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Réduire la violence par la citoyenneté

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Enfants et Espoir
Délégation locale de la Ligue Française pour la Santé Mentale

Avant-propos

Devant le déferlement de violence auquel nous sommes confrontés, l'attitude la plus fréquente est le repli frileux et la réclamation aux pouvoirs publics de plus de moyens pour la réprimer.

Une autre position consiste à étudier les raisons de cet accroissement des brutalités, du vandalisme, des abus de toutes sortes, et d'en rechercher la racine commune ainsi que les moyens de l'extirper, si cela est possible.

La violence s'exerce en tout lieu et sous des formes les plus diverses.

Nous nous limiterons, ici, à celle qui sévît sur les stades et dans nombre de foyers, à l'encontre des femmes, des enfants et des vieux parents, car il y a, selon nous, des points communs entre ces deux sortes de manifestations. En effet, dans les deux endroits, l'anonymat est préservé, ce qui assure l'impunité à ceux qui bafouent les lois de la cité.

La lutte contre la violence ne peut se satisfaire de la seule réparation des dommages subis par les victimes. Cette aide est nécessaire, mais elle ne suffit pas : "il faut aussi prévenir la violence. Et cela passe notamment par la sensibilisation et l'information des publics" (Xavier Emmanuelli, secrétaire d'état à l'action humanitaire d'urgence, Conférence de presse du 20 novembre 1996). C'est à cette mission que nous nous sommes attachés, en mettant en œuvre une méthodologie particulière.

1. EXPOSÉ DES MOTIFS

La violence sévit en tout lieu.

1.1. La rue est devenue l'endroit où s'expriment avec force et souvent brutalité les mécontentements de toutes les couches sociales. Pour se faire entendre des pouvoirs publics, les agriculteurs répandent sur la chaussée des tombereaux de fumier et des chargement de fruits, des camionneurs bloquent la circulation; des jeunes incendient des automobiles, détruisent des cabines téléphoniques, attaquent les forces de l'ordre.

1.2. Sur les lieux de travail, on n'est plus tranquille. Selon une étude de l'Organisation internationale du travail (O.I.T., 20 juillet 1998), aux Etats-Unis, chaque année un millier de personnes sont tuées sur leur lieu de travail et, chaque semaine, 18 000 sont agressées.

1.3. Dans les écoles, les rixes entre élèves sont devenues banales et se terminent parfois par un décès (exemple : Nicolas BOURGAT, 14 ans, tué d'un coup de couteau en septembre 1996, à Marseille). Certains s'en prennent aux professeurs (Dax, Créteil, 1996, Dijon, 1997, etc.).

1.4. Sur les stades et leurs abords, on observe des champions qui piétinent leurs adversaires ou qui agressent l'arbitre, tandis que des supporters se battent entre eux ou jettent sur les joueurs des bouteilles de bière, des pierres, des sièges, etc.

À la mi-juin 1998, alors même que le match de football devant opposer l'équipe de Tunisie à l'équipe d'Angleterre, dans le cadre du Mondial 98, n'avait pas commencé, des bandes de supporters se sont affrontées dans les rues de Marseille, pendant des heures, laissant derrière elles un spectacle de désolation : vitrines brisées, magasins saccagés, voitures renversées et plusieurs dizaines de blessés, dont quelques uns grièvement. Pourtant les services de sécurité étaient sur un pied de guerre; des systèmes de surveillance vidéo avaient été mis en place; les photos des fauteurs de troubles connus avaient été diffusées; les effectifs des policiers avaient été considérablement renforcés; les ministres de l'intérieur britannique et français s'étaient concertés bien avant que ces premiers troubles n'éclatent.

Un mois auparavant, en Argentine, un juge fédéral avait ordonné la suspension des championnats professionnels de football jusqu'à ce que la sécurité dans les stades soit assurée et les actes de brutalités éradiqués. En effet, dans ce pays, les débordements de violence à l'occasion des matches de football ont fait 53 morts, depuis 1976.

