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Sur la pédophilie  

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STAR 

Je ne suis pas un numéro 4
Collection automne hivers fin de siècle
7Star4

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Sur la pédophilie

"Cette obsession pour l'enfance - symbole du bien et parfois du mal - est infantile. Elle est symptomatique d'une société qui n'est pas adulte. Il est évident qu'il faut s'occuper des enfants, (...) mais en être à ce point obsédés prouve que nous doutons d'y parvenir, qu'il y a quelque chose de si terrible dans le présent que nous devons nous échapper vers l'avenir, que, pensons-nous, nos enfants incarneront. Et ils ne seront pas reconnaissants, parce que, contrairement à leurs parents, les enfants croient encore qu'ils vont grandir". Bryan Appleyard, The Independant (1)

Pour les personnes qui se considèrent adultes, responsables, et qui s'emmerdent un peu, beaucoup, passionnément avec leur propre existence, il y a souvent une sorte de sacralisation de l'enfant (débile et innocent) auquel il va falloir montrer comment ça marche dans un monde de brutes. L'enfant adoré, l'enfant-roi, est surtout le roi des objets (2) sur lequel toutes les projections sont permises. On éduque les petits comme on aurait aimé être éduquéEs, afin qu'elles et ils soient comme on aurait aimé être.

On se fait croire qu'on va faire ce qu'on peut, ou de son mieux, pour lui donner les armes nécessaires à la construction de sa vie, celle qu'on souhaiterait qu'il ou elle vive, pour oublier qu'on est bien incapable de saisir les opportunités qui nous sont offertes pour vivre notre propre existence, bâtir notre propre autonomie.

Dès sa naissance, chacun, chacune y met donc du sien pour avoir un morceau du cadavre, futur chair à canon, futur chair à travail, ustensile sexuel, miroir ô mon cher miroir, esclave des jours à venir.

Le pédosexuel n'est pas à côté de ce monde-là. Il en fait partie.

Il fait partie de ce monde où même si un môme c'est sacré, une fessée ne lui fait tout de même pas de mal (3). Il fait partie de ce monde où la violence sur les enfants est parfois considérée comme nécessaire, un moindre mal, et largement admise.

Il fait partie de ce monde où la majeure partie des mômes grandissent à coups de violences physiques, psychologiques, psychiques, verbales, menaces, mensonges, chantages affectifs, où les punitions sont un des aspects normaux d'une éducation responsable.

Il fait partie de ce monde où les adultes s'autorisent la mutilation sexuelle des petites filles dès le plus jeune âge, où les mômes sont vendues pour leurs organes au bénéfice des habitantes Malades mais Riches des pays blancs, où la prostitution forcée des gamines est touristique.

Il fait partie de ce monde où l’on se soucie guère de la famine des peuples et de leurs enfants.

Un monde où l'enfant est une main-d'oeuvre à prix discount.

Un monde où l'inceste est tu même lorsqu'il est connu, afin de ne pas porter atteinte à la cellule sacrée de la famille, cellule sacrée où l'Ordre et l'autorité sont encore représentées par le Père, le Violeur.

Un monde où les adultes autoproclamées ont les mains et les esprits sales.

Un monde où, à l'opposé, l'enfant symbolise la pureté de l'être, la sensibilité, la naïveté, le beau et le bon mais l'irresponsable.

Un monde où une gosse qui n'est pas docile est un monstre (4), un monde où l’on ouvre des prisons spéciales pour les jeunes enragées, délinquantes mais vivantes...

Il fait partie de ce monde où les enfants se taisent, où ils et elles n'ont pas le droit à la parole, ni aucun autre droit d'ailleurs...

Un monde qui Nike les mômes.

Le pédosexuel est un homme qui, éduqué dans un monde organisé par et pour les hommes, n'a aucune raison de douter de ses droits, de ses désirs, de ses envies.

Les années 70 se sont offertes, par exemple, quelques théories et expérimentations sexuelles révolutionnaires dont il ne reste que bien peu de choses quant à l'émancipation sociale des individus, si ce n'est l'élargissement de ce même droit des hommes à disposer un peu plus du corps des femmes. Ce qui leur a rapidement permis de traiter les féministes de mal-baisées.

Ce qui a permis et permet encore aux pédosexuels de questionner les rapports sexués entre adultes et enfants sous couvert d'émancipation sexuelle et sociale des enfants et des adolescentes, sans jamais rien leur demander, sans jamais donner la parole à celles et à ceux dont ils parlent, tout en restant dans un flou constant quant à l'âge des jeunes.

