Revue TYPES 1 - Paroles d’hommes

Hors thème - Edito

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Revue TYPES 1 - Paroles d’hommes - N°1 Janvier 1981 

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HORS - THÈME  ÉDITO

Bien que chaque numéro de la revue soit consacré à un thème, nous n'avons pas nécessairement envie d'attendre pour aborder d'autres sujets. Certains ont déjà envie de parler du féminisme, de leur corps, du viol, etc. Mais notre plus grand désir est de parler des groupes hommes, de nos itinéraires de nos vies et envies, de communiquer des contacts, de parler de livres et de films qui nous touchent... Bref, distribuer ou redistribuer les informations et les initiatives relatives à l'expression de sensibilités masculines.


GROUPES HOMMES

NOUS SOMMES CONTRE LA VIRILITÉ OBLIGATOIRE

C'est ainsi que se terminait le tract qui m'a amené dans un " groupe de libération de mecs ", comme on s'appelait à l'époque. Novembre 74. J'allais sur mes 21 ans et je n'imaginais pas ce que ça pouvait être. A la première réunion on était 20, et devant cette foule d'inconnus, un mec a parlé de ses éjaculations précoces. Et personne ne s'est moqué de lui. J'étais effaré, de ce qu'il en ait parlé et de la réaction du groupe ; immédiatement séduit comme par un coup de foudre. Et depuis je suis toujours revenu. Inlassablement, obstinément. Pourtant, pendant de longs mois je n'osais rien dire. Incapable de parler de moi, de dire ce que je vivais, ce que je sentais, même dans ce climat d'écoute. J'avais la trouille. Mais j'écoutais, je buvais leurs paroles, m'y retrouvant, m'y comprenant, y repensant sans cesse.

Puis le nombre a assez vite baissé et s'est stabilisé autour de 10-12. D'après mes souvenirs, il y avait en gros trois tendances. D'abord, ceux qui veulent agir directement et uniquement sur le concret, le réel, qui par exemple cherchent dans le groupe des " bons copains " plutôt qu'un lieu pour une " autre parole de mecs ". En fait, ils refusent la parole. La leur n'est qu'anecdotique, l'envie et le plaisir y justifient tout. C'est souvent un discours du genre " J'en ai envie, donc je le fais ! Cela libère mes désirs, et en les réalisant, je ne peux pas être phallo ! " sans aucune distance par rapport à leur vécu. Souvent ils ne restent pas longtemps au groupe.

Et puis les théorisateurs. Chercher et comprendre les tenants et les aboutissants politiques, philosophiques, culturels de la phallocratie, de la nôtre puisqu'il faut bien se donner un point de départ. Avec un petit côté volontariste : " Telle action est phallo, parce que... Je ne le fais plus, et donc je ne suis plus phallo. " Moi, j'étais un peu entre ces deux types de démarches. Par exemple, pas de réaction visible de jalousie, pour ne pas empiéter sur la liberté de l'autre, ou bien une relation homosexuelle, parce que ce type m'intéressait et m'attendrissait, " donc " je le désirais. Mais dans le groupe j'en parlais peu, assez cependant pour avoir l'impression qu'ils me disaient que c'était " bien " ce que je faisais, mais surtout pas trop parce que alors j'aurais fini par dire et par voir ma peine quand l'autre a une autre relation, ainsi que l'hésitation énorme de mon désir pour un mec. Alors je me serais découvert tel que je suis, avec toutes mes merdes. Plutôt me taire ! et me cacher.

Enfin en opposition, les " psy ". Faire un " travail " sur son propre comportement, son propre passé, se comprendre tels que l'on est, pour tenter de changer avec le moins de volontarisme possible. Et après, on voit les contradictions. Toutes ces tendances se retrouvent dans beaucoup de groupes, je crois.

