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EuroPRO-Fem / Réseau Européen
d'Hommes Proféministes![]() Bulletin EuroPRO-Fem |
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Mars 99
Depuis près de 25 ans, les groupes d'hommes se suivent et se ressemblent ou pas. En tous cas, ils ont en commun de rassembler des hommes, des "mecs" qui insistent sur l'absence de modèles, les nécessaires réflexions sur l'identité masculine, l'indispensable solidarité avec les femmes féministes contre les violences, pour le droit à la contraception, à l'avortement, etc. Certains groupes durent. De groupes militants, ils sont devenus un "lieu" où paroles et sourires s'échangent en douceur. Certains sont éphémères. Deux ou trois rencontres et puis, plus rien, chacun reprend ses affaires et ses questions, et va plus loin. Le paysage politique aussi a changé. Qui se souvient qu'une partie importante des premiers groupes d'hommes était composé d'insoumis à l'Armée, souvent recherchés par la police. Aujourd'hui, où les rapports hommes/femmes évoluent vers une plus grande égalité, il devient normal de s'afficher comme "proche des femmes et de leurs luttes". De même, sida et luttes pour le PACS (pacte civil de solidarité) ont rapprochés ceux qui se réclamaient d'une sexualité hétéro, et ceux qui aiment d'autres hommes. Pourtant, aujourd'hui comme hier, les mêmes maux traversent l'antisexisme : un immense isolement de nos amis perdus dans les campagnes éloignées des centres urbains, ou intégrés dans des modes de vie masculin qui ne supportent aucune remise en cause de la guerre entre hommes, pour être le meilleur, le plus performant la volonté de certains de nos amis de fraîche date de s'afficher comme les meilleurs antisexistes, les plus radicaux, de confondre nécessaires débats et procès d'intention. la solitude des jeunes garçons qui découvrent leur attirance pour d'autres hommes, ou leurs refus des modèles traditionnels. Pourtant, aujourd'hui comme hier, ce sont les "Pères divorcés", ceux qui confondent conflit entre un homme et une femme, et guerre contre toutes les femmes, qui font bien souvent la une de l'actualité. Aujourd'hui, comme hier, les hommes antisexistes sont divisés : en générations, en catégories de définition de sa/ses sexualité(s). Voilà le sens de la rencontre de Pâques: débattre entre nous, apprendre à se connaître, au delà des guerres, des luttes. Dans une perspective de paix, de tolérance, de lutte contre toutes les violences: celles qui subissent les femmes, celles que des hommes imposent aux autres hommes pour les obliger à adopter des comportements virils. Faire exister en France un pôle d'hommes progressistes, qui veulent pour eux, pour leurs amies, les enfants, une société qui ne soit plus basée sur la domination d'un genre sur l'autre ; une société exempte de racisme, d'homophobie, de violences. En plus, nous avons la volonté de pouvoir débattre en s'écoutant, sans avoir la prétention de détenir LA vérité, ni sur les hommes, et encore moins bien sûr, sur les femmes. Nous avons l'ambition de débattre en se faisant plaisir, de ne plus avoir peur de la tendresse entre hommes, des plaisirs de partager PS: A la demande de certains hommes, et pour favoriser les débats, la rencontre est non-mixte. Cette première rencontre est francophone, d'autres devraient suivre
Des hommes, ensemble, contre le sexisme Nous étions dès 1975 dans les groupes d'hommes, et nous nous sommes battus contre la " virilité obligatoire " ; nous sommes jeunes militants radicaux et voulons soutenir les luttes de nos amies féministes ; nous sommes hommes progressistes, convaincus que l'égalité entre hommes et femmes répond à notre aspiration : une société sans discrimination, ni de sexe, ni de classe. Nous sommes gais, bisexuels, transgenres, hétéros, nous ne voulons plus de cette homophobie collective qui restreint nos libertés individuelles, cautionne notre déni de droits. Nous sommes hommes, convaincus que les constructions sociales du masculin empêchent la libre expression de nos sensibilités, de nos émotions. Nous sommes pères, à plein temps, à mi-temps ou papas de week-end, nous voulons élaborer un nouveau contrat hommes/femmes où la paix succède à la guerre alimentée, entretenue, par la justice sexiste. Nous sommes proféministes, persuadés que seule la fin de la domination masculine fera disparaître les prisons du genre. Nous sommes hommes, militants contre la violence masculine faite aux femmes, et dans une autre mesure faites aux hommes ; nous sommes solidaires et soutenons les luttes féministes contre la violence. Nous sommes des garçons sans modèle de père, d'ami, de fils. Les certitudes tombent, et nous voulons repenser notre place de père, d'ami, d'amant, de fils Nous avons en commun d'être des hommes qui refusons le sexisme Le Réseau Européen d'Hommes Proféministes propose une
