Introduction
Depuis quelques années,
lorsqu’il s’agit d’analyser et de combattre la violence à l’égard
des femmes, le regard s’est porté de plus en plus sur les
auteurs de cette violence, à savoir les hommes violents. Ceci
s’est concrétisé par la création, dans certains pays, de centres
qui fournissent un traitement ou une thérapie pour des hommes violents.
Cette politique a, à son tour, engendré une réflexion sur les causes
et les mécanismes de la violence masculine, sur les raisons pour
lesquelles certains hommes ont recours à la violence alors que
d’autres ne sont jamais violents dans leurs relations avec les femmes.
Cependant, la recherche sur la violence masculine n’en est qu’à ses
débuts, et ceux/celles qui travaillent sur cette question ont peu de
possibilités d’échanger des vues dans un cadre européen. Il est
cependant extrêmement important, afin d’élaborer des réponses
politiques et des interventions adéquates, de faire connaître les résultats
d’une telle recherche et donner des moyens aux chercheurs/euses pour
comparer leurs expériences et mettre en place des réseaux. Les conséquences
directes et indirectes de la violence masculine, tant en ce qui concerne
les problèmes de santé qu’en ce qui concerne leur coût pour la société,
ont été ignorées depuis trop longtemps. De même que la violence à
l’égard des femmes et des enfants a petit à petit cessé d’être
un tabou et est maintenant discutée ouvertement, le projecteur devrait
à présent se tourner vers la violence masculine, car il s’agit
d’un problème social et culturel, et non pas d’un problème d’un
groupe spécifique d’hommes déviants par rapport à la norme.
Le Conseil de l’Europe travaille depuis plusieurs années pour la
protection des femmes et des fillettes contre la violence. Un Plan
d’action pour combattre cette violence a été préparé, et le Comité
directeur pour l’égalité entre les femmes et les hommes (CDEG) prépare
en ce moment un projet de recommandation sur cette question.
Le Comité a déjà entamé une réflexion sur la question de la
violence masculine pendant le séminaire «Promouvoir l’égalité: un
défi commun aux hommes et aux femmes» (Strasbourg, 17-18 juin 1997).
Lors de la 4e Conférence ministérielle européenne sur l’égalité
entre les femmes et les hommes (Istanbul, 13-14 novembre 1997), les
ministres ont adopté une Déclaration sur l’égalité entre les
femmes et les hommes comme critère fondamental de la démocratie. Dans
les stratégies annexées à cette déclaration, les ministres invitent
les gouvernements à «promouvoir des recherches sur les relations des
hommes entre eux et sur les manières dont il perçoivent leur identité
masculine»; et à «réduire et chercher à éliminer la violence des
hommes à l’égard des femmes en mettant en place une éducation
assurant le respect de l’autre et concernant les hommes violents en
soutenant des initiatives d’ordre pratique et thérapeutique.»
Le séminaire était par conséquent conçu comme un pas de plus vers la
mise en œuvre de la Déclaration d’Istanbul tout en étant un effort
de plus pour combattre la violence à l’égard des femmes, qui
constitue l’un des plus grands obstacles à la réalisation de l’égalité
entre les femmes et les hommes.
En raison des événements récents en Europe au moment du séminaire,
une attention particulière a été accordée à la question de la
violence des hommes à l’égard des femmes et des enfants dans des
situations de conflit armé.
Allocution
d’ouverture
Pierre-Henri IMBERT,
Directeur des Droits de l’Homme
Mesdames et Messieurs,
C’est avec un plaisir tout particulier que je vous souhaite la
bienvenue à ce séminaire. Vous allez débattre d’une question très
importante, la violence à l’égard des femmes et des enfants. Cette
violence constitue un très grand obstacle à l’égalité entre les
femmes et les hommes. Elle est le résultat et le signe de l’inégalité
en même temps qu’elle la perpétue.
