texte de la
Marche mondiale des femmes, décembre 2001
site : www.ffq.qc.ca/
en vue du FORUM SOCIAL MONDIAL
LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES :
LÀ OÙ L’AUTRE MONDE DOIT AGIR
Introduction
Le Forum Social Mondial a souhaité, pour la seconde rencontre de Porto
Alegre, créer un espace de réflexions et de débats sur les
alternatives à la "culture de la violence". La Marche
mondiale des femmes a accepté de prendre en charge la rédaction du
texte qui servira de base de discussion à ce forum. Nous avons délibérément
voulu parler de violence envers les femmes pour illustrer combien ce
type de violences, cette problématique, sont centrales dans une
"culture de la violence". Ne serait-elle pas une violence
première et quasiment paradigmatique ? Nous avons délibérément voulu
parler de violence envers les femmes, car ce sont toujours les féministes
qui ont dû porter une parole sur cette violence. En dehors des féministes
et du rapport de forces qu’elles imposent, le discours concernant les
violences est comme ces violences : invisible.
Mais n’est-il pas effrayant de parler de "culture de la
violence" ? N’est-il pas paradoxal, sans précaution,
d’employer le mot culture, à connotation positive, avec le mot
violence à connotation négative ? L’emploi du mot culture postule au
moins la légitimation sociale, l’assentiment et la transmission.
Transmission de la violence, légitimation sociale, plus ou moins marquée.
C’est exactement ce qui se passe avec les violences à l’encontre
des femmes.
Sans nier l’importance des autres formes de violence, nous croyons
qu’en appréhendant bien les causes et les conséquences de la
violence envers les femmes, nous pourrons poser les premiers jalons
d’une recherche d’alternatives pour un autre monde basé sur l’égalité
et le respect de l’autre.
Ce texte vise donc à démontrer l’universalité de la violence, de
ses diverses formes mais surtout à pointer ses causes afin d’arriver
à l’éradiquer. Nous condamnons le patriarcat, ce système plusieurs
fois millénaire d’inégalités, d’exploitation, de privilèges, de
discriminations, de valeurs, de normes, de politiques, basé sur la prétention
qu’il existerait une infériorité naturelle des femmes en tant qu’être
humains et sur la hiérarchisation des rôles assignés dans nos sociétés
aux hommes et aux femmes. C’est ce système qui génère les
violences. Nous condamnons la mondialisation capitaliste néolibérale
qui s’appuie sur la division sexuelle du travail pour créer des inégalités
supplémentaires entre les hommes et les femmes, terreau plus que
favorable à l’accroissement des violences. Nous voulons mettre fin à
ces violences et dresserons la liste des éléments à changer dans ce
but. Les actrices et acteurs de la lutte contre la mondialisation libérale
y sont évidemment impliqués.
Nous souhaitons que chaque personne qui lira ce texte, y contribuera par
ses réflexions et propositions afin d’arriver à Porto Alegre en 2002
avec un texte fort et axé sur l’action. Nous vous invitons donc à
nous faire part de vos commentaires.
A L’AUBE DU XXIème SIÈCLE : TOLÉRANCE ET COMPLAISANCE TENACES
ENVERS TOUTES LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES.
La violence envers les femmes, une réalité
transnationale et transculturelle.
La réalité de la violence envers les femmes prend des
formes différentes selon les sociétés, les cultures, mais
l’existence de la violence envers les femmes est un phénomène, un
fait social qui se retrouve de façon transversale dans toutes les
classes sociales, les cultures, les religions, les situations géopolitiques.
Il n’y a aucune exception et la règle se confirme malheureusement
tous les jours. Effectivement, toutes les minutes, des femmes sont abusées,
humiliées, agressées, violées, battues, exploitées, tuées, le plus
souvent par les hommes qui les entourent et cela dure depuis des millénaires.
La violence s’exprime le plus souvent dans la sphère dite privée
(les féministes ont amplement démontré que le "privé" est
politique) : par exemple au sein de la famille avec le viol incestueux,
les mutilations génitales, l’infanticide, la préférence pour le
fils, les mariages forcés etc., au sein du mariage ou de la relation
amoureuse : par exemple, le viol conjugal, les coups, le contrôle
psychologique, le proxénétisme, le crime d’honneur, le femicide
[meurtre des femmes], etc. La sphère publique est aussi le lieu
d’expression de violences envers les femmes comme le harcèlement
sexuel ou moral au travail, les agressions sexuelles, le viol collectif,
le trafic sexuel, la pornographie, le proxénétisme organisé,
l’esclavage, les stérilisations forcées, etc. La violence envers les
femmes est plus souvent l’expression de la domination d’un individu,
mais elle peut aussi être pratiquée de façon organisée par plusieurs
hommes ou par un État (viols systématiques en Bosnie ou en Haïti).
Elle est trop souvent tolérée, excusée ou encouragée par le silence,
par les discriminations, par la dépendance des femmes envers les
hommes, par des justifications théoriques ou des approches
psychologisantes à la source de stéréotypes voulant par exemple que
les hommes soient incapables de contrôler leurs pulsions, notamment
sexuelles, que les violeurs sont des malades mentaux, que les femmes
aiment les " vrais hommes", etc.
