HOME    Contributions  > EuroWRC FrançaisDoc_Belgique

 


Précédente Accueil Remonter Suivante
 

Home Liste (fr)) Back Next

  Liste Belgique - 3/6  

1.Textes généraux -  2.France - 3.Belgique  - 4.Suisse - 5.Canada


SYNERGIES
Contre la violence envers les femmes et les enfants

CADTM - Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers Monde
Le Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, créé en 1990, est un réseau international basé à Bruxelles qui agit en faveur d’alternatives radicales aux différentes formes d’oppression quel que soit l’endroit où elle s’exerce dans le monde.

L’angle d’attaque du CADTM : l’endettement du Tiers Monde et l’ajustement structurel sur lequel il débouche aujourd’hui.
http://www.users.skynet.be/cadtm/x.htm 

Pour tout contact :

CADTM
29 rue Plantin 
B-1070 Bruxelles Belgique
Tél (322) 5275990
Fax (322) 5226227

-----------------------------------------------
Différentes formes de violence contre les femmes  
Faits de violence - Expériences de thérapie
Les medias et la violence de genre
Role du droit
-----------------------------------------------

Introduction : le CADTM
Qu’est-ce qui relie le CADTM, basé en Belgique, qui lutte pour l’annulation de la dette du Tiers Monde et Luna Nueva, à Montevideo (Uruguay) ou l’APROFES, à Kaolack (Sénégal), qui luttent contre la violence spécifique envers les femmes et les enfants ?

Nous avons l’impression d’être chacune un maillon d’une même chaîne de solidarité. Le CADTM analyse et mobilise contre la violence institutionnalisée des décideurs politiques, économiques et financiers qui, non seulement appauvrissent la grande majorité de la population mondiale, mais lui ôte le sentiment de la dignité qui est celui de l’émancipation. Tout cela en suivant la logique du profit.

La violence institutionnalisée du G7, du FMI, de la Banque mondiale et consorts, avec son cortège infini de pauvreté, prend au bout de la chaîne le visage d’un enfant obligé de se prostituer pour survivre ou d’une femme battue à mort par un mari sans emploi, désespéré. Là, nous retrouvons le travail de soutien, d’accompagnement de Luna Nueva et de l’APROFES.

Nous retrouvons surtout l’analyse que ces associations font d’une autre violence, multimillénaire, celle du système patriarcal.

Il s’agit du système social qui attribue la supériorité et la domination, dans tous les domaines, au genre masculin. Le système patriarcal règne dans notre société et beaucoup d’autres cultures. Dans toutes celles-ci, les femmes ont été considérées comme inférieures et soumises à la tutelle des hommes. Ce système engendre des rapports sociaux spécifiques entre les hommes et les femmes, les rapports de genre, ainsi qu’une violence spécifique, la violence de genre.

Le genre se définit donc comme l’attribution de tâches, comportements, valeurs et fonctions sociales différents à chacun des sexes. Il ne s’agit pas d’un fondement différenciateur bologiquement déterminé. Il s’agit d’une construction culturelle, déterminée par le contexte historique et de ce fait, changeante.

Car si les hommes et les femmes subissent tous la misère imposée, ils ne sont pas égaux dans la manière de la subir. Et nous supposions au CADTM, à l’APROFES et à Luna Nueva, que les deux types de violence se renforcent.

Nous avons voulu ensemble vérifier le bien-fondé de cette hypothèse et appeler d’autres intervenantes du Sud et du Nord à en débattre avec nous.

Cet échange était primordial dans notre démarche : nous désirions que les associations des femmes du Sud exposent leurs analyses, développent leurs expériences, détaillent leur travail, expliquent quelles sont leurs revendications prioritaires. Bref, nous désirions apprendre d’elles. Nous voulions rompre avec une démarche qui consiste à considérer que le " Nord " est le partenaire qui doit former le " Sud ". L’animation des séminaires a reposé sur une femme du Sud. Les contributions des femmes du Sud ont constitué les éléments clé de notre travail commun.

Et nous désirions, dans le dialogue avec les associations de femmes du Nord, détecter les convergences qui existent entre nos activités et étudier, dans les différences d’approche, ce qui pouvait être profitable pour les projets menés de part et d’autre de la planète en faveur de l’émancipation des femmes. Car il n’y aura pas d’émancipation de l’humanité sans émancipation des femmes.

Ce fut l’occasion de se rendre compte de l’immensité du défi auquel les femmes et les hommes qui agissent dans la perspective de cette émancipation, sont confrontés. Les témoignages d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie sont là : vous les lirez, c’est édifiant. Ce fut l’occasion de se rendre compte du courage et de la détermination de toutes ces femmes qui luttent pour un changement fondamental de société. Elles luttent à contre-courant des intégrismes qui surgissent, des fascismes qui rampent ou se redressent, des réformes qui ne réforment rien, des racismes qui se portent bien, et partout et toujours, du système dominant patriarcal qui entrave l’épanouissement personnel et l’émancipation collective des femmes dans le monde.

En tant que CADTM, héritier de tout ce matériau engrangé au cours de deux séminaires, nous portons une lourde responsabilité, celle de réussir à transmettre à nos lecteurs et lectrices qui, comme nous, ne sont pas des spécialistes de la question de genre, la " substantifique moelle " des interventions tout en sauvegardant la palpitation de vie qui les unissait.

Il est donc utile de dire ici d’emblée que, pour respecter le sens du débat, nous n’avons pas voulu " forcer " des conclusions ni lors des séminaires, ni dans ce dossier.

Des questions importantes ont été soulevées mais n’ont pas nécessairement trouvé une réponse lors des séminaires tant le débat est vivant et controversé dans les associations de femmes elles-mêmes. Des opinions contradictoires sont donc exprimées dans ce document. Nous espérons que les lecteurs et lectrices considéreront ce parti pris comme un stimulant à poursuivre leur réflexion sur ce terrain.

Ainsi, parlant de la violence faite aux femmes, doit-on continuer de parler de victimes, ce qui est une stricte réalité mais risque de renforcer une perception passive des femmes débouchant sur une politique d’assistance ? Certaines demandent qu’on parle plutôt de femmes maltraitées, pour insister sur le fait qu’un moment de maltraitance, aussi douloureux soit-il, ne doit pas marquer la personne pour toute sa vie.

Autre débat : le fait de parler dans la même foulée de la violence envers les femmes et de celle envers les enfants est-il pertinent ? N’est-ce pas une façon de diluer cette violence millénaire envers les femmes, de refuser d’aborder la spécificité de cette violence et donc, d’en gommer les responsabilités spécifiques ? D’autres se posent la question de savoir si les mauvais traitements subis par les enfants et, surtout, les fillettes, ne participent pas de l’imposition du même rapport de force patriarcal.

Violence socio-économique, violence de genre : y a-t-il une priorité stratégique à aborder l’une avant l’autre ? S’attacher au volet socio-économique n’est-il pas un autre moyen de détourner l’attention de la violence issue du patriarcat ? Et, inversement, s’attacher seulement à la violence de genre ne risque-t-il pas de maintenir un système socio-économique renforçant cette violence ? Ne faut-il donc pas lutter ensemble contre les différentes formes d’oppression si elles s’imbriquent, si elles font " système ".

