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Conférence Européenne
sur
les initiative pour lutter Jacques Pain (France) Initiatives mises en
œuvre dans les classes pour réduire
Qu'est ce qu'une
"situation violente" ? Par conséquent,
on comprend facilement que, dans le système social, l'anxiété
soit partagée par les parents, les enseignants et les élèves. Le fait L'anxiété déclenche et met en place des comportements que je
qualifierais "d'orientés vers la sécurité". Aucun d'entre nous n'est à l'abri de telles réactions. Par conséquent, il n'est pas surprenant que, lorsque ces réactions sont répétées, elles finissent par créer un comportement. Si la réaction initiale de surprise est remplacée par une réaction de menace diffuse, nous ne pouvons échapper à la violence que par la fuite, ou en répondant à la violence par la violence et en faisant de la violence une réponse structurée et structurante. Je ne suis
pas le seul à penser que la violence est un élément constitutif de la
culture humaine : l'espèce humaine est la seule à avoir créé une
culture Par exemple,
il est fascinant de constater que la publicité lie le sexe, la force et
le pouvoir avec les voitures, avec ce qui fait de l'homme d'aujourd'hui
ce qu'il est dans la société d'aujourd'hui. Les biens de consommations
dominent la vie elle-même. Dans certaines circonstances, la violence est
le chemin le plus court entre deux points. Si l'on évite de porter un
jugement de valeur sur ce sujet, on pourrait penser que la violence est
mode de comportement social structuré, un comportement orienté vers la sécurité. Mon approche est colorée par deux perspectives. D'une part, mon travail en tant qu'enseignant et chercheur, qui consiste à examiner la "pédagogie institutionnelle" prise dans le sens de "comment faire face aux institutions ?" dans une société en crise. Cela consiste à réfléchir à une pédagogie active au sein de certaines institutions-clés de la société. D'autre part, les problèmes de violence, le problème de la violence au sein des institution et de la violence des institutions. La relation est évidente : comme j'agis au sein d'institutions et de situations critiques, j'en suis tout naturellement venu à mettre en question le rapport intime entre la pédagogie et la violence. Deux définitions de la violence La première définition est issue des résultats d'une recherche publiée il y a quelques mois, où j'ai pu comparer la violence scolaire dans douze établissements situés en Allemagne, en Grande-Bretagne et en France. Elle tente de résumer le concept de "violence" dans ces trois pays : "Par violence, on entend des actions ou des attitudes violentes, ou qui sont perçues comme telles. Par actions ou attitudes violentes, on entend qu'elles utilisent, directement ou indirectement, la force ou la contrainte, ou qu'elles les tolèrent. Cette définition englobe les actions ou les attitudes, insignifiantes ou vagues, de violence institutionnelle." (Jacques Pain, 1996). La seconde définition nous vient des spécialistes anglo-saxons du "bullying", que je traduirais en français par le terme "malmenance". Je cite ici le Suédois Dan Olweus et le Britannique Peter Smith : "Abus de position de force, dans la rue, au sein des institutions, à l'école, au sein de la famille. Pour résumer : tous les mauvais traitements." (Peter Smith, 1996). Par conséquent,
quand nous parlons de violence à l'école, de violence dans
l'environnement éducatif, de quoi s'agit-il exactement ? Je vais examiner
deux modes de violence. Le conseil Chaque semaine, ou deux fois par semaine, à la même heure, dans la même salle, les jeunes et les adultes se réunissent. Le but est de rétablir le processus de symbolisation sociale. Chacun doit nécessairement "s'expliquer différemment". Il est impossible d'imposer ou d'exercer un ascendant par la force ou par le chantage. Partager le pouvoir et les responsabilités, rencontrer les autres, les confronter, travailler avec les mots. Chacun peut avoir une place, sa place, reconnue par le groupe. Ce système pédagogique
prend garde de ne pas se dissocier de la structure totale, car c'est le
lien qui permet de négocier, de modeler le groupe et la
classe. Par conséquent, le conseil est le centre où les échanges sont
effectués, où les règles sont élaborées. La vitalité est très
importante car elle rend le lien stable, et permet de résoudre les problèmes
sociaux et la tension émotionnelle qui, s'ils ne sont pas résorbés,
entraînent la "mort symbolique" du groupe. Les ceintures de comportement Le système des ceintures est emprunté au judo, comme pratiqué par Fernand Oury. Les ceintures signalent l'indépendance et la socialisation de chaque individu à l'intérieur du groupe. Elles visent à la responsabilisation de l'individu et du groupe et à l'acquisition de comportements "escomptés" au sein du groupe. Chaque enfant sait où il en est et voit clairement ce qu'il doit apprendre pour progresser, et dans quels domaines (indépendance, bonnes manières, respect, effort, etc.). Des tests mesurent les progrès accomplis dans différents domaines, selon la même hiérarchie de couleurs que dans les arts martiaux : auto- et inter-évaluation. Il s'agit là d'une forme claire de socialisation : socialisation qui se traduit par la coopération, le jugement intellectuel, la discrétion, ainsi qu'une individualisation comparative et corrélative. C'est pour cela qu'il est important d'encourager les efforts faits par les enfants "pour grandir". C'est à