A part ça, pas d'ordre du jour, évidemment. On parle de nous. Notre sexualité, nos couples, notre jalousie, notre rapport au travail, à la voiture, notre masturbation, nos enfants, notre homosexualité... Souvent il y en avait un qui racontait : " Moi, il m'est arrivé ceci... ", et d'autres reprenaient : " Moi, aussi, mais plutôt comme ça... " et ça partait. Il y en avait qui parlaient beaucoup et bien, d'autres peu, d'autres pas.

En tout cas, avec tous ces " Moi, aussi " on se rendait compte concrètement que le " privé est politique ". Et ça débouchait sur un discours politique de la phallocratie. Mais la constatation précitée ne suffisait pas pour faire changer ni le politique (" nous militer ? Jamais ! ") ni peut-être le privé, ou pas assez .

J'ai conscience en écrivant cela, de faire une référence peut-être abusive au terme " phallo ". En fait, c'est pas clair. Je crois qu'une des raisons pour lesquelles je parlais peu réside là, aussi : j'avais peur d'être taxé de phallo, alors que je " les " imaginais pas phallo. Je voulais être pas-phallo, et cette notion a pris une importance énorme. Fin de parenthèse.

Petit à petit le groupe s'est restreint. L'un ne supportait pas le " leadership " d'un tel, un autre déménageait trop loin, lui déplorait la quasi-inexistence de rapports entre nous en dehors du groupe. Moi, je me suis bien accroché à ce seul lieu d'où je pouvais avoir une réflexion sur moi, sur mon vécu, seule référence dont je disposais. Et puis cette diminution du nombre me convenait bien (sauf quand je voyais partir quelqu'un que j'aimais bien) puisque je me sentais plus en confiance, moins perdu dans la masse, tout en n'ayant pas à choisir avec qui je voulais rester.

Et comme ça sans faire gaffe, on s'est retrouvés à trois. Et à si peu, on est obligés de venir et de parler. C'est là que j'ai vraiment commencé. Parce que j'étais' sûr qu'ils m'écoutaient bien, sans me juger et avec beaucoup d'attention, et aussi parce que pour la première fois depuis que j'étais dans le groupe j'étais " célibataire " et j'avais un gros paquet sur le cœur à décharger. Et par nécessité et par plaisir aussi, cette parole est devenue de plus en plus psychanalytique. C'est à dire qu'on racontait nos rêves, nos souvenirs d'enfance, etc. Surtout pour nous éviter de ronronner, pour ne pas nous répéter. Et il s'est passé un tas de choses très fortes à cette époque : l'enfant de Dédé, le chômage de Renaud, l'enfant que je n'ai pas voulu d'où un avortement, les vacances avec Dédé, mon entrée en travail, la décision d'écrire un bouquin sur le groupe, élan vite arrêté, le début de mon analyse...

En fait, à certains moments, il y avait un quatrième, mais ses ambivalences, ses hésitations, les nôtres et notre comportement ont fait qu'il n'est pas resté. Cela s'est d'ailleurs reproduit avec un autre. Après ces deux " échecs ", il y avait comme une règle tacite : " Un nouveau, d'accord, mais si l'un de nous le connaît ! ". Je crois que pas mal de groupes marchent comme ça aussi. Jef connaissait Renaud et il est entré dans le groupe. et au bout d'un moment il a posé le problème de l'exclusion. C'était nécessaire de le faire s'il voulait rester, et apparemment avec lui, on l'a un peu résolu ce fichu problème. Depuis, Joël et Raphaël sont venus aussi. " introduits " par l'un ou l'autre d'entre nous aussi, et pour l'instant ils restent. Moi, ça me fait plaisir. Si c'est si dur parce qu'on travaille beaucoup de façon analytique. Sur 6, maintenant on est 5 en analyse et on peut s'intéresser autant à un rêve de l'un et à ses fantasmes qu'à la " situation sentimentale " d'un autre, et ça plaît pas toujours. Mais il me (nous) semble que c'est le seul moyen de comprendre les événements qui nous ont faits chacun tels que nous sommes, avec notre phallocratie entre autre, sans nous en culpabiliser trop, et alors de pouvoir changer.