Comment peut-on vouloir l’abolition de la prostitution et, en même temps, appuyer les prostituées dans la recherche de leurs droits ? Comment peut-on vouloir l’abolition du travail des enfants et, en même temps, soutenir leurs droits de travailleurs ? Quelle priorité établir dans ces objectifs ?

Doit-on se réjouir ou non de l’institutionnalisation des mouvements de femmes ? Le mouvement des femmes est-il encore combatif ?

Voici quelques exemples de ces questions ouvertes que les séminaires ont permis de remettre à plat et qui, nous l’espérons, relanceront le débat en d’autres occasions.

Denise Comanne

 ---------------------------------
http://www.users.skynet.be/cadtm/frasyne.html#chap2

Différentes formes de violence contre les femmes

Remarques préliminaires

Pour aborder ce chapitre, il est utile de rappeler des concepts de base qui jalonnent l’analyse féministe et permettent de comprendre le cadre global dans lequel la violence entre hommes et femmes s’inscrit. Nous reprenons ci-après les définitions présentées dans l’ouvrage collectif intitulé "Vidas Paralelas de las Mujeres" (auteurs: Argibay Miguel, Celorio Gema, Celorio Juan José).

Ce cadre global ne remet pas en cause la différence des sexes.

Le sexe étant la variable biologique qui différencie les membres d’une même espèce en mâles et femelles. Dans le cas de l’espèce humaine, en hommes et femmes.

Commençons par donner une définition du féminisme et donc, l’angle de son analyse. Cela permettra sans doute d’éloigner quelques épouvantails et de se rendre de la valeur et de l’ampleur du projet.

Féminisme

Le féminisme est un projet politique, une proposition de changement social qui implique la transformation des systèmes de création et de reproduction des pouvoirs sociaux en temes de justice et d’équité (Lagarde Marcela, Genero y feminismo. Desarrollo humano y democracia, Madrid, Horas y Horas, 1996), qui revalorise les aspects positifs de la condition féminine et met en évidence ses effets bénéfiques pour les relations sociales (Sabaté, Rodriguez et Diaz, Mujeres, espacio y sociedad. Hacia una geografia de genero, Madrid, Sintesis, 1995) et qui projette un futur plus humain dans lequel le dépassement des mécanismes de subordination et d’inégalité donne naissance à des sociétés plus justes, libres et solidaires.

Les mouvements féministes remettent en cause le patriarcat, comme source fondamentale de l’oppression des femmes.

Patriarcat

Le concept du patriarcat est compris au sens large comme " la manifestation et l’institutionalisation de la domination masculine sur le femmes et les enfants de la famille et l’élargissement de cette domination masculine sur les femmes de la société en général.

Cela implique que les hommes possèdent le pouvoir dans toutes les institutions importantes de la société et que les femmes sont privées du droit à y accéder ". (Lerner Gerda, La création du patriarcat, Barcelone, Critica, 1990)

C’est en fonction de ce système social qui règne dans notre société et beaucoup d’autres cultures que les femmes ont été considérées comme inférieures et soumises à la tutelle des hommes.

On peut également parler, dans le même ordre d’idées, de l’androcentrisme.

Androcentrisme

C’est le système de pensée qui " consiste à considérer l’être humain de sexe masculin comme le centre de l’univers, comme l’aune à laquelle se mesurent toutes choses, comme le seul observateur crédible de se qui se passe dans notre monde, comme le seul capable de dicter des lois, d’imposer la justice, de gouverner le monde.

C’est précisément cette moitié de l’humanité qui possède la force (les armées, la police), qui domine les moyens de communications de masse, possède le pouvoir législatif, gouverne la société, tient en main les principaux moyens de production et est seigneur et maître de la technologie et de la science ". (Moreno A., El arquetipo viril protagonista de la historia. Ejercicios de lectura no androcentrica, Barcelone,1986)

La société patriarcale implique des rapports sociaux précis entre les hommes et les femmes: c’est ce qu’on appelle le genre.

Genre

C’est l’attribution de tâches, comportements, valeurs et fonctions sociales différents à chacun des sexes. Il ne s’agit pas d’un fondement différenciateur biologiquement déterminé. Il s’agit d’une construction culturelle, déterminée par le contexte historique et de ce fait, changeante.

Le genre assigne les rôles que les hommes et femmes doivent assumer: dans le cas des hommes, leur rôle s’oriente vers la sphère publique (terrain du travail, pouvoir politique, relations professionnelles...), vers l’accomplissement des tâches productives. Les femmes, par contre, se consacrent à la sphère privée (terrain domestique, administration du foyer, éducation des enfants, attention à la famille...) développant les tâches reproductives.

Dans la mesure où c’est une attribution sociale, la construction du genre peut se transformer. De fait, ce système a été amplement dénoncé par différents secteurs pour être discriminateur et injuste - en majorité par les femmes mais aussi par les hommes - et parce qu’il limite et réduit la capacité des personnes à développer leurs vies en fonction de leurs propres intérêts et en termes d’égalité. Actuellement, des changements notables se sont produits dans la recherche d’un modèle non sexiste, juste et égalitaire mais les effets du système de genre se font encore sentir dans presque tous les domaines.

La violence contre les femmes

Estela Retamoso

La violence contre les femmes affecte en profondeur l'être humain. Ce phénomène a des causes multiples.

Les situations de violence se produisent au sein d'un rapport de forces, en fonction de déterminations préétablies, où les femmes sont considérées comme des êtres de deuxième catégorie, hiérarchiquement inférieures aux hommes.

C'est à cette violence spécifique, dite violence de genre que sont soumises les femmes sans distinction de race, de classe, de religion, d'âge ou de toute autre condition; c'est le produit d'un système social qui les domine et les subordonne.

La violence de genre est une des formes les plus permanentes, brutales et déterminées de violation des droits humains qui soit au monde. Elle pèse directement sur les générations à venir.

La violence de genre fait partie de notre système de société, et par conséquent elle infléchit ou affecte les choix de vie de l'ensemble des femmes, qu'elles soient ou non victimes directes de cette violence.

Nous savons que beaucoup de femmes, à un moment ou à un autre de leur vie, sont victimes de telle ou telle situation de maltraitance.

La violence fait mal, ce qui rend difficile de porter remède aux situations, de l'intégrer dans la réflexion éducative; elle est nocive sous toutes ses formes, à tel point qu'elle peut faire du mal y compris potentiellement: par la peur. Les femmes apprennent à avoir peur même si elles n'ont pas vécu cette violence. Elles sont éduquées dans la peur: "Il faut faire attention", puisque "c'est normal, c'est quelque chose qui peut nous arriver".

Cette angoisse influence leur expression, leurs sentiments et leur action. Il s'agit de craintes culturelles qui deviennent chroniques, organiques, biologiques. Cela réduit la possibilité de riposte.

 

La violence contre les femmes: conséquences - approche
Quel est notre type d'approche?

La violence présente de multiples facettes et modes d’apparition dans nos sociétés; par conséquent nous n’écartons aucune modalité d’intervention. C’est un des apports de ce séminaire. Nous pouvons prendre en compte les expériences de travaux individuels, ou collectifs dans des communautés, des refuges, sur des types de violences spécifiques, il y a un large éventail de possibilités.

