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  Liste Canada - 5/6  

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Où EN EST LA MISOGYNIE ?
Martin Dufresne *

          Onze ans après l'acte terroriste de Polytechnique – que l'on persiste à qualifier d'isolé – les indices se multiplient d'une montée et d'une banalisation de la haine sexiste chez les hommes, une haine attisée par le mouvement masculiniste.

          On recense à ce jour plus de 600 femmes et enfants tuées par des hommes au Québec depuis le 6 décembre 1989, ces meurtres sexistes constituant d'année en année une proportion croissante (de 28 à 35% en 11 ans) de l'ensemble des homicides.

          Maintenant qu'ils ne peuvent plus imposer le silence à son sujet, des hommes utilisent d'autres stratégies pour rendre acceptable leur violence anti-femmes :
* accusations hautement médiatisées d'une violence équivalente chez les femmes ou de "fausses allégations", montées de toutes pièces à l'aide de statistiques biaisées et de cas d'exception montés en épingle;
* valorisation d'une "agressivité naturelle" que les hommes devraient réinvestir au nom de l'éternel masculin (Guy Corneau), ce qu'ils font au sein du Réseau-Hommes Québec;
* chantage à la castration des garçons par un système scolaire qui brimerait leur "expression" (Cloutier/Dulac) et que l'on s'affaire à réformer pour y favoriser ouvertement
les boys;
* humour machiste omniprésent, qui vend, par exemple, des voitures avec des images de femmes ligotées et baîllonnées (Guy A. Lepage/FORD Focus).

          Sous les images médiatiques de "bons pères s'occupant de leurs enfants", il importe de reconnaître le "lobbying" incessant des groupes de pression masculinistes, qui regroupent surtout des agresseurs (batteurs de femmes, violeurs d'enfants) et des voleurs de pensions alimentaires. Connaissez-vous seulement le programme politique de ces groupes, financés par l'État, accueillis dans nos CLSC et exploitant toutes les tribunes pour attaquer leurs ex-conjointes et réclamer le retrait aux femmes et aux enfants des droits les plus élémentaires? Par exemple, en plus de se battre contre la perception automatique des pensions, le GEPSE** réclame l'arrestation et l'interrogatoire policier des femmes battues qui appellent 9-1-1, soi-disant pour "décourager les menteuses". Cela se fait déjà aux États-Unis où les masculinistes sont encore plus organisés et les femmes battues n'osent déjà plus appeler à l'aide.

          Le gouvernement canadien parle d'une réforme imminente de la Loi sur le divorce, où l'État fédéral abolirait le droit à la garde des enfants et, en grande mesure, le droit à une pension alimentaire. Cet immense pas en arrière est une des principales revendications du mouvement masculiniste. En pratique, il équivaudrait à supprimer le divorce comme sortie de secours pour les mères et enfants victimes d'agressions intra-familiales.

          Aujourd'hui où tous et chacun tentent de nous convaincre que les femmes ont été assez ou même "trop loin", parce que "les hommes souffrent", n'oublions pas que c'est l'idéologie misérabiliste du mouvement de plainte des hommes qui a poussé jusqu'au gynocide l'assassin de l'école Polytechnique; Lépine citait mot pour mot les arguments masculinistes dans la lettre qu'il a laissée pour bien intimider les femmes qu'il n'avait pas pu tuer.

          Aujourd'hui où nous nous remémorons les 14 femmes abattues il y a 11 ans, soyons solidaires des 586 autres femmes et enfants tombées depuis pour la même raison : la stratégie de certains hommes de mettre les privilèges masculins à l'abri de l'équité. Et notre trop grande tolérance face à eux.

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* Collectif masculin contre le sexisme
** Le GEPSE est le "Groupe d'entraide aux pères et de soutien à l'enfant"

UP