Vous allez aborder la question des auteurs de cette violence, qui fait
encore trop rarement l’objet d’attention. Il y a quelques mois, lors
d’un forum organisé à Bucarest par le Comité directeur pour l’égalité
entre les femmes et les hommes, je me souviens avoir souligné que,
parmi les actions prioritaires visant à éliminer cette violence, il me
paraissait indispensable d’examiner les raisons de cette violence,
d’en étudier le contexte et en démonter les mécanismes -
s’interroger non pas uniquement sur les symptômes de la violence,
mais au moins autant sur ses causes. C’est précisément ce que vous
allez faire ici. Les résultats de vos travaux seront, j’en suis sûr,
d’une grande utilité pour le Comité directeur pour l’égalité et
pour l’ensemble de la Direction des Droits de l’Homme.
Ce séminaire s’inscrit dans une série d’actions que nous menons
depuis plus de dix ans contre la violence à l’égard des femmes, et
dont Madame Caroline Méchin, Présidente du Comité directeur pour l’égalité
vous parlera tout à l’heure. Pour que cette politique soit menée de
manière lucide et efficace, nous avons besoin du savoir et des expériences
des chercheurs et chercheuses, et aussi de ceux et celles qui sont
confrontés aux auteurs et aux victimes de violence quotidiennement,
dans leur travail. Nous avons par conséquent voulu vous réunir ici,
dans un séminaire d’échange d’idées et de dialogue, dans
l’esprit du Conseil de l’Europe.
La question des auteurs de la violence a été abordée, il y a deux
ans, dans un autre séminaire ici au Conseil de l’Europe, auquel
certains d’entre vous ont assisté. Aujourd’hui et demain, vous irez
plus loin dans votre sujet. Vous allez discuter de la méthodologie des
recherches, de la formation des identités masculines, des différentes
façons de devenir et de rester un homme, de la violence à l’égard
des femmes dans les conflits armés. Vous allez étudier les liens entre
la masculinité et cette violence, qui est, nous sommes bien obligés de
l’admettre, structurelle dans nos sociétés. Cela fait partie des
efforts du Conseil de l’Europe pour sortir la violence, comme le dit
si bien l’étude suisse Domination
et violence dans le couple, «du rayon du privé et des fatalités
qui pèsent sur la condition de la femme».
Permettez-moi, avant que vous ne commenciez vos travaux, de vous livrer
quelques réflexions personnelles sur le thème qui nous réunit, sur
ses liens avec la protection et la promotion des droits de l’homme. A
la base de l’édifice des droits de la personne humaine, il y a cette
idée fondamentale: tous les êtres humains, femmes et hommes, ont une
égale valeur et une égale dignité. C’est cette idée qui doit
caractériser l’approche du problème que vous allez discuter.
Nous progressons lentement, très lentement, vers cette prise de
conscience, tellement nécessaire à l’éradication de la violence,
que les hommes et les femmes sont des êtres égaux, qu’ils ont les mêmes
droits fondamentaux. Les stéréotypes qui montrent les femmes comme des
êtres différents, inférieurs, sont ancrés dans notre inconscient
collectif, et ce sont ces stéréotypes qui ont permis de justifier
l’utilisation de la violence et le permettent encore. Depuis toujours,
dans les discours des chercheurs, des penseurs, des médecins, des
psychologues, les hommes disent aux femmes ce qu’elles doivent
faire, les dirigent, leur assignent une place, des devoirs, tout comme
si elles n’étaient pas de véritables sujets, ayant également des droits.
Jean-Jacques Rousseau, définissait ainsi, dans Emile, à la fin du XVIIIe siècle, les devoirs des femmes:
«Plaire (aux hommes), leur être utiles, se faire aimer et honorer
d’eux, les élever jeunes, les soigner grands, les conseiller, les
consoler, leur rendre la vie agréable et douce, voilà les devoirs des
femmes dans tous les temps, et ce qu’on doit leur apprendre dès
l’enfance».
Or, pour que les femmes soient conformes à cette image, il a fallu
exercer sur elles un contrôle très sévère, à l’intérieur de la
famille comme à l’extérieur. En fait, les hommes ont toujours eu
peur que les femmes dévient de cette norme qu’on leur a assignée,
que par leur comportement elles mettent en cause leur honneur, à eux,
leur virilité, bref, ce que l’on considère encore trop souvent comme
la seule vraie identité masculine. Oui, le «sexe fort» a peur du «sexe
faible» parce qu’il sait que sa force - purement physique - n’est
qu’un leurre.
