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 Table des matières du séminaire du COE - 7-8 octobre 1999
Les hommes et la violence à l'égard des femmes

Comparer des méthodologies utilisées pour étudier
la violence à l’égard des femmes

Sylvia WALBY, Université de Leeds, Royaume-Uni

Introduction

Les enquêtes constituent un élément essentiel de la méthodologie de recherche sur la violence à l’égard des femmes. En effet, elles permettent de recueillir des informations sur la prévalence, l’incidence et les formes de violence à l’égard des femmes. Il va sans dire qu’elles comportent certaines faiblesses, l’une d’entre elles (et non des moindres) tenant au fait qu’elles ne proposent qu’un éventail limité de termes pour décrire la violence et ses conséquences. De ce fait, elles ne sauraient constituer la seule méthode à employer. Elles forment néanmoins une composante essentielle de tout programme de recherche sur la violence à l’égard des femmes.
Dans la présente contribution, nous analyserons les quatre «générations» successives d’enquêtes nationales sur la violence à l’égard des femmes qui ont été mises au point ces
20 dernières années. Cette étude a pour but d’aider les chercheurs à élaborer la meilleure méthodologie possible pour leurs futures enquêtes. C’est ainsi que nous ferons même la critique de l’enquête de Statistique Canada, pourtant largement reconnue comme étant actuellement la plus perfectionnée, afin de contribuer à la mise au point d’une méthodologie plus adaptée à un contexte européen et fondée sur les résultats de travaux de recherche plus récents.

Notre objectif global consiste ici à concevoir une enquête pour l’analyse comparée de la violence à l’égard des femmes dans les différents pays d’Europe.


Quatre «générations» d’enquêtes nationales sur la violence à l’égard des femmes et la violence conjugale
Les premières enquêtes sur la criminalité avaient pour but de recenser les crimes et délits contre les personnes ne faisant pas l’objet d’un signalement à la police et d’un examen devant les tribunaux. C’est ainsi que l’on a recensé au total quatre «générations» différentes de telles enquêtes faisant le plus souvent état d’un taux de violence conjugale et de violence à l’égard des femmes de plus en plus élevé.

Quatre «générations» d’enquêtes
Pays/Organisme Titre      Année
Première génération
Bureau of Justice (E.-U.)    Enquête nationale sur les victimes de crimes et de délits           annuelle
Ministère britannique de   British Crime Survey (Enquête britannique sur la
l’intérieur (Home Office)    criminalité)  semestrielle
Bureau australien des         Enquête annuelle sur la criminalité et sur la sécurité    annuelle
statistiques
Deuxième génération
Bureau of Justice (E.-U.)    Enquête nationale sur les victimes de crimes et de délits à partir de 1992
Ministère britannique de   British Crime Survey (Enquête britannique sur la criminalité)    1996
l’Intérieur (Home Office)   
Troisième génération
Straus et Gelles (E.-U.)       Enquête nationale sur la violence familiale    1975
Straus et Gelles (E.-U.)       Nouvelle enquête nationale sur la violence familiale   1985
Romkens (Pays-Bas)          Enquête nationale sur la violence à l’égard des conjointes        1986

Quatrième génération
Canada - Statistique Canada             Enquête sur la violence envers les femmes    1993
Bureau australien                La sécurité des femmes      1996
des statistiques
Islande, Ministère de          La violence à l’égard des femmes en Islande 1996
la Justice
Tjaden, Etats-Unis              Enquête nationale sur la violence à l’égard des femmes             1996
Finlande, Statistique           La violence des hommes à l’égard des femmes             1997
Finlande

 

1.            Les enquêtes nationales sur la criminalité de type général

Nombreux sont les pays qui réalisent aujourd’hui des enquêtes générales sur la criminalité (ainsi, l’enquête britannique sur la criminalité au Royaume-Uni, l’enquête nationale sur les victimes de crimes et de délits aux Etats-Unis et l’enquête nationale sur la criminalité et la sécurité en Australie.)

2.            Les nouvelles enquêtes sur la criminalité revues pour accorder une attention particulière à la question de la violence à l’égard des femmes

La deuxième génération d’enquêtes sur la criminalité comportait une série de questions dont la formulation avait été revue afin d’augmenter le nombre d’agressions à l’égard de femmes signalées aux enquêteurs et dont les principaux thèmes faisaient l’objet de questions plus détaillées (Bachman et Taylor, 1994).

