CFEP - Centre Féminin d’Education
Permanente - Bruxelles/ Belgique
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TRAVAIL DOMESTIQUE, MARIAGES BLANCS, ADOPTION : QUAND LES
BIENFAITEURS SE REVELENT EXPLOITEURS.
Madame
Gaëlle PERIO, journaliste.
Travail sur le trafic des êtres humains, tourisme sexuel
et pédophilie.
L’adoption
De plus en plus d’histoires d’adoption s’apparentent à un vol
car l’enfant est malheureusement devenu une marchandise rentable.
L’acte d’adoption, dans nos sociétés, est rarement remis en cause.
Il est souvent jugé exemplaire ou généreux. Ainsi lorsqu’on adopte
un enfant, il s’agit souvent d’un enfant étranger à la famille
biologique, venant souvent d’un pays étranger, d’une autre culture
et d’une autre couleur de peau mais qui devient votre enfant avec les
mêmes droits qu’un enfant biologique. Et surtout on se dit qu’un
enfant que l’on accueille dans sa famille est un enfant que l’on
arrache de l’enfer de l’orphelinat.
Pourtant les motivations des adoptants sont souvent moins claires et
louables qu’il n’y parait au premier abord.
La procédure
Définition : Selon les Nations Unies, l’adoption est une
pratique sociale, institutionnalisée par laquelle une personne
appartenant par la naissance à une famille ou à une parentèle devient
membre d’une autre famille et acquiert par-là les mêmes droits et
devoirs qu’un enfant biologique.
Dans tous ces cas là l’adoption est une histoire à trois inconnues.
Les parents biologiques, les parents adoptifs et l’enfant.
Entre ces trois identités se mêlent les nombreux intermédiaires, plus
ou moins honnêtes, ainsi que des avocats, des médecins, des religieux,
du personnel consulaire, des juges, …
Désormais dans la plupart des pays occidentaux, les parents adoptants
sont soumis à une commission d’agrément, qui va juger de leur
habilité à devenir adoptants, suite à différents entretiens avec un
médecin, un psychiatre et des travailleurs sociaux.
Pour la Belgique, la commission décide au bout de 6 mois.
Tous les mois, les parents rencontrent un travailleur social, un médecin,
un psychiatre, et feront l’objet d’une enquête sociale fouillée,
qui devra déterminer les raisons de la demande d’adoption.
En France, 90% des demandes sont acceptées.
Pour les familles qui se voient refuser cet agrément au bout de 9 mois,
un recours devant le tribunal administratif reste possible.
Bien souvent de peur d’arriver devant le tribunal administratif, les
autorités donnent cet agrément.
On est dans une situation assez absurde.
C’est ainsi par exemple qu’il arrive que l’on accorde l’adoption
d’enfants étrangers à des parents de 60 ans alors que dans le cadre
d’un conseil de famille ( ensuite du décès des parents, de leur
absence ou de leur incapacité à éduquer) aucun juge n’accepterait
de confier les enfants (nationaux) concernés à un couple de cet âge.
Des cas similaires sont relevés en Belgique auprès de l’ONE.
L’adoption nationale existe, mais il y a peu d’enfants adoptables
par rapport à la demande car les campagnes de prévention des
naissances ( contraception)
et le recours à l’avortement est possible.
En Belgique comme en France, si vous mettez votre enfant en adoption,
vous avez 2 mois qui vous permettent de revenir sur cette décision.
De plus une priorité est donnée aux couples jeunes et stériles.
L’Adoption internationale : En France 2/3 des enfants
adoptés viennent de ce grand champ d’adoption.
Pour ce faire, les parents adoptifs peuvent soit passer par une filière
libre (ils se rendent sur place et traitent directement avec
l’orphelinat), soit passer par des organismes agréés qui délivrent
un enfant « clé sur porte. »
Quelle que soit la filière choisie, le délai est de 2 ans ½ entre la
première démarche et l’arrivée de l’enfant.
Pour éviter les dérives, La convention de La Haye a été signée le
29 mai 1993.
Les pays signataires s’engagent à valider toute adoption
internationale via un organisme central.
Toute adoption doit passer, par un seul organisme, dans le pays de
l’enfant adopté et des parents adoptants.
En France, pays qui a ratifié cette convention, l’agrément est délivré
par le gouvernement.
L’organisme agréé envoie votre dossier à la mission pour
l’adoption internationale, dépendante du ministère des affaires étrangères,
qui va gérer votre dossier.
