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Les feuilles familiales Editions Feuilles Familiales (Namur) Belgique- Rédacteur en chef: José Gérard
SOMMAIRE
Résumé: Les hommes, les vrais, sont-ils une espèce en voie de disparition? Les féministes ont-elles définitivement eu raison des derniers machos? Comment se situent désormais les hommes face aux images de virilité du passé? Les ont-ils abandonnées avec soulagement ou ressentent-ils l'évolution comme une douloureuse perte d'identité? Après plusieurs décennies de luttes féministes, les hommes commencent à prendre véritablement la mesure des changements. Car si les femmes ont dénoncé leur domination par les hommes et ont conquis une nouvelle place dans la société, c'est tout l'édifice de la division des rôles qui s'en est vu remis en cause. Certains en sont ébranlés ou résignés, d'autres s'accrochent aux images du passé, d'autres encore prennent résolument le parti des femmes et se disent proféministes. La plupart s'interrogent sur ce qu'ils ont à être aujourd'hui, parce qu'il n'ont plus guère d'évidences à leur disposition.
En interrogeant des hommes et des femmes de tous les jours, en questionnant les images que véhicule la culture d'aujourd'hui, en donnant la parole à ceux qui ont étudié le domaine, ce dossier voudrait, plutôt que définir de nouvelles identités figées, ouvrir des pistes de réflexion et promouvoir un partenariat entre femmes et hommes pour l'avènement d'une humanité nouvelle.
Editions Feuilles Familiales Rue d'Insevaux 5 - 5020 Malonne (Namur) Belgique- +32 (0)81 45 02 99 - Rédacteur en chef: José Gérard
............................................................. D1 L'HOMME EN QUESTION ++++++++ +++ ++++++++ Lhomme en question
PATERNITE AUJOURDHUI :
La paternité est-elle constitutive de lidentité de lhomme? Et, si oui, que signifie cette paternité? A ce niveau également, les conceptions ont beaucoup évolué en quelques générations.
Délicate mise en cause Quand quelque chose nous tient fort à coeur, il nous arrive souvent de perdre une large part de notre lucidité. Notre objectivité sévanouit. Nous craignons découvrir une vérité qui nous aurait échappé et qui nous obligerait à mettre en cause notre façon dêtre et dagir. Ainsi de la paternité. Tenter dexpliciter sa nature, cest sexposer demblée à une levée de boucliers. Mettre en effet en cause la manière dêtre parents, cest toucher à des comportements souvent profondément ancrés et à des convictions quasi inébranlables.
Pourtant, être parents nest pas un comportement qui serait inscrit dans nos gènes. Cest un comportement culturel tissé de choix multiples. Mais alors, que faisons-nous de "linstinct maternel"? Et parle-t-on "dinstinct paternel"? Le "naturel" : une norme ou des éléments de choix? La création et son évolution nous apparaissent aujourdhui comme un long tâtonnement. Ne serait-il pas une longue histoire damour? La vie à la recherche de possibilités toujours nouvelles et meilleures dentrer en relation avec dautres êtres. Vus sous cet angle, laccouplement et la mise au monde par les vivipares sont dextraordinaires trouvailles. Ils ne sont toutefois rien de plus.
Manque-t-il en effet dexemples de femelles et de mâles qui, après la naissance de leur progéniture, nont dautre souci que de les dévorer?
Pas chez les humains, rétorquera-t-on. Que dire alors de ces jeunes mères dune société au sein de laquelle, il ny a pas si longtemps encore, le premier né était sacrifié? Ce nétait pas par sauvagerie, comme notre désir de tranquillité desprit nous pousserait à le croire, mais parce que, dans cette culture, les premiers nés étaient censés porter en eux tous les esprits mauvais de la descendance de la femme.
Dans le passé, les attitudes parentales ont été multiples et chaque fois considérées comme normales, ou même comme indispensables à la survie et à léquilibre de la société.
La nature est là comme un appel, comme un outil, mais aucun mode demploi ne laccompagne. Ce nest pas rien de se rendre compte que la paternité, comme la maternité dailleurs, sont à inventer par ceux et celles qui mettent au monde. Il y aura à chaque fois lieu de choisir. De choisir ou de subir. Subir, lorsque ces comportements ne sont que la reproduction de ce qui est dicté par la société et les habitudes. Et il est vrai que la plupart ne font que reproduire limage parentale quils ont connue à travers leurs propres parents, même si cest parfois en creux, lorsquils rejettent cette image, mais ne font que linverser. Choisir lorsque, conscients de ce que leur incombe la responsabilité dinventer leur manière dêtre parents, certaines et certains sinterrogent sur leurs comportements et leurs motivations. Ainsi donc, sengager dans la parenté -- et donc dans la paternité , cest partir à la recherche constante dun mode personnel de relation à lenfant, compte tenu de ce que nous avons nous-mêmes connu et de ce que nous pouvons apprendre, mais à chaque fois revisité par nous.
Les parents et lenfant La relation entre les partenaires du couple ne sera pas sans un impact privilégié sur la manière de vivre la parenté. Il nest pas à démontrer que la relation à la mère sera par exemple différente suivant quil sagira dune femme mariée dont le couple est heureux et stable, dune mère célibataire, dune veuve ou dune divorcée. Cela ne teindra pas seulement aux circonstances, mais à la relation même qui sétablira, dans ces circonstances, entre la mère et lenfant. Malgré lévolution heureuse et sensible que nous avons connue au cours des cinquante dernières années, dans de nombreux couples encore, la femme et lhomme, quoiquon en dise par ailleurs, assument des rôles bien définis et parallèles à peu de choses près à ce que vivaient leurs parents et leurs grands-parents. Lun comme lautre nen sortaient alors quen cas dextrême nécessité, comme la maladie ou la mort du conjoint. Il nen va pas autrement aujourdhui pour grand nombre encore.
Les rôles parentaux en découlaient naturellement, avec des contenus très fonctionnels, découlant dune vision prétendue "naturelle" des humains : - femme, tu as été créée avec une matrice et des seins, tu mettras donc au monde dans la souffrance et tu nourriras. Tu seras intuitive, tendre et douce parce que tu es femme et à toi reviendra le souci de léducation. Tu seras la mère ; - homme, à toi la force des muscles et la puissance de la logique. A toi aussi laptitude au commandement. Tu protégeras donc, tu jugeras de ce qui est bon pour chacun et tu diras la loi en conséquence. Tu seras le père.
La Parenté nouvelle Peu à peu cependant, il est apparu que cette conception masquait dans sa rigueur, et dès lors laissait en friche, une part importante des capacités de réalisation et de relation des hommes comme des femmes. Certes la femme est et restera la mère biologique et ce nest pas rien, mais elle est aussi bien autre chose et bien plus que cela. Certes aussi, lhomme peut être ce géniteur nourricier, premier témoin de la loi qui dénie la possibilité de toute puissance fusionelle dans laquelle lenfant baigne depuis sa conception, mais lui également est bien autre chose et bien plus que cela.
Du long cheminement de cette découverte -- dont de tous temps des femmes et des hommes ont heureusement vécu sans en être bien conscients , cest le lien amoureux entre la femme et lhomme qui sest transformé. Avec plus ou moins de bonheur, femmes et hommes se sont débarrassés de leur chrysalide fonctionnelle, plus ouverts à une relation à toute la personne, et de leur conjoint ou partenaire, et de lenfant. Désormais pour eux, le rêve de parenté nest plus de reproduire une image reçue de la mère ou du père, mais dêtre femme et homme dans une relation particulière aux enfants considérés comme des êtres en devenir dès leur conception. Cest une véritable réinvention toujours en cours et qui ne va pas sans tâtonnements et sans erreurs de parcours.
