HOME     Travail

Précédente Accueil Remonter Suivante

 Inventaire d’outils sur la violence
dans la communauté, chez les jeunes, dans les écoles, dans les milieux de travail
CSQ - Centrale des syndicats du Québec

Annexe 4
Guide de l’identification des victimes et agresseurs potentiels


Document tiré de :
Olweus, Dan (1999). Violence entre élèves, harcèlements et brutalités.
Les faits, les solutions
, Paris, ESF, p. 53-58.


Guide de l'identification de victimes
et agresseurs potentiels


Avant de présenter le programme d'intervention contre les violences entre élèves, voyons comment identifier les enfants ou adolescents qui tiquent d'être impliqués dans un problème agresseur/victime. L'un ou plusieurs parmi les signes énumérés ci-dessous peuvent indiquer qu'un élève est harcelé ou victimisé par ses pairs de manière répétée. D'autres signes peuvent indiquer, au contraire, que l'élève en harcèle un, voire plusieurs autres. Ces signes doivent être pris au sérieux et suivis au moyen d'un examen plus approfondi de la situation. S'il s'avère qu'il existe un problème agresseur/victime, il est impératif de réagir de façon énergique, comme préconisé dans le deuxième chapitre de cet ouvrage.

Dans certaines des catégories suivantes, les signes primaires ont été séparés des signes secondaires. Cette distinction peut être utile, même si elle n'est pas toujours très nette. En gros, les signes primaires sont plus directement et plus clairement liés à une situation agresseur/victime. Les signes secondaires sont, eux aussi, souvent révélateurs d'une telle situation, mais le lien n'en est pas aussi direct ni aussi marqué. Chez un enfant, la présence de signes secondaires seuls nécessite une exploration plus minutieuse de la situation avant que des conclusions puissent être tirées. Les caractéristiques générales citées ci-dessous peuvent aussi être considérées comme des signes secondaires. Les signes primaires sont signalés par deux astérisques (**) et les signes secondaires par un seul astérisque (*).

Rappelons, à ce propos, la définition générale des violences entre élèves ou victimisation qui figure au début de cet ouvrage, à savoir : un élève est harcelé ou victimisé lorsqu'il est exposé, de manière répétée et à long terme, à des actions négatives de la part d'un ou plusieurs autres élèves. Cette définition sous-entend également un déséquilibre des forces (rapport de force asymétrique) : l'élève exposé aux actions négatives a du mal à se défendre et est, en quelque sorte, impuissant face à l'élève ou aux élèves agresseurs.

Lors de l'estimation de la gravité d'un signe donné, la fréquence à laquelle ce signe se produit doit être, elle aussi, prise en compte. Ainsi, nombreux sont les élèves occasionnellement chahutés par leurs camarades, mais ce n'est que lorsque cela arrive relativement souvent (et avec méchanceté) que cela doit être pris au sérieux.


La condition de victime - Signes possibles

À l'école

Les enfants ou les adolescents harcelés peuvent présenter un ou plusieurs des signes suivants :

Signes primaires

**         sont (très souvent) chahutés méchamment, « traités de tous les noms » (voire dotés d'un surnom péjoratif), raillés, rabaissés, ridiculisés, intimidés, avilis, menacés, commandés, dominés, rabaissés;

**         sont ridiculisés et raillés avec dérision et méchanceté;

**         sont harcelés, bousculés, poussés, reçoivent des coups de poing, des coups de pied (et sont incapables de se défendre correctement);

**         sont entraînés dans des « querelles » et des « bagarres » dans lesquelles ils sont pratiquement sans défense et dont ils essaient de se retirer (parfois en pleurs);

**         on leur vole, détériore ou éparpille leurs livres, argent de poche et autres effets personnels;

**         ont des ecchymoses, des blessures, des coupures, des égratignures, des vêtements déchirés, pour lesquels il n'existe pas d'explication logique (et présentent de surcroît certaines des caractéristiques générales énumérées ci-dessous).

Signes secondaires

*          sont (souvent) seuls et exclus du groupe de leurs pairs au cours des récréations et à l'heure du déjeuner. Ne semblent pas avoir un seul bon ami dans la classe;
 
*          sont choisis en dernier lors des jeux d'équipe;

*          essaient de rester à proximité de l'enseignant ou d'autres adultes au cours des récréations;

*          éprouvent des difficultés à s'exprimer en classe et donnent une impression d'angoisse et de manque de confiance;

*          ont l'air abattus, malheureux, maussades, larmoyants;

*          leurs résultats scolaires se détériorent brusquement ou progressivement.

