne peut être efficace que si des efforts concertés sont
faits pour inciter d'autres ministères et institutions à formuler des
programmes et des politiques en fonction de cette préoccupation.
Exemple : Le 6 avril 1993, une commission interdépartementale a été
créée pour coordonner le plan d'action positif pour les femmes dans le
Pays basque, afin de susciter une participation et un intérêt accrus dans
les différents services du Gouvernement basque, ainsi que d'établir un
moyen évident de communication entre ces services et l'Institut Emakunde,
chargé de suivre, de coordonner et d'évaluer l'action. Cette commission,
dirigée par le Président du Gouvernement basque, est composée d'un
représentant de chaque département, nommé au niveau du vice-ministre de
façon qu'il soit en mesure d'assurer la coordination des autres domaines
de compétence de son département et de servir d'interlocuteur permanent
pour toutes les questions qui relèvent de lui dans le Plan d'action
positif. (Emakunde, Institut basque pour les femmes, Espagne)
L'intégration des questions d'équité entre les sexes dans les
organisations a deux dimensions : interne - l'organisation devant
promouvoir le rôle des femmes et leur égalité de traitement au sein de son
personnel - et externe - l'organisation devant veiller à ce que les femmes
participent pleinement aux programmes et services et en bénéficient
équitablement.
Exemple : Le rôle de la Commission pour la promotion de la femme à
Interaction, une ONG, est analogue à celui d'un mécanisme national, dans
la mesure où il met nos organisations membres en mesure de tenir compte
des questions d'équité entre les sexes dans leurs structures, leurs
procédures et leurs activités. La volonté politique est essentielle et
suppose que les dirigeants fassent savoir publiquement qu'ils soutiennent
l'intégration des questions d'équité entre les sexes, qu'ils allouent à
cette question des ressources humaines et financières et qu'ils instituent
les politiques et procédures nécessaires. Ces conditions peuvent favoriser
l'instauration d'une culture institutionnelle propice à la mise en place
d'une structure dotée d'un personnel composé également d'hommes et de
femmes et appliquant une bonne gouvernance. À mesure que la culture
institutionnelle se transforme, les moyens techniques doivent se
développer : aptitudes du personnel en matière d'analyse des spécificités
sexuelles et mise en place de systèmes permettant de dissocier les données
selon les sexes. Des systèmes de responsabilisation sont essentiels aussi.
(Interaction, États-Unis d'Amérique)
Exemple : Comment avons-nous lancé notre réforme organisationnelle?
Nous nous sommes adressés à des experts en matière de développement
organisationnel pour qu'ils nous aident à nous tourner vers l'extérieur,
vers l'intérieur, puis vers l'extérieur de nouveau. Tout d'abord, nous
avons précisé ce que nous voulions réaliser, décidé des entités avec
lesquelles nous devions travailler, décidé du rôle stratégique que ces
entités devaient avoir par rapport à nous et arrêté des stratégies qui
nous garantiraient leur concours. En deuxième lieu, nous avons analysé
notre structure organisationnelle en fonction de ce que nous devions faire
pour atteindre notre objectif : 1) nous avons fait le bilan de nos points
forts et de nos faiblesses; 2) nous avons modifié notre mandat, notre
mission, notre vision, nos objectifs, nos programmes et notre structure
budgétaire; 3) nous avons modifié les descriptions d'emploi types qui
provenaient de la Commission de la fonction publique internationale, de
façon qu'elles concordent avec les textes ainsi révisés; 4) nous avons
évalué les compétences de notre personnel pour savoir quelles activités de
formation seraient nécessaires; et 5) nous avons lancé un programme de
perfectionnement du personnel et de renforcement de la Commission
nationale sur le rôle des femmes philippines. Le programme destiné au
personnel consistait à renforcer les valeurs fondamentales - honnêteté,
capacité d'action, égalité, professionnalisme, attachement à l'objectif de
l'égalité et capacité à travailler en équipe. Le programme destiné à la
Commission portait sur les systèmes, les outils (analyse de politiques et
évaluation des résultats obtenus) et la faculté d'utiliser ces systèmes et
outils. (Commission nationale sur le rôle des femmes philippines,
Philippines)
Stratégies de renforcement
de la volonté
politique |
|
Tirer parti d'événements politiques
nationaux; par exemple, demander à des candidats politiques de
prendre position publiquement sur les questions d'équité entre les
sexes. |
Utiliser l'influence du mouvement
féministe pour faire du bruit et demander instamment une
réaffirmation de la volonté politique. |
Tirer parti de journées de la femme
pour appeler l'attention sur les questions d'équité. |
Sur la base des priorités arrêtées
effectivement par le Gouvernement, formuler de bonnes raisons de
réaliser l'équité entre les sexes et souligner la valeur ajoutée
découlant de la participation des femmes au
développement. |
Tirer parti de la volonté des élus de
protéger leur image, pour demander instamment la publication
d'ordonnances ou de circulaires présidentielles sur les
femmes. |
Tenir régulièrement des réunions avec
des membres du Cabinet ou d'autres membres du Gouvernement pour
parler des progrès réalisés en matière d'équité entre les sexes dans
les différents départements ou ministères. |
Rédiger, publier et diffuser un résumé
des pratiques les meilleures en matière d'intégration des questions
d'équité. |
Décerner chaque année un prix
récompensant les progrès accomplis en matière d'intégration, et
donner à la cérémonie une large publicité. |
Exiger que le personnel de haut niveau
participe à un comité ou à un groupe de travail. |
Soutenir les éléments favorables aux
changements en leur donnant des idées et des suggestions pratiques
sur la façon de traiter les changements et la résistance aux
changements. |
Les mécanismes nationaux ont la possibilité de mobiliser la
volonté politique des membres du gouvernement et ils doivent constamment
formuler de nouvelles stratégies pour veiller à ce que le gouvernement
honore son engagement de faire respecter l'égalité entre les sexes (voir
encadré intitulé Stratégies de renforcement de la volonté
politique).
Exemple : Nous fondant sur les résultats obtenus à Beijing, nous
avons décidé de ratifier notre propre programme d'action : il s'agit d'une
série d'Amendements en vue de l'équité entre les sexes, portant sur la
gouvernance, la gestion et les programmes, apportés aux normes éthiques et
opérationnelles de notre organisation. Ces amendements constituent pour
nous un ensemble de normes minimales publiquement ratifié. De ce fait, le
rôle de notre commission s'est élargi et couvre l'assistance technique
offerte aux membres pour leur permettre de respecter les normes et pour
continuer à renforcer la volonté politique (ce qui demeure notre souci
constant). Les amendements ont permis un renforcement spectaculaire de la
volonté politique, encore qu'à des degrés très divers selon les
organisations membres. (Interaction, États-Unis d'Amérique)
Des études d'impact et l'application de la loi peuvent servir à
empêcher que ne soient promulguées des politiques
discriminatoires.
Exemple : Je voudrais dire comment nous avons bloqué une
politique qui aurait eu des conséquences négatives pour les femmes, en
effectuant une étude d'impact. La Commission de l'Irlande du Nord pour des
chances égales a décidé d'invoquer l'ordonnance de 1976 sur la
discrimination sexiste pour effectuer une enquête officielle sur des
appels à la concurrence visant la privatisation de services publics.
L'enquête a porté sur les secteurs de la santé et de l'enseignement et a
permis de constater que les femmes étaient plus défavorisées que les
hommes. Les conclusions ont été communiquées au Gouvernement et au
Secrétaire d'État. Il n'a pas été annoncé publiquement que la politique
était annulée, mais il n'y a pas eu de nouveaux appels d'offres et le
Gouvernement a accepté les directives que nous avions proposées.
(Commission de l'Irlande du Nord pour des chances égales,
Royaume-Uni)
La gestion du changement et le développement organisationnel
deviennent des fonctions majeures des mécanismes nationaux. Les
instruments décrits ci-après aident à interpréter les données d'expérience
et à mieux comprendre les partenaires avec lesquels les mécanismes
nationaux doivent collaborer.
Exemple : Le Système de gestion des questions d'équité entre les
sexes peut être défini comme un réseau de structures, de mécanismes et de
processus mis en place dans le cadre d'une structure organisationnelle
existante, afin d'orienter, de planifier, de suivre et d'évaluer le
processus d'incorporation des questions d'équité entre les sexes dans tous
les domaines des travaux de l'organisation (élaboration des politiques,
planification, exécution, suivi et évaluation). Un tel système peut être
mis en place à n'importe quel niveau de l'administration publique, afin de
coordonner l'action de tous ceux qui s'occupent d'égalité et d'équité
entre les sexes (secteur public et secteur privé), le mécanisme national
servant pour ce faire de chef de file. Le Système permet de concilier les
notions et méthodes relatives aux questions d'équité entre les sexes mises
au point au cours des 25 dernières années et celles du développement
organisationnel et de la gestion. Il doit aussi être souple et pouvoir
s'adapter au contexte national. Les directives utilisées couvrent
l'incorporation des questions d'équité entre les sexes dans toute une
gamme de secteurs - agriculture, enseignement, environnement, finances,
santé, information et communications, affaires juridiques et
constitutionnelles, planification, fonction publique, science et technique
et commerce et industrie - et contiennent d'autres éléments destinés aux
pays ou institutions souhaitant agir dans ce domaine. (Secrétariat du
Commonwealth, Royaume-Uni)
Les mécanismes nationaux doivent recevoir des allocations de
crédit régulières et adéquates en fonction de plans concrets.