En 1985, à Bruxelles, au stade de Heysel où les joueurs de la Juventus devaient remporter la Coupe d'Europe, dans un coin de tribune quarante personnes furent tuées, ce qui n'arrêta pas pour autant le match. La foule, comme l'écrit Christian COLONBANI, " demandant des jeux, ne se souciait pas des gradins ensanglantés " (Le Monde, 31 mai 1985). Le comble de l'horreur fut atteint en mai 1964, à Lima, où lors d'une rencontre opposant le Pérou à l'Argentine, des bagarres firent 320 morts et 1000 blessés

1.5. Au sein des maisons, la violence domestique n'est pas moins présente, mais elle est cachée et tue généralement par les victimes, qui sont le plus souvent des femmes, des enfants, des vieillards ou des infirmes qui ne peuvent ni se défendre ni s'enfuir.

Le nombre d'enfants en danger ou maltraités, que l'on évaluait à 50 000, au début des années 1990, en France, s'est élevé à 82 000 en 1997 (source O.D.A.S).

En Espagne, la violence domestique a pris des proportions alarmantes : 91 femmes sont mortes par suite de mauvais traitements, en 1997 (Rapport officiel du Médiateur, Femando Alvarez de MIRANDA).

En Finlande, une femme meurt tous les 15 jours pour cause de violence conjugale (Europolitique, du 2317, du 21 mai 1998).

En Colombie, la violence conjugale sévit dans deux foyers sur trois (Ernesto SAMPER, Président de la République de ce pays, mars 1998).

Au Brésil, en 1996, dans les États de Sao Paulo, de Rio de Janeiro et de Pernambouc, 762 femmes ont été assassinées par un proche, ce qui fait dire au sociologue Ricardo BARBOSA, coauteur d'une étude du Mouvement national des droits de l'homme, que " pour 80% des Brésiliennes, le danger n'est pas dans la rue, mais sous leur toit " (cité par Christian COLOMBANI, Le Monde, 1er juillet 1998).

Aux États-Unis aussi, d'après le sociologue A. STRAUS (Université de New Hampshire), c'est dans son foyer qu'on risque le plus d'être malmené, rudoyé, brutalisé, maltraité. Sous prétexte d'éducation, 6 millions et demi d'enfants subissent de sévères châtiments et découvrent que ceux qui sont censés les aimer le plus, sont ceux qui les frappent les premiers.

Nombre de pères de familles, nostalgiques du pater familias antique se conduisent avec leur femme et leurs enfants en autocrates, échappant à tout contrôle, imposant leur loi à leur entourage, ne supportant aucune contestation, ni la moindre remarque (" tu n'as que le droit de te taire! "). Ils règnent par la terreur. Leur despotisme engendre la violence, comme l'a bien décrit l'écrivain suisse, le Docteur John KNITTEL, dans son roman Via Mala (193 1).

On voit ainsi que la famille devient, pour les jeunes, le lieu d'apprentissage de la violence. Ces expériences précoces fondent une vision du monde où les sévices sont légitimes. Les enfants les plus battus frapperont leurs parents à leur tour.

La violence menace notre société et la met en péril, car elle risque de devenir le ferment de sa désagrégation.

 

2. COMMENT PEUT-ON EXPLIQUER OU COMPRENDRE CETTE VIOLENCE ?

Les racines de la violence existent en chacun, puisque l'agressivité est la qualité fondamentale de l'être vivant, grâce à laquelle celui-ci peut assurer ses besoins vitaux, principalement ses besoins alimentaires et sexuels.

Mais nous savons aussi que la nature peut être modifiée par la culture, et que l'éducation façonne les conduites.

Malheureusement, notre société valorise excessivement la compétition. Désormais, il ne suffit pas d'être " bon ", il faut être le meilleur.

Un bon vendeur se fera gourmander et même secouer physiquement par son patron, pour qu'il augmente son chiffre d'affaire.

Sur les stades, un match violent devient, dans la bouche des commentateurs sportifs une " rencontre virile ".