Les multiples manifestations des violences envers les
femmes.
Quelques statistiques mondiales sur la violence envers les femmes (tirées
de Sexisme et mondialisation, Marche mondiale des femmes, 2000) :
-De 20 à 50% des femmes dans le monde sont victimes à des degrés
divers, de violences conjugales.
-Dans le monde entier, on évalue à 5 000 le nombre de femmes et de
jeunes filles victimes de crimes "d'honneur" par année.
-L'UNICEF évalue qu'une femme sur 10 dans le monde est victime d'un
viol une fois dans sa vie.
-Selon la plupart des études publiées sur le sujet, les femmes violées
le sont le plus souvent par un homme qu'elles connaissent.
-Le nombre de femmes excisées est estimé à 130 millions dans le monde
et tous les ans, près de 2 millions d'autres sont soumises à cette
coutume, au rythme d'environ 6 000 cas par jour, soit 5 petites filles
par minute.
-On estime qu’il y a au bas mot 9 millions de femmes dans
l’industrie du sexe. Certaines estimations vont jusqu’à 40 millions
à travers le monde.
-On estime que l’industrie mondiale du sexe rapporte 52 milliards de
dollars chaque année aux réseaux criminels organisés.
-Selon les évaluations, 4 millions de femmes et de fillettes sont achetées
et vendues dans le monde entier chaque année, à de futurs époux, à
des proxénètes ou à des marchands d'esclaves.
-Dans la seule région de l’Asie du Sud-Est, près de 70 millions de
femmes et d'enfants ont été victimes du trafic sexuel depuis 10 ans.
-Plus de 100 millions de filles manquent à l'appel à travers le monde
du fait de la préférence accordée au fils.
-En Inde, en moyenne cinq femmes par jour sont brûlées pour des motifs
tenant à leur dot, et beaucoup d'autres cas ne sont jamais signalés.
-Une enquête réalisée dans les quinze États membres de l’Union
européenne en 2000 révèle que 2% de travailleuses (=3 millions) ont
fait l’objet de harcèlement sexuel au travail et 9% de travailleuses
et de travailleurs ont été l’objet d’intimidation et de harcèlement
moral.
Les régimes intégristes, formes extrêmes
d’institutionnalisation des violences envers les femmes
Certains régimes intégristes comme celui des Talibans en
Afghanistan ont institutionnalisé la violence envers les femmes et en
ont fait un droit divin accordé à tout homme, à tout moment. Le contrôle
absolu et l’appropriation du corps des femmes ont pris, au cours des
siècles des visages d’horreur ou de manipulation. Le XXe siècle a
permis l’avancement des droits des femmes mais n’a pas fait reculer
la violence qu’elles subissent de façon significative. On pense aux
crimes d’honneur, aux crimes liés à la dot des jeunes filles, au lévirat
qui sont autant de pratiques donnant le droit de vie ou de mort sur les
fillettes et les femmes aux hommes de la famille. On pense à certaines
réalités des pays occidentaux où on voit persister, malgré une plus
grande reconnaissance des droits des femmes, la violence et le contrôle
sous diverses formes (un viol toutes les 6 minutes aux États-Unis,
non-reconnaissance du viol conjugal, du droit à l’avortement en
Suisse par exemple, croissance du trafic sexuel, massacres de femmes
comme celui de Montréal en 1989), etc. Aucune société n’est à
l’abri de la violence envers les femmes car aucune société n’a
pleinement réalisé l’égalité réelle entre les hommes et les
femmes, même si l’égalité des droits, l’égalité formelle, est
reconnue.
Sur la scène internationale, à l’heure actuelle, la situation des
femmes afghanes est probablement l’exemple le plus criant de
l’indifférence ou de la tolérance de l’intolérable dont peuvent
faire preuve les pays se réclamant du respect des droits humains
fondamentaux. Avant le 7 octobre, peu de pays avaient réagi pour réclamer
la fin des exactions des Talibans contre les femmes depuis 1996. Depuis
le début de la guerre, on invoque cependant le non-respect des droits
fondamentaux des femmes pour appuyer les bombardements, faisant fi de
l’impact de cette guerre, comme de toutes les guerres, sur les femmes.
Selon Amnesty International, le nombre de femmes victimes lors des
conflits armés est passé de 5% lors de la première guerre mondiale à
50% lors de la deuxième guerre mondiale et à près de 80% dans les années
90. Il n’y a aucune raison pour que la présente guerre fasse
exception. Les femmes afghanes, tout comme la population afghane,
veulent que les bombardements cessent, qu’avec le départ des Talibans
soit instaurée l’égalité. Les groupes de femmes afghanes veulent
aussi être partie prenante de la résolution du conflit et du rétablissement
de la démocratie dans leur pays.