Exemple : Aux Philippines, le budget du secteur femmes et
développement relève de la loi de finances qui donne pour instructions à
toutes les institutions de l'État de consacrer un MINIMUM de 5 % du budget
annuel total à des programmes et projets destinés aux femmes et aux
questions d'équité entre les sexes. Au départ, il y a quatre ans, c'était
une phrase brève à l'air anodin dans la loi de finances, et c'est
maintenant un mandat de trois paragraphes. Les institutions sont tenues de
soumettre un plan relatif aux femmes et au développement, qui est examiné
par la Commission nationale sur le rôle des femmes philippines. Cet examen
nous permet de donner des conseils aux institutions sur la façon
d'améliorer leur action. En deuxième lieu, les services nationaux de
planification et de budget ont pour tâche de mettre au point des
directives de mise en oeuvre, en partenariat avec la Commission nationale
sur le rôle des femmes philippines. Troisièmement, la Commission et le
Département du budget suivent les ouvertures de crédit, mettant en relief
les problèmes et faisant des recommandations. Cette politique nous
garantit que les institutions n'ont aucune excuse commode (manque de
fonds) pour ne pas appliquer les consignes. (Commission nationale sur le
rôle des femmes philippines, Philippines)
Des liens solides avec les organisations de la société civile
peuvent créer une base légitime pour les mécanismes nationaux vis-à-vis du
gouvernement national et contribuer au choix des priorités.
Exemple : Après la Conférence de Beijing, le secrétariat du Réseau
du tiers monde-Afrique a lancé un projet visant à renforcer les mécanismes
nationaux pour les femmes en Afrique, qui avait les principaux éléments
suivants : premièrement, recherche sur la situation actuelle des
mécanismes nationaux dans un certain nombre de pays d'Afrique; et
deuxièmement, colloque permettant d'examiner les conclusions de ces
travaux de recherche et d'organiser les étapes ultérieures du projet -
diffusion et promotion. La première partie, la phase de recherche, a
commencé en 1995 par la préparation d'une proposition de recherche, qui a
ensuite été examinée avec un certain nombre d'ONG et d'organisations
féminines qui avaient manifesté leur intérêt. Après ces consultations,
nous avons chargé les ONG et les organisations féminines de six pays
d'Afrique (Ghana, Nigéria, Ouganda, Maroc, Zimbabwe et Zambie) d'effectuer
des recherches au sujet de leurs mécanismes nationaux : les problèmes que
ceux-ci posent, leurs rapports avec les organisations de la société
civile, le contexte politique et socioéconomique dans lequel ils opèrent,
leur mandat, leur structure, leurs programmes et leur aptitude à appliquer
le Programme d'action. Les conclusions de ces études ont été présentées à
un colloque régional que nous avons organisé à Accra (Ghana) du 1er au 3
décembre, afin non seulement d'étudier les résultats obtenus, mais aussi
de préparer les phases suivantes du projet - diffusion et promotion. Les
participants au colloque ont aussi rédigé une déclaration contenant des
recommandations adressées aux mécanismes nationaux, aux gouvernements et
aux organisations de la société civile en vue du renforcement des
mécanismes, et ils ont décidé d'utiliser cette déclaration pour mener des
actions de promotion aux niveau national, régional et international.
[Réseau du tiers monde-Afrique (Ghana)]
4. Programme d'action pour le renforcement des mécanismes
nationaux chargés de promouvoir l'équité entre les sexes
Compte tenu des obstacles constatés, des questions clefs examinées et
des enseignements tirés au cours du dialogue, un programme d'action pour
le renforcement des mécanismes nationaux pourrait notamment comprendre les
mesures suivantes :
Utiliser l'analyse budgétaire, tant à l'intérieur du gouvernement qu'à
l'extérieur, pour déterminer si les ouvertures de crédit touchent
différemment les hommes et les femmes, ce qui permettrait de donner des
conseils aux différents services gouvernementaux sur la façon de formuler
des programmes tenant davantage compte des sexospécificités.
Renforcer la capacité qu'ont les mécanismes nationaux en matière de
gestion des changements et de développement organisationnel.
Examiner soigneusement l'emplacement qui convient le mieux pour les
mécanismes nationaux, y compris, s'il s'agit d'un service gouvernemental,
le niveau le plus adapté, ainsi que les avantages que présenteraient des
mécanismes nationaux autonomes.
Utiliser des études d'impact pour empêcher que des politiques
discriminatoires ne soient promulguées.
Faire participer activement d'autres ministères et services sectoriels
à l'élaboration de programmes et de politiques tenant compte des questions
d'équité entre les sexes, et créer aux niveaux régional et local un groupe
interdépartemental chargé de faciliter la communication sur les questions
féminines entre tous les services du gouvernemen
Promouvoir les dimensions internes (permettre aux femmes de jouer un
rôle directeur et de bénéficier de chances égales au sein de
l'organisation) et externes (garantir la pleine participation des femmes
aux programmes et services et permettre aux femmes de tirer pleinement
parti de ceux-ci) de l'incorporation des questions d'équité entre les
sexes dans toutes les activités.
Promouvoir, chez les membres du gouvernement et les chefs des services
gouvernementaux, la volonté politique d'assurer l'équité entre les sexes,
condition préalable au renforcement d'autres facteurs essentiels :
capacité technique, responsabilisation et existence d'une culture
institutionnelle positive.
Utiliser des approches diverses pour renforcer la capacité : cours
formels de formation, mise au point de manuels de formation, programmes
d'encadrement et création de groupes de travail
Veiller à ce que des ressources soient fournies régulièrement aux
mécanismes nationaux.
Formuler des plans concrets sur lesquels appuyer les demandes
budgétaires des services intéressant les femmes.
Formuler des stratégies durables pour renforcer les efforts de
communication et de coordination entre les organisations de la société
civile et les mécanismes nationaux.
I. Les droits fondamentaux des femmes
Groupe de travail en ligne
sur la réalisation des droits fondamentaux des
femmes
|
8 novembre-17 décembre 1999
|
Nombre total de membres : 1
239 |
Des messages ont été reçus de
109 membres représentant 40 pays (56 % du Nord et 44 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 62 % |
Organismes publics : 2
% |
Organisations
intergouvernementales : <1 % |
Chercheurs ou universitaires
: 13 % |
Autres : 23 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-rights |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Les débats du groupe de travail en ligne sur la réalisation des
droits fondamentaux des femmes(11)
ont porté sur la conquête des droits politiques, sociaux, culturels et
économiques des femmes et sur l'aide que les conventions internationales
peuvent apporter à la réalisation de cet objectif. Les intervenantes ont
exprimé une préoccupation particulière face à la persistance des valeurs
culturelles et sociales qui introduisent une discrimination à l'égard des
femmes à la maison, au travail, dans la vie politique et ailleurs. Elles
ont signalé d'autres obstacles à la réalisation des droits des femmes,
parmi lesquels les effets de la mondialisation, les croyances religieuses
discriminatoires, le fossé existant entre les lois sur le papier et dans
la pratique, et le fait que dans certains pays les femmes sont privées de
certains droits fondamentaux attachés à la citoyenneté et au suffrage
universel. Les stratégies de promotion et de consolidation des droits
économiques, sociaux, politiques et culturels qu'elles ont proposées
étaient centrées sur une meilleure utilisation de la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes
et des autres instruments internationaux afin d'introduire des changements
sur le plan national, ainsi que sur des efforts de sensibilisation à tous
les niveaux, des audits des lois et de leur application visant à s'assurer
de leur caractère non discriminatoire, et une plus grande mobilisation des
hommes et des jeunes dès le jardin d'enfants. Parmi les nouveaux domaines
critiques apparus depuis 1995 et méritant une plus grande attention
figurent la nécessité de mettre l'accent sur les veuves et les femmes
âgées et l'importance d'adopter des méthodes de promotion des droits des
femmes plus acceptables sur le plan local et mieux appropriées à chaque
contexte particulier.
1. Obstacles rencontrés
Les valeurs, normes culturelles, convictions religieuses et pratiques
sociales intrinsèquement discriminatoires à l'égard des femmes et qui
continuent d'entrer en conflit avec la pleine réalisation des droits
fondamentaux de ces dernières.
L'inégale représentation des femmes dans les gouvernements, les organes
décisionnels et la vie politique en général attribuable à la tradition, au
manque d'accès à l'éducation et aux responsabilités des femmes vis-à-vis
de leur famille et de leur foyer; et la méfiance ou la déception éprouvée
par les femmes à l'égard des systèmes politiques.
Les réserves dont certains États parties ont assorti leur adhésion à la
Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de
discrimination à l'égard des femmes et qui empêchent d'adopter des mesures
significatives sur le plan national.
Les dispositions expressément discriminatoires à l'égard des femmes
contenues dans le droit coutumier et le fait que dans certains pays - y
compris parmi les signataires de la Convention - les femmes ne jouissent
pas de l'intégralité des droits prévus par la loi.
Les effets contradictoires induits par les économies en transition, qui
font que les femmes, tout en se voyant reconnaître de nouveaux droits,
perdent souvent des avantages sur le plan de l'éducation et de l'emploi
dont elles jouissaient sous le régime économique antérieur.
