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Working Group : Genre et violence

· Problématique:

- Comment appréhender et définir la violence?

- Quels sont les facteurs externes et internes des différentes formes de violence, pour les femmes qui en sont les principales victimes ?

·Plan:

- La violence à travers les âges

- Reconnaissance des droits

- Violence sociale : prostitution, toxicomanie et alcoolisme, gang de rue, droit à l’avortement- La violence et les membres des communautés culturelles, populations autochtones

- Violence étatique

 

·Outils de travail:

- Working Paper 

- Bibliographie

 

GROUPE GENRE INTERNATIONAL

MDM – CANADA  

Définir la violence faite aux femmes

 

Groupe Genre MDM- Canada :

Nima Machouf

Résumé

La thématique « Genre et Violence » renvoie directement aux violences subies par les femmes. En effet, on constate que quelle que soit la forme de violence et quel que soit le type de société, la victime se révèle être dans la plupart des cas, la femme. Pourquoi ? Certains anthropologues l’expliquent par le pouvoir de reproduction que détiennent les femmes, pouvoir qui peut être considérer par la gent masculine comme une contestation de leur autorité. D’où la nécessité de veiller à ce que les femmes ne prennent pas une place trop importante dans l’organisation de la société.  

A travers les formes multiples de violence, qu’elle soit sociale, physique, étatique ou intra-familiale, on arrive à identifier certains facteurs externes et internes. En effet, dans la société des groupes s’avèrent plus exposés que d’autres. C’est le cas des groupes dits marginaux : prostituées, femmes monoparentales, droguées, membres des communautés culturelles et autochtones. La violence se manifeste dans l’entourage « professionnel » ou intime, par des agressions physiques, verbales ou du harcèlement psychologique. Par ailleurs, on décèle également par le biais d’une législation discriminatoire, légitimée par des croyances patriarcales ancrées dans la société, un cadre propice à la manifestation de violence.  

 En définitive, la dénonciation des violences à l’encontre des femmes tente d’orienter les différentes sociétés vers une réduction des inégalités entre les sexes, possible notamment par l’élimination des lois misogynes, qui par leur existence autorisent implicitement le recours à la violence. De plus, la levée des tabous, qui se sont construit autour des violences visibles et insidieuses, permettra ainsi de mettre en œuvre des programmes d’accès au soin et à la justice adaptés et personnalisés car force est de constater que ces programmes restent encore minimes.  

 

Définir la violence faite aux femmes

 

La Violence est aussi difficile à définir qu’elle est facile à reconnaître. L’étymologie du mot violence est : « abus de la force ». Le premier exemple dans la définition du mot violence, donné par le Petit Robert : « faire violence à une femme », dans le sens violenter, violer, agir contre la volonté de quelqu’un. 

Les origines de la violence sont multiples mais règle générale, cette outrance à la tolérance vient d’un rapport irrespectueux à l’Autre :  

La violence contre les femmes, comme la violence raciale ou religieuse, est rendue possible par la conviction que « l’autre », la femme, le noir, le juif, vaut moins que soit, est moins intelligent, moins beau, moins utile à la société, moins proche de Dieu. La violence existe quand il y a mépris de l’autre et de ses désirs, quand il y a négation de son identité et de son égalité.[1]  

La violence faite aux femmes prend différentes formes autant dans les sphères privées que publiques : violence sociale (marginalisation sociale et économique, isolement), violence étatique, violence individuelle, violence physique, violence psychologique (harcèlement sexuel, manipulation), violence sexuelle (viols, inceste, viols systématiques dans les guerres, prostitution, esclavage). 

 

Ce fléau de société ne peut être contré que par une responsabilisation conjointe entre les hommes et les femmes et par la possibilité de préserver et de développer des moyens concrets de changer les consciences et d’éliminer les inégalités. 

La violence à travers les âges

 

Le sénateur américain Joseph R. Biden, considère la violence comme une maladie et affirme qu’environ quatre millions de femmes en sont victimes aux États-Unis. Cette maladie n’est pas nouvelle et elle s’inscrit dans l’histoire. 