Père où es-tu? Les sciences humaines nous ont appris que la relation de chacun des parents à lenfant était une rencontre interpersonnelle déterminante dans la formation de la personnalité. Les rôles masquaient souvent ce qui nous est devenu une évidence. Il faut donc inventer des comportements nouveaux qui ne sont plus dictés dabord par les fondements biologiques. Une telle exigence entraîne des réajustements concrets importants et une totale conversion de pensée. Pourquoi par exemple, dans la petite enfance, ne fallait-il privilégier que la relation à la mère? Le père navait-il pas à manifester lui aussi sa présence et sa tendresse dès les premiers jours?
La conversion se fit en effet peu à peu et lon voit aujourdhui bien des nouveaux pères pouponner et jouer avec leurs tout petits. Il arrive toutefois quentre le père et la mère, une lutte un rien jalouse puisse se faire jour à ce jeu nouveau. Aux mamans poules viennent alors livrer concurrence, de tendresse certes, mais aussi de surprotection, des papas poules qui, pour se faire aimer, en oublient quils sont dabord lamant de la mère et non des enfants. Que de même la mère est dabord leur "aimée" et non possession fusionelle de ces petits bouts à qui tout serait dû.
Cest que dans ce jeu renouvelé de la parenté, il ne faut pas perdre les règles fondamentales du jeu lui-même, celui douvrir lenfant à la vie. Or, face à ces règles-là, lhomme nest pas "une femme comme les autres". Ce nest pas lui qui porte lenfant. Ce nest pas lui qui le nourrit. A ce titre, il a le privilège mais cest aussi son rôle, de dire cette loi première : pour vivre, il faut quitter la fusion maternelle. De même la mère aura pour rôle de témoigner que cette loi vaut également par rapport à lui, son conjoint, et pas seulement par rapport à elle.
Dire la loi Mais dire et donner à vivre de cette loi là na rien à voir directement avec le fait de faire respecter les règles de vie en commun. Si cette loi que la psychanalyse a appelé "linterdit de linceste" est première et si son apprentissage et son respect sont directement et indissolublement liés au fait dêtre mère et père biologiques de lenfant, "linterdit de tuer", lui -- cest-à-dire la nécessité de respecter les autres dans ce quils sont et de vivre avec eux en harmonie et en recherche dune société humaine toujours plus épanouissante pour tous, personnellement et collectivement , ne relève pas de la fonction du seul père. Toute lambiguïté, sinon la confusion, vient de ce que le langage courant a confondu le père avec cette "fonction dite paternelle", comme il a confondu la mère avec la "fonction dite maternelle" de tendresse et de chaleur humaine.
Si le père comme la mère ont un rôle bien spécifique et non interchangeable à jouer en ce qui concerne la transmission de cette loi, ils ont tous deux, avec leur personnalité propre de femme et dhomme, à assumer les "fonctions maternelles et paternelles". A ce titre-là, ils ont lun et lautre à "dire la loi" et à bien sentendre tous deux pour la dire, car lenfant cherchera toujours à satisfaire le désir dont laccès lui est interdit et à obtenir chez maman la permission refusée par papa, ou inversement. Il sait bien, lui, que cette loi-là nest pas exclusive du père.
Des fonctions parentales Il ne sagira donc plus à proprement parler de la "fonction maternelle ou paternelle" mais de la "fonction parentale". Appliquée en effet à toute la relation à lenfant, cette conception dune présence à lui qui soit double mais non différenciée en termes de rôle, exige une prise en charge par lun et par lautre, de toutes les "fonctions parentales", de la tendresse indispensable pour saccepter à la découverte tout aussi indispensable de la loi et des lois. Toutes. Cest-à-dire de la conception à tous les aspects relationnels et éducatifs, en passant par une grossesse et une naissance vécues pleinement par tous les deux. Il ne sagit là en rien dune manifestation fusionelle, mais de la prise en charge différenciée mais commune, dune "mise au monde" décidée ensemble. Plus de place donc dans la relation à lenfant pour les "affaires de femmes" ni pour les "choses à régler entre hommes".
De la paternité nouvelle à une conjugalité nouvelle Ce mode "conjoint" de relation à lenfant entraîne ou est le fruit dune perception de la relation du couple totalement différente de celle qui a régi les familles pendant des générations, une perception qui induit un "déclivage" de tous les comportements. Il nest plus pensable par exemple, dans une telle perspective, quil y ait des travaux ou des préoccupations exclusivement et définitivement réservés aux filles et aux femmes tandis que dautres le seraient aux hommes. Adieu les vaisselles féminines. Adieu les fusibles masculins. Le travail est du neutre et peut se décliner par tous.
Mais même une telle rupture avec les clivages du passé ne suffit pas à transformer les mentalités. Il y faudra plusieurs générations. Cest quelle reste superficielle lorsquelle nimplique pas une compréhension en profondeur de la mutation qui sopère et en conséquence, une transformation des relations entre femmes et hommes dans la cellule conjugale et familiale dabord, mais aussi dans lensemble de la vie sociale.
Sil est vrai que la famille est la meilleure communauté humaine connue à ce jour pour transmettre aux générations nouvelles les fruits des expériences passées de lhumanité, cest là que naîtra le plus sûrement la révolution des mentalités. Facette importante et innovante de nos nouvelles virilités, la paternité en chemin aujourdhui inventera une place toute neuve dans le couple, tant pour la femme que pour lhomme, une place toute neuve aussi dans tous les secteurs de la société. Il reste bien du chemin à parcourir, mais des comportements nouveaux germent partout qui peu à peu gagnent toutes les couches de la société.
Ce chemin de paternité ne sera jamais établi une fois pour toutes. Il appartiendra à chaque génération dy effectuer quelques pas nouveaux dans la direction dun plus dhumanité. Et cela, ce nest ni "la voix du sang", ni l"instinct maternel", ni la "fibre paternelle" qui lapprendra. Aucun chemin nest tracé. Il se trace au gré de nos pas. Jean Hinnekens
............................................................. D2 MASCULINS PLURIELS ++++++++ +++ ++++++++ Masculins pluriels VIRILITÉ AU QUOTIDIEN
Que devient la virilité dans la vie familiale, au contact des tâches ménagères et de léducation des enfants? Et quel type dhommes les femmes souhaitent-elles à domicile? Cest un peu la question que sest posée Sophie, trente ans.
Un homme qui participe à la vie familiale Dans le Petit Dictionnaire Universel, à virilité on trouve : "Caractéristiques physiques de lhomme adulte de sexe masculin. Puissance sexuelle chez lhomme. Energie, fermeté". Il est vrai que, pour la plupart des gens, un homme représente une certaine force morale, physique, une constitution légèrement plus forte.
Mais aujourdhui, on demande beaucoup dautres choses à lhomme que dêtre fort et protecteur. Les femmes souhaitent les voir partager leurs tâches quotidiennes aussi bien dans le ménage que dans léducation des enfants. Elles souhaitent les voir à leurs côtés, dans une relation de vis-à-vis. Et je pense que lon commence à y arriver. En effet, dans les jeunes ménages que je connais, la plupart des hommes participent de façon active à la vie familiale. Les femmes travaillant de plus en plus, ils trouvent logique et normal de donner un coup de main. Je ne dis pas que tous les hommes font le repassage (mais jen connais!), ni que tous nettoient la maison (jen connais aussi!), mais je ne connais pas beaucoup de femmes ayant un homme à la maison qui bricolent la machine à laver, entretiennent la chaudière, coupent du bois, font des tranchées dans le jardin... Ce qui compte à mon sens cest que les tâches soient partagées : pendant que tu donne le bain au petit, moi je range le lave-vaisselle ; on range ensemble la maison ; pendant que tu repasses, je vais travailler au jardin avec les enfants... Je pense que nous arrivons de plus en plus à cette forme déquilibre.