Cela explique que le «contrôle» des femmes se manifeste si souvent
par la violence. D’abord, dans l’espace du privé. Une femme
ou une adolescente court plus de risques d’être victime de violence
chez elle que dans la rue, contrairement à ce que pense l’opinion
publique. Les données avancées lors de notre Forum de Bucarest l’année
dernière sont accablantes: une enquête récente en Italie a révélé
que, sur un échantillon de 50 000 personnes, 80 % avaient été
victimes de violence de la part d’amis ou de membres de leur famille;
en Espagne, en 1998,
91 femmes sont mortes par suite de violences au sein de la famille; les
statistiques du ministère de l’Intérieur de la Russie révèlent que
près de 14 000 femmes sont tuées chaque année par leur mari ou un
autre membre de la famille. Les enquêtes menées récemment en Suisse
et en Finlande montrent qu’environ une femme sur cinq est victime de
violence en raison de son sexe au cours de sa vie. Parfois même, les
femmes sont elles-mêmes prises dans cet engrenage de la violence,
qu’elles exercent alors sur leurs enfants, comme la récente actualité
en France vient de nous le démontrer. Un récent avis de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe relate qu’au Kosovo, avant l’éclatement
du conflit, 68 % des femmes et des enfants de cette région étaient
victimes de violence. Ces agissements étaient le fait de maris et de pères
de famille dans 70 % de cas, et des membres de force de l’ordre dans
30 % des cas. Vous imaginez aisément l’ampleur de la violence une
fois que le conflit a commencé. Nous ne pourrons certainement jamais
connaître exactement ce qui s’est passé, pas plus qu’en
Bosnie-Herzégovine, car les femmes, soumises au poids de la tradition,
ont souvent préféré se taire.
Dans l’espace public, les femmes subissent aussi des violences.
Vous en connaissez les formes, la teneur. Par ailleurs, la sécurité,
quand ce n’est pas la survie, des femmes est menacée par les intégrismes
de tous genres, par des phénomènes aussi inquiétants que la traite
aux fins d’exploitation sexuelle. Les traditions et les coutumes sont
utilisées pour justifier les pratiques barbares de la mutilation génitale.
Les femmes et les enfants subissent de plein fouet la violence dans les
conflits armés, alors que rarement elles sont associées à la résolution
des mêmes conflits et aux négociations pour la paix. Le viol systématique
est utilisé comme arme de guerre, maintenant heureusement enfin reconnu
comme crime de guerre. Dans ce tableau d’horreurs, le plus épouvantable
peut-être est le meurtre d’honneur, encore pratiqué dans certains
pays membres du Conseil de l’Europe. Les meurtres d’honneur, parfois
exécutés par des enfants, car ils ne peuvent être poursuivis en
justice, sont la négation du droit de l’homme le plus sacré, celui
qui figure en premier dans la Convention des Droits de l’Homme, à
savoir le droit à la vie. La vie d’une femme est alors subordonnée
à la vanité d’un homme, qui craint pour son honneur, sa «virilité».
Nous ne pouvons vraiment plus tolérer l’existence de cette
insupportable pratique.
* * *
Je disais que nous avançons lentement sur le chemin de la prise de
conscience du problème qui nous préoccupe. Un récent sondage «Eurobaromètre»,
effectué dans les pays de l’Union européenne et portant sur
l’attitude des Européens à l’égard de la violence envers les
femmes et les enfants, démontre que la grande majorité sont conscients
du problème et condamnent la violence, et en particulier la violence
sexuelle. Cependant, ce sondage montre aussi que la question est encore
sujette à de nombreux tabous. Le sujet n’est guère évoqué en
famille, rares sont ceux qui disent connaître des victimes de la
violence et l’on pense encore que les violences sont essentiellement
le fait de personnes inconnues des victimes. En outre, l’alcool, la
toxicomanie, le chômage figurent au premier rang des circonstances
considérées comme étant les causes de comportements violents. Comme
si l’on pouvait encore trouver des excuses aux auteurs, comme si cette
violence était différente d’autres crimes. Certaines situations
sociales peuvent sans doute créer un terrain favorable à la violence,
mais elles ne peuvent jamais la justifier.