Le portrait de la condition féminine tracé par Simone de Beauvoir dans les années 50 est le portrait d’une aliénation. En affirmant : «On ne naît pas femme, on le devient », elle ouvrait le champ de réflexion et d’action du mouvement féministe.  

Dans une perspective féministe, la violence faite aux femmes est à la fois une conséquence de la subordination sociale et politique des femmes dans la société et un moyen de maintenir cette subordination. La violence se perpétue notamment dans le processus de socialisation, mais elle persiste aussi parce que la société la tolère et n’intervient pas de façon assez efficace pour la faire cesser.    

La violence comme conséquence de l’inégalité entre les sexes doit être appréhendée dans une perspective historique. La violence à l’égard des femmes est la conséquence d’une organisation sociale où les hommes prennent toutes les décisions et où les femmes sont censées obéir.  

Plusieurs anthropologues associent la subordination à la logique de la société sédentaire, où la croissance démographique devient un enjeu d’importance vitale afin de créer de la main-d’œuvre pour cultiver la terre et pour mener les guerres d’appropriation des terres contre les groupes rivaux. Les femmes détenant le pouvoir de reproduction sont précieuses et doivent être protégées :  

Que la protection des femmes ait abouti progressivement à leur réclusion et que la crainte respectueuse de leur pouvoir de donner la vie se soit inversée au mépris de leur dépendance n’a rien de tellement surprenant dès lors qu’elles ont été exclues du contrat direct avec l’extérieur.[2] 

Au Québec, les femmes, aliénées par l’idéologie catholique à l’image de la mère procréatrice (22 enfants), ont pu sortir de ce carcan durant la deuxième guerre en bénéficiant de l’ouverture du marché du travail de l’industrie de guerre. L’éducation, la contraception, la laïcisation ont permis depuis un demi-siècle, aux femmes Québécoises, de ne plus considérer leur appartenance sexuelle comme une tare, une malédiction, une croix. Mais si la société ne génère plus d’idéologie sexiste, si l’Église n’a plus le pouvoir d’aliéner les femmes à leur « rôle de mère », la violence est toujours le lot de nombreuses d’entres-elles. Le comportement violent du partenaire et le sort réservé à sa victime font la Une de plusieurs journaux.  

Reconnaissance des droits

Le droit de vote aux femmes (1940 au Québec) et le principe de l’égalité des conjoints (1980 au Québec) sont des droits fondamentaux qui sont encore récents. L’adoption des droits est un moyen incontournable pour l’élimination de la violence faite aux femmes et la reconnaissance de l’égalité des femmes et des hommes. 

Depuis deux décennies, la lutte contre la violence faite aux femmes, a mobilisé toutes les instances décisionnelles à l’échelle mondiale. La reconnaissance des droits est fondamentale à l’amélioration de la situation et du rôle des femmes dans la société et à l’élimination des inégalités entre les sexes. Voici quelques dates importantes : 

1979 : l’Assemblée des Nations-Unies adopte la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination. Cette Convention apparaît comme la première Déclaration internationale des droits des femmes. Cette convention exprimait la nécessité de mesures juridiques visant à réprimer la violence fondée sur l’appartenance au sexe féminin. On insistait donc sur la mise en place de structures nationales.  

1985 à la Conférence de Nairobi, on planifie des stratégies prospectives d’action pour la promotion de la femme.  

1992 : Au Sommet de la Terre tenu à Rio, l’urgence d’inclure les femmes pour l’avancement du développement durable est reconnue. 

1993 à Vienne : la Conférence Mondiale sur les Droits de l’Homme. L’Assemblée adopte la Déclaration sur l’élimination de la violence faite aux femmes. On nomme un rapporteur spécial sur la violence faite aux femmes. « Les droits des femmes sont aussi les droits humains » 

1994 : La Conférence sur les populations au Caire et le Sommet sur le développement social à Copenhague, confirment l’importance du rôle crucial des femmes dans la société. 

