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LES STÉRÉOTYPES

DÉFINITION

Lorsqu'on ne veut pas ou on ne eut pas réagir à quelqu'un sur la base de ses caractéristiques individuelles, on fait alors appel à un stéréotype, c'est-à-dire une image appliquée de façon rigide à tous les membres d'un groupe social pour décrire ce qu'ils sont. Nous utilisons toutes et tous des stéréotypes pour qualifier différents types de gens. Si on nous le demandait, nous poumons, par exemple, décrire un policier «typique» ou un joueur de football professionnel sans même jamais avoir eu l'occasion de rencontrer aucune de ces personnes: chacune de ces images représente un stéréotype. Un stéréotype devient discriminatoire lorsqu'il limite le développement, l'expression ou l'exercice des droits des personnes appartenant au groupe social auquel il se réfère.

FONCTIONS

Les stéréotypes sont nécessaires pour donner un sens à la société complexe dans laquelle nous visons : il serait, en effet, difficile de traiter comme des individus uniques les milliers de personnes avec qui nous interagissons chaque année. Une même personne peut remplir plusieurs rôles : être la mère d'un ami, l'épouse d'un homme d'affaires, en même temps que votre compagne de travail. Vous pouvez avoir des réactions différentes à l'égard de chacun de ces rôles de même que des images différentes du type de personne susceptible de les remplir.

Auquel de ces rôles allez-vous réagir? En général, votre réaction dépendra de la situation dans laquelle vous vous trouvez et du rôle de cette femme auquel vous accordez le plus 'importance. Ainsi, vous réagirez probablement à elle comme «compagne de travail» alors que les associés de son mari retiendront plutôt son caractère d'«épouse» : c'est ainsi que, dépendamment du rôle auquel on fait référence, on peut être amené à émettre des jugements fort différents sur son intelligence et ses capacités.

 

ACQUISITION ET DÉVELOPPEMENT DES STÉRÉOTYPES

Nous acquérons nos stéréotypes de nombreuses façons: certains reposent sur les normes et les croyances de notre culture. Ils peuvent être appris simplement en regardant la télévision, en lisant certains livres ou magazines, en discutant avec des proches: on peut ainsi être amené à déduire, à la seule vue des jeunes cilles en pleurs présentées sur le petit écran, que toutes les femmes sont émotives. Les stéréotypes sont aussi transmis par les institutions de notre société: famille, école, etc. Certains nous parviennent de notre expérience directe: s'il nous arrive d'interagir avec une femme de carrière qui nous semble froide mais très compétente, il se pourrait que, consciemment ou inconsciemment, nous commencions à croire que toutes les femmes de carrière sont froides et compétentes.

MÉCANISMES D'APPROPRIATION PERSONNELLE DES STÉRÉOTYPES ASSURANT LEUR MAINTIEN 
DANS UNE SOCIÉTÉ DONNÉE

Lorsqu'un stéréotype est appris, il est difficile de s'en défaire. Il existe, en effet, un certain nombre de mécanismes qui nous poussent à le maintenir en dépit même d'évidences contraires: on peut rejeter toute information qui ne colle pas à ce stéréotype ou encore interpréter cette information de façon à ce qu'elle s'ajuste. Par exemple, si vous jugez que les garçons sont plus agressifs que les filles, vous pourrez ignorer le fait d'avoir vu Marie frapper Bill il y a un instant, ou vous dire que pour une petite cille, elle démontre son affection d'une drôle de façon! Dans un cas comme dans l'autre, le stéréotype que vous entretenez à l'effet que les garçons sont plus agressifs, demeure inchangé. Autre exemple: si un individu est persuadé de l'incapacité d'une femme à réaliser une tâche donnée, il se peut bien que même si cette femme accomplit effectivement un bon travail, sa performance soit perçue comme étant «exceptionnelle» et qu'elle soit toujours considérée, de façon générale, comme incompétente.

