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Echec
à la violence La violence a fait son entrée, plus ou moins tapageuse, dans nombre d’établissements scolaires. Sans jouer les autruches ni les Cassandres, c’est un problème à prendre à sa juste mesure, comme l’ont fait les jeunes de “Stop la violence”. Leur manifeste est un document tout à fait à même d’ouvrir la réflexion. Mais de nombreuses autres ressources, à commencer par une jolie exposition du musée en Herbe, sont disponibles pour dire “Silence à la violence”. La violence… Ou alors ! Deux
oiseaux se disputent un ver de terre. Cela va se régler à
coups de bec. “Ou alors…”, est-il écrit en gros et en
toutes lettres. L’argument de la nouvelle exposition du musée
en Herbe Silence, la violence ! tient tout entier
dans cette invitation à l’alternative non violente. Elle délimite,
à chaque fois, deux espaces : celui du conflit et celui de sa
résolution ou, mieux encore, de sa prévention. Sont ainsi prônés
tour à tour les vertus du dialogue et de la négociation, le
respect de la différence, le recours à un tiers,
l’entraide et un langage mesuré. Rien de bien nouveau dans
le message, pensera-t-on, sauf qu’ici il est distillé avec
beaucoup de doigté, à destination d’un public bien spécifique :
les 4-12 ans. Le parcours est scandé tel un jeu de piste en
différentes maisons et autant d’histoires. Ce sont quatre
saynètes (écrites par Sylvie Girardet) qui mettent en scène
des animaux. Les dessins de Puig Rosado, tout en finesse,
ajoutent encore de la légèreté à la fable. Et puis, il y a
le savoir-faire du musée en Herbe qui, par les sons (on
entend des cris, des rires), les manipulations (tout au long,
les petites mains ont de quoi s’occuper) et les yeux,
parvient à mobiliser l’attention des jeunes visiteurs.
C’est court, c’est bref, c’est fait de cette simplicité
qui n’émerge qu’après beaucoup de travail.
“Nous, on dit : ça suffit comme ça” L’événement
de trop, ce fut, en janvier, la mort de leur camarade Stéphane,
22 ans, assassiné alors qu’il tentait de s’interposer
dans une bagarre. Aussitôt, un groupe de jeunes de sa ville
(Bouffémont, dans le Val-d’Oise) se mobilisent pour s’élever
contre l’engrenage de la violence. Très vite, ils s’érigent
en association et rédigent un manifeste qu’ils intitulent
“Stop la violence”. “Nous, on dit : ça suffit
comme ça” en sont les premiers mots. Suit, en dix points et
sans fioritures, un concentré de leurs colères, de leurs expériences
et de leurs réflexions. Les paroles sonnent fort, les mots
claquent, échos vibrants de leur volonté de changer le cours
des choses. Un texte à lire par tous ceux, jeunes et membres
de la communauté éducative, qui évoluent dans des
environnements “électriques”. Comprendre
pour prévenir Pour l’expression des élèves Tous ceux qui sont concernés par des manifestations de violence le disent. Son explosion survient souvent faute ou manque de paroles. Raison de plus pour agir, si possible, bien en amont. Avant, notamment, que le processus de non-socialisation ne devienne ingérable. Le dispositif mis en place par l’APECE (Association pour l’expression collective des élèves) et expérimenté depuis vingt ans dans des collèges, lycées et maintenant écoles, n’est pas un pansement antiviolence. Mais, comme l’expliquait Claire Rueff, l’un de ses promoteurs, lors d’une émission sur La Cinquième : “Il a une forte charge antiviolence.” Comment ? En permettant à tous les élèves d’une même classe de s’exprimer, en un temps donné (deux heures, une à deux fois par trimestre), sur leur vécu scolaire. Et ce, sous la houlette d’une personne extérieure à leur équipe enseignante, le plus souvent le conseiller d’orientation. Voilà une façon concrète d’apprendre à s’écouter, à se concerter, à faire des propositions, bref à vivre ensemble. A la fin de chaque séance, un compte rendu écrit est rédigé à l’intention des enseignants de la classe qui y répondent. Le protocole, simple en apparence, ne reste pas sans incidence sur l’atmosphère d’une classe qui expérimente, par ce droit de dire et de communiquer, l’une des formes du respect. Accompagner les victimes Le sait-on ? Le ministère de l’Education nationale vient de signer une convention avec l’INAVEM (Institut national d’aide aux victimes et de médiation) pour “la prise en charge et le suivi des victimes de violence dans le système scolaire” (élèves et personnels de l’Education nationale, victimes d’infractions pénales). C’est à l’initiative des recteurs, des inspecteurs d’académie, des chefs d’établissement, et après information des familles, que les associations d’aide aux victimes sont sollicitées. Elles proposent alors un accompagnement pendant toute la durée de la procédure judiciaire (soutien psychologique, information sur les droits, aide aux démarches sociales, médicales et juridiques). Dans un premier temps, cette convention s’applique dans les quatorze départements les plus concernés par les problèmes de violence en milieu scolaire (Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Oise, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Nord, Rhône, Seine-Maritime, Paris, Bas-Rhin, Haute-garonne, Yvelines, Hauts-de-Seine, Val-d’Oise). |