Je ne doute pas de la réalité des amours entre ados et personnes "majeures". Je sais aussi que beaucoup d'hommes interprètent facilement un regard ou un sourire comme une invitation, qu'ils calquent souvent leurs propres désirs sur l' incertitude des sentiments des plus jeunes, des femmes ou des autres hommes. Je sais qu'une invitation refusée peut être violemment interprétée. Ce sont quelques aspects de la panoplie des codes masculins intégrés.

La critique de la répression sexuelle, de ses conséquences politiques, sociales, etc, ne peut donc se passer des débats sur les différentes formes de pouvoir et de dominations existantes. Domination patriarcale des hommes sur les femmes. Domination patriarcale des adultes sur les enfants.

Il faut qu’aujourd’hui, les dominants laissent la place aux paroles de souffrance et de désirs des dominéEs, entendent ces paroles, les comprennent afin que l'émancipation ne soit pas un mensonge de plus.

G. l'Amor.

1- Citation extraite de l'article Crimes pédophiles et milices morales, l'enfance, une espèce en danger ? de Denis Duclos, sociologue, publié dans le Monde Diplomatique de janvier 1997.
2- de façon différente selon qu'on soit une petite fille ou un petit garçon auquel on laisse un peu plus d'autonomie.
3- les mots et expressions écrites en italliques le sont afin d'être mis en valeur.
4- Vous pouvez lire, Violence et masculinité de David Jackson, Daniel Welzer-Lang, Publications <<... , 7 rue du général Mathieu Dumas, 34000 Montpellier.

 

PÉDOPHILIE
VIOLENCE SEXUÉE A L'ENCONTRE D'ENFANTS

S.A.M.T.- groupe homosexuel radical

Nous sommes un groupe d'homosexuels qui se retrouvent régulièrement depuis fin 1994. En 1995, nous avons organisé une "Christopher-Street Day" (CSD) alternative, non commerciale, "une initiative pour un autre CSD'95". En effet, il nous semble important que nous débations de sujets politiques, et que le CSD, lui-même, prenne de nouveau une direction plus politique. La scène homosexuelle reproduit les structures de la société, l'image de l'homme fort est devenue un idéal de beauté irréfléchi. Par le biais des rapports de rivalité et de l'illusion de la virilité, nous nous rendons la vie plus difficile. On définit toujours et encore l'homosexualité par rapport à l'hétérosexualité, comme une délimitation de celle-ci. La reproduction des structures de la société correspond au fait suivant : la montée de la droite s'est également ressentie dans le monde homosexuel. La scène homosexuelle prend de plus en plus le chemin d'un mouvement à but purement commercial, à l'intérieur duquel d'autres intérêts n'ont pratiquement plus leur place. Les travaux d'information et de lutte contre la discrimination s'enferment dans des formes et des structures prédéterminées. Les homosexuels font du lobbying dans des associations et des partis, mais cela ne change en rien les mécanismes de marginalisation des minorités, et leur exclusion. Nous ne voulons pas être intégrés à un système qui marginalise, nous voulons combattre ce système.

Après la série de manifestations que nous avons organisées à l'occasion du CSD'95, il fut clair que notre groupe de travail était plus qu'un simple regroupement pour des actions ponctuelles. C'est pour cela que nous voulions continuer à travailler sur des thèmes politiques ainsi que d'autres qui nous paraissaient importants. Nous ne voulions et ne pouvions pas organiser, tout de suite après, une nouvelle série de manifestations. Cela allait bien au-delà de nos possibilités, et cela aurait eu pour conséquense que notre unique occupation aurait été l'organisation de celles-ci. Nous aurions perdu très vite toute envie de poursuivre ce que nous avions commencé. De plus, nous pensons qu'il est important de consacrer du temps à chaque thème afin de se forger une opinion en étudiant les sources diverses et variées, en s'interrogeant de façon critique sur les raisons profondes et en en discutant. Ensuite, nous voulions rendre publique cette opinion dans une volonté de changement autant du point de vue social que personnel. C'est d'ailleurs le but de notre publication qui n'a pas la prétention de faire le tour de la question. Nous espérons que nos ébauches de réflexion susciteront des réactions et des discussions.
Brême, sept.96

LA NON THEMATISATION  DE LA PEDOSEXUALITÉ

En tant que groupe et également en tant qu'individus isolés, nous n'avions pas encore ou très peu réfléchi au thème de la pédosexualité. Ce furent d'un côté des expériences personnelles d'abus, mais aussi d'un autre côté une non thématisation de ce sujet dans le domaine public qui ont fait apparaître, pour nous la nécessité de se préoccuper de ce thème.