La distorsion de l'information n'est qu'un des mécanismes maintenant les stéréotypes. Ceux-ci persistent aussi parce que les gens, les utilisant comme points de référence, s'y conforment. Si un homme croit que les individus de son sexe ne doivent pas pleurer, il essaiera vraisemblablement d'éviter ce type de démonstration en public, et ce, même s'il en sent le besoin. Une femme, par contre, n'ayant pas de raison d'inhiber son envie de pleurer, se laissera plus facilement aller à ce type d'émotion. Or, en observant les comportements différents manifestés par l'un ou l'autre sexe, on en arrive effectivement à croire que, de fait, «les femmes pleurent et que les hommes, eux, ne pleurent pas».

PRINCIPAUX STÉRÉOTYPES CONCERNANT 
LES HOMMES ET LES FEMMES

Des études effectuées au cours des vingt dernières années révèlent que la plupart des gens croient que les hommes sont plus agressifs, indépendants, objectifs, actifs, compétitifs, logiques, orientés vers le monde, habiles dans le domaine des affaires, confiants dans leurs possibilités et ambitieux en même temps que brusques, rudes, tapageurs, négligents, peu loquaces, et incapables d'exprimer des sentiments tendres. Les femmes, selon les stéréotypes, se définissent en opposition aux traits masculins: elles ne sont pas agressives, pas indépendantes, pas objectives, très passives, pas du tout compétitives, illogiques, non orientées vers l'extérieur, malhabiles en affaires, insécures au sujet d'elles-mêmes, sans ambition; cependant elles sont délicates, douces, mielleuses, bavardes, ordonnées et capables de sentiments tendres.

Ces stéréotypes concernant les hommes et les femmes sont apparemment entretenus par les deux sexes. Les hommes perpétuent entre eux leurs propres images ainsi que celles des femmes. Il en va de même chez les femmes.

DU PROGRÈS

Il est important de noter que plusieurs des stéréotypes mentionnés précédemment dépeignent les femmes de façon négative. Cette situation paraît cependant vouloir se modifier légèrement.

Premièrement, il semble que depuis quelques années on valorise davantage l'expression émotive des femmes et que l'on accorde moins d'importance aux qualités traditionnelles de compétence des hommes. Ces derniers commencent d'ailleurs à reconnaître l'importance d'être capables d'exprimer leurs émotions. Les femmes aussi portent maintenant un regard plus positif sur certains traits appartenant traditionnellement au stéréotype féminin. Tout cela laisse supposer qu'en général les femmes sont maintenant perçues de façon beaucoup moins négative.

Deuxièmement, il semble que l'on valorise la compétence comme un trait désirable en soi plutôt que comme une caractéristique masculine. Les femmes qui veulent faire carrière et réussir à l'extérieur paraissent tout particulièrement soucieuses de voir d'autres femmes reconnues pour leur compétence. Il faut noter cependant qu'on s'attend généralement à ce que les femmes conservent leur «féminité» lorsqu'elles occupent des fonctions traditionnellement réservées aux hommes.

Troisièmement, les gens commencent à raffiner les stéréotypes qu'ils entretiennent au sujet des femmes, en général, comme de certains groupes, en particulier.

«Lorsqu'une femme se présente en entrevue, on vérifie son état civil avant de connaître ses qualifications et ses expériences. Si elle est mariée, on hésite sur sa candidature, sous prétexte qu'elle peut ne pas être aussi disponible et peut s'absenter plus souvent qu'à son tour. Certains employeurs ont encore tendance à privilégier un homme plutôt qu'une femme croyant qu'elle n'aspire qu'à un salaire d'appoint. D'autres voudront éviter les «dérangements» occasionnés par un congé de maternité. Exemples courants de discrimination exercée plus ou moins consciemment, et dont les femmes sont victimes.»

Il importe donc de poursuivre la dénonciation des stéréotypes sexistes, que ceux-ci limitent les aspirations des femmes ou celles des hommes. En fait, ce sont les frontières qu'ils imposent au développement de l'un et l'autre sexe que nous devons repousser le plus loin possible. Il importe également de désaliéner les femmes et les hommes et de permettre ainsi à toutes et à tous de s'épanouir sans contrainte.

TRANSMISSION DES STÉRÉOTYPES

Les normes et croyances concernant les hommes et les femmes nous sont surtout transmises par des institutions comme l'école, la famille, etc. Bien des stéréotypes sont aussi acquis au contact de la réalité.

