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Recommandations Au Gouvernement Fédéral 
pour en Finir avec la violence faite aux femmes 

2° partie

http://www.casac.ca/French_Pages/99rec-deuxieme_partie.htm

Dans le ventre de la bête

Rares sont les Canadiennes et Canadiens qui ignorent encore l’ampleur de la violence exercée par des hommes contre les femmes et les enfants. Une femme sur quatre sera agressée à un moment ou à un autre de sa vie. Une petite fille sur huit sera agressée sexuellement avant la puberté. Une femme sur dix est battue ou molestée par son mari ou son conjoint. Les fermes sont agressées par des hommes qu’elles connaissent Et la situation est encore pire pour les femmes de couleur et les femmes autochtones, comme la plupart d’entre nous le savent. Une étude menée en Ontario a révélé que huit femmes autochtones sur dix avaient été agressées ou victimes de sévices. Quatre femmes handicapées sur dix. auraient été victimes de viol, d’abus sexuel ou d’agression.

Cette conscience généralisée du problème de la violence faite aux femmes est une source de fierté pour les militantes des centres contre viol, des associations des maisons d'hébergement et de l'Association des femmes autochtones de l'Ontario, qui ont eu le mérite d'avoir recueilli ces données et révélé cette réalité à la population canadienne.

Ces chiffres compilés par les centres de, femmes, les maisons d'hébergemement et les centres d'aide aux victimes de viol de toutes les régions du pays, ont été confirmés par d'autres recherches et rapports adressés à l'appareil judiciaire et au gouvernement fédéral. Mais les femmes n'ont plus confiance dans le gouvernement et les institutions publiques, parce qu'ils n'ont pas pris de mesures pour mettre, un terme à la violence sexiste, et ont directement freiné l'adoption de mesures progressistes visant à mettre un terme à cette violence.

Les fermes et les groupes appartenant au CCA comprennent aussi très bien la relation socio-économique qui existe entre les hommes qui agressent et les femmes qui sont agressées.

Les femmes ne sont pas nées victimes; elles sont placées, par les mécanismes juridiques et politiques, dans des situations où elles ne peuvent e échapper à la victimisation, à moins d'employer la force brute ou de faire appel aux sentiments humains de chaque agresseur potentiel. Il nous faut développer les mécanismes et trouver les ressources nécessaires pour nous regrouper, prévoir des issues de secours, influencer notre milieu et réunir nos forces en attendant un jour meilleur.

Aucun homme détient assez de pouvoir pour détruire à lui tout seul la vie de femmes et d'enfants. Ils nous, faut développer les mécanismes et les ressources nécessaires pour rendre légalement et politiquement responsable chaque institution qui contribué à préserver le pouvoir de cet homme, qui refuse de tenir compte du danger qu'il représente, qui refuse de donner suite aux plaintes et aux griefs des femmes, qui contribue à l'absence d'information et de protection des femmes, et qui participe à l'entreprise de subordination des femmes.

En travaillant avec les, survivantes, nous avons pu identifier un grand nombre des tactiques utilisées par les hommes pour acquérir et exercer le pouvoir d'agresser et de contrôler les femmes. Il s'agit ici, essentiellement, de mécanismes dans lesquels le gouvernement fédéral joue un rôle, et il est donc de sa responsabilité, envers nous toutes, de cesser de collaborer à des pratiques qui oppriment les femmes. En un mot, les privilèges excessifs des hommes bloquent le droit démocratique des femmes de participer à la vie sociale et de façonner notre société.

Les groupes de femmes ont choisi de mettre l'accent sur ce qu'il faut faire, plutôt que de répéter les histoires d'horreur vécues par des femmes ou les données accumulées sur la violence faite aux femmes. Nous allons passer en revue, par ordre de fréquence, les aspects du pouvoir social, juridique et économique que les hommes utilisent de la manière la plus destructrice contre les femmes et leurs enfants. Nos recommandations sont axées sur les réformes fédérales les plus aisément applicables dans l'immédiat il n'est pas nécessaire d' alourdir l'intervention de l'État; il convient plutôt de corriger l'intervention du gouvernement telle qu'elle existe déjà.