3.            Les enquêtes spécialement consacrées à l’étude de la violence conjugale

Ont ensuite été réalisées une série d’enquêtes dites de «troisième génération» qui étaient exclusivement consacrées à la question de la violence conjugale. De ce fait, les enquêteurs n’avaient plus, lors de leurs entrevues avec les personnes interrogées, à se limiter au cadre quelque peu contraignant d’une enquête sur la criminalité et bénéficiaient de temps pour interroger et sonder sur le seul thème de la violence conjugale. On a recensé aux Etats-Unis
deux grands exemples d’enquêtes dans cette catégorie, soit les enquêtes nationales sur la violence familiale de 1975 et de 1985 (Straus et Gelles, 1990), et une aux Pays-Bas (Romkens, 1997).

4.            Les enquêtes relatives à la violence à l’égard des femmes

La quatrième et dernière génération d’enquêtes passe en revue tout l’éventail possible des formes de violence à l’égard des femmes, dans la mesure où il s’agit dans tous les cas d’enquêtes spécialement consacrées à cette question. Les questions qu’elles contiennent portent sur l’ensemble des formes possibles de violence à l’égard des femmes, notamment le viol et autres formes d’agressions sexuelles, le fait de traquer une femme et autres formes de harcèlement. Cette forme d’enquêtes a vu le jour au Canada, plus précisément au moment de l’enquête de Statistique Canada sur la violence à l’égard des femmes (Johnson, 1996; Johnson et Sacco, 1995; Statistique Canada, 1993). Cette enquête sert depuis lors de modèle à plusieurs autres pays, qui l’ont modifiée et adaptée à des degrés divers, notamment l’Australie, la Finlande, l’Islande et les Etats-Unis Enfin, la Suède procède actuellement à son adaptation.

Il faut noter cependant que même cette dernière génération d’enquêtes n’est pas sans comporter un certain nombre de lacunes.

Les mini-enquêtes et les enquêtes locales
En-dehors de toutes ces enquêtes d’envergure nationale, il existe un certain nombre d’études d’ampleur plus réduite ou qui utilisent des méthodes d’échantillonnage moins avancées (ainsi, Russell, 1982; Hall, 1985; Hanmer et Saunders, 1984; Mooney, 1994; Painter, 1991). Il s’est avéré que ces différentes enquêtes ont joué un rôle important pour permettre aux chercheurs d’imaginer d’autres moyens de poser des questions pertinentes sur la nature exacte des formes de violence à l’égard des femmes.

L’évolution récente de la méthodologie dans ce domaine
Afin de déterminer l’état actuel de la science s’agissant des méthodologies employées pour connaître l’étendue du phénomène de violence à l’égard des femmes, il se pose un certain nombre de questions qu’il convient d’envisager:
-  le contexte de l’enquête: s’agit-il d’une enquête générale sur la criminalité ou d’une enquête spécifique;
-  la confidentialité de l’entrevue;
-  la formation de l’interviewer et le rapprochement entre les caractéristiques qui le définissent et celles qui définissent la personne interrogée;
-  la base de sondage;
-  la technique d’enquête (par la poste, interview en face-à-face, le téléphone);
-  la mise en œuvre des définitions;
-  la situation de l’événement par rapport aux autres.

Enquête générale ou spécifique?
Lorsque les questions relatives à la violence à l’égard des femmes sont posées dans le cadre d’une enquête générale sur la criminalité, on n’obtient que des chiffres peu élevés, et ce en partie pour les raisons suivantes:
- l’enquêteur dispose de moins de temps pour poser des questions nuancées sur la nature des actes de violence et sur leurs conséquences;
-  la méthodologie employée donne priorité aux besoins de l’enquête générale par rapport à ce qu’il faudrait faire pour mettre les personnes interrogées suffisamment à l’aise pour qu’elles divulguent les actes de violence dont elles ont pu être victimes;
-  une enquête réalisée au nom d’une notion de «criminalité» risque de se traduire par une sous-estimation des actes de violence dont la légalité peut être jugée par les personnes interrogées comme ambiguë.

On a enregistré, dans le cadre des enquêtes spécifiquement consacrées à l’étude de la violence, des taux plus élevés d’actes de violence que lors des enquêtes générales sur la criminalité. C’est ce que l’on constate notamment en comparant deux «générations» d’enquêtes réalisées en Australie. Lors de son enquête sur la sécurité des femmes et sur la violence à l’égard de ces dernières, le Bureau australien des statistiques a fait état d’un taux d’agressions contre les femmes trois fois plus élevé que celui enregistré dans le cadre de l’enquête générale sur la criminalité et la sécurité, soit un pourcentage de 5,9 % (contre 1,8 %) de femmes ayant déclaré avoir été victimes de violences physiques dans les 12 mois ayant précédé l’interview (Bureau australien des statistiques, 1994, 1996: 3).