La violence change, elle accomplit des cycles: il y a des mois où elle augmente, d’autres où elle diminue au cours de l’année.

Nous devons nous garder absolument de tout préjugé et posséder ou acquérir la capacité d’entrer dans un vide intérieur, pour accepter de nouvelles idées, de nouvelles formes d’intervention, autres que les nôtres.

Une remise en question thérapeutique individuelle est nécessaire. Aujourd’hui, la plupart des théories ont intégré les concepts spécifiques qui proviennent du travail des groupes de femmes féministes.

Les personnes des secteurs de la santé et de l’éducation qui se sont formées ont la possibilité dans leur pratique professionnelle de fournir une réponse adéquate aux divers cas.

Des personnes travaillent avec une approche familiale à rétablir un lien au niveau familial. Un lien qui par ailleurs va exister la vie durant, que le papa soit présent ou non.

Il y a le travail avec les enfants, garçons et filles, pour les rendre à eux-mêmes et rétablir leur relation au monde qui les entoure.

Il faut également travailler avec les mères en tant que telles, pour les guérir des souvenirs de violence, d’abus, de viols.

Le travail de Maisons et de Refuges pour femmes est crucial où la femme en tant qu’être humain peut améliorer son estime de soi, ses relations, trouve des lieux où elle peut panser ses blessures pour ensuite réintégrer la société.

Les femmes qui occupent des charges publiques ou politiques en font un bon usage si elles se consacrent à l’élaboration de propositions qui nous aident à trouver une vie plus digne.

Cela signifie que le travail contre la violence est une profession qui nous oblige à créer en permanence.

La violence, c’est...

Les définitions sont importantes parce qu’elles nous aident à caractériser les divers types de violence, qui requièrent chacune une réponse au cas par cas.

La violence implique un rapport de forces, 
où on fait mal par action ou par omission

La violence contre les femmes s’exerce au sein de la famille ou de la cellule domestique; elle peut aussi être le fait de l’Etat ou de ses agents.

En Uruguay, mais cela vaut pour de nombreux autres pays, les femmes sont victimes dans 80% des foyers violents; la violence peut aller de petites insultes, déguisées en farces ou blagues, jusqu’aux traitements physiques sévères, avec destruction d’organes vitaux et assassinats.

Il existe également 23% de violence mutuelle croisée, où ce sont les deux membres du couple qui agissent indistinctement comme acteurs de violence.

Il y a enfin 1 à 2% de foyers où l’homme est maltraité, avec un cadre d’incapacité à se défendre et un syndrome de maltraitance similaire à celui des femmes maltraitées.

Notre travail au sein de Luna Nueva et dans le mouvement féministe et social est consacré aux femmes maltraitées et aux fillettes sexuellement abusées, un travail préventif et curatif.

Le travail avec les petites filles et les jeunes femmes est très important, parce qu’elles sont les femmes de demain, qui vivront ou non un être femme alternatif.

Nous considérons comme important que le mouvement féministe prenne en compte ce travail avec les petites filles et les jeunes femmes, en tant que travail de genre contre la violence.

Les signes et symptômes constituent ce que nous appelons des syndromes. Ils construisent un cadre et champ de travail nécessaire pour définir la réponse, trouver l’approche adaptée. Nous allons énumérer les divers cadres que l’on rencontre même si nous ne les décrirons pas tous ici:

- le syndrome de la femme maltraitée

- le cycle d’évolution de la violence

- la maltraitance de vieux

- le cadre de la violence conjugale

- les foyers violents

- la maltraitance infantile

- Violence physique

Les cas de violence physique vont depuis tirer les cheveux ou pincer jusqu’aux brûlures du troisième degré, aux coups, passages à tabac, fractures, hématomes, lésions d’organes et tous types de situations qui peuvent blesser physiquement la victime.

Il faut bien voir que tous les cas de violence peuvent, à l’extrême limite, entraîner la mort.

 

- Violence émotionnelle

Les violences émotionnelles peuvent ou non s’accompagner de violences physiques, causant ou non les mêmes dommages. Elles entraînent une baisse de l’estime de soi et de l’image de soi, ainsi que des situations de culpabilité et de ressentiment à cause de l’incapacité à répondre au rejet, aux paroles qui humilient et dévalorisent, qui peuvent offenser irrémédiablement.

Toute violence peut s’exercer par action ou omission. Il est important de le rappeler pour pouvoir tenir compte des cas de violence par omission auxquels sont souvent soumis les enfants, garçons et filles, mais qui ne sont pas socialement définis comme délits.

Un cas typique d’omission est la négligence, les absences prolongées des parents, qui laissent les enfants entre les mains de tiers, membres ou non de la famille. Nous connaissons tous des enfants qui passent des journées entières dans les institutions éducatives ou sportives. Abandon alimentaire, abandon domiciliaire, manque de soins médicaux, protection insuffisante face aux risques sociaux ou physiques, enfants laissés seuls à la maison pour de longues journées.

 

- Violence intrafamiliale

Nous nous référons ici aux modalités chroniques et permanentes de comportements agressifs, qui pèsent surtout sur les plus faibles, mettant en place une chaîne hiérarchique, que cela se passe ou non dans une seule et même maison.

- La violence sexuelle

Nous nous intéressons en premier lieu aux petites filles, parce qu’il s’agit d’un travail spécifique réalisé dans notre ONG Luna Nueva, mais les définitions et les conséquences exposées peuvent être étendues aux garçons et pour certaines aux femmes.

- Harcèlement sexuel: toutes conduites, verbales ou physiques, de nature sexuelle, que la victime considère comme offensantes et non désirées.

- Abus sexuel: il survient quand une personne, ou plusieurs, profitent de l’autorité qu’elles exercent sur la fillette ou le garçon sans défense et le soumettent sexuellement.

- Viol: c’est la pénétration forcée, qu’elle soit vaginale, anale ou buccale.

L’imposition par la force de relations sexuelles non désirées par la victime, y compris la fellation ou l’éjaculation sur la victime.

Une fillette sur quatre, et un garçon sur huit, est abusé sexuellement avant ses 18 ans.

Ces définitions regroupent deux concepts: celui de la coercition et celui de la différence d’âge, et un rapport de force défavorable entre l’abuseur et sa victime.

En ce qui concerne les femmes, il peut y avoir d’autres causes qui la rendent vulnérable, comme par exemple le cas où l’agresseur est son patron.

Le viol est un acte de violence, de soumission et d’exercice d’un pouvoir. Il ne s’agit en aucun cas d’un acte sexuel.

Dans les guerres, les viols en masse ne représentent pas seulement l’affirmation d’un individu face au monde, mais aussi l’affirmation du pouvoir de l’envahisseur sur le peuple vaincu.

Dans la mesure où il n’est pas directement lié à la pauvreté (même si celle-ci est un facteur de risque), mais bien à l’idéologie de la violence contre les femmes, il ne s’agit pas d’un phénomène limité à une classe sociale.

L’apparence physique de la victime n’est pas un facteur important dans cette situation, parce qu’il ne s’agit pas d’un acte lié à l’attraction sexuelle, mais bien au besoin de domination et d’affirmation de l’agresseur.

En-dehors de l’assassinat, il s’agit du pire comportement de dégradation de la victime; quand il s’agit de petites filles, elles se retrouvent dépouillées de leur innocence, condition naturelle des enfants saines.

