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MODULE 1.
INTRODUCTION A LA PROBLEMATIQUE DU SEXISME
DANS L'EDUCATION DES JEUNES ENFANTS

Le présent module a été préparé à l'intention des adultes en guise d'introduction, dans le but de mieux les soutenir dans leur intervention. Des objectifs ont été élaborés afin d'en préciser le contenu.

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OBJECTIFS

>> Terminal: Favoriser une meilleure compréhension de la problématique du sexisme dans l'éducation des enfants.

>> Intermédiaires: Amener les enfants à:

1.1        Prendre connaissance des différentes définitions des termes clés qui permettent de mieux saisir la problématique du sexisme dans l'éducation des jeunes enfants.

1.2        Se sensibiliser aux facteurs susceptibles d'expliquer les différences de comporte­ments entre les filles et les garçons.

1.3        Prendre conscience des conséquences du sexisme sur leur développement.

 

PISTES D' OBJECTIVISATION : Lecture des textes de réflexion.

OBJECTIF intermédiaire. :  Amener les enfants à:

1.1           Prendre connaissance des différentes définitions des ternes clés qui permettent de mieux saisir la problématique du sexisme dans l'éducation dés jeunes enfants.

On trouvera aux tableaux 3, largement inspirées du glossaire du matériel de soutien pédagogique D'un commun accord, les définitions de quelques-uns des termes dont la compréhension est essentielle pour éviter toute équivoque.

Suivra, en complément du glossaire, un texte de réflexion inspiré d'extraits du guide Pareille pas pareils'.

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7. Ministère de l'Éducation. D'un commun accord, Québec, p. 1.13, 1.19 à 1.22, p. 14 et 15.
8. MEQ, MAS et CSF. Op  cit

TABLEAU 3:
DÉFINITIONS DE TERMES CLÉS RELIÉS À LA PROBLÉMATIQUE DU SEXISME

DÉFINITIONS

MOTS CLÉS POUR

LES ÉLÈVES

EXEMPLES

SEXISME

Ensemble de croyances, de valeurs, d'attitudes qui, sur la base de modèles stéréotypés et intériorisés, divise rôles, habiletés, intérêts et comportements selon le sexe, ce qui a pour effet de limiter le développement de l'individu à tous les plans : personnel, affectif, professionnel et social. L'un des effets principaux est la discrimination envers les femmes et l'aliénation des deux sexes.

- DIVISION des rôles selon qu'on est un garçon ou une fille;

 

- LIMITES au développement et aux possibilités de chacun et de chacune;

 

- INJUSTICES pour les filles et les femmes sont les principales conséquences;

 

- MODÈLES STÉRÉOTYPÉS sont la base de ce problème. 

- Faire arroser les plantes par les filles et transporter des livres pesants par les garçons.

- Pousser une fille à faire du ballet alors qu'elle souhaiterait jouer au hockey.

- Décourager un garçon qui veut choisir le métier de secrétaire sous prétexte que ce n'est pas un métier pour les hommes.

- Refuser de faire équipe avec des filles parce que ce sont des filles.

- Utiliser des qualificatifs comme «garçon manqué, tomboy» pour les filles et.fillette, femmelette» pour les garçons.

- Dire qu'elle peut réussir ou jouer «aussi bien qu'un garçon».

 - Punir un garçon en l'assoyant à côté d'une fille ou l'inverse.

EGALITE

- Caractère de ce qui est égal, c'est-à-dire qui est de même nature, qualité ou valeur.

- Rapport entre deux individus égaux, qui ont les mêmes droits et responsabilités. 

N.B.: L'égalité parfaite n'existe pas dans la réalité; elle n'est que pure invention de l'esprit, abstraite et donc, mathématique. Aussi, il est souvent préférable de parler <d'équivalence».

Équivalent: qui a la même valeur ou fonction, qui est comparable en quantité ou en qualité.

MÊME VALEUR

 

- en quantité

- en qualité

 

- Les filles sont les égales des garçons.

 

- Les Noirs et les Blancs sont égaux.