Le viol comme arme de guerre
Un autre visage que prend la violence envers les femmes est
celui du corps des femmes utilisé comme butin ou arme de guerre. Dans
tous les conflits armés, des plus anciens aux plus récents, les
attaquants se sont servis du viol des femmes comme façon d’atteindre
leurs ennemis. Par exemple, des camps de viol ont été organisés lors
de la guerre des Balkans pour parfaire le "nettoyage
ethnique". On commence à savoir maintenant que les viols ont été
massifs, de la part des Français, durant la guerre d’Algérie. De
1932 jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, le Japon a mis
sur pied des camps d’esclaves sexuelles pour son armée. Ainsi 200 000
femmes ont été contraintes à l’esclavage sexuel dans des centres de
viols appelés "centres de délassement". Ces esclaves appelées
«femmes de réconfort» étaient des femmes kidnappées des pays
mitoyens en guerre avec le Japon. Au Kosovo, depuis la fin de la guerre,
des femmes d’Europe de l'Est ont été enlevées, séquestrées,
terrorisées et amenées dans des bordels de Pristina par le crime
organisé où près de la moitié de leurs clients apartiennent au
personnel international et aux forces de maintien de la paix. La liste
pourrait s’allonger.
Les femmes combattent et s’organisent.
Malgré les souffrances infligées, les femmes combattent
partout et tous les jours les violences. Elles s’organisent et
manifestent pour faire changer les lois, veiller à ce qu’elles soient
appliquées, bousculer les "traditions" dont les femmes paient
le prix, apporter leur solidarité concrète aux femmes victimes des
violences, etc. Des femmes endurant des violences ont tous les jours le
courage de se lever pour les dénoncer haut et fort. Ce sont elles les
premières combattantes de ce fléau social. Ainsi les Mauriciennes par
exemple se sont-elles mobilisées contre les violences conjugales et ont
fait voter une loi en 1997. Ainsi des pièces de théâtre prévenant le
trafic sexuel sont –elles jouées aux Philippines. Ainsi les
"Femmes en Noir" en Serbie, se sont-elles élevées contre la
politique militariste et nationaliste de Milosevic et ont apporté leur
soutien aux réfugiées du Kosovo. Ainsi au Burkina Faso des
associations travaillent auprès des adolescentes pour prévenir
l’excision et le mariage forcé ou/et précoce.
LES CAUSES DE LA VIOLENCE ENVERS LES FEMMES.
La violence envers les femmes trouve ses racines dans la
haine de l’altérité et la croyance que la domination est un mode de
survie viable. Le patriarcat a institué un ordre de domination (social,
économique, politique) du masculin sur le féminin. Ainsi les hommes,
les garçons tirent dans toutes les sociétés, dans toutes les classes
sociales et malgré les avancées du féminisme des dernières années,
des bénéfices importants et des privilèges bien concrets de ce système
de domination : par exemple, les travaux domestiques, l’éducation des
enfants sont effectués partout en quasi-totalité et gratuitement par
les femmes, voire par les petites filles. Partout les garçons, les
hommes ont plus de "valeur" que les femmes et les fillettes.
Afin d’imposer ce système d’exploitation et d’oppression, le plus
ancien et le plus pérennisé qui soit, et de le maintenir en place, la
violence ou la menace de la violence est utilisée comme outil de contrôle,
comme punition pour avoir dérogé aux règles établies par le
patriarcat (hiérarchisation, soumission, obéissance, etc.). Nos sociétés
se sont développées (et continuent de se développer) avec comme
assise cette hiérarchisation des individus selon leur appartenance à
un sexe. Dans ce contexte, l’altérité est vue et construite comme
une menace plutôt que comme une richesse. Ainsi, le besoin de dominer
pour survivre, sur lequel est fondé le patriarcat, la volonté de
conserver les privilèges inhérents au statut de l’oppresseur mènent
à l’utilisation de la violence comme affirmation de la masculinité
et comme outil de maintien de la domination. Se crée ainsi une véritable
solidarité entre hommes pour que cette situation perdure. Tant que nous
refuserons de remettre en question ces réalités, nous ne parviendrons
pas à éliminer la violence envers les femmes.
La domination patriarcale se modèle habituellement selon le système
économique dominant, au mode de production existant. Le mode de
production capitaliste coexiste donc avec la domination patriarcale qui
lui était antérieure et l’utilise pour son plus grand profit. Les régimes
dits "socialistes" ont aussi cohabité avec le patriarcat et
l’expérience historique des femmes face à ce type de sociétés les
a convaincues qu’un changement vers un régime
"progressiste" ne s’accompagne pas du tout automatiquement
d’un accès à l’égalité et à l’éradication des violences à
leur encontre. Évidemment, les femmes sont présentes dans toutes les
classes sociales. Ce sont elles que l’on retrouve cependant en majorité
au sud dans le travail informel, ou travailleuses dans les zones
franches, ou sans emploi salarié. Au nord, elles sont majoritaires dans
le travail précaire, flexible, à temps partiel, ou au chômage. Ce
sont elles, au sud comme au nord qui accomplissent encore la
quasi-totalité des tâches domestiques gratuitement. Ces espaces de
vulnérabilité supplémentaires peuvent être autant de zones sensibles
à l’accroissement des violences ou à la difficulté renforcée
d’en sortir.