- Le viol conjugal

Dès le début, les maris maltraitants imposent leur domination, et celle-ci s’étend fort souvent jusqu’au domaine sexuel.

Que le viol ait lieu au sein ou non du couple, c’est un délit, même si dans beaucoup de pays, il n’est pas reconnu comme pénal.

L’homme a recours à la séduction ou d’autres méthodes plus brutales pour soumettre son épouse, des insultes, des menaces, des armes. Et il la viole, convaincu que c’est bien fait pour elle, qu’elle doit lui obéir et lui complaire en tous ses caprices sexuels.

Il rejette les jeux amoureux, les caresses, la tendresse, parce pour lui, un homme, il s’agit de choses sans intérêt.

Le viol est utilisé pour l’éloigner de situations qui la mettent en valeur, la relient à d’autres ou lui confèrent du prestige social. Il est utilisé aussi après les séparations qu’elle lui impose pour prendre distance, pour réfléchir à cette relation où elle ne se sent pas bien.

Par le viol, l’homme entend réaffirmer sa domination et renforcer la soumission de la femme.

Une femme fut violée par son mari durant trente ans, et la période de ces viols coïncidait avec: la mort de son père, ses premiers anniversaires après le mariage (par la suite elle décida de ne plus les fêter), avec la maladie et l’internement de son fils, avec sa première embauche et son contrat d’emploi définitif (elle démissionna par la suite), et enfin son retour à la maison après avoir passé dix jours chez sa mère suite à une " correction " qu’il lui avait infligée.

Autrement dit, chaque fois que la femme est au centre d’un événement, dès que son mari considère qu’on s’est occupé plus de cet autre être que de lui, dès qu’il le juge nécessaire pour la limiter dans l’action.

Le facteur commun de l’abus sexuel contre la petite fille et la femme au sein du foyer, c’est l’impunité dont jouit l’agresseur et l’idée de possession de l’enfant, de la jeune femme ou de la femme adulte, pour les soumettre sexuellement. Il s’agit ici d’un abus intrafamilial, où le dommage est plus grave dans la mesure où il s’agit d’une personne affectivement proche.

Lorsque l’abus ou le harcèlement ont lieu au travail, dans la rue, dans les lieux d’études ou autres, il s’agit alors d’une situation extrafamiliale.

Nous voulons faire du droit une lecture de genre

Nous avons consacré beaucoup de temps à travailler sur le thème du droit pour en élaborer une lecture alternative en analysant comment le droit évalue l’oppression des femmes: nous sommes en effet habituées à faire du droit une lecture de classe, mais pas une lecture de genre. Nous cherchons à comprendre comment la classe dominante dirige le pays et se situe dans le droit, compris comme un instrument de classe.

Nous voulons découvrir, non seulement le type de mécanismes que nous pouvons utiliser, mais aussi comment notre situation s’inscrit dans le droit.

Faits de violence - Expériences de thérapie

Un loup à la maison,
une colombe en rue
Begona Zabala

On connaît bien ce genre d'hommes qui sont charmants en public, mais qui battent leur femme à la maison; les bons pères de famille qui agressent et violent les femmes; les hommes qui ont d'excellents rapports avec tout le monde, sauf avec leur femme qu'ils violentent.

Cette dichotomie, nous l'exprimons en notre langue basque par : "un loup à la maison, une colombe dans la rue"...

Il ne s'agit donc pas du stéréotype de l'homme violent et frustré qui se bat avec tout le monde.

Trois "colombes"…
Estela Retamoso

Syndicaliste prestigieux, mais...

Je me souviens d'un cas que nous avons eu voici quelques années, lorsque nous vîmes arriver l'épouse d'un syndicaliste bien connu.

Quand elle se mit à nous raconter tout ce qu'elle endurait chez elle, nous fûmes nombreuses à penser "dans quel sac de noeuds vat-on s'engager", même si, bien sûr, nous allions l'aider. L'époux de cette dame était un camarade dirigeant de grand prestige dans le syndicat, elle voulait le dénoncer à la police et au syndicat. C'est là que la discussion a démarré. Comment donc faire cette dénonciation?

De plus, le syndicat en question était alors en pleine négociation de convention collective avec les patrons, on n'aurait rien pu trouver de pire pour la réputation du syndicat.

Il s'agissait d'un camarade tellement charmant avec ses camarades syndicalistes femmes que les gens n'en croyaient pas leurs oreilles, la plupart considéraient cette épouse comme une déséquilibrée.

Les milieux masculins ou mixtes, où existe un retard de conscience féministe, sont très réticents à prendre en compte ce type de cas. Nous avons finalement exposé les faits et lancé une discussion, d'abord au comité et ensuite, en assemblée.

En fin de compte, après un long délai, le syndicat demanda à ce monsieur de prendre un congé d'une certaine durée.

Il faut rechercher le soutien des personnes conscientes de ces questions dans les structures, puisque la violence contre les femmes existe y compris au sein des organisations de la classe ouvrière.

L'existence de commissions de femmes ou de genre contribue à la prise de conscience au sein de ces organisations; nous persistons à penser qu'elles sont utiles pour augmenter la "conscience de genre".

Deuxième cas: un "cher" présentateur

Un beau matin, nous voyons une femme s'approcher de notre maison. Elle venait chercher de l'aide car elle était victime de violence domestique mais elle était visiblement terrorisée à l'idée que son mari puisse apprendre qu'elle était venue.

C'était l'épouse d'un présentateur de T.V., très connu, très sympathique, très populaire. Avant d'avoir connu sa femme, il nous avait invitées dans son programme pour parler de la violence...

Troisième cas: ces Messieurs de l'Ambassade...

La secrétaire de l'Ambassade avait été maltraitée et se retrouvait avec la mâchoire cassée. Au cours d'une discussion mi-sentimentale, mi-professionnelle, elle avait contredit son chef qui l'avait alors maltraitée.

Nous nous rendîmes à l'Ambassade pour l'assister parce qu’ils ne nous donnaient que peu d'explications par téléphone; ils vinrent nous chercher et nous ramenèrent au siège de notre organisation après que nous ayons emmené la victime à l'hôpital.

On ne peut plus faire confiance en personne, nous dit la voisine...

Une expérience de thérapie au Canada
Francine Dal

Au Canada, au Centre Pinel, les pères et les pédophiles se réunissent pour parler de leur problématique. Ils font un travail assez merveilleux. Lorsqu’il y a un nouveau cas d’abus sexuel, c’est un ex-père incestueux qui a fait toute une thérapie, un travail sur lui-même, qui va prendre contact avec le nouveau signalement, avec le père en lui disant : " Moi aussi, je suis un père incestueux. Je veux vous voir, je veux parler avec vous, je sais comment vous vous sentez, je connais vos difficultés : on doit en parler ". Et ils arrivent à un travail assez positif.

Mais tous les hommes ne sont pas violents et ce sont ces hommes non-violents qui devraient réfléchir à la problématique de ces autres hommes. Se demander par exemple en ce qui concerne l’abus sexuel intra familial, comment il se fait qu’un père ne sait pas se mettre des limites. Entre eux, ils trouveront plus facilement une solution de la même manière que des femmes ont pu convaincre d’autres femmes de se faire aider. Si les hommes pouvaient réfléchir à leur position dans la société, ils pourraient peut-être toucher plus facilement les autres hommes.