C'est lent, oui, mais comme on s'aime bien et qu'on en a besoin ; de toute façon ça ne finira pas de si tôt.

Michel Pons

Finalement, vous changez quoi ?

Il y a une " histoire " des groupes (Cf l'article de François). Et puis on a envie d'aller voir comment ça se passe... Sauve qui peut ! Les sociologues débarquent... et puis les journalistes, et puis les " psy " et puis les historiens et puis..., quoi encore ! Ne serions-nous pas capables de nous raconter ? de dire comment et pourquoi ? Si ! Alors je commence. Le groupe, dans lequel je vais, a sa vie à nul autre identique. La façon de le relater est la mienne donc différente de celle de Bernard, Rémy, Gilbert, Pierre, Gérard, Christian, Yves, Eric, François, Bertrand, Alain, Blaise, eux qui m'ont tant donné. Donc ce qui va suivre n'est ni un catéchisme, ni un mode d'emploi, ni un modèle, ni la " Théorie " infuse(ou diffuse d'ailleurs). C'est de mon expérience dont il sera question sans autre prétention que de tenter de vous intéresser.

Je suis entré dans un groupe sur la base d'une démarche théorique : tenter à partir de la réflexion générale sur les rapports sociaux introduite par le mouvement des femmes (essentiellement dans ma vie militante), de communiquer avec d'autres hommes. Un peu de recherche d'identité collective (y a-t-il d'autres hommes qui " fonctionnent " comme moi en accord avec les idées féministes ?) ; un peu de militantisme (il y en a ! il en faudrait beaucoup ! il faut les organiser !) ; un peu de volontarisme (je suis remis en cause en tant que mec socialement et individuellement ; je me remets en cause, tu te remets en cause... : rencontrons-nous et on pourra peut-être aboutir à un mouvement pour changer, critiquer les rôles sociaux... d'hommes !). Telles étaient les composantes de ma motivation ; assez abstraites finalement, mettant encore ma vie, la vie des autres hommes, dans les présupposés de mecs, de " nos " analyses militantes.

La réalité a un peu dépassé la fiction et j'ai savouré l'euphorie des néophytes. Bien sûr, il y a eu d'abord la méfiance vis à vis de mon personnage d'ex-professionnel de la politique dont toute parole est, souvent à juste titre connétable de volonté de pouvoir, de récupération, et, à l'extrême, de manipulation. Mais mes paroles (nous étions quatre, puis cinq, puis six) se sont rencontrées. L'intimité a surgi, brisant le péremptoire glacé du discours, du rôle, de l'intense " moi, je... ", ou " nous, les hommes... " projeté sur les autres sans vouloir écouter l'écho. J'ai appris à douter de mes certitudes, à les relativiser au contact d'autres hommes. Là, dans ce groupe, le désir latent d'une prise de parole servant à montrer que " je savais ", que " j'avais réponse à tout ou presque... ", battait de l'aile. Non parce que j'avais rencontré des gens qui en savaient plus que moi (forçant mon écoute par la reconnaissance admirative d'un savoir supérieur au mien) ; je n'étais pas là pour me faire écouter, mais aussi pour entendre et chercher à comprendre. Cette découverte peut paraître banale. Pourtant son expérimentation n'a pas été facile. Etre attentif, ne pas se situer en concurrence, en compétition permanente avec un autre mec, voilà des soucis que je n'avais pas beaucoup eus auparavant dans les structures militantes.