L’interview
On peut penser que la présence, dans la même pièce que celle où la femme est interviewée, de son compagnon ou de son mari violent, l’incitera à garder le silence sur les agressions dont elle a pu faire l’objet. Or, dans le cadre de la quatrième «génération» d’enquêtes spécialisées, comme celles de Statistique Canada, on veille en général à ce que la personne interrogée soit seule au moment de l’entrevue, ce qui n’est pas le cas lors des enquêtes générales sur la criminalité.

Ainsi, 35 % des femmes interrogées dans le cadre du module spécial consacré à la violence conjugale lors de l’enquête britannique sur la criminalité n’étaient pas seules au moment de l’entrevue. Dans les cas où les compagnons ou conjoints des femmes âgées de 30 à 59 ans ont répondu avec elles au questionnaire, le nombre d’actes de violence conjugale signalé s’est avéré deux fois moins élevé à celui enregistré lorsque la femme a été interrogée seule (10% dans le premier cas, contre 23 % dans l’autre).
Lors des enquêtes spécialement consacrées à la violence, comme celles de Statistique Canada, les responsables se sont employés à mieux sélectionner et à former leurs enquêteurs. Dans les cas où l’on veut amener les femmes interrogées à révéler des agressions sexuelles particulièrement difficiles, il peut s’avérer particulièrement important de recruter des enquêtrices plutôt que des enquêteurs. Ainsi, Sorenson (1987) ont constaté que les victimes d’agressions sexuelles sont 1,27 fois plus susceptibles de parler lorsqu’elles sont interviewées par une femme que par un homme.


La base de sondage
Toutes les enquêtes mentionnées ici souffrent de limites inhérentes à la base de sondage. En effet, les bases de sondage employées ne tiennent compte que des seules personnes résidant en permanence au sein d’un ménage donné. Malheureusement, cette particularité revient à exclure de la base de sondage toutes les personnes n’ayant qu’un domicile temporaire, habitant les auberges de jeunesse ou sans domicile fixe. Il s’agit là d’un élément important, dans la mesure où il peut se trouver, dans cette catégorie de personnes, les femmes ayant fui leur domicile pour se réfugier dans un abri ou vivre temporairement chez des amis et des proches, prendre une chambre chez l’habitant ou en auberge de jeunesse ou qui sont carrément sans domicile fixe. Les femmes venant tout juste de subir une agression de la part de leur mari sont précisément plus susceptibles que les autres de se tourner vers ces modes d’hébergement temporaire. Cette question d’ordre méthodologique peut avoir des conséquences très importantes sur la compréhension théorique du phénomène dans la mesure où les femmes ayant été victimes le plus récemment d’agressions physiques les plus graves sont nettement sous-représentées dans les enquêtes nationales. Les échantillons constitués de femmes vivant dans les foyers et dans les abris font systématiquement état de taux d’actes de violence beaucoup plus élevés que ceux enregistrés lors des enquêtes nationales (Dobash et Dobash, 1979; Okun, 1986; Straus, 1990). Cette lacune est particulièrement grave pour les enquêtes ayant pour but de mesurer l’incidence de la violence conjugale au cours des 12 derniers mois, mais un peu moins lorsqu’il s’agit de mesurer l’incidence de la violence conjugale sur toute une vie, étant donné qu’il est possible que certaines femmes jadis victimes d’agressions vivent, au moment de l’enquête, au sein de foyers sans problèmes ni violences. Le taux relatif aux 12 mois ayant précédé l’enquête risque donc de sous-estimer le nombre de femmes victimes des formes les plus graves et les plus fréquentes de violence conjugale.


