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99 Recommandations Au Gouvernement Fédéral pour en Finir avec la violence faite aux femmes 

Première Partie


Il Y A VINGT ANS seulement. Nombreuses sont celles d'entre nous qui se souviennent de l' époque où n' existaient ni centres daide aux victimes de viol ni maisons d'hébergement, ni centres de femmes. Il y a vingt ans, les femmes victimes de violence qui parvenaient a survivre devaient se débrouiller seules pour trouver de l' aide dans. leur famille ou leur réseau d' ami-e-s. Les femmes battues et violées par leur conjoint ne disposaient d'aucun recours légal ou social., Les familles Préféraient taire les sévices et les agressions.

Les policiers déconseillaient ouvertement aux femmes de signaler les agressions, en les invitant à ne plus provoquer la colère des hommes, et ils s'identifiaient carrément avec les agresseurs. La plupart des procureurs de la Couronne ne faisaient rien pour aider les fem mes, alors qu'ils auraient pu entamer les procédures nécessaires pour que les agresseurs soient déclarés coupables ou pour prévenir dautres.

Les médecins ne savaient pas examiner les femmes pour détecter des lésions internes, ni recueillir les preuves légales, et préféraient de toute évidence éviter d’ avoir à témoigner en cour. Les psychiatres incitaient généralement les femmes à se soumettre à des théories et des pratiques qui rendaient les victimes responsables de ce qui leur arrivait. Us prétendaient que les victimes d'inceste imaginaient les sévices qu'elles avaient subis ou qu'elles les avaient provoqués. Bien des femmes qui se plaignaient étaient internées en établissement psychiatrique, soumises aux électrochocs ou à des "thérapies" médicamenteuses. Le valium devint le médicament le plus prescrit dans le monde.

Les travailleurs sociaux emplissaient les écoles de réforme et les établissements de "santé" mentale avec les filles des familles pauvres qui refusaient de se confiner dans le rôle "traditionnel" dévolu aux femmes. Ils préconisaient l'institutionnalisation et "l'entreposage" des femmes et des enfants handicapés. Travailleurs sociaux, juges et enseignants ne tenaient aucun compte des plaintes de sévices physiques et sexuels perpétrés sur les enfants par les enseignants ou le personnel soignant, et parfois même couvraient ces exactions.

Le gouvernement continuait de confier à des communautés chrétiennes l'administration de pensionnats où on enfermait les enfants des peuples des Premières Nations pour les "éduquer". Un grand nombre de ces enfants et jeunes adultes furent maltraités et souvent sexuellement agressés par des missionnaires ou des prêtres. Dans les années 70, le gouvernement fit la sourde oreille aux revendications des fe mmes qui voulaient une réforme de la Lo i sur les Indien s (le fameux article 12-1-b) qui les privait de leur statut si elles épousaient un non-Indien.

Les femmes battues qui demandaient l'aide sociale pour payer un loyer et quitter leur conjoint violent voyaient leur demande rejetée par les fonctionnaires, sous prétexte de ne pas "briser les familles". Les politiques gouvernementales étaient axées sur le maintien de la cellule familiale à n' importe quel prix, semble-t-il. Les femmes immigrantes qui signalaient les agressions perpétrées par le conjoint qui les parrainait se Misaient expulser du pays.

"Auparavant dans les mécanismes professionnels du traitement de la violence, il existait une complicité entre les systèmes juridique et policier et le batteur, de même qu'une impuissance des services hospitaliers et sociaux à apporter des solutions immédiates et à moyen terme au problème de la violence entre conjoints. Les intervenants constataient quotidiennement l'absence de ressources pour accueillir une femme victime de violence. On la renvoyait donc chez elle, ou ci ans sa parenté. Sur les deux terrains, elle était très visible et très vulnérable aux coups et aux pressions de l' agresseur." Micheline Beaudry, 1984 .

Les femmes cherchaient à surmonter ces problèmes 'privés" par des solutions elles aussi d'ordre privé. Chacune nourrissait un espoir illusoire et destructeur, pensant qu'elle aurait pu éviter ce problème terrible et "unique" si seulement elle s'était montrée plus perspicace, plus "fine" et plus obéissante, comme toutes les autres femmes "normales".

On disait aux femmes que pour éviter la violence et les viols, elles devaient s'abstenir de parler à des étrangers, ne jamais sortir seules et ne pas rester seules chez elles. On les mettait en garde sur le type de vêtements à ne pas porter, les endroits à ne pas fréquenter, les comportements à éviter mais jamais sur le danger que pouvaient représenter les hommes, et encore moins les hommes qu'elles connaissaient.

Les féministes inventent alors les services, établissent des normes et développent une éthique

" ... Le mouvement de libération des femmes des années 60 a encouragé les femmes à partager leurs expériences avec leurs semblables et, pour la première fois, nous avons, en tant que femmes, pu connaître et comprendre l'ampleur de notre victimisation. Grâce à un processus de prise de conscience, nous avons commencé à analyser notre condition dans une perspective politique et globale, et non plus à titre d'expériences individuelles et personnelles."Rosemary Brown, 1990 .

" Retracer l'histoire de la femme battue comme fait social et non comme problème individuel, c'est en réalité faire l'analyse d'une nouvelle forme de solidarité féminine. Sans le mouvement des femmes et sans les groupes de pression, et de contestation qui l'alimentent, la femme battue ne serait encore qu'un problème d'ordre privé, comme il en a été pendant des siècles." Micheline Beaudry, 1984.

Entre 1970 et 1975, avec l’ éclosion de nouvelles formes d'action politique, les femmes du Canada mettent sur pied les premiers refuges pour femmes battues et les premiers centres d'aide aux victimes de viol. C'est une première a l'échelle mondiale. En 1973, Johanna Den Hertogg et un groupe de femmes créent le premier centre d’ aide aux victimes de viol du Canada, le Rape Relief de Vancouver, la même année, le Centre d’ aide de Toronto ouvre lui aussi ses portes. Raminder Dosanjh et plusieurs autres femmes créent le groupe Indian Mahilla et commencent à s'occuper de la violence au sein de la communauté indo-asiatique. Trudy Don milite dans le collectif qui met sur pied le refuge Interval House de Toronto, en 1973 toujours. La même année, Lee Lakeman et un groupe ouvrent un centre à caractère plus rural à Woodstock, en Ontario. Peu de temps après, Donna Miller ouvre une maison à Windsor. C'est également cette année-là quon voit les premiers refuges naître au Québec, à Montréal, Sherbrooke, Longueuil et PortAlfred.

"Les femmes qui ont écrit par leur pratique quotidienne l'histoire des maisons-refuges ont d'abord mis fin à cette politique de l'autruche. Elles adoptent un ensemble d’ attitudes de base qui se révèlent vite anti-professionnelles. Aucune femme battue ne sera obligée de rentrer chez elle; le refuge sera une alternative a préférable à la peur et à la violence. Le silence des victimes ne sera plus encouragé. Les intervenantes aborderont avec elles vraie question: celle de la violence à la maison. Elles détermineront la du problème et commenceront à en parler. La femme me sera pas séparée de ses enfants, placés par les services sociaux. Le femmes –aidantes feront tout pour conserver le lien mère\enfants et pour le fortifier. Les refuges n' accepteront plus l' impuissance officiels." Micheline Beaudry, 1984.