rencontre (francophone) Plusieurs thèmes de débats sont prévus : Inscriptions, renseignements, suggestions, contributions : Contactez nous : Réseau européen dhommes proféministes EuroPRO-fem
CONTRACEPTION MASCULINE PATERNITÉ Revue dARDECOM N°1 - Février 80 Nous poursuivons la réédition sur CD-Rom de textes "Historiques" témoignant des interrogations des hommes sur la problématique du masculin. Vous trouverez entre autre dans la prochaine mise à jour du CD-Rom du réseau (prévue pour juillet 99), les deux numéros de la revue dArdecom, publiés en 1980. En attendant... Voici l'éditorial du numéro 1 En 1945, Pincus mit au point la première pilule contraceptive à base de progestatif de synthèse. Cette contraception orale féminine na été possible que parce que les mouvements féministes américains ont réclamé et financé la recherche (notamment le Planning Familial de Margaret Sanger)
ÉDITO ARDECOM Association pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine ARDECOM est née d'une série de rencontres... Des hommes ayant participé à des " groupes d'hommes " remettant en cause le rôle de mec, les comportements virils, se sont réunis pour parler des choses les plus intimes qui nous touchent, en dehors des rivalités habituelles. Nous avons parlé et réfléchi sur notre sexualité, la paternité, le rapport que nous avons avec les enfants : ceux dont on est le père biologique, ceux avec lesquels on vit, ceux qu'on voudrait avoir, ceux qu'on imagine et, pour certains, le refus d'être père. Sans abandonner l'idée d'un groupe de parole, nous avons voulu faire plus : pourquoi, si nous ne désirons pas d'enfant, ne pas l'assumer complètement ? Pourquoi accepter comme une fatalité l'absence d'une contraception masculine en dehors des méthodes vécues par nous comme des négations du plaisir (capote, retrait) ? Alors a commencé une longue quête. Nous nous sommes rendu compte que, contrairement à l'idée souvent répandue, il n'existait pas de méthode contraceptive au point, nulle part au monde. Quant à la vasectomie, si elle nous a intéressés, nous l'avons abandonnée comme étant actuellement définitive. C'est à ce moment que nous avons rencontré une équipe de médecins, de chercheurs, qui essayaient de mettre au point une " pilule " contraceptive masculine. Les uns pour répondre à une demande de couples ne pouvant employer aucune méthode féminine, les autres dans une démarche liée à la biologie de la reproduction réunissant la lutte contre la stérilité, l'insémination artificielle et l'existence d'une contraception masculine. Certains d'entre nous qui n'avaient pas envie d'avoir d'enfant ont décidé de participer à ces essais, non comme cobayes mais comme utilisateurs conscients. Nous avons accepté de prendre ces produits parce qu'ils étaient connus car utilisés et en vente depuis de nombreuses années. Il avait été établi un protocole prévoyant un contrôle médical très strict de l'innocuité et de l'efficacité du traitement. Nous avons essayé de prendre en main le maximum d'aspects comme le contrôle de la tension artérielle, le comptage au microscope des spermatozoïdes, le choix et la lecture des examens. Nous avons voulu mieux connaître notre corps, comprendre comment il fonctionne et nous avons découvert l'immensité de notre ignorance. Nous avons rencontré d'autres hommes qui pratiquaient la même contraception mais y étaient arrivés individuellement. Nous avons échangé nos expériences et nous nous sommes regroupés. D'autres hommes, qui refusaient la contraception chimique, se sont joints à nous et cherchent des moyens de contraception nouveaux à partir de la chaleur, de l'action du cuivre... Enfin s'est créée en octobre 1979 ARDECOM, " association d'hommes et de femmes concernés par la contraception masculine " ; une association pour que les gens qui sont intéressés, et nous sommes nombreux, se mettent en contact, échangent, se rassemblent. Nous recherchons toutes les informations sur la contraception masculine et les diffuserons. Nous essaierons de suivre, d'impulser, de réaliser des essais de contraception (des projets de recherches ont été déposés), de faire se rencontrer les utilisateurs... Nous voulons aussi que la vasectomie soit d'accès facile et légal même si elle n'est pas considérée, à tort, comme une contraception. Une dynamique pour l'existence d'une contraception masculine se met lentement en place. A chaque article dans un journal, de nombreuses lettres nous arrivent, un lien prometteur s'établit avec le Planning familial, des groupes se créent dans plusieurs villes (Nantes, Lyon, Toulouse, Limoges). Nous voyons ARDECOM comme un lieu d'expression reflétant la diversité des paroles et des expériences, comme un instrument pour qu'une contraception masculine existe, même si elle ne résoud pas tous les problèmes, comme un endroit où se disent la paternité, l'amour, la vie...