 

TABLEAU 3:
DÉFINITIONS DE TERMES CLÉS RELIÉS A LA PROBLÉMATIQUE DU SEXISME (SUITE)

DÉFINITIONS

MOTS CLÉS POUR
LES ÉLÈVES

EXEMPLES

DISCRIMINATION

La discrimination résulte de la distinction, l'exclusion ou la préférence fondée sur un motif illicite et qui a pour effet de détruire ou de compromettre le droit à l'égalité dans l'exercice des droits et libertés de la personne.

 

Motifs illicites selon la Charte des droits et libertés de la personne:

- la race
- la couleur
- le sexe
- l'orientation sexuelle
- l'état civil
- la religion
- les convictions politiques
- la langue
- l'origine ethnique ou nationale
- la condition sociale
- le handicap ou l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap.

Discrimination intentionnelle: pratiques délibérément injustes résultant de préjugés ou de mauvaise volonté.

DISTINGUER
EXCLURE
PRÉFÉRER

 

pour des raisons comme la race, la couleur, le sexe, etc.

 

- CONTRAIRE À LA LOI.

 

- NUIRE à quelqu'un sur la base de préjugés.

 

- À l'école, pour les activités sportives parascolaires, un plus grand nombre d'heures de présence au gymnase est

réservé aux équipes masculines.

 

- Un garagiste refuse d'engager une femme comme mécanicienne, même si elle possède toutes les compétences requises.

 

- Le propriétaire d'un immeuble refuse de louer un appartement à une personne parce qu'elle est noire ou mono-parentale.

 

- Exiger que les élèves qui veulent s'inscrire à un club d'informatique possèdent un micro-ordinateur à la maison.

STÉRÉOTYPES

Représentation (jugement, sentiment, opinion, image) simplifiée et déformée d'une réalité, par le biais d'une ou de plusieurs caractéristiques d'une personne ou d'un groupe.

 

Le stéréotype a un caractère réductionniste et cette réduction a pour effet d'éliminer les nuances, d'attribuer une image générale à toutes les personnes d'un même groupe.

 

Stéréotype discriminatoire: le stéréotype est discriminatoire parce que son caractère. général lui donne les propriétés d'un modèle .déclencheur» de comportements et d'attitudes.

 

Stéréotype sexué: c'est un stéréotype. fondé sur le sexe de l'individu.

- Idée que l'on se fait de quelqu'un à partir d'un MODELE, d'une IMAGE, d'une PHOTO ou d'un préjugé hérité de la tradition.

 

 

- GÉNÉRALISER cette idée à toutes les personnes d'un même groupe.

 

- Les filles sont émotives.

- Les garçons sont combatifs.

- Les Noirs ont le sens du rythme.

- Les Amérindiens sont de bons chasseurs.

- Les aveugles ont l'ouïe développée.

- Les femmes sont minutieuses.

- Les hommes ont le sens des affaires, sont agressifs, ambitieux, indépendants, etc

- Les garçons n'aiment pas les cours de musique.

- Les filles sont soignées, ordonnées, passives, peu ambitieuses, illogiques.

- Les garçons sont des «meneurs».

- Les filles n'aiment pas les sports un peu rudes.

TABLEAU 3: 
DÉFINITIONS
DE TERMES CLÉS 
RELIÉS À LA PROBLÉMATIQUE DU SEXISME (SUITE)

DÉFINITIONS

MOTS CLÉS POUR

LES ÉLÈVES

EXEMPLES

RÔLES

Fonction assignée à quelqu'un, comportement qu'il est convenu d'attendre de sa part.


Rôle sexuel: rôle relatif à la sexualité.

 

Rôle sexué: rôle attribué à l'un ou l'autre sexe.

 

Rôle traditionnel: un rôle correspondant à des
stéréotypes peut être interprété comme étant un rôle traditionnel.

 

FONCTION


COMPORTEMENT


- par exemple, au théâtre, les acteurs et les actrices ont chacun leur rôle à jouer.

- dans la vie quotidienne, chaque personne joue plusieurs rôles.

 

- Une enseignante ou un enseignant a pour rôles d'instruire et d'aider les élèves à se développer.

 

- Une brigadière et un brigadier scolaires ont pour rôle d'assurer la sécurité
des enfants qui traversent la rue.