Ces premières initiatives des groupes de femmes se heurtent à une terrible ignorance, suscitant railleries paternalistes et hostilité sexiste. Presque partout, les corporations professionnelles, les associations de professionnelles chargés de l'application de la loi, les bureaucraties gouvernementales et les représentants élus, qui n'avaient rien fait pour aider les femmes à échapper à la violence, dénoncent ces nouveaux organismes qui, pour la première fois, viennent en aide aux femmes.

Dans pratiquement toutes les villes et localités, les opposants utilisent toutes les barrières possibles et en érigent de nouvelles pour empêcher l'ouverture de ces centres et priver les groupes de tout accès aux édifices, à l'information et aux fonds publics. Les politiciens accusent les femmes de mettre la famille en péril, leur reprochant d'être des gaspilleuses et des canailles qui ne méritent pas de recevoir des fonds publics. Ils déclarent qu'il s'agit d'un problème inhérent aux grandes villes, inconnu dans leurs propres agglomérations ou communautés. Quand ces messieurs représentent des circonscriptions urbaines, ils prétendent que ce problème n' existe qu' aux États-Unis ou bien seulement dans les quartiers déshérités ou encore dans d'autres pays. Ils accusent les féministes de manquer de réalisme. Elles vont par leurs demandes extravagantes, mettre sur la paille les administrations locales. Les refuges, en tant qu' institutions, ne doivent pas être autorisés à s'installer dans des zones résidentielles ordinaires. Les hommes vont soi-disant venir "défoncer les porte des maisons et des centres, et troubler la tranquillité des quartiers; pire encore, enragés parce que nous rendons publiques et politisons des choses qui demeurent des affaires de famille d'ordre purement privé, ils vont venir nous abattre.

Les responsables de corps policiers locaux prétendent que les féministes, en insistant pour que les services de police interviennent dans les situations où des hommes violentent des femmes, mettent la vie de leurs agents en péril. Les clergés locaux accusent les féministe d' organiser les femmes dans le seul but d'avoir sexuellement accès à elles. Ils dénoncent nos propos, les qualifiant de propagande émotive et anti homme. Les administrateurs des programmes d'assistance sociale et des établissements d’ enseignement déplorent le fait que nous risquons de fausser le jugement de ces "pauvres femmes, déjà si influençables".

Les travailleurs sociaux nous avertissent que les femmes vont "exploiter" les travailleuses des refuges; nous allons nous épuiser, parce que les mêmes femmes reviendront encore et encore demander de l' aide. Ils vont jusqtu' à parler de "taux de récidive", employant les mânes termes que ceux qu'ils utilisent pour qualifier les criminels impénitents. Notre travail, a leur avis, va tout à fait à l'encontre des théories fondamentales du travail social. Nous sommes trop impliquées émotivement et notre parti pris politique va ruiner tous nos efforts. Le problème, selon eux, s' inscrit dans le cadre de la "violence culturelle". Nos refuges et nos centres ne font qu' offrir des solutions de replâtrage à un problème beaucoup plus profond. Lorsqu' un peu plus tard, ces arguments auront perdu toute crédibilité, ils changeront alors leur fusil d’ épaule, affirmant que les femmes sont "notre pire ennemi" parce qu'elles ne signalent pas les agressions qu'elles subissent aux autorités compétentes.

Mais les femmes sont venues dans les centres, s'offrant mutuellement sécurité et réconfort mental, partageant leurs expériences, s'aidant les unes les autres, et remplissant les refuges et les centres à pleine capacité. À chaque fois que les féministes creent un nouveau centre, les femmes appellent. Au cours des deux dernières décennies, les demandes d'aide ont augmenté chaque année dans presque tous les centres.

Les femmes des centres d'aide aux victimes de viol, des maisons de transition et des centres de femmes, ont recueilli les témoignages et en ont révélé la vérité à toutes les survivantes et au monde entier, exposant la force brutale de chaque homme violent. Toutes ces histoires forment un grand recueil qui nous révèle un monde où les forces politiques alimentent la violence. Si tous les hommes ne choisissent pas de violenter les femmes, des milliers d'entre eux le font. Les témoignages revelent à quel point les hommes sont armés pour le faire, et à quel point les femmes sont désarmées et fragilisées par les structures juridiques, sociales et économiques.

Les femmes nous appellent, nous disent-elles, parce qu' elles savent qu' elles peuvent parler à des femmes, qu'elles seront crues, parce les groupes de femmes ne sont pas le gouvernement , ni les travailleurs sociaux, ni la police, et parce qu' elles pensent que nous allons les défendre. Elles appellent pour demander de l'aide, pour trouver des porte parole, pour donner de l'argent et pour aider les autres à lutter contre la violence sexiste exercée contre les femmes et les enfants.

Devant ces statistiques que jamais personne n'avait établies auparavant, les chercheurs en sciences sociales prétendirent que nos données n'étaient pas dignes de foi, que nous les avions recueillies sans méthode, et que nous exagérions les chiffres pour justifier nos propres carrières ou nous donner une base de pouvoir à des fins personnelles. Mais quoiqu' ils purent dire, les "maudites féministes" continuèrent à poser les questions essentielles et à enregistrer les réponses: Qui vous a fait ça? Comment a-t-il fait pour avoir un tel pouvoir sur vous? Où cela s'est-il passé? Qu' at-il dit? Comment a-t-il fait pour s'en tirer à si bon compte? Qu'est-ce qui vous donnerait maintenant un sentiment de sécurité? Comment pourrait-on prévenir ce genre de chose? Que pouvons-nous faim pour aider les femmes? Savez-vous que cela arrive à d’ autres femmes? Savez-vous ce qu'elles ont fait? Aimeriez-vous les rencontrer?

Les féministes ont aidé et aident encore les survivantes de violence parce que c'est pour elles un moyen logique, humain et efficace de promouvoir des changements sociaux. Nous avons fait le choix politique de croire les femmes, et cela nous a permis de comprendre véritablement les conditions sociales de la vie des femmes. En répondant aux besoins d’ une femme qui nous demandait de la cacher, nous avons découvert des moyens d'en cacher beaucoup. En regroupant les femmes en grand nombre, nous avons réduit la nécessité de les cacher. En agissant avec audace et au grand jour, nous devenons visibles aux autres femmes qui ont besoin de contacts et d'aide. En critiquant les services sociaux, la police, les procureurs de la Couronne au nom de femmes individuelles, nous montrons à un grand nombre de femmes à quel point il est essentiel que les politiques changent. En utilisant nos nombreux contacts parmi les femmes, nous parvenons à obtenir certaines de ces réformes. Voilà des fonctions que les travailleurs sociaux, les thérapeutes, les enseignants et la police n'ont jamais assumées et, jusqu'à nouvel ordre, qu'ils ne peuvent assumer. Idéalement la plainte d' une seule femme aurait dû suffire pour qu' on se mette immédiatement à revoir les politiques et les pratiques envigueur, mais cen' a pas été le cas, et ça ne l'est toujours pas. Tant que les choses en restront là, nous aurons des raisons de nous organiser et de nous regrouper pour défendre chacune d' entre nous, dénoncer le tort qui nous est fait et affirmer notre  détermination délutter pour un avenir meilleur. En attendant, le rôle joué par les services féministes demeure essentiel et irremplaçable.