Les retombées défavorables de la mondialisation et des accords et
arrangements en matière de commerce international sur les droits des
femmes dans le domaine de la santé, de la procréation et du droit du
travail, y compris les écarts de salaire entre les sexes et la
discrimination à l'embauche (avec par exemple les tests de grossesse
obligatoires).
La puissance croissante des multinationales, qui leur permet de
déterminer les conditions de travail des femmes, leur salaire, leurs
perspectives et leur accès aux soins de santé.
La persistance du harcèlement sexuel sur les lieux de travail et la
politique de protection de l'identité des auteurs de harcèlement.
Le vaste et persistant problème de la violence à l'égard des femmes
résultant de valeurs sociales qui le rendent invisible, de l'absence de
législation en la matière ou de l'insuffisante application des lois en
vigueur.
La menace que la montée de l'intégrisme religieux fait peser sur les
droits en matière de procréation en poussant à l'abrogation des politiques
progressistes en vigueur dans ce domaine, particulièrement dans les pays
d'Europe orientale.
2. Idée-force
Le travail de promotion des droits fondamentaux des femmes doit
s'appuyer sur une approche adaptée au milieu et à la culture
considérée.
S'il s'est dégagé parmi les participantes un consensus fort sur le
caractère universel des droits fondamentaux des femmes et sur l'effet
significatif obtenu par la mondialisation des efforts d'organisation et de
sensibilisation dans ce domaine, un certain nombre d'entre elles ont
préconisé une approche des droits fondamentaux mieux adaptée à chaque
contexte et à chaque culture. Une participante a fait observer qu'étant
donné la diversité ethnique, socioculturelle et socioéconomique existant
au sein de chaque pays,celles d'entre nous qui travaillent sur le terrain
savent que bien souvent ni la théorie ni la méthodologie n'y sont
applicables. Une autre participante nigériane préconise des programmes et
plans d'action établis pour chaque pays et couvrant les violations
spécifiques des droits des femmes commises dans ses différentes régions,
mais prévient que ces approches n'en doivent pas moins rester globales
dans leur conception. Beaucoup de participantes estiment que l'éducation
et la sensibilisation sont le meilleur moyen de remédier au manque
d'intérêt, d'information et d'action dans le domaine des droits des
femmes. Un exemple en a été donné avec l'évocation de réunions informelles
organisées dans les Philippines, dans le cadre desquelles les femmes
discutent des soucis de leur vie quotidienne parce que la plupart des
femmes, et même des hommes, ne comprennent pas vraiment ce que c'est que
les droits fondamentaux.
3. Enseignements tirés
Les pressions exercées par des organisations féminines
permettent d'enregistrer des progrès dans le domaine des mesures
antidiscriminatoires et de l'accès à l'égalité.
Exemple : Le Centre d'action féminine a été créé en 1994. C'est un
groupe de pression et d'information spécialisé dans les droits des femmes.
Il y a en Albanie plus de 80 organisations féminines non gouvernementales.
Cinquante-quatre d'entre elles ont pour principaux centres d'intérêt les
droits des femmes et la législation en la matière; la participation à la
prise de décisions; la démarginalisation économique des femmes; la
violence à l'égard des femmes et la santé féminine; l'éducation et la
formation. Ces organisations s'efforcent d'améliorer le statut juridique
des femmes. Même si le droit albanais est exempt de discrimination à
l'égard des femmes, dans la pratique la discrimination affecte de
multiples aspects de la vie. Les ONG féminines ont contribué à améliorer
la législation dans les domaines du droit de propriété, de la protection
de l'enfance, de la violence au foyer, des droits relatifs à la
procréation, etc. (Albanie)
Exemple : Au Venezuela, des lois tendant à protéger les femmes
contre la violence et les sévices sexuels ont été adoptées en janvier
1999 pour donner suite à l'engagement de mettre en oeuvre le Programme
d'action de Beijing. Le Conseil national de la femme, qui relève du
Gouvernement, et les ONG ont noué une alliance et des liens de coopération
étroits. Le Gouvernement s'efforce d'éduquer la police, les magistrats du
parquet, etc. Mais nous avons encore beaucoup de travail à faire pour que
les nouvelles lois soient effectivement appliquées. Il faudra notamment
donner aux policiers une formation qui leur apprenne à respecter les
citoyens, et notamment les femmes lorsqu'elles signalent un problème de
violence. Des renseignements sur les lois réprimant la violence sexiste
sont en train d'être diffusés auprès des femmes. Nous publions des
brochures et nous organisons des séminaires, des émissions télévisées et
des séances d'information. (Venezuela)
La ratification de la Convention et le Programme d'action ont
souvent eu pour effet de déclencher l'adoption d'une législation nationale
contre la discrimination.
Exemple : Depuis 1991 une loi de notre pays garantit une
représentation minimale des femmes (30 % des sièges de l'Assemblée
législative leur sont réservés). En 1994, la Convention a été incorporée
dans la Constitution. La capitale, Buenos Aires, dispose maintenant de sa
propre constitution, qui va plus loin que le droit national dans la
promotion de l'égalité. L'Argentine envisage aussi d'adopter une loi qui
ferait une infraction du harcèlement sexuel sur le lieu de travail.
(Argentine)
Une législation qui se contente d'être antidiscriminatoire sans
affirmer les droits des femmes risque de ne pas suffire à assurer la
jouissance de ces droits.
Exemple : La Constitution nigériane de 1999 contient des
dispositions qui interdisent toute discrimination en raison de
l'appartenance ethnique, du lieu d'origine, du sexe, de la religion, etc.,
mais elle ne contient pas de déclaration positive qui affirme le statut
des femmes. Pire encore, il existe une disposition selon laquelle seuls
les traités internationaux qui ont été intégrés par l'Assemblée nationale
dans le droit national ont force de loi, ce qui constitue une réserve
implicite quant à l'application de ces traités. Il en résulte que l'entrée
en vigueur de la Convention et d'autres traités est reportée à plus tard,
alors pourtant que le Nigéria a ratifié la Convention depuis plusieurs
années. Une révision de la Constitution, engagée par le pouvoir exécutif
et le Parlement, est en cours. C'est une initiative dont se félicitent la
communauté des droits de l'homme et la société civile, qui s'en sont fait
les avocats depuis que la Constitution a été promulguée en mai par le
dernier chef d'État militaire. Comme c'est souvent le cas, la situation de
fait est en contradiction avec le droit. Il n'en reste pas moins que les
efforts susmentionnés de réforme juridique en faveur des droits
fondamentaux des femmes, même s'ils sont loin d'être exhaustifs ou d'avoir
abouti, donnent aux militantes quelques indications sur la direction à
suivre dans la nouvelle démocratie nigériane. (Nigéria)
Il faut faire un travail de sensibilisation et de mobilisation
en faveur des droits des femmes tant au niveau des communautés locales que
sur le plan national.
Exemple : L'Afghanistan s'est retrouvé parmi les pays oubliés après
la fin de la guerre froide, une guerre qui a engendré l'intégrisme
religieux et le terrorisme en Afghanistan. Les voix des innocents et des
innocentes abandonnés et oubliés là-bas ne sont plus entendues. Il y a eu
d'innombrables articles de journaux, reportages, photos et missions
d'agences internationales, mais qu'a-t-on fait après qu'on les a lus ou
entendus? Rien, à part de vaines paroles? Des Afghanes instruites et
possédant un métier, qui ont fui une culture qui les opprimait, se
retrouvent à l'étranger, laissées pour compte et sans possibilité
d'emploi, et certaines sont forcées à mendier pour nourrir leurs enfants
malgré leurs diplômes. Les Afghanes de la base devraient se voir donner
une chance de participer activement aux événements internationaux de façon
à ce qu'elles puissent faire entendre leur voix et apporter leur propre
témoignage, qui n'a pas encore été entendu. Les Afghanes de l'élite ne
sauraient à elles seules représenter les Afghanes de la base.
(Afghanistan)
4. Programme d'action pour réaliser les droits fondamentaux des
femmes
Mettre l'accent sur l'élimination de la violence contre les veuves et
les femmes âgées, deux groupes qui sont souvent négligés dans le combat
contre la violence à l'égard des femmes.
Mieux sensibiliser et mobiliser les hommes en faveur des droits de
leurs épouses et de leurs filles.
Mettre au point des projets par pays qui tiennent compte du contexte
politique et social des communautés locales.
Manifester une meilleure compréhension et un plus grand respect des
différences culturelles dans les débats sur les droits fondamentaux.
Faire pression sur les entreprises pour qu'elles adoptent des pratiques
favorisant la jouissance par les femmes de leurs droits économiques et de
leurs droits du travail.
Introduire l'équité entre les sexes, les droits de l'homme et les
systèmes de gouvernement dans l'éducation formelle et informelle des
enfants et des jeunes.
Évaluer la pratique des ministères en matière d'équité entre les sexes
et soumettre tous les textes législatifs, avant leur adoption, à un examen
visant à s'assurer qu'ils sont exempts de mesures discriminatoires ou de
préjugé sexiste.
Faire enquête sur les violations éventuelles des droits des femmes au
sein des administrations, du point de vue des pratiques en matière
d'égalité entre les sexes, du recrutement du personnel et de l'élaboration
de programmes de gestion de carrière.
Continuer de faire valoir que tous les droits des femmes sont des
droits fondamentaux inextricablement liés aux droits des hommes.
Passer en revue les droits des femmes qui travaillent dans le secteur
agricole et les droits des immigrantes et des migrantes.