Avec l'intimité qui crée une capacité à parler de soi, naissaient aussi de nouvelles sensibilités, se situant hors des codes, des normes masculines ! Pouvoir pleurer et rire aux éclats ; pouvoir s'embrasser sans que ce soit une convention se substituant à la poignée de mains ; pouvoir accepter une critique sans y voir immédiatement une volonté de l'autre de vous détruire ; pouvoir discerner une différence qui vous agresse et tolérer qu'elle existe et qu'elle peut même vous apprendre quelque chose ; pouvoir rire de ses (de nos) propres contradictions (dérision) ; pouvoir s'inquiéter de la quotidienneté de chaque membre du groupe. Grosso modo, nous expérimentions, chacun selon son histoire (car chacun n'opérait pas les mêmes découvertes que moi, n'ayant pas intériorisé comme moi les mêmes effets de telle ou telle norme de ce qui est " masculin " et de ce qui ne l'est pas), les conséquences de cet a priori qui nous réunissait : " Non à la virilité obligatoire ".

 

On ne nous comprend pas

Tout ceci, évidemment, paraît bien subjectif, bien aléatoire ainsi résumé. Ça décrit mal les moments critiques, les épineux débats sur notre jalousie, les crises d'angoisse, les " finalement, qu'est-ce que ça m'apporte ? ", les difficiles retours de rencontres avec d'autres mecs ou d'autres femmes assez rigolard(e)s ou sceptiques sur la portée, l'intérêt des groupes hommes. Il y avait aussi la tentative de culpabilisation opérée par certain(e)s: " C'est une mode ! ", " vous singez les féministes pour mieux les séduire ! ". Il y avait la sensation que je ne changeais pas beaucoup, qu'en tous cas, ça allait plus vite dans ma tête que dans mon corps et dans mes relations sociales. Sensation qu'un copain résumait récemment ainsi : " Si les groupes hommes doivent uniquement servir à permettre à quatre ou cinq mecs de se faire des bisous chaque fois qu'ils se voient à une réunion, et à ne pas pouvoir un jour y parvenir avec des collègues de bureau qu'ils aiment bien, ils deviendront un nouveau ghetto ! ".

La question qui m'est souvent posée butte là-dessus : " Finalement, qu'est-ce que vous changez ? Quels sont vos objectifs concrets ? Ce que tu dis, c'est chouette, mais ça ressemble à une bande de copains sympas ". A cela, j'ai répondu que mes copains sympas ne m'ont pas apporté la même conscience de l'aliénation masculine, de mes comportements et de leur refus. Pourtant, j'ai eu de bons copains : clubs sportifs, relations de boulot, militantisme, groupes divers (danse, fête, etc). Serait-ce alors parce que ces hommes du groupe ne seraient pas phallocrates (ou seraient de " nouveaux hommes ", comme titrait abusivement Le Monde Dimanche) ? Non, parce que je demeure comme tout homme un agent plus ou moins bénéficiaire de la phallocratie comme système social dominant (accès plus facile à l'emploi, à la socialité, garantie d'être moins directement agressé sexuellement dans la rue, etc). Par contre, je n'ai pas envie d'en être un agent actif. Parvenir à cela suppose une réflexion sur soi-même et avec les autres plus exigeante que de s'auto-proclamer pro-féministe ou d'aider aux tâches ménagères où encore de se dire agressé par la virilité des autres. J'ai bien des choses à sortir de ma tête ! Et cela, j'ai commencé à l'accomplir dans des groupes hommes. Pas avec les bons copains...

des analystes ?

Autre question posée à propos du groupe hommes : " N'est-ce pas simplement du papotage ? " (" Les hommes complotent "), titrait Le Monde, ce qui est somme toute plus " valorisant " car un " complot ", ça impliquerait un objectif, une stratégie, et même des armes... sous entendu, nous serions en somme les " guerriers new look " d'une nouvelle croisade). N'est-ce pas de la thérapie de groupe ? De l'introspection un peu malsaine qui tourne en rond sur le cas de chaque individu ?

Je pense qu'il s'agit là d'une objection, d'une interrogation réelle et pertinente. Il est vrai que sans un minimum de démarche collective, de thèmes, d'avancées communes, un groupe de Conscience pourrait devenir une structure de maternage de mecs " flippés " et ne plus servir qu'à ça. C'est un risque. Dans le groupe auquel j'ai participé, nous avons tous senti que nous prenions ce risque. Cela dit, je ne veux mettre aucun mépris dans cette appréciation. " Flipper " n'entraîne pas automatiquement qu'on doive aller s'installer sur le divan d'un psychanalyste.