LA CARAVANE DES TANTES Star, je ne suis pas un numéro 4, le journal de toutes celles et tous ceux qui veulent toucher les étoiles, vient de sortir. Nous publions Vous pouvez commander le journal: STAR c/o MAB "...Star est à prix libre, cest-à-dire que tu
donnes ce que tu veux... J.J. Le texte qui suit est inspiré de ce que je vis, vois, entends et ressens, des colères et des pensées que cela fait naitre, des livres et fanzines que je lis. Pour le reste, il ne sagit que de doutes, de certitudes et de contradictions... Jaurais pu grandir dans la "maison des hommes" (1) mais je lai surtout subie, comme ces sales mômes quon enferme dans la cave en leur mettant un bonnet dâne, et en leur faisant porter le fardeau des misères de la famille et des autres. Je ne suis pas née dans la "maison des femmes" parce que biologiquement je nai pas un corps de femme, et nai pas été éduquée, et n'ai pas vécue comme telle. Jai un corps et un sexe masculin et le but du jeu est que je devienne un mec qui rit fort, parle fort, parle des femmes comme il aime les voitures. Mais malgré tous les branle-bas de combat, sueurs et inquiétudes, que cela a dû poser dans mon entourage de gamin, je préfère toujours le vernis à ongle au ballon de football, pour rester dans une imagerie classiquement binaire. Et impossible de savoir quelles sont les raisons majeures qui mamènent aujourdhui à me sentir plutôt tante, plutôt éfféministe, que homme ou gay. Impossible de savoir si cest le fait dêtre petit et menu depuis le début, format poubelle ou crachoir, qui laisse uniquement à choisir entre bouc-émissaire ou esclave facile comme format dexistence. Je ne sais pas si cest ça ou autre chose. Je ne sais pas si cest ça avec dautres choses, en tout cas jai appris à baisser les yeux. Il est probable que sentendre dire quon est peu de choses, une merde, un handicapé mental, une tapette, une minette aide à comprendre les souffrances, développe nos sensibilités aux problèmes des autres (2). Les autres quand on est mômes, ce sont les gros, les moches, les roux, les grandes oreilles, les pisse-au-lit, etc, et bien-sûr les filles, qu'elles soient rousses ou non, grosses, pisseuses, poufiasses, etc ou non... Je ne sais pas si cest cette sensibilité qui "inconsciemment" ma, à un moment donné, permis de juger que le monde des jeux des filles (dinette, poupées, élastique, marelle...) était plus sympa que le monde bruyant, violent, des garçons. Je ne sais pas si le fait davoir joué et grandi avec mes copines très jeune est lié au fait que jétais efféminé. Je ne sais pas. Je pose, propose, suppose, et ne regrette rien. Par contre, ce que je sais avec certitude, cest que régulièrement, et depuis longtemps, le monde de la "maison des hommes" me le fait raquer. Mon identité se forme au rythme des insultes, des injures, des coups. Cest ce que je suis avec mes peurs, mes angoisses, et aussi avec mes éclats de rire, avec la dérision du mépris dominant, avec lautodérision pour me permettre et me donner les moyens dexister. PATRIARKIKI PARADIS A PATRIARKAKAKALAND En patriarkie, lhétéronormalisation contribue à accentuer la séparation des rôles et tâches, attribuées aux personnes selon leur sexe biologique, en offrant aux petits garçons ce qui est normâlement pensé comme valorisant, et en jetant les restes aux petites filles. En patriarkie, lhétéronormalité piétine les femmes et enterre les gens bizarres, celles et ceux qui ne réduisent pas les amours, les êtres, en mécanique de reproduction. En patriarkie, lhétéronormalité cest lordre des non-choses, des abcès et des absences de vie. LA GROTTE DES HOMMES Dans la grotte des hommes "si on nest pas un homme, on est une fille, une mauviette, un éfféminé" (3). Peu importe, par conséquent la ou les sexualités que tu pratiques ou pas, peu importe que tu sois pédé, bi ou hétéro. Il faut juste être un homme, comme papa, Serge Lama ou 3615-Gay musclé. Peu importe que tu préfères les deux premières mi-temps sur le terrain de foot ou la troisième mi-temps sous les douches, dans les vestiaires. Le principal, cest que les actes entre les hommes soient virils, ou considérés comme tels par lassemblée. Peu importe quon se tape "fraternellement" dans le dos sous ces mêmes douches, quon se touche les couilles ou quon se plotte le cul. Ce quil ne faut surtout pas, cest passer pour une gonzesse, une tapiotte, un enculé. Il faut faire comme si on naimait pas ça. Et au cas où on y prenne goût, il faut alors laffirmer de façon viril, montrer quon est quand même un Mec comme les autres Mecs. Un pédé avec des couilles. Aujourdhui encore, malgré la démocrétinisation des moeurs, il est toujours plus valorisant de porter des chaussures à crampons que des chaussures à talons aiguilles. Question de genre... Peu importe que des Mecs sadonnent aux concours des bites-les-plus-longues, jeux érotico-sexués non-mixtes, où la valeur du vainqueur se mesure en centimètre, et où le déshonneur du vaincu en bennes de moqueries humiliantes (4). Peu importe que le copain-grande-bouche aille de temps-en-temps draguer un travesti sur les quais, pendant que la copine-alibie reste à la maison. Ce quil ne faut surtout pas cest être assimilé aux critères définis comme féminins, ne pas