Inclure des références à la Convention sur l'élimination de toutes les
formes de discrimination à l'égard des femmes dans les programmes
éducatifs formels et informels, y compris dans les programmes de formation
des immigrants et des demandeurs d'asile.
Adopter à l'égard des droits des femmes une approche globalisante qui
tienne compte des liens entre les droits économiques, les droits en
matière de procréation et de santé et le droit du travail.
Faire adopter des lois contre l'inégalité des salaires entre les sexes
et d'autres pratiques discriminatoires à l'embauche.
J. Les femmes et les médias
Groupe de travail en ligne
sur les femmes et les médias
|
8 novembre-17 décembre 1999
|
Nombre total de membres : 1
000 |
Des messages ont été reçus de
115 membres représentant 41 pays (52 % du Nord et 48 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 39 % |
Organismes publics : 2
% |
Organisations
intergouvernementales : 2 % |
Chercheurs ou universitaires
: 23 % |
Autres : 34 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-media/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Le groupe en ligne sur les femmes et les médias(12)
a examiné des thèmes très divers allant des possibilités d'accès aux
technologies de l'information et des communications (TIC) à la situation
de la femme dans les médias et le journalisme. Il s'est également penché
sur le rôle crucial des réseaux d'information féminins, les possibilités
qu'offraient les technologies de l'information et des communications de
diffuser plus largement le message des femmes, les conséquences de la
mondialisation et la concentration croissante des médias aux mains de
quelques-uns. Les participants se sont déclarés préoccupés par l'image
constamment négative que les médias donnent des femmes et ont échangé de
nombreuses stratégies relatives à la surveillance et à la remise en
question des messages sexistes ou violents ou des stéréotypes
sexospécifiques que véhiculent les médias.
1. Obstacles rencontrés
L'image constamment négative ou stéréotypée que les médias classiques
donnent de la femme et que reprennent et accentuent les nouveaux médias
tels que, par exemple, les jeux vidéo, l'Internet et les vidéos musicales.
L'absence d'images dans les médias consacrées aux minorités ou aux
personnes handicapées.
L'absence des femmes aux postes de responsabilité et l'absence d'une
sensibilisation aux sexospécificités chez les responsables des médias et
chez les personnes chargées de la formulation des politiques.
L'absence de modèles identificatoires et de guides pour les femmes
journalistes.
Le caractère limité de l'appui fourni par les agences donatrices aux
nouveaux médias produits par les femmes, d'où l'impossibilité d'atteindre
le public.
L'accès limité à l'information électronique en raison du coût élevé des
équipements des technologies de l'information et des communications et de
la connectivité.
L'inaccessibilité de l'information électronique qui est disponible pour
l'essentiel en anglais.
Le sentiment que l'usage de l'ordinateur et la formation en
informatique sont des préoccupations masculines, bien que de nombreuses
femmes se servent de l'ordinateur au travail.
Le contrôle accru ou le travail à domicile des travailleurs du secteur
de l'information, ce qui s'est traduit par une baisse des rémunérations et
des avantages, et souvent confine à nouveau les femmes à leur domicile.
L'exportation du travail des femmes du Nord vers le Sud où les salaires
sont nettement inférieurs, en raison de la mondialisation et de la
disponibilité des réseaux informatiques.
2. Idée-force
Analyse de l'image de la femme dans les médias.
Dans la plupart des régions et des pays, les groupes de travail sont
généralement convenus que, depuis 1995, l'image de la femme avait très peu
évolué dans les médias, que ce soit en matière de publicité ou
d'informations. Les images négatives, stéréotypées, inexactes et violentes
sont omniprésentes. Certains groupes de femmes sont tout simplement
ignorés, notamment les femmes des minorités, les femmes et les filles de
couleur dans certains pays ou les femmes handicapées. Les questions
relatives aux femmes se limitent à des articles sur le foyer ou les soins
de beauté. En outre, la commercialisation accrue des médias a accentué les
images négatives de la femme, qu'elles aient comme supports les affiches,
la télévision ou les journaux. Les nouveaux médias tels que l'Internet
perpétuent et accentuent ces images négatives, malgré le nombre croissant
de femmes qui interviennent dans le monde des affaires ou exercent des
fonctions de parlementaires et de journalistes.
Les groupes de travail d'Afrique du Sud et du Sri Lanka ont estimé que
la société et les médias contribuaient à maintenir les images négatives
des femmes. De nombreuses questions demeurent sans réponse.
Qu'attendons-nous des médias? Des images plus exactes? Quelles en sont les
conséquences en matière de liberté d'expression et de censure? Quel rôle
doivent jouer les pouvoirs publics en matière de réglementation des médias
et de publicité? Qu'en est-il des codes de déontologie des médias?
3. Enseignements tirés
Les médias classiques et les nouvelles technologies
d'information ne sont pas incompatibles.
Exemple : En ce moment, nous créons, entre autres choses, peut-être
la première radio féministe sur Internet. Hier, à la huitième rencontre
féministe de l'Amérique latine et des Caraïbes, qui se tient en République
dominicaine, nous avons effectué la première émission en direct sur
Internet de notre radio, qui est gérée par des femmes.
Avantages : 1. Les stations de radio peuvent retransmettre
l'émission en direct ou la rediffuser plus tard. 2. Le langage oral des
femmes sur l'Internet comporte une dimension émotionnelle qui se perd
souvent dans le langage écrit. 3. Des femmes de la radio ont enregistré
les programmes et les ont envoyés à leurs stations. 4. Économique! Pas de
communications téléphoniques internationales. (FIRE, Costa Rica)
Exemple : En communiquant les unes avec les autres, en partageant
des informations et en établissant des réseaux, les femmes ne se posent
pas la question de savoir si elles doivent recourir à des médias et à des
technologies classiques ou nouveaux. Elles utilisent les médias qui leur
paraissent le plus indiqués pour échanger des informations en un lieu ou à
un moment donné : chansons, courrier électronique, affiches, Internet,
poèmes, vidéo, pièces de théâtre, magazines, radio, dessins. Les médias
dits classiques, qui sont souvent les plus répandus, peuvent être utilisés
par les femmes en vue de leur propre démarginalisation et de
l'émancipation d'autres personnes. Ces médias sont également utilisés pour
désinformer, déformer la réalité et démarginaliser les femmes. Le contenu
est l'élément essentiel, que la technologie utilisée soit ancienne ou
nouvelle. (Isis International, Manille, Philippines)
Les organisations de la société civile, telles que les ONG de
femmes, peuvent intervenir et faire office d'intermédiaires pour améliorer
l'accès des femmes aux technologies de l'information et des communications
et pour les aider à mieux maîtriser ces technologies.
Exemple : Un domaine qu'il convient de promouvoir est celui du
plaidoyer aux différents niveaux du secteur des technologies de
l'information et des communications. L'essentiel est que la société civile
et les organisations de femmes collaborent avec le gouvernement pour
veiller à ce que les politiques relatives aux sexospécificités reflètent
les besoins des femmes. Ce mouvement est déjà engagé mais n'évolue pas
assez vite compte tenu du rythme de mise en place des nouvelles
technologies. (Afrique du Sud)
Exemple : Nous avons un petit cybercafé dans l'atelier permanent
des femmes et nous nous rendons compte que la plupart des femmes viennent
à nous parce qu'elles se sentent plus à l'aise du fait qu'elles sont
formées ou guidées par d'autres femmes. En règle générale, les femmes de
plus de 40 ans qui apprennent à utiliser l'ordinateur sont mal à l'aise
lorsque la formation pratique est assurée par un jeune garçon.
(Argentine)
Les médias féminins et les réseaux d'information féminins ont
joué un rôle primordial dans le renforcement des organisations de femmes
et la promotion des échanges et des débats.
Exemple : Une association du domaine des médias - la Zambia Media
Women Association - uvre à promouvoir la condition des femmes à tous les
niveaux en favorisant leur accès aux médias et aux informations relatives
au développement. L'Association encourage donc le recours aux médias pour
sensibiliser la société aux questions de parité entre les sexes et
collabore avec d'autres organisations de défense des droits fondamentaux
de la femme pour recommander des changements juridiques en faveur des
droits des femmes et des enfants. (Zambie)
Les systèmes de communication, notamment les nouvelles
technologies, jouent un rôle essentiel dans le renforcement de la
participation des femmes aux processus démocratiques et aux délibérations
gouvernementales internationales et dans l'organisation des femmes à
l'échelon mondial.
Exemple : La Women's Ad Hoc Coalition est un groupe de 28 ONG de
femmes présentes dans toute la Croatie, qui s'est fixé comme objectif de
suivre et d'infléchir les élections croates de 1999. Nous cherchons à
sensibiliser le plus de femmes possible afin qu'elles puissent voter en
toute connaissance de cause, et pour ce faire, nous utilisons tous les
types de médias disponibles. Les activités entreprises comprennent des
manifestations de rue, l'envoi de courrier électronique, l'affichage de
documents et de calendriers de manifestations sur la page Web. Nous
souhaitions également faire connaître la coalition à la communauté
internationale, raison pour laquelle toutes les informations sont
affichées en anglais et en croate. L'Internet est l'un des médias les plus
libres en Croatie, le seul type de média qui ne soit pas détenu et
contrôlé par le parti au pouvoir.
