De débats en confidences, d'analyses en souvenirs, ainsi nous avons parlé de nos rapports avec les femmes. Mezza-voce ou dans la cacophonie, avec prudence ou dans le rire, sans trop de malaise, de douleur ou de détours.

Nos expériences se confrontent et nos doutes se ressemblent sans se confondre, cette démarche d'interrogations collectives vient conforter nos choix et renforcer nos espoirs : vivre avec les femmes le pari qui dans cette revue nous réunit. Transformer l'utopie en histoire(s). Faire de nos vies d'hommes, sans nous nier, des réalités qui ne soient fondées ni sur l'oppression des femmes ni sur leur absence.

Les raisons de nos liaisons ne sont pas toujours apparues très nettes, les arcanes de nos désirs nous restent parfois obscures. Mais au-delà des incertitudes et des tabous qui s'ignorent, nous avons constaté ce que peut-être nous ne saurons jamais assez : nos itinéraires masculins vagabondent, mais passent et repassent encore et toujours par des histoires de femmes qui les dessinent. Et le tracé qui s'en dégage est jalonné de portraits de femmes, même si certains de ces portraits sont de teinte sombre.

La maman et la putain, les premières amours et les ruptures interminables, sont autant de figures-clefs de nos vies d'hommes. Du séducteur au célibataire, c'est la même rhétorique, ou la même difficulté à dire leur présence. Dans ces histoires de mecs, il y a d'abord des meufs. Amantes ou sœurs, sorcières ou nanas, omniprésentes, et toujours ce quelque chose — espoir, désir, peur, envie de vivre, que nous n'avons pas cherché à définir mais que nous savons nous être apporté par les femmes. Fatal ?

Quand des hommes (se) racontent leurs relations aux femmes, il faut s'attendre à des histoires de couples. Pour le meilleur et pour le pire. Nous nous étions engagés pour le faire, et puis... la réflexion et l'écriture ne font pas toujours bon ménage. Ce fut le cas pour nos pensées sur les couples, dont nous célébrerons sans doute une prochaine fois les vertus et les vicissitudes.

Et le féminisme, et le mouvement des femmes ? Certains auraient aimé entreprendre ici les récits, et repérer les récifs, de leurs rencontres multiples, fructueuses parfois, tumultueuses aussi, avec cette période qu'ils ressentent — et désignent — comme " les années de plomb ". Mais on s'est emmêlé les crayons, le théorique, l'affectif, les trous de mémoire, tout ça... A défaut d'en brosser le tableau, nous avons un peu installé le cadre.

Femmes, femmes, femmes... Toute réflexion qui ne se confronte pas à la réalité risque de tourner en rond, et finit par manquer d'air. Pour en respirer un autre, autant ouvrir notre porte. Aussi, remettant en cause notre principe le temps d'un numéro, nous ferons le prochain avec la participation de femmes. Une fois n'est pas coutume, " Types " sera le lieu de paroles de femmes et d'hommes pour débattre de leurs relations. Un numéro mixte, un numéro face-àface, qui se réalisera avec les femmes intéressées à notre démarche, dont le présent numéro est encore le résultat : petits pas et grands bonds en avant !