être jugé par le groupe des hommes ou des copains comme gonzesse, ça serait une faiblesse. Cest moins ridicule dêtre un branleur quune suceuse, un enculeur quun enculé. Donner lapparence de ne pas en être, mais plutôt den avoir, cest la formule du bel Hercule. Pourtant, les jeux érotiques et sexués homos font partiellement partie de léducation des garçons, pour le plaisir, comme forme de compétition et de hiérarchisation, ou afin détablir des codes sociaux. Ces codes et les hiérarchies quils imposent, développent la volonté de parêtre mieux que, ou de faire mieux que lautre, plutôt que la volonté dêtre mieux que soit même, laquelle approche de soi et du monde est un perpétuel mouvement, questionnement, etc. Tanter dêtre mieux, de faire mieux que soi-même, être à lécoute de soi, de ses différences qui sentrechoquent, de ses contradictions et complémentarités, afin de comprendre autrement notre environnement, lautre, les autres, et les situations. Etre à lécoute de lautre en soi, cest-à-dire de soi, pour ne point se mépriser, et ne point mépriser lautre. Ou alors, nous resterons confrontéEs aux violences sexuelles contre les hommes, les hommelettes, les transgenres, et évidemment contre les femmes, menaces et actes de guerre contre le genre féminin. Le dit "actif" contre la dite "passive". LE GAYTTO Le gaytto (ou "communauté gay", terme utilisé par les commerçantEs gays pour définir leur clientèle-porte-monnaie) largement dominé par les hommes, contribue partiellement a son intégration dans le monde patriarcal, marchand, etc, en se débarrassant des imageries de folle-dingues qui lui collaient à la peau comme eczéma. Depuis longtemps, et aujourd'hui quasi systématiquement, les gays se montrent multi- musclés, sportifs, mâles et/ou misogynes. Normaux donc... La virilité des images publicitaires gays nous rappellent celles des statues, affiches et autres monuments glorieux du stalinisme, du nazisme, et du scoutisme (...sans les queues en érection, évidemment!), effigie de la gloire du travail, de la gloire de nations, des nationalismes. Ce ne sont évidemment pas que des images pour faire téléphoner et gagner des francs, ce sont également des images pour faire bander où l'extase de chez l'extase, le désir, le plaisir, la jouissance ne fonctionnent qu'avec la survalorisation du corps masculin, et où, par conséquent,.les valeurs con-traires sont de goûts mauvais. Images dhommes droits, larges dépaules et fiers. Apologie du mâle et du normâle, de sa jeunesse, de son corps, de sa force, de sa santé, que lon retrouve un peu partout aujourdhui, et dont la négation est la laideur, la maladie et le genre féminin auquel est associé la sensibilité 5, la maternité, la passivité, la faiblesse, la nervosité, lhystérie... Et pendant ce temps-là, les lesbiennes sont derrières, là-bas, au fond, et les transgenres balaient larrière-cour. Cherchez, vous les trouverez bien quelque part. VIOLENCES HOMOPHOBES Jai été tabassé et violé un soir dautomne 1997 par trois jeunes Mecs, à St Germain-des-Fossés, Allier. Jaurai pu avoir la carrure dun rugbyman, avoir une démarche viril, être 100% pédé et ne pas avoir été confronté à ce type de violence homophobe. Jaurai pu être petit, avoir les cheveux roses, porter des bijoux, être plutôt efféminé dans ma façon dapparaître et de me déplacer, être100% hétérosexuel et être tabassé ce soir-là. Les violences homophobes (coups, insultes, viols, meurtres...) dirigées contre les hommes sattaquent à ceux auxquels il est attribué des particularités dites homosexuelles, mais qui dans la réalité ne le sont pas forcément: la façon de parler, de marcher, de se vêtir, les gestes par exemple. Elles ne sadressent pas particulièrement aux personnes dont la sexualité est homo, puisque la ou les sexualités des unes, des uns et des autres ne se détectent pas encore à loeil nu. Et encore moins dans la nuit... En patriarkie, les violences homophobes ciblent les hommes qui ne sinscrivent pas dans les normes, dans les codes, masculins et patriarcaux, les personnes dont la virilité, la façon dêtre et doccuper les espaces, dont la façon de tchatcher, découter ou de ne pas écouter sont autres. Différentes. Elles ciblent les hommes qui sont étrangers à limage domestique des mâles. Elles ciblent le genre féminin. Les femmes, les mômes, les chienNEs et autres animaux. Jai été tabassé et violé par trois Mecs qui, à ce moment-là, ont estimé que cétait le châtiment que je méritais, et dont la sentence était de me faire payer à coups de poing, à coups de tête, de pied et de queue, mon insoumission, mon a-normalisation. A la fois punition et rite qui contribuent à nos constructions masculines, la mienne tout autant que la leur. Il mont ainsi rappelé que la menace était permanente pour les non-Mecs, les tapettes, et par la même occasion, se sont prouvés quils ne devaient pas être ce que je suis, quils ne pouvaient pas en être. Ce nétait donc évidemment point des tantes. Cétait peut-être des pédés... Le sauront-ils un jour ? Ce type daction fait partie dun brouillon de culture dans lequelle samalgament les insultes, les blagues, les rites de bizutage, etc... Actions physiques, psychologiques ou sexuelles de guerre, en temps de "paix" ou non.