Les hommes se servent de leur position au sein de la famille pour agresseur les femmes

Si on regroupait les hommes qui agressent les femmes, la catégorie la plus importante serait sans conteste celle des époux, ex-conjoints, pères et beaux-pères. Partout les femmes disent que: ce sont les hommes de leur propre famille qui constituent le plus grand danger pour elles et leurs enfants.

Les femmes qui luttent pour sortir de la victimisation insistent pour dire que les hommes de leur famille ont possé dé le pouvoir social et juridique de les agresser et d'agresser leurs enfants. Comment expliquer autrement les terribles statistiques? "Chaque année, une femme mariée ou vivant avec un homme sur dix est battue!" Selon le rapport intitulé Women We Honour (Ces femmes que nous honorons) et publié en 1992, entre 64 et 82% de tous les cas de fémicide résolus en Ontario entre 1974 et 1990 étaient des "fémicides conjugaux" (des femmes tuées par leur partenaire masculin). «Il est incontestable que ces meurtres constituent la grande majorité de tous les fémicides connus!" (Le taux de fémicide conjugal en Ontario est tout à fait similaire à celui qu'on retrouve dans l'ensemble du Canada).

Bien entendu, les services féministes travaillent généralement avec des survivantes qui peuvent raconter de manière concrète comment elles ont été piégées par la loi, les politiques et les pratiques gouvernementales. Leurs témoignages donnent en quelque sorte les "nouvelles du front', dans une guerre qui se mène au sein des foyers.

A. LES HOMMES QUI AGRESSENT LEUR CONJOINTE…

Les conjoints, qu'il s'agisse des époux ou des conjoints de fait amorcent et intensifient leurs actes de violence lorsque les femmes perdent un certain pouvoir économique et social au sein de la relation qu'elles entretiennent avec eux. La tyrannie du conjoint s'intensifie dans les situations où les femmes sont obligées de dépendre Ceux, par exemple lorsqu'elles sont enceintes, quelles développent un handicap physique, qu'elles perdent leur emploi ou se retrouvent socialement isolées à la suitè d'un déménagement ou parce que le conjoint éloigne par un comportement hostile leur :famille ou leurs relations. Parfois, le conjoint violent détruit lés relations sociales de sa femme et sa position économique pour accroître sa dépendance vis-à-vis de lui.

Selon les témoignages des femmes qui ont été battues et violées par leur man, celui-ci peut aussi commencer à poser des gestes violents et à intensifier cette violence quand la femme. acquiert un certain pouvoir social et économique. Sa tyrannie augmente à mesure qu'elle développe son autonomie. Par exempIe, lorsque le dernier enfant commence à aller à l’école, lorsque la femme trouve un nouvel emploi ou accroît son réseau d'ami-e-s et de contacts. Parfois, le conjoint violent cherche délibérement à saper toute possibilité d'autonomie plutôt que devoir. La autonomie. Par exempIe de sa femme changer au sein de la relation.

Il arrive que ces mêmes maris intensifient leur brutalité lorsque les femmes autonomie. Par exempIe leur autonomie en les quittant. Selon des données récentes, les femmes et les enfants courent encore le risque d'agressions violentes et sont même en danger de mort, durant une période d'environ dix-huit mois après la rupture de la relation.

Certains hommes prétendent que leur position au sein de la famille leur confère un pouvoir absolu et des privilèges sexuels sur le reste des membres de la famille. S'ils ne parviennent pas à dominer leur femme, ils s'en serviront pour justifier leurs agressions à l'endroit de leurs enfants. Parfois, c'est en menaçant de s'en prendre aux enfants qu'ils obligent leur femme à se soumettre. Dans certains cas, rien ne peut garantir la sécurité des enfants, quel que soit le degré de soumission de la femme. Un grand nombre de ces hommes violent leur femme après l'avoir battue. Certains prétendent même que c'est une façon d'entamer la réconciliation.

Certains hommes violent encore leur femme et affirment qu'ils en ont légalement le droit. Ils prétendent ignorer ou ne pas comprendre que depuis 1983, le viol entre époux est un crime. Peut-être cette situation ne fait-elle que montrer que cette législation n'est toujours pas appliquée par le système de justice pénale.

