LE PRÉSERVATIF :
une bonne efficacité due à une technologie en évolution
Il existe deux techniques de contraception masculine pouvant être actuellement proposées
à une échelle relativement large :
- la vasectomie, dont on parle par ailleurs
- le préservatif masculin.
Nous n'aborderons pas ici les problèmes sexuels, sociaux, légaux ou moraux liés à
cette méthode, pour nous attacher uniquement à son efficacité.
Il existe en effet une " ambiance psychologique " d'inefficacité autour de
l'utilisation des préservatifs, qui n'a plus de justification aujourd'hui.
Les progrès de l'industrie du latex ont abouti à des préservatifs :
- d e très bonne qualité ;
- traités dans une atmosphère d'humidité évitant la dessiccation responsable de
perforations ;
- avec un contrôle électronique de chaque préservatif, associé à des tests
d'insufflation d'air ou d'eau ;
- lubrifiés par des silicones semi-secs conditionnés de façon à donner une durée de
vie de 5 ans.
Grâce à ces améliorations, on aboutit à une efficacité telle que les dernières
statistiques britanniques donnent de 0,4 à 1,6 échecs pour 100 années-femme. Rappelons
que le stérilet donne une efficacité de 1,5 à 3 échecs pour 100 années-femme, et
qu'il est responsable d'infections tubaires.
En conclusion, paradoxalement, alors que sa nocivité est nulle, le préservatif masculin
est une méthode sous-utilisée en France : les raisons de cet état de fait sont
multiples, mais l'un d'entre elles nous semble la méconnaissance de son efficacité qui
est grande.
QUELQUES QUESTIONS À PROPOS DE LA VASECTOMIE
1) Qu'est-ce que la vasectomie ?
C'est la section chirurgicale des canaux déférents chez l'homme, provoquant une
stérilisation définitive en empêchant l'émission des spermatozoïdes. C'est la
stérilisation au masculin.
2) Comment se pratique l'intervention ?
Les canaux déférents sont très facilement accessibles sous la peau des bourses. Sous
simple anesthésie locale, une incision de 1 cm sur le scrotum de chaque côté de la
verge permet de les visualiser. L'obturation est généralement faite par une double
ligature du canal plus une résection de 1 cm entre les deux noeuds. La peau est ensuite
refermée par des points de suture ou des agrafes.
3) A quel moment la stérilité est-elle acquise ?
L'évacuation des spermatozoïdes restant dans les canaux déférents en aval de
l'obturation est fonction du rythme des éjaculations suivant l'intervention. On peut
trouver des spermatozoïdes pendant plusieurs mois en très petite quantité, mais
normalement ils ne sont pas fécondants sauf pendant les 15 premiers jours. Il est de
toute façon indispensable de faire des spermogrammes de contrôle pour s'assurer de la
réussite de l'opération et déterminer le moment d'apparition de la stérilité.
4) La vasectomie provoque-t-elle des modifications de l'appareil génital ?
Aucune modification ni des testicules, ni des autres glandes participant à la formation
du sperme, ni de la fonction des hormones sexuelles. L'éjaculation n'est pas modifiée,
il n'y a pas de diminution perceptible du volume du sperme (il est comme une rivière dont
on aurait enlevé les poissons !!!). Bien entendu, la vasectomie n'a rien à voir avec une
castration.
5) La vasectomie modifie-t-elle les rapports sexuels ?
Il n'y a aucune raison d'ordre biologique pour qu'ils soient modifiés.
6) Les spermatozoïdes continuent-ils à être produits ?
Oui, il n'y a pas de changement de l'activité testiculaire.
7) Que deviennent les spermatozoïdes ?
Ils séjournent pendant un certain temps dans les voies génitales, puis comme toutes les
cellules de l'organisme à durée de vie limitée, ils meurent et ils sont résorbés par
d'autres cellules : les macrophages (c'est d'ailleurs ce qui se passe normalement quand on
reste longtemps sans avoir d'éjaculation).
8) Y a-t-il des risques de complications ?
Pas particulièrement, si ce n'est ceux inhérents à toute intervention chirurgicale.
Certains hommes signalent des douleurs au niveau des testicules dans les mois qui suivent
l'opération mais elles ne sont pas importantes et toujours passagères. La complication
principale est la reperméation des canaux, elle est exceptionnelle avec des chirurgiens
entraînés et facilement dépistée par les examens de contrôle.
