Le machisme, une poudrière psychique
C’est autour de ce thème « Le Machisme », que s’est déroulée l’après-midi
de réflexion organisée par la Société Psychanalytique de Paris, samedi 9
janvier à Paris.
Qu’est ce que le machisme ? Une différence de degré dans le masculin qui
fait qu’un certain seuil franchi fait toucher à l’insupportable ou bien
s’agit-il d’une fixation enfantine à des pulsions pré-génitales ?
Une dynamique spécifique semble se nouer entre le masculin et le narcissisme
dans laquelle la motricité (rouler des mécaniques) et ses composantes anales,
l’emprise, le sadisme et la perversion, interagissent pour constituer le
personnage du machiste. Retrouve-t-on un « machisme » au féminin, dans des
formes exacerbées de militantisme féministe ? En d’autres termes « de quels
ensembles psychopathologiques le machisme est-il l’expression mais aussi de
quels conflits entre les sexes et les générations est-il le révélateur ? »
(M.P.Denis)
Une conférence très intéressante de Jean Cournut montre les conséquences
ravageuses du machisme. Il constate tout d’abord la peur que ressentent les
hommes pour les femmes. Celles-ci représentent la castration et incarnent une
triple énigme : elles sont les témoins de la différence - on sait peu de
choses sur leur jouissance sexuelle car elles n’en parlent que peu - la
maternité est incompréhensible. C’est à partir de cette peur que M. Cournut
conjugue les caractéristiques du machiste.
Selon lui, la domination masculine est évidente, naturelle, biologique. L’idée
de la supériorité des races s’y enracine. Cette domination est tellement évidente
que l’Autre, annihilé, disparaît. Dans les discours fascistes, l’étranger
n’existe pas, et il n’existe pas au point, qu’il convient d’en effacer
son nom sur les tombes, comme on l’a vu dans le cadre du génocide arménien.
Le machiste exalte la différence pour mieux nier l’existence de l’Autre, en
l’occurrence celle de la femme. Il est ici question d’une problématique
narcissique. L’Autre est tellement différent de moi que je ne peux pas le
connaître. Il n’existe donc pas. C’est pour le machiste, la glorification
phallique qui veut combattre la peur que suscite le féminin érotique. La non-élaboration
de la représentation de la jouissance féminine peut entraîner des pratiques
cruelles comme celle de l’excision.
Le versant maternel est plus complexe car le machiste aime maman. Mais pour lui,
maman n’est que mère porteuse. Comme l’a dit Euripide : « sans père,
jamais l’enfant ne sortirait du néant ». En poussant un peu le raisonnement,
on arrive aux pratiques d’épuration ethnique par viols dans les combats armés
comme on l’a vu dans le conflit serbo-croate.
Quatre autres conférences se sont déroulées sur le thème. M. Arnoux a raconté
et analysé les réactions surprenantes et ambivalentes de Freud à l’annonce
des fiançailles de sa jeune fille et relaté le cas d’un adolescent dans ses
rapports fantasmatiques à un père mort. Ruth Stein a tenté de montrer les mécanismes
et les affects en jeu chez le machiste. Puis Mme Girard et M. G. Diatkine ont
abordé la question plus spécifiquement chez les enfants.
M. P. Denis, directeur de la Revue Française de Psychanalyse dirigeait les débats.
Il s’est inquiété de la mauvaise image des hommes que certains des
intervenants véhiculaient en traitant du machisme. Il a alors raconté à
l’assemblée une histoire drôle qui selon lui, caractérise le machisme au féminin
: un couple espagnol vient de se marier. L’homme dit à sa jeune épouse : «
écoute chérie, sache que tous les lundis soir, je serai à mon Club, les
mardis soir au bridge, les mercredis soir au sport, les jeudis soir au cinéma,
les vendredi soir au théâtre, les samedi soir à mon cercle et le dimanche
soir à mon groupe de chasse ». « Très bien », répond la femme, « sache
qu’ici tous les soirs, à partir de 22 heures, on baise »
Vous pouvez retrouver de nombreuses réflexions psychanalytiques sur Le
Masculin, dans le Tome LXII-N°2. 1998 de la Revue Française de Psychanalyse.
187 rue Saint-Jacques, 75005 Paris,
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