Renseignements du...
Centre national d'information sur la violence dans la famille
La violence dans les fréquentations
désigne toute attaque sexuelle, physique ou psychologique infligée
délibérément par un partenaire à la personne qu'il fréquente. Cette définition
exprime la conviction que toutes les formes de violence sont nuisibles et
doivent être prises au sérieux. Les fréquentations peuvent en effet être
marquées par une kyrielle d'actes tout aussi nuisibles que ceux que l'on a
l'habitude de juger graves, comme la violence physique ou sexuelle. Bien que les
femmes puissent être violentes au même titre que les hommes, la violence faite
aux femmes est plus répandue et revêt habituellement un caractère plus menaçant.
L'alcool est souvent un catalyseur de la violence dans les fréquentations.
Les gens croient d'ailleurs fréquemment que l'alcool est à l'origine du problème.
En fait, les agresseurs eux-mêmes mettent leur violence sur le compte de
l'alcool.
On désigne du nom
d'abus sexuel
tout contact sexuel non désiré, le recours à la force ou au
chantage pour obliger un ou une partenaire à avoir des relations sexuelles, le
viol et la tentative de viol, ainsi que les rapports sexuels ou la tentative de
rapports sexuels avec une personne qui est sous l'influence de l'alcool ou de la
drogue. En règle générale, ce sont les femmes qui sont les victimes de ces
types d'abus. Même si toutes ces actions créent des blessures émotives, elles
n'entraînent pas toutes des dommages corporels.
L'agression sexuelle est particulièrement dangereuse lorsque l'agresseur
refuse de porter un condom en dépit du risque d'infection par le VIH (sida).
Elle suscite une angoisse additionnelle chez la victime, qui doit vivre avec la
crainte d'être infectée.
La violence physique englobe
les gestes suivants: bousculer, gifler, donner des coups de poing ou de pied,
mordre, brûler, tirer les cheveux, utiliser une arme, menacer une personne avec
une arme, ou séquestrer quelqu'un. Ces attaques laissent des marques autant
psychologiques que physiques. De façon générale, les hommes ont recours à la
force pour exercer un contrôle, tandis que les femmes l'utilisent pour se protéger,
pour riposter ou parce qu'elles ont peur d'une attaque imminente de la part de
leur partenaire . Certaines femmes
vivent dans la terreur d'une attaque. Les hommes, de leur côté, ne semblent
pas craindre la violence de leur amie. En règle générale, ils jugent
inoffensif l'usage de la force chez les femmes.
La violence psychologique,
à
l'instar de l'abus sexuel ou de la violence physique, varie en intensité et ses
conséquences sont diverses. Insulter un partenaire ou jurer contre lui, le
rabaisser, le menacer ou le terroriser, détruire ses biens, l'isoler de ses
amis et de sa famille, et le traiter avec une possessivité irrationnelle ou une
jalousie extrême sont tous des comportements représentatifs de la violence
psychologique, qui n'a d'autre but que le contrôle de l'autre. En détruisant
la confiance en soi de l'autre personne, l'agresseur tente de limiter son
autonomie.
Lès hommes comme les femmes ont recours à la violence psychologique pour
contrôler leur partenaire. Les hommes sont plus enclins à intensifier cette
violence lorsqu'ils croient perdre le contrôle. Quand les mots ne suffisent
plus, ils ont parfois recours à la violence physique.
La violence psychologique jette les deux partenaires dans le désarroi. La
société en minimise pourtant souvent les effets, car elle ne laisse aucune
trace physique. Les collectivités offrent peu d'appui aux victimes de violence
psychologique, hommes ou femmes.
Le nombre croissant d'études sur le sujet (voir la bibliographie)témoigne
de l'intérêt accru que suscite la
violence dans la société canadienne. Les études s'entendent sur le fait que
la violence dans les fréquentations constitue un problème grave au Canada,
mais il est encore difficile d'en mesurer l'étendue exacte puisque chacune
utilise des questions différentes afin de déterminer s'il y a eu agression:
certains chercheurs utilisent les définitions juridiques (c'est-à-dire celles du Code criminel) tenant compte des dommages tandis
que d'autres ont recours à une définition plus vaste émotionnels et physiques
possibles .
Quoi qu'il en soit, entre 16 et 35p. 100 des femmes auprès de qui une enquête a été menée ont indiqué avoir
été victimes d'au moins une agression physique par un homme qu'elles ont fréquenté.
