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Séminaire sur le ‘’GENDER EQUITY’’
FAWECAM / PNUD

THEME : Gender Equity : le rôle des journalistes

Communication de Mme LANGUE-MENYE,
Chargée de Cours à l’ESSTIC
Université de Yaoundé II, Soa

 http://www.sdnp.cm/fawecam/menye.htm

La Conférence Internationale sur la Population et le Développement (le Caire, 1994), l’adoption de la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard de la femme en janvier 1994 et la Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, 1995) ont propulsé le concept de «gender » sur la scène scientifique et médiatique. Ce concept est devenu une grille de lecture privilégiée pour la conception et la mise en œuvre des programmes de développement.

L’objet de cet exposé est d’amener les participants à comprendre l’importance du ‘’gender equity’’ en matière de communication sociale. De manière plus spécifique, il s’agit d’amener les journalistes à :

  • Cerner ce qu’est ‘’le gender equity’’ dans le domaine de la communication ;

  • Préciser le rôle du journaliste dans l’application du ‘’gender equity’’ ;

  • Réorienter les discours médiatiques en s’inspirant de l’approche genre c’est à dire à être sensible au choix de leurs mots, de leurs expressions, aux aspects dévalorisant ou valorisant l’un des sexes ;

Une approche définitionnelle nous amène à préciser que selon (Lecuyer, 1995), le gender ou ‘’genre’’ est une notion sociologique qui distingue les différences sociales des différences biologiques entre les sexes et qui présente l’avantage de se départir de la dimension physique du mot sexe pour introduire une dimension relationnelle.

Cette dimension relationnelle sous tend que le sexe masculin et le sexe féminin se définissent non plus l’un et l’autre ou l’un contre l’autre mais plutôt l’un avec l’autre. L’approche ‘’gender’’ en vigueur se substitue désormais à celle d’Intégration Femmes Développement (IFD) qui a marqué les décennies 70-80 et 80-90 et qui portait sur la promotion exclusive de la femme.

D’un point de vue historique, le gender, faut-il le rappeler n’est pas un concept nouveau ; il est né sous la pression du mouvement féministe d’Amérique du Nord dans les années 70 puis s’est vulgarisé en Europe et, enfin dans le Tiers Monde. Mais il faut relever la faible contribution camerounaise dans ces questions compte tenu du caractère novateur de ce concept pour les chercheurs, de l’opacité même du concept, des faibles capacités nationales Aussi, le champ reste limité à des manifestations scientifiques ponctuelles telles que les séminaires portant sur les thèmes de population, la démographie, le droit, la sociologie, entre autres. Dans le domaine de la communication, ce concept reste relativement inopérant probablement aussi du fait de sa faible visibilité pour les communicateurs sociaux et les journalistes en particulier.

L’importance du concept de gender réside dans le rappel qu’on ne peut pas traiter des questions féminines isolément sans que l’on prenne en compte les rapports socialement définis entre les hommes et les femmes.

Pour chaque secteur de la société, le ‘’gender’’ détermine la répartition des tâches, des rôles, des droits des individus. De la même manière, l’analyse des valeurs, attitudes et croyances offre une lecture ‘’genrée’’, des rapports entre les individus. Au fil de leur histoire les valeurs sociales construites intègrent progressivement les différences sexuelles inscrites dans les pratiques institutionnelles. Ainsi, il apparaît clairement que le concept de gender met en relief le fait que les rôles, les tâches, les places que les femmes et les hommes jouent et occupent sont des rôles acquis et non innés, qui peuvent dès lors être modifiés. De fait, pour illustrer ces propos, Simone de Beauvoir disait que ‘’l’on ne naît pas femme, mais on le devient’’.

En effet, les rôles traditionnels qu’on attribue généralement à l’autre sexe sont des rôles appris au sein de la famille, dès la prime enfance, et qui sont par la suite consolidés par l’école, la communauté et les médias.

La différenciation entre rôles et statuts masculins et féminins n’est pas quelque chose d’inné. C’est un acquis inhérent au processus de socialisation que Michèle Martin définit comme ‘’un processus d’apprentissage par lequel les individus développent une identité et acquièrent la connaissance, les aptitudes et les motivations qui les aideront à participer à la vie sociale’’ c’est donc le lien entre un individu et la société, c’est l’apprentissage des mécanismes et valeurs qui permettent à l’individu de s’intégrer dans une société, d’être accepté par cette société, autrement dit d’être reconnu comme membre de la société.

Comment s’opère cette socialisation ? D’abord nous distinguerons les trois principales phases que retiennent les sociologues  : la phase d’apprentissage qui intervient pendant l’enfance au cours de laquelle les standards moraux, les valeurs propres au milieu originel sont transmis.  On apprend alors ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire ; ce qu’on doit dire, ce qu’on ne doit pas dire ; ce qu’une fille doit faire, ce qu’elle ne doit pas faire ; ce qu’un garçon doit faire, ce qu’il ne doit pas faire.