À la maison

Signes primaires

**         reviennent de l'école avec des vêtements déchirés ou en désordre, des livres abîmés (et présentent de surcroît certaines des caractéristiques générales énumérées dans la rubrique « Caractéristiques générales des victimes potentielles » ci-dessous);

**         ont des ecchymoses, des blessures, des coupures et des égratignures, pour lesquelles il n'existe pas d'explication logique (et présentent de surcroît certaines des caractéristiques générales énumérées ci-dessous).

Signes secondaires

*          n'amènent pas de camarades de classe ou autres pairs à la maison après la classe et vont rarement chez les autres;

*          n'ont peut-être pas un seul bon ami avec qui passer leurs loisirs (jeux, shopping, sports, musique, conversations téléphoniques, etc.);

*          sont rarement, voire jamais, invités à des fêtes et n'ont peut‑être aucune envie d'en organiser eux‑mêmes (pensant que personne ne voudra venir);

*          ont l'air de redouter de partir en classe le matin, ou de rechigner, ont peu d'appétit, des migraines à répétition, ou des maux de ventre (surtout le matin);

*          adoptent un trajet « illogique » pour se rendre à l'école et rentrer à la maison;

*          ont un sommeil agité ponctué de mauvais rêves, et parfois de pleurs;

*          se désintéressent du travail scolaire, d'où une baisse dans leurs résultats;

*          ont l'air malheureux, tristes, maussades, font preuve de sautes d'humeur où alternent irritabilité et crises de colère soudaines;

*          réclament ou volent de l'argent à leur famille (pour satisfaire aux exigences des agresseurs).

Caractéristiques générales des victimes potentielles

Les élèves victimisés se retrouvent souvent dans des situations de ce genre et ont tendance à présenter plusieurs des réactions et comportements spécifiques énumérés ci-dessus. Ils sont, en outre, susceptibles de posséder une ou plusieurs des caractéristiques générales suivantes (dont certaines ont déjà été citées ci‑dessus) :

*          peuvent être de constitution physique plus faible que les autres (surtout dans le cas de garçons);

*          peuvent être « mal dans leur corps » : ont peur qu'on leur fasse mal ou de se faire mal; sont physiquement inaptes lors des jeux, sports et au cours des bagarres; manquent de coordination (surtout dans le cas de garçons);

*  sont discrets, sensibles, malheureux, abattus et ont, en outre, une opinion négative d'eux‑mêmes (peu d'amour‑propre); ils « signalent » en quelque sorte aux autres qu'ils ne sont que des êtres sans valeur et inopportuns qui ne vont pas riposter en cas d'attaque ou d'insulte; ce sont des « cibles faciles »;

*          éprouvent des difficultés à s'affirmer au sein du groupe des pairs, tant sur le plan physique que verbal, ainsi que dans d'autres domaines; ne sont en général ni agressifs, ni taquins, ni provocants;

*          peuvent être d'un niveau scolaire bon, moyen, ou mauvais, mais en tout cas, leurs notes ont en général tendance à baisser (cependant pas nécessairement) au collège.

Victimes provocantes

La majorité des victimes présentent l'une ou plusieurs des caractéristiques générales énumérées dans la rubrique ci-dessus. Cependant, comme nous l'avons expliqué, il existe une autre catégorie de victimes, les victimes provocantes qui peuvent, à divers degrés, présenter un mélange de modes de réactions angoissés et agressifs. Dans les problèmes agresseur/victime avec victime provocante, c'est souvent un grand nombre d'élèves, voire la classe entière, qui sont impliqués dans le harcèlement. De même que leurs homologues passifs, les victimes provocantes sont souvent plus faibles physiquement que leurs pairs (dans le cas de garçons) et sont « mal dans leur corps ». Elles sont le plus souvent angoissées, malheureuses, abattues, souffrent d'un manque de confiance et ont une opinion négative d'elles-mêmes. En outre, les victimes provocantes (que l'on retrouve en particulier chez les garçons) :

*          peuvent être colériques et essayer de riposter, physiquement ou verbalement, lorsqu'elles sont attaquées ou insultées, mais en général sans grand succès;

*          peuvent être hyperactives, agitées, manquer de concentration et être, de manière générale, injurieuses et exaspérantes; peuvent être maladroites, immatures et avoir des manies agaçantes;

*          peuvent s'attirer également l'antipathie des adultes, y compris celle de l'enseignant;

*          peuvent même essayer de s'en prendre à des élèves plus faibles.