En outre, les femmes qui s'adressent surtout aux organismes de femmes racontent que les conjoints violents s'attaquent aussi physiquement et sexuellement à leurs enfants, en particulier les enfants de sexe féminin.

Les chiffres actuels montrent que la violence maritale exercée durant la grossesse entraîne un nombre significatif de malformations à la naissance. March of Dimes a conclu que la violence conjugale exercée sur les femmes enceintes causait plus de malformations chez les nouveaux-nés que toutes les maladies contre lesquelles les enfants sont généralement vaccinés.

Les centres n'ont rien trouvé qui prouve que les hommes des milieux pauvres soient plus violents que leurs homologues des classes moyennes et supérieures; ils n'ont pas établi non plus que les hommes de couleur ou les hommes autochtones agressaient leur conjointe dans une supérieure à celles des hommes blancs. En fait, certaines, données indiqueraient lé contraire.

Les hommes qui battent et qui battent et violent leur conjointe considèrent leur comportement comme une violation des droits de celle ci, ou comme du sexisme. Les femme aimeraient bien penser que les programmes destinés à amender les conjoints violents peuvent donner des résultats, mais à ce jour, cela a été rarement lé cas. Ce sont plus souvent les femmes, et non les premiers intéressé, qui s'adressent à ces services pour qu'ils aident des hommes violents de leur entourage familial. Rares sont les conjoints violents qui décident de leur propre initiative de suivre un programme de counselling ou une thérapie. En général, ils le font lorsque la femme à cherché à rompre la relation ou lorsque le tribunal leur a ordonné de le faire. Très rares sont les hommes qui poursuivent leur traitement ou leur thérapie après le retour de leur conjointe (celle-ci revient dans l'espoir qu'il a changé) ou bien une fois qu'ils ont décidé qu'elle ne reviendrait pas, ou encore après l'expiration du délai ordonné par le tribunal pour éviter les poursuites ou la prison.

Selon les femmes concernées, les thérapeutes qui s'occupent de conjoints violents doivent compter sur les femmes pour pouvoir travailler, parce que les hommes continuent a mentir, même sur les choses les plus simples. Trop souvent les femmes courent le risque de subir d'autres agressions parce qu'elle placent un trop grand espoir dans la capacité du thérapeute de "guérir" leur conjoint; elles sont moins sur leurs gardes et se retrouvent en position de vulnérablilité.

Comme l'affirmait le mémoire présenté en 1991 par l'Association canadienne des centres contre le viol au Parlement l'homme qui regrette ses actes au point de prendre l'initiative de suivre un programme de thérapie sans qu'un tribunal le lui ordonne ou sans qu'il soit convaincu de perdre sa position au sein de la famille, est une exception.


B. ... ET LEURS ENFANTS... L'INCESTE

Dans la majorité des cas d'agressions sexuelles contre des enfants rapportés aux organismes de femmes, l'agresseur est le père (qu'il s'agisse du père biologique ou du père "social") et la victime est une petite fille ou une adolescente. Les pères agressent aussi les garçons, en particulier s'ils n'ont pas d’enfant de sexe féminin à leur disposition. On nous a aussi signalé des cas d'enfants molestés ou agressés sexuellement, surtout des filles, par d'autres hommes de la famille: grands frères, ondes, grands-pères et "amis" considérés comme faisant partie de la famille.

La plupart des hommes qui agressent des enfants (garçons et filles) se définissent comme hétérosexuels et c'est ainsi qu'on peut les qualifier quand on regarde leurs autres pratiques sexuelles et leur style dévie.

Un nombre considérable d’enfants qui sont retirés de la gardé et de la protection de leur mère font l'objet d’agressions et dé sévices de la part d'hommes associes a des figure "paternelles". Les agresseurs dont on nous a parlé sont des prêtres, des enseignants, des pères adoptifs, des travailleurs dé garderie, des membres du personnel soignant dans les institutions de santé et du personnel des écoles de "réforme". Si l’homme revêtu d'un rôle paternel est de race blanche et que les enfants ne le sont pas, les possibilités d’agression augmentent; même chose si le père substitut n’a aucun handicap et que les enfants sont handicapés.

