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 Table des matières  du séminaire du COE - 7-8 octobre 1999
Les hommes et la violence à l'égard des femmes

Le coût économique de la violence masculine:
analyse méthodologique


Alberto GODENZI et Carrie YODANIS, Université de Fribourg, Suisse

La deuxième vague du mouvement féministe a attiré l’attention sur la violence des hommes envers les femmes en exposant les brutalités, les décès, les privations de liberté dont celles-ci étaient les victimes et la terreur dans laquelle certaines vivaient (Brownmiller, 1975; Pizzey, 1977; Russell, 1982). Leurs défenseurs se sont appuyés sur les arguments fournis par ces conséquences extrêmement néfastes pour affirmer la nécessité d’entreprendre une action de soutien en faveur des femmes battues.

Les arguments en faveur de la lutte contre la violence des hommes envers les femmes embrassent une variété de points de vue. Le plus courant voit dans la violence envers les femmes un problème de droit. Cet argument revêt différents aspects: pour certains, les victimes de la violence des hommes ont droit à la protection du système judiciaire, ce qui implique l’existence de lois instituant cette violence en délit, de manière à ce que ses auteurs puissent être arrêtés, jugés et condamnés (Stanko, 1985). Pour d’autres, les femmes ont droit à la protection de la société contre la violence des hommes, protection assurée par des services d’entraide sociale et des refuges subventionnés par l’Etat (Dobash et Dobash, 1992). D’autres encore (notamment lors de la 4e Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing) exigent que cesse toute forme de violence envers les femmes dans le monde entier, affirmant que celle-ci constitue une violation des droits humains des femmes. A ce titre, la violence doit être condamnée et abolie, sans distinction de traditions et de croyances.

Selon un autre point de vue, la violence envers les femmes est un problème sanitaire. La Banque mondiale a publié en 1994 un rapport intitulé Violence against women: the hidden health burden (La violence envers les femmes: le fardeau sanitaire invisible), qui examine comment la violence masculine contribue au mauvais état de santé et à la mort prématurée des femmes à travers le monde (Heise, 1994). Les témoignages apportés ont servi à durcir les lois et renforcer les politiques de protection des victimes. Le concept du syndrome de la femme battue, qui repose sur l’affirmation selon laquelle la violence entraîne un traumatisme et un déséquilibre psychologiques, a été exploité en justice pour défendre des femmes qui avaient tué leur partenaire violent (Walker, 1984; Dobash et Dobash, 1992).

La fin des années 80 et le début des années 90 ont vu naître encore un autre point de vue, économique cette fois-ci. Loin d’aller à l’encontre des précédents, ce point de vue les renforce d’une dimension supplémentaire et milite en faveur de l’élaboration de politiques sociales visant à améliorer les services de protection et d’assistance aux victimes de la violence masculine. Dans un autre article, rédigé en collaboration avec Elizabeth Stanko, nous évaluons les avantages de l’argument économique et examinons son poids politique éventuel (Yodanis, Godenzi et Stanko, à paraître). Dans le présent article, nous nous proposons de passer en revue les études sur le coût de la violence et d’analyser leurs démarches méthodologiques communes. Nous envisagerons à la fois les faiblesses de ces démarches et l’importance de ces études pour améliorer la disponibilité des informations sur la violence envers les femmes - une étape indispensable si l’on veut améliorer le soutien apporté aux femmes.

LES ÉTUDES SUR LE COÛT ÉCONOMIQUE DE LA VIOLENCE MASCULINE

En 1986, Straus a cherché à évaluer le coût des soins médicaux administrés à la suite d’agressions et d’homicides perpétrés dans le cadre du foyer. A partir de statistiques sur la prévalence des blessures et des soins médicaux résultant d’agressions sur des épouses ou des enfants, il est parvenu à la conclusion que les homicides commis dans ce cadre comptaient grosso modo pour 24 % du coût total des homicides (soit 1,73 milliard de dollars) - selon les chiffres du Comité économique mixte du Congrès pour 1976 -, faisant toutefois aussi remarquer qu’une bonne partie des coûts médicaux ante-mortem n’avait pas été prise en ligne de compte dans l’élaboration de ce chiffre. Straus précise le type et la fréquence des coûts éventuels qu’il importe d’inclure dans le calcul lorsque l’on envisage l’homicide comme ultime issue de la maladie de la violence, mais abandonne la «traduction en dollars du coût des blessures et des soins médicaux aux spécialistes de l’économie médicale» (p. 557). L’année suivante, Straus et Gelles (1987) ont exploité, dans The Cost of Family Violence (Le coût de la violence familiale), les données fournies par une étude représentative à l’échelle nationale pour creuser cette idée et faire apparaître les nombreuses conséquences coûteuses que pouvait entraîner la violence familiale, notamment: toxicomanie, alcoolisme, délinquance, vandalisme, absentéisme au travail, négligence des tâches quotidiennes, angoisses. Tout en dressant une liste de toutes ces causes possibles, ils évitent d’en évaluer le coût. La même année paraissait le rapport de Friedman et Couper (1987): The Cost of Domestic Violence: A Preliminary Investigation of the Financial Costs of Domestic Violence (Le coût de la violence conjugale: enquête préliminaire sur le coût de la violence conjugale).