Bref, être un homme viril ne suffit sûrement plus. On souhaiterait de la part des hommes quils osent enfin exprimer leurs sentiments, leurs envies, leurs chagrins. Un homme qui pleure nest plus considéré comme quelquun de faible, mais plutôt comme quelquun de plus humain! Les larmes de chagrin sont le propre de lêtre humain! Je crois que dans la génération des nouveaux jeunes adultes et ceux en passe de le devenir, ces changements seront de plus en plus présents.
Les mamans éduquent les hommes de demain! Ce sont les mamans daujourdhui, par léducation quelles donnent à leurs petits garçons, qui font les hommes de demain. Je trouve aberrant de voir encore de nos jours dans les catalogues de jouets que lon reçoit en période de Saint-Nicolas, Noël, Pâques, les jouets classés par sexe et de façon très significative! Les poupées, dinettes et magasins pour les filles ; les voitures et les figurines plus laides et plus violentes les unes que les autres pour les garçons! Mon fils aime jouer à la dinette et au magasin, et sa cousine aime beaucoup piloter sa voiture électrique! Les petites filles et les petits garçons ont toujours aimé partager leurs jouets, mais quand moi jétais petite, on estimait quil nétait pas très normal quun garçon joue à la poupée (Mon dieu! Va-t-il être "normal" à lâge adulte? Je nai pas envie quil devienne une "femmelette"! ). Tandis que les filles étaient traitées avec beaucoup moins dinquiétude de "garçon manqué".
De nos jours les garçons reçoivent des jouets dits "de filles" et vice versa. Pourquoi aller contre leurs envies? Je crois que si nous voulons des hommes plus ouverts, exprimant leurs sentiments et un équilibre entre lhomme et la femme, cest à la base quil faut commencer. La petite fille materne sa poupée, le petit garçon a envie de soccuper de cette poupée aussi, même si cest dune manière différente. Il nest pas rare de voir un groupe de jeunes enfants, filles et garçons, se battre parce quils ont tous envie dhabiller ou de donner le biberon à la même poupée! Les garçons seront peut-être toujours plus attirés par les voitures, mais il est ridicule de leurs refuser une poupée sous le seul prétexte que cest un jouet "de fille"!
La publicité pour les enfants Tout doucement, les publicistes prennent conscience de cela. Entre les dessins animés de laprès-midi, les enfants sont bombardés de publicités pour des jouets (sauf chez Bla-Bla, qui clame haut et fort que la pub, cest "burg!!!"). Parmi celles-ci, jen ai épinglé deux qui reflètent ce changement. Il sagit de deux grandes marques de jouets. Dans la première, on y voit un petit garçon tout content davoir reçu une jolie poupée dans un biberon (elle a un ensemble bleu). Il téléphone à une petite fille, qui a également reçu une jolie poupée dans un biberon (elle a un ensemble rose!), pour lui demander ce quil doit faire maintenant. "Tu lui donnes le biberon, tu la changes et puis tu la bordes dans son lit". La deuxième montre une cuisine/magasin denfant où il y a deux petites filles et un petit garçon qui saffairent.
Il y a du sentiment dans ces deux publicités. Sentiment que lon ne retrouve pas dans la publicité typique du jeu pour le garçon, qui est soit matérielle : le camion qui se transforme en robot, le super garage à cinq étages avec alarme, la voiture téléguidée qui bondit, se retourne, fonce à toute allure, et ne tient jamais en place (Maxence, 3 ans : "Quest-ce quelle a, la voiture, maman?"), soit assez violente et effrayante : les figurines de dinosaures de Jurassic Park et autres monstres en tous genres. En ne proposant aux petits garçons que ce genre de jouets, comment pourrait-on espérer du changement chez lhomme adulte?
Les hommes dans la pub Dans la publicité sadressant aux adultes, les hommes sont représentés pour moi de deux façons. Lhomme dune trentaine dannée, ayant une femme et deux enfants(!), qui sactive aux tâches ménagères : nettoyage du sol, cuisine, vaisselle (cette publicité pour une marque de produit vaisselle ou lon voit un clan de Siciliens dont le patriarche revendique la place des hommes à la vaisselle est vraiment un symbole de ce changement), change du bébé... Cet homme nest pas spécialement beau (en tout cas ce nest pas ce que lon voit en premier), ni bâti à la Rambo. Il est généralement beaucoup plus proche de la réalité et lhomme réel sy identifie plus facilement.
Mais vous avez toujours limage de lhomme aventurier (généralement un peu plus vieux) qui na apparemment pas de famille, et qui brave tous les dangers pour une bouteille de bière ou qui traverse le désert pour un chocolat! Cet homme est bien sûr bien bâti : muscles, stature, beauté.
Cependant, je pense que cette image ne cadre pas du tout avec la réalité et que les hommes et les femmes en sont tout à fait conscients. Sil existe des hommes répondant à cette image, ils sont en minorité. Laspect physique, donc la virilité, nest généralement pas un critère de choix pour la femme qui recherche une relation durable. Avoir un relation avec un bellâtre qui nest que cela (ils sont souvent assez narcissiques!), cest peut-être flatteur lors de sorties. Mais le même à la maison face à la réalité? Je demande à voir!
Il me semble bien plus important davoir une relation avec un homme qui se roule par terre pour jouer avec les enfants, sen occupe et vous épaule dans la gestion de la vie familiale. Alors, à bon entendeur, salut! Sophie
++++++++ +++ ++++++++ Masculins pluriels VIRIL, MOI NON PLUS
Je nai pas le pedigree du héros des magazines. Oui, daccord, jai un GSM en bandoulière, je surfe sur internet, pire je
découpe les points de fidélité sur les paquets de chicorée Pacha.
Je tente de rester sur la vague. Au boulot, apporter le meilleur de soi-même par fierté personnelle, mais aussi pour
mettre sa pierre à la perpétuelle construction du monde.
Tenter de semer une terre promise pour chacun, même si les fruits sont maigres ; ce sont de petits pas dans la bonne direction. Ma virilité à moi passe par ces chemins.
Je consulte les étoiles, jy vois beaucoup trop déphémère, de vide, de
pleurs...
Si tous les indiens se donnaient la main, il y aurait peut-être dautres
étoiles... Michel Piron ++++++++ +++ ++++++++ D3 IMAGES DE VIRILITE ++++++++ +++ ++++++++ Images de virilité
Sylvie Derumier est photographe. Parmi les modèles quelle photographie, des hommes. Nous lui avons demandé comment, en tant que photographe, elle se situait face au corps de lhomme et quelle image elle souhaitait en donner.
Quand il sagit dun homme...
Comme dans le langage, on dit "les hommes" et cela contient aussi
éventuellement des femmes.
Cest "quelquun" à photographier, cest une personne,
cest dabord une rencontre particulière.
En photo, cest avant tout un être mais cest aussi une chose. Le corps à
photographier, nu ou habillé, devient un "objet" à éclairer, à mesurer. Pour
lequel je cherche le meilleur cadrage, la meilleure lumière.
Il y a dix ans, jai photographié beaucoup dhommes nus, par plaisir, par désir, par révolte. Jétais en colère contre linégalité de traitement de limage de lhomme et de la femme. Lhomme était peu présent et la femme souvent traitée débilement. Et si lon traitait lhomme comme elle? Et si lon senivrait dun plaisir dimages dhommes?
Dans le même temps jétais fâchée contre limage de femme dans la
publicité : objet de consommation, toujours "femme impeccable", toujours
contente. Jai donc eu le souci de travailler, aussi bien avec des hommes que des
femmes, mais en quittant la "neutralité" du corps, en y associant lidée
démotions voire de souffrance.