Les pensionnats ont détruit les liens sociaux de communautés autochtones entières, et les enfants se sont retrouvés à la merci d’hommes blancs qui 1es molestaient. Tout aussi vulnérables ont été les enfants enfermés dans des institutions pour enfants handicapés et enfants pauvres.

Nombreuses sont les femmes qui décident aujourd'hui de rompre le silence pour dénoncer les sévices que leur ont infligés leurs pères, les hommes de leurs familles et les hommes qui "s'occupaient" d'elles. Citons parmi les révélations les plus récentes celles des femmes qui ont témoigné dans l'affaire de l'évêque O'Connor, à Williams Lake, en Colombie-Britannique, celles des pensionnaires de l'école pour sourds de Jéricho et celles des jeunes femmes pensionnaires de l'école Grandview, en Ontario. Pratiquement chaque centre de l'Association canadienne des centres contre le viol rapporte une augmentation des appels de femmes adultes qui ont subi des sévices sexuels durant leur enfance. En rompant le silence, ces femmes demandent que l'on sanctionne socialement leurs agresseurs ainsi que les hommes en position de pouvoir qui ont couvert leurs exactions.

C. LEURS SOEURS, LEURS MÈRES, ET LES AUTRES...

Les hommes tirent avantage de leur position dans la famille ou en rapport avec des familles pour agresser des femmes adultes, en particulier des femmes âgées, des femmes ayant un handicap physique ou mental qui sont obligées de dépendre d'eux. Nous recevons de plus en plus des témoignages de femmes âgées ou de femmes handicapées concernant des hommes qui les molestent sexuellement et physiquement: fils, grands frères, tuteurs légaux et "soignants".

D. SORTIR AVEC SON "CHUM": UNE "PRÉPARATION AU MARIAGE"...

Selon les témoignages recueillis par les centre d'aide, il y a moitié autant de femmes qui rapportent des agressions commises lors de rendez-vous et de sorties que de femmes rapportant sêtre fait agresser parleur conjoint. Les hommes utilisent toute une panoplie de tactiques coercitives, depuis la séduction jusqu'à la menace de salir la réputation de la femme ou de l'ostraciser socialement. Ils agressent sexuellement les femmes, les violent et les battent. Ils posent ces actes dans leur automobile, chez eux ou au domicile de leur victime, lors de rencontres sociales ou parfois dans les endroits publics.

Certains estiment. qu'ils ont le droit de contrôler "leurs" femmes, d'autre pensent que leur comportement est une façon acceptable de "faire la cour".

Dans ces situations, les hommes reproduisent le comportement et les attentes des hommes mariés. Ils prennent pour acquis qu'ils ont sexuellement accès aux femmes, ainsi que le droit de contrôler socialement les femmes et les jeunes filles. Or, imposer des relations sexuelles à une femme sans son plein consentement, c'est commettre un viol. Si la femme qu'ils cherchent à soumettre conteste leur prétentions, ils recourent souvent à la violence physique.

Dans les relations amoureuses comme dans le manage, les hommes peuvent refuser le droit à une femme de rompre. Les maisons de transition et les centres d'aide reçoivent fréquemment des appels de femmes qui ont été battues ou violées par d'anciens "petits amis".

Parmi les témoignages, on compte aussi un nombre significatif d'agressions perpétrées sur une femme par une bande d'adolescents ou d'hommes. Ces viols collectifs s'amorcent généralement au cours de parties ou de soirées, et sont perpétrés dans des endroits contrôlés par les hommes, comme les clubs, les dortoirs ou les locaux de fraternités étudiantes. L'alcool est généralement présent, quand les agresseurs sont des étudiants de collèges ou d'universités.

Souvent les travailleuses des centres d'aide ne peuvent pas faire la distinction entre les viols commis par des "chums" et l'abus sexuel d'enfants, parce que les victimes peuvent n'avoir que 12 ou 13 ans. Quand l'agresseur est du même âge qu ces jeunes femmes disent qu'elles ont été violées par un copain avec qui elles sortaient.