Les études sur les abus sexuels dans les fréquentations sont encore moins
précises puisque la définition d'abus sexuel varie et que les réponses
fournies par les hommes et par les femmes diffèrent considérablement. Dans l'étude
menée par DeKeseredy et Kelly (1993),
27,8 p. 100 des femmes interrogées ont fait état d'au moins un cas d'abus
sexuel au cours des 12 derniers mois. Au moins 45,1 p. 100 d'entre elles ont
indiqué avoir été victimes de tels abus depuis qu'elles ont terminé leur
secondaire . En prenant comme point de référence
les définitions de l'agression sexuelle fournies dans le Code criminel, Roberts
1(1993)
a constaté que 37 p. 100 des Canadiennes avaient été victimes d'au moins une
agression sexuelle depuis l'âge de 16 ans,
Mythe |
Réalité |
Les femmes risquent davantage de
se faire attaquer par un étranger. |
Selon des études menées au
Canada, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, les femrnes risquent
beaucoup plus de se faire agresser par une connaissance. Les hommes
qu'elles fréquentent sont plus dangereux que les étrangers. |
La jalousie est un signe
d'amour. |
La jalousie est la cause la plus
courante de la violence dans les fréquentations. Lorsqu'un homme accuse
continuellement une femme de flirter ou d'avoir une liaison et qu'il
soupçonne tous ceux avec qui elle parle, il est possessif et
dominateur. |
S'il la frappe, c'est qu'elle
l'a provoqué. |
Personne ne mérite d'être
frappé. Qu'il y ait eu provocation ou non, rien n'excuse la violence.
Elle ne règle pas les problèmes, même si elle réduit souvent la
victime au silence. |
Les victimes de violence ne
mettent pas fin aux fréquentations car elles aiment l'abus. |
Ce n'est pas parce qu'elles
aiment être persécutées que les victimes poursuivent la relation. La
plupart d'entre elles préfèrent essayer d'améliorer leur relation
plutôt que d'y mettre fin. Les adolescentes, en particulier, se sentent
obligées de tenir bon puisque la société considère qu'il est préférable
d'avoir un ami <<abusif>>
que pas d'ami du tout. |
Les hommes ne peuvent contrôler
leur désir sexuel; si une femme excite son partenaire et qu'il
l'agresse, elle a couru après. |
Les hommes peuvent contrôler
leur désir sexuel. C'est pourquoi il est illégal de forcer une
personne à avoir des rèlations sexuelles. Même si elle consent aux
caresses et aux baisers, une femme est encore maîtresse de son corps.
Lorsqu'une femme dit NON ou ÇA SUFFIT, l'homme est tenu, par la loi,
d'arrêter. |
Les hommes sont en droit de
s'attendre à des faveurs sexuelles s'ils paient pour une sortie ou
s'ils ont une relation de longue date avec leur partenaire. |
Ce mythe est particulièrement
bien ancré chez les adolescents. En fait, une personne ne peut
raisonnablement s'attendre à des faveurs sexuelles en retour d'une
invitation ou parce qu'elle a payé pour la sortie. Qui plus est, toutes
les relations de longue date ne doivent pas nécessairement mener
<<au lit>>. Toute relation sexuelle doit être volontaire,
et les deux partenaires doivent s'entendre sur le moment propice. |
Les choses s'amélioreront peut-être. |
Après les premiers signes de
violence, la situation empire généralement en l'absence
d'intervention. Il ne faut pas attendre le jour où il changera. Les
partenaires ont besoin d'aide pour briser le cycle. |
Les railleries ne font mal à
personne. |
La violence psychologique est
souvent considérée comme le recours inoffensif aux railleries. Mais se
faire traiter de tous les noms est blessant; c'est pourquoi les gens le
font. La violence psychologique diminue l'estime de soi, parfois de façon
permanente. Pour de nombreuses femmes, elle constitue l'aspect le plus néfaste
d'une relation d'abus. |
Il suffit de regarder un homme
pour savoir s'il est un <<batteur de femmes>>. |
Il n'existe pas d'agresseur type
- l'agresseur n'est pas nécessairement le tas de muscles décrit par
les médias. Ce peut être un compagnon de classe, un copain de discothèque
ou même un voisin. |
Cela n'arrive qu'aux autres. |
Personne n'est à l'abri
de la violence dans les fréquentations. Ce type de violence n'est pas
restreint à une classe sociale particulière ni à un groupe ethnique
ou racial. Certaines femrnes sont agressées dès leur première
rencontre, tandis que d'autres le sont à la suite de longues fréquentations.