Notre dernière campagne de courrier électronique a consisté en une
pétition réclamant la démission du Ministre de la justice et
l'instauration d'une Journée nationale contre la violence à l'égard des
femmes, à la suite du triple meurtre perpétré au tribunal municipal lors
d'une procédure de divorce. Les retentissements de cette campagne ont été
exceptionnels. La plupart des pétitions signées sont venues de Bosnie où
quelqu'un a imprimé la pétition, en a fait des photocopies, les a fait
signer par les femmes avant de nous les faire parvenir. Tout le processus
entourant cette pétition a été remarquable. Tous les types de médias ont
été utilisés. (Croatie)
Lorsque les femmes interviennent plus activement dans
l'industrie des médias, l'image de la femme dans les médias peut évoluer
considérablement.
Exemple : L'image des femmes dans les médias a considérablement évolué,
notamment parce que davantage de femmes ont obtenu des diplômes
universitaires en matière de communications et exercent maintenant dans
les principaux types de médias : presse écrite, presse électronique,
télévision et radio. Avant les années 90, il était rare qu'une femme
journaliste signe un article traitant de questions internationales, de la
politique ou de questions économiques. Nombreuses sont à présent les
femmes qui signent de tels articles, ce qui signifie qu'elles ont acquis
suffisamment d'autorité pour analyser et apprécier des questions qui,
auparavant, étaient considérées comme relevant du seul domaine des hommes.
Certaines femmes se sont fait une place dans les cercles de prise de
décisions des grands journaux et des services d'information de la
télévision et de la radio. (Argentine)
Les organisations de femmes élaborent des campagnes novatrices
pour combattre les images négatives de la femme dans les médias et la
publicité.
Exemple : À la Conférence de Beijing, j'ai pris connaissance d'une
initiative intéressante de femmes kényennes faisant appel à la radio et à
la composition de chansons, de deux manières. D'abord, elles lancent un
concours de composition de chansons ouvert aux hommes et aux femmes, afin
de primer la meilleure chanson dédiée au rôle constructif des femmes dans
la vie de tous les jours. Puis, par le biais de la radio, elles annoncent
le concours, les manifestations qui l'accompagnent et les chansons qui ont
été écrites. L'objectif est de contrebalancer les stéréotypes négatifs que
la chanson populaire véhicule sur la femme (qualifiée de bourreau des
curs, d'infidèle, etc.) par une image constructive (la femme en tant
qu'amie, mère, pourvoyeuse, etc.). (États-Unis)
Exemple : J'ai pris part à une manifestation réellement
constructive sur la publicité. J'ai fait partie d'un jury parrainé par
UNIFEM et chargé de décerner un prix à une publicité non sexiste lors du
Festival ibéro-américain de la publicité qui se tient chaque année à
Buenos Aires. Plus de 5 000 publicités de la radio, de la télévision et de
l'affiche ont pris part à cette grande manifestation. Le prix a connu un
retentissement certain et nous avons pu entamer un dialogue avec les
propriétaires des agences de publicité et les personnes chargées de
concevoir et de créer les publicités. Ce domaine étant presque totalement
dominé par les hommes dans cette région du monde, la mise en route d'un
dialogue constitue un important pas en avant. (Argentine)
4. Un programme d'action concernant les femmes et la société de
l'information
Promouvoir un débat élargi, par le biais de l'Organisation des Nations
Unies, sur la communication et la démocratie, en veillant à une
participation active des femmes.
Étudier les voies et moyens d'élaborer, en collaboration avec l'UNESCO,
un rapport sur l'état d'avancement des questions soulevées en 1995 dans le
cadre de l'étude sur les femmes et les médias, y compris les liens entre
les systèmes économiques et l'image des femmes dans les médias.
Encourager les femmes à utiliser les nouvelles technologies qui rendent
les médias audiovisuels plus accessibles et plus participatifs, telles que
les microémetteurs, la télévision communautaire ou les centres de
télévision mobiles.
Élaborer des programmes de formation à l'intention des organisations de
femmes dans les domaines de l'informatique, de la gestion de l'information
et de la stratégie des médias.
Appuyer et lancer des initiatives qui donnent à l'Internet un contenu
qui tienne compte de la situation des femmes et des sexospécificités.
Assurer, à l'échelon des médias, un suivi permanent des partis pris
sexistes et des questions de sexospécificité et en partager les résultats
avec les décideurs des médias et de la société en général.
Instituer des normes de publicité volontaires ou régies par la loi pour
les panneaux d'affichage et autres formes de publicité.
Traduire, reproduire et reconditionner l'information en se servant des
divers médias et en utilisant les communications électroniques, les
bulletins d'information, la radio, le théâtre populaire, etc.
K. Les femmes et l'environnement
Groupe de travail sur le renforcement du
rôle
des femmes dans la préservation de
l'environnement
|
6 septembre-15 octobre 1999
|
Nombre total de membres :
503 |
Des messages ont été reçus de
51 membres représentant 26 pays (46 % du Nord et 54 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 49 % |
Organismes publics : 15
% |
Organisations
intergouvernementales : 9 % |
Chercheurs ou universitaires
: 21 % |
Autres : 6 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/women-enviro/ |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
Le renforcement du rôle joué par les femmes dans la protection de
l'environnement, s'agissant notamment de la participation des femmes
autochtones et de la prise en compte de leurs savoirs, les incidences sur
l'un et l'autre sexe de la détérioration de l'environnement, les
partenariats au service de la protection de l'environnement et le recours
à l'analyse par sexe dans la gestion des ressources naturelles figurent
parmi les principaux thèmes examinés lors des échanges sur le renforcement
du rôle des femmes dans la préservation de l'environnement(13).
Les participants se sont inquiétés de l'existence de plusieurs obstacles
s'opposant aux progrès, comme le faible nombre de femmes associées à la
prise de décisions, les difficultés rencontrées pour appliquer les
méthodes actuelles d'analyse par sexe aux projets relatifs à la protection
de l'environnement et les limites imposées à la participation des femmes.
Les autres thèmes abordés allaient de l'impact des essais d'armes sur
l'environnement et sur les femmes aux incidences que peut avoir la
participation des femmes aux programmes relatifs aux ressources naturelles
et à l'environnement. Les participants ont échangé de nombreuses données
d'expérience et stratégies sur, notamment, la promotion de nouveaux
partenariats, l'utilisation plus systématique de l'analyse par sexe dans
les secteurs de l'environnement et la participation des femmes autochtones
aux débats.
1. Obstacles rencontrés
Il n'est pas suffisamment tenu compte des croyances traditionnelles,
des modes d'organisation sociale et des réalités économiques qui empêchent
les femmes de participer pleinement à la gestion des ressources naturelles
et de l'environnement. En règle générale, on ne juge nécessaire d'associer
les femmes à l'action menée que lorsqu'on constate une lacune, un manque
de connaissances, que seules les femmes peuvent combler en leur qualité
d'utilisatrices des ressources. (WWF, Zimbabwe)
Les femmes sont trop peu nombreuses à exercer les fonctions d'agents de
vulgarisation.
La course aux armements et la fabrication d'armes biologiques,
atomiques et autres, constituent une menace qui a des conséquences
particulières pour les femmes.
On a peu recours à l'analyse par sexe dans la planification et
l'élaboration de nombreux projets de gestion de l'environnement et des
ressources naturelles malgré les impératifs de parité imposés au niveau
des donateurs ou du siège.
2. Idée-force
Faut-il recourir à des outils d'analyse par sexe particuliers à
un lieu ou à un écosystème donnés pour la gestion de l'environnement et de
la gestion des ressources naturelles?
Les participants se sont demandé si les méthodes en vigueur d'analyse
par sexe et de prise en compte des sexospécificités pouvaient être
adaptées à la programmation de la gestion de l'environnement et des
ressources naturelles. Certains ont noté que traiter les problèmes
d'égalité entre les sexes et faire participer les femmes à la gestion de
l'environnement constituaient deux types d'intervention qui n'allaient pas
nécessairement de pair. Dans certains cas, il semblait y avoir un décalage
entre la prise en compte de la problématique hommes-femmes et celle des
problèmes écologiques, soit parce qu'il n'existait pas d'approche
intégrée, soit parce que ceux qui élaboraient les politiques tenant compte
des sexospécificités ne s'intéressaient pas aux programmes relatifs à
l'environnement ou ne possédaient pas les compétences nécessaires. La
planification soucieuse des sexospécificités dans le domaine de
l'environnement continuait de poser le problème des méthodes retenues,
lesquelles avaient tendance à englober les femmes en un tout homogène, ou
se révélaient inutilisables dans les groupes ethniques pour lesquels les
hypothèses concernant les relations patriarcales ne s'appliquaient pas
toujours.
3. Enseignements tirés
Lorsque les femmes sont plus étroitement associées à la
planification de la gestion des ressources naturelles, elles apportent une
masse de savoirs traditionnels qui, chaque fois qu'ils sont mis en
pratique, favorisent le développement durable.