Dans les années 90, les études de coût et les estimations sont devenues plus ambitieuses. Les chercheurs ont commencé à combiner les taux de prévalence de la violence et de ses diverses conséquences avec des estimations des coûts associés afin de parvenir à un chiffre global susceptible de résumer le coût de la violence des hommes envers les femmes. Des études de ce genre ont vu le jour au Canada (Day, 1995; Greaves et al., 1995), aux Pays-Bas (Korf et al., 1997), en Nouvelle-Galles du Sud (NSW Women’s Coordination Unit [Coordination féminine de NGS], 1991), en Nouvelle-Zélande (Snively, 1994), dans le Territoire du Nord (Office of Women’s Policy [Service de la politique des femmes], 1996), dans le Queensland (Blumel et al., 1993), en Suisse (Godenzi et Yodanis, 1998) et au Royaume-Uni (Stanko et al., 1998). (On trouvera un résumé des points clés de chacune de ces études dans le tableau 1, en fin d’article).

Notre propre étude du coût de la violence masculine envers les femmes en Suisse (pour les besoins de laquelle nous avons adapté puis développé les méthodes utilisées dans les études de coût précédentes) nous servira d’exemple tout au long de cet article. Cette étude se déroule en trois phases. Nous avons publié les résultats de la première phase, dévolue au coût public de la violence des hommes envers les femmes, en 1998 (en allemand) et en 1999 (en anglais). La compilation de données tirées d’enquêtes représentatives, de publications et de rapports officiels, des dossiers des organismes sociaux et d’autres sources nous a permis d’en estimer le coût public annuel à 290 millions de dollars. Nous examinerons notre méthode de calcul plus en détails dans le courant de cet article. Dans sa deuxième phase - actuelle - le projet s’intéresse au coût de la violence masculine pour les entreprises. Dans sa troisième phase, notre projet se penchera sur son coût individuel, au regard notamment des victimes, des familles, des amis, des travailleurs volontaires et des prestataires de services, ainsi que des contribuables.

MÉTHODOLOGIE DES ÉTUDES DE COÛT

Laurence et Spalter-Roth (1996) proposent dans leur rapport sur les Etats-Unis une équation simple pour déterminer le coût de la violence conjugale: «Il faut déterminer combien de personnes sont concernées, combien de ces personnes ont recours à des services à la suite d’actes de violence conjugale, quel est leur taux d’utilisation de ces services et combien coûtent ces services» (p. 14).

Bien que l’équation susmentionnée paraisse extrêmement simple d’utilisation, sa traduction en chiffres exacts est loin de l’être. Dans presque tous les pays, le nombre de femmes victimes de la violence masculine reste un mystère, tout comme le nombre de celles qui font appel à divers services à la suite d’actes de violence et la fréquence avec laquelle elle le font. Pendant des années, défenseurs, militants et autres ont soutenu que la plus grande partie de la violence envers les femmes est invisible aux regards officiels. En effet, la comparaison des enquêtes sur la délinquance avec celles sur les femmes montre que la majorité des actes de violence n’apparaît jamais dans les statistiques officielles. Cela ne se vérifie pas seulement auprès des institutions judiciaires, mais aussi des organismes sanitaires et sociaux et dans le monde du travail. Il y a, dans toutes les sphères de la société, une carence en matière d’informations précises sur la prévalence et l’impact de la violence masculine. D’une part, cette carence empêche les chercheurs de réaliser des études de coût précises et de fournir par là des informations utiles aux prestataires de services et aux dirigeants; mais d’autre part, ces études de coût permettent de mettre cette carence informative en évidence et d’y remédier au moins partiellement dans certaines sphères de la société où les personnes ne se sentent généralement pas concernées par la violence.