Les hommes deviennent de plus en plus opprimés par les situations, par les associations de femmes et ils se révoltent encore plus, deviennent encore plus agressifs. Je ne crois pas que c’est la solution, ils doivent réfléchir à leurs problèmes aussi. Au Canada, cela fonctionne. Aux Etats-Unis, des programmes de thérapie à long terme travaillent aussi sur la problématique d’inceste et de pédophilie sur la même base: des groupes d’hommes qui contactent les hommes violents et je pense qu’ils arrivent à des résultats.

J’ai des doutes
Denise Comanne

Des intervenantes ont expliqué que ce n’était pas des associations de femmes qu’il fallait créer mais des associations d’hommes. Ce type d’association a le mérite de quitter la position défensive, de ne pas seulement traiter le problème entre femmes, une fois qu’il a été posé.

Quand les hommes se posent ensemble le problème de leur violence, on peut imaginer que l’on passe à l’offensive par rapport au problème réel de la violence masculine.

Mais si l’on considère un autre type d’oppression, on ne peut pas imaginer que des patrons vont se réunir par exemple pour se demander comment ils vont mettre fin à l’oppression par rapport au prolétariat. Dans ce cas, ils quitteraient leur position de patrons oppresseurs. N’est-ce pas utopique de penser que des hommes réfléchissent à leur oppression sur les enfants et sur les femmes, par rapport au parallèle que je fais ou est-ce vraiment réalisable ? Et est-ce plus réalisable dans certaines parties du monde, dans le Nord ou dans le Sud ? Je me pose la question parce que l’on a parlé de cette association pour l’Ouganda et que je n’ai jamais entendu parler de cela en Belgique. Je n’ai jamais entendu dire que des hommes se réunissaient, ou que des associations proposaient, essayaient que des hommes se réunissent pour parler de ce problème-là entre eux.

On pourrait néanmoins, en continuant la réflexion, argumenter qu’un patron qui renonce aux postulats capitalistes n’est plus à proprement parler un patron mais qu’un homme violent qui consent à une thérapie et marque des points contre son fonctionnement patriarcal, reste un homme. C’est là la grande différence entre les deux types d’oppression qui permet de penser à l’existence d’un homme débarrassé des conditionnements néfastes du patriarcat tout en assumant sa personnalité d’homme.

Les femmes ne sont pas des malades masochistes 
(Mexico City)
Patricia Duarte

Les femmes ne sont pas des malades qui restent là, à attendre qu’on les viole.

Il s’agit en fait d’un problème plus structurel qui est lié à ce qui se passe en elles, mais également à leur entourage. Prenons par exemple une institution comme le Parquet de la République: ils ont défini la plupart des politiques publiques sur la violence contre les femmes sous l’angle de la victime. Un article de la Constitution, l’article 20, porte sur la question de la victime, avec tout un cadre. Mais si nous entrons dans cette démarche, il sera impossible par la suite de sortir de cette situation de victime.

Nous n’avons pas affaire à des victimes

Voici cinq ans que, pour la première fois, nous avons commencé à nous dire que ce n’est pas à des victimes que nous avions affaire. C’est très dur de dire ça à des femmes dont on a abusé sexuellement, des femmes violentées.

Nous ne voulons plus continuer à traiter des femmes qui se considèrent comme des victimes et agissent comme telles. Nous voulons que les femmes reconnaissent qu’elles sont en train de traverser un moment " x " de leur vie, où elles ont souffert d’un abus sexuel, de l’abus personnel de leur mari. Mais cet abus ne les transforme pas en victimes permanentes, ce qui arrive quand on adopte le discours sur la victime qui est celui de la Justice, ou encore un discours médicalisé sur le mode: " Pauvres petites, elles sont malades, il faut les guérir de leur masochisme intérieur ".

Une ONG qui s’est détachée de ces liens avec le monde judiciaire et le monde médical, a les moyens d’influencer d’autres personnes pour y réfléchir.

Mais si les femmes qui ont subi des violences ne sont pas des victimes, que sont-elles donc?

Ce sont des femmes qui sont en train de subir la violence, mais elles peuvent aujourd’hui choisir de sortir de cette situation. En d’autres termes, il s’agit d’un état purement transitoire.

Si on ne le considère pas comme un état qu’il est possible de changer, il sera effectivement très difficile que cela change. Si tu te perçois comme victime, tu vas aller demander de l’aide en tant que telle, et tu pourras même capitaliser sur ton état. La psychologie nous éclaire à juste titre sur les compensations secondaires liées à l’acceptation du statut de victime, c’est un piège difficile à éviter. Ce que tu dois donc expliquer, c’est que la situation peut changer.

Ici nous travaillons avec les femmes, nous ne travaillons pas avec les mâles violents, et nous ne le faisons pas parce qu’il ne s’agit pas d’un problème à deux faces, mais bien d’un problème à faces multiples. C’est un polyèdre où tu trouves l’Etat, l’Eglise, l’éducation, la famille, etc... Il est donc beaucoup plus complexe de travailler avec cette analyse-là, tu dois être toujours beaucoup plus attentive.

Le pire des crimes, c’est la mort

Pendant très longtemps, le mouvement féministe a soutenu que le pire des crimes que l’on pouvait commettre contre une femme, c’était un viol sexuel. C’était le discours des années 79, 80. Maintenant, nous disons: " ça suffit ". Ce qui peut t’arriver de pire, c’est qu’on te tue parce qu’alors, il n’y a plus aucun moyen de changer la situation. C’est ça le pire des crimes.

Le viol, on peut y remédier. Il y a eu beaucoup de discours aussi selon lesquels la violence sexuelle ou la violence dans l’enfance laisse des traces indélébiles. Si tu affirmes cela, c’est alors en tant que victimes qu’elles devront se plaindre. Elles ne comprendront pas qu’il en va pour le viol comme pour bien d’autres choses dans la vie qui te marquent mais qui ne t’empêchent pas de poursuivre sur ta propre trajectoire.

VV pour Victoire de la Vie 
et non pour Victime de la Violence
Patricia Camacho

Une nouvelle culture de vie en société harmonieuse dans les domaines public et privé, qui contribue à la mise en place d’un ordre mondial fondé sur l’équité, la liberté, le respect de la diversité, un ordre fondé sur la justice, exige la remise en question des conceptions traditionnelles sur la façon de traiter les personnes en situation de violence.

Il faut passer de la condition permanente de " victime " à la notion de " personne en situation de violence ".

Une enquête réalisée par COVAC, sur base d’un échantillon de 3.300 interviews de femmes et d’hommes de divers niveaux sociaux, entre 18 et 65 ans, démontre, qu’au niveau national:

- parmi les membres de la famille qui ont subi une maltraitance physique, psychologique ou sociale, 82% sont des enfants.

- 21% de ces mineurs ont subi un viol

- 28% des mères

- 13% des autres femmes de la famille (filles, nièces, cousines, etc.)