Exemple : L'expérience montre que chaque fois que des femmes
lancent des initiatives de conservation et de protection de leurs
richesses naturelles, elles font systématiquement intervenir leurs
connaissances traditionnelles, leurs expériences pratiques, leur
sensibilité religieuse, leur code de conduite social, leurs pratiques
culturelles et des procédures de leur cru. C'est pourquoi les femmes ont
toujours su conserver leurs richesses naturelles de façon plus
constructive. C'est le besoin urgent de préserver les richesses
forestières qui a fait jaillir l'idée de la Forêt Maliti. Maliti signifie
le foyer de la mère. À l'occasion du mariage d'une jeune fille Maliti, ses
camarades sont chargées de planter de jeunes arbres. Le Mouvement Maliti
s'est étendu à 500 villages. Les femmes d'Uttrakhand ont pris la direction
de ce mouvement culturel afin de préserver la diversité et le patrimoine
culturel de l'Himalaya. (Inde)
Les mécanismes nationaux et les ministères qui s'intéressent
aux questions de parité sont souvent peu au fait des problèmes
écologiques, d'où le manque de cadres analytiques effectivement
applicables dans les programmes et les politiques de protection de
l'environnement.
Exemple : Pour ce qui est du relais des préoccupations et des
expériences locales par les politiques nationales, j'ai constaté qu'en
Amérique latine, les nouveaux ministères négligeaient les politiques de
l'environnement ou s'en désintéressaient. Ils traitent les questions de
parité dans un cadre purement sectoriel. Ils font donc peu de cas de la
féminisation de la pauvreté qui, dans les économies pauvres, est
essentiellement due à l'épuisement des ressources, ou aux nombreux
problèmes écologiques auxquels les femmes doivent faire face au quotidien.
Il faudrait en conséquence s'efforcer de mieux faire comprendre les
problèmes écologiques aux fonctionnaires chargés des questions de parité.
Les politiques nationales relatives à la promotion de la femme devraient
aussi prévoir un volet intégré relatif à l'environnement.
Bien que les politiques nationales tiennent parfois compte des
questions d'égalité entre les sexes, elles ne se traduisent pas
automatiquement par une participation effective des femmes. De même, le
fait que des femmes siègent dans des comités et des conseils ne veut pas
nécessairement dire que leur participation a un sens, qu'elles
continueront d'y siéger à long terme ou que la parité sera
assurée.
Exemple : La plupart des documents de politique générale et
d'orientation du Bangladesh contiennent ou appuient des démarches
soucieuses d'égalité entre les sexes. Toutefois, les femmes n'occupent
toujours pas suffisamment de postes de responsabilité et de décision.
Elles interviennent en général à titre d'éducatrices et d'animatrices aux
niveaux familial et communautaire. On attend le plus souvent d'elles
qu'elles participent à titre gracieux ou à titre volontaire. Il arrive
souvent que des femmes présentant les qualifications et les compétences
voulues ne soient pas invitées à siéger dans les instances directrices.
Nous l'avons observé dans les comités chargés de l'approvisionnement en
eau et de l'hygiène publique ainsi que dans les comités des collectivités
locales. (Centre international de recherche sur les maladies diarrhéiques
au Bangladesh)
Exemple : La Convention sur la lutte contre la désertification a
été ratifiée par plus de 150 pays qui se sont engagés à prévoir la
participation effective aux niveaux local, national et régional, en
faisant une place aussi large aux femmes qu'aux hommes, à la planification
des politiques, à la prise des décisions ainsi qu'à l'exécution et à
l'examen des programmes d'action nationaux. Plus de 60 pays ont établi des
programmes d'action nationaux faisant appel à la participation. Des
actions de sensibilisation mettant l'accent sur la participation des
femmes ont été lancées avec de bons résultats et de nombreux pays ont fait
en sorte que des femmes soient représentées dans les organes de décision.
Depuis peu, toutefois, les femmes font valoir que siéger dans un comité ne
veut pas nécessairement dire participer dans des conditions égales et
beaucoup sont convaincus qu'il ne faut plus se contenter d'appliquer de
simples mesures quantitatives. (UNSO/PNUD)
On peut déduire de la manière dont les hommes considèrent et
traitent les femmes au quotidien leur façon d'envisager la participation
des femmes à la prise de décisions relatives à l'environnement.
Exemple : La majorité des programmes portant sur la parité dans le
domaine de la gestion de l'environnement ont choisi la voie de la
participation et de l'émancipation des femmes. J'ai toujours défendu cette
approche et continuerai de le faire. Dernièrement, toutefois, j'ai
commencé à examiner les moyens par lesquels je pourrais aider les hommes à
changer leur perception des femmes afin qu'ils aillent VOLONTAIREMENT à
leur rencontre et les associent à leurs efforts. Selon moi, le plus
efficace, c'est de partir de l'idée même que les hommes se font du
traitement à réserver aux femmes, de la manière dont les hommes traitent
les femmes quand ils parlent entre eux, dans les conversations familiales,
dans les films et dans les livres, dans la rue, dans les soirées - dans la
vie de tous les jours. Il faut s'attendre à ce que les hommes réagissent à
la présence d'une femme à une réunion sur la gestion des ressources de la
même manière que dans les autres sphères du quotidien. Si nous voulons
faire évoluer les mentalités, il faut le faire dans l'un comme dans
l'autre cadre. (États-Unis)
Les femmes doivent impérativement se regrouper au sein de
collectifs pour pouvoir lutter contre la détérioration de l'environnement
et accéder plus largement aux ressources naturelles.
Exemple : Un surcroît d'efforts est nécessaire pour renforcer et
promouvoir les groupes de femmes au niveau local. Les femmes ont les
moyens potentiels de prendre la direction des opérations, aussi faut-il
accroître leurs capacités en leur fournissant une éducation, une
formation, l'accès à tous les types d'information, etc. L'Himalayan Action
Research Centre a également mis en place un groupe d'animatrices qui
aident les femmes à utiliser, protéger, conserver et gérer leurs
ressources naturelles. (Inde)
Lorsque les femmes participent activement aux projets
de protection de l'environnement, elles deviennent chefs communautaires et
diversifient les activités menées au titre des programmes.
Exemple : Je travaille pour le Ministère sud-africain de
l'environnement et du tourisme. Je fais partie de l'organe de coordination
de l'application de la Convention pour la lutte contre la désertification
et des questions de parité. Je suis chargé du programme d'action national
établi pour ce projet. L'un des enseignements que j'ai tirés de mon
expérience des questions relatives aux femmes et à l'environnement, c'est
que dans les collectivités locales pauvres où elles doivent assurer la
subsistance de leurs familles, les femmes finissent par prendre les rênes.
Elles gagnent le respect de la communauté qui leur confie la
responsabilité du groupe lorsqu'elles arrivent à trouver de nouveaux
moyens de dégager des revenus et de produire ne serait-ce que des
quantités minimes de produits alimentaires à partir de terres stériles.
Une fois organisées, les femmes se trouvant dans cette situation sont à
même de planifier le développement communautaire, et peuvent même parfois
abandonner leurs fonctions de production alimentaire pour s'attacher au
développement économique et à la gestion de l'environnement. (Afrique du
Sud)
Il est capital que les femmes disposent d'informations
pour participer effectivement à la gestion des ressources naturelles, mais
les efforts de sensibilisation ne suffisent pas toujours à faire avancer
les choses.
Exemple : NetWise est un exemple de projet de création de réseau en
faveur du renforcement des capacités dans la Communauté de développement
de l'Afrique australe, qui s'adresse plus particulièrement aux décideurs,
aux chercheurs et aux étudiants dans le domaine de la gestion des
ressources naturelles. Le projet NetWise s'appuie sur un répertoire
accessible sur le Web à l'adresse www.netwise.drfn.org.na et sur
CD-ROM, ainsi que sur un autre site Internet utilisé pour les échanges et
les ateliers virtuels. Les femmes associées à la prise de décisions sur
les ressources naturelles ne sont pas nécessairement celles-là mêmes qui
participent à des ateliers, des cours de formation, etc. La formation à
l'utilisation du réseau s'adressera en priorité aux femmes. (Namibie)
Il est capital de fournir des informations et des ressources en
langue locale et selon le mode de présentation le plus adapté si l'on veut
que les femmes des organisations locales puissent contribuer pleinement
aux programmes de gestion de l'environnement et des ressources et
participer aux débats sur ces thèmes.
Exemple : Les femmes des organisations locales devraient être
pleinement informées des politiques, des programmes, ainsi que des
déclarations et documents publiés aux niveaux national et international
concernant les questions écologiques. Ces documents devraient être
traduits dans les langues locales. Le Centre HARC s'y attache en créant
des centres d'information de village et de quartier, qui ont permis aux
femmes d'avoir facilement accès à tous types d'informations. Ces centres
d'information devraient être créés à tous les échelons régionaux
(district, État, nation). (Inde)
De nouveaux partenariats et collaborations, notamment
aux niveaux local, national et international, et des partenariats entre
les groupes de femmes et les groupes écologiques améliorent l'efficacité
des programmes, des projets et des efforts de vulgarisation dans le
domaine de la protection de l'environnement.
Exemple : Je travaille pour le Rainforest Action Network (RAN) aux
États-Unis. En 1996, l'Organisation nationale pour les femmes a appelé
l'attention du pays sur la société Mitsubishi qui s'était rendue coupable
de violations massives en matière de harcèlement sexuel. Les responsables
de mon organisation ont déclaré en conséquence que nous devions boycotter
Mitsubishi non seulement pour ce motif, mais aussi parce que la Division
des produits ligneux de la société Mitsubishi est l'une des sociétés qui
détériorent le plus l'environnement dans le monde. Les activités de
Mitsubishi contribuent à la destruction des forêts tropicales humides et
menacent la survie des populations autochtones qui y vivent. NOW et RAN
militent pour que la communauté internationale maintienne les pressions
exercées sur Mitsubishi et démontre que pour une société, devenir un paria
de l'environnement ou fermer les yeux sur le harcèlement sexuel n'est pas
bon pour les affaires. (RAN, États-Unis)
4. Programme d'action visant à renforcer le rôle des femmes
dans la préservation de l'environnement
Redéfinir et étendre la portée des activités de gestion des ressources
afin d'inclure les domaines où les femmes sont déjà très actives.