Conduire des études de coûts à partir de données incomplètes

La majorité des études sur le coût de la violence s’appuie principalement sur des données existantes collectées par des organismes publics ou des instituts de recherche. L’estimation à laquelle Greaves et al. (1995), par exemple, sont parvenus pour le Canada, repose sur des données extraites d’une trentaine d’enquêtes, de rapports et d’études, y compris l’enquête sur la violence envers les femmes conduite par l’Institut des statistiques canadien. La compilation par Laurence et Spalter-Roth (1996) des matériels disponibles aux Etats-Unis contient une liste détaillée d’études empiriques, d’organisations et de services gouvernementaux susceptibles de fournir des renseignements sur divers aspects du coût de la violence envers les femmes.

Ces données peuvent constituer un important point de départ pour évaluer le coût de la violence. Cependant, à trop dépendre des données existantes, on s’expose à des problèmes dus, non pas à l’insuffisance des chercheurs, mais à l’insuffisance des données. Puisque les données existantes sont toujours incomplètes, les coûts estimés sur la base de ces données souffriront des mêmes défauts qui en limiteront l’utilité. En exploitant les données existantes, les études de coût souffrent de problèmes méthodologiques liés à la factorisation et à la détermination du coût économique global, des unités d’analyse, des limites temporelles et des hypothèses de population.

Factorisation et détermination

Pour chiffrer un concept, il est préférable d’en avoir au préalable une définition claire. Il faut ensuite en préciser les divers aspects, ou les diverses facettes. Pour finir, on collecte les données relatives à des indicateurs précis qui traduisent ces divers aspects en valeurs numériques. Lorsqu’on utilise des données déjà existantes, il n’est pas toujours possible d’inclure dans le calcul tous les aspects ou tous les indicateurs nécessaires pour déterminer convenablement le concept voulu. Les données ne sont souvent tout simplement pas disponibles. C’est là un problème constant dans les études sur le coût de la violence. Aussi les concepts sont-ils souvent factorisés en fonction de la disponibilité des informations plutôt que des conditions requises pour garantir la validité et la fiabilité de leur détermination. Ainsi que l’explique Snively (1994): «Les résultats de l’étude sur Le coût économique de la violence conjugale en Nouvelle-Zélande reposent dans une large mesure sur la disponibilité d’informations cohérentes avec la définition de la violence conjugale adoptée pour les besoins de l’estimation» (p. 6). Cela est aussi vrai de notre propre étude. Bien évidemment, alors que nous envisageons d’autres phases supplémentaires à notre étude, c’est par le coût public que nous avons commencé parce que c’est dans ce domaine que l’on dispose le plus d’informations.

L’insuffisance des données existantes entraîne un certain nombre de problèmes de détermination. On remarque en premier lieu que le concept et sa valeur numérique utilisés ne coïncident pas souvent entre eux. Ainsi, nous définissons dans notre étude la violence comme «une agression physique, sexuelle ou psychologique des hommes sur les femmes ou les fillettes motivée par la seule différence de sexe»; or, quand vient le moment d’en calculer le coût, nous sommes rarement en mesure d’inclure les coûts associés à ces différentes formes de violence. Par exemple, aucune information sur les femmes âgées de moins de 20 ans n’est entrée dans notre estimation du coût sanitaire, pour la bonne raison que ces informations ne sont pas disponibles.

De la même manière, certains aspects et indicateurs, que d’autres études ont prouvé entrer très probablement dans le coût de la violence, ont bien souvent été laissés de côté. On sait que les femmes ayant subi des actes de violences risquent plus d’adopter par la suite des comportements autodestructeurs, tels que l’alcoolisme ou la toxicomanie, ou de souffrir d’une forme ou d’une autre de déséquilibre (Stark et Flitcraft, 1996; Gilloz et al., 1997; Kavemann, 1997). Il n’empêche que nous sommes dans l’incapacité d’inclure dans notre étude le coût du traitement des problèmes de drogue ou d’alcool ou d’autres traitements psychiatriques motivés par des actes de violence pour la simple raison que les informations relatives à la fréquence d’utilisation de ces services par des femmes victimes des violences ne sont pas disponibles en Suisse.

En troisième lieu, ces chiffres ne sont pas fiables car des hypothèses fondées ont dû être posées pour pallier le manque de données. Une étude nationale sur la violence envers les femmes en Suisse révèle qu’environ 10 000 d’entre elles font appel à des travailleurs sociaux chaque année. Mais nous ne connaissons pas les motifs de cette démarche. Nous fondant sur des informations complémentaires relatives aux difficultés financières rencontrées par les femmes qui mettent un terme à une relation violente, nous avons supposé que la moitié environ de ces femmes cherchait une forme de soutien financier.

