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Echec à la violence

La violence a fait son entrée, plus ou moins tapageuse, dans nombre d’établissements scolaires. Sans jouer les autruches ni les Cassandres, c’est un problème à prendre à sa juste mesure, comme l’ont fait les jeunes de “Stop la violence”. Leur manifeste est un document tout à fait à même d’ouvrir la réflexion. Mais de nombreuses autres ressources, à commencer par une jolie exposition du musée en Herbe, sont disponibles pour dire “Silence à la violence”.

La violence… Ou alors !

Deux oiseaux se disputent un ver de terre. Cela va se régler à coups de bec. “Ou alors…”, est-il écrit en gros et en toutes lettres. L’argument de la nouvelle exposition du musée en Herbe Silence, la violence ! tient tout entier dans cette invitation à l’alternative non violente. Elle délimite, à chaque fois, deux espaces : celui du conflit et celui de sa résolution ou, mieux encore, de sa prévention. Sont ainsi prônés tour à tour les vertus du dialogue et de la négociation, le respect de la différence, le recours à un tiers, l’entraide et un langage mesuré. Rien de bien nouveau dans le message, pensera-t-on, sauf qu’ici il est distillé avec beaucoup de doigté, à destination d’un public bien spécifique : les 4-12 ans. Le parcours est scandé tel un jeu de piste en différentes maisons et autant d’histoires. Ce sont quatre saynètes (écrites par Sylvie Girardet) qui mettent en scène des animaux. Les dessins de Puig Rosado, tout en finesse, ajoutent encore de la légèreté à la fable. Et puis, il y a le savoir-faire du musée en Herbe qui, par les sons (on entend des cris, des rires), les manipulations (tout au long, les petites mains ont de quoi s’occuper) et les yeux, parvient à mobiliser l’attention des jeunes visiteurs. C’est court, c’est bref, c’est fait de cette simplicité qui n’émerge qu’après beaucoup de travail.
     En fin de parcours, des ateliers permettent d’approfondir le propos, par la peinture, les mots, le jeu.
    Mais rien de tout cela n’aurait été possible sans l’initiative de la Fondation de France, qui cherchait des moyens ludiques et pédagogiques pour accompagner ses actions de prévention contre la violence. Et sans le flair des éditions Hatier. Celles-ci prolongent l’exposition par la publication d’un petit coffret qui reprend, en livrets, les quatre histoires de l’exposition, plus deux inédits. Voilà qui permet à chaque instituteur qui le désire de se saisir de cet outil de dialogue en attendant que l’expo, qui part en voyage dès cet automne, passe non loin de l’école.


“Silence, la violence !”, une expo et un livre pour évoquer le problème avec les 4-12 ans.
Les jeunes de “Stop la violence” réunis en conférence de presse, le 15 mars 1999.
L’agressité adolescente décryptée.

 

“Nous, on dit : ça suffit comme ça”

L’événement de trop, ce fut, en janvier, la mort de leur camarade Stéphane, 22 ans, assassiné alors qu’il tentait de s’interposer dans une bagarre. Aussitôt, un groupe de jeunes de sa ville (Bouffémont, dans le Val-d’Oise) se mobilisent pour s’élever contre l’engrenage de la violence. Très vite, ils s’érigent en association et rédigent un manifeste qu’ils intitulent “Stop la violence”. “Nous, on dit : ça suffit comme ça” en sont les premiers mots. Suit, en dix points et sans fioritures, un concentré de leurs colères, de leurs expériences et de leurs réflexions. Les paroles sonnent fort, les mots claquent, échos vibrants de leur volonté de changer le cours des choses. Un texte à lire par tous ceux, jeunes et membres de la communauté éducative, qui évoluent dans des environnements “électriques”.
     A noter, le 27 mai, à 20h40, Canal Plus diffuse un documentaire, “Stop la violence”, qui accompagne la genèse du mouvement en donnant d’abord la parole à ses jeunes acteurs. Enfin, le 29 mai prochain, l’association “Stop la violence” organise à Paris une grande marche contre la violence.

Comprendre pour prévenir
“La Santé de l’homme”, la revue du CFES (Centre français d’éducation à la santé), a récemment publié un numéro intéressant autour de la violence des adolescents. On y trouve d’abord, signés de sociologues et psychologues, les éléments nécessaires pour mieux comprendre les comportements agressifs. Il y a, bien sûr, les tensions inhérentes aux tiraillements entre l’enfant et l’adulte. Aujourd’hui, elles sont exacerbées par un avenir professionnel incertain, un contexte économique souvent difficile et un environnement affectif disloqué. Mais, comme le souligne le psychanalyste Didier Lauru, il n’y a pas d’adolescence sans conflits, la violence n’étant que le signe de leur non-résolution. Dans une deuxième partie, place aux actions de prévention en milieu scolaire, déclinées en deux temps : l’expérience du théâtre forum, ou comment le jeu scénique peut être facteur d’ouverture, et l’instauration d’espaces de dialogue. Ce qui ne va pas toujours sans difficultés…

Pour l’expression des élèves

Tous ceux qui sont concernés par des manifestations de violence le disent. Son explosion survient souvent faute ou manque de paroles. Raison de plus pour agir, si possible, bien en amont. Avant, notamment, que le processus de non-socialisation ne devienne ingérable. Le dispositif mis en place par l’APECE (Association pour l’expression collective des élèves) et expérimenté depuis vingt ans dans des collèges, lycées et maintenant écoles, n’est pas un pansement antiviolence. Mais, comme l’expliquait Claire Rueff, l’un de ses promoteurs, lors d’une émission sur La Cinquième : “Il a une forte charge antiviolence.” Comment ? En permettant à tous les élèves d’une même classe de s’exprimer, en un temps donné (deux heures, une à deux fois par trimestre), sur leur vécu scolaire. Et ce, sous la houlette d’une personne extérieure à leur équipe enseignante, le plus souvent le conseiller d’orientation. Voilà une façon concrète d’apprendre à s’écouter, à se concerter, à faire des propositions, bref à vivre ensemble. A la fin de chaque séance, un compte rendu écrit est rédigé à l’intention des enseignants de la classe qui y répondent. Le protocole, simple en apparence, ne reste pas sans incidence sur l’atmosphère d’une classe qui expérimente, par ce droit de dire et de communiquer, l’une des formes du respect.

Accompagner les victimes

Le sait-on ? Le ministère de l’Education nationale vient de signer une convention avec l’INAVEM (Institut national d’aide aux victimes et de médiation) pour “la prise en charge et le suivi des victimes de violence dans le système scolaire” (élèves et personnels de l’Education nationale, victimes d’infractions pénales). C’est à l’initiative des recteurs, des inspecteurs d’académie, des chefs d’établissement, et après information des familles, que les associations d’aide aux victimes sont sollicitées. Elles proposent alors un accompagnement pendant toute la durée de la procédure judiciaire (soutien psychologique, information sur les droits, aide aux démarches sociales, médicales et juridiques). Dans un premier temps, cette convention s’applique dans les quatorze départements les plus concernés par les problèmes de violence en milieu scolaire (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Oise, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Nord, Rhône, Seine-Maritime, Paris, Bas-Rhin, Haute-garonne, Yvelines, Hauts-de-Seine, Val-d’Oise).