Chaque centre de femmes contribue à améliorer la situation des femmes

Les organismes féministes qui militent contre la violence ont été créés pour surmonter les obstacles sociaux et  politiques qui entravent les efforts déployés par les femmes pour survivre, fuir, protester contre la violence masculine et la prévenir. Depuis le début, les travailleuses des centres ont compris que là violence masculine exercée contre les  femmes est à la fois cause et effet le l'inégalité elle empêche les femmes de vivre comme des égales des hommes, tout en étant aussi un produit de l' inégalité entre les sexes.

La création des refuges et des centres, ainsi que leurs interventions publiques, commencent à porter fruit. Le fait de savoir qu' il existe un centre de femmes a, plus d'une fois, dissuadé des hommes de battre ou de violer une femme. Dans certains cas, l'existence d'un centre contrôlé par des femmes peut jouer un rôle dissuasif. Les hommes prennent conscience que leur victime aura la possibilité de fuir, qu'elle pourra trouver une personne qui interviendra publiquement avec elle, une amie ou une alliée que les maris ne pourront jamais terroriser ni "charmer", une travailleuse disponible qui ne craint pas de contester les détenteurs de pouvoir en intervenant en son nom à elle. À certaines occasions, l'intervention des travailleuses de centres ou de refuges a sauvé la vie de femmes et de leurs enfants. Il ne fait aucun doute que les centres de femmes ont changé l'image des femmes victimes de violence et modifié les attitudes à leur endroit, créant de nouvelles options là où il n'en existait pas.

Aux côtés des survivantes, les militantes féministes ont critiquê, cajolé, secoué l'opinion publique, en montrant clairement que toutes les femmes subissaient la menace de la violence, et qu'il n'existe pas de comportement individuel "préventif" susceptible d'empêcher le comportement violent de certains hommes. Pour combattre l'ignorance ou les conceptions erronées, les centres ont proposé des programmes de formation à l'intention des professionnels, recommandé des protocoles pour les hôpitaux et les services de police, préposé des changements. dans les programmes scolaires et insisté pour que les femmes soient consultées quand les municipalités décident d' aménagement urbain et social. Les militantes se sont constamment rendu compte qu' il fallait que l' opinion publique fasse pression sur les institutions l'on voulait, que ces changements soientmis en oeuvre dans un sens systémique et systématique.

Les féministes on mobilisé de larges secteurs del population pour combattre le problème de l' inaction politique Rappelons ici la vague d'indignation sans précédent qui a secoué lé pays à la suite du massacré de Polytechnique, à Montréal, et qui s'est exprimée dans, les journaux, a latélévision ou dans les lettres de lectrices et lecteurs. Ce courant d'opinion n'aurait probablement pas été aussi fort sans le travail opiniâtre des groupes au sein des collectivités. La plus modeste des maisons d' hébergement, le plus petit centre d' aide aux victimes de viol, ne fait, pas moins de trois interventions publiques en moyenne par semaine. Les militantes rencontrent d'autres membres et groupes de la communauté, pour parier de cas de violence, discuter des rapports entre violence et égalité des femmes et de tout ce qu'il faut faire pour susciter des réformes sociales. Elles organisent des rassemblements publics, des protestations et des campagnes dans les médias.

Avec d'autres groupes de femmes, elles on créé des coalitions à la base pour réclamer un environnement plus sûr et plus égalitaire. C' est à l'occasion de ces regroupements que les femmes handicapées se sont mises à critiquer les centres pour les inciter à rendre leurs locaux plus accessibles, ce qui en retour amènera ces mêmes centres à appuyer le développement de réseaux et d'organismes de femmes handicapées.

Parallèlement, les femmes autochtones et les femmes de couleur se sont mises à réclamer voix au chapitre au sein des groupes de femmes existants. Ces femmes encore plus marginalisées, qui ont travaillé et milité dans ces organismes depuis le début, se rendent compte que le mouvement des femmes n'échappe pas, lui non plus, au racisme, et q u' elles mêmes n'occupent que très rarement des fonctions dirigeantes. Elles réclament et obtiennent des postes de pouvoir au sein des groupes d' intervention de première ligne. Elles créent également des structures et des services séparés, par exemple en ouvrant des refuges pour femmes immigrantes dans les grandes villes. Elles organisent ces centres de façon à éliminer les éléments fondamentaux de leur oppression et accélérer ainsi l'intégration raciale au sein du mouvement plus Large, tout en développant des styles et des orientations spécifiques en fonction de leur propre perspective.

Pendant ce temps, certains services sociaux et certaines catégories professionnelles commencent à répondre dans un esprit plus coopératif aux besoins et aux demandes des femmes de leur milieu. Les infirmières, les enseignantes, et enseignants et leur organisations accomplissent des pas de géant. Ce sont les protestations collectives du mouvement des femmes qui ont généré les premiers programmes pour les hommes désireux de changer leur comportement violent et qui ont mobilisé la minorité des hommes progressistes. Aujour d'hui, rares sont les politiciens assez fous pour affirmer, comme ils l'ont déjà fait, que les femmes ne connaissent aucun problème dans leur district ou leur circonscription.

Chaque centre, lois de la première vague des années 70, s'est retrouvé devant la tâche colossale de convaincre la municipalité ou le conseil de comté de financer son fonctionnement. Nombreux sont les centres et les refuges qui ont commencé leurs opérations avec pour seules ressources financières les programmes de création d'emploi comme les projets PIL (projets d' initiative locale), qui, s'ils ne leur imposaient pas de conditions sévères, ne duraient cependant que très peu de temps. Pour obtenir des ressources financières plus stables, les groupes durent s'astreindre à une série d'exercices qui leur faisaient perdre du temps, du style "identifier les besoins" ou prouver qu'il n'y avait pas dédoublement de services. Comme il n'existait aucun autre service du genre, et que les nouveaux services se remplissaient dès qu'ils ouvraient leurs portes, les femmes comprirent que ce qu'on leur demandait en fait c'était de prouver que les services conventionnels, les professionnels et les ministères ne pouvaient pas effectuer le travail nécessaire et qu'on pouvait donc les convaincre de tolérer que les femmes effectuent elles-mêmes ce travail, dans leurs propres milieux et communautés.

Une fois ces barrières surmontées, les travailleuses des refuges et des centres anti-viol se sont retrouvées piégées dans un dédale bureaucratique. Les gouvernements avaient déjà réglementé l'incorporation et le financement des services communautaires, et ils appliquèrent aux centres le même traitement, sans aucun ajustement. Ils ne voulaient pas encourager, ru même accepter qu'une maison de transition soit radicalement différente d'un organisme de: charité, par exemple. Ils trouvaient que la structure d'organisation en collectif dans les refuges posait "problème"; la non-mixité posait elle aussi "problème", tout comme le refus de la professionnalisation; en fait, c' est la créativité et l'imagination qui étaient "un problème". Les rares fonctionnaires qui prirent conscience de la valeur de cette. nouvelle approche se heurtaient aux ententes sur le partage des coûtsnégociées entre les différents paliers de gouvernement. Pour assurer leur financement, les femmes devaient convaincre chacun des trois paliers administratifs, qui imposaient chacun des critères différents.