UNE CARAVANE DE TANTES POUR LES GENS ETRANGES ET BIZARRES Cest sans doute parce quil marrive dêtre encore sujet au mépris, quil mest toujours un peu amer dentendre que la maison des tantes est une partie de la maison des hommes, et quà ce titre, je bénéficie de certains des privilèges que lorganisation patriarcale offre aux mecs. Cependant si mon coté masculin (6) tire profit de loppression générale des femmes, mon coté féminin en paye les frais. Du moins, cest ce quil me semble régulièrement vivre, cest ce dont je suis fait. Cependant, à lidée de grandir dans la cave de la maison des hommes, je préfère mimaginer quil sagit plutôt dune caravane, déglinguée du dehors et scintillante à lintérieur, installée au fond de laride jardin de La forteresse. Mon désir de décrire, de définir, ma caravane des Tantes, de fixer quelques points de repère, quelques bouées de secours (7) nest pas une nouvelle Tantative pour constuire des murs en opposition avec dautres, ou des petites boites à ranger les identités des individuEs. Au contraire, il divague dans la démarche actuelle des recherches et des militances queers qui sagitent dans les domaines de la déconstruction des genres (masculin et féminin), et dont les analyses et revendications partent entre autre de la sexualité pour comprendre autrement le social 8. Parce quelle sintéresse aux différentes sexualités et socialités, lesbiennes, hétéros non-normatives, bisexuelles, gays, et aussi parce quelle sintéresse aux genres libres, lidée queer questionne. Elle est appelée à déstabiliser lhétéronormalité et le patriarcat en tant quOrdre, à développer la critique, si nous prenons soin de nous écouter, de nous entendre. Si nous prenons soin d'écouter et d'entendre les paroles de femmes. Si nous prenons soin d'écouter et d'entendre les paroles jusqu'alors dominées. Cest sur ce chemin-là que je souhaite voir ma caravane gambader. jeanjean, février 1998. (1) Lhistoire de la "maison des hommes" est bien expliquée dans "La peur de lautre en soi, du sexisme à lhomophobie", écrit sous les directions de Daniel Welzer-Lang, Pierre Dutey et Michel Dorais, VLB éditeur, 1994. "La fabrication des mâles" de Nadine Lefaucheur et Georges Falconnet, éditions du Seuil, 1975, est très bien argumenté également. (2) Petit clin-doeil, là, à larticle titré "pédé !" et publié dans "Banderoles, écrits publics et privés, 1989-1996", dAlias, aux éditions Geneviève Pastre, collection Courants ascendants, 1997. (3) "La fabrication des mâles", déjà cité, page 22. (4) Larticle "Jai une petite bite...et alors" publié publié dans Star N°4 démontre la façon dont ces histoires de centimètres peuvent valoriser où dévaloriser la perception que les garçons ont deux. (5) La sensiblerie pour dautres... (6) A ce sujet, il faut se référer au livre "La fabrication des mâles", déjà cité, pages 24 et 25, où les auteurEs se sont amuséEs à relever les termes que le dictionnaire Petit Robert associait aux hommes, puis aux femmes. Lire aussi "La peur de lautre en soi, du sexisme à lhomophobie", déjà cité, entre autre les articles sur la construction des hommes, la "maison des hommes", le sexisme, etc... (7) Labsence de point de repère lorsquon grandit, labsence dimages auxquelles nous pourrions nous identifier lorsquon est môme est souvent un problème pour beaucoup dentre nous (pédé, lesbienne, bi, transgenre...). Pour les jeunes garçons homos, les seules références que nous ayons sont les insultes dévalorisantes: tarlouze, tapette, etc... à partir desquelles nous tantons de construire nos existences. Les femmes ont aussi leur propre lot de termes péjoratifs et insultes comme référence à partir desquelles elles doivent construire leurs identités. (8) Sociologie et sociétés, vol. XXIX, n°1, printemps 1997, page 15.
La Parité Enjeux et mise en uvre Collection Féminin & Masculin Presses Universitaires du Mirail La parité: pour quoi faire? Et, tout autant, comment la faire? La parité est elle nécéssaire à la rénovation de notre système politique et juridique? Permettra-t-elle, dans la sphère publique, de faire reculer les inégalités entre hommes et femmes? Permettra-t-elle de faire avancer la parité sociale? Doit-elle, enfin, être inscrite dans la constitution ou bien faire l'objet d' "actions positives", et lesquelles? Des politologues, des philosophes, des juristes,et des sociologues du Congo, du Québec, de Finlande, d'Italie et de France donnent leurs réponses à ces questions. Ces spécialistes rendent compte des travaux consacrés aux obstacles à la parité et à la pratique des femmes élues et remettent en cause un certain nombre d'idées reçues sur les relations des femmes au politique. Nous publions ci-contre un texte d'Alain Lipietz, tiré de ce livre.