Dans d’autres cas, les données disponibles sont exploitées comme des données de substitution aux informations manquantes. Il n’existe, par exemple, aucun chiffre sur le nombre de procès motivés par des actes de violence physique à caractère délictueux commis par des hommes envers des femmes en Suisse. Par contre, une enquête nationale nous renseigne sur le nombre de femmes ayant pris contact avec un avocat et entamé une procédure de divorce ou de séparation, ou demandé à être placée sous protection à la suite d’actes de violence perpétrés par leur conjoint. Nous avons utilisé ces chiffres, révisés de manière à tenir compte du fort pourcentage de femmes qui retireront leur plainte avant procès, pour parvenir à une estimation annuelle du nombre de procès motivés par des actes de violence physique masculine envers les femmes.

Ces problèmes de factorisation, d’absence d’indicateurs et de dimensions manquantes, d’hypothèses et d’approximations, que l’on retrouve dans presque toutes les études de ce genre, diminuent la validité et la fiabilité des évaluations. Nul ne peut être certain que ces études mesurent avec exactitude le coût économique global de la violence, ni que l’on parviendrait au même chiffre en refaisant le même calcul ultérieurement. De toute façon, il serait extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de calculer le coût exact de la violence envers les femmes: ce coût doit être, dans une certaine mesure, une simple estimation. Du coup, les problèmes de factorisation et de détermination peuvent apparaître insignifiants à première vue. L’introduction de données plus précises ou d’indicateurs des coûts additionnels dans les calculs entraînerait tout simplement une révision des chiffres à la hausse, c’est pourquoi en excluant les coûts additionnels on est certain d’obtenir des chiffres au-dessous de la réalité et par là même moins contestables.

Toutefois, ces problèmes de détermination dépassent largement la seule capacité à parvenir à une estimation chiffrée acceptable du coût de la violence. Lorsque des chercheurs omettent purement et simplement certains coûts ou bien introduisent des valeurs approximatives ou des données de substitution à la place de données empiriques, l’étude concernée n’apporte plus l’information pratique et concrète voulue sur le problème de la violence envers les femmes. Cependant, le fait même que ces données ne soient pas disponibles signale cette carence informative aux personnes qui occupent des positions stratégiques pour venir en aide aux femmes, à condition qu’elles prennent conscience du besoin en la matière.

Les unités d’analyse

Les autres problèmes méthodologiques auxquels se heurtent les études de coût concernent les unités d’analyse. Dans le cas qui nous occupe, les femmes constituent généralement la principale unité d’analyse. Les équations reposent sur la fréquence d’utilisation des services par un échantillon de femmes. Le coût chiffré de ces services est ensuite appliqué au taux d’utilisation pour calculer un coût estimé de la violence masculine. Prendre les femmes comme unité d’analyse est indispensable si l’on veut distinguer les femmes victimes de la violence de celles qui ne le sont pas dans les contextes coûteux tels que la santé physique et mentale (Stark et Flitcraft, 1996; Gillioz et al., 1997), la consommation d’alcool et la prise illégale de drogue (Kavemann, 1997), le revenu professionnel et la rotation des emplois (Hyman, 1993; Lloyd, 1997), et le recours aux services sociaux (Allard et al. 1997; Raphael et Tolman, 1997).

Cependant, l’utilisation d’individus en tant qu’unité d’analyse nuit à la qualité des études sur le coût de la violence. En effet, les estimations ne s’appuient plus sur des données émanant d’organismes, d’organisations ou d’entreprises donnés, mais sur l’utilisation par les femmes de prestataires de services non spécifiés et sur leur expérience personnelle dans des entreprises non spécifiées. Nous avons par exemple calculé d’après l’étude nationale sur la violence envers les femmes que pour environ 4000 d’entre elles l’expérience de la violence a entraîné des soins hospitaliers. Nous savons aussi que le prix moyen par personne du séjour dans un hôpital suisse est d’environ 10 000 francs suisses, somme prise en charge à 75 % par les administrations fédérale, nationale et locale. Nous fondant sur ces chiffres, nous sommes parvenus à une estimation assez convaincante.

Il n’empêche que cette estimation n’aura vraisemblablement qu’un intérêt limité pour les médecins, les infirmiers et autres prestataires de services dans les hôpitaux suisses. Ces chiffres ne concernent pas véritablement leur organisation et ne leur sont d’aucune utilité pour adapter leur routine et leurs services aux besoins des femmes victimes de violences.