Pour ce qui concerne la maltraitance des femmes:

- 81% sous forme physique, les conduisant parfois à la mort

- 42% avec coups sur le corps

- 32% avec viol sexuel

- 28% avec des coups au visage

- 76% avec violence verbale

- 42% par des cris

- 23% par des insultes et des grossièretés

Presque dix ans après la création de COVAC, le parquet du District Fédéral a créé le Centre de Guidance pour la Violence Intrafamiliale (CAVI), qui, entre octobre 1990 et juin 1997, a suivi 104.781 personnes, avec 1.294 personnes traitées chaque jour.

Les données du CAVI révèlent que sur 100 personnes maltraitées, plus de 90 sont des femmes:

- 55,3% des cas de violence intrafamiliale s’exercent contre des personnes entre 18 et 34 ans

- 72% des victimes sont mariées ou concubines

- 57,4% des victimes ont suivi une scolarité de niveau primaire ou secondaire

Autres données du CAVI: 70 victimes sur 100 sont agressées par le conjoint:

- 53,3% des victimes ont subi une maltraitance physique et psychologique

- 30,3% des victimes ont subi une maltraitance physique, psychologique et sexuelle

- 14,8% des victimes ont subi une maltraitance psychologique

- 1,6 % des victimes ont subi une maltraitance psychologique et sexuelle

Idées reçues et préjugés
Estela Retamoso

Il existe beaucoup d’idées reçues qui préparent le terrain jour après jour pour la violence contre la femme.

Il y aurait chez les femmes un certain masochisme, certains fantasmes de jouissance et chez les hommes, un certain sadisme; il y aurait des femmes qui collaborent au lien sadomasochiste de la maltraitance et qui viennent se plaindre ensuite.

Les hommes seraient par nature violents, l’amour serait souffrance, les viols se passeraient toujours dans des lieux éloignés et obscurs et c’est toujours un inconnu qui nous agresserait.

Les femmes ne resteraient pas " à leur place ", ce sont donc elles qui le chercheraient. Cela n’arriverait que chez les pauvres, etc.

Ces idées reçues sont très nombreuses, elles figurent souvent dans des chansons, des refrains, des dictons populaires. En dernière instance, elles font partie des croyances négatives des communautés, enseignées comme autant de vérités, et contribuent à faire considérer la violence comme naturelle et les femmes comme complices.

Les contes pour enfants, l’incapacité acquise à se défendre, cela dès l’enfance, les histoires personnelles des victimes de diverses situations de violence, l’attitude de certaines institutions comme la police, la famille, l’Eglise, l’Etat, font que ces situations se perpétuent sans trouver de véritable solution.

La peur des femmes

Ce qui est valorisé est inséré dans nos cadres sociaux, culturels, dans le cadre du statu quo ; on le récompense, on le met en avant, on le reproduit, on l’enseigne. C’est ce que notre culture préserve. Ce qui n’est pas valorisé, c’est notre apport de femmes. Et ce qui n’a jamais été valorisé, est passé sous silence, nié, écrasé.

L’angoisse est organique...

C’est ainsi que nous organisons nos vies, nos rapports, nos travaux et que nous acceptons comme des lois intangibles celles qui tendent vers ce qui est valorisé. Nous avons des emplois qui ne nous plaisent pas, nous avons des problèmes, nous sommes opprimées et violentées. Cela reste dans notre tête et nous conduit toujours à des situations de dévalorisation. La dévalorisation nous apporte l’insécurité; et l’insécurité, les angoisses.

Nous, les femmes, éprouvons beaucoup d’angoisses dans notre vie. L’insécurité de ne pas être valorisée, nous fait souffrir dans notre image et notre auto-estime.

Dans les témoignages de femmes victimes d’une ou l’autre forme de violence, la peur est toujours présente. Il en va de même pour celles qui n’ont pas encore vécu de telles situations. Il faut reconnaître que la peur fait partie intégrante de la construction de la culture. On nous apprend à ne pas être capable de l’intégrer pour la dépasser.

Il serait utile de faire la différence entre la peur qui nous paralyse, les peurs acquises, et la capacité humaine de pressentir les dangers et se mettre en état d’alerte. Ce système que nous possédons tous, ne fonctionne pas pour nous femmes précisément dans les moments les plus importants.

Nous ne réalisons pas que nous sommes en situation de danger et que nous devons fuir ou lutter. Nous perdons la capacité de ressentir le danger par tous nos sens.

L’agresseur distingue et reconnaît notre situation de peur, il la met à profit pour nous soumettre et perpétuer la maltraitance.

Beaucoup de femmes qui ont pratiqué des ateliers d’autodéfense, se sont rendu compte qu’elles avaient assez de force pour se défendre. D’autres ont pu crier alors qu’elles en auraient été incapables auparavant. Ou bien elles ont couru, ou bien elles ont carrément affronté les agresseurs en défendant leur espace.

La peur, si nous la reconnaissons, nous pouvons l’intégrer, et c’est le mieux: l’intégrer pour la dépasser.

Les femmes qui souffrent d'une crise de panique

Elles sont dominées par l’angoisse. Avec les symptômes suivants: difficulté à respirer, sensation d’étouffement, malaises ou syncopes, accélération du rythme cardiaque, fortes transpirations, tremblements ou tics, nausées ou douleurs abdominales, sensation de perte de réalité du monde extérieur, sensation de fonctionner comme un automate, paresthésies ou sensations de fourmillement, chauds et froids, douleurs thoraciques, peur de mourir, peur de devenir folles.

Face aux stimulations d’angoisse: les pupilles augmentent de diamètre, le nerf optique envoie la sensation d’angoisse au thalamus, l’hypothalamus déclenche la production d’ACTH et de neurotransmetteurs, l’hypophyse stimule la synthèse d’hormones surrénales, le thalamus envoie les sensations d’angoisse au cortex cérébral, l’amygdale coordonne les réactions d’angoisse psychiques et physiologiques, l’hippocampe transmet la menace à l’amygdale, le cortex cérébral fait appel à la mémoire, les muscles de la mâchoire se tendent, la peau et les cheveux se hérissent (chair de poule), le sang se retire de la peau qui pâlit, l’activité des glandes sudoripares augmente, l’hypophyse libère de l’ACTH qui stimule la glande surrénale qui libère du cortisol, les muscles des bras se tendent, les bronches se gonflent, le coeur bat plus rapidement, le foie augmente le taux de sucre, le pancréas réduit la production d’insuline et augmente le taux de sucre dans le sang, l’intestin se contracte et stimule la défécation, la vessie stimule l’envie d’uriner, les organes sexuels interrompent la production d’hormones.

C’est-à-dire que quand nous percevons l’agression, notre organisme se prépare pour la réaction. Lorsque nous disons qu’une femme ou une fillette a peur, ce qui l’empêche de transformer la situation, nous pouvons mieux nous rendre compte de ce que cela signifie à l’énoncé de ces modifications internes.

Quelques repères
Graciela Retamoso

Nous essayons maintenant de faire la synthèse des divers symptômes et signaux repérés dans une population de 100 victimes qui ont fréquenté notre service de Luna Nueva.

Nous les regroupons en symptômes physiques et psychiques pour une description plus claire, en sachant bien que les uns et les autres sont intimement liés.