De même les discriminations racistes fragilisent considérablement les
femmes. Ces différents modes d’oppression se conjuguent, s’interpénètrent
et se renforcent mutuellement. La présence d’un handicap, le jeune âge
ou le grand âge, le lesbianisme, la prostitution peuvent être autant
de facteurs aggravants.
CONSÉQUENCES DES VIOLENCES
Les répercussions qu'endurent les femmes victimes de
violences ne sont jamais anodines. C'est toujours une personnalité entière
qui est ébranlée, une remise en cause totale qui s'opère.
Paradoxalement, quelles que soient les circonstances et les formes de
violences subies, les femmes ressentent honte et culpabilité. Honte de
ce qu'elles ont subi comme effraction de l'intime, comme négation de
leur libre arbitre et de leur intégrité physique et psychologique.
Culpabilité de n'avoir soi-disant opposé aucune résistance (la réalité
est en fait un peu plus complexe). Et ce, dans tous les coins et recoins
du monde au sud comme au nord, à l'est comme à l'ouest.
Les conséquences des violences se répercutent en premier lieu sur la
santé des femmes. Conséquences physiques telles que hémorragies répétées
pouvant aller jusqu'à la septicémie à la suite de mutilations
sexuelles, membres cassés, etc. à la suite de coups répétés,
somatisations multiples. Elles peuvent aller jusqu'à la mort : meurtre
des nouvelles-nées en Chine, crimes d'honneur en Jordanie ou au Maroc,
meurtres de femmes à Ciudad-Juarez au Mexique. Mais la mort peut venir
aussi de violences conjugales : un coup un peu plus appuyé que les
autres de la part du mari à un endroit particulièrement vulnérable.
La Banque mondiale elle-même est contrainte de reconnaître que les
violences envers les femmes sont une cause de décès et d’incapacité
chez les femmes en âge de procréer aussi importante que le cancer, et
une cause de mauvaise santé plus importante que les accidents de la
route et la malaria combinés.
Conséquences aussi psychologiques : perte de l'estime de soi, dépression,
tentatives de suicide, phobies, cauchemars, crises d'angoisse,
psychoses, peur des rapports sexuels, entrée dans la prostitution, etc.
Les conséquences peuvent revêtir un aspect plus "matériel"
: déménagement, perte d'emploi, abandon des études. Le rapport à
l'entourage peut être bouleversé : rupture avec le conjoint, éloignement
de prétendus "amis".
La violence envers les femmes ou même la menace de la violence a
principalement comme conséquences de maintenir les femmes dans un état
de peur ou de vulnérabilité constante et de limiter leurs déplacements
(particulièrement le soir ou la nuit), leur accès à des espaces
publics où elles se sentent en sécurité, leur participation sociale,
leur autonomie. Les femmes se voient ainsi dénier l’accès à une
citoyenneté pleine et entière. La violence remplit un rôle de contrôle
social des femmes. Toutes ces conséquences peuvent aussi se chiffrer en
coûts économiques.
VIOLENCES ET MONDIALISATION LIBÉRALE
Une des conséquences de la mondialisation libérale est la délocalisation
des entreprises du nord vers le sud afin de trouver de la main-d'œuvre
à moindre coût. Le marché du travail s'ouvre ainsi aux femmes, mais
dans des conditions plus que dramatiques : salaires insuffisants pour
vivre, conditions de travail très éprouvantes occasionnant des risques
majeurs pour la santé, droit du travail inexistant, interdiction de la
syndicalisation. La précarité de leur situation sur le marché du
travail rend ces femmes vulnérables à l'extrême : par exemple, dans
les maquiladoras au Mexique, lors des entretiens d'embauche, les ouvrières
doivent répondre à des questions concernant leur comportement sexuel,
leur cycle menstruel, et le contrôle des naissances. Les entreprises
leur imposent aussi un test de grossesse. La plupart du temps ces femmes
sont des mères célibataires ou représentent la principale source de
revenus pour leur famille. C'est la raison pour laquelle elles acceptent
des contrôles corporels humiliants. Dans les usines délocalisées au
Bangladesh, les ouvrières ont deux grandes peurs : l'incendie et le
viol. En juin 1996, 32 ouvrières ont brûlé à Dacca parce qu'il n'y
avait dans l'usine ni sortie de secours, ni extincteurs. La nouvelle
s'est très vite propagée. En revanche, c'est toujours la loi du
silence pour les viols. Le harcèlement sexuel, le chantage au
licenciement si elles ne cèdent pas est monnaie courante de la part des
chefs masculins.
Au nord, les changements apportés dans l’organisation du travail
(augmentation des tâches, intensification du rythme de travail,
pressions accrues sur le personnel, etc.) et le développement de toutes
les formes de travail précaire et atypique entraînent une augmentation
du harcèlement moral ou psychologique dont les femmes sont
principalement victimes car ce sont elles que l’on retrouve le plus
dans cette forme de travail.