LHOMME
POLITIQUE, LOUP POUR LA FEMME Alain Lipietz Bien quayant contribué, en tant quéconomiste, à la compréhension du sort réservé aux femmes dans le nouveau modèle économique, "libéral-productiviste", qui se met en place depuis une vingtaine dannées (Lipietz, 1996 a), jai conscience que linvitation à ce colloque ne relève pas de ma compétence académique. En réalité, cest plutôt au titre dhomme politique que je suis ici, en quelque sorte "témoin" dans le débat qui vous occupe. Jai en effet participé, avec certaines responsabilités, aux premiers regroupements politiques ayant pratiqué la parité. Ce fut dabord le mouvement Arc en Ciel (où se retrouvaient notamment les féministes du CINEL et du collectif Ruptures), puis Les Verts qui, à partir des élections européennes de 1989, pratiquèrent systématiquement la parité des candidatures et linscrivirent dans leurs statuts. Les raisons de souhaiter la parité comme résultat sont nombreuses. Je les ai analysées, ainsi que leurs critiques, dans divers articles (Lipietz, 1994). On peut dabord souhaiter légalité malgré la différence des sexes, au nom de légalité, parce que linégalité hommes-femmes dans les postes de représentation ou de direction politique est injustifiable, quelle est la trace dune oppression plus générale quil faut traquer. On peut aussi vouloir la parité à cause de la différence, parce que les femmes, du fait de leur culture engendrée par leur situation sociale, ont des choses à dire, des orientations à faire valoir à partir dun point de vue différent de celui des hommes, voire plus complet et plus riche. Cette position est incluse dans la précédente, elle ne sy oppose pas. Le "féminisme de la différence" est un sous-ensemble du "féminisme de légalité". Je sais bien à quels excès de polémiques conduit cependant lopposition entre "universalisme" et "différentialisme" (Lipietz, 1996 b). Quil me soit permis ici dexposer combien ces débats sont politiquement secondaires en face de cet obstacle fondamental à la parité: le type masculin de politicien. Un type auquel je participe, même si jessaie de faire attention. Cette résistance masculine est beaucoup plus importante que lintériorisation, par les femmes, dune "inaptitude au politique". Mais attention! Le discours masculin de linaptitude différentielle des femmes, encore récemment manifestée par Alain Juppé qui proposait aux femmes un rattrapage de 10 ans dans les conseils municipaux, nest pas la seule variante du discours phallocrate, on va le voir. Le type masculin de politicien Jappelle type masculin de politicien lhomme qui fait de la politique son métier et sa passion, non pour son contenu mais pour le plaisir de conquérir, occuper, conserver une fonction élective (interne à lappareil dun parti, ou externe, cest-à-dire dans les élections civiques). Ce type est assez commun aux humains de sexe masculin, car il systématise caricaturalement le "rôle dhomme". Dabord: navoir quune chose à faire dans la vie, et laisser aux autres (ses compagnes) lintendance. Ensuite, privilégier la compétition, cest-à-dire la rationalité instrumentale ordonnée à une fin purement symbolique, qui ne vise quà ratifier lexcellence dans la maîtrise de linstrument. Enfin, dans la compétition, ne viser que le pouvoir pour lui-même, même sil nest justement que symbolique. On peut trouver à ce type des codéterminants historiques, sociaux, culturels: on le rencontre par excellence dans la France du Midi, et encore plus en Corse. Mais il est si mondialement répandu quil renvoie sans doute aux racines les plus psychanalytiques de la masculinité. Si, comme le pense le socio-analyste Gérard Mendel, la psychanalyse des êtres humains en société est structurée par une pulsion dacte-pouvoir, cest-à-dire un désir dexprimer son autonomie en transformant le monde et les autres autour de soi (Mendel, 1993), il est probable que la tonalité de lacte-pouvoir est elle-même sexuée. On peut sinspirer par exemple des intuitions de Luce Irigaray (Irigaray, 1987): lhomme aura plutôt tendance à exprimer sa pulsion dacte-pouvoir comme une projection vers lextérieur, instrumentalisée à un but de résonance phallique. Mais cette interprétation analytique est largement surdéterminée par lorganisation sociale, et, dans nos contrées, par la distinction entre le "privé" (le "domestique"), et le "social" (hors de la maison). Le même politicien du Gers ne concevra pas quune femme lui dispute un poste de Conseiller Général, mais nhésitera pas, chez lui, à appeler son épouse "la patronne". Non quelle y soit vraiment la maîtresse, mais simplement quil lui a tellement délégué quil ne saurait y survivre sans son aide et direction. Or, ce type masculin de politicien sait admirablement jouer tant du différentialisme que de luniversalisme pour justifier son monopole social. Les discours politiques du masculin Sans prétendre être exhaustif, on peut essayer dordonner brièvement les postures idéologiques justifiant lexclusion des femmes de la scène politique. Nous nous limiterons ici au cas français, depuis la consolidation de la République au XIXè siècle. Les variations de postures sy enchaînent historiquement en réponse aux progrès des aspirations démocratiques féminines. Chacune survit jusquà nos jours sous une forme presque originelle, mais elles