Créer des centres d'information villageois qui diffuseront des
informations sur les préoccupations mondiales et locales selon le mode de
présentation le plus adapté.
Créer des liens entre les groupes communautaires du monde entier, et
entre les organisations de femmes et les organisations écologiques qui
s'efforcent de protéger leur environnement local, afin de lancer des
campagnes plus puissantes et plus efficaces.
Faire participer les hommes aux débats et aux discussions concernant
les préoccupations des femmes en matière d'environnement. Mettre au point des outils d'analyse par sexe adaptés/adaptables aux
divers écosystèmes.
Éduquer les femmes qui travaillent dans des secteurs comme l'industrie
minière, la santé ou l'éducation aux questions relatives à la durabilité
et à la détérioration de l'environnement afin de s'assurer de nouveaux
concours
Renforcer les organisations de femmes existantes et appuyer celles qui
se créent en vue de la défense de l'environnement.
S'appuyer sur les connaissances des femmes en matière de gestion des
ressources naturelles.
Mettre au point des systèmes d'information sur l'environnement et la
gestion des ressources naturelles.
Avoir recours à la Convention sur la lutte contre la désertification,
nouvel outil de développement faisant appel à la participation, pour mieux
appliquer le Programme d'action de Beijing.
Former des animatrices à la programmation, à la planification et à la
gestion en matière d'environnement et les associer à ces activités.
Recruter et former un plus grand nombre d'agents de vulgarisation de sexe
féminin.
S'assurer que les particuliers et les groupes autochtones prennent part
aux débats et aux décisions.
Accélérer les efforts déployés pour accroître la participation des
femmes à la prise de décisions au niveau politique ainsi qu'à l'éducation
et au militantisme écologiques au niveau loca
L. La fillette
Groupe de travail en ligne
sur l'autonomisation de la
fillette
|
8 novembre-17 décembre 1999
|
Nombre total de membres :
934 |
Des messages ont été reçus de
87 membres représentant 31 pays (63 % du Nord et 37 % du Sud) (voir
annexe)**. |
ONG : 49 % |
Organismes publics : 1,5
% |
Organisations
intergouvernementales : 1,5 % |
Chercheurs ou universitaires
: 25 % |
Autres : 23 % |
|
Les archives de ces échanges
peuvent être consultées à l'adresse suivante :
http://sdnhq.undp.org/ww/girl-child |
** Voir la note de l'encadré de
la page 6. |
L'organisation et le contenu du groupe de travail en ligne sur
l'autonomisation de la fillette(14)
reflétaient les multiples questions examinées à la section L du Programme
d'action (La petite fille). Le débat était centré sur cinq domaines
principaux : éducation, violence, exploitation économique, hygiène
sexuelle et santé en matière de reproduction. L'une des préoccupations
majeures des participants était la persistance de normes culturelles
dévalorisant la fillette et exacerbant une vaste gamme de problèmes, de la
pauvreté à la violence et au travail des enfants. L'exploitation
économique, l'inégalité en matière d'éducation, la violence généralisée et
les sévices sexuels constituaient d'autres obstacles entravant le progrès.
Un domaine particulièrement important pour les participants était la
question du travail des enfants et les contextes nationaux spécifiques où
existe cette pratique. Les participants ont souligné qu'il était essentiel
d'obtenir la participation des parents et de la communauté et d'adopter
des approches globales des problèmes auxquels étaient confrontées les
fillettes et les jeunes femmes, et qu'il était indispensable de mieux
comprendre les facteurs complexes contribuant à l'inégalité des fillettes.
1. Obstacles rencontrés
Persistance de valeurs culturelles et d'attitudes négatives à l'égard
de la fillette, aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Intégration continue de la violence et des comportements violents dans
la socialisation des garçons.
Absence de données ventilées par âge.
Manque de compréhension des obstacles et attitudes spécifiques à
l'égard des fillettes entravant leurs possibilités de développement.
Éducation :
Harcèlement et violence sexuels dans les écoles.
Manuels scolaires et enseignement à tendance sexiste présentant des
stéréotypes masculin-féminin.
Faible taux de scolarisation des fillettes.
Sous-représentation des filles dans les disciplines scientifiques et
technologiques.
Exploitation économique :
Pressions exercées sur les fillettes pour qu'elles apportent des
revenus (travail), ce qui les empêche de fréquenter l'école et les oriente
vers des activités domestiques et autres emplois peu rémunérés.
Milieu de travail dangereux ou favorisant l'exploitation des fillettes.
Invisibilité de l'exploitation du travail des fillettes au sein de la
famille.
Violence :
Faible valeur sociale accordée aux fillettes, entraînant le déni,
l'acceptation ou la tolérance de la violence à leur égard.
Non-déclaration des cas d'inceste et de violences sexuelles dont sont
victimes les préadolescentes.
Graves conséquences à long terme de la non-déclaration des violences
sexuelles dont les fillettes sont victimes et de l'absence de mesures à
cet égard (dévalorisation de soi-même, problèmes psychologiques et
comportement à haut risque pouvant entraîner une contamination par le
VIH/sida).
2. Idée-force
Est-il possible d'éliminer le travail des enfants, compte tenu
des réalités économiques de nombreuses fillettes et de leur
famille?
Les participants ont souligné la complexité de la question, mentionnant
les liens entre l'éducation, le travail des enfants et la violence, ainsi
que les contradictions entre la dévalorisation des fillettes et la grande
importance accordée à leur travail. D'aucuns ont fait observer que les
conditions de pauvreté existant dans de nombreux pays en développement
exigeaient que les enfants travaillent à un jeune âge et d'autres ont
donné des exemples indiquant que les fillettes considéraient le travail
comme favorisant leur émancipation. Les participants ont reconnu qu'il
était nécessaire de définir plus précisément les notions de travail ou
d'exploitation, de mieux comprendre des variables comme l'âge, les
différences ethniques, la culture et les normes sociales en ce qui
concerne l'élaboration de programmes et de politiques relatifs au travail
des enfants.
3. Enseignements tirés
L'adoption d'approches globales de l'éducation et de
l'autonomisation des fillettes constitue le meilleur moyen de surmonter
les problèmes interdépendants très graves auxquels elles sont confrontées,
notamment la violence, l'exploitation et les sévices sexuels,
l'exploitation dans le travail, la pauvreté et la discrimination.
Exemple : Lorsque nous sommes arrivées ici, nous ne savions ni
écrire ni lire, nous étions assises en cercle, comme des pierres et
pouvions à peine répondre aux questions. Sept mois plus tard, nous savons
lire et écrire des lettres, et nous sommes conscientes de nos droits et de
nos besoins, nous avons pris connaissance de nombreuses lois sur la
violence contre les enfants et les femmes, et avons appris beaucoup sur la
calamité de la dot, l'hygiène personnelle, la parité entre les sexes et
les risques de grossesse précoce. Auparavant, nous étions liées par les
superstitions et n'avions pas notre mot à dire dans nos familles.
Maintenant nous prenons nos propres décisions; nous avons empêché le
mariage précoce d'un membre de notre groupe, ayant convaincu ses parents
qu'un tel mariage était illégal et que la santé de leur fille était
menacée. (Action-Aid, Bangladesh)
Exemple : La Women's Health Organization of Nigeria : le projet
Youth Action (YAP), lancé en octobre 1996, a pour but d'autonomiser les
fillettes, notamment en application des instruments dont le Nigéria est
signataire. Les mesures prises à cet effet sont les suivantes : 1)
diffuser des informations qui aideront les adolescentes à comprendre leur
sexualité et les protégeront des grossesses non désirées, des maladies
sexuellement transmissibles et des risques subséquents de stérilité et de
décès résultant d'une infection par le VIH; 2) permettre aux adolescentes
d'accroître leur confiance en elles et d'acquérir les moyens de mener une
vie sexuelle et reproductive plus satisfaisante; 3) fournir aux jeunes des
services de santé en matière de reproduction en assurant la
confidentialité et la qualité des soins dispensés; 4) organiser des
activités professionnelles et de cours de perfectionnement à l'intention
des jeunes filles, afin de leur permettre de choisir en connaissance de
cause entre les différentes options offertes au cours de leur vie; et 5)
associer les adolescentes à l'élaboration, la planification et la mise en
oeuvre de projets visant à répondre à leurs besoins. Le projet YAP donne à
la fillette les moyens d'acquérir la force intérieure lui permettant de
faire valoir et de défendre ses droits, de prendre confiance en elle, de
prendre conscience de son identité, d'avoir une meilleure image
d'elle-même et d'exercer un contrôle sur sa vie et ses relations
personnelles et sociales , et de prendre des décisions en connaissance de
cause. (WHON, Nigéria)
Il est essentiel d'associer les parents et les communautés et
de renforcer leur appui à l'éducation et à l'autonomisation des
filles.
Exemple : Je travaille avec un programme de Rozan, appelé Aangan,
qui s'occupe depuis cinq ans des enfants et des adolescents. Le programme
est centré sur la santé émotionnelle des enfants, en général, et les
violences sexuelles dont ils sont victimes, en particulier. Notre équipe
comprend notamment des psychiatres, des psychologues, des enseignants, des
responsables communautaires, des chercheurs et de jeunes volontaires.