Ainsi, la norme de comportement que nous offre la société actuelle est ordonnée par la violence. Nous trouvons normal qu'un garçon soit brutal et impoli (une institutrice n'a-telle pas dit à une maman que son fils n'était pas un garçon, parce qu'il ne se battait pas et ne disait pas de grossièretés?).

Il y a une culture de la violence dans notre société, dont la télévision et le cinéma se font les propagandistes zélés.

 

3. COMMENT ENDIGUER CE FLÉAU ?

3.1. Vouloir contenir la violence en multipliant les moyens de coercition, le nombre de policiers et des prisons, comme certains le réclament, est insuffisant sinon illusoire. Nous croyons qu'il vaut mieux agir en amont, prévenir plutôt que guérir, à l'exemple de la médecine qui, par des campagnes répétées, acharnées, prônant une meilleure hygiène et la vaccination obligatoire, a réussi à limiter les méfaits de ce qui furent de terribles fléaux la peste, le choléra, la variole, la poliomyélite, la diphtérie, le tétanos, la tuberculose, etc.

Prévenir la violence au lieu de la subir, " n'est pas seulement œuvre de spécialistes, mais exige l'effort de tous " (A. PEYREFITTE, 1977, Réponses à la violence, p. 194).

C'est en effet un devoir civique auquel nul citoyen conscient, nul parent, nul professeur, nul éducateur ne peut se soustraire sans faillir.

3.2. Nombre d'observateurs s'accordent pour dire que nos enfants ont perdu les repères sociaux et se conduisent comme de " petits sauvageons " (J-P. CHEVENEMENT, janvier 1999). Ils ne sont pas " civilisés ", c'est-à-dire qu'ils n'ont pas appris les vertus civiques et les devoirs d'un bon citoyen; ils n'ont pas reçu la formation historique, morale et sociale qui prépare à ce rôle.

Si la violence s'est généralisée, cela tient, en grande partie, au fait que les nouvelles générations ignorent ou méconnaissent les règles de la vie sociale, car depuis des décennies on ne les enseigne plus. Certains les jugent obsolètes et considèrent avec condescendance ceux qui les respectent encore, quand ils ne les tournent pas en dérision.

Nous en sommes arrivés à un point d'une extrême gravité. Entre 1945 et 1970, il y eut au Canada et aux Etats-Unis une augmentation de près de 100% des meurtres (B. CENTERWALL, Université de Washington). Ces jeunes meurtriers, dit Françoise GIROUD "n'ont pas de Surmoi. Ils roulent sans frein. Ils ignorent la culpabilité, comme la maîtrise de leurs pulsions, parce qu'ils ne l'ont jamais apprise" (Le Figaro, 21-22 septembre 1996).

3.3. Les parents d'aujourd'hui, qui se firent, en 1968, les grands zélateurs de la doctrine libertaire (" il est interdit d'interdire "), ne savent plus comment s'y prendre avec leurs petits et s'en remettent volontiers à d'autres pour faire leur éducation. Leur tendance serait de les laisser libres de faire ce qui leur plaît, à la maison comme chez des amis, par exemple, grimper sur les armoires ou sur les fauteuils du salon, taper sur l'ordinateur, etc., leur faisant croire ainsi, implicitement, qu'il est possible d'agir selon son bon plaisir, dans une société sans interdits ni règles.

D'autre part, pour les protéger des dangers possibles, ils multiplient les recommandations et les exhortations : " sois prudent(e) ; méfie-toi des personnes que tu ne connais pas; ne leur parle pas; ne les suis pas ", etc. Mais, un moment après, à l'occasion d'une rencontre, le même parent dira à l'enfant: " dis bonjour au monsieur; répond-lui, Dis-lui comment tu t'appelles ". De telles consignes contradictoires plongent l'enfant dans la perplexité et l'inquiétude. Que doit-il faire, en fin de compte? Doit-il se méfier aussi de cet inconnu, le psychologue appelé à l'examiner et qui l'interroge? Une fillette à qui je devais faire passer des tests, s'est mise à crier: " maman ! Le monsieur me cause ! "

3.4. Mais alors, si les appels à la prudence sont inopérants, comment faut-il s'y prendre pour que l'enfant ne se laisse pas abuser?