Au cours des années, certaines militantes d' écouvrirent qu'elles pouvaient obtenir des fonds fédéraux auprès de deux sources, soit le, Programme de promotion de 14 femme du Secrétariat d’ État et le programme Initiative en matière de violence familiale, de Santé et Bien-être Canada. Il ne s'agissait pas de budgets très importants ou de sources régulièrement réapprovisionnées; jamais ces ministères n'ont développé de politique visant explicitement à donner aux centres les moyens de se consolider. Et aujourd'hui, même ces sources s'épuisent, les politiciens refusant d'y injecter des fonds. Le programme Initiative en matière de violence, familiale du ministère fédéral de la Santé et du Bien-être tire à sa fin, tandis que le Programme de promotion de la femme doit encore couper de 20% ses subventions aux groupes de femmes. "Le programme équivalait à 1$ par année par femme vivant au Canada; aujourd'hui, nous avons encore moins."Judy Rebick, 1993.

Le mouvement de résistance aux compressions effectuées dans le Programme de promotion de la femme du Secrétariat d’ État aurait dû avertir les conservateurs que la population comprend de mieux en mieux ce qui se passe. Les femmes occupèrent les bureaux du Secrétariat d' État dans tout le pays, jusqu'à ce que le gouvernement revienne sur sa décision. Mais il le fait uniquement en attendant que les provinces prennent le relai. La population est en train de se rendre compte qu'en refilant le financement des centres de femmes aux provinces, tout en réduisant la contribution fédérale au niveau du partage des coûts, le gouvernement conservateur fait en sorte que les femmes des provinces les plus pauvres aient moins de services et moins de groupes pour défendre leurs intérêts.

Faire totalement dépendre les groupes de première 1igne des budgets provinciaux, c' est mettre en péril non seulement leurs ressources financières, mais aussi leurs structures et leur rôle. Cette politique risque de mettre un frein au travail qu' ils mènent quotidiennement pour améliorer là condition des femmes au Canada.

Les provinces étant responsables de la prestation de services, et non pas des droits des citoyennes et citoyens, les nouvelles ententes alimentent l'idée illusoire que le counselling individuel constitue la principale, voire la seule chose à faire. Les centres devront se plier aux critères provinciaux comme le paiement à l'acte, un mécanisme par lequel la province finance le traitement individuel des femmes "à la piece". Comme si le seul changement à apporter se situait au niveau de l'état mental ou du comportement, des femmes agressées. Mais c' est souvent le seultype d' intervention rémunéré en vertu des contrats passés avec 1es gouvernements provinciaux.

Dans certaines provinces, les refuges ne sont remboursés que pour les "lits" occupés chaque nuit, comme s'il s' agissait de vulgaires entrepôts. Les centres ne disposent toujours pas de ressources fiables pour, financer leurs programmes, leur planification, les groupes d'entraide ou les d' action, pour payer leur personnel, pour financer leur travail d' éducation, leur travail d' intervention au nom, des intérêts des femmes, leur travail de lobbying; ils, il'ônt ni pas l' argent nécessaire pour payer les réparations dans les maisons. Personne ne finance des projets novateurs et efficaces qui cherchent à changer le système.

Au contraire, les bureaucraties provinciales punissent les centres féministes, à cause de leur orientation positive; leur attachement au principe de l' égalité des femmes les rend suspects, "trop politiques". En fait on les encourage à se conformer aux conditions actuelles de vie des femmes ils doivent devenir une nouvelle bureaucratie "soignante" sous financée, qui aide chaque femme à supporter l'insupportable.

Mais les travailleuses des centres insistent sur l' importance de l' action politique, parce que celle-ci éclaire et nourrit toutes les autres facettes du travail qu' elles mènent pour aider les femmes et leurs enfants à s'en sortir. L'action politique accroit même le nombre de femmes qui appellent parce que l'image publique d'un centre rempli de femmes "ordinaires" attire les femmes en difficulté. En voici un exemple: en 1982, le gouvernement créditiste nouvellement au pouvoir résilie le contrat qui le lie à la Coalition des centres contre le viol de Colombie-Britannique. Les cinq centres d'aide aux victimes de viol sont directement touchés. Les créditistes justifient leur mesure en prétextant que les centres ne sont pas "professionnels" et qu' ils imposent leurs vues politiques aux femmes; le gouvernement, lui, va protéger les victimes, non pas contre leurs agresseurs, mais contre les féministes. Les femmes de la coalition interviennent alors publiquement pour expliquer que le gouvernement a demandé aux centres d'avoir accès à tous leurs projets d' interventions publiques, ainsi qu'aux dossiers des femmes ayant reçu des services de counselling, et ce, à des fins d'évaluation et de recherche; bien entendu, les centres ont refusé. À partir de ce moment- là, les appels de femmes ayant besoin d' aide se multiplient. À Vancouver, le centre a non seulement survécu aux coupures de subventions gouvernementales, mais il a accru ses services. Dix ans plus tard, le gouvernement NPD rétablira certaines subventions.

La population n'acceptera pas que l'on refuse de financer les groupes de femmes. Mais elle ne voit ou ne comprend pas toujours les conséquences de la stratégie déployée par le gouvernement pour restreindre l' autonomie des centres et limiter ainsi la portée radicale de leurs actions.

L' "l'institutionnalisation'' fait partie de cette stratégie. Selon cette théorie en vogue, les questions soulevées par les féministes dans les années 76 seraient maintenant des préoccupations partagées par tous les "d' avoirdépositaires d'enjeu" de la hiérarchie sociale. On dit aux groupes de femmes que ces problématiques ne leur "appartiennent pas", qu'ils ont simplement le mérite avoir fait oeuvre de "pionniers," et qu' ils ont désormais l'heureux privilège de partager ce travail avec les institutions établies. J'ai pour la première fois entendu ce raisonnement lors du colloque gouvememental sur la violence familiale qui s'est ténu a Ottawa en 1989. Lés participantes durent subir les discours d' un  porte-parole de la compagnie Avon et d'un directeur général de YWCA sur les avantages mutuels de leur partenariat. Ce duo avait été mis en scène par le gouvernement fédéral pour encourager les groupes de femmes à se tourner vers l'entreprise privée plutôt que vers les Pouvoirs Publics pour se financer. Au fond de la salle, on entendait des murmures: Avon devrait commencer par payer correctement ses empIoyees, disaient les femmes. Avec raison.

Depuis, on nous invite à développer des "partenariats"avec les universités, les services de police, les entreprises privées ou les associations professionnelles pour tout projet que nous désirons mettre sur pied ou même pour être admissibles aux programmes de subventions gouvernementaux. On veut faire croire aux femmes que des groupes locaux sous-financés peuvent jouer à épaté avec des institutions qui brassent des millions de dollars. Le gouvernement sait que si la population ne veut pas financer davantage les grosses institutions, elle souhaite en revanche que l' État soutienne la lutte contre la violence faite aux femmes; mais les conservateurs ne veulent pas subventionner les groupes de femmes et préfèrent financer les institutions. Les féministes doivent alors prétendre que la coopération avec des institutions réactionnaires va changer la condition des femmes. En fait, le seul partenariat qui existe est un partenariat imposé avec des inistitutions et des professionnels qui reçoivent une bonne part des budgets alloués par le gouvernement fédéral à la lutte contre la violence faite aux femmes.