Avec le développement de la mondialisation capitaliste, on assiste à
une féminisation accrue des migrations, la majeure partie vers les pays
industrialisés. Ces femmes sont contraintes à l'émigration car elles
ne peuvent plus subsister chez elles et doivent aider leur famille en
envoyant régulièrement de l'argent. Certains pays, comme les
Philippines, encouragent même cette émigration. Ces femmes sont
souvent employées de maison et certaines d'entre elles doivent subir le
harcèlement sexuel ou le viol de la part de leurs employeurs en plus
d’être dépendantes car sans-papières. Ce fut le cas de la
Philippine Sarah Balabagan (14 ans) en Arabie Saoudite ou de
l'Ivoirienne Véronique Akobé en France qui furent toutes les deux jugées
et condamnées pour tentative de meurtre ou de meurtre contre leurs
employeurs qui les avaient violées.
Les institutions financières internationales, le FMI et la Banque
Mondiale, imposent aux pays endettés des plans d'ajustement structurels
afin "d'assainir" leur économie. Ces derniers préconisent
des destructions de services publics, réduisent drastiquement le nombre
de fonctionnaires, augmentent considérablement le prix des denrées de
première nécessité, etc. Ils contraignent les femmes à travailler
encore plus de façon non rémunérée pour compenser les services désormais
inexistants, jettent des milliers de femmes et d'hommes au chômage,
appauvrissent et affament des populations entières. Ces actions néfastes
délitent le tissu social et créent ainsi un terreau favorable à l'émergence
de violences supplémentaires à l'encontre des femmes, notamment au
sein du couple. Elles favorisent la marchandisation du corps des femmes
et des enfants, en majorité les petites filles, seul bien qui leur
reste à vendre : prostitution, esclavage domestique, trafic d'organes,
etc.
Commerce sexuel, une industrie plus que florissante
La mondialisation libérale a donné au commerce sexuel, passé
du stade artisanal au stade industriel, une dimension planétaire. Cette
internationalisation a créé un très large marché d'échanges sexuels
où femmes et enfants sont devenus des marchandises consommables
disponibles pour la clientèle masculine demandeuse. La prostitution a
connu un essor considérable durant les trois dernières décennies dans
l'hémisphère sud et depuis une décennie, après la chute du mur de
Berlin, dans les pays de l'Est de l'Europe. Elle revêt des formes
diverses. On assiste à un essor de la prostitution locale liée aux déplacements
de la campagne vers les villes. Les femmes et les enfants sont prostitués
dans les quartiers "chauds" des métropoles de leur propre
pays : Thaïlande, Philippines, Indonésie, Inde, etc. Provoqué par les
facilités de transports et de communication, l'attrait de
"l'exotique", la recherche de prostitué-e-s toujours plus
jeunes supposé-e-s non contaminé-e-s par le VIH, le tourisme sexuel
est en augmentation constante. Certains pays même comptent sur les
revenus de la prostitution pour assurer leur développement. Mais ce
tourisme sexuel n'a pas lieu uniquement dans les pays du sud. Il
s'exerce aussi en Europe à Berlin, Hambourg ou Amsterdam qui sont
devenus des destinations importantes. Ce sont d'ailleurs des pays qui
reconnaissent la prostitution comme "travail sexuel".
Parallèlement à cette prostitution locale, le trafic des femmes et
des enfants s'est considérablement étoffé. On retrouve dans les
villes du Japon, de l'Europe de l'Ouest et de l'Amérique du Nord des
centaines de milliers de jeunes femmes qui ont été "déplacées"
afin de se livrer à la prostitution. Le plus gros contingent de
personnes provient des pays de l'Asie du Sud et du Sud-Est : environ 400
000 par an. Puis de l'ex-Union Soviétique suivie par l'Amérique Latine
et les Caraïbes. Ces femmes et ces enfants sont parfois enlevés et
vendus d'intermédiaire en intermédiaire jusqu'à la destination. Mais
parfois c'est la misère qui pousse les femmes à quitter leur pays et
à tomber dans le piège des réseaux mafieux qui organisent le passage
des frontières et promettent par exemple un travail bien rémunéré
dans un bar ou un mariage avec un Occidental. La constitution de la
"Forteresse Europe", par exemple, où il y a une restriction
drastique des possibilités de circulation des personnes, le rêve de
l'Eldorado occidental, la fuite devant des situations de guerre, amènent
des femmes à avoir recours à ce type de démarches.
Dans les réseaux, l'entrée dans la prostitution s'accompagne
toujours de violences supplémentaires dites "dressage" afin
de contraindre les femmes à l'obéissance et à la soumission : coups,
humiliations, viols répétés, etc. Ces réseaux génèrent des profits
considérables. Interpol a calculé que les revenus d'un proxénète
vivant en Europe étaient d'environ 108 000 euros par an. A l'heure
actuelle, le trafic des femmes en vue de la prostitution est plus
rentable que celui de la drogue : le bénéfice de la drogue est unique
alors qu'une femme prostituée rapporte de l'argent toute l'année au
proxénète.