Nous voyons du changement dans limage. Est-ce le reflet dun changement plus
profond?
Sylvie Derumier
............................................................. Des hommes, autrement DE LARCHITECTURE AU PRO-FEMINISME
Roland Mayerl est architecte. Aujourdhui actif dans une association qui sintéresse aux questions urbaines du point de vue des femmes, il participe au réseau européen des hommes pro-féministes. Il a accepté de nous décrire son itinéraire personnel.
De larchitecture communautaire aux relations hommes/femmes Originaire de Strasbourg, jai une formation dingénieur architecte, et cest par ce biais que je me suis intéressé pour la première fois à la question des rapports hommes/femmes. Un professeur suédois ma fait découvrir lhabitat communautaire dans les pays nordiques. Cette expérience, qui remonte au début du siècle, prévoit des services intégrés, dans le but de libérer les femmes, afin quelles puissent être plus actives sur le marché du travail, mais aussi pour que les enfants soient mieux éduqués et quils soient plus aptes à entrer dans la société active.
Cest avec ma première épouse, une Finlandaise, architecte elle aussi, que jai découvert ces initiatives passionnantes. Certaines dataient du début du siècle, dautres des années quarante et jusquaux années septante, avec certains projets de "micro-démocraties" qui furent récompensés à lépoque. Nous avons rencontré des habitants, des architectes, toute une série de personnes actives à la fois dans la conception et la gestion de ces habitats, et ceci de manière égalitaire entre hommes et femmes. Les services quils géraient en commun étaient assez évolués : restaurant, garderie denfants, laverie, petites boutiques, etc.
Le dialogue avec ces habitants nous a sensibilisés, en tant quarchitectes, à la problématique homme/femme dans la vie quotidienne : le rapport aux enfants et la répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes. Pour nous, ce type dhabitat proposait des solutions tout à fait intéressantes, parce que ces questions étaient discutées, parce quil existait un climat qui favorisait ce débat sur linfluence de larchitecture sur le mode de vie. Ces habitants très motivés nous ont sensibilisés à ces questions et cela nous a amenés à considérer les rapports hommes/femmes du point de vue de larchitecture. Nous avons imaginé des projets, même au plan européen : des montagnes de croquis, quelques expositions... mais cela est resté à létat de théorie.
Une épouse venue du Nord Le deuxième déclic me vint de mon épouse, venue dun monde nordique nettement en avance sur nous du point de vue de légalité des chances entre hommes et femmes. Elle était véritablement scandalisée du statut des femmes en France. Dans les années 65-70, il lui fallait la signature du mari pour pouvoir sortir du territoire français avec son enfant et cest le nom de lépoux qui devait figurer sur son carnet de chèques. A lépoque, il nétait plus pensable en Finlande quune publicité puisse associer le corps dune femme avec une voiture. Les groupes de pression des femmes étaient tellement forts que cétait tout à fait inimaginable. Alors, quand elle découvrait en France des publicités souvent très sexistes et en tout cas pas valorisantes pour les femmes, elle était choquée, me partageait sa révolte et essayait de sensibiliser notre entourage aux problèmes dégalité des chances et de sexisme. Cest par sa révolte que jai peu à peu appris à discerner les inégalités hommes/femmes. Jai bénéficié de son regard critique sur le quotidien, la répartition des tâches ménagères, léducation des enfants, la gestion de la ville, les services offerts, la publicité, la radio, les services bancaires ou administratifs, etc. Dans tous ces domaines, jai dabord été un peu étonné ou choqué par ses réactions, puis jai été amené à réagir, parfois un peu forcé, et je me suis dit progressivement quelle avait raison, pensant à mon tour : "Ce nest pas juste!". Evidemment, puisque je pensais que ce nétait pas juste, je suis devenu solidaire, jai découvert toute une littérature sur la question. Jai rencontré des femmes motivées, engagées, sensibles à cette problématique et jai été pris dans lengrenage, dans un processus de déconstruction de mes habitudes, qui font que lon vit souvent de manière un peu aveugle en tant quhomme. Cette nouvelle manière daborder le monde, ce processus de déconstruction me furent très profitables, puisquils mont amené à mieux me comprendre moi-même, mais aussi à mieux comprendre lautre, cest-à-dire lautre moitié de soi, les femmes. Mais ce processus est toujours en cours. En tant quhomme, on est tellement imprégné par cette culture masculine, soumis à cette pression de signes et dimages masculines quil est très difficile den sortir.
La dimension du genre Autre étape dans mon cheminement. Jai divorcé en 84, et ce moment difficile de rupture a eu certaines conséquences positives. Je me suis ouvert à dautres horizons. Jai voyagé aux Etats-Unis et au Canada, où jai découvert des mouvements dhommes et de femmes, en particulier dans le milieu universitaire, qui prenaient en compte cette dimension du genre. Et ce domaine était non seulement exploité dans les recherches universitaires, mais aussi mis en oeuvre par certaines administrations, par certaines villes pour essayer daméliorer le cadre de vie de tous. Ainsi Montréal, en 1984, avait déjà un département "Femmes et ville". Cest là que jai rencontré des femmes remarquables, qui mont expliqué comment on mettait en place une analyse de la ville du point de vue du genre. Et cette découverte ma amené à essayer de promouvoir ces idées en France et en Europe. Jen ai parlé à beaucoup de féministes et jai eu loccasion de faire des recherches sur le mode de prise de décisions des femmes et des hommes en matière darchitecture urbaine. Ce fut le démarrage plus scientifique de ma démarche.
Ne pas être le seul homme... Très minoritaire en tant quhomme dans toutes ces organisations de femmes, je me suis dit que ce nétait pas possible dêtre le seul homme. Peu à peu jai donc essayé de trouver dautres hommes un peu au diapason, et en tout cas sur le même chemin de la compréhension de soi-même et des autres. Récemment, jai pu obtenir des subsides qui ont permis de travailler de façon plus systématique sur le sujet et aussi de prendre contact avec des associations dhommes de par le monde, qui se posent le même genre de questions. On sest alors demandé comment on allait se nommer, se situer par rapport aux autres hommes, par rapport aux femmes. Aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zelande, où ces groupes dhommes existent depuis les années septante, ils ont pris de nom de "pro-féministes".
Pro-féministes, cest-à-dire qui reprennent à leur compte les approches féministes, tout en nétant pas féministes puisque ce sont des hommes, mais qui ont en tout cas une volonté de profiter des démarches ou des processus de déconstruction qui ont été développée par les féministes pour essayer de travailler eux-mêmes sur les questions de violence à légard des femmes, des enfants, sur le sexisme, la masculinité, etc.
Tous les groupes dhommes ne se disent pas pro-féministes. Il y a des mouvements de pères qui, eux, sont parfois plutôt anti-féministes. Les pro-féministes sont pour un dialogue entre les hommes et les femmes, pour une volonté dégalité des chances entre les hommes et les femmes, au point de vue du travail, de la répartition des tâches, ils sont contre la violence domestique, contre le sexisme, la publicité sexiste, contre la prostitution marchande, contre la violence à légard des enfants, en quelque sorte pour une culture de la paix, pour un mieux-être des hommes et aussi des femmes.
Ce processus passe par deux aspects. Essayer dabord de comprendre ce quest le féminisme, être au courant de la littérature, des recherches, des approches faites par les différentes tendances féministes. Essayer du même coup de comprendre ce quest la masculinité, mais dans le sens large du terme : comment apprendre à parler de soi et à sortir du silence, comprendre ce quest un couple, ce quest le rapport aux enfants, le rapport au travail, du point de vue de lhomme. Ce sont des questions multiples et les réponses ne sont pas faciles. On sengage plutôt dans un processus, dans une volonté de débuter une démarche intérieure en vue dun mieux-être entre les êtres humains.