Il arrive même parfois que l'on menace de couper les subventions qui couvrent les dépenses des centres tant que les travailleuses et les conseils d'administration ne se plieront pas à cet impératif du "partenariat". Il est stipulé, dans certains nouveaux contrats, que les centres d'aide aux victimes de viol doivent former un comité consultatif en réservant des sièges à des représentants de la police et de la couronne. Certaines municipalités ont réduit leurs subventions aux centres d' aide aux victimes de viol existants pour financer à leur place les programmes d'assistance aux victimes, qui sont directement contrôlés par le système de justice pénale. D'autres ne financeront que les services de   counselling administrés par des églises ou des organismes de charité, peu susceptibles de remettre le patriarcat en question. Dans d'autres cas, on cherche à faire des centres féministes de simples agents des, programmes d'assistance aux victimes, en modifiant les contrats annuels de façon à restreindre leurs activités politiques, à contrôler leur travail et leurs mécanismes d' adhésion.

Dès que l' on sépare le counselling de tout ce qui est intervention et éducation publiques et travail d'organisation, ce sont les, modèle et critères professionnels et para-professionel qui prennent le dessus. Les rapports entre les femmes qui travaillent dans les centres deviennent progressivement des, rapports hiérarchiques de classe et de race. Et la relation entre femmes aidantes et femmes aidées se transforme elle aussi pour devenir un rapport entre professionnelle: "experte" et victime sans ressources. Comment parler alors de progrès, quand le modèle original regroupait deux, cinq ou vingt femmes prêtes à s' entraider et à changer le monde, pour elles-mêmes et pour les autres?

Quand on se contente de dénombrer les victimes et de les étudier dans le cadre de projets de recherche plutôt que de les aider à s'organiser pour sortir de leur situation, on gaspille temps et argent et on sape l'efficacité et le courage des groupes de femmes.

Les groupes et centres de femmes qui sont forcés de s' "institutionnaliser" risquent de perdre leurs sources de financement s'ils appuient des travailleuses ou des victimes qui critiquent la police, les tribunaux et les églises.

Comment croire qu'une université, une corporation professionnelle, un service de police, un procureur de la couronne ou une église puisse mener la même lutte pour promouvoir les droits des femmes qu'un centre d'aide aux victimes de viol?

Les regroupements de femmes pan-canadien: Une réalité qu'il faut accepter

Aujourd'hui, les luttes engagées à l'échelle locale se mènent aussi à l'échelle nationale. A Ottawa, on entend murmurer dans les couloirs, les bureaux et au Parlement, les mêmes accusations contre les femmes et les groupes féministes que celles qui étaient formulées à l'échelon municipal et local.

Dans 1es années 60, ces accusations visaient à décourager les femmes qui, tentaient par leurs propres moyens d'échapper à la violence. Dans les années 70 et 80, elles avaient pour but de saper la crédibilité des groupes et d'empêcher les collectivités de progresser. Aujourd' hui elles cherchent à freiner le développement d' associations nationales de femmes et d' un mouvement des femmes autonome et puissant.

L' Association canadienne des centres contre le viol (ACCCV) fût la première organisation pan-canadienne crée pour combattre la violence masculine exercée contre les femmes. En 1975, les centres d' Ottawa et Hull accueillirent une vingtaine de déléguées de centres d'aide aux victimes de viol de tous les coins du pays. Depuis cette date, les centres ont multiplié leurs efforts pour coopérer et entreprendre des actions collectives. Ensemble, ils ont analysé les lois, les pratiques psychiatriques et les protocoles utilisés en travail social, et cherché à les modifier. Ils ont développé des théories et des méthodes pour travailler avec les femmes survivantes d'agressions, des stratégies d'auto-défense  communautaires ainsi que des programmes de sensibilisation et d'éducation publique. Ils ont créé un modèle de services ouverts 24 heures sur 24, et un modèle de groupes d'entraide. Ce sont eux qui ont introduit l'usage de trousses pour recueillir les preuves d'agression sexuelle dans les hôpitaux, qui ont appris aux procureurs de la couronne à préparer les témoins, qui ont fourni des services de traduction et d' interprètes. Ils ont exposé publiquement les lacunes de l'appareil judiciaire et ils continuent de promouvoir des réformes. Et ce, sans disposer d'un quelconque secrétariat national, sans personnel pour coordonner le travail à l' échelle canadienne sans le moindre budget pour payer les communications téléphoniques.

Ensemble, les centres contre le viol et les maisons-de transition ont établi et rendues publiques des statistiques et des analyses sur le viol, l'incesté, la violence maritale, le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles.

C'est en 1977 que les travailleuses des maisons de transition ont commencé à se regrouper. Depuis, elles ont demandé et redemandé au gouvernement fédéral de financer l'organisation de rencontres annuelles de déléguées de chacune des maisons; elles n'ont jamais reçu un sou.

À travers le pays, les centres de femmes sont en train de former une association pan-canadienne. L' exécutif est en place, les objectifs sont fixés, ne manque que le financement Il. ne fait aucun doute que les services et le travail d'intervention se développeraient et s'amélioreraient rapidement partout au pays si les militantes étaient en contact plus étroit et pouvaient profiter des idées et des expériences de leurs consoeurs. Tout ce travail n'en est encore qu'au stade il est nécessaire que les femmes soient au courant des projets entrepris par les autres groupes et de leurs résultats. Mais le gouvernement fédéral refuse toujours de fournir le budget nécessaire au fonctionnement de ces associations pan-canadiennes.

Il est aussi évident que les femmes ont plus de poids quand elles se regroupent que lorsqu' elles restent isolées. Le refus d' aider les femmes à s'organiser à l'échelle nationale ne vise-t-il pas à couper l'herbe sous le pied à des regroupements de femmes susceptibles de venir damer haut et fort leurs revendications aux portes du Parlement?

Outre les coalitions de groupes d'intervention de première ligne, il existe d'autres groupes de femmes qui jouent un rôle important à l'échelle canadienne. Mais même les organismes qui avaient accès aux subsides fédéraux ont vu leur subventions coupées de 20% dans le cadre du budget de 1993.

Le gouvernement conservateur a compris que les femmes utilisaient la Charte canadienne des droits et libertés pour contester certaines lois et pratiques qui alimentent la vulnérabilité des femmes à la violence et l'immobilisme du système juridique.

Le FAEJ (Fonds daction et d' éducation juridiques pour les femmes) est intervenu dans plusieurs causes relatives à la violence faite aux femmes et a offert son expertise en matière de droits à l'égalité pour conseiller les groupes de femmes qui se consultaient sur des réformes législatives.

À plusieurs reprises, le FAEJ a refusé d' exprimer le seul point de vue des juristes, et a demandé à ses membres de travailler de concert avec les groupes de femmes qui interviennent sur le terrain. Lorsque, les groupes se sont rencontrés pour envisager des modifications aux dispositions sur la protectio n des plaignantes en matière d'agressions sexuelles, Sheila McIntyre, Arme Derrick et Joanne St-Lewis ont travaillé d' arrache-pied pour informer les femmes sur les implications juridiques des propositions ouvernementales et pour traduire 1es aspirations des   militantes de la base en langage juridique.