Ces réseaux de prostitution s'appuient sur le développement inégalé
et totalement banalisé de la pornographie : exploitation de sex-shops,
sites pornographiques sur Internet, cassettes vidéos, etc. Celle-ci met
en scène des images mercantiles, avilissantes, violentes, du corps des
femmes et la plupart du temps de façon tout à fait légale. Elle fait
de même, mais de façon illégale, pour les enfants. Les femmes qui
tournent dans ces films sont souvent elles-mêmes victimes de viols,
violences et meurtres, les films "hardcore", les "reality
show" étant de plus en plus demandés.
DES ALTERNATIVES, DES PERSPECTIVES, DES ORIENTATIONS
QUI PERMETTRAIENT D’ALLER VERS L’ELIMINATION COMPLETE DE TOUTES LES
VIOLENCES ENVERS LES FEMMES.
Comment en sortir ? Comment faire en sorte que ces violences,
beaucoup plus que doublement millénaires, s’arrêtent ? Les
discriminations à l’encontre des femmes, les inégalités dont elles
souffrent sont encore souvent inscrites, institutionnalisées, dans le
droit et les lois de nombreux pays. Durant tout le XXème siècle et
encore maintenant les féministes ont lutté afin de faire reconnaître
leurs droits fondamentaux. Elles ont revendiqué et veillé au fait que
leurs victoires soient sanctionnées par une inscription dans la loi. La
reconnaissance de leurs droits formels est toujours une bataille première,
que ce soit au niveau national ou international. Nous voulons donc
d’abord inscrire l’interdiction des violences dans la loi de chaque
pays, transposer dans le droit national les contenus des Conventions
internationales ou régionales là où il en existe. (voir demandes de
la Marche mondiale des femmes en annexe).
Ensuite, faire en sorte que ces lois répriment la totalité des
violences. Il existe encore des pays où le viol conjugal n’est pas un
crime : par exemple Inde, Malaisie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Serbie.
Il existe encore des pays où la violence conjugale qu’elle soit
psychologique ou physique, n’est pas reconnue, comme en Haïti. Il
existe encore des pays où le code pénal stipule qu’un violeur qui épouse
la femme qu’il a violée ne sera pas poursuivi : par exemple Costa
Rica, Éthiopie, Liban, Pérou, Uruguay. Il existe encore des pays où
le harcèlement sexuel au travail n’est puni que s’il est le fait
d’un supérieur hiérarchique et non d’un collègue : par exemple,
la France.
Ensuite faire en sorte que ces lois soient effectivement appliquées. En
effet, dans presque la totalité des pays du monde, les lois réprimant
les violences envers les femmes sont très mal appliquées parce qu’il
manque une réelle volonté politique de les faire appliquer. De fait,
dans les pays où elles en ont la possibilité, bien peu de femmes
portent plainte contre les violences qu’elles subissent parce
qu’elles craignent les représailles ou, tout simplement, de ne pas être
crues. Et ces violences restent donc invisibles. Dans tous les pays du
monde, ce sont les féministes qui les ont rendues visibles.
Certains pays occidentaux pratiquent avec brio le double langage :
ils s’offusquent avec sincérité des violences à l’encontre des
femmes, versent deux ou trois larmes de compassion et laissent couvrir
en même temps, au nom de la liberté d’expression, les murs de leurs
villes d’affiches publicitaires qui dégradent et avilissent l’image
des femmes et qui sont de véritables incitations et permissions du
viol.
Mais les lois ne font pas tout. Il est de la responsabilité des États
de tous les pays du monde de faire en sorte que les violences contre les
femmes soient intolérables pour toutes et tous.
Il est de la responsabilité des États de tous les pays du monde d’éduquer
leur population par tous les moyens possibles en ce sens, et ce, dès le
plus jeune âge.
Il est de la responsabilité des États de tous les pays du monde de
former aux réalités des violences à l’encontre des femmes tous les
personnels sociaux, de santé, d’enseignement, de justice, de police,
etc., susceptibles de les recevoir.
Il est de la responsabilité des États de tous les pays de reconnaître
et de promouvoir l’égalité entre les sexes et les droits
fondamentaux des femmes.
Nous en sommes loin ? Évidemment puisque certains États
institutionnalisent les violences à l’encontre des femmes. Mais ne
sommes nous pas là pour penser l’utopie ?
Il n’y a pas que les États qui doivent prendre leurs responsabilités.
Les mouvements sociaux dans leur ensemble, les associations
anti-mondialisation néo-libérale, les organisations syndicales,
politiques doivent participer à la dénonciation des violences. Les
syndicats par exemple doivent dénoncer le harcèlement sexuel au
travail et doivent aussi soutenir une femme victime de violences
conjugales que son mari vient harceler jusqu’à son lieu de travail et
qui est contrainte de démissionner, et ceci est vrai au nord comme au
sud.