- Dans la vie adulte, les femmes et les hommes ont plusieurs rôles à remplir :

- travailleurs et travailleuses;

- conjoints et conjointes;

- pères et mères;

- etc.

PRÉJUGÉS

- Croyance, opinion préconçue souvent imposée par le milieu, l'éducation, l'époque.

 

- Jugement prématuré, manière de voir sans aucune logique valable, sans fondement et ce, qu'il soit favorable ou défavorable.

 

N.B.: Le préjugé contribue à renforcer le sexisme, le plus souvent en offrant une justification irrationnelle à la division entre les sexes.

 

CROYANCE.

OPINION,

c'est-à-dire que c'est subjectif et lié à l'expérience individuelle ou collective.

 

ARGUMENTS DOUTEUX,
c'est-à-dire qui ne résistent pas à l'ana lyse ou aux faits

 

- Les immigrés sont des gens malpropres, j'en connais.

- Un homme, ça ne pleure pas.

- La place des femmes est à la maison.

- Les filles sont meilleures en français t les garçons en sciences.

- Une fille, c'est trop fragile pour jouer u hockey.

- Les femmes qui travaillent, c'est pour e payer de l' "extra".

- Les femmes dans les métiers masculins sont des voleuses d'emplois.

- Les hommes n'aiment pas travailler sous la responsabilité d'une femme.

TABLEAU 3:
DÉFINITIONS DE TERMES CLÉS RELIÉS A LA PROBLÉMATIQUE DU SEXISME (SUITE
)

DÉFINITIONS

MOTS CLÉS POUR
LES ÉLÈVES

EXEMPLES

HARCÈLEMENT

Conduite se manifestant, entre autres, par des paroles ou des gestes répétés à caractère vexatoire ou méprisant à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes.


Harcèlement sexiste et sexuel: mécanisme social de répression des femmes afin de les maintenir, par la peur et l'anxiété, à l'intérieur de cadres définis par la domination patriarcale.


Harcèlement sexiste : il prend la forme de comportements verbaux ou non verbaux surtout
symboliques, visant à abaisser et à maintenir la femme dans un statut inférieur par rapport à l'homme. Il véhicule ouvertement des stéréotypes sexistes.


Harcèlement sexuel : intervention à connotation
sexuelle; forme de domination sexiste et de contrôle sexuel des femmes dans un contexte de
pouvoir inégal où le harceleur peut aller jusqu'à la menace ouverte de violence et ramène la
femme à un statut d'objet sexuel. Le harcèlement sexuel le plus
violent aboutit à l'agression
sexuelle.

MOTIFS DE
HARCÈLEMENT:


- condition sociale;
- handicap;
- origine ethnique;
- sexe;
- religion;
- race;
- orientation sexuelle;
- âge.

 

Se faire dire, de façon répétée, par un
compagnon de travail, qu'une femme bien éduquée ne devient ni soudeuse, ni
mécanicienne, ni pompière, etc.


- Remarques et attitudes sexistes.
- Blagues à caractère sexuel.
- Remarques négatives sur l'apparence physique,


- Attouchements non désirés.
- Voyeurisme.
- Propositions avec promesse de récompense.
- Propositions avec menaces.

 


LES STÉRÉOTYPES

DÉFINITION

Lorsqu'on ne veut pas ou on ne eut pas réagir à quelqu'un sur la base de ses caractéristiques individuelles, on fait alors appel à un stéréotype, c'est-à-dire une image appliquée de façon rigide à tous les membres d'un groupe social pour décrire ce qu'ils sont. Nous utilisons toutes et tous des stéréotypes pour qualifier différents types de gens. Si on nous le demandait, nous poumons, par exemple, décrire un policier «typique» ou un joueur de football professionnel sans même jamais avoir eu l'occasion de rencontrer aucune de ces personnes: chacune de ces images représente un stéréotype. Un stéréotype devient discriminatoire lorsqu'il limite le développement, l'expression ou l'exercice des droits des personnes appartenant au groupe social auquel il se réfère.