Nous croyons que la solution réside dans le renforcement de la personnalité de l'enfant, afin de le rendre lui-même acteur de sa propre protection, en l'instruisant de ses droits et de ses devoirs, de ce qui est permis et de ce qui ne l'est pas, de la loi qui le protège. Ainsi armé, il pourra s'opposer à un adulte abusif, fut-il son propre père.

Nous voyons ainsi que la loi est pacificatrice de la violence, car sous ses auspices, il n'est plus possible de suivre le droit naturel, qui est celui du plus fort. En se soumettant à la loi, en renonçant à la violence, l'individu accède à la citoyenneté, qui ouvre des droits et crée des devoirs. Le citoyen est en effet capable de reconnaître la réciprocité existant entre les uns et les autres (mes droits fondent les devoirs d'autrui à mon égard et, inversement, les droits d'autrui déterminent mes devoirs envers lui).

 

4. L'ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ

4.1. À la naissance, l'être humain n'apporte que ce que lui a offert la nature : son patrimoine génétique. Sur ce fondement, nous, adultes, devons aider l'individu à se construire en un être social, capable de vivre en société, dans un milieu déterminé, dont il devra connaître les us et les coutumes et en respecter les lois, s'il veut être en harmonie avec lui. C'est du moins ce qui ressort de la Convention relative aux droits de l'enfant, signée le 20 novembre 1989 et ratifiée depuis par 191 pays, dont la France. En effet, l'article 29 de cette convention stipule notamment que chaque État doit:

(b) Inculquer à l'enfant le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, et des principes consacrés dans la Charte des Nations Unies ;

(c) Inculquer à l'enfant le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne;

(d) Préparer l'enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d'égalité entre les sexes et d'amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d'origine autochtone .

(e) Inculquer à l'enfant le respect du milieu naturel.

En d'autres termes, nous devons faire l'éducation morale et civique de l'enfant. Mais qui s'en chargera ?

4.2. Le ministre de l'Education nationale, Claude ALLÈGRE, déclarait à la télévision (TF1, 22 février 1999), que désormais l'instruction civique serait au programme des IUFM et que cette matière serait enseignée dans les lycées, à partir de la 2 d, , ce qui est un pas dans la bonne direction. Mais cela restera insuffisant si nous nous contentons de déléguer à l'école, aux maîtres et aux professeurs, la formation civique de la nouvelle génération. L'éducation à la citoyenneté nécessite le concours de toutes les forces vives de la société, notamment de la famille, de l'école, des Eglises et des associations.

D'autre part, la façon de transmettre l'enseignement civique, a une grande importance. Si l'on s'y prend mal, si, par exemple, on utilise des discours abondants ou des exhortations pressantes et réitérées, on s'expose à un rejet de tous les systèmes de valeurs proposés, car " l'enfant est un petit sauvage qu'il s'agit de civiliser sans qu'il s'en aperçoive " (George SAND).

Ceci pose donc le problème des méthodes pédagogiques à employer.

Nous savons que l'enfant apprend, essentiellement, par observation des attitudes et imitation, il édifie sa personnalité par identification à l'un de ses parents.

Nous savons aussi que l'éducation ne peut se fonder seulement sur un système d'autorisations et d'interdictions. Elle exige plutôt le dialogue entre l'adulte et l'enfant, l'écoute et l'explication. Dès sont plus jeune âge, l'enfant est capable de comprendre les motifs d'une interdiction. Si les parents acceptent d'établir avec leurs petits une relation bâtie sur le respect de l'autre - comme le recommande la Convention relative aux droits de l'enfant - ceux-ci leur feront le don de leur confiance. S'ils s'y refusent, soit parce qu'ils doutent que cette attitude soit possible, soit parce qu'ils craignent de perdre une parcelle de leur autorité, ils risquent fort de susciter chez leurs jeunes partenaires des conduites où prédomineront la crainte et l'esquive. Les expériences et les habitudes prises dans l'enfance pèseront d'un grand poids dans le devenir des individus.