RECCOMANDATIONS

18. On ne peut combattre efficacement la violence masculine au sein de la famille par des programmes de prévention du aime, de santé publique ou de santé mentale. Ce problème est de toute évidence indissociable de la condition faite aux femmes au Canada, et c'est en ce sens qu'il faut l'aborder (toutes les politiques et les mesures doivent partir de cette analyse, pour éviter que les autorités n'exploitent cyniquement l'indignation de la population pour financer des programmes inopérants et stupides).

19. Les femmes doivent disposer de solutions de rechange économiques, pour ne pas demeurer dans, des familles où elles sont en danger.

20. Les femmes doivent bénéficier d'un salaire égal et de l'égalité des chances sur le marché du travail.

21. Les programmes sociaux doivent alléger le fardeau des femmes, sur qui repose la responsabilité de s'occuper des personnes âgées, des malades et des démunis; en ce sens, il nous faut un système d'assurance-maladie universel, et accessible à toutes et tous, des pensions de retraite convenables, un réseau universel de services de garde, et un: revenu annuel garanti suffisant

22. Tout ce qui prive une femme de ses droits en matière de procréation peut devenir un arme aux mains d'un embre de la famille exerçant un pouvoir abusif. Les lois fédérales doivent servir à faire respecter le droit de chaque femme de contrôler son corps et à éliminer les pratiques comme la stérilisation forcée, les grossesses et les avortements imposés, les expériences menées sans le consentement des femmes en matière de procréation, en insistant plus particulièrement sur la protection des droits des femmes autochtones, des femmes de couleur, des femmes ayant un handicap mental ou physique, et des lesbiennes.

23. Ils faut prévoir immédiatement des ressources pour aider les femmes qui décident de rompre leur relation avec leur mari ou leur conjoint de fait

a. Une aide financière pour leur permettre de déménager, de trouver un logement où elles seront en sécurité, et de vivre cette transition dans des conditions décentes. (À l'heure actuelle, les femmes n'ont aucune garantie en ce sens. Cela dépend du bon vouloir des travailleurssociaux, et des différentes politiques en vigueur dans chaque province).

b. Des services d'aide juridique pour régler la question de la garde des enfants et de la séparation des biens, et pour conseiller les femmes sur les recours criminels ou civils (à l'heure actuelle, ce droit n'est pas garanti aux femmes dans tout le pays).

24. Les femmes qui signalent qu'elles sont menacées par un membre de leur famille doivent bénéficier de l'aide immédiate de la police:

a. Partout au Canada, les corps policiers doivent donner une plus grande priorité aux appels à l'aide de femmes agressées chez elles. Tout service de police doit placer ce type d'intervention au premier rang de ses priorités, parce que c'est le premier facteur du risque pour le bien-être &une majorité de la population.

b. Il faut donner des directives aux policiers pour qu'ils prennent pour acquis que les femmes disent la vérité; comme on a pu le constater depuis vingt ans, les fausses alertes demeurent très rares, alors que la police a mis la vie d'un nombre considérable de femmes et d'enfants en péril en évaluant la situation d'une autre manière que les femmes concernées.

25. Les femmes victimes ont besoin d'être défendues par des personnes ou des services indépendants de l'appareil judiciaire et qui participent à la lutte pour l'égalité des femmes. Le gouvernement fédéral ne doit plus aider financièrement les corps policiers à mettre sur pied les Programmes d'assistance aux victimes alors que ce sont les maisons de transition, les centres de femmes et les centres d'aide aux victimes de viol qui constituent les services les plus efficaces et les plus en demande.

26. Les maisons de transition, les centres d'aide aux victimes de viol et leurs programmes doivent devenir une priorité économique du gouvernement fédéral. Rien ne justifie l'absence de ces ressources et programmes de prévention indispensables aux femmes qui décident de sortir d'une situation dangereuse.

27. Le gouvernement fédéral doit respecter sa promesse et financer les maisons d'hébergement pour les femmes autochtones vivant sur les réserves.

28. Il faut prévoir des logements accessibles et à prix modique pour les femmes et les enfants après la période de crise, si l’on veut leur permettre de vivre cette "transition" dans des conditions décentes.

29. Le gouvernement devrait créer des commissions d’enquête publiques dotées de mandats larges dans les cas où les services de police ne protègent pas les femmes et leurs enfants au sein de la famille.