FONCTIONS

Les stéréotypes sont nécessaires pour donner un sens à la société complexe dans laquelle nous visons : il serait, en effet, difficile de traiter comme des individus uniques les milliers de personnes avec qui nous interagissons chaque année. Une même personne peut remplir plusieurs rôles : être la mère d'un ami, l'épouse d'un homme d'affaires, en même temps que votre compagne de travail. Vous pouvez avoir des réactions différentes à l'égard de chacun de ces rôles de même que des images différentes du type de personne susceptible de les remplir.

Auquel de ces rôles allez-vous réagir? En général, votre réaction dépendra de la situation dans laquelle vous vous trouvez et du rôle de cette femme auquel vous accordez le plus 'importance. Ainsi, vous réagirez probablement à elle comme «compagne de travail» alors que les associés de son mari retiendront plutôt son caractère d'«épouse» : c'est ainsi que, dépendamment du rôle auquel on fait référence, on peut être amené à émettre des jugements fort différents sur son intelligence et ses capacités.

ACQUISITION ET DÉVELOPPEMENT DES STÉRÉOTYPES

Nous acquérons nos stéréotypes de nombreuses façons: certains reposent sur les normes et les croyances de notre culture. Ils peuvent être appris simplement en regardant la télévision, en lisant certains livres ou magazines, en discutant avec des proches: on peut ainsi être amené à déduire, à la seule vue des jeunes cilles en pleurs présentées sur le petit écran, que toutes les femmes sont émotives. Les stéréotypes sont aussi transmis par les institutions de notre société: famille, école, etc. Certains nous parviennent de notre expérience directe: s'il nous arrive d'interagir avec une femme de carrière qui nous semble froide mais très compétente, il se pourrait que, consciemment ou inconsciemment, nous commencions à croire que toutes les femmes de carrière sont froides et compétentes.

MÉCANISMES D' APPROPRIATION PERSONNELLE DES STÉRÉOTYPES ASSURANT LEUR MAINTIEN DANS UNE SOCIÉTÉ DONNÉE

Lorsqu'un stéréotype est appris, il est difficile de s'en défaire. Il existe, en effet, un certain nombre de mécanismes qui nous poussent à le maintenir en dépit même d'évidences contraires: on peut rejeter toute information qui ne colle pas à ce stéréotype ou encore interpréter cette information de façon à ce qu'elle s'ajuste. Par exemple, si vous jugez que les garçons sont plus agressifs que les filles, vous pourrez ignorer le fait d'avoir vu Marie frapper Bill il y a un instant, ou vous dire que pour une petite cille, elle démontre son affection d'une drôle de façon! Dans un cas comme dans l'autre, le stéréotype que vous entretenez à l'effet que les garçons sont plus agressifs, demeure inchangé. Autre exemple: si un individu est persuadé de l'incapacité d'une femme à réaliser une tâche donnée, il se peut bien que même si cette femme accomplit effectivement un bon travail, sa performance soit perçue comme étant «exceptionnelle» et qu'elle soit toujours considérée, de façon générale, comme incompétente.

La distorsion de l'information n'est qu'un des mécanismes maintenant les stéréotypes. Ceux-ci persistent aussi parce que les gens, les utilisant comme points de référence, s'y conforment. Si un homme croit que les individus de son sexe ne doivent pas pleurer, il essaiera vraisemblablement d'éviter ce type de démonstration en public, et ce, même s'il en sent le besoin. Une femme, par contre, n'ayant pas de raison d'inhiber son envie de pleurer, se laissera plus facilement aller à ce type d'émotion. Or, en observant les comportements différents manifestés par l'un ou l'autre sexe, on en arrive effectivement à croire que, de fait, «les femmes pleurent et que les hommes, eux, ne pleurent pas».

PRINCIPAUX STÉRÉOTYPES CONCERNANT LES HOMMES ET LES FEMMES

Des études effectuées au cours des vingt dernières années révèlent que la plupart des gens croient que les hommes sont plus agressifs, indépendants, objectifs, actifs, compétitifs, logiques, orientés vers le monde, habiles dans le domaine des affaires, confiants dans leurs possibilités et ambitieux en même temps que brusques, rudes, tapageurs, négligents, peu loquaces, et incapables d'exprimer des sentiments tendres. Les femmes, selon les stéréotypes, se définissent en opposition aux traits masculins: elles ne sont pas agressives, pas indépendantes, pas objectives, très passives, pas du tout compétitives, illogiques, non orientées vers l'extérieur, malhabiles en affaires, insécures au sujet d'elles-mêmes, sans ambition; cependant elles sont délicates, douces, mielleuses, bavardes, ordonnées et capables de sentiments tendres.