Le groupe hommes voit surgir les angoisses naissant d'une remise en cause de soi-même et de notre rapport à la quotidienneté, du refus des rôles habituels. Il est normal de les assumer, d'échanger de la tendresse, de réfléchir avec ceux qui les vivent le plus fortement. D'autant que ces angoisses sont significatives des difficultés d'une progression, des blocages dus à notre histoire et à la réalité sociale. Souvent mêlées. Ainsi des sujets de discussion comme la jalousie, la compétition entre mecs vis à vis des femmes ou du boulot, la façon d'écouter les autres, la manière de s'habiller, la pratique de tel ou tel sport, l'éducation de nos enfants, les rapports à notre corps, ne constituent pas seulement des occasions de raconter son histoire personnelle. Ils impliquent un autre regard sur les normes masculines, sur les phrases mille fois martelées et entendues depuis notre enfance, du genre : " les hommes doivent faire ceci ou cela, les hommes ne peuvent pas faire ceci ou cela, les hommes savent ceci ou cela... ". Le problème demeure cependant dans un groupe de ne pas tourner en rond à trois ou quatre sur nos doutes et nos découvertes ; donc de nous confronter plus largement. C'est là à mon avis que se situera un des buts de notre revue Types/Paroles d'hommes. La médiation de l'écriture est souvent l'occasion d'une prise de pouvoir, mais aussi d'une volonté de communiquer plus largement, de mettre au clair. Des contacts entre différents groupes se développent également. Occasion de fête, d'échanges d'une autre nature que ceux créés par la parole.

Jean-Yves Sparfel

si les groupes hommes nous étaient contés...

Le premier groupe homme en France connu par nous, (ceux de la revue...) se situe en 1974 lorsque Michel est attiré par un tract intitulé : " nous sommes tous contre la virilité obligatoire ", produit par un groupe homme fonctionnant depuis six mois et distribué au meeting du M.L.A.C. en novembre 1974.

Puis en mars 77, une annonce parue dans Libé donne naissance à un groupe désirant écrire un livre sur les hommes du genre du bouquin des femmes du collectif de Boston : Notre corps, nous-mêmes (1). Mais rapidement ce groupe se transforme en groupe de paroles. En octobre 77, je (François) rentre dans ce groupe et puis nous (je + eux) rencontrons un groupe hommes dans le 19e dont les mecs sont investis à différents titres et niveaux dans une maison de quartier (46 rue du Pré St Gervais, maintenant en ruine) regroupant : boutique de droit, de santé, groupes de femmes, groupes de musiciens, crèche... Ils étaient six et le premier soir, ils ont clairement défini leurs désirs de ne pas reformer un groupe aux structures habituelles mais de vivre entre eux ce qu'ils souhaitaient un jour réaliser au quotidien : une autre approche de l'homme, un autre

contact, une autre parole, une autre écoute : parler de soi, mieux connaître l'autre, mieux comprendre soi-même à travers l'autre...

De ces deux groupes est né le collectif " Pas rôle d'homme ". Les réponses à l'annonce de la naissance du collectif nous ont permis de découvrir que nous n'étions pas seuls dans notre coin à faire la même démarche : groupe S.N.C.F., Crédit Lyonnais, Vincennes, Jussieu, Marseille, Toulouse, Montpellier, Brest, Rouen etc. et à l'étranger : Pays-Bas, Grande-Bretagne, Allemagne, U.S.A. !

L'idée d'une rencontre d'hommes, pour réunir tout ce monde là, voit le jour. Les réunions de préparation avaient lieu les 8 et 26 octobre 77.

A ces deux réunions des projets de groupes hommes par thèmes ont été proposés : pour une nouvelle façon de vivre avec les femmes, massage, homosexualité hors du ghetto, groupe mixte (hommesfemmes), hommes en rapport avec les/leurs enfants, les mecs et la violence (2), et la contraception masculine. Le dernier est d'une certaine façon l'embryon d'Ardecom (voir plus loin).