Quest-ce que la virilité? Parmi ces questions, celle de la virilité, de lidentité masculine. Homme, on est homme! Les femmes sont les femmes! Et je ne sais pas si lon perd véritablement sa virilité. Il y a une différence et il ne sagit pas de la gommer. Il sagit plutôt dêtre vigilant et dessayer de découvrir les excès qui font mal. Lhomme a le droit dassumer sa virilité et sil rencontre des partenaires qui se satisfont dune virilité traditionnelle, tant mieux pour lui.
Ce qui peut être dangereux, ce sont les images véhiculées par les médias, par les contes de fées ou les livres décole, parce quils engendrent des rapports de force préjudiciables à légalité des chances. On trouve encore très souvent des publicités scandaleuses, qui utilisent des images stéréotypées de la virilité et de la féminité pour faire acheter. Si vous interrogez des jeunes de 15 ou 20 ans, ils disent souvent que, pour eux, il ny a pas de problèmes, quils se sentent tout à fait égaux entre garçons et filles. Ils ne se rendent pas toujours compte que les rapports de force ou la prédominance masculine se construisent peu à peu, de façon souterraine, dans les milieux de travail, à la lecture des journaux, etc. Il faut prendre conscience des rapports de force quune certaine idée de la virilité peut engendrer et y rendre ses enfants attentifs. Et nous essayons aussi de multiplier les interventions des réseaux dhommes pour les dénoncer, main dans la main avec les féministes elles-mêmes.
Cette prise ce conscience permet de prendre du recul, de mieux comprendre ses réactions et peut-être de les dompter pour se forger peu à peu un nouveau personnage. Un personnage plus entier, plus correct, plus vrai, animé de la volonté de mieux vivre avec lautre. Ce nest pas facile. Il sagit dun travail sur soi, éventuellement avec dautres hommes. Pour ma part, je nai malheureusement rencontré que très peu dhommes avec qui je pouvais discuter de ces questions. Ces sujets restent tabous, ils embêtent les hommes, qui ne savent pas comment les aborder. Ils craignent toujours de perdre leur virilité. Perdre quelque chose : voilà langoisse des hommes, une angoisse orchestrée par les médias, et même la campagne orchestrée autour du Viagra va dans ce sens. Essayons plutôt davoir une virilité constructive, acceptable ou acceptée par les partenaires. Le tout est de savoir où est la frontière.
Une nouvelle image de la virilité A titre individuel, étant sensibilisé à ces questions, mes comportements changent peut-être. Jessaie dêtre plus à lécoute des femmes, moins autoritaire dans laffirmation, par exemple par le ton de la voix et la manière de me comporter. Beaucoup dhommes daction adoptent encore une attitude très autoritaire, qui bloque en fait toute communication. Intervenant dans beaucoup de mouvements féministes, cest un comportement que je ne peux pas me permettre. Je suis donc en apprentissage permanent. Non pas pour me mettre en retrait, mais pour être à lécoute, pour être capable de dialoguer sur ces questions. Cela change limage de lhomme qui a toujours raison, que lon rencontre encore malheureusement beaucoup, même chez les jeunes.
Pour ma part, dans ma vie professionnelle, je pense que je réfléchis aujourdhui différemment aux priorités que je me donne. Au début, ma priorité allait à mon travail. Aujourdhui, elle va parfois à mes enfants ou à dautres choses. Dans les relations avec mes enfants, jespère aussi être plus à lécoute, je passe plus de temps avec eux. Je donne aujourdhui dautres priorités dans lusage de mon temps.
Si je devais définir positivement ma vision de la virilité aujourdhui, je ferais allusion à la culture de la paix, de la paix intérieure. Parce que la virilité ou la masculinité à outrance, qui figure encore dans limage des guerriers, amène souvent à des heurts ou à des frustrations. Elle rend solitaire ou elle amène à se rapprocher dautres hommes "virils", mais dans une fausse communauté, très superficielle. Mettre un bémol à sa virilité, à sa masculinité apprise à travers les années, permet de sintéresser à soi-même, de comprendre lautre et ouvre à la découverte du monde.
Des pressions extérieures Mais cette nouvelle manière dêtre un homme nest pas toujours bien accueillie. Les pressions extérieures sont multiples. Par exemple, le fait que je passe plus de temps à la maison et que je moccupe beaucoup des enfants interpelle les gens. Dun côté, ils trouvent cela sympathique, mais ils ne peuvent pas sempêcher de faire certains jeux de mots ou allusions, du genre : "Toi, tu ne travailles pas...". Je me retrouve en fait dans la situation de ma mère, qui soccupait des tâches ménagères et des enfants, avec un statut pas très valorisant. Et quand jajoute que mon travail professionnel est de moccuper dune association pro-féministe, vraiment, cela ne fait pas très sérieux. Pourtant, au niveau international, je suis souvent en contact avec des départements qui traitent de problèmes de genre, de masculinité, très organisés et très influents et qui interviennent de façon de plus en plus importante dans les budgets daménagement de villes, par exemple. A ce niveau, de plus en plus dhommes sont partie prenante et lon ne rencontre plus ces sous-entendus. Je fais fi de ces pressions, mais beaucoup dhommes les subissent et elles freinent le changement de mentalité. Dautant quelles viennent parfois des femmes elles-mêmes, qui ne sont pas toutes féministes. Roland Mayerl
++++++++ +++ ++++++++ Des hommes, autrement UN RESEAU EUROPEEN DHOMMES PROFEMINISTES
La première fois que lon entend le terme "proféministe", cela étonne. Cela ne fait pas encore partie de notre vocabulaire. Pourtant, ces hommes existent et se sont même dotés dun réseau au niveau européen. En voici une présentation succincte. Contre la domination masculine Depuis plusieurs décennies, la domination masculine et le patriarcat ont été mis en cause par les femmes et le mouvement féministe. A travers des groupes militants, des études universitaires, des réseaux de solidarité, des actions positives, des femmes féministes ont dénoncé linégalité économique, sociale et politique qui leur est faite en Europe et ailleurs, les violences quelles subissent et la réclusion dans la sphère domestique.
Ce mouvement a ébranlé bien des hommes. Certains ont résisté à la perte de leur privilèges, dautres sy sont résignés. Dautres enfin, minoritaires mais de plus en plus nombreux, se sont joints depuis une vingtaine dannées à la lutte pour légalité entre femmes et hommes. Ils ont créé des groupes dhommes, des centres pour hommes violents, des revues, des réseaux, des actions contre la guerre et la "virilisation obligatoire" des esprits, ils ont affirmé leur volonté de parvenir, en soutien et à leurs côtés, à une société non-sexiste.
Quest-ce que le proféminisme? Ce terme est assez nouveau pour les francophones. Il a été adopté lors dun colloque féministe à Québec en 1996. Auparavant, les groupes et intellectuels qui intègrent aujourdhui le proféminisme se définissaient de manière variable : certains parlaient danti-sexisme, dautres de masculinisme, de luttes anti-patriarcales. Le terme "proféministe" marque plus clairement le soutien aux luttes et à la réflexion féministes faites par les femmes des mouvements ou des universités, et le positionnement en tant quhommes conscients de la domination masculine et de la nécessité de la comprendre pour la faire régresser. Les proféministes veulent arriver à vivre des relations où le "genre" (le sexe social, le fait dêtre éduqué comme homme ou comme femme) ne soit plus une variable hiérarchique et discriminante.