L'équipe Aangan, qui travaille depuis un certain temps avec la communauté,
a estimé que traiter séparément la question des violences sexuelles contre
les enfants n'était pas le meilleur moyen d'aborder le problème; il
fallait aider les enfants et les adolescents à prendre confiance en eux, à
acquérir des compétences en matière de communication et de relations
interpersonnelles, à prendre conscience des systèmes de soutien existant
autour d'eux et à établir des liens avec ces systèmes. Ce problème
touchait en particulier les filles qui sont souvent incapables de
s'exprimer ou de parler d'elles-mêmes. Compte tenu de cet aspect, Aangan a
mis au point un système permettant de parler des questions personnelles
dans un contexte de confiance. Des séries de 8 à 10 sessions portant sur
le respect de soi, les émotions, les sentiments, la communication, les
sexospécificités et les violences sexuelles contre les enfants sont
organisées dans le cadre du programme. Un succès majeur pour Aangan à ce
sujet a été la publication d'une série d'articles sur les sévices sexuels
exercés contre les enfants dans la section d'un journal local en anglais
réservé aux enfants. En réponse à ces articles, intitulés Notre corps,
nous-mêmes, qui portaient également sur l'image que les enfants ont de
leur corps, Aangan a reçu environ 450 lettres, non seulement de victimes
et de survivants de sévices sexuels mais également d'enfants qui
exposaient leurs préoccupations en matière d'hygiène sexuelle. Compte tenu
du nombre considérable de réponses qu'ils ont reçues, la publication et le
programme Aangan ont établi des relations de collaboration et lancé une
page mensuelle où les enfants nous écrivaient pour nous exposer leurs
problèmes et nous demander de les aider. (Pakistan)
Exemple : (TADO) a mis en place un programme d'appui à l'éducation
des filles dans la région nord du Ghana, où le taux de scolarisation des
fillettes est le plus faible de tout le pays; les taux d'abandon scolaire
y sont aussi extrêmement élevés. Notre programme s'efforce d'encourager
les fillettes des zones rurales à fréquenter l'école. Nous avons entrepris
de dispenser une formation en cours d'emploi à la plupart de nos agents
dans le domaine de l'éducation (enseignants, chefs d'établissement,
administrateurs locaux, etc.) sur les questions liées aux sexospécificités
- reflétant principalement leurs incidences sur l'éducation des filles.
Nous avons également organisé des sessions à l'intention des élèves
chargés de la discipline dans les écoles primaires et les écoles
secondaires du premier cycle, afin de leur fournir des informations utiles
qui les maintiendront à l'école. (Ghana)
Exemple : Nous avons constaté que le meilleur moyen d'améliorer la
condition des fillettes était l'éducation des mères en tant que ressources
humaines. Si les mères sont alphabétisées, leurs filles seront instruites,
même si elles ne sont pas envoyées à l'école. Si les mères ont le
sentiment d'être intelligentes et se sentent appréciées, elles
communiqueront ce sentiment à leurs filles. Conférer à la mère un rôle
dans lequel elle est respectée et où on attend qu'elle contribue au
processus de prise de décisions est un aspect essentiel de la valorisation
de la fillette. Tous nos cours de formation ont un caractère global,
comprenant l'alphabétisation, l'acquisition de compétences techniques, la
culture de plantes médicinales, etc. Nous avons également noté que,
lorsque les parents participent à la préparation à la vie familiale et se
familiarisent avec les principes de consultation et d'unité, ils prennent
bien plus conscience de l'importance et de la valeur de la fillette en
tant qu'être humain. Le fait qu'ils participent ensemble à la formation
permet également aux hommes de voir les femmes comme des égales et de
tenir compte de leurs avis et de leurs décisions. (Inde)
L'organisation de stages réservés aux fillettes, visant à
démystifier la science et la technologie et à faire prendre conscience aux
filles des possibilités de carrière, permet d'attirer et de retenir un
plus grand nombre de femmes et de jeunes filles dans les domaines des
sciences et de la technologie.
Exemple : Je fais partie d'un réseau multidisciplinaire pour MAWHN
(Multi-Disciplinary African Women's Health Network). L'expérience du Ghana
en ce qui concerne l'éducation des filles mérite d'être racontée. Depuis
plus de cinq ans, le Ministère de l'éducation s'inquiétait du faible
nombre de filles étudiant les sciences et les mathématiques aux niveaux
supérieurs. Il a donc organisé un stage sur les sciences et les
mathématiques à leur intention, d'une journée pour commencer, mais qui
s'est poursuivi sur plusieurs jours. L'objectif était de démystifier les
sciences et les mathématiques, de faire connaître aux participantes les
possibilités de carrière et de promotion, et de les mettre en contact avec
des modèles identificatoires dans le pays - des femmes ayant eu des
expériences analogues. Le projet ayant tenu des résultats qui ont dépassé
les espérances, il existe maintenant une unité complète pour
l'enseignement des sciences et des mathématiques. En fait, le nombre de
filles demandant à suivre des études scientifiques et de mathématiques
dans les établissements d'enseignement supérieur a augmenté. (Ghana)
Les principaux aspects de la programmation visant à réduire la
violence contre les fillettes portent sur leurs droits, leur protection et
leur autonomisation, et associent aussi les garçons.
Exemple : Notre projet intitulé Développement du potentiel par
l'éducation - égalité des droits et des chances pour les filles et les
garçons a pour objectif de réduire la violence contre les filles et les
femmes en dispensant une formation antisexiste aux filles et aux garçons.
Cette méthode donne de très bons résultats lorsque les adolescents sont
associés au processus. Notre programme a été lancé il y a environ quatre
ans et nous pouvons citer de nombreux exemples de bonnes pratiques; il
comprend quatre parties : établissement d'une bonne communication
(transformation des situations de conflit), dialogue sur la diversité
(éducation concernant l'égalité des sexes et droits de l'homme), le fait
d'être autonome favorise l'interaction avec autrui (gestion, direction et
création d'équipes), la voie vers la non-violence (prévention de la
violence, en particulier du trafic d'êtres humains). (Ukraine)
L'exploitation du travail des fillettes dans la famille limite
pour une large part leurs possibilités en matière d'éducation et est
étroitement liée aux attitudes sur la valeur du travail et la contribution
des femmes et des filles, lesquelles perpétuent les inégalités.
Exemple : ROSHNI travaille avec les femmes et les fillettes,
centrant son attention sur la fillette musulmane car les femmes de cette
communauté ont pris, pour la plupart, un retard important par rapport aux
autres femmes dans les domaines éducationnel, social et économique. Nous
concentrons nos efforts sur les taudis de Chennai et nous efforçons
d'éduquer les femmes illettrées et les élèves qui ont abandonné leurs
études. Nous mettons également en oeuvre des programmes de formation
professionnelle et fournissons une aide à l'emploi dans la mesure du
possible. ROSHNI administre également une école informelle pour les
filles, afin qu'elles cessent de travailler. Dans mon État, les filles
travaillent dans des fabriques de cigarettes (beedies). Nous dispensons
une formation professionnelle pour des emplois de bureau et de
secrétariat, et dans la confection. Il existe des cours d'anglais parlé
visant à améliorer l'aptitude des élèves à communiquer. Tous ces services
sont dispensés gratuitement aux jeunes filles, dans leur propre quartier
car elles ne sont pas autorisées par leur famille à aller travailler ou à
apprendre un métier. Nous avons formé 500 jeunes filles en cinq ans et
leur avons trouvé un emploi. Nous leur avons fourni des machines, afin
qu'elles puissent continuer à travailler dans la confection et, le cas
échéant, nous les avons mêmes nourries. Nous avons également organisé des
cours pour les informer de leurs droits, et fournissons des services
d'orientation et une assistance juridique gratuite, si besoin est.
(Inde)
4. Programme d'action pour autonomiser les fillettes
Associer directement et activement les garçons à l'élimination de la
discrimination fondée sur le sexe et à la promotion du respect mutuel.
Accorder plus d'attention à l'élimination de l'inceste et des violences
sexuelles dont sont victimes les préadolescentes.
Associer les fillettes à l'élaboration, à la mise en oeuvre et à
l'évaluation de toutes les interventions.
Accorder plus d'attention au travail des fillettes dans le cadre
familial.
Établir un réseau d'organisations en faveur des fillettes, y compris
les instituts de valorisation des ressources et les centres de formation à
leur intention
Élaborer des programmes globaux et intégrés à l'intention des
fillettes, comprenant les aspects suivants : éducation, autonomisation,
acquisition de compétences en matière de négociation et de direction,
santé, etc.
Associer les parents et les communautés à l'exécution des programmes,
encourager leur appui à l'éducation et à la formation des fillettes, et
fournir un soutien aux mères en particulier.
Réduire la violence à l'égard des fillettes et leur exploitation en
mettant l'accent sur leurs droits, l'acquisition d'un potentiel et la
participation.
Collecter et analyser les données ventilées par âge pour la
programmation, les activités de plaidoyer et l'élaboration des politiques.
Effectuer des recherches plus nombreuses et de meilleure qualité sur la
situation des fillettes et sur l'influence des mères, des familles et des
communautés sur les possibilités et les choix qui leur sont offerts.
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