Cette tendance à l'action collective nous ouvrait d'excellentes perspectives. Mais c'est au moment où nous commencions à développer ce pouvoir que le gouvernement fédéral a décidé d'abolir le Programme de contestation judiciaire, seule source d' aide financière pour les personnes ou les groupes désireux de contester des lois ou des jugements au nom des droits garantis par la Charte canadienne. Les femmes ou les groupes de femmes sans ressources ne peuvent contester des lois discriminatoires sans l'aide de programmes de ce genre.

Les conservateurs utilisent une autre tactique destructrice en finançant les projets à court terme, sans donner un sou aux groupes pan-canadiens qui amorcent lesdits projets. Le Réseau d'action des femmes handicapées, par exemple, travaille actuellement sur la question de la violence exercée contre les femmes ayant un handicap, projet qui est financé par l'intermédiaire du programme Initiative en matière de violence familiale. Les militantes du Réseau analysent avec les femmes handicapées les rapports existant entre le fait de vivre avec un handicap, les agressions semelles perpétrées contre les femmes handicapées et les tendances suicidaires. Mais en même temps, les subventions qui servaient à défrayer le fonctionnement du Réseau ont été réduites à un point tel qu'il a dû fermer son secrétariat national. Comme d'autres groupes de femmes, il faut que les femmes handicapées aient les moyens de participer à la lutte pour l'égalité tout en s' organisant contre la violence sexiste.

Les conservateurs utilisent une autre tactique destructrice en finançant les projets à court terme, sans donner un sou aux groupes pan-canadiens qui amorcent lesdits projets. Le Réseau d'action des femmes handicapées, par exemple, travaille actuellement sur la question de la violence exercée contre les femmes ayant un handicap, projet qui est financé par l'intermédiaire du programme Initiative en matière de violence familiale. Les militantes du Réseau analysent avec les femmes handicapées les rapports existant entre le fait de vivre avec un handicap, les agressions semelles perpétrées contre les femmes handicapées et les tendances suicidaires. Mais en même temps, les subventions qui servaient à défrayer le fonctionnement du Réseau ont été réduites à un point tel qu'il a dû fermer son secrétariat national. Comme d'autres groupes de femmes, il faut que les femmes handicapées aient les moyens de participer à la lutte pour l'égalité tout en s' organisant contre la violence sexiste.

Le CCA, l'Organisation nationale des femmes immigrantes et des femmes des minorités visibles, le Congrès des femmes noires, lAssociation des femmes autochtones du Canada, Pauktuutit et le Réseau des femmes handicapées poursuivent en ce moment des projets à court terme sur la violence sexiste Ces organismes, qui n'ont pas pour vocation première de lutter: contre la violence faite aux femmes, peuvent cependent apporter une précieuse contribution en matière collecte de données, de réflexion et de stratégies. Non seulement devrait-on se réjouir de ces projets, mais le gouvernement devrait prévoir le financement des organismes qui les entreprennent dans tous ses programmes et trains de mesures.

L' attitude actuelle du pouvoir face aux groupes de femmes pan-canadiens doit changer, ce qui implique non pas une augmentation des dépenses gouvernementales, niais une simple redistribution des fonds. Face aux groupes de femmes, chaque mesure doit non pas viser le maintien du statut quo actuel, mais chercher à développer la coopération avec les groupes pour améliorer la situation. Ce qui implique que nous donnions, en tant que nation, la priorité à l'amélioration de la condition des femmes. qui vivent au Canada.

Il existe au sein de l'administration fédérale plusieurs organismes censés s'occuper de la condition des femmes. Mais l'existence de ces instances est actuellement en péril. Le Programme de promotion de la femme du Secrétariat d'État, principale source de subventions, fait l'objet de compressions budgétaires draconniennes. Le programme Initiative en matière de violence familiale, du ministère de la Santé et du Bien-être social, arrive au terme de son mandat et risque de disparaître en tant que source de financement de programmes d'action positive. Le secrétariat à la condition féminine est menacé d'extinction, ainsi que le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme. Tous ces organismes et programmes se sont écarté de leurs objectifs premiers, tels qu'ils furent présentés à la population. Jamais ils n'ont correspondu aux recommandations des groupes de femmes. Mais le programme néo-conservateur exige qu'on les détourne de leur vocation première du qu'on les élimine purement et simplement.

Le gouvernent fédéral doit coopérer avec les groupes de femmes pan-canadiens, et on les cooper

Nous avons toutes lu et cité le Rapport de la commission Fraser, le Rapport Badgeley, le Rapport Rix Rogers, le Rapport Homer sur là prévention du crime, et nous avons déjà pris connaissance du rapport du Comité canadien sur la violence faite aux femmes.

Si ces projets ont pu contribuer à l'avancement de là condition des femmes, c'est à chaque fois. directement attribuable au rôle et à l'influence des femmes et des militantes, que ce soit en tant que sources d' information au comme participantes au processus. (Le Comité canadien sur la violence faite aux femmes, par exemple, n'a tenu qu' une seule assemblée ouverte au public lors de ses audiences  dans les centres urbains; les rencontres étaient organisées au sein des groupes existants, qui invitaient les femmes avec qui ils travaillaient au avaient travaillé.)

Pour sa part, le Conseil consultatif canadien sur la situation de la femme a produit et diffusé plusieurs, documents très intéressants; citons entre autres La Femme battue au Canada: un cercle viceux (1980), Le Problème des femmes battues: mémoire et propositions au gouvernement fédéral (1982), Pour de vraies amoures. Prévenir la violence conjugale (1987) et le Rapport sur l'agression sexuelle au Canada (1981). Il convient de préciser que ces rapports sont dans une large mesure des compilations de notre travail sur le terrain. Ces documents ne rendent pas compte du travail du gouvernement ni de celui des professionnels, et ils n' auraient pas pu être produits sans nous, sans notre travail que ce même   gouvernement refuse de soutenir. Sans nous, ces documents produits grâce aux fonds fédéraux n'auraient pas eu grand-chose de pertinent à dire.

Les opinions et conclusions formulées dans divers rapports gouvernementaux, s'il leur arrive d'être perspicaces et parfois de défendre les initiatives des militantes féministes, sont celles qui ont réussi à passer à travers toutes la structure hiérarchique du pouvoir; ce sont les points de vue que le gouvernement tient à rendre publics. Il ne s'agit pas nécessairement des opinions que nous, celles qui réalisons le travail, choisirions de publier si nous avions la possibilité d'agir selon nos propres règles et de parler en notre propre nom.

Les travailleuses de plusieurs maisons d'hébergement ontariennes décidèrent un jour de se réunir pour partager la peine qu'elles éprouvaient à la suite de l'assassinat de femmes qu' elles avaient rencontrées dans les refuges. À partir de là, elles produisirent une étude approfondie intitulée "Women We Honour" (Les femmes que nous honorons). Elles découvrirent que personne n'avait étudié les homicides de femmes en Ontario, ni établi par conséquent que ce sont les conjoints qui mettent le plus souvent la vie des femmes en péril.