Un séminaire comme celui qui commence aujourd’hui devrait permettre
de progresser, de contribuer à briser les tabous, à lever le voile de
silence qui a si souvent entouré la violence à l’égard des femmes,
et enfin, à le qualifier de crime et à punir les auteurs.
Le groupe de spécialistes qui travaille actuellement sous l’égide du
Comité directeur pour l’égalité, pour préparer une recommandation
du Comité des Ministres sur la protection des femmes et des jeunes
filles contre la violence, pourra certainement s’inspirer de vos
travaux. Il est essentiel d’élaborer des normes juridiques, de fixer
des limites, des interdits.
Car, et j’arrive à ma conclusion, toute cette violence débouche sur
des souffrances infinies, physiques et morales, pour les femmes et les
enfants, et aussi pour certains hommes. Elle entrave notre marche vers
une société où les droits de toute personne humaine seront enfin
respectés. Nous venons de loin. N’oublions pas que c’est seulement
en 1993, lors de la Conférence des Nations Unies sur les droits de
l’homme, que la communauté internationale a explicitement reconnu que
les droits des femmes font partie intégrante des droits de l’homme.
Toute la discussion, lors de la Conférence de Pékin, autour du mot
«équité», concernait justement cela: selon certains, les femmes
n’avaient pas droit à la moitié du ciel, même si, selon la parole
de Mao Ze Dong, tant utilisée alors, elles soutiennent la moitié de ce
même ciel. Elles n’avaient droit qu’à une partie «équitable»
des droits.
Ce qu’il importe de faire maintenant, c’est de changer de
perspective, de déconstruire la construction sociale qui a permis cela.
Et à mon avis, il importe de le faire dans un véritable dialogue entre
femmes et hommes. Nous pourrions conclure en reprenant à notre compte
ce qu’a dit Tzvetan Todorov, en parlant de la découverte de l’Amérique
et de la « rencontre » des Espagnols et des Indiens et du
manque de reconnaissance de l’autre: «C’est en parlant à l’autre
(non en lui donnant des ordres mais en engageant un dialogue avec lui)
qu’on lui reconnaît une qualité de sujet, comparable à celui que je
suis moi-même. Si comprendre n’est pas accompagné par une
reconnaissance pleine de l’autre comme sujet, alors cette compréhension
risque d’être utilisée aux fins de l’exploitation du « prendre »;
le savoir sera subordonné au pouvoir».
Allocution
de Mme Caroline MÉCHIN
Présidente du Comité
directeur pour l’égalité entre les femmes
et les hommes du Conseil de l’Europe
Mesdames, Messieurs,
A mon tour, je tiens à vous souhaiter la bienvenue à ce séminaire.
J’aimerais vous présenter brièvement les activités du Comité
directeur pour l’égalité entre les femmes et les hommes, que j’ai
l’honneur de présider, pour combattre la violence à l’égard des
femmes.
Ces activités sont basées sur la reconnaissance du fait que la
violence à l’égard des femmes constitue une violation des droits de
la personne humaine.
Déjà, la Déclaration sur les politiques contre la violence à l’égard
des femmes dans une Europe démocratique, adoptée par la 3e
Conférence ministérielle européenne sur l’égalité entre les
femmes et les hommes qui s’est tenue en Rome en octobre 1993, affirme
que «la violence à l’égard des femmes constitue une atteinte au
droit à la vie, à la sécurité, à la liberté, à la dignité et à
l’intégrité de la victime et, en conséquence, une entrave au
fonctionnement d’une société démocratique, basée sur l’Etat de
droit.»
Cette déclaration a constitué le point de départ des activités qui
sont actuellement menées au sein du Conseil de l’Europe.
Ces activités sont menées sur deux fronts. D’une part, il s’agit
de promouvoir la recherche, échanger des informations et des expériences
sur la question; de l’autre, d’élaborer des politiques et des
instruments juridiques afin de mettre en oeuvre ces principes.
* * *
La Déclaration de Rome prévoyait un certain nombre de stratégies pour
éliminer la violence, dans les domaines de la recherche, de l’évaluation,
de la prévention et de l’éducation. Grâce aux travaux d’un groupe
de spécialistes travaillant sous l’égide du CDEG, ces stratégies
ont été développées dans un plan d’action qui a fait l’objet
d’une publication en 1997. Il ne s’agit pas d’un texte juridique,
mais d’une véritable plate-forme à partir de laquelle les Etats
européens peuvent élaborer des stratégies pour combattre la violence.