En septembre 1995 : la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing. Une plate-forme d’action est installée.    

Violence sociale

Certains groupes dans la société sont plus exposés à la violence. C'est le cas des groupes dits marginaux : prostituées, femmes monoparentales, droguées, membres des communautés culturelles et autochtones.

Plus ponctuellement, le lieu de violence social et sexuel, où se trouve la femme monoparentale marginalisée, isolée et pauvre s’inscrit dans la problématique de la prostitution et de la drogue. La précarité financière, le chômage endémique rendent les hommes vulnérables dans leur rôle de pourvoyeur. La violence se retrouve donc dans le couple même. Par ailleurs, les comportements violents bénéficient malheureusement trop souvent de circonstances atténuantes dans les tribunaux.

Prostitution

Les femmes travailleuses du sexe connaissent une augmentation de violence due à la répression policière. La travailleuse du sexe qui a des clients réguliers qu’elle rejoint normalement au coin d’une rue passante et éclairée se voit dans l’obligation de travailler ailleurs. Les policiers interviennent souvent par des opérations clients qui consistent à donner des contraventions aux clients surpris avec une travailleuse du sexe (habituellement une policière déguisée en travailleuse du sexe), ce qui incite les clients réguliers à fréquenter d’autres quartiers. Les lieux de travail sont dangereux pour leur sécurité : ruelle, rue moins éclairée, parking éloigné. Elles doivent aussi prendre plus de risques pour assurer leurs survies. Par exemple, elles ne prennent plus le temps de bien regarder la voiture, le numéro de plaque d’immatriculation et de négocier le lieu du service. De nombreux témoignages rapportent les dangers et les comportements violents dont elles sont victimes : coup de poings, couteau sous la gorge, coups de couteau, menace avec une arme à feu. Lorsqu’elles sont victimes d’agressions sexuelles elles se font souvent répondre qu’elles ont cherché ce qui leur arrivent. Dans le travail que Médecins du Monde effectue auprès de cette clientèle, les séquelles physiques et psychologiques sont visibles. Elles en viennent à banaliser, elles-mêmes, les coups et agressions physiques qu’elles reçoivent régulièrement.  La rage et le découragement de ces femmes dus à l’incompréhension et au mépris des résidents et des policiers font qu’elles portent rarement plainte suite aux agressions. Elles nous font part de cette colère qu’elles vivent et de leurs impuissances à changer la situation. Un des organismes communautaires partenaires de Médecins du Monde, Stella, défend les travailleuses du sexe et à mis sur pied une liste des mauvais clients qui est distribuée une fois par mois. Cette liste est composée de plaintes des travailleuses du sexe et vise à les aider à diminuer les risques encourus quotidiennement.  

Toxicomanie et alcoolisme

La violence reliée aux problèmes d’alcool et de toxicomanie sont énormes.  

Au Québec, les femmes utilisatrices de drogues injectables que Médecins du Monde rencontre ont très peu d’endroits ou elles peuvent se reposer en toute sécurité. Les places d’hébergement temporaires sont trop peu nombreuses (6000 refus l’an dernier) elles se retrouvent obligées d’accepter et de donner différents services, sexuels et autres, pour s’assurer un toit pour dormir. Le mode de vie et le coût monétaire pour payer la drogue les place aussi en situation de danger physique et psychologique. Par exemple, un pourvoyeur qui augmente le taux d’endettement pour s’assurer la fidélisation de la cliente, si elle ne paie pas assez rapidement, les agressions physiques sont fréquentes et répétées. 

Les jeunes femmes toxicomanes se font souvent refuser des traitements (due à la consommation de drogue) dans les urgences des hôpitaux. Des propos de cet ordre furent tenus par des professionnels de la santé : ‘’parce que de toute façon elles vont mourir‘’ et ou ‘’qu’elles vont revenir dans le même état et qu’elles ne sont pas une priorité parmi la population’’. Peut-on qualifier ses propos de violents ? 