Ces stéréotypes concernant les hommes et les femmes sont apparemment entretenus par les deux sexes. Les hommes perpétuent entre eux leurs propres images ainsi que celles des femmes. Il en va de même chez les femmes.

DU PROGRÈS

Il est important de noter que plusieurs des stéréotypes mentionnés précédemment dépeignent les femmes de façon négative. Cette situation paraît cependant vouloir se modifier légèrement.

Premièrement, il semble que depuis quelques années on valorise davantage l'expression émotive des femmes et que l'on accorde moins d'importance aux qualités traditionnelles de compétence des hommes. Ces derniers commencent d'ailleurs à reconnaître l'importance d'être capables d'exprimer leurs émotions. Les femmes aussi portent maintenant un regard plus positif sur certains traits appartenant traditionnellement au stéréotype féminin. Tout cela laisse supposer qu'en général les femmes sont maintenant perçues de façon beaucoup moins négative.

Deuxièmement, il semble que l'on valorise la compétence comme un trait désirable en soi plutôt que comme une caractéristique masculine. Les femmes qui veulent faire carrière et réussir à l'extérieur paraissent tout particulièrement soucieuses de voir d'autres femmes reconnues pour leur compétence. Il faut noter cependant qu'on s'attend généralement à ce que les femmes conservent leur «féminité» lorsqu'elles occupent des fonctions traditionnellement réservées aux hommes.

Troisièmement, les gens commencent à raffiner les stéréotypes qu'ils entretiennent au sujet des femmes, en général, comme de certains groupes, en particulier.

«Lorsqu'une femme se présente en entrevue, on vérifie son état civil avant de connaître ses qualifications et ses expériences. Si elle est mariée, on hésite sur sa candidature, sous prétexte qu'elle peut ne pas être aussi disponible et peut s'absenter plus souvent qu'à son tour. Certains employeurs ont encore tendance à privilégier un homme plutôt qu'une femme croyant qu'elle n'aspire qu'à un salaire d'appoint. D'autres voudront éviter les «dérangements» occasionnés par un congé de maternité. Exemples courants de discrimination exercée plus ou moins consciemment, et dont les femmes sont victimes.»

Il importe donc de poursuivre la dénonciation des stéréotypes sexistes, que ceux-ci limitent les aspirations des femmes ou celles des hommes. En fait, ce sont les frontières qu'ils imposent au développement de l'un et l'autre sexe que nous devons repousser le plus loin possible. Il importe également de désaliéner les femmes et les hommes et de permettre ainsi à toutes et à tous de s'épanouir sans contrainte.

TRANSMISSION DES STÉRÉOTYPES

Les normes et croyances concernant les hommes et les femmes nous sont surtout transmises par des institutions comme l'école, la famille, etc. Bien des stéréotypes sont aussi acquis au contact de la réalité.

Certains mécanismes contribuent à perpétuer les stéréotypes

- nous déformons parfois l'image que nous renvoie la réalité de façon à ne pas avoir à changer nos croyances. Par exemple, si nous voyons une petite fille grimper aux arbres, nous préférons croire que cette dernière est un «garçon manqué» et qu'en général, les fillettes sont moins aventureuses que les petits garçons;

- nous nous conformons nous-mêmes aux stéréotypes : nous les utilisons comme points de référence pour orienter nos comportements, pour déterminer nos attitudes. En agissant selon ce qu'ils prescrivent, nous les confirmons, ce qui maintient l'illusion de leur fondement dans la réalité;

- les stéréotypes sont un peu comme les balises de notre quotidien, c'est-à-dire qu'ils nous permettent de structurer notre perception du monde. En dépit de ce caractère utilitaire, il demeure qu'ils limitent de beaucoup notre compréhension de la diversité humaine. De plus, puisqu'ils prescrivent de façon rigide ce que nous devons être, ils inhibent d'autant nos possibilités de développement et de créativité;

-          nous avons peut-être, à un moment ou l'autre, été victimes du stéréotype de la «femme idéale» ou de l' «homme idéal», en étant forcés à abandonner certains intérêts, en sacrifiant «parce que cela ne se fait pas», une carrière, etc. Comment éviter à nos enfants pareilles contraintes?