Il est de notre responsabilité individuelle et collective, hommes et
femmes, de prendre position contre les violences partout où nous les
rencontrons, y compris au sein de nos propres organisations militantes
mixtes, et de faire en sorte d’empêcher qu’elles se produisent. Ne
faisons pas comme ces gens qui en 1985 sur un quai de métro à Paris,
à 6 heures du soir, heure de très grande affluence, ont vu une jeune
fille être violée sous leurs yeux sans réagir.
Il est de la responsabilité de nos camarades hommes des mouvements
sociaux de se solidariser publiquement, au nom d’une autre société
que nous voulons construire ensemble, avec la lutte des féministes
contre les violences. Pourquoi pas une déclaration solennelle des
mouvements sociaux et de la Marche Mondiale des Femmes s’engageant à
lutter en commun?
Pourquoi pas organiser un tribunal international sur les violences
envers les femmes lors de la troisième rencontre du Forum Social
Mondial ?
Les violences, de tout type, privent les femmes de leur autonomie et
minent leur intégrité physique, morale, psychologique et
intellectuelle. Elles les empêchent de travailler, de lutter, de se
divertir, bref, de vivre. Sachons l’entendre !
Ce qui autorise et crée les violences, ce sont toutes les inégalités,
les fanatismes, les discriminations dont les femmes sont victimes, l’état
d’infériorité ou de marginalité dans lequel on veut les maintenir.
Les violences sont les dernières garantes de l’oppression des femmes
et parallèlement nos sociétés inégalitaires font le lit des
violences. Lutter contre les inégalités c’est aussi lutter contre la
légitimation des violences.
Les hommes ont certes à perdre des privilèges dans la lutte contre
les inégalités femmes/hommes. Mais ne sommes-nous pas réunies pour
abattre les privilèges, TOUS les privilèges ? Les hommes ont à
gagner, comme nous les femmes, d’autres rapports humains basés sur la
confiance réciproque et le respect mutuel. Ils ont à gagner, comme
nous les femmes, des individus nouveaux débarrassés des oripeaux de la
vieille société. Ils ont à gagner, comme nous les femmes, une société
réellement égalitaire pour laquelle nous luttons tous dans tous les
autres domaines : racisme, travail, anticolonialisme, etc.
De nombreux auteurs parlent du caractère inné de la violence, de son
caractère naturel. Freud postule l’existence d’une pulsion de mort.
On cherche même un gène de la violence. Rien de tout cela ne nous paraît
prouvé. Nous pouvons tout aussi bien postuler du fait que la violence
est une construction sociale. Il n’est pas très compliqué, en dehors
de toute influence néfaste, d’éduquer un enfant à la non-violence.
Ces argumentations du caractère naturel de la violence ne
seraient-elles pas des justifications idéologiques, des tentatives de légitimation
?
Ce qui est sûr en revanche, c’est que la violence sert à la
domination. Il n’y a pas de domination sans violence, même si il
n’est pas nécessaire qu’elle s’exprime tout le temps ouvertement
: l’idéologie sert à maintenir l’ordre du dominant.
Ce qui fonde, entre autres, la possibilité de la vie humaine, c’est
de pouvoir se reposer en paix, de ne pas être obligée d’être sans
cesse aux aguets. L’état de guerre permanent est insupportable. Mais
cela suppose un minimum de confiance en l’autre. C’est le propre de
toute relation humaine "normale". Certaines femmes ne peuvent
même pas accéder à cette confiance. Pour elles, dans certains lieux,
la vie consiste à gérer l’imprévisible : la violence de leur
conjoint, ou celle de leur supérieur hiérarchique au travail. VIVRE
est quasi impossible. Leur vie se résume à de la survie, à de la mort
psychologique à petits feux.
QUAND ARRÊTERONS-NOUS CELA ? "Un peuple qui en opprime un autre
n’est pas un peuple libre ". Paraphrasons : "Une personne
qui en opprime une autre n’est pas une personne libre ".
Pour construire un autre monde, pour qu’il soit possible, les
mouvements sociaux doivent s’engager aussi à remettre en question les
rapports inégaux entre les hommes et les femmes; s’engager aussi à
intégrer dans leur analyse les liens entre capitalisme, sexisme et
racisme; s’engager à réclamer le respect des droits des femmes;
s’engager à remettre en question la "culture de la
violence" et ce, tout autant dans leurs pratiques individuelles que
collectives. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons prétendre ébranler
les fondements du patriarcat et de la mondialisation libérale.
ANNEXE
REVENDICATIONS DE LA MARCHE MONDIALE DES FEMMES.
POUR ELIMINER LES VIOLENCES ENVERS LES FEMMES
V-1 Que les gouvernements qui se réclament des droits
humains condamnent tout pouvoir politique, religieux, économique ou
culturel qui exerce un contrôle sur la vie des femmes et des fillettes
et dénoncent les régimes qui ne respectent pas leurs droits
fondamentaux.