En Belgique où la convention ne s’applique pas encore ( la Belgique a
signé mais n’a pas ratifié cette convention) existe
une multitude de petits organismes qui gèrent l’adoption mais
pas d’organisme central de vérification.
Si un pays partenaire n’est pas encore signataire de la convention,
une « Convention Bilatérale » peut être élaborée ( ce
fut le cas, récemment, entre la France et le Vietnam.)
La convention Franco-Vietnamienne reprend les principes du traité de La
Haye mais n’est applicable qu’aux adoptions entre ressortissants de
ces deux pays.
En 1999, le Vietnam fut le 1er pays « producteur »
d’enfants adoptifs pour la France.
L’adoption d’enfants vietnamiens semble très facile.
La France s’est inquiétée des pratiques douteuses des partenaires
qui demandaient des sommes faramineuses aux parents adoptifs ou qui leur
fournissaient des dossiers incomplets entraînant des situations
juridiques inextricables.
Parfois, c’est le consentement des parents biologiques qui n’étaient
pas très clair ou le dossier médical des enfants qui était incomplet
( les parents adoptifs n’étaient pas avisés par exemple, de ce que
l’enfant souffrait de malnutrition et qui risquait de ne pas supporter
le voyage)
Certains parents rentrant en France avec leur bébé n’arrivaient pas
à passer la frontière vietnamienne ou encore, certains bébés étaient
finalement renvoyés seul au Vietnam.
Les fantasmes du pédophile et les trafics d’organes:
Adoption en vue d’exploitation sexuelle :
C’est au Vietnam qu’un pédophile belge est parti adopter son enfant
de 1mois.
L’homme qui était enseignant dans un institut bruxellois, a été arrêté
en août 1996, (durant l’affaire Dutroux), pour viol et attentat à la
pudeur avec violence sur mineur de moins de 14 ans.
Selon les gendarmes, l’homme qui sévissait sur ses élèves et également
dans une troupe de louveteaux, il aurait aussi abusé de son fils
adoptif dès l’âge d’un an.
Notons que peu de pays acceptent qu’un homme célibataire adopte un
enfant.
Ces cas particulièrement tragiques et douloureux sont exceptionnels
selon INTERPOL, car selon la police, le raisonnement du pédophile est
le suivant : « pourquoi s’encombrer d’un enfant à demeure,
qu’il faut adopter, soigner, nourrir, scolariser,, alors qu’il y en
a tant partout, dans les parcs, chez les voisins.
Trafic d’organes impliquant des enfants :
D’un point de vue médical, il est extrêmement difficile de trouver
un donneur compatible avec un receveur. Rappelons-nous les différences
morphologiques liées à la croissance entre deux enfants ? Il est
pratiquement impossible de trouver un enfant dont les organes
correspondent parfaitement avec ceux d’un autre enfant. Selon toujours
des sources policières, basées sur le bon sens ; « c’est
trop compliqué que pour être rentable. Or ce que veut un trafiquant
d’organes, c’est gagner beaucoup d’argent et le plus vite possible ».
Bien que le trafic d’organes soit dénoncé régulièrement par les
Nations Unies, aucun fait de cette nature, concernant des enfants, n’a
été établi.
Le trafic d’organe provenant d’adultes consentants existe réellement.
Adoptions à la limite de la légalité :
Trafic d’enfants en vue d’adoption :
Ce trafic existe bel et bien, mais de façon bien moins décelable et
moins scandaleuse.
L’enfant est devenu un produit qui répond à des critères et qui a
son prix.
Par l’intermédiaire d’agences américaines, on peut choisir sur
catalogue ou directement sur Internet.
Les enfants qui présentent un petit handicap sont proposés
moyennant rabais.
Sur Internet, existent des catalogues qui vous permettent de choisir le
pays, l’origine ethnique, la couleur de peau, le sexe, l’âge, la
couleur des yeux, la religion de l’enfant que vous désirez adopter.
Ce marchandage sordide s’explique parce qu’il existe une énorme
différence entre l’offre et la demande.
Ce que cherchent les parents adoptifs, c’est un bébé blanc, en bonne
santé et si possible qui leur ressemble.
Or ce bébé idéal ne peuple pas les orphelinats. La plupart des
enfants adoptables dans le monde ne sont plus des bébés. Ils ont vécu
longtemps dans des institutions.