Les différents profils de victimes de violences que l’on a pu dégager, tant des enquêtes par sondage que des enquêtes réalisées avec des échantillons de femmes ayant fui en direction de foyers et d’abris, ont suscité de nombreuses controverses et amené d’aucuns à penser qu’il existe effectivement deux formes assez différentes de violence conjugale, l’une que l’on pourrait qualifier de «violence conjugale courante», caractérisée par quelques accrochages de faible gravité entre les époux, et l’autre de «terrorisme patriarcal», où les hommes terrorisent et battent leur épouse (Johnson, 1995). Toutefois, une telle dichotomie ne correspond pas nécessairement à la réalité et pourrait bien n’être rien d’autre qu’une simple conséquence méthodologique de la sous-estimation, lors des enquêtes par sondages, du nombre de femmes victimes des plus graves formes de violence et n’habitant pas à leur adresse permanente. Une base de sondage plus adaptée permettrait de vérifier cette thèse.
Ainsi, toutes les enquêtes existantes et même celles de Statistique Canada sous-estiment peut-être le nombre de femmes victimes de violences du simple fait qu’elles limitent leur base de sondage aux seules personnes interrogées à leur domicile permanent. Il existe des méthodes qui permettraient de compléter cette base de sondage pour y inclure les autres groupes de populations, mais elles n’ont pas encore été appliquées à ces enquêtes.


Le mode d’enquête: la poste, le téléphone, l’entrevue en face-à-face, le questionnaire à remplir
Toutes les enquêtes envisagées ici ont été réalisées au travers de questionnaires adressés par la poste, d’entrevues téléphoniques, d’interviews en face-à-face ou d’un questionnaire rempli par le répondant sur ordinateur. On ne sait pas encore dans quelle mesure la formule de l’entrevue en face-à-face doit ou non être privilégiée car elle permet de nouer une relation avec la personne interrogée, pas plus qu’on ne sait si le degré de confidentialité inhérent à des techniques comme celles qui consistent à remplir soi-même un questionnaire sur ordinateur ou adressé par la poste permet ou non d’espérer que les répondants révéleront davantage d’informations sensibles.
Toutefois, les conséquences de l’utilisation de l’une ou l’autre de ces méthodes pour la base de sondage et le taux de réponse revêtent peut-être davantage d’importance.
De toutes les méthodes, c’est en général dans les questionnaires adressés par la poste que l’on enregistre le taux de réponse le plus faible. On considère par conséquent que le questionnaire ne convient pas aux enquêtes jugées importantes. Toutefois, l’Office finlandais de la statistique a obtenu avec un questionnaire postal un taux de réponse étonnamment élevé de 70 % (Heiskanaen et Piipsa, 1998). Ce chiffre s’explique peut-être par la spécificité des sociétés scandinaves.


Statistique Canada a utilisé le téléphone pour entrer en contact avec les personnes sondées, partant du principe que, puisque la quasi-totalité des Canadiens ont le téléphone, on obtiendrait un bon taux de couverture. Toutefois, tous les pays n’ont pas un taux d’équipement aussi élevé. Ainsi, en Grande-Bretagne, les particuliers ne sont pas aussi nombreux qu’au Canada à posséder un téléphone, surtout au sein des familles monoparentales dirigées par des femmes et susceptibles de compter un nombre particulièrement important de femmes ayant fui un ménage violent. Les résultats recueillis lors des enquêtes-ménages générales sur le taux d’équipement téléphonique ont montré que, en 1994, environ 91 % des ménages possédaient le téléphone (contre un taux 96 à 98 % aux Etats-Unis et au Canada). En 1989, alors que le taux global d’équipement téléphonique des ménages était d’environ 87 %, on a enregistré des taux nettement inférieurs au sein des ménages en location et ne possédant pas de voiture. Au sein de ce même groupe, le taux n’était que de 38 % pour les ménages dirigés par une personnes ayant entre 16 et 29 ans, de 55 % lorsque cette personne avait entre 30 et 69 ans et de 71 % lorsque qu’elle avait 60 ans ou plus (Thomas, 1991). Ainsi, l’utilisation du téléphone pour réaliser des enquêtes est probablement à déconseiller au Royaume-Uni étant donné que les plus démunis sont aussi les plus vulnérables et les plus susceptibles d’être laissés pour compte. En outre, les informations techniques nécessaires à la réalisation d’une enquête téléphonique aléatoire sont moins faciles à trouver au Royaume Uni. qu’en Amérique du Nord.
Si toutes les méthodes utilisées peuvent avoir des répercussions particulières sur le déroulement et sur les résultats de l’enquête, nous ignorons les différences susceptibles d’en résulter. L’élément le plus important est probablement le taux de réponse et, à cet égard, il semblerait que la technique d’enquête retenue puisse avoir des conséquences spécifiques selon les pays, étant donné notamment que l’on ne trouve que dans peu de pays européens un taux d’équipement téléphonique de presque 100 % comme c’est le cas au Canada.