La rencontre d'hommes eut lieu les 25, 26 et 27 mars 78 et Patrick écrit dans la Gueule Ouverte, quelques jours plus tard : " nous étions une centaine, des hollandais, 2 danois, 2 allemands, des français de Paris et de province. Des petits, des gros, des grands, des pères célibataires, des mariés, des pas mariés, des " homosexuels ", des " hétérosexuels ", des " bisexuels ", des étudiants, des chômeurs, des travailleurs manuels, des grattes papiers, des fonctionnaires, des biens intégrés à la société, des marginaux, bref une grande homogénéité hétérogène ".

On y discute, enregistre, filme, chante, fraternise, bouffe, s'y repose. Mais un hollandais y fera une remarque intéressante : " même ici je suis entré en compétition avec des hommes ". Ensuite le collectif " Pas rôle d'homme " décide de s'autodissoudre.

Cependant, trois numéros du bulletin " Pas rôle d'hommes " paraîtront après la rencontre. Son but était de pouvoir créer un réseau de chouettes copains, de décrire ce que nous vivions dans les groupes et nos vies ; mais beaucoup ont préféré vivre plutôt que d'écrire.

L'histoire de " Pas rôle d'hommes " se termine avec le numéro 4 du bulletin, mais d'autres histoires commencent.

En octobre 79, des hommes ayant participé à des groupes hommes et des médecins ont créé ARDECOM " Association Pour la Recherche et le Développement de la Contraception Masculine ". Sans abandonner l'idée de groupes de paroles, ils veulent faire plus : assumer complètement leur nondésir ou/et leur désir d'enfant : une recherche personnelle et collective sur la contraception masculine et la paternité.

En juin 80, des mecs lassés par le contenu fourre-tout des bulletins " Pas rôle d'hommes ", ont décidé de donner naissance à ADAM : " Association pour la disparition des archéTYPES masculins " et je m'arrête, car vous avez entre les mains le premier numéro de TYPES paroles d'hommes.

 

GROUPES HOMMES

QUÉBEC

Une réflexion sur la condition masculine par des groupes hommes, aussi confidentielle qu'en France, a commencé vers les années 71-74 et la confidentialité s'est prolongée jusqu'en 79. Notant le manque d'information sur les activités concernant la condition masculine et le peu de contact entre les groupes hommes, un bulletin de liaison est né et sa parution est mensuelle : " HOMINFO ".

Deux grandes réunions ont eu lieu à Montréal l'année dernière. La première, " événement " sur la condition masculine, a rassemblé 300 personnes (hommes et femmes). Jacques Broué et André Michaud tous deux dans un groupe de paroles y ont parlé de leurs fantasmes. La rencontre était chaleureuse et à la suite de cette réunion des hommes ont eu envie de se rencontrer en groupe. La deuxième (pour hommes seulement) était intitulée : " Qui viole ? Pourquoi ? ", et organisé par le G.I.M.I. (groupe d'individus masculins d'interventions). Après cette réunion le G.I.M.I. s'est transformé en collectif masculin contre le sexisme.

Très récemment, à une rencontre " hom-info ", le 7 décembre 79, des thèmes de réflexion ont été proposés : les groupes hommes, pourquoi des groupes mixtes, l'apport des femmes à la remise en question de la condition masculine, l'homosexualité et condition masculine, l'amour et l'engagement amoureux, l'imaginaire sexuel, l'homme et le travail, l'enfant et le père, la violence.

Un livre va prochainement paraître au Québec sur La condition masculine. Nous vous en parlerons dans le prochain numéro.

Pour tous contacts : HOMINFO : 1710 rue AMHERST ; MONTREAL QUEBEC H2L 3L5.

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Revue TYPES - Paroles d’hommes - N°1 Janvier 1981

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