Tout le monde est à risque |
Voici des signes avant-coureurs qui peuvent vous aider à repérer les
risques d'abus sexuel ou de violence physique au cours des fréquentations.
Chaque signe est accompagné de faits ou de méthodes pour vous guider dans vos
démarches. L'information vous aidera également à mieux venir en aide aux
femmes qui sont victimes d'agression.
Signe avant-coureur: Votre partenaire menace d'avoir recours
à la violence.
Faits et méthodes: Une menace, quelle qu'elle soit, ne doit
jamais être prise à la légère. Si votre partenaire menace d'avoir recours à
la violence, demandez de l'aide immédiatement. La situation est grave; ce n'est
pas un jeu. Les hommes mettront généralement leurs menaces à exécution. Vous
pouvez obtenir de l'aide de conseillers, de personnes travaillant dans des
maisons d'hébergement pour femmes violentées, de professeurs et de nombreux
groupes communautaires. Vos amies peuvent également vous aider, mais soyez
prudente. Si votre confidente banalise votre expérience ou vous dit
<<bah, ils font tous ça>>, adressez-vous ailleurs.
Signe avant-coureur: Votre partenaire est obsédé par l'idée
de vous dominer et de contrôler vos faits et gestes.
Faits et méthodes: Étudiez l'attitude de votre partenaire
à l'égard des femmes et cherchez à connaître son opinion sur des sujets tels
que l'égalité des femmes ou les compromis dans une relation. Soyez à l'affût
des signes avant-coureurs indiquant qu'il veut que tout se déroule à sa facon.
Signe avant-coureur: Votre partenaire est possessif sur le
plan sexuel et vous diminue ou vous humilie souvent.
Faits et méthodes: Il faut aborder directement la question.
Vous devez dire à votre partenaire que vous ne tolérerez pas cette attitude.
Que vous fréquentiez ou non une personne, vous avez le droit de faire ce que
vous voulez de votre corps. S'il n'est pas d'accord, il peut toujours rompre.
Signe avant-coureur: Vous savez que votre ami a déjà abusé
d'une autre femme. Son père est violent physiquement. Votre partenaire accepte
ou défend le recours à la violence.
Faits et méthodes: L'abus au cours des fréquentations fait
souvent partie d'un modèle de comportement continu. Si votre partenaire était
abusif dans une relation antérieure, il risque fort de l'être encore. Les
hommes font souvent peu de cas de la violence parce qu'elle prend l'allure d'un
mode de vie dans leur famille ou parmi leurs pairs. Pour briser ce cycle,
incitez votre partenaire à consulter un conseiller.
De nombreux hommes discutent entre eux de l'usage de la violence. Au cours de
ces conversations, il faut insister sur le fait que l'abus est néfaste. Il
faudrait encourager les femmes à faire part de leur expérience. Lorsque la
victime se tait, l'agresseur peut penser qu'il s'en <<tire à bon
compte>>. Le silence peut également lui donner le message que la violence
n'est pas vraiment un problème.
Si vous êtes victime de violence, demandez de l'aide. Des
conseillers compétents peuvent vous aider à guérir les cicatrices émotionnelles
et physiques que laisse l'abus.
Si vous voulez tenter de résoudre le problème avec votre partenaire,
insistez sur le fait que les excuses ne suffisent pas. Il a besoin d'aide. Les
hommes violents ne changent pas du jour au lendemain, et le premier coup n'est
jamais le dernier.
Si vous soupçonnez qu'une personne de votre connaissance
est victime de violence, écoutez-la et appuyez-la. Il est important de ne
pas la blâmer. Faites-lui savoir que la situation n'est pas normale et que
son partenaire est responsable des actes qu'il commetelle n'a pas provoqué la
violence et ne la mérite pas.
Faites-lui voir qu'il n'arrêtera pas de lui-même. Les deux partenaires ont
besoin d'aide. Elle doit panser ses plaies, et il doit apprendre à mieux se
comporter.
Si vous soupçonnez que quelqu'un que vous connaissez est abusif,
dites-lui que c'est mal et illégal. Faites-lui voir qu'il est responsable de
ses actes; n'acceptez aucune excuse.