La mise en réseau Les hommes proféministes sont encore isolés les uns des autres dans de nombreux pays dEurope, parcellisés dans des groupes multiples sans lien entre eux. Cette situation empêche débats et échanges et luttes communes entre hommes et avec les femmes. Cest pourquoi le Réseau européen des hommes proféministes se propose de créer des liens entre tous les hommes qui soutiennent sous une forme ou une autre la lutte contre le patriarcat et la domination masculine.
Dans un premier temps, le Réseau a créé une banque de ressources sur Internet pour visibiliser les groupes existants, les revues, les études sur les hommes et le masculin, les réseaux et les hommes déjà engagés dans des réflexions et actions antisexistes.
Ce site Internet souhaite promouvoir léchange de réflexions et la circulation transversale des informations et des contacts qui aident concrètement la transformation des rapports sociaux de sexe, notamment sur les thèmes suivants : violences sur les femmes, les enfants, les hommes, sexualités, santé physique et mentale des hommes, travail, nouvelles valeurs des masculinités, prévention du sida, paternité, contraceptions masculines, etc.
Grâce à ce site, le Réseau voudrait aussi favoriser léclosion au niveau européen dun débat entre hommes ainsi quentre femmes et hommes progressistes. Ce débat doit accompagner lémergence dune nouvelle manière de vivre les rapports hommes/femmes en suscitant lémergence dinitiatives. Le réseau sest également doté dun bulletin bilingue (français et anglais) pour promouvoir ses objectifs.
Ladresse Internet du Réseau : http://www.europrofem.org
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Trois films récents, trois visages différents de lhomme aujourdhui.
Dieu seul me voit de Bruno Podalydes, France, 1988.
Suite de petits bouts de vie du personnage principal, il sagit dune histoire difficile à raconter, où presque rien dimportant ne se passe.
Albert Jeanjean est tout lopposé du battant qui sait ce quil veut. Au contraire, il est particulièrement indécis. On le voit en rue, en assesseur au bureau de vote, en donneur de sang, chez des copains, chez lui ou au resto. Partout il hésite sur ce quil doit faire. Il est un Monsieur tout-le-monde, mâtiné de Woody Allen et de Mr Bean, version soft. Une particularité : lorsquil sémeut... il vomit! En outre, il séduit les filles presque malgré lui. Doù la meilleure manière pour lui de savoir de quelle fille il est vraiment amoureux, cest de penser à celle qui le ferait vomir ou non.
On aura compris quil sagit dune comédie, souvent irrésistible, parfois carrément loufoque, sans lair dy toucher. Mais limage qui demeure après le film est celle du portrait au quotidien dun représentant type de la nouvelle espèce dhommes fragiles et attachants, face à des femmes qui, elles, sont de plus en plus décidées.
Bref, un film qui, sans être clinquant ou racoleur, est tout à fait dans lair du temps, fait de repères flous et de choix difficiles. William Lay
My name is Joe
Avec Peter Mullan, qui obtient à Cannes le prix dinterprétation. Nous voilà immergés dans la crise économique et sociale. Glasgow, ville industrielle dEcosse où la proportion de chômeurs est particulièrement élevée. Le chômage conduit à tout, du meilleur au pire. Ici, nous voyons vite un groupe dhommes jeunes, pleins de vie et de dynamisme. Seule une équipe de foot leur permet de retrouver leurs marques, de se construire des repères, de croire que la vie est possible.
Joe, 35 ans, ancien taulard, ancien alcoolique, prend à coeur son rôle de leader, danimateur bénévole et marginal. Cela pourrait tourner à létalage de bonnes intentions, cest un peu comme cela que cela démarre. Très vite, cependant, létoffe exceptionnelle du caractère de Joe se révèle, il a de limagination, samuse en faisant jouer les autres et réussit à tomber amoureux. Sa vulnérabilité à lamour se dévoile peu à peu dans une relation banale dentraide, il va retapisser le living de lassistante sociale du coin. Pas si banale en fait, tous deux ont choisi un chemin de solidarité, leur méfiance amusée et réciproque lun vis-à-vis de lautre se teinte dun sentiment dintérêt grandissant. Peu à peu se nouent des liens profonds que les épreuves partagées risquent de faire basculer dans le rejet, lissue de cette relation reste incertaine.
Joe, vulnérable, encore convalescent de son assuétude à lalcool fait une rechute. Sous ses yeux, acculé par ses créanciers, celui quil voulait sauver se tue.
Nous sommes loin du macho pur et dur, Joe est un faible qui cache une force et une détermination à sortir du marasme les hommes de son équipe. Sa vulnérabilité, sa perméabilité à lassistante sociale, à ses compagnons sont sa force et créent son avenir au delà des rechutes et des vicissitudes. Monique Laurent*R
La vie est belle
Guido est serveur au Grand Hôtel, mais rêve douvrir une librairie. Mais en 1938, ladministration de lItalie fasciste ne facilite pas le moins du monde les citoyens juifs. Malgré les réticences de sa famille, une maîtresse décole, pourtant fiancée à un disciple de Mussolini, se laisse séduire par lanticonformisme et la fantaisie gaffeuse de Guido.
Cinq années passent, et les voilà qui ont un fils, Giosué. Quand les lois raciales entrent en vigueur, Giosué commence à se poser des questions. Mais son père fait tout pour épargner lhorreur à son enfant. Et ce, même lorsque tous deux sont déportés vers un camp de concentration. Guido redouble dimagination pour masquer à son enfant lhorreur de leur situation, décrivant leur vie au camp comme un grand jeu dont le vainqueur remportera un char.
Au-delà de lexploit qui consiste à aborder sans fausse note la tragédie des camps de concentration nazis sous la forme de la comédie, Bénigni nous propose aussi dans ce film une image dhomme qui séloigne des stéréotypes du guerrier ou du résistant héroïque qui ont généralement cours dans les films qui évoquent la guerre. Guido est un clown, certes, mais il met ses talents au service de son enfant, pour le protéger de lhorrible. Il va pourtant jusquau sacrifice de sa vie, avec une dernière pirouette de clown, comme les héros les plus classiques. Un beau film qui nous montre que la force intérieure dun homme ne doit pas nécessairement se traduire en dureté ou en violence, mais peut se décliner avec persuasion sous le mode de la tendresse et de la douceur.
++++++++ +++ ++++++++ A travers la culture QUELQUES LIVRES
La littérature récente est abondante sur les questions qui touchent à lidentité masculine. Vous trouverez ci-dessous une sélection douvrage qui proposent des angles dapproche différents.
Peut-on être un homme sans faire le mâle?
Le thème principal de ce livre proféministe : la virilité est un mythe, et tout ce que nous connaissons ou reconnaissons comme la "virilité" - lidentité, les comportements réservés au sexe masculin, lengagement à être "lhomme de la situation" - ne peut coexister avec un moi humain authentique, passionné et intégré.
Moi viril et moi humain authentique divisent les hommes de lintérieur. Cest pourquoi ils agissent souvent comme sils étaient divisés en deux - comme le Dr Jekyll et Mr Hyde. Cest pourquoi même des hommes "bons" adoptent parfois des comportements blessants. Ce livre propose un modèle nouveau et audacieux didentité personnelle pour tout homme qui veut vraiment actualiser son moi humain et vivre en homme conscient.
Ce livre sarticule autour dune vingtaine de questions auxquelles il tente de fournir des réponses novatrices. En voici quelques-unes : - Comment puis-je avoir moins peur des autres hommes?
Laspect systématique et parfois simpliste de cet ouvrage dorigine américaine irritera parfois certains. Néanmoins, la conviction de lauteur et lhumour qui traverse son livre arrivent à rendre accessible et sympathique lapproche proféministe de la virilité.
Il éclairera en tout cas les hommes qui se sentent encombrés des mensonges qui entourent la virilité comme les femmes qui espèrent un changement dans cette direction.