La condition d'agresseur - Signes possibles

On remarque souvent que les enfants ou les adolescents qui se lancent dans des agissements hostiles contre d'autres élèves sont impliqués - en tant qu'auteurs - dans des activités du genre de celles figurant dans la partie « Signes primaires » de la rubrique. À l'école, les agresseurs agissent normalement ainsi :

*          taquinent (très souvent) avec méchanceté, raillent, intimident, menacent, « traitent de tous les noms », se moquent, ridiculisent, bousculent, poussent, donnent des coups de poing et de pied et détériorent les effets personnels d'autres élèves, etc. (voir l'ensemble des « Signes primaires » de la rubrique « À l'école »). Ils affichent ce comportement envers un grand nombre d'élèves, mais choisissent plus particulièrement comme cibles les élèves plus faibles et relativement sans défense. Par ailleurs, les agresseurs sont nombreux à persuader leurs acolytes de se charger du « sale boulot » afin de rester eux‑mêmes à l'arrière‑plan.

Même si l'on retrouve davantage d'agresseurs parmi les garçons que parmi les filles, il faut souligner que les brimades exercées par les filles sont plus difficiles à déceler : les filles agresseurs ont recours à des méthodes de harcèlement moins visibles, plus « sournoises », comme les calomnies, les rumeurs et la manipulation des liens d'amitié à l'intérieur de la classe (par exemple, priver telle fille de sa « meilleure amie »). En même temps, il faut préciser qu'à l'heure actuelle, les caractéristiques des filles agresseurs sont moins connues.

Outre les réactions et comportements spécifiques énumérés ci‑dessus, les élèves agresseurs possèdent bien souvent une ou plusieurs des caractéristiques générales suivantes (signalons qu'il existe un certain nombre d'idées fausses ou de « mythes » à propos du profil psychologique de l'agresseur type, comme il est expliqué dans le texte) :

*          peuvent être physiquement plus forts que leurs camarades de classe et que leurs victimes, en particulier; peuvent avoir le même âge ou être légèrement plus âgés que leurs victimes; manifestent certaines aptitudes physiques lors des jeux, des sports et au cours des bagarres (surtout dans le cas de garçons);

*          éprouvent un besoin impérieux de dominer et de soumettre les autres élèves, de s'affirmer par le pouvoir et les menaces, et d'en faire à leur tête; il leur arrive de se vanter de leur supériorité réelle ou imaginée sur les autres élèves;

*          sont colériques, très susceptibles, impétueux et ont un seuil de tolérance à la frustration très bas; ils se plient difficilement aux règles, supportent mal les contrariétés et les retards et peuvent tenter de réussir en trichant;

*          sont, dans l'ensemble, en situation d'opposition, provocants et agressifs vis-à-vis des adultes (y compris enseignants et parents) et peuvent terroriser également les adultes (selon leur âge et leur constitution physique); savent, grâce à leur force de conviction, se sortir des « situations difficiles »;

*          sont perçus comme brutaux, endurcis et éprouvent peu d'empathie envers les élèves victimisés;

*          ne sont ni angoissés ni mal assurés et ont, en général, plutôt bonne opinion d'eux-mêmes (degré d'amour-propre égal ou supérieur à la moyenne);

*          s'engagent relativement de bonne heure (par rapport à leurs pairs) dans d'autres comportements antisociaux comme le vol, le vandalisme, l'abus d'alcool; ont de « mauvaises fréquentations »;

*          leur cote de popularité parmi leurs camarades de classe peut être égale, supérieure ou inférieure à la moyenne, mais ils bénéficient souvent du soutien d'au moins un petit nombre de leurs pairs; parvenus au collège, les agresseurs ont tendance à perdre de leur popularité;

*          au primaire, leurs résultats scolaires peuvent être égaux, supérieurs ou inférieurs à la moyenne alors qu'au collège, leurs notes ont tendance (mais pas nécessairement) à baisser et ils adoptent alors une attitude de rejet vis-à-vis de l'école.


Précédente Accueil Remonter Suivante
 
 

 

 
up  

Retour chapitre violence-travail (En)(Fr)(De)(Es)