Gang de rue

Les jeunes filles qui veulent faire partie d’un gang de rue sont en proie de devenir l’objet sexuel du gang. Les gangs de rue considèrent ces jeunes filles comme leur objet après avoir passé le gang bang. Celui-ci consiste en un viol collectif d’une jeune fille amenée par un des membres du gang.  

Droit à l’avortement  

En plus des groupes marginaux, la violence sociale est également observée en ce qui a trait au droit à l’avortement. Dans certains pays, l’avortement est illégal, dans d’autres il est toléré. Dans les premiers, la négation du droit des femmes à disposer de leurs corps se fait par l’état et les conséquences pour les contrevenantes peuvent être fatales. Cependant même dans les pays où l’avortement est toléré certains groupes de pression (groupes religieux) agissent violemment pour contrer ce droit. Ils menacent physiquement et verbalement les femmes ayant recours à ces services ainsi que le personnel soignant.  

Une clinique d’avortement de Montréal a dû avoir recours à une équipe de sécurité suite à des menaces de mort et de destruction de la clinique. Pendant une certaine période, les médecins de cette clinique ont du se munir de gilet par balles et pratiquer leurs interventions dans un climat d’insécurité et de violence totale. En Amérique du Nord, certains médecins hésitent à pratiquer l’avortement du au climat de terreur qu’imposent ces groupes religieux. Les femmes qui ont besoin de ce service peuvent être interpellées et menacées par ces groupes se déplaçant entre les États-Unis et le Canada. 

La violence et les membres des communautés culturelles, populations autochtones (immigrants, minorités visibles)

Conjuguée aux difficultés d’adaptation, l’immigration apporte avec elle de nouvelles formes de violence jusqu’alors inconnues qui peuvent émerger à l’intérieur de la cellule familiale ou au contact de la société d’accueil. 

Les manifestations de violence dans la société envers les personnes issues des communautés culturelles prennent plusieurs formes  :

- Racisme généralisé, stigmatisation, préjugés.

- Ségrégation sociale (non-accessibilité à l'emploi et à la formation, non-reconnaissance des compétences et de l'expérience professionnelle)

On observe fréquemment la formation de ghettos d'emplois qui regroupent les membres des communautés culturelles dans des emplois avec des conditions de travail peu valorisantes et dangereuses. Ces ghettos fournissent également un environnement propice à la violence si les travailleurs n'ont pas de statut légal pour demeurer au Canada et s'il s'agit de femmes, surtout si celles-ci n'ont jamais travaillé auparavant et sont monoparentales.

Violence intra-familiale

C'est dans la rencontre entre la culture familiale et la culture de la société que naissent plusieurs formes de violence. Le père de famille perd souvent son rôle de pourvoyeur traditionnellement valorisé dans les cultures patriarcales, la mère se retrouve dans l'obligation de travailler et doit concilier emploi et tâches domestiques et les enfants sont confrontés à des modèles de vie différents entre l'école et le domicile.

Ces grands changements malmènent la cellule familiale, le père peut sentir son autorité contestée et la violence devient un moyen pour conserver le pouvoir. Les enfants sont partagés entre deux systèmes de valeurs et peuvent se réunir en "gang" pour mieux définir leur identité.

Violence chez les populations autochtones[3]

Selon certaines études, les Canadiens d’origine autochtone à l’instar d’autres groupes autochtones dans d’autres pays ont un taux de suicide plus élevé et sont sur-représentés dans le système de justice pénale. En effet, la population autochtone représente 799015 personnes soit environ 3% de la population totale du Canada mais représentent 15% de la population carcérale fédérale. 

Ils sont aussi plus souvent impliqués dans les crimes de violence, y compris le meurtre et les voies de fait graves, et particulièrement dans la violence familiale.