Au cours des vingt dernières années, les groupes de femmes tant locaux que nationaux ont généralement refusé de participer à' des recherches qui ne débouchaient pas sur Faction. Plutôt que de dénombrer les femmes en butte à la violence de leur conjoint, par exemple, nous avons préféré mettre, sur pied des équipes de secours et compté ensuite les femmes qui s'adressaient à nous. Plutôt que de débattre de ce qui pourrait aider, les femmes en difficulté, nous avons cherché à répondre aux besoins qu'elles exprimaient, pour ensuite compiler nos résultats et adapter nos théories en conséquence. Il ya toujours eu interaction entre notre théorie et notre pratique. Mais ce qui est peut-être encore plus important, c' est que cette démarche nous a permis d' examiner et d' analyser constamment l' impact potentiel de chaque réforme que nous proposions, que ce soit sur nous-même ou s'adressaient à nous.

Prenons par exemple Statistique Canada, qui decidait cette année de téléphoner à 1500 femmes pour leur demander si elles avaient déjà été agressées, à quelle fréquence, et si elles connaissaient leur agresseur. Cette enquête est financée par le programme Initiative en matière de violence familiale, du ministère fédéral de la Santé et du Bien-être social. Jamais nous n'aurions eu l'idée d'organiser un tel projet. Au mieux, il ne peut que confirmer ce que nous savons déjà. Au pire, il peut mettre les femmes en danger, au cas où quelqu' un lés entend répondre aux questions. Il se peut aussi que les résultats de cette enquête ne servent qu'à étayer les positions du gouvernement. Mais ce projet n'aidera en rien les femmes ni les groupes dont ces femmes ont besoin. L' enquête ne po se pas suffisamment de questions sur le pouvoir des hommes qui ont perpétré les agressions, ni sur ce qui aurait pu aider les femmes. Elle ne demande pas non plus quelles sont les politiques gouvernementales qui mériter aient dêtre Modifiées. Elle passera sous silence le Sort des femmes ayant un handicap, celui des femmes vivant en régions éloignées, ainsi que toute la dimension raciale, pourtant cruciale si on veut appréhender ce qu'est la situation des femmes. On a dit aux féministes de ne pas s'inquiéter pour les répondantes, parce que le programme de recherche prévoyait, bien sûr, un numéro de téléphone à l'intention des femmes ayant besoin d'appui ou de counselling.

Aucun groupe opprimé n'aime faire l' objet de recherches ou d'études menées par des gens de l'extérieur, qui viennent sonder l' horreur de sa situation. Ce que nous voulons, c'est une assistance et une coopération respectueuses, qui nous permettront d' améliorer notre situation. Comme les autres groupes opprimés, les femmes tendent à raconter ce qu' elles vivent aux personnes qui les aident à développer des moyens d' améliorer leur situation.

Quiconque explore ces problématiques et recherche des solutions sans parti pris ni préjugés en arrive a constater que la violence faite aux femmes et aux enfants est une dimension de l'oppression des femmes, et que les personnes les mieux informées, celles qui ont le plus d'idées sur ce qu'il faut faire pour améliorer les choses, sont justement les femmes qui subissent cette violence sexiste et qui, pendant vingt ans, se sont organisées pour là combatre, avec imagination et efficacité. Voilà où se situe l'expertise.

Les groupes de femmes deviennent également de plus en plus réticents à fournir des données pour les statistiques officielles sur l 'inégalité, alors quel'on ne, tient aucun compte de leurs méthodes, de leurs analyses et de leurs perspectives dans les recommandations émises. Tout comme les femmes qui-subissent individuellement la violence, les groupes de femmes sont en train d' unir leurs forces afin d' être entendus et d' obtenir de réformes.

Le gouvernement fédéral s'étant montré peu enclin à favoriser une telle unité, les groupes de fë trimes pan-canadiens ont exploité les rares occasions offertes inscrites sur le calendrier gouvernemental. Mentionnons par exemple le Colloque national sur les femmes, le droit et l'administration de la justice, qui s'est tenu en 1991. Bien entendu, les groupes de femmes ne constituaient qu' une minorité parmi les gens invités à critiquer l'appareil judiciaire et la façon dont il fonctionne au détriment des femmes. Shelagh Day, viceprésidente du CCA, est venue troubler une intimidante assemblée de juges et de politiciens en annonçant une rencontre parallèle des groupes de femmes oeuvrant pour les droits à l' égalité, dans le couloir. Par la suite, ces rencontres parallèles ont eu lieu après les sessions du colloque, les organisateurs n'ayant jamais reconnu la nécessité pour les femmes de se réunir entre elles, ni pensé aux bénéfices que le colloque pourrait en tirer. Ces réunions en caucus nous ont appris une nouvelle conception de l'unité. Les femmes de couleur ont réclamé et obtenu que tous les groupes de femmes abordent le racisme en tant que réalité concrète de la vie des femmes. Les femmes qui faisaient de l'organisation en milieu ouvrier ont demandé là collaboration des autres groupes pour que l'on modifie les premières ententes afin d'y inclure l' expérience et les besoins des femmes pauvres. À la fin du colloque, les groupes de femmes, dans la plus parfaite unité, ont pris le contrôle de la plénière finale et propose-plusieurs pages de recommandations minimales nécessaires pour assurer le respect des droits des femmes. Elles ont émis des recommandations sur tout, depuis l'effet cumulatif du racisme jusqu' aux effets pernicieux du droit de la famille, en passant par la dénonciation d'un gouvernement qui cherche à saper les garanties constitutionnelles en attaquant toutes les contestations judiciaires portant sur la Charte.

Le gouvernement fédéral a réagi à ces revendications. Si ces demandes étaient simplement restées consignées dans les notes personnelles des délégués en atelier, il est peu probable qu'il ait jugé bon d'y donner suite. Et ce qui est peut-être aussi important, chaque participante féministe n'aurait jamais eu accès à l'expérience et aux idées des femmes travaillant dans d'autres domaines et qui appuyaient ses recommandations.

Depuis, des réunions en caucus destinées à stimuler les réflexions et accroître le poids des groupes de femmes ont été convoquées dans tous les colloques et consultations organisés par le gouvernement. Souvent les représentantes y développent l' unité et la détermination collective nécessaires pour appuyer leurs revendications.

Lors de ce même colloque, les représentantes des centres contre le viol approchèrent Kim Campbell au sujet de la protection des plaignantes dans les causes d' agressions sexuelles. Cette requête fut inscrite dans le cahier de revendications du caucus femmes, et fortes de l'expérience prometteuse de ce même caucus, les femmes des centres, étaient prêtes à revenir sur le sujet à la prochaine occasion.

Lorsque la ministre de la justice demanda qu' on lui apporte des suggestions concernant le projet de loi C-49, qu'elle souhaitait présenter en décembre de la même année, l'Association des centres contre le viol organisa une vaste consultation dans l'ensemble du mouvement pour recueillir informations ou témoignages se rapportant au projet de loi modifiant les dispositions en matière d' agression sexuelle. Les groupes auto-organisés de femmes battues travailleuses domestiques, avocates, prostituées lesbiennes, femmes handicapées... toutes furent invitées à do Ieuravis, conseiller le gouvernement.