Aux Philippines par exemple, le gouvernement
cherche à tout prix à retrouver la famille biologique de
l’enfant afin de le garder dans son milieu d’origine. Mais à force
d’attendre, les enfants philippins ne sont prêts à l’adoption
qu’entre 4 et 6 ans et il n’y a qu’une minorité de parents
adoptifs qui en veulent.
Si la convention des Nations Unies précise que chaque enfant a droit à
une famille, la réalité est malheureusement tout autre. C’est le règne
du droit à l’enfant à n’importe quel prix.
Ce désir d’enfant parfois véritable mais aussi parfois désespéré
ouvre la voie à tous les trafics.
Des pressions économiques, morales, sont exercées sur les parents
biologiques afin qu’ils abandonnent leurs enfants alors que l’amélioration
des conditions de vie des mères éviterait cet abandon.
D’autre part, le rêve occidental est un facteur de persuasion
efficace. On tente de persuader la mère que son enfant sera plus
heureux en Occident, car plus
d’opportunités lui seront offertes, il aura une vraie maison, une
vraie famille, de l’argent et il pourra faire des études.
Or un enfant qui a été abandonné se demandera toujours pourquoi sa mère
n’a pas voulu de lui.
On retrouve les mêmes arguments de persuasion dans le cadre du tourisme
sexuel : « le prince charmant blanc qui vous emporte
dans un pays de rêve, recouvert de neige, dans une grande
Mercedes, vers des super marchés gigantesques. »
Dans beaucoup de pays la mère ne bénéficie pas du délais de deux
mois, évoqué pour la Belgique et la France, lui permettant de revenir
sur sa décision d’abandonner son enfant.
Le chantage et la corruption dans ce domaine existent également.
Des juges reçoivent des pots de vin ou des cadeaux. On arrange un peu
les papiers.
Les adoptions se passent ainsi à la limite de la légalité, mais le phénomène
est très difficile à cerner car les parents adoptifs sont les premiers
bénéficiaires de ces méthodes et donc,
ne les dénoncent pas aux autorités.
Les consulats se retrouvent sans recours ou mettent en place des mesures
exceptionnelles. Par exemple au Guatemala, le consulat du Canada, échaudé
par trop de fausses déclarations, exige systématiquement des tests de
la mère et de l’enfant pour s’assurer de la filiation.
Les Etats Unis font la même chose au premier doute.
Pour éviter tous les tracas du jugement d’adoption, moyennant une
certaine somme d’argent, les parents adoptants n’hésitent parfois même
pas à déclarer l’enfant comme le leur.
On en arrive à des situation absurdes et contraires aux droits de la
personne, des enfants étant conçus en vue d’adoption, l’exécution
de la convention de La Haye étant impuissante à enrayer ce phénomène
de mère porteuse.
La dérive vient du désir des parents adoptifs non pas d’offrir une
famille à un enfant mais surtout d’avoir un enfant et d’être
parents à tout prix.
Les Etats, les ONG, la police s’avancent, sur ce terrain, avec
beaucoup de prudence, parce que l’adoption touche une matière humaine
où face au désir d’enfant, la raison n’existe plus et légiférer
devient difficile.
Les militants des droits de l’enfant s’interrogent. Que va-t-il
advenir d’un enfant enlevé, par pressions économiques ou morales, à
sa famille, à son pays d’origine ? Que deviendra l’enfant que
l’on a acheté ? Comment vivra-t-il cet abandon si son histoire
est trouble ? Enfin comment peut-on considérer comme marchandise
un enfant qui par jugement deviendra son fils ou sa fille et ce pour la
vie entière.
Accouchement sous X :
En France jusqu’en 1996, on avait le droit d’accoucher sous x,
c’est à dire que l’enfant n’avait pas le droit de savoir qui était
sa mère. Cela a créé des drames humains.
Toutes les associations actives dans ce domaine, reconnaissent
actuellement qu’il arrive toujours un moment où l’enfant veut
savoir d’où il vient quelle que soit la vérité.
Dans le cas des adoptions internationales, la question se pose de savoir
ce que l’on peut ou ne peut pas dire à l’enfant ( en Ethiopie,
beaucoup d’enfants sont jetés à la poubelle ou dans les égouts-En
Australie, de 1883 à 1961, des milliers d’enfants aborigènes furent
enlevé de leur famille pour être systématiquement adopté par des
familles blanches. Ces enfants finissaient par être persuadés qu’ils
étaient blancs.)