Puis intervient la phase de consolidation des acquis qui intervient à l’âge adulte. Les rôles sociaux dévolus à chaque sexe dans la société sont enseignés. Ainsi l’homme en tant que chef de famille est propriétaire des terres, devra assurer les charges du foyer, tandis que la femme est la mère nourricière, gardienne du foyer et éducatrice des enfants.

Dans une troisième phase intervient le processus de resocialisation. L’être humain, en fonction des expériences qu’il va vivre va remettre en cause une partie des connaissances acquises et intériorisées et adopter de nouvelles attitudes et comportements. Ainsi l’homme pourra faire le marché, accepter que sa conjointe ait un emploi salarié, accepter l’équité dans la scolarisation des enfants ; la femme pourra, par son travail à l’extérieur subvenir totalement ou partiellement aux besoins financiers du ménage, assurer la surveillance des chantiers, gérer le budget familial etc.

Les phases de la socialisation ayant été précisées, il est important de relever les lieux où s’opère cette socialisation. On distingue principalement quatre lieux : la famille, la communauté, l’école et les médias.

Déjà, dans le noyau familial, il existe des stéréotypes attachés aux attitudes, aux comportements, aux tâches, aux apparences physiques, aux jeux propres à l’homme ou à la femme. Ainsi les petites filles aident maman à la cuisine, jouent à la poupée, lavent les assiettes. Elle doit être gentille, sensible et attachante etc. Dans le même temps, le garçon joue avec ses voitures, ses trains, ses pistolets ; il ne doit pas montrer de faiblesse, pleurer, il doit se monter autoritaire, ne doit pas ouvrir les casseroles etc.

En communauté ces attentes sont plus pesantes. Parfois la famille nucléaire inculque des valeurs novatrices aux enfants, mais l’entourage se charge de les ‘’remettre sur le droit chemin’’ c’est à dire le chemin collectivement valorisé, conforme à ce que la société attend de chaque sexe et de chaque classe d’âge. Ainsi les filles devront toutes aller puiser de l’eau ou chercher le bois de chauffe dans certaines sociétés, tandis que les jeunes garçons s’occuperont du bétail ou de la pêche.

A l’école, la discrimination se perpétue tant au niveau de l’accès des filles à l’école, qu’à leur orientation dans les filières de formation. Elle s’observe également à travers les images et représentations de l’homme et de la femme dans les manuels scolaires et le discours, voire les comportements des enseignants qui, malheureusement perçoivent d’abord en un élève une identité sexuée.

Enfin, la discrimination se prolonge dans la presse audio scripto visuelle voire même les médias électroniques. Dans la quête des populations pour améliorer la qualité de leur vie, ‘’les médias peuvent être un allié puissant pour la promotion d’un développement durable’’, rappelait fort à propos un extrait du rapport du PNUD sur le développement humain en 1991.

Leur rôle prédominant a été souligné avec force lors de la Conférence régionale pour l’Afrique, rencontre préparatoire à la Conférence de Beijing à Dakar en 1994 dans le module Femmes, Communication, Information et Arts. Ils renforcent en effet les a priori, les partis pris, les préjugés. La priorité n°10 relative aux médias est très explicite quant à ses contenus et s’énonce ainsi :

Sans préjudice de la liberté d’expression, les médias sont invités à promouvoir des images de la femme qui soient justes, diversifiées et non stéréotypées. Ils adopteront une déontologie condamnant la violence, l’humiliation de la femme et la pornographie. A l’issue de la conférence, les axes centraux de la plate forme de Dakar ont ainsi été énoncés ainsi qu’il suit :

     

  • Accroître le rôle des médias dans la perspective d’une égalité plus grande des femmes et des hommes ;

  • Permettre aux femmes d’accéder à tous les moyens d’information et de communication ;

  • Dénoncer les images véhiculées par les médias sur le rôle des femmes dans les sociétés et les stéréotypes qui les accompagnent ;

  • Proposer que les femmes soient présentes à égalité avec les hommes dans les instances qui dirigent les médias et guident le choix des programmes.

     

La plate forme africaine a été jusqu’à proposer des actions de boycott des produits dont la publicité donne une image négative des femmes. A la lecture de cette priorité n°10, l’on pourrait croire qu’il ne s’agit pas d’une lecture genrée. Mais en fait, le concept de ‘’gender equity’’ encourage la promotion du rôle et du statut de l’élément masculin ou féminin, lorsqu’il apparaît que l’un des sexes est défavorisé, voire dévalorisé par rapport à l’autre, justement dans un souci de partenariat réel. Notre communication s’inscrit dans la logique de cette plate forme.