sengendrent aussi lune lautre par une sorte de transcodage, un processus adaptatif qui préserve un noyau phallocratique à travers la diffusion des idées dégalité. Le différentialisme mystique A la racine de notre histoire politique phallocratique, il y a bien sûr lidéologie de lEglise Catholique, qui a pu maintenir jusquà aujourdhui (douteux privilège) lexclusion formelle, statutaire, des femmes de sa structure hiérarchique (de la prêtrise à la papauté). La justification de cette exclusion est théologique, elle s'appuie sur sur un "ordre de la création". Le clerc soccupe des affaires de Dieu, il doit être disponible pour son Eglise (assemblée, communauté). Or la femme est non seulement un "être de chair" en négatif (une personne du sexe, donc du péché), mais elle est aussi un "être de chair" en positif, cest-à-dire une mère. Nayant pas loutrecuidance de prétendre que le genre masculin échapperait à la concupiscence, la hiérarchie catholique assoit le monopole des hommes sur le versant positif de la féminité (à ses yeux !): la capacité de dévouement exclusif des femmes à des êtres particuliers, leurs enfants. La différence des femmes, cest un manque duniversalisme. Certes, les prêtres, ayant surtout affaire à des femmes, ont dû leur concéder après moult querelles byzantines, dailleurs intimement liées à la question de labstraction, comme le montrent les offensives des "iconoclastes" quune femme fut "Mère de Dieu". Mais pour les cantonner dans ce rôle sublime: "sois mère et tais-toi". Cette position ne survit évidemment que dans la droite de la démocratie chrétienne, et sans une forme paganisée en culte du chef (et de ses filles), au Front National (Lesselier et Venner, 1997). Mais elle a fourni aussi le modèle du phallocratisme politique à ses adversaires: les républicains anticléricaux. Le différentialisme laïque Cette seconde posture sest en effet développée contre le monarchisme clérical, elle a engendré directement le discours du type masculin de politicien de la IIIe République, que lon retrouve encore si présent dans le "radicalisme de Sud-Ouest". A la Mère mystique pleine de grâce, il substitue le couple "épouse-maîtresse de maison" (la "patronne" déjà citée) et "maîtresse tout court". Au "sois mère et tais-toi" il ajoute "sois belle et tais-toi". Dans ce modèle de la IIIe République, la femme est exclue même du droit de vote, à la fois en réaction à la Réaction ("si elles votaient, elles voteraient comme leurs curés"), mais aussi dans la continuité de la Réaction (Fraisse, 1995; Viennot, 1996). La femme est vue une fois encore soit comme un être de chair frivole (la maîtresse), soit comme un animal domestique promis à lapprentissage du rôle de mère et de maîtresse de maison, mais dans les deux cas cantonnée par ses dons au "domestique", incapable de sintéresser au social (linter-domestique en quelque sorte), si ce nest à travers la littérature. Au fond, la femme est un être "sauvage", enfant trop naïve ou femme trop perverse, ou, au mieux (après dressage) femelle trop attachée à ses petits et à son "intérieur", pour soccuper à la "chose publique", la République (Maugue, 1987). Là encore, la différence de la femme est un manque duniversalité, alors que la différence de lhomme est sa capacité à sintéresser à lUniversel, et aux affaires du monde. La racine théologique de cette représentation est si évidente quelle sera presque naïvement reprise comme telle jusque chez Freud. Luniversalisme abstrait Avec la montée des femmes dans linstruction publique qui les portera jusquaux ministères du Front Populaire avant même de leur ouvrir les portes de la Chambre des Députés, puis avec laccès (en 1945) au droit de vote et à léligibilité, le différentialisme laïque va devenir intenable. Lheure a sonné de luniversalisme abstrait. "Nous sommes tous et toutes égaux, nous avons tous les mêmes droits. Les femmes ont le droit de "candidater" si ça les intéresse, et elles ont le droit de voter pour des candidates si elles les préfèrent. Si elles ne le font pas, ça les regarde". Moyennant quoi, se succèdent jusquaux années 1970 des Assemblées sinistrement saturées dhommes, des gouvernements presque exclusivement masculins. Sil en est ainsi, cest que les structures sociales que reflétait le différentialisme laïque sont pour lessentiel intactes. Les années 1950-1960 marquent le maximum de lexclusion des femmes de la vie sociale, låge dor de la figure de "maîtresse de maison", dans les campagnes, les petites villes, même dans les grandes. Les "aides familiales" des travailleurs indépendants sont encore cantonnées dans lexploitation domestique, les salariées, de plus en plus nombreuses, sont encore très minoritaires et cantonnées tout en bas de la hiérarchie. Les choses ne changeront quà la fin des années 1960, quand les femmes commenceront à maîtriser leurs grossesses et acquièreront plus dindépendance économique. Mais le "type masculin de politicien" structure entièrement les appareils qui déterminent loffre électorale: les partis politiques. Pour lemporter dans un parti dans la course à la candidature, il faut navoir "que ça à faire" (et les femmes ont mille autres choses à faire), il faut "aimer çà" (et les femmes naiment pas forcément cette forme-là dacte-pouvoir) il faut aimer le pouvoir pour