Le plan d’action est précédé par un chapitre présentant le
contexte, les notions et les définitions, l’ampleur du problème
ainsi que les problèmes et les difficultés actuelles. Le plan lui même
contient des chapitres sur la recherche, la législation, la procédure
et pratique judiciaires, le soutien et l’assistance sociale,
l’emploi et le lieu de travail, l’éducation, la santé et les médias.
Il a été très apprécié, notamment par les associations et les
professionnels qui sont confrontés à la question de la violence à
l’égard des femmes et a bénéficié d’une large diffusion. Je
tiens à remercier les membres de ce groupe, dont certains sont présents
aujourd’hui, pour le travail de grande qualité qu’ils ont fourni.
Le CDEG prépare également une publication, qui devrait voir le jour
avant la fin de l’année, rendant compte des législations en la matière
dans les Etats membres du Conseil de l’Europe. Etant donné la
diversité dans ce domaine dans les Etats membres, ainsi que le fait
qu’un certain nombre de pays ont récemment révisé leur législation
– pour ne nommer que l’Autriche et la Suède – cette publication
devrait s’avérer utile comme document d’information et de référence.
L’échange d’informations et d’expériences est en effet
primordial. C’est dans cet esprit que le Conseil de l’Europe a
organisé des conférences, séminaires et forums sur la question de la
violence à l’égard des femmes. C’est lors de ces séminaires et
conférences que des stratégies peuvent être discutées et formulées.
Le Forum organisé à Bucarest en novembre 1998 sur la violence
familiale a confirmé que la priorité absolue doit être donnée à la
protection des victimes, à leur fournir des services d’aide,
d’assistance et de soutien.
De même, un séminaire, qui s’est tenu en 1997 à Strasbourg, a
examiné la nécessité d’impliquer les hommes dans la lutte contre la
violence à l’égard des femmes, et a souligné que les hommes doivent
assumer la responsabilité de leurs actes. A Bucarest, lors du forum
dont vous a parlé M. Imbert, nous avons continué cette discussion, et
le séminaire qui commence aujourd’hui approfondira encore ce sujet très
important.
Renforcer les législations
Le Forum de Bucarest – dont les conclusions sont à votre
disposition – a insisté sur la nécessité de renforcer la législation
nationale et de considérer les actes de violence comme des infractions
graves. En particulier, il a souligné qu’il faudrait envisager des
ordonnances qui permettent à la victime – plutôt qu’à l’auteur
des violences – de rester au domicile familial. Enfin, il a été
demandé au Conseil de l’Europe de préparer un projet d’instrument
juridique sur la violence à l’encontre des femmes et des jeunes
filles.
En fait, c’est dans cette perspective de renforcement des législations,
mais aussi dans celle de mettre en place des politiques
multidimensionnelles et globales pour combattre la violence que le Comité
directeur pour l’égalité a commencé à préparer un projet de
recommandation aux Etats membres sur la protection des femmes et des
jeunes filles contre la violence. Ce projet de texte devrait prévoir
une série de normes juridiques, qui pourraient constituer un schéma de
base pour les législations et les pratiques nationales dans les Etats
membres, non seulement en ce qui concerne la violence au sein de la
famille, mais aussi d’autres violations des droits de la personne
humaine, comme les mutilations des organes génitaux féminins, la
traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle, le
tourisme sexuel, les meurtres d’honneur et les stérilisations forcées.
Ce texte, dans l’esprit du Conseil de l’Europe, va se fonder sur les
principes de droit à la liberté et à la sécurité, tout en réaffirmant
les droits existant dans la Convention européenne des Droits de
l’Homme, à savoir le droit à la vie et le droit de ne pas être
soumis à la torture ni à aucun traitement inhumain ou dégradant. En
plus des sanctions pénales, il pourra prévoir des mesures préventives
telles que des campagnes d’information et d’éducation, des services
de conseil et de traitement aussi bien pour les victimes que pour les
auteurs de violences, des mesures en matière de recherche et d’évaluation.
Je suis certaine que ce séminaire pourra alimenter très utilement nos
travaux. |