Cadres temporels

Un des problèmes liés aux unités d’analyse est celui des cadres temporels. Les chercheurs s’efforcent avant tout de parvenir à des estimations annuelles. Dans l’idéal, un calcul annuel des coûts permettrait d’observer leur évolution dans le temps. Malheureusement, l’utilisation de données collectées irrégulièrement et sporadiquement contraint les chercheurs à un compromis consistant à regrouper des données disponibles collectées en différentes années et à calculer un coût estimé pour une année «moyenne». Par exemple, dans notre étude, certains chiffres reposent sur des données de 1993 tandis que d’autres reposent sur des données de 1996. Dans un autre exemple, où nous calculons le coût de la recherche, nous connaissions le montant des subventions consacrées en 1996 à l’étude de la violence envers les femmes par le plus gros organisme national de subvention de la recherche. Les sommes allouées étaient inhabituellement importantes cette année-là, du fait de l’existence d’un programme exceptionnel de recherche sur la violence envers les femmes. Peu de subventions pour ce genre d’étude avaient été accordées avant, et peu l’ont été après. Aussi, afin d’évaluer les dépenses à long terme en matière de recherche, nous avons supposé que des subventions de cette importance ne seraient accordées que tous les vingt ans, et nous avons divisé par vingt le montant total des sommes consacrées à la recherche pour obtenir un coût annuel.

Tout en étant la meilleure étant donné les circonstances, cette solution n’en reste pas moins un pis-aller. Non seulement elle ne permet pas d’observer l’évolution des coûts d’une année sur l’autre, mais en plus elle fait l’impasse sur nombre d’entre eux. Pour l’Institut national de la justice des Etats-Unis (US National Institute of Justice), le coût consiste en «la somme des pertes occasionnées par les infractions commises durant une année donnée, sans considération du moment auquel la perte a réellement eu lieu» (Travis, 1996). De leur côté, Laurence et Spalter-Roth (1996) soutiennent qu’il est indispensable d’adopter une démarche fondée sur la fréquence des occurrences, qui prenne en considération tous les recours, occasionnels ou répétés, aux services au cours d’une période donnée, et suggèrent dans leur plan pour une étude idéale une période de cinq année. Ces deux cadres temporels spécifiques permettent d’appréhender la totalité des coûts entraînés par la violence. Pourtant, la plupart des études de coût actuelles ne parviennent pas à respecter ces limites temporelles et s’interdisent de ce fait tout accès à une connaissance du coût à long terme de la violence. Le recours répété à des services à la suite d’actes de violence représente vraisemblablement le coût le plus élevé. Savoir pendant combien de temps et combien de fois les femmes ont recours à un service particulier est également indispensable pour comprendre le rôle des services dans l’assistance aux victimes et évaluer la rentabilité d’un programme.

Hypothèses de population

Le dernier problème méthodologique auquel se heurtent les études de coût sur la violence est l’impuissance à émettre des hypothèses précises concernant la population cible. Les données disponibles émanent souvent d’une seule organisation ou ne concernent qu’une région particulière, et ne permettent aucune extrapolation précise à l’ensemble du pays ou de l’Etat. Ainsi, nous avons utilisé des chiffres sur le coût de l’aide publique dans un seul Etat pour parvenir à un chiffre national approximatif dans ce domaine. L’utilisation par les chercheurs d’une valeur nationale calculée à partir de données locales amplifie considérablement le risque d’erreur.

En résumé, fonder des estimations de coûts sur des données existantes est loin d’être la meilleure solution. Néanmoins, les études de coût fondées sur des données existantes peuvent servir et servent souvent à mettre en évidence et à corriger le manque d’information. Faire apparaître cette carence informative est l’un des principaux avantages des études de coût sur la violence.

Sensibilisation et collecte des données grâce aux études de coût

Tous les chercheurs qui exploitent des données existantes pour leurs études de coût (nous-mêmes compris) reconnaissent l’existence du problème posé par l’indisponibilité ou l’incomplétude des données et ont souligné la nécessité de développer de meilleurs systèmes de collecte d’informations sur l’impact de la violence sur le lieu de travail, sur les services et sur les organisations. Greaves et al. (1995) ont écrit dans leur estimation du coût économique de la violence envers le femmes au Canada: «Les principales difficultés que nous avons rencontrées pour arriver à une estimation du coût global de la violence envers les femmes au Canada sont le manque de données et l’incohérence des systèmes de collecte d’informations, notamment aux niveaux fédéral et provincial» (p. 1). A la fin de leur examen des données disponibles aux Etats-Unis, Laurence et Spalter-Roth (1996) concluent: «Nous avons constaté d’énormes vides en matière de recherche dans tous les domaines examinés, ce qui implique encore beaucoup de recherches à venir avant de pouvoir obtenir des chiffres fiables» (p. 4).