V-2 Que les États reconnaissent dans leurs lois et actions que
toutes les formes de violence à l'égard des femmes sont des violations
des droits humains fondamentaux et ne peuvent être justifiées par
aucune coutume, religion, pratique culturelle ou pouvoir politique.
Ainsi, les États doivent reconnaître aux femmes le droit de disposer
de leur vie et de leur corps et de maîtriser leur fécondité (droit à
l’avortement et à la contraception, contre les stérilisations forcées
et pour le droit de mettre au monde des enfants), ajout 2001.
V-3 Que les États mettent en oeuvre des plans d'action, des
programmes et des projets efficaces assortis des ressources financières
et des moyens adéquats pour mettre fin aux violences faites aux femmes.
Ces plans d'action doivent comprendre notamment les éléments suivants
: prévention, sensibilisation du public, répression,
"traitement" des agresseurs, recherches et statistiques sur
les violences faites aux femmes, prise en charge et protection des
victimes, lutte contre la pornographie, le proxénétisme et les
agressions sexuelles dont les viols contre les enfants, éducation non
sexiste, accès facilité à la procédure pénale, formation des juges
et policiers.
V-4 Que l'ONU fasse de véritables pressions pour que tous les États
ratifient sans réserve et appliquent les conventions et les pactes
relatifs aux droits des femmes et des enfants notamment, le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des
femmes, la Convention sur les droits de l'enfant, la Convention
internationale pour l'élimination de toutes les formes de
discrimination raciale et la Convention sur la protection des droits de
tous les travailleurs migrants.
Que les États harmonisent leurs lois nationales avec ces différents
instruments internationaux en plus de la Déclaration universelle des
droits de l'Homme, la Déclaration sur l'élimination de la violence à
l'égard des femmes, les Déclarations du Caire et de Vienne, la Déclaration
et le Programme d'action de Beijing.
V-5 Que soient adoptés dans les plus brefs délais des protocoles et
des mécanismes de mise en oeuvre :
-à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes
de discrimination à l'égard des femmes ;
-à la Convention sur les droits de l'enfant.
Ces protocoles permettront aux personnes et aux groupes de porter
plainte contre un État. Ils constitueront des moyens de pression à l'échelle
internationale pour obliger les États à mettre en oeuvre les droits énoncés
dans ces pactes et conventions. Des sanctions véritables à l'encontre
des États récalcitrants devront être prévues.
V-6 Que la Convention de 1949 pour la répression et l'abolition de
la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution
d'autrui soit assortie d’un mécanisme d’application qui tienne
compte des documents récents dont les deux résolutions de l'assemblée
générale de l'ONU (1996) concernant le trafic des femmes et des
fillettes et la violence à l'égard des femmes migrantes. Un ajout sera
fait à cette revendication pour amener les États à ratifier la
Convention de décembre 2000 portant sur le crime transnational et,
particulièrement, les deux protocoles l’accompagnant traitant du
trafic des êtres humains.
V-7 Que les États reconnaissent la juridiction de la Cour criminelle
internationale et souscrivent aux dispositions selon lesquelles
notamment les viols et les agressions sexuelles constituent des crimes
de guerre et des crimes contre l'humanité.
V-8 Que tous les États mettent en oeuvre des politiques de désarmement
autant en ce qui a trait aux armes classiques qu'aux armes nucléaires
et biologiques. Que tous les pays ratifient la Convention sur les mines
anti-personnelles.
Que l’ONU mette un terme à toutes formes d’interventions,
agressions ou occupations militaires, assure le droit des personnes réfugiées
de retourner dans leur pays d’origine et fasse pression sur les
gouvernements pour faire respecter les droits humains et résoudre les
conflits.
V-9 Que soit adoptée dans les plus brefs délais la possibilité du
droit d'asile pour les femmes victimes de discrimination et de persécutions
sexistes et/ou de violences sexuelles.
Les deux revendications suivantes n’ont pas reçu l'appui de
l’ensemble des femmes présentes à la rencontre en 1998 où nous
avons adopté notre plate-forme mondiale pour les actions de l’an
2000. Elles n’ont donc pas été reprises par certaines coordinations
nationales. Cependant, elles font partie intégrante de la plate-forme
mondiale. Lors de notre rencontre d’octobre 2001, il a été décidé
de demander à l’ensemble des coordinations nationales de discuter de
leur adhésion à ces revendications durant la prochaine année.
V-10 Que l'ONU et les États de la communauté internationale
reconnaissent formellement, au nom de l'égalité de toutes les
personnes, que l'orientation sexuelle ne doit priver personne du plein
exercice des droits prévus dans les instruments internationaux que sont
: la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le Pacte
international relatif aux droits civils et politiques, le Pacte
international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et
la Convention internationale sur l'élimination de toutes formes de
discrimination à l'égard des femmes.
V-11 Que soit adoptée dans les plus brefs délais la possibilité du
droit d'asile pour les personnes victimes de discrimination et de persécution
en raison de leur orientation sexuelle.
Marche mondiale des femmes
contact en France
Marche mondiale des Femmes, 104 rue des Couronnes 75020 Paris
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