Certains mécanismes contribuent à perpétuer les stéréotypes

- nous déformons parfois l'image que nous renvoie la réalité de façon à ne pas avoir à changer nos croyances. Par exemple, si nous voyons une petite fille grimper aux arbres, nous préférons croire que cette dernière est un «garçon manqué» et qu'en général, les fillettes sont moins aventureuses que les petits garçons;

- nous nous conformons nous-mêmes aux stéréotypes : nous les utilisons comme points de référence pour orienter nos comportements, pour déterminer nos attitudes. En agissant selon ce qu'ils prescrivent, nous les confirmons, ce qui maintient l'illusion de leur fondement dans la réalité;

- les stéréotypes sont un peu comme les balises de notre quotidien, c'est-à-dire qu'ils nous permettent de structurer notre perception du monde. En dépit de ce caractère utilitaire, il demeure qu'ils limitent de beaucoup notre compréhension de la diversité humaine. De plus, puisqu'ils prescrivent de façon rigide ce que nous devons être, ils inhibent d'autant nos possibilités de développement et de créativité;

-          nous avons peut-être, à un moment ou l'autre, été victimes du stéréotype de la «femme idéale» ou de l' «homme idéal», en étant forcés à abandonner certains intérêts, en sacrifiant «parce que cela ne se fait pas», une carrière, etc. Comment éviter à nos enfants pareilles contraintes?

 

OBJECTIF intermédiaire: Amener les enfants à:

1.2    Se sensibiliser aux facteurs susceptibles d'expliqués les différences
de comportements entre les Filles et les garçons.

Il n'est pas facile de connaître la cause exacte qui explique les différences de comportements entre les filles et les garçons. Toutefois, il faut reconnaître qu'elles se manifestent très tôt.

De nombreuses recherches ont été faites sur ce sujet et l'unanimité est loin d'être faite.

On a longtemps cru à la prédominance des facteurs culturels. La recherche de Ferrer et

Leblanc-Rainville (1988)1' repose sur plusieurs postulats, dont celui-ci:

«C'est la culture et non l'anatomie qui crée le sexisme (...) même si l'influence des facteurs hormonaux et génétiques ne peut être ignorée, c'est le processus de socialisation qui est l'élément prépondérant aussi bien dans l'acquisition des attitudes et des comportements dits «féminins» ou «masculins» que dans la formation des stéréotypes sexuels qui en découlent. Le sexisme s'apprend comme tout autre élément socio‑culturel. Plusieurs recherches, dont celles de Margaret Mead (1963) et E. Geranni Belotti (1974), l'ont démontré au cours des dernières décennies.»

Plusieurs autres revues de littérature arrivent aux mêmes conclusions. Déjà Belotti  (1976)12 retenait cette hypothèse

«Malgré les facteurs hormonaux et génétiques, c'est l'éducation qui est l'élément déterminant de l'identification sexuelle et qui fait que l'on se considère comme garçon ou fille. Les résultats des recherches faites sur des enfants dont le développement est défectueux laissent à penser que l'identification à l'un ou l'autre sexe ainsi que le fait d'assumer un rôle sexuel déterminé, s'effectuent essentiellement à travers l'apprentissage. »

Toutefois, un article fort intéressant paru dans la revue l'Actualité de février 1992 présente l'envers de la médaille, avec une interprétation nouvelle, celle du Dr Lemay, pédopsychiatre à l’Hôpital Sainte-ustine. Selon lui, les différences de comportements seraient le résultat de l'effet combiné de l'environnement et du bagage héréditaire".

11. . Ferrer et S. Leblanc-Rainville. Un guide pédagogique pour la création de nouveaux rapports hommes-femmes et son évaluation, in «Recherches féminines à propos d'éducation», 1988, vol. 1, p. 79-91.
12. . G. Belotti. Du côté des petites filles, Paris, Édition des femmes, 1976, p. 9.

OBJECTIF intermédiaire: Amener les enfants à :

1.3 Prendre. conscience des conséquences du sexisme suivant leur développement.

Le sexisme a des effets négatifs sur le développement physique, psychologique et intellectuel des enfants, car il ne permet pas leur développement optimal. Ces différents points seront abordés dans les modules qui suivent.

La recherche de Ferrer et Leblanc-Rainville (1988) reposait sur cet autre postulat:

«Le sexisme est défavorable aux hommes et aux femmes. (...) À notre point de vue, c'est le potentiel de chaque individu que menace le sexisme.»