Fort heureusement, les études sur le coût de la violence masculine peuvent être conçues de manière à résoudre en partie le problème auquel elles se heurtent. Il y a deux façons d’améliorer la disponibilité des données. En premier lieu, la conception même des études de coût fournit des indices quant aux différentes sphères de la société qui sont affectées par la violence des hommes envers les femmes. Comme l’affirme Stanko (1999): «Les enseignements des études de coûts désignent les multiples points d’intervention où il est possible de briser le cycle de la violence conjugale.» Elles peuvent attirer l’attention et favoriser la sensibilisation de la police, des juges, des avocats, des travailleurs sociaux, des employeurs, des médecins, des personnels soignants et des dirigeants politiques - personnes individuelles et organismes qui jusque-là ne se sentaient pas concernés par la violence envers les femmes. Cela fera sortir la violence du lot des causes inconnues à l’origine des problèmes de santé, d’argent ou de travail, et ses victimes de la masse anonyme des usagers des institutions sociales.

Outre leur dimension sensibilisatrice, les études de coût peuvent également être conçues pour améliorer les données et, par là même, les connaissances de la portée et des effets de la violence sur ces institutions sociales. Certains chercheurs ont déjà fait quelques pas dans cette direction. Blumel et al. (1993) et l’Office of Women’s Policy (1996) ont réalisé des entretiens avec des rescapées de la violence, où ils leur ont posé des questions précises sur leur utilisation des services. Stanko (1997) est allée recueillir des informations sur l’expérience de la violence auprès de patientes dans la salle d’attente d’un cabinet médical. Nous avons compilé et classé des données sur la violence envers les femmes à partir de centaines de dossiers individuels d’un service d’assistance aux victimes de la violence. Les chercheurs pourront continuer de jouer à l’avenir un rôle prépondérant en collaborant avec les services de police, les tribunaux, les établissements pénitentiaires, les bureaux d’aide publique, les hôpitaux et les centres médicaux afin de mettre au point des systèmes appropriés de collecte de données sur l’expérience de la violence vécue par leurs usagers.

Dans la deuxième phase de notre étude sur le coût de la violence envers les femmes, nous collaborons avec des chercheurs de l’Organisation internationale du travail (OIT) en vue de conduire une étude sur le coût de la violence pour les entreprises. Le lieu de travail est sans doute celui où la violence masculine est la plus cachée. Craignant de perdre leur travail, les femmes dissimulent leurs ecchymoses, viennent travailler même malades, et restent assises terrifiées au lieu de faire leur travail, tout cela dans la plus parfaite ignorance de leurs collègues et de leurs employeurs.

Il s’avère pourtant que certaines entreprises seraient prêtes à aider les femmes victimes de violence, si seulement elles étaient informées de leur besoin. Ainsi que cela a été publié le 1er octobre 1998 sur le gestionnaire de diffusion du Réseau européen sur les conflits, les sexes et la violence, le Fonds pour la prévention de la violence familiale a parrainé la 3e Journée annuelle d’action pour l’abolition de la violence conjugale, à laquelle ont participé des centaines d’entreprises, d’organismes publics et d’organisations des Etats-Unis. Ce jour-là, la Bell Atlantic Mobile a mis en place une connexion gratuite avec la permanence téléphonique nationale de SOS violence conjugale. La société continue de distribuer des fiches de sensibilisation à ses employés et ses clients, et à collaborer avec les services de police et les organismes sociaux pour fournir aux victimes de la violence conjugale des téléphones mobiles et des messageries vocales. Le personnel et les responsables de la Limited, Inc. ont suivi une formation sur la violence conjugale et des cours de prise en charge dispensés par la directrice d’un refuge pour femmes. En outre, ses associés reçoivent une documentation sur la violence envers les femmes et ont accès à une permanence téléphonique interne sur la violence conjugale. De très nombreuses autres entreprises (au nombre desquelles Liz Claiborne, Inc., Levi Strauss, Blue Shield of California, Gap Foundation, Marshalls, Wells Fargo, Polaroid et Time Warner) ont cofinancé le programme, pris des mesures pour former leurs cadres principaux au problème de la violence envers les femmes, et mis en place des cellules de soutien à l’intention de leurs employées victimes d’actes de violence. En encourageant la poursuite des efforts en ce sens, les études sur le coût économique de la violence contribueront vraisemblablement à la mise en place sur les lieux de travail de politiques de soutien plutôt que de pénalisation des femmes qui subissent des actes de violence (NOW Legal Defense and Education Fund [Fonds pour l’éducation et la protection juridiques], 1996).