La grande majorité des délinquants autochtones (76 à 85%) est âgée de 18 à 37 ans. Plus de 90% d’entre eux sont des jeunes hommes qui ont victimisé d’autres personnes. Les cas de violence familiale et de voie de fait graves sont beaucoup plus fréquents que ne permettent de le croire les affaires portées devant les tribunaux. Ces affaires mettent en cause la population dans les réserves cinq fois plus souvent que la population hors réserve, car la migration vers les grands centres urbains est souvent un moyen pour les autochtones d’échapper aux problèmes sociaux dans leur communauté d’origine ou dans la collectivité. 

La violence chez les autochtones se manifeste de trois façons différentes : les agressions sexuelles ou voies de fait, les homicides et les suicides.

Les voies de fait ne sont pas commises au hasard, elles ont lieu principalement dans les collectivités autochtones et sont souvent infligées à des autochtones par d’autres autochtones. On constate un pourcentage élevé de victimes d’agression sexuelle chez les femmes autochtones et un taux encore plus élevé chez les femmes inuits.Les recherches publiées au Canada sur le sujet abordent surtout les conséquences de la violence et peu les facteurs associés. Or les facteurs associés à la violence en milieu autochtones sont similaires à ceux observés dans la société québécoise. L’importance plus marquée de la violence chez les autochtones peut être due au contexte social et sociétaire : exposition ou victime de violence durant l’enfance, consommation d’alcool, conditions socio-économiques défavorables, changements sociaux brusques, acculturation et bouleversements des rôles sexuels. 

Des facteurs tels que la situation de la collectivité, le revenu par habitant, le faible niveau d’instruction et l’absence de formation professionnelle peuvent aider à identifier les causes de la violence. La pauvreté et le manque d’instruction sont souvent associés à d’autres manifestations de violence au foyer et à l’extérieur de celui-ci ou qui peuvent y mener. Ce ne sont toutefois pas les seuls facteurs de risque. Selon les renseignements disponibles sur certaines collectivités, il n’y a pas de différence importante dans les niveaux de violence familiale chez ceux dont la situation socio-économique s’est améliorée. 

Pour les victimes, les principales difficultés viennent du fait qu’elles ne disposent pas de ressources ou d’accès aux services nécessaires pour changer leurs conditions de vie. 

La violence étatique

La discrimination envers les femmes dans la société relève de multiples facteurs. D’une part existent les attitudes et croyances patriarcales ancrées dans le plus profond de la culture des populations et d’autre part se trouvent des États qui contribuent à la défense de cette violence par l’intermédiaire des lois et règlements qu’ils instaurent dans le pays. Nous pouvons interpréter certaines lois, politiques ou inégalités structurelles comme étant de la violence perpétrée par l’État à l’encontre des femmes. 

Citons à titre d’exemple, l’imposition obligatoire du voile islamique en Iran et en Afghanistan ; la restriction des libertés fondamentales des femmes tel le droit à l’éducation en Afghanistan ou le droit de vote au Koweït, ainsi que la lapidation en vigueur dans certains pays islamiques. 

Selon certains spécialistes et défenseurs des droits de la femme, même la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes, adoptée en 1993, a une portée très générale et ne met nullement en cause les lois misogynes qui, par définition, légitimisent la violence à l’encontre des femmes. 

En plus d’être directe, la violence étatique peut s’imposer indirectement. Dans ces cas précis, la loi ou l’État ne perpétue pas la violence directement mais la tolère, l’État est ainsi complice et manque à son devoir qui est d’assurer la protection de ces citoyens et citoyennes. Prenons comme exemple les meurtres d’honneur impunis par la loi, l’immolation des jeunes mariées en Inde[4], l’excision pratiquée dans de nombreux pays africains qui sont des coutumes préjudiciables à la santé des femmes. 

Pour contribuer à la reconnaissance pleine et entière des droits des femmes en tant que droits humains, nous proposons donc, d’adopter les principes suivants : 

Dénoncer les lois misogynes en vigueur dans certains pays et orienter nos projets d’une manière à ce que nous soyons en mesure d’aider les femmes qui en sont les principales victimes. 