À l'heure actuelle, on reconnaît que les conséquences d'une éducation stéréotypée des jeunes peut peser lourd dans le développement des filles et des garçons. Les limites qu'elle leur impose ne permet pas leur plein épanouissement et les confine chacun de leur côté, et ce dès la plus tendre enfance. Il semble que si l'on n'intervient pas au plus tôt, après quelques années, les filles perdent de l'estime de soi, ce qui a des répercussions sur leurs relations avec leurs camarades, sur leurs études et, enfin, sur le choix professionnel qu'elles font. Plusieurs chercheuses et chercheurs se sont penchés sur la question: le problème n'est pas dû à une différence d'aptitude intellectuelle. Au contraire, Guilbert (1985)15 soutient que les filles réussissent aussi bien, sinon mieux que les garçons.

13. M. Turenne. Pitié pour les garçons, in «Actualité», Montréal, février, p. 24-32.
14. C. Ferrer et S. Leblanc-Rainville.
Op. cit., p. 79-81.

Les recherches de Roberta Mura (1986) in Cantin (1991)16 l'ont amenée à conclure que le manque de confiance des filles est le principal facteur qui explique leur manque d'intérêt pour les cours de mathématiques et de sciences au secondaire.

De son côté David-McNeil" soulignait que, dès le primaire, les filles entrevoient leur carrière de façon traditionnelle et se désintéressent des carrières scientifiques. Théorêt (1985)18 montrait également que les filles ont des lacunes dans les habiletés liées à la résolution de problèmes. Il semble qu'elles se sentent incompétentes dès le départ, et cela conditionne leur façon d'aborder les problèmes. On est en droit de se demander si ces données sont toujours valables. Il faudrait vérifier si le nouveau programme de mathématiques, axé sur la résolution de problèmes, saura pallier l'inexpérience des filles consécutive à leur éducation stéréotypée.

15.    C. Guilbert. Choix de carrière et conceptualisation du rôle de la femme in «Le temps d'y voir>, Montréal, Guérin, 1986, p. 79-91.
16.    D. Cantin. Les diverses manifestations du sexisme â l'école primaire perçues par le
personnel enseignant et non enseignant,
Montréal, UQUAM, 1991, 110 p.
17.    J. David-McNeil. Les adolescentes d'aujourd'hui in «Le temps d'y voir>, Montréal,
Guérin, 1985, p. 213-218.
18.    M. Théorêt et al.
Le plaisir ça s'apprend, le pouvoir aussi in «Le temps d'y voir>, Montréal, Guérin, 1985, p. 310-330.

Une dernière étude, celle de Lafortune (1989)'9, montre que «les garçons et les filles sont convaincus de la supériorité des garçons en mathématiques». Ce qui est faux. Les difficultés d'apprentissage en mathématiques sont principalement attribuables aux attitudes et aux émotions ressenties.

Il importe de mentionner que les résultats en mathématiques à l'examen officiel indiquent un écart non significatif entre les élèves des deux sexes. De plus, il faut replacer ces résultats dans le contexte: étant donné qu'un plus fort pourcentage de garçons abandonnent les études avant l'obtention du diplôme d'études secondaires, on peut penser que plus de filles ayant de faibles aptitudes en mathématiques se présentent à l'examen, ce qui contribuerait à faire baisser la moyenne des filles.

Le rapport Bouchard2° expose la situation des filles en ce qui a trait à l'orientation professionnelle. Leurs choix sont encore très stéréotypés et, de ce fait, peu prometteurs pour l'avenir, ce qui ne contribue pas à l'amélioration de la situation des femmes. Toutefois, le rapport fait mention d'un projet, «Les scientifines», qu'il nous paraît pertinent de présenter. Ce projet vise à:

«prévenir la détérioration des conditions de vie et du développement personnel des filles âgées de 8 à 12 ans vivant dans un milieu défavorisé. (...) Les objectifs sont d'ordre promotionnel et préventif. D'une part, le programme cherche à développer chez les filles des compétences scientifiques dans des domaines vers lesquels elles sont très peu portées. (...) À leur faire acquérir des habiletés pour résoudre des problèmes, à diversifier leurs sources d'intérêt, à encourager les comportements d'approche et de manipulation d'objets et de phénomènes reliés à leur environnement physique, à les rendre plus persévérantes en augmentant leur capacité de tolérer des délais et de résister devant les obstacles et, enfin, à prévenir un certain nombre d'événements indésirables, notamment le désengagement face à leurs projets scolaires.