Notre étude devrait donc à la fois apporter des informations sur l’impact de la violence masculine sur les entreprises et aboutir à une estimation chiffrée de son coût, ce qui n’est pas inutile pour convaincre les chefs d’entreprise de mettre en place des politiques de soutien. L’étude se concentrera sur la violence subie par les femmes endehors de leur lieu de travail et portera sur les actes de violence physique, sexuelle, ou psychologique, dans et hors du cadre des relations intimes, ainsi que sur la violence rencontrée sur le lieu de travail, telle que le harcèlement sexuel. Nous cherchons à parvenir à une estimation chiffrées des pertes, en termes de journées de travail, de productivité, de profits, et de dépenses supplémentaires, entraînées par les actions des auteurs de cette violence et les besoins de leurs victimes. Entre autres exemples, on trouve un homme salarié s’absentant de son travail pour répondre à une injonction à comparaître consécutive à une arrestation pour agression sur sa conjointe, et une femme salariée mise en arrêt de travail pour cause de coups et blessures dus à des actes de violence. Les données seront en l’occurrence collectées par voie d’une enquête menée auprès d’hommes et de femmes sur un échantillon de lieux de travail. Des cadres d’entreprises seront également interrogés afin de déterminer quelles mesures ont été prises pour créer un environnement de travail sûr, le coût de ces mesures, ainsi que leur connaissance des conséquences de la violence masculine sur les affaires des entreprises.

La collecte de données peut, et devrait, n’être pas seulement occasionnelle. Des systèmes de collecte permanente pourraient être institutionnalisés et intégrés à la routine des organisations. Nul besoin de mettre en place des systèmes accaparants ou encombrants. Il arrive souvent que les informations existent déjà, recueillies auprès des clients, mais soient stockées séparément et classées sans souci d’en faciliter l’accès et l’analyse. Nombre d’organisations ont simplement besoin qu’on les aide à effectuer les petits ajustements nécessaires à la mise en place de systèmes de collecte permanente de données.

Des efforts en ce sens ont déjà été faits. Les services de police de la circonscription londonienne de Hackney ont mis en place un Système d’information sur les délits signalés (CRIS) qui, selon Stanko et al. (1997), enregistre tous les incidents signalés à la police, y compris les voies de fait, attentats aux bonnes mœurs, atteintes à la propriété, troubles de l’ordre public, refus d’obtempérer, et autres incidents à caractère non délictueux mais pour lesquels la police a été contactée, et distingue tous ceux ayant un caractère familial ou conjugal.

L’exemple de Hackney nous incite à penser qu’il serait bon d’introduire les organisations en tant qu’unités d’analyse dans les études de coût, afin d’en affiner les estimations et d’accroître l’utilité des informations pour les prestataires de services et les employeurs. La collecte de données au niveau institutionnel permettra d’affiner les estimations du coût de la violence. Il est possible, en obtenant des informations auprès des personnes qui font appel aux services d’une organisation donnée, de connaître précisément quels types de services utilisent les femmes victimes de la violence. Sachant cela, des chiffres plus précis peuvent être intégrés au calcul des coûts. Par exemple, une enquête auprès du service des urgences d’un hôpital nous permettra de connaître le nombre de cas liés à des actes de violence conjugale et le traitement administré, et de parvenir à une meilleure estimation du coût de ce genre de services.

Nous sommes donc d’avis que l’on devrait passer moins de temps à essayer de calculer des chiffres nationaux précis et que c’est en se focalisant sur le niveau institutionnel qu’organisations, organismes divers et entreprises accèderont à un flux de données permanent permettant d’observer l’évolution dans le temps des rapports entre la violence et les besoins en matière de services. Il est possible d’évaluer ainsi le besoin en matière de services d’assistance supplémentaires, la qualité et la rentabilité des programmes en place.

Au bout du compte, le coût estimé ne sera plus simplement un chiffre colossal, mais un chiffre chargé de sens qui servira directement au développement de services efficaces d’assistance aux victimes et à la réduction des coûts (financiers et autres) de la violence.