La mise en œuvre des définitions de la violence
L’aspect peut-être le plus difficile et le plus controversé des enquêtes réalisées dans ce domaine tient peut-être aux définitions elles-mêmes des actes de violence. La question est d’autant plus problématique qu’il n’existe aucune terminologie normalisée, neutre et encore moins facilement adaptable aux diverses catégories de crimes et de délits définies dans la loi.


Les termes et les concepts utilisés pour décrire la violence domestique au cours des diverses «générations» d’enquêtes ont donné lieu à une vaste polémique. Il existe dans ce domaine trois notions principales: la «violence», la «force» et «les tactiques utilisées en cas de conflit». Cette dernière expression a été utilisée par Straus dans la troisième génération d’enquêtes menées aux Etats-Unis sur la violence familiale, tandis que c’est plutôt la notion de «violence» qui a servi dans celles de Statistique Canada et dans les enquêtes subséquentes, celle de «force» enfin ayant été privilégiée en Grande-Bretagne dans le cadre de la BCS. Straus a mis au point une échelle complexe (Conflict Tactics Scale), recensant toute une série de méthodes pour faire face au conflit et qui vont du recours à la parole jusqu’aux actes de violence grave. Cette échelle a été largement utilisée compte tenu de sa capacité à faire la distinction entre différents formes et niveaux de violence. Toutefois, elle a aussi été très souvent critiquée, puisqu’on lui a reproché de se concentrer sur l’acte même de violence plutôt que sur ses conséquences; par ailleurs, disposer simplement de données sur les actes de violence ne revêt que peu de signification en dehors d’une compréhension de leur sens et de leur contexte (Brush, 1990; Dobash et al, 1992; Smith, 1994).
L’enquête de Straus a permis de constaté, contrairement à ce que pensaient certains, que les hommes étaient tout aussi susceptibles d’être victimes de violence conjugale que les femmes, un constat que l’on retrouve d’ailleurs dans la BCS. Toutefois, il s’agit d’une statistique qui peut être trompeuse pour les raisons suivantes: les conséquences de la violence sont bien plus importantes pour les femmes que pour les hommes (voir Dobash et al, 1992); un homme est beaucoup plus susceptible de blesser une femme que l’inverse (Schwartz, 1987); les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être effrayées par la violence et de le rester (Mirrlees-Black, 1999); enfin, on peut penser que les femmes qui frappent les hommes le font plutôt en réaction à une attaque, pour se défendre ou pour se venger, que de leur propre initiative (Saunders, 1988; Nazroo, 1995).


Depuis cette controverse, toutes les enquêtes subséquentes ont systématiquement comporté des questions sur l’impact de la violence et sur le contexte des actes de violence, même si l’on a continué d’utiliser une partie de l’échelle de notation mise au point par Straus. Celle-ci a l’avantage de permettre de poser aux personnes interrogées de nombreuses questions pour savoir si elles ont été ou non victimes de violence à des degrés divers, ce qui élimine la nécessité d’une «première» et unique question susceptible de contenir un terme avec lequel le sondé ne souhaite pas s’identifier.


Statistique Canada amène ses questions sur la violence conjugale comme étant des questions sur la violence en tant que telle, plutôt que des questions sur les tactiques employées en cas de conflits entre les époux. L’enquête elle-même est présentée comme une enquête sur la sécurité des femmes, et les questions sur la violence conjugale font suite à une série de questions sur le caractère éventuellement autoritaire d’un conjoint ou d’un compagnon. On estime qu’il s’agit d’un cadre plus propice pour poser les questions.
Cependant, en dépit des problèmes désormais bien connus inhérents à l’enquête de Straus, il n’est pas inutile de relever qu’elle a donné, par le biais de cette échelle d’évaluation des tactiques employées en cas de conflits, des taux de violence conjugale à l’égard des femmes plus importants au cours de la période de 12 mois ayant précédé l’enquête et qu’elle a permis d’utiliser la notion de résolution des conflits dans la famille mise au point par Statistique Canada, fondée sur le concept de violence et présentée dans le cadre d’une enquête sur la sécurité des femmes.