OBJECTIF intermédiaire: 
Amener
les enfants à:

1.2    Se sensibiliser aux facteurs susceptibles d'expliqués les différences
de comportements entre les Filles et les garçons.

Il n'est pas facile de connaître la cause exacte qui explique les différences de comportements entre les filles et les garçons. Toutefois, il faut reconnaître qu'elles se manifestent très tôt.

De nombreuses recherches ont été faites sur ce sujet et l'unanimité est loin d'être faite.

On a longtemps cru à la prédominance des facteurs culturels. La recherche de Ferrer et

Leblanc-Rainville (1988)1' repose sur plusieurs postulats, dont celui-ci:

«C'est la culture et non l'anatomie qui crée le sexisme (...) même si l'influence des facteurs hormonaux et génétiques ne peut être ignorée, c'est le processus de socialisation qui est l'élément prépondérant aussi bien dans l'acquisition des attitudes et des comportements dits «féminins» ou «masculins» que dans la formation des stéréotypes sexuels qui en découlent. Le sexisme s'apprend comme tout autre élément socio-culturel. Plusieurs recherches, dont celles de Margaret Mead (1963) et E. Geranni Belotti (1974), l'ont démontré au cours des dernières décennies.»

Plusieurs autres revues de littérature arrivent aux mêmes conclusions. Déjà Belotti

(1976)12 retenait cette hypothèse

«Malgré les facteurs hormonaux et génétiques, c'est l'éducation qui est l'élément déterminant de l'identification sexuelle et qui fait que l'on se considère comme garçon ou fille. Les résultats des recherches faites sur des enfants dont le développement est défectueux laissent à penser que l'identification à l'un ou l'autre sexe ainsi que le fait d'assumer un rôle sexuel déterminé, s'effectuent essentiellement à travers l'apprentissage. »

Toutefois, un article fort intéressant paru dans la revue l'Actualité de février 1992 présente l'envers de la médaille, avec une interprétation nouvelle, celle du Dr Lemay, pédopsychiatre à l’Hôpital Sainte-ustine. Selon lui, les différences de comportements seraient le résultat de l'effet combiné de l'environnement et du bagage héréditaire".

11. . Ferrer et S. Leblanc-Rainville. Un guide pédagogique pour la création de nouveaux rapports hommes-femmes et son évaluation, in «Recherches féminines à propos d'éducation», 1988, vol. 1, p. 79‑91.

12. . G. Belotti. Du côté des petites filles, Paris, Édition des femmes, 1976, p. 9.

 

OBJECTIF intermédiaire: Amener les enfants à :

1.3 Prendre. conscience des conséquences du sexisme suivant leur développement.

Le sexisme a des effets négatifs sur le développement physique, psychologique et intellectuel des enfants, car il ne permet pas leur développement optimal. Ces différents points seront abordés dans les modules qui suivent.

La recherche de Ferrer et Leblanc-Rainville (1988)'4 reposait sur cet autre postulat:

«Le sexisme est défavorable aux hommes et aux femmes. (...) À notre point de vue, c'est le potentiel de chaque individu que menace le sexisme.»

À l'heure actuelle, on reconnaît que les conséquences d'une éducation stéréotypée des jeunes peut peser lourd dans le développement des filles et des garçons. Les limites qu'elle leur impose ne permet pas leur plein épanouissement et les confine chacun de leur côté, et ce dès la plus tendre enfance. Il semble que si l'on n'intervient pas au plus tôt, après quelques années, les filles perdent de l'estime de soi, ce qui a des répercussions sur leurs relations avec leurs camarades, sur leurs études et, enfin, sur le choix professionnel qu'elles font. Plusieurs chercheuses et chercheurs se sont penchés sur la question: le problème n'est pas dû à une

13. M. Turenne. Pitié pour les garçons, in «Actualité», Montréal, février, p. 24-32.

14. C. Ferrer et S. Leblanc-Rainville. Op. cit., p. 79-81.

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