L'éducation n'est ni du ressort exclusif de la famille, ni de celui de l'école. L'une et l'autre se relayent, généralement renforcées par d'autres institutions telle que l'Eglise, les mouvements de jeunesse, les associations sportives, etc.

Une expérience originale est mise en œuvre dans le Var, par l'association " Enfants et Espoir ", qui est engagée, depuis une dizaine d'années, dans la lutte contre la violence et singulièrement contre la forme la plus odieuse de celle-ci, la maltraitance des enfants.

 

5. LES MÉTHODES EMPLOYÉES

5.1. Interventions dans les écoles.

Initialement, nous pensions qu'il suffisait d'aller dans les écoles et de collaborer avec les enseignants pour obtenir une modification substantielle du comportement des enfants, dans le sens d'un plus grand respect des règles de la cité.

Pour les motiver, nous avons axe nos interventions sur la Convention relative aux droits de l'enfant, adoptée le 20 novembre 1989 par les Nations Unies et ratifiée depuis par 191 pays, dont la France.

En 1996, en accord avec les écoles François Nardi, (Toulon) et Marcel Pagnol (La Valette-du-Var) en partenariat avec l'association "Vivre à la Serinette", présidée par Mme Josette Lagadec, professeur des écoles, et la Direction Départementale de la Jeunesse et des sports, nous sommes intervenus essentiellement dans les classes du cours élémentaire 1ère et 2ème année des cours moyens 1ère et 2ème année.

Les thèmes sur lesquels nous avons insisté furent:

- l'égalité et le droit de chacun au respect ;

- la tolérance et la solidarité la liberté d'expression ;

- le droit à une écoute bienveillante ;

- la responsabilité.

L'expérience fut intéressante, mais nous n'avons pas pu évaluer son utilité pratique. D'autre part, elle nécessitait un trop grand investissement en temps et en personnels. En effet, une action ponctuelle est rarement suffisante et la mobilisation durable des instituteurs n'était pas assurée, enfin, la forme même de nos interventions avait une allure scolaire, ce qui les rendait un peu abstraites, trop éloignées de la réalité vécue.

Pour ces raisons, nous avons recherché d'autres lieux, hors de l'école, et expérimenté d'autre méthodes.

5.2. Interventions dans les clubs sportifs.

5.2.0. Pour ne pas apparaître comme de fastidieux moralisateurs, et intéresser les enfants, nous avons décidé de nous situer sur le plan du jeu, singulièrement du jeu collectif, et d'associer à notre action les parents et les éducateurs, afin que les entreprises des uns soient renforcées par celles des autres.

5.2.1. Importance du jeu collectif

Le jeu prépare à l'idée de la règle et à son respect, car quiconque ne se conforme pas aux conventions qui le régissent se met "hors jeu" et est exclu du groupe. La soumission à la règle est une nécessité première, partagée par tous les participants. Dans le jeu d'équipe, tel que le football, la place de chacun est déterminée et les rôles qui en découlent définis. En outre, chacun doit connaître les règles du fair-play, définies notamment dans le Code d'Ethique sportive, adopté le 24 septembre 1992 par le Conseil de l'Europe, et dans le document intitulé l'Esprit Sportif, diffusé le 9 Janvier 1995 par le Ministre de la Jeunesse et des sports.

Le jeu collectif implique donc l'acceptation de la loi du groupe et l'engagement librement consenti de la respecter. Celui qui faillit à cette promesse est sanctionné et rendu responsable des pénalités encourues par son club. Au contraire, celui qui se conforme au "franc jeu", qui s'interdit toute violence et toute tricherie, qui accepte sans murmurer les décisions de l'arbitre, qui se conduit loyalement et généreusement avec ses adversaires est complimenté, louangé.