L’utilisation du terme de «violence» pose problème dans la mesure où il s’agit d’un mot non neutre que certaines personnes interrogées ne souhaitent pas nécessairement employer. Dans l’étude qu’il a menée en 1994 dans le nord de Londres, Mooney (1994) a constaté que certaines personnes hésitaient à employer le terme de «violence conjugale». Si 92 % des femmes interrogées se sont déclarées disposées à qualifier de «violence conjugale» toute agression physique à leur endroit ayant provoqué une véritable blessure corporelle (contusion, œil au beurre noir ou fracture), elles n’étaient plus que 76 % à bien vouloir parler de violence physique pour qualifier les incidents à l’occasion desquels elles avaient été empoignées, bousculées ou secouées et 68 % seulement en cas de simple menace verbale de recours à la force. On a constaté aussi que les réponses variaient selon l’âge des femmes interrogées: parmi celles ayant entre 55 et 64 ans, 60 % seulement se sont déclarées disposées à parler de violence conjugale en cas d’agression ayant provoqué une blessure, 51 % lorsqu’il leur était arrivé d’être empoignées, bousculées et secouées.


La définition donnée à la notion d’agression sexuelle est, pour le moins, encore plus controversée que celle relative à la violence conjugale. La plupart des termes employés et disponibles pour décrire les formes les plus graves d’actes de violence sont loin d’être neutres, et même lorsque les personnes interrogées semblent prêtes à souscrire à des descriptions de comportements correspondant à ce qui leur est arrivé, elles hésitent à employer les termes existants pour ce faire, en particulier à parler de viol. La dimension juridique de la question, dans la plupart des pays, consiste à savoir si la femme a donné ou non son consentement à diverses formes de rapports sexuels. Dans la pratique, il se pose bien d’autres problèmes d’ordre moral et social qui viennent peser sur une telle prise de position.
Koss (1988) a constaté que, dans un groupe d’étudiantes américaines qu’il avait interrogées, 25 % seulement ont déclaré avoir été violées, alors que toutes avaient pourtant indiqué avoir été victimes d’actes correspondant à un viol. Au Royaume-Uni, Painter (1991) a constaté que 60 % seulement d’un groupe de femmes mariées violentées pour avoir des rapports sexuels avaient, à l’époque, été disposées à parler de viol; parmi le groupe de celles ayant été contraintes à avoir des rapports sexuels sous la menace verbale, ce chiffre n’était plus que de 51 %; enfin, parmi le groupe des femmes ayant clairement indiqué ne pas avoir donné leur consentement à l’acte mais à l’égard desquelles aucune forme de violence n’avait été utilisée, le pourcentage de celles ayant accepté de parler de viol n’avait été à l’époque que de 43 %.


Ces différents chiffres ne sont peut-être pas surprenants quand on sait la manière dont le viol est dépeint et représenté dans les journaux, qui parlent généralement d’étrangers, de détraqués, d’agressions à répétition et de femmes imprudentes dont certaines, dit-on, «l’auraient cherché» (Soothill et Walby, 1991). Dans ces conditions, il est difficile pour une femme ayant été violée de s’identifier avec les descriptions qui lui sont faites de cet acte par le biais de la culture populaire.


Dans ce contexte d’absence de consensus social sur les termes à employer pour décrire les diverses formes de violence, on peut penser que les enquêtes se doivent d’évoquer des formes spécifiques de comportement, sans se contenter d’expressions en style «télégraphique» (Koss, 1993; Smith, 1994). En effet, les expressions génériques ne permettent tout simplement pas de refléter la pensée des auteurs de l’enquête. Il convient alors de poser plusieurs questions, et non pas une seule, de décrire plusieurs actes, au lieu de ne poser qu’une seule question générale, suivie de questions plus détaillées pour les seules personnes ayant franchi ce stade.


On sait qu’il existe différentes formes et catégories d’agressions sexuelles qui méritent de faire l’objet de toute une série de termes et d’expressions pour les décrire. Dans le cadre de la quatrième génération d’enquêtes, un effort particulier a été déployé pour tenter de distinguer les différents types d’agressions. L’enquête de Statistique Canada et celles qui l’ont suivie comportent une série de questions sur le harcèlement sexuel, les menaces à caractère sexuel et les attaques de personnes étrangères, de «petits amis» et autres personnes, ainsi que sur les agressions sexuelles dans le cadre du mariage. Toutefois, un certain nombre d’autres améliorations pourraient être apportées. Ainsi, les questions posées restent quelque peu vagues, il n’existe pas de distinction entre viol et rapport sexuel sous la contrainte et, enfin, les questions ne permettent pas de faire de distinction particulièrement nette entre les différents niveaux de recours à la force ou entre les différentes formes de pression exercées. Les nuances existant entre les différentes formes de viol dans le mariage sont impossibles à établir au moyen d’une seule question posée après celles qui concernent les formes les plus extrêmes d’agressions physiques. Le problème des femmes victimes d’hommes qui les pourchassent n’est pas évoqué dans l’enquête de Statistique Canada, mais les modifications apportées à certaines enquêtes, comme celles de l’Australie, en font une catégorie de questions séparées, ce qui nous paraît utile. Les questions relatives aux blessures physiques mériteraient d’être revues pour que les victimes de viol n’aient pas simplement à répondre par «oui» ou par «non» à la question de savoir si elles ont été blessées, mais puissent plutôt cocher dans une liste de blessures.
Pour la prochaine «génération» d’enquêtes, il faudrait également améliorer la liste des catégories utilisées pour recueillir des données sur les agressions à caractère sexuel.