Il faur relever que les stéréotypes puisés de l’imaginaire et du vécu social associés au sexe biologique sont nombreux. On distingue la femme objet sexuel maquillée, élégante filiforme, à la voix langoureuse ou avec de longues jambes que l’on retrouve dans la presse écrite ou dans les grandes sagas américaines (Sue Elen, Pamela Ewing). Puis on trouve la femme mère et attentionnée (Manina dans Rosa ) qui s’occupe de sa famille en mijotant des petits plats (publicité Hoenig cube) ou alors la femme servante des autres membres de la famille (Krystel dans Dynastie). A côté de cette femme dite traditionnelle dont l’image est prédominante, les médias valorisent de plus en plus la femme moderne qui travaille et ne dépend pas seulement du mari (Rosa), la femme androgyne qui sous un physique féminin a un caractère d’homme (Frau Herta dans Mademoiselle) ou alors la femme active indépendante (Amanda de Melrose Place) ou encore celle qui est un modèle de réussite sociale et qui associe à la fois réussite professionnelle et familiale (presse féminine, Amina). Dans le même temps, l’homme joue souvent le rôle de l’homme chef de famille (Blake Carrington), l’homme manipulateur, autoritaire, symbole de la puissance (Jr Ewing) et, dans une moindre mesure l’homme, objet de désir, l’homme érotique (publicité des jeans ou des pantalons, homme mannequin, homme artiste). Ainsi les médias ne sont que les caisses de résonance des schèmes sociaux reconnus et valorisés par l’ensemble de la communauté que la société projette et qui sont diffusées à travers les images médiatiques.

Le rôle du journaliste est aussi de donner des informations sur les rapports sociaux , de rendre accessibles des connaissances, de préciser les comportements valorisés, les conduites inculquées dès l’enfance et collectivement acceptées. Il doit aussi jouer un rôle crucial dans la transmission des rôles sexués et des stéréotypes, des normes et des valeurs, des prescriptions et interdits, des réseaux de communication propres à chaque groupe social.

Dès lors, pour le journaliste et les autres communicateurs sociaux, le ‘’gender equity’’ est un concept qui doit être compris et intégré dans son quotidien. Car les journalistes sont à la fois les sources de production de l’information dans la mesure où ils suscitent parfois la création d’événements, et qu’ils sont surtout les moyens de diffusion de l’information c’est à dire des relais sociaux exerçant une influence sur les rapports entre les hommes et les femmes dans les sphères privées et publiques et dans les domaines de la vie économique, politique et socio-culturelle.

Il ne s’agit pas simplement pour ces journalistes d’être des partisans des thèses égalitaristes qui, prônent l’égalité entre les hommes et les femmes et de s’insurger contre le postulat historique de l’hégémonie masculine. L’histoire de la femme devient alors un cas particulier de l’histoire générale des formes de domination. La division sexuelle du travail à l’origine de cette domination est légitimée par la nature même des différences et des rapports entre les sexes. Elle fait des hommes les responsables des travaux dits productifs alors que les femmes sont exclues de ce champ. Elle suppose que l’homme, responsable de la famille gère le patrimoine et a seul accès à la terre. Par contre dans la sphère domestique et le domaine de la reproduction, la femme est la cible privilégiée des discours. De même, au plan du statut matrimonial, le prestige et la position des femmes sont essentiellement définis à travers le mariage. Elles sont alors considérées comme des ‘’femmes’’ autrement dit des êtres sous tutelle masculine.

Les journalistes ne doivent pas non plus être les défenseurs de la thèse essentialiste qui, comme Gilligan (1986) redoute que la quête de l’égalité n’atteigne l’identité féminine en ignorant les différences de fait entre les hommes et les femmes. Ils attirent l’attention sur l’éventuelle perte de féminité et renvoient à la nécessité de préserver la spécificité d’une essence féminine.

Autrement dit, il ne s’agit pas de renier l’identité féminine ou l’identité masculine mais de relever ce qui peut contribuer à l’épanouissement de l’un ou de l’autre moitié de la réalité sociale.

Dans la perspective du gender equity, nous devons rendre compte objectivement des multiples interactions entre les divers groupes en présence, de considérer les hommes et les femmes comme des acteurs complémentaires et interdépendants, réciproquement impliqués dans les rapports sociaux déterminés par leur genre, leurs statuts, leurs ressources et leurs stratégies particulières.

Quel rôle incombe particulièrement au journaliste ?