Limage de lhomme
Force, courage, sang-froid, honneur : les attributs de la virilité, quils soient physiques ou moraux, semblent immuables. Ils forment une image mentale et publique qui imprègne toute la culture occidentale. Mais quand ce stéréotype est-il né? Comment a-t-il évolué? Pourquoi eut-il la vie si dure? Quels objectifs politiques et sociaux a-t-il servis? A-t-il un avenir?
Cest un historien, qui enseigne à lUniversité de Madison et à celle de Jérusalem, qui étudie ces questions. Il situe linvention de la virilité moderne au dix-huitième siècle, quand la bourgeoisie adapta lidéal chevaleresque à son usage. Il analyse les avatars du "vrai homme" : le duelliste, le soldat moderne, le gymnaste, le scout, laventurier, le "nouvel homme" fasciste... Mis en avant tour à tour par les conservateurs, par les nationalistes, par les nazis, par les communistes, lidéal viril sest renforcé en sinventant des "contretypes" fantasmatiques : le Juif, lefféminé, lhystérique. Mais il fut ébranlé, après la dernière guerre, par les mouvements de libération des femmes et des homosexuels, par les nouveaux idéaux de la jeunesse. Cette "image de lhomme" est-elle en train de vaciller?
Un livre qui passionnera ceux qui apprécient une mise en perspective historique, parce quil offre en fait une relecture de lhistoire contemporaine sous langle de lidéal masculin proposé dans la société.
Etre un homme
Un ouvrage intéressant parce quil sinterroge sur lidentité de lhomme daujourdhui et quil est écrit <<pour des hommes qui ont compris que leur condition échappait aux modèles anciens>> mais qui, même sil sappuie sur une enquête, livre surtout les aspirations de lauteur, sympathiques lorsquelles appellent un homme qui ne soit plus guerrier, mais inquiétantes lorsquelles le voient se désintéresser de la vie publique. Les quelques extraits de la conclusion de louvrage, que vous trouverez ci-dessous, vous donneront une idée des thèses développées par lauteur, rédacteur dune grande révue de vulgarisation psychologique américaine..
<<Durant lépoque de la Grèce antique, qui vit naître la démocratie, la notion dhumanité trouvait sa définition dans la participation de lhomme à la vie politique. Au cours de la rédaction de ce témoignage, nous marquâmes de nombreuses pauses pour suivre les événements de la révolution chinoise durant laquelle des milliers de jeunes gens affrontèrent, les mains nues, les chars et les soldats. Leur exemple nous incita à nous demander ce quil peut advenir dune nation dont les "hommes idéaux" sont contraints de rester dans lombre. Une éthique de lépanouissement de lindividu peut-elle suffire à créer un sens assez puissant de la communauté pour permettre de préserver les libertés? Nous en doutons. Nous avons relevé quun nombre insignifiant (0,02%) des individus considère que lhomme idéal trouve son sens initial dans la politique et seulement 6,8% dans la religion, alors que Jésus et Gandhi se situent au faîte de la liste des hommes admirables. En outre, les neuf premières places sont occupées par des figures politiques chez les hommes et les six premières chez les femmes. De toute évidence, nous admirons complaisamment les visionnaires et les révolutionnaires mais nous ne manifestons guère lenvie de devenir leurs émules. Plus prosaïquement, nous préférons les hommes aux préoccupations plus terre à terre et dun abord plus facile.
Chaque fois que des idéaux, des paradigmes ou des points de vue changent et que les rôles génériques permutent entre eux, nous devons nous attendre à des gains mais aussi à des pertes. A la longue, lhomme idéal a fini par échapper à lextraversion compulsive qui modelait lesprit de lhomme depuis linvention de la compétition et du chronographe. Il a perdu quelques-uns de ses engagements dans le monde public, comme sa recherche frénétique du succès et son obsession du pouvoir tout en gagnant son droit daccès au monde intérieur des sensations, de la réceptivité et de la spiritualité. Délaissant sa tour divoire doù culminaient sa force, son inflexibilité et son assurance, il est à présent pétri de sensibilité et tenaillé par le doute. Comme le suggère Steve, de Pennsylvanie : "L"homme idéal na rien du bloc de granit. Il est plutôt fluide comme lélément aquatique, apte à changer de forme, prêt à bouillir ou à geler tout en restant lui-même. Il peut se plier aux exigences dune situation en prenant tour à tour le rôle de dirigeant autoritaire et de diplomate chevronné. Sa faculté à percevoir les besoins du moment est un trait de caractère essentiel et inhérent à sa personne."
Bien que nous nayons pas encore trouvé le point de contact entre nos aimables vertus et nos qualités passionnelles et sauvages, il semblerait que nous souhaitions cesser dassocier la masculinité à la violence.(...)
Nous pensons que la vision de lhomme idéal présentée ici -- plus aimable, plus réceptif et apolitique -- est largement répandue dans la culture nord-américaine. Karen L., par exemple, qui écrit des romans damour, nous explique que limage du héros grand, ténébreux, énigmatique, puissant et lunatique a évolué vers celle de lhomme prospère -- mais pas nécessairement riche , amical, compréhensif et plein dhumour. Le macho type John Wayne semble être en perte de vitesse et son opposé Alan Alda ne fait pas davantage le bonheur des éditeurs. Mais il est tout aussi possible que nos découvertes sur lhomme idéal nous en apprennent plus sur les idéaux des hommes et des femmes qui éprouvent un intérêt marqué pour les sentiments et la vie intérieure (et qui par conséquent lisent Psychology Today) que sur la grande masse de la population.
Le sexe des émotions de Alain Braconnier, éd. Odile Jacob,1998
Le livre dun psychiatre, professeur à lUniversité de Paris V, qui sinterroge sur le caractère sexué du langage émotionnel, dont les différences apparaissent dès les premiers mois de la vie.
Selon le livre, sil existe de nombreux sentiments communs aux deux sexes, la science et lexpérience montrent que, dans leur vie affective, hommes et femmes diffèrent parfois considérablement. Les émotions féminines et les émotions masculines peuvent sopposer. Ignorer ces différences est souvent plus dangereux que de les reconnaître.
Lauteur dit ainsi : "Je ne peux pas dire avec certitude ce qui est à lorigine de mon intérêt pour la psychologie humaine. Mais je sais que les conceptions traditionnelles sur la trop grande émotivité féminine et le nécessaire contrôle des émotions masculines sont erronées. Jai compris que la plus grande liberté quil restait à conquérir nétait pas la liberté sexuelle mais celle de pouvoir exprimer ses émotions, toutes ses émotions, dès la plus tendre enfance. Mon expérience professionnelle ma dailleurs rapidement conduit à vérifier les méfaits psychiques et physiques que les préjugés communément admis pouvaient entraîner."
Rendant compte détudes approfondies menées sur les émotions féminines et masculine, cet ouvrage bouscule quelques idées reçues. Gardons-nous pourtant des conclusions hâtives, catégoriques et dogmatiques. La vie affective est une mosaïque. Elle nest ni entièrement féminine ni entièrement masculine. On ne peut réduire la nature humaine à des chromosomes distincts ou à des attributs sexuels. Léducation, lexpérience mais aussi la sensibilité propre à chacun rendent les hommes et les femmes aussi riches que complexes. Nos émotions nous différencient autant quelles nous unissent. Sans elles que deviendrait alors le mystère si troublant de la rencontre?
Linutile Adam
Ecrit par un jeune pédiatre généticien, ce livre sinterroge sur le phénomène biologique du sexe.