La place de l’acte de violence
La plupart des enquêtes sur la délinquance et la criminalité sont axées sur des événements ponctuels, alors que la violence conjugale et la violence sexuelle au sein d’un couple sont plus souvent caractérisées par une succession d’incidents que par un seul incident. C’est ainsi que l’on peut également reprocher à l’enquête de Straus un certain nombre de limites intrinsèques liées au fait que les questions posées ne concernent que les éventuels actes de violence conjugale ayant eu lieu au cours des 12 mois précédant le questionnaire.


Toutefois, les enquêtes dites de la «quatrième» génération ne sont pas suffisamment développées sur ce point. Ainsi, dans les enquêtes de Statistique Canada, on a du mal à savoir depuis quand les personnes interrogées sont victimes de violence conjugale et à quelle fréquence, et ce malgré les quelques questions posées sur ce point. Poser une seule question pour demander à quel moment a eu lieu le premier acte de violence et à quand remonte le plus récent ne suffit pas, de même qu’il n’est pas satisfaisant de proposer aux personnes interrogées de cocher dans une liste d’éventualités («plus de dix») pour indiquer le nombre d’actes de violence dont elles ont été victimes. Ces différentes questions ne permettent pas de se faire une idée précise des modalités de la violence conjugale, à l’instar de ce que révèlent certains des échantillons de personnes interrogées dans les foyers et dans les abris pour femmes (ou hommes) battu(e)s.

En fait, si l’on veut vraiment procéder à une analyse d’un recul éventuel du phénomène de violence conjugale, il faut disposer de données précises sur le début et sur l’arrêt de toute une série d’événements. Or, des informations de ce type n’ont toujours pas été recueillies, et ce même dans le cadre des enquêtes menées par Statistique Canada. Il en va de même pour la violence sexuelle, qui peut également prendre la forme d’une série d’actes à répétition, surtout lorsqu’elle émane d’un homme connu de la victime ou de son compagnon.


Expliquer la violence
Il existe un certain nombre de théories que les données recueillies dans le cadre d’enquêtes améliorées pourraient contribuer à étudier. Ces théories concernent, entres autres questions, la nature éventuelle des liens entre la violence, d’une part, et la pauvreté et l’exclusion sociale, d’autre part; avec l’inégalité entre les sexes; de l’efficacité éventuelle du système de justice pénale; du rôle des autres organismes sociaux. Si l’on veut parvenir à cet objectif, il faudrait recueillir davantage de données sur les corrélations avec la violence, notamment:
Des données séparées sur le revenu et le statut socio-économique de l’homme et de la femme au sein du ménage, et pas seulement sur ceux du «chef de famille» ou du ménage dans son ensemble, ceci afin d’évaluer différentes relations causales possibles entre pauvreté et exclusion sociale d’un côté, et violence conjugale de l’autre. Si, dans le cadre de la BCS, une enquête générale sur la criminalité et la délinquance axée essentiellement sur le vol, il était normal de traiter le ménage comme une seule et unique entité économique, il l’est beaucoup moins lorsqu’il s’agit d’analyser les relations de pouvoir et les actes de violence au sein même de cette entité. Il faut pouvoir analyser séparément toute corrélation éventuelle entre la motivation économique d’un délinquant et la dépendance financière et l’enfermement d’une victime. Les ménages démunis sont-ils ou non plus exposés au risque de la violence conjugale du fait que l’homme n’y a pas les moyens économiques d’assurer le rôle qu’il juge être le sien de manière satisfaisante ou du fait que les femmes n’ont pas les ressources financières ou les réseaux sociaux voulus pour quitter le foyer? Dans quelle mesure le constat effectué aux Etats-Unis sur l’effet protecteur du revenu des femmes (Farmer et Tiefenthaler, 1997) s’applique-t-il au Royaume-Uni? Dans quelle mesure un accroissement du niveau d’emploi des femmes et autres évolutions de la condition féminine dans la société (Walby, 1997) pourraient-ils contribuer à réduire la violence conjugale, comme on le fait valoir en Islande (Gislason, 1997)? Dans quelle mesure le constat américain selon lequel l’égalité conjugale protège contre la violence conjugale même dans les situations conflictuelles (Coleman et Straus, 1986) est-il également valable au Royaume-Uni?