Le sport d'équipe favorise donc non seulement le développement des capacités physiques, comme la force, la souplesse et la vivacité des réflexes, mais encore celui des qualités morales, telles que la confiance en soi, la volonté, la discipline, le goût de l'effort, la maîtrise de soi, la tolérance et l'altruisme.

Le jeu collectif est une école de civisme.

5.2.2. la méthode que nous privilégions.

a) Avec les dirigeants de clubs sportifs nous avons convenu de faire précéder chaque séance d'entraînement et chaque match d'un temps consacré à l'éducation morale des joueurs.

Par le truchement de :

- jeux éducatifs, visant à développer la maîtrise de soi et la coopération avec autrui ;

- jeux de rôles (ou mises en situations) ;

- de marionnettes ;

- d'une sorte de jeu de l'oie, adapté au sport, que nos avons élaboré ;

- de séances d'auto-évaluation et d'évaluation réciproque, et en considérant des faits d'actualité sportive qu'il convient de stigmatiser (la violence sur les stades, la tricherie, la corruption), et d'autres que nous voulons mettre en relief, nous faisons découvrir aux jeunes l'importance des règles de la vie sociale.

Nous ne manquons pas une occasion pour souligner que les grands principes du sport sont aussi ceux de la vie courante :

- respecter les règles ;

- respecter autrui ;

- être loyal ;

- être tolérant ;

- ne pas tricher ;

- ne pas être violent ;

et rappeler aux enfants que ces prescriptions constituent le Code du sportif, imprimé au dos de la licence qu'ils ont reçue et signée le jour où ils ont adhéré au club.

b) Le dialogue avec les enfants

Nous nous efforçons de favoriser la prise de parole de chaque enfant en l'encourageant à s'exprimer et à dire ce qu'il pense, comme il le pense; nous l'amenons à s'interroger sur ce qu'il observe quotidiennement, dans le sport, dans la rue, à la télévision (par exemple, tel footballeur renommé a retenu son adversaire par le maillot). Ensuite, avec tous ses camarades, nous examinons cet incident par rapport au code d'éthique sportive et au respect de la loi.

c) Les jeux de rôles

Les jeux de rôles sont une technique d'enseignement et de formation collective, qui prend la forme d'une improvisation théâtrale sur un thème donné, par exemple, " la maîtrise de soi " ou " le respect d'autrui ". Les participants se répartissent les rôles. Le moniteur peut intervenir dans le jeu.

Le but est d'illustrer les idées discutées et de mettre en situation les différents participants, afin d'observer les attitudes de chacun. Le fait de vivre des incidents critiques rencontrés dans les familles, à l'école, ou en tout autre lieu, amène à réfléchir, alors que les conseils sont rarement suivis ou adaptés à un cas particulier.

6. ÉVALUATION

Nous avons eu la possibilité de faire une première évaluation de cette action. Sur le stade de la Valette-du-Var, en présence des parents, des autorités politiques et administratives de la ville et du département, devant la télévision, deux cents enfants ayant revêtu des tee-shirts sur lesquels étaient inscrits des slogans tels que " je ne triche pas" ou "je joue fair-play" ont défilé et chanté "la chanson du fair-play" de Marie-Sophie GINET.

Le sondage que nous avons effectué auprès des enfants, des parents et des animateurs est aussi encourageant, car il montre que les enfants sont capables de comprendre la nécessité de respecter les règles du civisme et de s'y conformer. D'autres clubs nous ont demandé &intervenir aussi chez eux et ont signé avec nous des conventions de partenariat ainsi qu'une charte du fair-play.

Notre audience dépasse l'aire toulonnaise puisque, d'ores et déjà, nous sommes sollicités par des clubs étrangers notamment à Boulogne [Italie] et à Randegg [Allemagne] et que l'on nous a demandé d'intervenir dans des conférences internationales (à Limassol, Chypre, 24 Avril 1999, dans le cadre des congrès organisé par European Forum for child welfare ; à Helsinki, au cour de l'été 1999).

 


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