travers le travail impliquant les jeunes et les adultes que se met en
place le système de référence essentiel pour la vie et la collectivité. Les responsabilités : les "métiers" La vie sociale du
groupe, qui est déjà rerprésentée par le conseil, les réunions,
auxquelles peuvent assister des intervenants extérieurs, et par les
ceintures (aussi appelées couleurs) de comportement, s'appuie sur des
responsabilités, la pédagogie institutionnelle que Célestin Freinet
appelle les "métiers". Il faut beaucoup de métiers pour faire
une société : décorateurs, trésoriers, caissiers, jardiniers de talent
pour les plantes. Souvent, il y a plus de métiers que d'élèves pour les
remplir. De la loi au règlement
Des lois
fondamentales sont édictées, qui deviennent le principe même d'une éthique
du respect : ne pas faire de mal, ne pas se moquer, ma liberté
s'arrête là où commence celle des autres : c'est le contrat social de
Jean-Jacques Rousseau. Quelques lois ; beaucoup de règlements, simples et
que l'on peut changer ; des institutions. La vie en société est possible
! Donc, après avoir compris la nécessité d'une pédagogie, je dirais même d'une éducation de la violence, qui est centrale au monde d'aujourd'hui, nous pouvons repenser l'école et la classe qui sont, avec la famille et le quartier, les formes sociales élémentaires de l'humanité. D'une part la
violence délinquante, qui est clairement reconnue dans le code pénal Les violences dont nous parlons ici sont mentionnées dans le Droit civil, en particulier les atteintes à autrui. Le fait est que, dans le cadre de la pédagogie institutionnelle, nous ne pouvons pas ignorer les atteintes à la personne, et pas seulement celles dirigées contre les enseignants, les adultes. Toutes les atteintes à autrui, quelles qu'elles soient, sont immédiatement rapportées, au détriment des activités scolaires. La procédure dont je parle est simple et elle est mise en pratique dans de nombreux cas. Il y a eu une bagarre ? Si quelqu'un a été blessé, bien évidemment une plainte est déposée. Rien ne doit être excusé. De cette manière, nous avons rapporté la paix dans les endroits dé-socialisés où la violence ordinaire prévalait. Je pencherais plutôt pour une seconde approche, une approche s'appuyant sur la violence "morale", et qui est, il me semble, d'un type préventif. Les violences
morales sont toutes des troubles de l'attitude, des maux relationnels.
C'est ce que les anglo-saxons appellent le "bullying", qui
comprend à la fois des actes de violence physique et des troubles de
l'attitude. C'est ce qui arrive, par exemple, lorsque plusieurs élèves
critiquent toujours le même enfant, parfois même avec l'appui du
professeur, qui est de mèche ou complote avec eux. C'est de la persécution
pure et simple. Le respect est à la base de l'éthique
La pédagogie
institutionnelle apprend aux enfants "ne te moques pas". Et ce
à partir de trois ans. Si l'on décide de réunir des individus, et qu'on
n'applique cette règle, la réunion devient inutile. Nous devons prendre
cet aspect en considération, puisque de plus en plus d'écoles se réfugient
derrière les conseils scolaires, parfois derrière les tribunaux pour
mineurs, sans prendre en compte une véritable "démocratie du
comportement". La pédagogie institutionnelle jour après jour Issue des techniques mises au point par Freinet dans les années soixante, la pédagogie institutionnelle s'est propagée de la classe et de l'école aux institutions éducatives, plus particulièrement aux écoles privées (internats, pensions) et à l'enseignement professionnel. Elle est constituée d'instruments pédagogiques précis. Ce que je
voudrais décrire ici est une pratique éducative qui s'est dégagée de
certaines des nouvelles méthodes de pédagogie active. Depuis sa
création (par Fernand Oury, de 1967 à 1986) la pédagogie
institutionnelle s'est fortement développée dans les classes les plus
difficiles du système éducatif français. Elle est basée sur la
responsabilité individuelle, les relations sociales, le droit objectif et
le dialogue. Elle règle l'activité de la classe dans une dimension éthique
où le débat libre et le respect convergent. Elle est valide aujourd'hui
plus que jamais : lorsque les écoles et les classes ont besoin de réapprendre,
en un sens, ce que c'est que d'être humain, de réapprendre tout
simplement ce que c'est que la société. -----------------------------------------
Cette conférence a été patronnée par la Commission Européenne (DG XXII) sous son initiative sur la Violence dans les Écoles, et le Département de l'Éducation et de l'Emploi, Londres, Royaume-Uni. Elle a été organisée à partir de l'Université de Londres, Royaume-Uni avec les coordinateurs du PMVO (Projet Écoles sans Dangers), La Haye, les Pays-Bas et le Centre Anti-Violence, Dublin, Irlande. Le rapport de cette conférence est
disponible en anglais,
français, allemand
et espagnol. Il
se compose du Programme
original, du Sommaire des Allocutions des
Discours-Programmes, des Affiches et des Résumés
des Ateliers. |