Cette démarche fut un tel succès pour les groupes que lorsque le ministre de la justice Blais annonça en avril1992 un projet de législation contre le harcelèment avec menaces perpétré par les ex-conjoints, les groupes de femmes amorcèrent immédiatement un processus de consultation similaire. Lorsque le ministre n'invita qu' un petit nombre de groupes dans le cadre d'un "echange d' informations", sans organiser de consultation, les groupes dé femmes protestèrent. Ils voulaient voir le projet, savoir si le gouverne ment comptait utiliser les choses recueillies: lors. des consultations entourant la réforme des dispositions sur les agressions sexuelles, savoir si la nouvelle loi aiderait toutes les femmes; ils voulaient aussi avoir l'assurance aile les nouvelles dispositions seraient appliquées, vu que les lois existantes ne l'étaient pas. Mais dans touns les cas, ils refusèrent de parler au nom des femmes qui n'avaient pas été invitées. Ils réclamèrent des consultations constructives avec tous les groupes de femmes qui avaient participe aux consultations entourant le projet de loi C-49.


RECOMMANDATIONS

1. Aujourd' hui, les femmes du Canada réclament, dans chaque collectivité et communauté du pays, la présence d' un centre d' aide aux victimes de viol et d'une maison de d'hébergement autonomes et contrôlés par les femmes.

2. Toutes les fernmes doivent avoir accès aux services pour femmes, ce qui nécessite au préalable une multitude de mesures. Certains groupes de femmes ont besoin d'un budget pour défrayer les déplacements des femmes de milieu rural dans les centres plus importants; d' autres ont besoin d'argent pour embaucher des femmes ayant des qualifications et une orientation spécifiques, afin de pouvoir répondre aux besoins complexes de leur milieu; certains services doivent être conçus par et pour des groupes de femmes partageant la même oppression au la même situation. En 1993, il est injustifiable que les femmes n' aient pas accès aux services dont elles ont besoin a cause des politiques gouvernementales.

3. Le gouvernement fédéral doit assumer ses responsabilités et imposer aux provinces des normes nationales en matière de programmes sociaux, et justifier le bien-fondé de ces normes en partageant les coûts des programmes, afin que les femmes de toutes lès provinces et de tous les territoires aient accès à ces secours et cette assistance.

4. Nour recommandons l' application de normes et critères féministes ence qui regarde le financement des services de premiere line, a savoir:
a. L' autonomie des services. par rapport aux instances gouvernementales, aux services sociaux et aux-professionnels et institutions charges de l'application de la loi;
b. Des structures internes qui favorisent des rapports égalitaires;
c. doivent embaucher leur personnel parmi les femmes du milieu qu'ils desservent et être contrôlés par les femmes de ce même milieu (en tenant compte de l'appartenance raciale, des classes et du handicap);
d. Un contrôle strict de la confidentialité;
e. Les organismes doivent fournir aux femmes des renseignements pertinents et valides;
f. Ils doivent compiler fidèlement et sans préjugé ni parti pris les informations que leur transmettent les femmes sur leur agresseur;
g. Ils doivent prévoir l' aménagement d’un espace non mixte et contrôlé par les femmes pour pleurer, se consoler, discuter, planifier ... ;
h. Ils doivent être activement engagés dans les luttes menées pour promouvoir l'égalité des femmes (y compris les luttes pour le libre choix, le droit à l'orientation sexuelle de son choix, et l'égalité économique).

5. Ce sont là les seuls critères qui peuvent et doivent être appliqués. Les groupes de femmes ne se conformeront pas, et ils ne doivent pas le faire, aux modèles organisationnels ou aux normes et pratiques de professions ou d'institutions qui n'ont jamais répondu aux besoins des femmes de manière satisfaisante, et qui ne le font toujours pas.

6. Le gouvernement fédéral doit financer le travail d'action positive que mènent les centres pour freiner et éliminer la violence sexiste. Il doit réallouer des fonds au Programme de promotion de la femme pour financer les volets qui, dans chaque centre féministe de lutte contre la violence, cherchent à améliorer, par des mesures systémiques et positives, la condition des femmes.

7. Le gouvernément fédéral doit également financer tant qu' action positive le travail communautaire mené par les organisations créées par et pour les femmes immigrantes, les femmes handicapées, les femmes autochtones, et les lesbiennes.

8. Aucune de ces recommandations ne petit être adoptée au détriment des autres. Le Canada a besoin d' un réseau intégré, et complet de services, activé par la présence de groupes de femmes et d' organismes qui défendent plus particulièrement les intérêts et les droits de groupes spécifiques de femmes et qui sont à l'écoute de leurs besoins.

9. Le budget affecté au soutien systématique du travail à la base et administré par le Programme de promotion de la femme doit être reconduit tant que les changements nécessaires n'auront pas été mis en place dans chaque communauté ou collectivité.

10. Tout partenariat avec des églises, des entreprises ou avec l'État doit être librement décidé par les groupes de femmes, et non imposé ou préconisé par le gouvernement.

11. Le gouvernement fédéral doit revenir sur sa décision de refuser tout financement de base aux trois associations nationales de services féministes de première ligne, à savoir l' Association canadienne des centres contre le viol, l' Association des maisons de transition et l'Association des centres de femmes. Ces trois organismes ont besoin d'un budget de fonctionnement, de services de traduction et d'un accès direct aux équipements, ressources et édifices gouvernementaux.

12. Le gouvernement fédéral devrait financer les projet expérimentaux, et rétablir le financement de base de organismes de femmes qui entreprennent des projet novateurs, il devrait immédiatement allouer des fond au Réseau d'action des femmes handicapées du Canada.

13. Le gouvernement fédéral doit réinstaurer le Programme de contestation judiciaire avec certaines améliorations ce programme doit être totalement indépendant du gouvernement et fournir aux groupes oeuvrant en faveur de l' égalité une aide financière équitable.

14. Le gouvernement fédéral, lorsqu'il prépare des réformes aux lois relatives à la violence faite aux femmes, doit organiser des consultation constructives, sur le modèle des consultations qui ont entouré l'élaboration du projet de loi C-49: les participantes à ces consultations seront désignées par les groupes de femmes pan-canadiens devront avoir la possibilité de se rencontrer au sein leurs propres structures et selon un processus qu' elles-mêmes auront déterminé, pour en arriver à des positions éclairées et émettre des recommandations precisés, tout en informant le gouvernement des positions qu'elles partagent et des positions qui leur sont propres.

15. Les organes gouvernementaux qui veulent consulter les organisations nationales de femmes doivent prévoir le tem ps et l' argent nécessaires pour leur permettre de se consulter et de consulter les femmes dont elles représentent les intérêts. Le gouvernement doit être prêt à accorder aux avis et opinions de ces groupes le crédit politique qu' ils méritent.

16. Le gouvernement fédéral doit organiser une consultation avec les groupes de femmes pan- canadiens pour préparer dans les plus brefs délais une stratégie à long terme visant à combattre la violence faite aux femmes ainsi que ses fondements juridiques et sociaux.

17. Le gouvernement fédéral doit éviter les réformes législatives et sociales fragmentaires et sans plan d'ensemble. On n'arrivera à rien en banalisant un problème complexe. Toutes les réformes législatives doivent s'inspirer de la Charte et toutes les réformes sociales doivent générer des changements positifs pour les femmes, entre autres pour les femmes qui subissent des oppressions multiples.

UP