- Le physique:

Au point de vue endocrinologique et nutritionnel, nous avons rencontré une musculature insuffisante, une taille et un poids fort en-dessous de la moyenne, des perturbations du cycle menstruel, avec des périodes d’aménorrhée (absence de menstruation), et parfois des perturbations liées à une grossesse. La grossesse est à haut risque, non seulement à cause des pathologies qu’elle peut présenter, mais aussi en raison de l’entourage que pourront trouver mère et bébé.

Les perturbations nutritionnelles se combinent à l’abandon des habitudes alimentaires, les gastrites, les ulcères.

- Au point de vue immunologique:

On note des infections fréquentes, des perturbations respiratoires, des eczémas sur la peau, des herpès de type 1 et 2, liés à une déficience du système immunitaire.

Le stress est souvent à l’origine de disesthésies cutanées, c’est-à-dire anesthésie ou douleurs sans explication neurologique.

Le stress peut également entraîner des perturbations de la voix, des disphonies, des diminutions de l’amplitude vocale, la chute des cheveux. Les perturbations du sommeil sont fréquentes en raison de l’altération du rythme circadien (heures de sommeil et de veille adéquates).

Les lésions sont du ressort médico-légal, ce qui n’implique pas qu’elles soient toujours bien diagnostiquées ou prises en considération lorsqu’il y a procès civils ou pénaux.

- Au plan psychologique:

Il y a des troubles de l’identité, avec distorsion de la vision de son propre être au monde, ce qui constitue le syndrome de l’incapacité acquise à se défendre.

Cela se traduit par un regard atone, des conduites de fuite, le manque d’hygiène personnelle, le manque de désirs, l’absence d’opinions, la diminution de l’estime de soi, une peur chronique, des sentiments de culpabilité et de responsabilité.

Cela peut conduire à la folie ou au maintien de liens affectifs nocifs et évoluer en consommation de drogues et de psychostimulants, ou en prostitution avec le risque de contracter le SIDA.

Il peut apparaître des retards scolaires, des difficultés à l’apprentissage, ou l’abandon des études et d’autres activités.

Les medias et la violence de genre
-

Les medias renforcent les stéréotypes
Estela Retamoso

De même que nous rencontrons des synergies qui nous aident à résoudre, à rechercher des alternatives à la violence, nous en voyons d'autres qui au contraire consolident les préjugés négatifs, renforcent les stéréotypes de la femme opprimée et consommatrice.

Voici quelques années, on voyait, au Brésil, une publicité pour une robe d'intérieur d'une marque bien connue, Milus. On y voyait diverses scènes qui suggéraient des situations de violence. Le slogan était : "la femme qui porte Milus aime être violée". On voyait surgir, près de la jeune femme revêtue de sa robe d'intérieur, une main noire masculine, celle du violeur supposé, avec en outre des connotations racistes.

Cette publicité n'est pas isolée : il y en a une autre où la femme s'accrochait aux jambes du violeur supposé, comme enamourée, toute dépeignée, lui les vêtements en désordre et le pantalon ouvert, et portant des gants noirs. Le slogan était semblable, sauf qu'ici la promotion portait sur la marque du jean du jeune homme "irrésistible".

Le mouvement des femmes organisa des manifestations en face de l'usine, exigeant que l'on transforme le contenu de la publicité.

En Uruguay, un premier Mai, la Commission Centrale de Presse et Propagande du Syndicat ouvrier décida d'imprimer une affiche, dont le slogan attaquait le gouvernement et les mesures de répression économiques et politiques. Une des idées-clé était que les travailleurs ne se vendaient pas malgré la misère. Le dessin, c'était une jambe de femme avec une jarretelle évoquant un corps de prostituée

L'affiche fut aperçue par hasard, juste avant d'être imprimée, par une camarade de la Commission Permanente des Femmes de la Centrale : c'est alors que la bagarre a démarré. Nous avions compris la dépense qu'impliquerait la réalisation d'une autre affiche, dans la mesure où la Centrale faisait un tirage pour tout le pays, nous comprenions que l'envoi allait être retardé, comme les autocollants, tous les problèmes administratifs et pratiques, mais nous ne pouvions pas permettre que cette affiche sorte, au moment, en plus, où se discutait la possibilité ou non de l'adhésion à la Centrale de l’Union des camarades prostituées. Finalement, après une bataille interne très dure, une autre affiche fut réalisée, avec la participation d'une camarade dans le groupe de travail, qui incluait les revendications spécifiques des femmes au travail.

Il ne se présenta plus jamais de problèmes de ce type en matière de propagande, ce fut un cas exemplaire aux yeux de tous.

Les messages publicitaires sont importants parce qu'ils font partie de notre culture. Au travers de cette transmission de valeurs sociales et sexuelles, par ces publicités, se renforce l'idée que nous, les femmes, aimons être violentées, malgré toutes nos dénégations. Que nous nous habillons toujours de manière provocante, ou que nous disons non au début mais que nous acceptons toujours par après. Ou que nous sommes à vendre, que nos corps ne sont qu'une marchandise de plus du système.

Rejet des cultures indigènes
Silvia Jaldin Vargas

Il existe dans notre pays (Bolivie) un fort pourcentage d'analphabètes parce que nous n'avons pas d'accès à l'enseignement, même pour les études primaires. En plus, on assiste à un certain rejet des langues indigènes, les gens qui recherchent un emploi sont obligés de parler l'espagnol pour travailler dans les villes.

L'image de la femme que nous voyons à la télévision, c'est la femme nord-américaine typique, blonde, grande, qui n'a rien à voir avec notre femme indigène. Mais la télévision et la radio continuent à être les médias les plus populaires, les gens n'achètent pas les journaux parce que ça coûte un demi-dollar et que, de toute façon, la plupart des gens ne savent pas lire.

Aux informations, on rapporte un grand nombre de cas de femmes violées et maltraitées. Les droits à la sexualité épanouie, au plaisir, ne semblent pas concerner les femmes boliviennes.

Les moyens de communication véhiculent la violence
Binta Sarr

Certains médias véhiculent une image négative de la femme. La femme est présentée comme un objet d’une valeur marchande. Au niveau des radios, la plupart des émissions servent à perpétuer la soumission à l’homme, à fixer l’idée de la femme bonne ménagère au foyer. Dans la plupart des émissions, surtout de théâtre, la femme joue soit le rôle de l’épouse soumise, soit celui de la méchante sorcière, hypocrite, qui trahit son mari. " Il ne faut jamais faire confiance à une femme " : ce dicton d’un philosophe sénégalais est illustré au travers de ces programmes de théâtre, radiophoniques ou télévisés, qui sont suivis par des millions de personnes. Beaucoup d’émissions montrent aussi des femmes en polygamie sans guerres internes avec les autres épouses, femmes heureuses et soumise qui disent oui à tout.

Au Sénégal, nous avons la chance d’avoir une journaliste à la télévision nationale qui présente une des meilleures émissions " Pasteef " sur la femme et le développement. Cette animatrice, Arame Diop, part des contraintes et des difficultés rencontrées par les femmes dans leurs différents secteurs d’activité. Par la réflexion, elle invite un groupe pluridisciplinaire à identifier les axes de stratégie et les opportunités pour améliorer la situation de la femme sénégalaise.