• On fait constament le parallèle entre la marginalisation sociale des pédosexuels et celles des homosexuels. Il nous était également difficile, au départ, de nous détacher de cette idée de "discrimination de minorités".

• Depuis déjà 10 ans, il existe au Rat & Tat-Zentrum de Brême un groupe pédosexuel. A notre question, pourquoi ce groupe a-t-il sa place au centre de conseil et d'action, la seule réponse fut : cette question est discutée, mais il n'y a actuellement aucune prise de position à ce sujet.

• La publication du livre, Le plaisir par l'enfant, de Rüdiger Lautmann, professeur de sociologie à l'université de Brême et cofondateur des études homo-lesbiennes, qui traite de manière favorable de ce thème, nous a particulièrement interpellé. Dans ce livre, seules des adultes pédosexuels ont été questionnés, mais aucun enfant ou adulte ayant eu des expériences pédosexuelles dans leur enfance. L'existence d'inégalités de pouvoir et de rapports de force dans les rapports pédosexuels apparaissent ici comme négligeables ou présents dans tout genre de rapports. Lautmann condamne les rapports pédosexuels avec usage de violence physique, mais ne s'attache pas à la violence psychique des adultes vis-à-vis d'enfants, ou nie même leur existence, du moins pour une partie des rapports pédosexuels.

Le thème de la pédosexualité est présenté de façon contradictoire, d'une part comme combat libérateur des adultes pédosexuels et de leurs prétendus protégés, les enfants, et d'autre part comme violence sexuée envers des enfants. Les pédosexuels renvoient systématiquement, dans leurs argumentations et dans tous les domaines, au mouvement homosexuel. C'est en particulier pour cette raison que nous, en tant que groupe gay, nous sommes intéressés à cette problématique.

PEDOSEXUALITÉ  PLUTOT QUE PEDOPHILIE

• Nous utilisons le terme de pédosexuel plutôt que pédophile. En utilisant le mot pédophile, on voile et du même coup on embellit le rapport sexuel avec des enfants, important pour les pédosexuels.

• Les pédosexuels veulent avoir des relations/des rapports sexuels avec des enfants qui n'ont pas atteint l'âge de la puberté. Chez les pédosexuels , la puberté représente un moindre intérêt. De leur côté, les pédosexuels ont déjà mis en avant des "enfants", dont la puberté était achevée depuis bien longtemps, comme témoin de leur sexualité "libérée".

• Dans ce texte, nous nous basons sur les rapports sexuels entre adultes et enfants n'ayant pas atteint l'âge de la puberté, et leurs conséquences. Nous n'avons pas abordé les rapports sexuels entre adultes et adolescents dont la problématique est toute autre. Notre objectif n'est pas uniquement d'établir une limite d'âge juridique. Celle-ci ne pourrait suffir, à elle seule, à expliquer les différents processus individuels d'évolution qui apparaitraient dans une discussion sur les rapports sexuels entre adolescents et adultes, mais ce n'est pas notre propos ici. Pourtant, il nous semble très important d'établir une limite.

VIOLENCE SEXUÉE

• Nous parlons de violence sexuée plutôt que d'abus sexuel, car il ne s'agit pas ici, en premier lieu, de sexualité, mais d'exercice de pouvoir et de violence. Le terme d'"abus sexuel" pourrait amener à une mauvaise conclusion, selon laquelle il existerait un pendant à l'abus sexuel : la sexualité avec les enfants.

VIOLENCE SEXUÉE à L'ENCONTRE DES GARÇONS

• Dans les rapports pédosexuels, il existe entre enfants filles et garçons des différences liées à la construction des genres féminin et masculin. L'intensité des conséquences ne dépend pas de ces constructions. Cependant la socialisation masculine génère d'autres mécanismes de gestion que la socialisation féminine.

• En tant que groupe homo, nous nous sommes avant tout intéressés aux rapports pédosexuels avec des jeunes garçons, car il nous est possible de prendre comme référence les expériences de notre propre enfance, et de nous interroger sur notre sexualité à l'époque : quels étaient nos besoins, est-ce que nous pouvions les assouvir, est-ce que nos limites ont été entendues ou dépassées par les autres ?

• La violence sexuée à l'encontre de garçons est encore un grand tabou. Nous voulons lutter contre cela.