30. Le système judiciaire a procédé à une auto-évaluation générale (comme en témoigne le grand nombre d’études publiées depuis les cinq dernières années), démarche qui a révélé l’existence de préjugés raciaux, de préjugés de classe et de préjugés sexistes.
    Il appartient au gouvernement fédéral de veiller à ce que les femmes de toutes lés regions du Canada ait gratuitement accès a l’aide juridique, à des services d’aide et de consultation juridique qui les assistent a chaque étape de leur démarche, quand elles décident dé quitter le foyer, de porter plainte, de témoigner et de poursuivre le membre de leur famille qui les a agressées et les institutions qui ont donné à cet homme pouvoir de les agresser.

31. Le gouvenement fédéral devrait libérer les femmes purgent une peine de prison pour s’être défendues contre leur conjoint violent (l’Association canadienne des associations Elizabeth Fry a déjà recensé quatorze cas de ce genre).

32. Le gouvernement fédéral doit changer la Loi sur l’immigration afin de protéger les femmes victimes de violence dans leur famille.

a. Il faut garantir aux femmes immigrantes le droit de rester au Canada au cas où elles dénoncent les actes de violence des conjoints qui les parrainnent;

b. Il faut modifier les lois sur le parrainage pour que les femmes obtiennent le statut d’immigrante reçue à leur point d’entrée. Rien ne nécessite que l’on renforce leur dépendance à l’égard de leurs conjoints ou des gens qui les parrainent;

c. Le gouvernement fédéral doit inciter Emploi et Immigration Canada à développer une politique qui garantisse aux immigrantes parrainées qui n’ont pas épousé dam les délais requis les hommes qui les parrainent parce qu’ils les agressent, qu’elles ne seront pas expulsées.

33. Le gouvernement fédéral doit faire cesser les pratiques coercitives exercées contre les femmes qui témoignent contre leurs agresseurs:

a. Les menaces d’accusations d’avoir troublé la paix, de placement des enfants, etc., sont inacceptables.

b. Les femmes ne doivent pas être obligées de participer à des processus de médiation ou de négociations avec un conjoint violent.

34. Le gouvernement doit adopter une attitude positive à l’égard des femmes eh ce qui à trait aux familles non traditionnelles. Il faut que les relations lesbiennes bénéficient d’une reconnaissance sociale et juridique. Le gouvernement ne doit plus entériner l’ingérence des pouvoirs publics en ce qui concerne la garde des enfants de mères lesbiennes. Rien ne prouve que les enfants élevés dans ces familles courent des risques particuliers. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que les hommes invoquent ces risques hypothétiques pour priver les mères lesbiennes de la garde de leurs enfants.

35. Un mari violent ne peut être un bon père.

a. Dans les cas où les hommes ont été reconnus coupables de violence conjugale, les femmes doivent disposer d’un mécanisme juridique pour les priver de leurs droits parentaux;

b. Lorsqu’il existe le moindre soupçon de violence conjugale, il est extrêmement dangereux d’accorder automatiquement aux hommes un droit. de garde et d’accès (et par conséquent la possibilité d’un contact direct. avec leur ex conjointe).

c. La tendance en faveur de la garde partagée obligatoire, ainsi que l’application par les-juges du principe de règlement à l’amiable entre les parents, sont tout aussi dangereuses. La violence faite, aux femmes et aux enfants au sein de la fa famille est très répandue, et le gouvernement ne fait toujours rien pour réduire ce phénomène ou même pour le reconnaître sur le plan juridique. Dans les cas où les femmes dénoncent les agressions, et où le gouvernement décide de pas porter d’accusations, cela ne veut pas dire que, parce qu’à ne l’a pas fait, les femmes et les enfants ne sont pas en danger.

36. Étant donné toute l’information que nous possédons, il est injustifiable que les règlements et pratiques en vigueur dans les institutions de soins pour bénéficiaires laissent au personnel masculin la possibilité d’agresser des femmes et des enfants en résidence. Il faut organiser les soins de façon à assurer la sécurité des résidentes (faire en sorte, par exemple, que les soignants ne soient jamais seuls avec une patiente). Le fait de vérifier l’existence d’un casier judiciaire à l’embauche est une pratique ridicule (dans la mesure où les hommes agresseurs ne sont pas criminalisés) et ne doit pas servir de bouclier juridique aux institutions.