Au niveau de l’APROFES, par le biais de l’éducation au développement, nous développons une série d’activités comme le théâtre d’intervention populaire, la production de films vidéo, des causeries participatives et des conférences publiques. L’objectif de ce programme d’information, d’éducation et communication est de développer une image réelle et positive de la femme sénégalaise, de l’encourager à élever son niveau d’information sur les thèmes relatifs à la citoyenneté, l’accès aux ressources et à la formation ou sur d’autres préoccupations comme les problèmes de santé reproductive, la stérilité, la polygamie, la violence faite aux femmes.

Aujourd’hui, nous réfléchissons à la mise en place de nos propres moyens de communication alternative, en langue nationale, à la mise en place d’un espace de communication où nous serions avec les femmes quand elles travaillent à la maison, pour une prise en charge réelle des besoins et des préoccupations des femmes en matière de communication.

Médias : une expérience alternative
Le réseau latino-américain et européen " Aqui nosotras "
Kelly Mercado

" Aqui Nosotras " est un espace de rencontre et de coordination des activités. Il est composé de femmes latino-américaines et européennes; nous animons une radio alternative à Bruxelles (Belgique).

Les programmes ont été très bien accueillis. Nous avons des émissions en direct où les auditeurs peuvent intervenir, nous faisons des propositions, des enquêtes. C'est un projet alternatif, autofinancé par toutes celles qui ressentent sa nécessité. Le programme comporte des émissions culturelles, politiques, sociales, et de la musique. C'est bon de pouvoir entendre la vraie musique du pays d'origine. Nous relayons et contribuons à la diffusion des initiatives de la Commission des Sans-Papiers (Collectif Contre les Expulsions). Ainsi que d'autres actions, des marches et initiatives internationales de femmes. Nous participons au Réseau de Communication d'Amérique Latine.

Une des contributions les plus importantes est l'échange entre femmes du Nord et du Sud. On explique nos espoirs, nos difficultés. Un des thèmes centraux de notre campagne est la violence, nous avons consacré plusieurs émissions à cette question. Nous avons reçu des appels à l'aide, des témoignages, des dénonciations de faits de violence. Nous souffrons ici, nous les femmes latinos, de violences spécifiques, comme nous l'ont expliqué nos auditrices. La radio touche beaucoup plus de monde que la télévision.

S’appuyer sur des recommandations européennes 
pour réduire les messages sexistes
Françoise Mulfinger-Vaupré

Il faut envisager les mécanismes de l’interaction au niveau international européen, aux niveaux nationaux et les fonctions des ONG qui participent comme groupes de pression, pour appuyer les mouvements et vérifier qu’on applique ce qui a été décidé à cette échelle. Il est intéressant de prendre en compte les recommandations élaborées par la Commission européenne et d’examiner ce qu’il en advient.

Parmi les mesures prises par les gouvernements, les actions nationales et internationales et les mesures d’investigation, un des points est d’étudier les effets des stéréotypes sexuels transmis par les moyens de communication, spécialement les stéréotypes de la publicité qui renforcent les violences faites aux femmes et l’inégalité entre les sexes. On étudie aussi la manière dont les différences d’âge sont transmises à la radio et à la télévision pour générer des discriminations.

En 1995, l’Union européenne adopta une résolution qui implique des organes de régulation des télévisions et des radios dans les quinze pays membres. Il est clair que nous parlons de " recommandations " et non de " directives " mais nul doute qu’elles aident. Sur la base de cette résolution, les organisations non gouvernementales et les groupes d’autorégulation agissent différemment d’un pays à l’autre.

Par exemple, en Suède, les organisations portent plainte en justice pour faire interdire un certain type de publicité : là, l’existence d’une démocratie directe aide plus à réaliser une action d’autorégulation.

En Belgique aussi, il y a deux ans, une publicité d’eau minérale montrait des images de femmes avec des capsules de bouteilles au bout de leurs seins. Les femmes exercèrent une pression pour faire retirer la publicité. Pour les uns, il s’agissait simplement d’une blague ; pour d’autres, ce n’était rien de grave, cela ne portait pas à conséquences. Mais pour celui qui voit la relation qui existe entre la fonction de nourricière de la femme et comment la firme se substituait à cette fonction, l’image pouvait être dégradante. Les groupes de femmes expliquèrent cette position dans les organes régulateurs et la publicité fut retirée.

Ces exemples montrent que si une organisation est convaincue qu’elle a tout intérêt à utiliser les engagements internationaux et nationaux existants, elle bénéficie d’une synergie (et contribue à créer cette synergie) qui permet des avances. Une action n’exclut pas une autre et les actions combinées peuvent avoir plus d’effets.

L’image positive de la femme a été l’objet de discussions lors d’un séminaire. Comment est la femme que nous désirons montrer, quelle image désirons-nous renforcer. Une des idées les plus importantes qui ont surgi, c’est que nous ne désirons pas seulement montrer notre réalité actuelle, mais que nous désirons aussi faire percevoir notre potentiel. Ce que nous pouvons arriver à faire. Notre richesse en tant qu’êtres humains.

ROLE DU DROIT

Les femmes, le mouvement féministe et la législation
Begona Zabala

Je vais commencer par une contribution générale, puis, à la lumière de trois cas spécifiques, je développerai le débat qui s’est tenu dans le mouvement féministe de l’état espagnol.

Nous nous inscrivons dans une tradition de droit très spécifique, la tradition française ou romaine, qui concerne l’Etat espagnol, la France et l’Amérique du sud, mais qui a peu de choses en commun avec la tradition juridique anglo-saxonne.

Nous ne devons pas nous laisse hypnotiser par les discours juridiques, car il faut tenir compte pour chaque pays de la façon dont cette tradition est mise en oeuvre, si on juge par le moyen de tribunaux, si la justice est très ou peu professionnalisée, quelles autres acteurs interviennent, et dans quel modèle de domination on se trouve.

Comment construit-on un homme violent

Même si on peut constater une évolution positive au niveau de l’éducation, les messages que les hommes reçoivent vont généralement dans le sens de la négation des émotions, la négation de l'expression, dans le sens de stimuler la compétition. Ne pas pleurer, être fort, audacieux, sûr de soi, rigide, dur : telle est la meilleure recette pour produire et contrôler des hommes violents, insensibles, fermés.

Les hommes apprennent à ne pas supporter les engagements affectifs, l'intimité douce et tendre. Leur conception de l'amour implique la possession émotionnelle, physique et sexuelle, implique d'imposer une plus grande discipline à ses enfants et à sa femme, parce que " il faut bien les éduquer. "

Nous vivons dans un droit absolument masculin

On utilise toujours un langage au masculin. Les concepts de référence, ce sont les hommes.

Le droit est pensé, écrit et conçu pour un sujet masculin. Le sujet est un homme, un homme seul, adulte, et bien entendu un sujet national. On ne pense ni aux femmes, ni aux personnes qui n’ont pas la nationalité, ni aux personnes jeunes.

L’institution tourne autour de l’homme, c’est lui qui parle, c’est lui qui commet des délits, c’est le père de famille, supposé bien sûr être bon et conforme à la conduite attendue, c’est lui qui travaille.

Le sujet de notre droit, et les présupposés philosophiques qui le modèlent, sont masculins.

Le sujet de la révolution française, celui que l’on voit sur les images, est masculin et c’est lui qui disposait du droit de vote, non pas la femme.

Le sujet politique citadin

 


Précédente Accueil Remonter Suivante

up