lui-même, et les femmes aimeraient pouvoir faire quelque chose de nouveau. Cest justement avec la montée du féminisme que, les questions du privé devenant politiques, les femmes entrent en tant que telles, cest-à-dire avec leur sexe et pas en tant que citoyens de sexe par hasard féminin, dans lespace des représentations politiques, cest-à-dire lespace où les questions de la transformation sociale deviennent visibles. Elles y viennent soit pour y exprimer des demandes propres (droits reproductifs, égalité professionnelle), soit pour y revendiquer la concrétisation dune égalité abstraitement reconnue, elles y viennent au nom du différentialisme ou de luniversalisme. Mais, même quand elles y viennent au nom de luniversalisme et de légalitarisme, elles y viennent en tant que femmes, cest-à-dire en tant que sous-ensemble particulier à qui luniversel et légalité sont en fait déniés. Elles ont toujours cette différence de ne pas être égales, et la solution politique à ces problèmes est la parité, au moins comme résultat. Le type masculin de politicien est à nouveau contraint à une mutation, "post-moderne" en quelque sorte. Luniversalisme pseudo-concret ou paritarisme "fun" La réponse masculine post-moderne est particulièrement illustrée dans les partis ayant déjà accepté formellement lobjectif de parité, en tout premier lieu Les Verts, et plus récemment le MDC, le PS et le PCF. "Bien sûr quil faut des femmes, et des jeunes, et des beurs, et des musiciens! Bien sûr que ce sera très bien, la parité, comme dans la vie. Mais pas chez moi, ce nest pas possible. Pas dans ma circonscription. Pas dans mon canton. Pas dans mon courant. Mais à côté, pourquoi pas?". Le philosophe Karel Kosik définit le pseudo-concret comme la prise en compte de la diversité du réel en tant que simple juxtaposition, sans hiérarchisation des rapports organiques qui engendrent cette diversité (Kosik, 1968). Le paritarisme fun, variante du post-modernisme, "colle" en un paysage les différences à prendre en compte, les hiérarchise à sa guise, par exemple en ne les hiérarchisant pas, ou en privilégiant tactiquement une autre différence que celle de lopprimé-e quil a en face de lui. Or, il y a bien dautres différences légitimes en politique que la différence des sexes. Il y a évidemment les différences doptions politiques, qui inspirent les scrutins à la proportionnelle. Une femme est-elle candidate à la candidature? On inventera une différence politique, dont le leader sera un homme. Il y a aussi bien sûr les différences territoriales. Quand il ny a quun élu par circonscription, ou même quatre, il est bien rare quon ne trouve pas quatre courants politiques à représenter, chacun par un homme. Et puis, il faut bien faire de la place à un associatif, à un représentant dun parti allié, à un beur ou à un ouvrier... Selon le célèbre apologue de J.L. Borgès, la carte qui représenterait tout le territoire serait homologue au territoire lui-même. Choisir une représentation, donc un mode de scrutin, cest choisir les différences à conserver. Même le scrutin de liste départemental (comme aux élections régionales) ne laisse guère de place aux femmes, si chaque liste a un ou trois élus, et si chaque liste intègre elle-même un dosage de sous-courants (la plupart conduits par un leader). Là encore, le "manque de goût" des femmes pour les jeux politiques les place en position défavorable face aux hommes. Elles seront les premières à intérioriser lidée: "Untel défend mieux ma propre position que moi-même. Et le sud du département doit être représenté, et Telautre y est le seul candidat valable. Je me présenterai la prochaine fois". Certes, il y aura toujours des femmes pour instrumentaliser à fond le principe de parité jusquà ce quelles soient elles-mêmes servies. Ce nest pas plus grave parce que ce sont des femmes. Certes, il y aura toujours des femmes pour remarquer à propos dune liste conduite par des femmes "cest le harem dUntel, qui les téléguide dans lombre". Ce ne sera pas forcément faux... et alors? Face au "paritarisme fun", les féministes ne devraient pas se contenter du pseudo-concret. Si elles pensent vraiment que, dans la conjoncture actuelle du rapport entre les sexes, les intérêts des femmes et le point de vue des femmes sur le monde doivent être représentés à égalité avec les hommes, alors elles ne peuvent se contenter de la parité comme résultat laissé au hasard de la conviction des hommes. Elles doivent se battre pour que la parité des sexes soit inscrite dans la loi et dans le mode de scrutin, au même titre que la juste représentation territoriale et léquitable représentation des courants politiques. Le scrutin de liste alternée hommes-femmes nest pas forcément une garantie, on la vu. Lélection dun homme et dune femme par circonscription, sil déséquilibre la représentation de la diversité politique, garantit absolument la parité dans le mode du scrutin lui-même. Tout est affaire de dosage. Quant aux hommes, il ne reste quà leur souhaiter de goûter au plaisir des assemblées mixtes sils sont élus, et sils ne le sont pas dinventer dautres champs dapplication à leur envie de transformer le monde. Je nai aucune crainte à leur sujet. Lipietz Alain (1996 a) La Société en Sablier, Ed. La
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