D’autre part, de quel droit, en Occident, peut-on prétendre être de
meilleurs parents, offrant un meilleur avenir à un enfant alors
qu’on le déracine de sa culture et de sa famille.
La voie alternative serait-elle celle de l’Islam ou des familles
africaines qui n’adoptent pas l’enfant mais l’accueillent au sein
d’une famille « élargie » ?
Travail domestique :
Il y a eu en 1998, une grande mobilisation à propos de jeunes
filles mineures qui étaient
vendues principalement comme personnel consulaire ou d’ambassade et
qui se retrouvaient en véritables esclaves cloîtrées, privées de
passeport, dans un pays étranger.
C’est ainsi qu’une jeune fille de 16 ans pour tenter de s’enfuir,
est passée par le vide ordure d’un appartement situé au cinquième
étage à Paris.
Souvent elles quittent leur pays sous couvert d’aller faire des études
ou d’être jeune fille au pair, d’avoir une vie meilleure, et se
retrouvent esclaves.
Il est très difficile d’investiguer d’un point de vue policier ou
judiciaire parce que les « employeurs » bénéficient
d’une immunité diplomatique, et sont mutés au bon moment vers un
autre pays.
Quant aux jeunes filles, elles sont tellement intimidées, menacées,
battues, violées, privées de tous documents qu’elles n’osent même
pas demander de l’aide. Elles sont dans un état psychologique déplorable
et elles se méfient de tout le monde.
Mariages blancs :
Il s’agit souvent de promesses de mariage formulées dans le cadre
de la traite des êtres humains.
Les jeunes filles quittent leur village, pensant qu’elles vont se
marier et de fait, parfois elles se marient avec un homme qui les met
ensuite sur le marché du sexe.
Elles acceptent souvent de se marier parce qu’elles pensent avoir
ainsi une sécurité financière. C’est aussi un moyen pour avoir des
papiers et donc une possibilité de rester sur le territoire de
l’Union européenne.
Malheureusement une fois mariées, leur mari leur confisque le passeport
et les prostitue.
Ce trafic existe par exemple entre l’Amérique latine et les Pays-Bas.
Souvent ces femmes transportent de la drogue (les trafiquants d’êtres
humains s’entendent bien avec les trafiquants de drogue, quand ils ne
pratiquent pas les deux type de trafics.)
Selon INTERPOL, la traite des êtres humains est la deuxième source de
revenu après le trafic d’armes et avant le trafic de drogue.
Les mariages blancs n’ont lieu que s’il y a un intérêt économique.
Cette femme devra nécessairement être rentable soit dans le cadre de
la prostitution ou en tant que force de travail comme c’est le cas en
milieu rural. C’est ainsi que l’on trouve de plus en plus de
mariages organisés soit via les annonces soit sur l’Internet. Au Brésil,
par exemple, les jeunes filles pensent qu’elles vont trouver leur
prince charmant et se retrouvent dans une ferme dans le massif central
ou dans un deux pièces à Zurich en proie à l’hostilité des voisins
car elles ont la couleur qui n’est pas la bonne, elles ne parlent pas
la langue et le rêve a disparu.
En Belgique, dans le milieu agricole en Flandre, on trouve des mariages
blancs avec des jeunes filles thaïlandaises ou
Philippines qui vivent parfois dans des situations de détresse
indescriptibles, totalement isolées ( très souvent elles ne parlent pas la langue) et souvent victimes de
maltraitances.
Il s’agit de femmes majeures et donc juridiquement supposées
être totalement consentantes.
Il serait souhaitable de juridiquement dissocier le statut marital et le
droit au séjour, en autorisant le maintien sur le territoire belge des
épouses étrangères qui cohabitent effectivement ou non avec leur
mari, lorsqu’elles sont victimes de violences avérées.
Il existe des associations qui font des campagnes de prévention sur
« le rêve occidental ».
« Salvador do Baya » est
une association qui organise un accueil en Suisse pour ces femmes
en détresse morale, et qui parallèlement,
au Brésil, fait une énorme travail de prévention pour montrer ce
qu’est réellement l’Europe.
Car ces jeunes filles qui se marient n’avoueront jamais à leur
famille que leur rêve s’est brisé. Alors même si elles habitent un
deux pièces, elles iront se faire photographier devant une villa ou une
voiture magnifique en alimentant ainsi ce rêve auprès des petites sœurs,
des cousines, des voisines faisant croire que là bas l’homme est
meilleur. |