Favoriser les projets visant à réduire les inégalités entre les sexes, dans les pays où les gouvernements sont les premiers à bafouer les droits des femmes.

 

Bibliographie

  

« Dossier de presse sur les crimes de guerre contre les femmes en ex-yougoslavie », 3 Déc . 1992, du réseau « ‘Femmes sous lois musulmanes » 

« injusticia criminal-a violencia contra a mulher no Brasil »-Americas Watch

Des femmes pour la paix, Belgrade, 1994, publié par les femmes en noir, éditrice Stasa zajovic, ext. Art de Stasa Zajovic, les victimes désabusées

 

Amnesty International, Viols et sévices sexuels pratiqués par les forces armées, janvier 1993.

 

BROWNMILLER Susan, « Against our wil : men, women and rape », 1975

The elimination of violence against women- Commission on Human Rights, Commission on Human Rights Res. 1995/85.

 

DE SEVE, Micheline, Pour un féminisme libertaire, Éditions Boréal, Montréal, Canada, 1985.

 

ERLICH Michel, La femme blessée (Essai sur les mutilations sexuelles féminines),

L’Harmattan, Paris, 1986

ERLICH Michel, Les mutilations sexuelles, Collection "Que sais-je ?", Presses Universitaires

de France , Paris, 1991

European Council, EG (99) 14 eg(99)14 - texts on violence.doceg(99)14 - texts on violence.doc, Compilation of Council of Europe texts in the field of violence against women since 1995

Femmes et violence dans le monde / sous la direction de Michèle Dayras. Paris : L’Harmattan, 1995. Paris : l’Harmattan, 1995, 327p. 

ILLETTE Isabelle, La polygamie et l’excision dans l’immigration africaine en France, analysées sous l’angle de la souffrance sociale des femmes. Thèse de doctorat de sociologie, Presses Universitaires du Septentrion, Lille, 1998.

GILLETTE-FRENOY Isabelle, "L'excision et sa présence en France", L'Ethnographie, automne 1992 tome LXXXVIII 1 n° 112, pp. 21 - 50.

KIMMEL Michael, Does Censorship Make a Difference?: An Aggregate Empirical Analysis of Pornography and Rape. Journal of Psychology and Human Sexuality

LOUIS Marie-Victoire, « Violences conjugales », Les temps modernes, avril 1990, n°525, pp. 132-168

MICHAUD Yves, La violence, Encycopedia Univrsalis.

United Nations, Preliminary report submitted by the Special Rapporteur on violence against women, its causes and consequences, Ms. Radhika Coomaraswamy, in accordance with Commission on Human Rights resolution 1994/45, UN doc. E/ CN.4/1995/42, November 22, 1994.

United Nations, commission des Droits de l’Homme, Intégration des Droits Fondamentaux des femmes et de l’approche sexospécifique, Violence contre les femmes, E/CN.4/2001/SR.47 

WOOD K. and JEWKES R., 'Violence, Rape, and Sexual Coercion: Everyday Love in a South African Township' in C. Sweetman (ed.) Men and Masculinity. Oxford: Oxfam, 1997.

[1] Avis du Conseil du Statut de la femme, Pour que cesse l’inacceptable : avis sur la violence faites aux femmes, Gouvernement du Québec, avril 1993.[2] Micheline de Sève, Pour un féminisme libertaire, Éditions Boréal, Montréal, Canada, 1985.

[3] Références: Services correctionnels du Canada. La violence familiale chez les délinquants sous responsabilité fédérale(www.csc-scc.gc.ca) ; Affaires indiennes et du Nord, Canada. Programme pour la prévention de la violence familiale chez les premières nations, (http://www.ainc-inac.gc.ca); Portail des autochtones au Canada (http://www.aboriginalcanada.gc.ca)

[4] Selon les statistiques des Nations Unies, 4835 femmes ont été assassinées de la sorte, en Inde, en 1990, parce que leur famille n’avait pas fourni l’argent et les biens demandés.