Dites-lui que tout contact sexuel non désiré, y compris le fait de tirer
profit d'une femme qui est sous l'influence de l'alcool ou de la drogue, est une
agression sexuelle. Insistez sur le fait qu'une condamnation pour agression
sexuelle peut entraîner dix ans de prison.
La plupart des collectivités offrent des services pour les victimes et pour
les agresseurs. Ces organismes vous fourniront aide et renseignements. Le YMCA
pourrait être un bon point de départ. Les centres locaux d'aide aux victimes
de viol et d'agression sexuelle peuvent aussi grandement vous aider.
Si vous êtes encore aux études, demandez à un conseiller en orientation ou
à un professeur de vous aider à trouver un organisme qui travaille avec les
jeunes. Les adolescentes peuvent également appeler Jeunesse j'écoute au numéro
sans frais 1-800-668-6868.
Si vous voulez mettre fin à la violence dans les fréquentations,
n'hésitez pas à faire valoir votre point de vue. Faites savoir à votre
entourage que la violence, quelle qu'elle soit, n'est pas excusable. Parlez des
autres façons de régler les problèmes dans une relation.
Appuyez les programmes de sensibilisation à l'école, au collège, à
l'université et dans l'ensemble de la collectivité qui traitent des problèmes
de la violence faite aux femmes et qui visent à mettre fin à la violence en
favorisant l'égalité dans les fréquentations. Par exemple, les programmes
scolaires devraient aborder le lien entre la jalousie et la domination, d'une
part, et l'abus sexuel, d'autre part.
Joignez-vous à la campagne visant à persuader les gens que NON,
C'EST NON et que les hommes qui brandissent le poing sont responsables
de leurs actes, et non les femmes qu'ils frappent.
<<La violence dans les relations amoureuses n'est pas un phénomène
isolé>> par Marina Princz. Vis-à-Vis (1992). Volume 9, numéro 4.
Disponible auprès du Centre national d'information sur la violence dans la
famille, Santé Canada, Ottawa (Ontario) KlA lB4. Téléphone: 1 -800-267- 1291.
Prévention de la violence dans les fréquentations (1992) .
Disponible auprès de la Société canadienne de la Croix-Rouge, Fraser Region,
Suite 207 - 88, rue Tenth, New-Westminster (Colombie Britannique) V3M 6H8
Ayoye! (1992). Disponible auprès de la Direction-Jeunesse, 222,
avenue Laurier est, Ottawa (Ontario) KlN 6P2.
Trousses d'information (des frais sont exiges)
VIRAJ: Programme de prévention de la violence dans les relations
amoureuses des jeunes par Francine Lavoie, Lucie Vézina, Annie Gosselin et
Line Robitaille (1992). Disponible auprès de la Coordination de la condition féminine,
ministère de l'Éducation, Gouvernement du Québec, 1035, de la Chevrotière,
Québec (Québec) GlR 5A5
Prévention de la violence dans les fréquentations: vue d 'ensemble et réponse
(1992). Disponible auprès de la Societé canadienne de la Croix-Rouge,
Fraser Region, Suite 207 - 88, rue Tenth, New Westminster ( Colombie
-Britannique ) V3M 6H8
Il faut dire Non à l 'agression. (1993). Disponible auprès du YWCA
du Canada, 80, rue Gerrard est, Toronto (Ontario) M5B lG6
Vers qui? Vers quoi? (1993). Disponible auprès de la Coordination
de la condition féminine, ministère de l'Éducation... voir adresse sous VIRAJ.
Le catalogue des documents audiovisuels sur la violence dans la famille,
disponible auprès du Centre national d'information sur la violence dans la
famille contient plus de 70 titres de films et de bandes vidéo sur la violence
familiale. On peut les emprunter aux bureaux régionaux de l'Office national du
film. <<Le Prince héritier>> et <<Sur la bonne voie>>
sont hautement recommandés.
Pour de plus amples renseignements au suj`et de la violence familiale,
veuillez communiquer avec le:
Centre national d'information sur la violence dans la famille
Localisateur postal 0201A2
Division de la prévention de la violence familiale
Direction générale des programmes et des services de santé
Santé Canada
Ottawa (Ontario)
KlA lB4
Téléphone: (613) 957-2938
ou appelez sans frais: 1-800-267-1291
ATS (appareils de télécommunication pour personnes sourdes): (613)
952-6396
ou sans frais l-800-561-5643
Télécopieur: (613) 941-8930
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