Pour faciliter la médiatisation du "gender equity", il revient de:

     

  1. Ne pas reproduire dans les médias les expériences sociales attribuées à chaque sexe exprimées par : l’homme doit être ou la femme doit être ;

  2. Mettre à nu les pratiques discriminatoires qui reproduisent les rapports hiérarchisés en usage dans les sociétés et qui perpétuent la domination masculine ; par exemple, la femme ne doit pas être scolarisée parce qu’elle appartient à une autre famille qui profitera d’elle ;

  3. Ne pas perpétuer les normes et représentations qui consacrent l’infériorité féminine et la légitimité de la domination masculine puisque ces ‘’normes et représentations’’ ne sont que des constructions sociales, par exemple : c’est la petite fille qui doit s’occuper de toutes les tâches domestiques tandis que le garçon doit regarder la TV ou sortir avec ses amis;

  4. Participer au rééquilibrage des rapports entre les sexes en contribuant activement à la promotion de la femme en éliminant toute discrimination entre l’homme et la femme.

     

Ce souci d’égalité sociologique doit se retrouver dans le processus de production des contenus médiatiques, depuis la collecte et le traitement jusqu’à la diffusion de l’information. Il est important de rendre compte de la réalité sociale et d’éluder une partie de cette réalité. Le journaliste doit désormais s’atteler à décrire des situations différentielles selon le sexe en relevant les inégalités entre les hommes et les femmes dans le discours et dans les faits et en cherchant à faire comprendre les causes de ces situations.

Pour les communicateurs, il ne s’agit plus de mener simplement des actions en direction des femmes qui renforcent d’ailleurs leur marginalisation en ignorant le rôle des hommes comme chefs de famille, détenteurs du pouvoir, détenteurs des terres, pourvoyeurs de fonds pour l’éducation de la petite fille etc. Cependant, pour atteindre ce ‘’gender equity’’, des efforts restent à mener au niveau de la promotion du rôle et du statut de la femme, pour qu’elle devienne effectivement la partenaire de l’homme.

S’agissant plus particulièrement des journalistes, ils devraient s’obliger à relater les activités des femmes avec des sensibilités appropriées c’est à dire ‘’genrées’’ dans le but d’amplifier l’action des femmes. Certes, le nombre de femmes exerçant dans les rédactions des grands supports est faible puisque le ratio hommes/femmes varie entre 30 et 40 %. Au mois de février dernier, à la télévision, les femmes journalistes représentaient 38% de l’effectif des journalites. A Cameroon Tribune elles étaient au nombre de 10 sur 41 journalistes, il n’ y avait pas de femmes à Camnews sur 13 journalistes. A la CRTV radio, sur quarante journalistes, il n y avait que 13 femmes soit un pourcentage de 32,5% et à Mutations on comptait 5 femmes pour 8 hommes soit une proportion de 38%. Ceci dit, les femmes devraient, avec le concours de leurs confrères hommes, dépasser la faiblesse du nombre pour insuffler elles-mêmes une dynamique ‘’genrée’’ dans les rédactions. Ainsi, les contenus médiatiques qui sont le reflet des personnalités, des partis pris et des préjugés, doivent désormais refléter le ‘’gender equity’’. Il en est de même des images, des photos publiées et des messages diffusés dont l’approche doit être revue. Certes, ceci ne peut se faire que si un rééquilibrage "genré" s’opère dans les sphères de décision : dans la direction des supports de presse, au Conseil National de la Communication, dans les unions professionnelles (UJC) etc. voire même dans les structures politiques telles que le gouvernement où il n’y a que 3 femmes et l’Assemblée Nationale où l’on trouve 10 femmes sur 180 parlementaires, aucun chef de cour n’est une femme (président ou procureur général des cours d’Appel). Il n’y en a pas non plus dans les assemblées consulaires (Chambre de commerce, chambre d’agriculture etc.)

Conclusion

Le concept "gender equity" dont nous venons de tracer les contours au plan de la communication, est un concept essentiel à prendre en compte pour l’adoption de sensibilités nouvelles susceptibles de contribuer à une relation d’équité entre l’homme et la femme. Son objectif est de faire en sorte que les deux réalités sociales, l’élément masculin et l’élément féminin puissent coexister en harmonie et en partenariat dans la quête que mènent les populations vers le développement humain durable. Il nous revient à nous être humains et surtout à nous, communicateurs et journalistes d’apporter notre pierre à la construction du projet égalitaire universel.

BIBLIOGRAPHIE INDICATIVE

  • Beaud, P. (1984), la Société de connivence : média, médiations et classes sociales, Paris, Aubier Montaigne.

  • BOP Codou, (1995) la Place des femmes, Ephesia, Paris.

  • De Beauvoir Simone, (1949), le deuxième sexe, Paris Idées.

  • Martin Michèle (1991), Communication et médias de masse – Culture, domination et opposition, Presses de l’Université du Québec.

  • LOCOH T., LABOURIE RACAPE A., TICHIT C. (1996), Genre et développement, des pistes à suivre, Documents et manuels du CEPED n°5.

 

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