La constitution biologique de lhomme le rend plus fragile que la femme, dont lespérance de vie est plus grande. Dans la majorité des espèces animales, la plupart des fonctions reproductrices sont assumées par les femelles et le coût biologique de la production des mâles est très élevé... mais, pour de mystérieuses raisons, la nature a privilégié un système engendrant autant de mâles que de femelles.
Cependant les fondements dune masculinité dominante et la structure dualiste homme-femme seffritent lentement dans les sociétés modernes. Léternel combat des hommes pour assurer leur domination dans la société et la famille semble chaque jour un peu plus voué à léchec.
Peut-être lhomme nest-il plus quun objet de luxe en quête de plaisirs futiles. Et la femme observe, attentive, cet être fragile à la fois attendrissant et inutile.
La peur de lautre en soi
Quelle est cette peur de lautre en soi? Quest-ce que lhomophobie? Cest lappréhension de cette femme qui sommeille en chaque homme, de cet homme qui dort en chaque femme, de cet homosexuel ou cette homosexuelle qui, sait-on jamais, nattend peut-être quà séveiller en nous. En ces temps où légalité dans les rapports entre hommes et femmes nest pas encore acquise, où le besoin de droits égaux pour les personnes dorientation homosexuelle se fait de plus en plus pressant, où les préjugés alimentés par la peur du sida banalisent discrimination, où la montée de lextrême droite donne cours à une intolérance renouvelée face aux différences, comprendre cette peur de lautre est une nécessité pour qui veut combattre sexisme et homophobie. Cette part de mystère, donc de menace, que recèle lautre dans sa différence, ne lavons-nous pas tous redoutée en notre for intérieur?
Dans cet ouvrage, des chercheurs, chercheuses et intervenants de France, du Québec et dAllemagne joignent leurs réflexions. Dans une première partie, Daniel Welzer-Lang décrit comment la construction même du masculin structure lhomophobie, Michel Dorais critique la recherche scientifique sur les causes de lhomosexualité et Pierre Dutey interroge le sens des mots utilisés pour désigner lhomosexualité et sa phobie. Dans une seconde partie, dautres chercheurs explorent les traces individuelles, sociales et politiques de lhomophobie, notamment lorsque cette dernière sappuie sur le sexisme. A partir de cas concrets issus de leurs enquêtes ou de leur pratique, ils montrent les conséquences de lhomophobie sur la condition des hommes, des femmes et des jeunes.
Identification et identités dans les familles
Les familles dans lesquelles naissent et grandissent les humains ont comme tâche den faire des adultes. Elles sont les contextes spécifiques où se reproduisent les organismes, se constituent les individus, se développent les personnes et se structurent les sujets et où ces éléments sagencent en une identité singulière.
Les familles sont supposées procurer à cet effet les objets des besoins, les modèles didentification, les valeurs, idéaux et surtout le langage porteur dun désir autonome. Ces tâches sont de plus en plus relayées par les substituts institutionnels mais les familles restent sans doute les synthétiseurs les plus efficaces de ces fonctions. Cet ouvrage propose une réflexion pluridisciplinaire sur les définitions et les concepts, la transmission, lhistoire et les destins, lidentification aux modèles et les fonctions parentales. Il se divise en autre partie :
- Des propositions de définitions de lidentité et de lidentification, qui
se réfèrent aux concepts de la sociologie, de lanthropologie et de la
psychanalyse.
La guerre des sexes : un avenir?
A linstar de la plupart des collectivités humaines, nous vivons, de toute évidence, dans une société patriarcale dont lorganisation est fondée sur la préséance et la dominance du mâle. Ce constat un fois posé, restent les nombreuses questions quil soulève : la domination de la femme est-elle une constante universelle des rapports entre les sexes? Dans laffirmative, est-ce à dire que la domination dun sexe par lautre relève dune Nature Humaine immuable et permanente? Naît-on homme ou femme... ou le devient-on? Comment dédifier lidentité sexuée de lindividu? Peut-on imaginer une éducation qui serait non-sexiste?
Le mouvement féminin apporte réponses à ces questions. Mais que recouvre exactement le terme "féminisme"? Comment définir les différents féminismes? Féminismes et masculinismes sont-ils porteurs dune promesse de Nouvelle Alliance entre les sexes? Cest de toutes ces questions que ce petit ouvrage entend débattre, en évitant, autant que faire se peut, les écueils de lidéologie et les séductions du prophétisme.
(Cet ouvrage peut être obtenu au CCV2, 067/22.05.67)
Violences. Une stratégie patriarcale
A lorigine de ce dossier, léquipe de lUniversité des Femmes pensait réfléchir à la question de léthique sexuelle, aborder la sexualité de manière positive, dire ce que les femmes voulaient plutôt que ce quelles ne voulaient pas. Il est vite apparu quune éthique féministe de la sexualité ne pouvait se concevoir actuellement que dans la lutte contre ce qui empêche les femmes de disposer de leur corps et de dire leur sexualité. Cest pourquoi les violences sexuelles constituent le thème majeur de ce dossier. Parce que les féministes nont pas fini de tenter de faire admettre que la sexualité patriarcale est violence. Que cette sexualité-là nest pas inscrite dans la nature des hommes, mais construite socialement. Quelle continue de torturer dans linceste, le viol, les abus sexuels, la prostitution, la pornographie. Quelle est renforcée par lexploitation capitaliste
La virilité en Islam
On analyse et on conteste de plus en plus la position de la femme dans le monde musulman. Mais au fond, pourquoi ne pas se pencher sur la source du problème, la virilité? Cet ouvrage propose une réflexion qui a pour but de permettre de faire évoluer cet état des choses.
Ces petites et grandes choses qui font une vie
Un recueil qui rassemble une trentaine de courts récits autobiographiques, qui nous plongent au coeur de la vie dun homme. Tantôt graves, tantôt amusants voire cocasses, ces récits sont toujours riches de sens. Narrant les mille et une facettes de nos existences, ils sont comme une "sorte de terreau, source inépuisable de leçons en tous genres" ; plus profondément, ils nous interpellent "parce quil nest déthique, voire danthropologie crédible, pertinente, quélaborée à partir de ce réel continu que sont nos vies, tout simplement".
Parce que ces récits parlent beaucoup de la soif de rencontre, et en particulier de la soif de rencontre de lautre sexe, ils disent le chemin dune personne particulière à la recherche de la manière la plus juste et la plus heureuse possible dêtre un homme au travers des aléas de lexistence. Cest en ce sens que ces récits sont souvent attachants.
Quand lexclu devient lélu
Le sujet de ce livre pourra sembler un peu périphérique par rapport au thème de ce dossier. Pourtant, en croisant des sans abris dans les rues de nos villes, je me demande souvent comment ils arrivent à garder une fierté et une identité dhommes et de femmes dans un tel dénuement. Sans doute parce que dautres, comme les auteurs de ce livre, ont choisi de devenir eux-mêmes en les rejoignant. Au-delà des séparations entre les sexes, ils nous proposent de nous mettre dans les pas de Jésus, lui pour qui la figure centrale de lhumanité est lhomme écrasé et rejeté, le faible et labandonné.
Depuis 15 ans, Michel Collard et Colette Gambiez, en réponse à un appel aux consonances évangéliques et franciscaines, partagent jour et nuit et de ville en ville la vie des sans-logis. Les mains nues, ils se laissent tout simplement rencontrer et recevoir par eux dans une présence étonnamment amicale et fraternelle. Ils sont les hôtes des sans-toit. Le monde à lenvers!
Cest à la lumière de ce vécu au quotidien que les auteurs nous livrent de lintérieur lexistence dramatique de leurs compagnons et quils nous révèlent aussi leurs aspirations les plus profondes, répondant ainsi à bien des questions. Un livre témoin, riche en réflexions et analyses, qui sadresse à tous. |
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