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VIOLENCE DE GENRE. 

FORUM INTERNATIONAL DE GENRE 

EN ACTION HUMANITAIRE ET DÉVELOPPEMENT

Source : Médecins du Monde International

http://www.mdm-international.org

DESCRIPTION DE LA SITUATION

· Il existe plusieurs façons d’exercer la violence sur les femmes. Une de celles-ci, considérée comme la plus commune et acceptée, est la « violence économique ». Ceux qui la subissent ne sont pas uniquement des personnes sans autonomie économique, des femmes qui se consacrent seulement aux fonctions reproductrices et qui sont soutenues économiquement. La violence est exercée dans ce cas-ci par les fournisseurs. Le manque de moyens économiques incapacite les personnes pour exécuter leurs droits.  

La violence contre les femmes est institutionnelle dans le sens où elle est réalisée socialement et elle doit être dénoncée ainsi. La violence contre les femmes est souvent cataloguée comme quelque chose de « naturel » éloignée du cadre institutionnel, comme par exemple, la violence exercée contre un peuple par une armée ou gouvernements dictatoriaux. Dans ce cas le peuple (hommes et femmes) victimes accusent le pouvoir de subir la violence institutionnelle. Cependant, dans le cas où ces mêmes femmes soient violentées par leur couple personne ne dirait que cette violence est aussi institutionnelle. Dans ce cas le fait devient naturel.

· Le manque de considération vis-à-vis des besoins des femmes implique un mauvais traitement psicologique qui apparaît souvent dans le silence comme réponse. Le silence de la part de celui qui le pratique est une façon de punir, de ne pas tenir en compte la personne, de ne pas lui faire participer dans la prise de décisions.

· L’exclusion sociale et économique est souvent présentée comme cause ou moyen qui favorise la violence de genre. Cependant, les expériences de milliers de femmes démontrent que subir la violence est indépendant de leur situation sociale (status, formation, etc.). On peux déduire que la violence de genre est associée à l’idéologie sous-jacente dans la société patriarcale. La caractéristique principale de la violence de genre est que la violence est exercée sur les femmes pour le fait de l’être.  

PRINCIPAUX PROBLÈMES DÉTECTÉS

· Les comportements violents ont été très souvent associés à des patologies et à la consommation de substances dans le cadre judiciaire. La violence de genre ne peux pas être cataloguée comme une maladie. La considérer une patologie favorise la disculpation des hommes, qui sont ceux qui l’exercent. On ne peux même pas consentir qu’elle soit cataloguée comme une « maladie sociale ».  

De la même manière qu’on ne considère pas le « machisme » comme une maladie, ou le capitalisme ou tout mouvement organisé avec des stratégies bien définies, la violence de genre ne peux pas non plus être inclue comme une patologie. La violence est dirigée (en général envers les femmes), n’est pas un phénomène isolé mais plutôt institutionnel. Elle est organisée par des groupes de pouvoir et derrière la violence il y a des structures et des stratégies bien définies.  

PROPOSITIONS D’ACTION ET RECOMMENDATIONS · On doit réfléchir sur la façon dont la violence est intériorisée. Malheureusement il a été vérifié que les personnes qui subissent la violence sont finalement aussi des transmetteurs de violence. Depuis un cadre microsocial, depuis le quotidien, c’est d’où on doit apprendre à identifier la violence qui s’exerce sur les femmes, (silences, contrôle social, etc.).  

· L’éducation est le point de départ pour introduire des changements qui dessinent une société plus égalitaire. Éduquer dans l’égalité et dans la tolérance implique un cadre plus large non seulement vers l’égalité entre les sexes, mais aussi vers le respect des différences pour des raisons de nationalité, orientation sexuelle, etc.  

· Les messages qui favorisent le changement circulent dans notre entourage familial, politique et médiatique. Le rôle des médias est fondemental pour transmettre ces valeurs d’égalité, mais on peux souvent constater qu’il n’y a pas assez de modèles qui le facilitent.