9) La vasectomie a-t-elle des conséquences psychologiques ?
La vasectomie supprime de manière définitive la possibilité d'avoir des enfants, c'est
une décision qui n'est sûrement pas facile à prendre, dans aucun cas. Si l'homme est
informé, conscient des enjeux et des risques, il est probable que les meilleures chances
existent pour que tout se passe bien, mais il est à souligner que dans tous les bilans
qui ont été faits à distance de l'intervention, quelles que soient les conditions de sa
réalisation, quels que soient les pays, les conditions socio-culturelles, il existe
toujours un certain pourcentage (variable) d'hommes qui regrettent
10) La vasectomie peut-elle être réversible ?
La réanastomose des canaux déférents sectionnés est une opération difficile et longue
qui nécessite le recours à la microchirurgie. Les spermatozoïdes ne réapparaissent
dans le sperme qu'une fois sur deux mais il n'y a grossesse qu'une fois sur cinq environ.
Il vaut mieux donc considérer la vasectomie comme une méthode de contraception
irréversible.
11) Et la conservation du sperme ?
Les spermatozoïdes congelés dans de l'azote liquide peuvent garder leur pouvoir
fécondant pendant plusieurs années, (et peut-être beaucoup plus !). Une conservation
peut donc être faite avant l'intervention et d'ailleurs certains chirurgiens l'exigent.
Ce n'est pas cependant une garantie de fertilité future car tous les spermes congelés ne
sont pas sûrement fécondants. La conservation ne change donc pas le caractère
irréversible de la vasectomie.
En pratique, pour conserver le sperme, il faut se rendre dans un laboratoire spécialisé.
12) La vasectomie est-elle légale ?
Aucune loi ne l'interdit spécifiquement. Au cours du seul procès qui ait jamais eu lieu
en la matière, en 1937 à Bordeaux, elle a été assimilée à une mutilation volontaire
avec coups et blessures pour pouvoir condamner des anarchistes qui la pratiquaient.
Le Conseil de l'Ordre des médecins l'interdisait formellement comme la stérilisation
féminine, mais elle n'est plus mentionnée dans la dernière version du Code de
déontologie (juillet 1979).
13) Combien d'hommes se font vasectomiser ?
On estime qu'il y a à travers le monde 80 millions d'hommes et de femmes stérilisés, ce
nombre augmente très vite. Aux USA, 34 % des couples ont choisi une stérilisation comme
méthode de contraception (18 % féminine, 16 % masculine) quand l'âge de la femme est
compris entre 30 et 44 ans. La pratique française ayant été confidentielle sinon
clandestine pendant longtemps, il est difficile d'avoir une idée précise. On peut
estimer à quelques milliers par an le nombre de Français se faisant vasectomiser. La
demande augmente de manière importante depuis quelques années et le nombre de médecins
pratiquant cette intervention aussi.
14) Combien coûte la vasectomie ?
Ne nécessitant ni hospitalisation ni anesthésie générale, elle devrait être très bon
marché et ne pas coûter plus de 100 ou 200 F . Malheureusement, des tarifs
scandaleusement abusifs sont trop souvent pratiqués. Il est à noter que la vasectomie
est une méthode de contraception économique à terme, ne nécessitant ni renouvellement,
ni examens de laboratoire, ni visites médicales périodiques, comme la pilule ou le
stérilet.
15) Où s'adresser ?
Chez votre médecin ou chez un urologue mais trop souvent il ne pourra ou ne voudra pas
répondre à votre demande, alors adressez vous aussi aux organisations de Planning
familial ou aux CECOS (banques de sperme), ou à ce journal.
16) Etes-vous convaincu ?
Ce n'est pas ce que j'ai voulu faire. Décider à un moment donné de sa vie de s'aliéner
de manière définitive la liberté de choisir d'avoir ou de ne pas avoir un enfant, et ce
quelle que soit la situation affective, familiale, dans laquelle on se trouvera demain ou
dans cinq ans... ce n'est pas facile. Ce côté définitif... inscrit dans le corps...
c'est assez impressionnant. Alors, la vasectomie ? Pourquoi pas, à condition de la
prendre pour ce qu'elle est, une stérilisation au masculin.