DES ÉTUDES FAITES PAR DES VICTIMES SUR LES CONSÉQUENCES
DE LA VIOLENCE SEXUÉE

L'idée selon laquelle la pédosexualité serait un mouvement de liberation sexuelle se propage de plus en plus. Cela est uniquement dû au fait que les études faites sur ce thème sont particulièrement partiales. Seuls des hommes évoquent le fait que les enfants agissent de leur plein gré, jamais les enfants eux-mêmes. Grâce à cela, on cherche à dissimuler le fait que les hommes, par leur déclaration "enjolivent" les choses.

L'argument des pédosexuels, selon lequel les conséquences ne seraient pas dues aux rapports pédosexuels eux-mêmes, mais à la stigmatisation sociale qui en découle, ne tient pas. Il n'est qu'un moyen de se protéger.

Cet argument est abondamment réfuté par des adultes qui avaient subi une violence sexuée, et qui ont témoigné au sujet de ses conséquences. C'est pourquoi nous exigeons des études faites par des victimes, qui n'auraient pas pour but de présenter la pédosexualité comme une forme de libération sexuelle, mais plutôt qui traiteraient largement des conséquences physiques et psychiques à court et à long terme. Il est également important de traiter des conséquences des inégalités de pouvoirs et des rapports de force dans les rapports pédosexuels, plutôt que de les nier.

POUR UN SOUTIEN AUX VICTIMES QUI NE SOIT PAS RESTREINT

La fonction première de la législation pénale en ce qui concerne les affaires de violences sexuées est avant tout de "tranquiliser" la population. En mettant en avant des prises de mesures virulantes pour des cas isolés, qui peuvent être largement diffusées dans la presse à scandale, on donne l'impression que la violence sexuée est un cas exceptionnel et rare, mais qui est reconnu en tant que tel, et condamné "justement".

Cela masque la réalité : la violence sexuée n'est pas une exception mais une composante essentielle du patriarcat. Elle représente la sécurité pour les plus forts de pouvoir avoir une prise sur le corps des plus faibles. A travers cela ils garantissent leurs besoins et font la preuve de leur pouvoir. Cette violence est, par conséquent, essentiellement exercée par des hommes. Il s'agit donc ici de structures intériorisées et non d'actions violentes isolées.

De notre côté, nous voulons que les gens prennent conscience, que la pédosexualité est une violence sexuée, véhiculée par les structures de la société. On doit améliorer la situation des victimes au sein de notre société. Cela implique une prise en compte de leur façon de présenter les choses, ainsi que des aides non restrictives dans tous les domaines de la vie. C'est uniquement à cette condition, qu'ils n'auront plus seulement survécu physiquement à l'emploi de la force, mais qu'ils pourront peut-être, un jour ou l'autre, vivre avec psychologiquement.

De plus, les relations sociales avec violence sexuée éveillent souvent chez la victime le sentiment d'être lui-même coupable, s'il n'est pas arrivé à se défendre de façon active contre cette violence. Très souvent, on ne prend pas en considération le fait que la victime, pour des raisons diverses, comme par exemple la dépendance, les menaces, les inégalités de pouvoir, n'a absolument pas la possibilité de se défendre. Cela doit changer.

SAMT - radikale Schwulengruppe
c/o Sielwallhaus
Sielwall 38
28203 Bremen
Allemagne

Tous les dessins (de la page suivante) sont pris d'un ouvrage intitulé Sexuelle Gewalt - Kinderzeichnungen als Signal (Violence sexuelle - Dessins d'enfants comme signaux) de Rosemarie Steinhage.

Pour comprendre ces images, il n'est pas possible de les dissocier des entretiens avec les enfants. Les dessins suivants sont de garçons dont les éducatrices, après un long processus d'entretiens et de dessins, ont trouvé confirmés leurs soupçons de violences sexuées.

Pour mieux comprendre, voici un extrait de la préface du livre :
"Pour les enfants la peinture, le dessin et la création artistique, sont des moyens importants pour parler d'eux-mêmes. Souvent, ils commentent et expliquent leurs oeuvres. Les adultes ont souvent l'habitude de les interpréter trop vite et de ne pas prendre au sérieux les commentaires des enfants. Ceci peut avoir, surtout dans des cas de violences sexuelles, des conséquences fatales pour les enfants concernés. Les dessins ci-après documentent de manière quasi-évidente, à quel point les enfants sont capables de s'exprimer sur la violence subie. En même temps, il est choquant de se rendre compte du peu d'écoute qu'ils trouvent, et du peu de protection contre de nouveaux incidents, qu'ils rencontrent"