CONCLUSION

Nous avons passé en revue dans cet article des études sur le coût de la violence masculine envers les femmes et analysé leurs approches méthodologiques et leurs défauts. Mais on peut poser la question: pourquoi étudier les coûts? Nous avons présenté dans cet article un des avantages de ces études: les études sur le coût de la violence peuvent permettre de résoudre le problème même auquel elles se heurtent. En s’interrogeant sur qui supporte ces coûts, ces études ont désigné les nombreux organismes et institutions sociaux concernés par la violence des hommes envers les femmes. Quelques corrections dans l’approche méthodologique permettront d’utiliser les études de coût pour améliorer la disponibilité des données et les connaissances sur l’omniprésence de la violence masculine dans les sociétés. L’éradication de l’ignorance et la suppression des œillères sont la première étape essentielle dans la marche vers l’abolition de la violence masculine.

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Bibliographie

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Dobash, R. E. & Dobash, R., Women, violence, and social change, New York, Routledge, 1992

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A review and agenda for studies on the economic costs of violence against women (à paraître)

Tableau 1: Résumé des études sur le coût de la violence envers les femmes

conduites entre 1991 et 1998

Pays/Région

Auteur(s)
Coût total estimé (en dollars US) Année Type de violence Types de coûts inclus dans l’estimation
Nouvelle-Galles du Sud, Australie

Coordination féminine de NGS (NSW Women’s Co-ordination Unit)

$1.000.000.000
($A 1.524.820.000)
1991 Divers stades de violence conjugale envers des femmes Individus, gouvernement, employeurs et tierce partie – soins de santé, frais de justice (civile et criminelle), services sociaux, emploi, garde d’enfants, logement
Queensland, Australie

Groupe de recherche interorganisations de la Côte du Soleil (Sunshine Coast Interagency Research Group)
$40.000.000



($A 63.356.000)
1993 Violence physique et psychologique, viol, agression sexuelle sur des femmes Victimes, collectivité/communauté, et autres personnes individuelles – logement et refuges, sécurité sociale, services de santé, justice pénale
Nouvelle-Zélande

S. Snively

$625.000.000 –

2.500.000.000

($NZ 1,2 - 5,3 milliards -

9 chiffres disponibles)

1994 Violence familiale, et notamment menaces de recours à la violence, envers des femmes et des enfants

Individus, gouvernement, tierce partie, et employeurs – soins médicaux, services sociaux et assistance, justice civil et pénale, emploi

 

Canada

T. Day

$1.000.000.000

($Can 1.539.000.000)

 

1995 Violence physique et sexuelle envers des femmes Coûts sanitaires – soins médicaux, dentaires et psychiatriques, pertes de travail compensées et non compensées, logement et refuge, coûts à long terme
Canada

L. Greaves,

O. Hankivsky, &
J. Kingston-Riechers
$2.750.000.000

($Can 4.225.000.000)
1995 Violence physique, agression sexuelle, viol, inceste, atteintes à l’intégrité sexuelle d’enfants Individus, gouvernement et tierce partie - services sociaux et éducation, justice pénale, travail et main-d’œuvre, sanitaire et médical
Territoire du Nord
Service de la politique des femmes (Office of Women’s Policy)
$6.500.000

($A 10.100.000)
1996 Violence physique, sexuelle et psychologique conjugale – conséquences sur femmes et enfants Individus, communauté et autres coûts – soutien d’urgence, police, logement, financier, médical, garde d’enfants, services juridiques, emploi
Pays-Bas

D. J. Korf, H. Meulenbeek, E. Mot, & T. van den Brandt
$80.000.000

(f. 165.900.000)
1997 Violence physique et sexuelle conjugale envers des femmes Police et justice, soins médicaux et assistance psychosociale, main-d’œuvre et sécurité sociale
Hackney, R.-U.

E. A. Stanko, D. Crisp, C. Hale, & H. Lucraft
$8.000.000

(£ 5.000.000)
1997 Violence physique et sexuelle envers des femmes et des enfants

Police, justice civile, logement, refuges, services sociaux, et protection sanitaire

Suisse

A. Godenzi &

C. Yodanis
$290.000.000

(FS 409.000.000)
1998 Violence physique, sexuelle et psychologique envers des femmes et des fillettes Coût public - traitements médicaux, police et justice, soutien, aux victimes, aide et conseil, recherche

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Table des matières du séminaire du COE - 7-8 octobre 1999
Les hommes et la violence à l'égard des femmes