37. Aucune catégorie de la population ne désire autant la mise sur pied de programmes destinés aux conjoints violents que les femmes qui vivent cette situation. Toutefois, les programmes de thérapie individuelle ne donnent guère de résultats. À notre avis, tant que le gouvernement n’adoptera pas des mesures systémiques en faveur de l’égalité des femmes, les choses en resteront là. Les fonds publics fédéraux devraient servir à élargir les possibilités des femmes dans un sens systémique. Les budgets affectés à l’amélioration de la situation des femmes ne doivent financer des programmes pour hommes violents, qui s’avèrent inopérants. Certains programmes mis en oeuvre dans des petites communautés autochtones semblent toutefois beaucoup plus prometteurs: les hommes violents y sont confrontés en" tant que groupe, et toute la communauté est informée et participe au processus; en outre, en établissant un lien entre la violence masculine et l’oppression coloniale, on peut aussi amener les hommes et les femmes à travailler ensemble . Mais l’Association des femmes autochtones du Canada, s’oppose vivement à ce que les contrevenants échappent à la justice parce qu’ils participent à ces programmes de counselling autochtones.

38. Le gouvernement fédéral dispose des moyens législatifs pour empêcher les hommes violents de menacer et d’agresser leurs ex-conjointes; ce harcèlement peut parfois se prolonger pendant deux ans après le départ de la conjointe. Les femmes veulent que ces dispositions soient appliquées. Le gouvernement fédéral doit promouvoir les injonctions restrictives permanentes (obligation de garder la paix) et encourager les juges à considérer que ces ordonnances sanctionnent le comportement d’un homme à l’égard des femmes, pas seulement une relation particulière Les injonctions restrictives mutuelles sont ridicules et doivent être bannies.

39. Les politiques fédérales doivent permettre aux jeunes femmes d’accéder à l’autonomie économique.

40. Le gouvernement fédéral doit aider les jeunes femmes à tenir les adultes en position d’autorité responsables des agissements des jeunes gens dont ils ont la garde ou sur qui ils exercent une influence. Les universités et les collèges doivent être poursuivis au civil et soumis a des enquêtes publiques. Dans certains cas, le personnel doit être personnellement tenu responsable d’avoir fourni les moyens ou l’autorisation sociale permettant de tels agissements. Ces institutions ne devraient bénéficier d’aucune exemption (en dépit des débats actuels sur le sujet), que ce soit au niveau des dispositions sur les droits de la personne ou de l’application de la Charte des droits et libertés.

41. Il faudrait donner des directives aux services policiers les obligeant à donner suite aux accusations d’agressions et d’agressions exuelles formulées par des jeunes femmes qui connaissent leur agresseur. On sait maintenant que les hommes agressent les femmes avec qui ils "Sortent". Il est inadmissible qu’une jeune femme qui choisit d'être en compagnie d’un homme, d’assister à une soirée, de prendre un verre ou de se faire raccompagner chez elle, perd de ce fait le droit de recourir à la justice en cas ’agression. La police doit fàire enquête convenablement et intenter rapidement es poursuites.

42. Le gouvernement fédéral doit favoriser la mise en oeuvre de programmes éducatifs pour contrer les pressions sociales qui incitent les adolescents et les jeunes hommes à imiter le comportement violent de leurs aines envers les femmes.

43. Le gouvernement devrait octroyer des fonds publics aux organismes comme Évaluation Médias, qui produisent des études et des données sur le sexisme dans les médias. Il faudrait utiliser les, pouvoirs de règlementation du CRTC pour promouvoir l’égalité des femmes par des émissions et des programmes positifs et en imposant des contrôles sur les annonces publicitaires. Il faut que Radio-Canada et L’Office national du film, en particulier le Studio D, continuent ,à. produire et développent leur production, afin d’exposer les jeunes des deux sexes a des modèles différents de ceux présentés par la télévision américaine.

UP