Quels sont les facteurs liés à un recul de la violence conjugale (voir Farrall et Bowling, 1999)? L’intervention de toute une série d’organismes extérieurs joue-t-elle un rôle aussi central dans ce processus au Royaume-Uni qu’aux Etats-Unis (Horton et Johnson, 1993) ou doit-on penser que l’éventail des services de soutien et la nature du système judiciaire sont trop différents pour permettre une telle analyse? Le recul du phénomène de la violence s’explique-t-il par la réinsertion des anciens délinquants ou, au contraire, par le fait qu’ils ont été exclus de leur foyer?

Il existe de nombreuses théories qui mériteraient d’être approfondies si l’on disposait de données fiables sur la répartition des actes de violence à l’égard des femmes (voir Walby et Myhill, 1999; Walby et Myhill, 2000).


Les enquêtes futures
Il s’avère que les enquêtes constituent un outil indispensable à l’analyse de la violence à l’égard des femmes et de la violence conjugale, et ce en dépit des hésitations que peuvent éprouver certains à cet égard (Brush, 1990). Au cours des quelques dernières années, nous avons assisté à une succession de nouveaux modèles et formats d’enquêtes. Il nous faut à présent une nouvelle génération d’enquêtes, issue des innovations apportées grâce aux enseignements tirés lors des enquêtes précédentes.
La quatrième génération d’enquêtes, telles que celles menées par Statistique Canada, constitue un bien meilleur outil pour recueillir des données sur tout l’éventail des formes de violences dont les femmes peuvent être les victimes. Par ailleurs, les améliorations apportées par l’Australie, qui fait désormais figurer dans ses enquêtes des questions explicites sur les femmes victimes d’hommes qui les pourchassent et les traquent, constituent également une évolution des plus positives.


Toutefois, cette génération d’enquêtes pourrait encore être améliorée, et ce à plusieurs égards. Premièrement, il faut revoir la base de sondage pour y inclure la population marginalisée n’ayant pas, au moment de l’enquête, de domicile fixe, surtout quand on sait que c’est précisément au sein de ce groupe que l’on est susceptible de trouver un nombre exagérément élevé de femmes ayant fui un mari ou un conjoint violent pour chercher refuge dans un abri, chez des amis ou des proches, dans une auberge de jeunesse ou dans un centre pour SDF. Deuxièmement, il faudrait une liste plus longue et plus vaste recensant les différents types d’agressions sexuelles dont les femmes peuvent être victimes, qui reconnaisse les complexités et les différences d’expériences et de définitions dans ce domaine, de même qu’il conviendrait d’ajouter d’autres questions sur ce point. Troisièmement, il faut un moyen plus systématique et plus exhaustif de prendre note des diverses conséquences et répercussions de la violence, en particulier à caractère sexuel, afin d’en saisir la diversité de manière significative. Quatrièmement, il faudrait trouver un meilleur moyen de recenser les différents actes de violence dans le temps, afin de pouvoir déceler une éventuelle escalade et peut-être un ralentissement de leur fréquence, et ce en corrélation avec d’autres informations sociales qui permettraient de commencer à recueillir des éléments de preuve donnant à penser que l’on est en présence d’un recul du phénomène. Enfin, un cinquième point, il faudrait recueillir des données socio-économiques séparées sur les femmes et sur les auteurs d’actes de violence, afin que la femme ne soit pas «englobée» dans l’entité que constitue le ménage et que les théories afférentes au rôle de la pauvreté et de l’exclusion sociale, à la fois pour la victime et pour l’auteur d’actes de violence, puissent être prises en compte. Sixièmement, il conviendrait de poser la question de savoir si l’homme a un casier judiciaire, afin d’étudier l’éventuelle pertinence dans ce domaine des théories sur la «carrière» criminelle des auteurs d’actes de violence.

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Table des matières du séminaire du COE - 7-8 octobre 1999
Les hommes et la violence à l'égard des femmes