19.    L. Lafortune. Qu'est-ce qu'une éducation non sexiste`.' in «Quelles différences?», Montréal, Édition du Remue-ménage, 1989, p. 151-158.
20.    C. Bouchard. Un Québec fou de ses enfants, Rapport du groupe de travail pour les jeunes, Québec, MSSS, Direction des communications, 1991, p. 130-131.

À partir des résultats préliminaires disponibles, on observe l'acquisition d'une plus grande habileté à faire des hypothèses sur le «comment des choses» et à identifier les moyens pour résoudre un problème`.»

Les filles ne sont pas seules en cause, les garçons peuvent également être victimes du système qui semble les avantager. Turenne (1992)22, dans un article de la revue l'Actualité, souligne les conséquences d'une éducation stéréotypée chez les garçons et établit le lien avec leur taux élevé d'abandon scolaire.

«Ces derniers se suicident trois fois plus et forment les deux tiers de la clientèle des services psychologiques. »

Le rapport Bouchard' corrobore cette affirmation:

«(...) On conclut que 33 600 jeunes ont abandonné l'école en 1991, dont 60% de garçons. (...) Les retards scolaires au primaire sont plus nombreux qu'on pourrait l'imaginer: 27,7% des garçons et 17,7% des filles de 12 ans n'avaient pas encore terminé leur primaire en 1989-1990.»

21. Ibid., p. 131.
22. M. Turenne. Op.cit.
23. C. Bouchard. Op.cit., p. 34.

Pierrette Bouchard (24) professeur à l'Université Laval, soulignait dans la vidéocassette Plus tout à fait les mêmes que les garçons qui ne sont pas typiquement stéréotypés sont souvent victimes de rejet de la part de leurs camarades. On se moque d'eux en disant qu'ils sont efféminés, femmelettes, etc.

Les conséquences du sexisme sur le développement des garçons sont également abordées dans le rapport Bouchard (25) Le sexisme y est défini comme un facteur de risques pour la société, notamment à cause de ses répercussions sur la vie des garçons et des hommes.

«Accompagner les enfants dans leur développement demande aux adultes qu'ils acceptent de partager de plus en plus de leurs pouvoirs avec eux, qu'ils favorisent l'accès des jeunes à l'égalité. Cette attitude n'habite pas encore de nombreux parents, notamment les pères et les conjoints qui considèrent que les enfants et les femmes devraient se plier à leurs attentes et s'incliner devant leur statut masculin. Cette forme de népotisme empêche ces hommes de s'enrichir fabuleusement dans le contexte de relations égalitaires, réciproques, tendres et affectueuses. Cela contrevient aussi à l'émergence d'un véritable lien d'attachement entre les hommes et leurs enfants. II devient donc impérieux de multiplier les contextes où les garçons et les jeunes hommes apprendront à mieux assumer autant leur rôle de bons protecteurs auprès des tout-petits que celui de partenaires soucieux d'égalité auprès de leur conjointe. Le lien d'attachement père-enfant devrait désormais faire l'objet d'une promotion beaucoup plus explicite. Par ailleurs, les vidéo-clips, très populaires chez les jeunes, continuent de véhiculer l'image de femmes souvent passives, soumises, envoûtées, victimes de la séduction ou de la brutale conquête de quelques «mâles» irrésistibles. Ces stéréotypes alimentent tranquillement mais sans relâche chez les jeunes hommes l'idée que les femmes peuvent être des proies faciles ou consentantes, des objets de satisfaction de leurs besoins. Ils renforcent aussi l'impression que les hommes gagnent l'amour, sinon l'admiration, à imposer leurs besoins et leurs perceptions. C'est également à ce modèle de relations que risquent d'adhérer de nombreux jeunes. Tout cela crée un environnement peu propice au respect et installe les relations entre hommes et femmes dans un contexte culturel perméable aux abus.»

24. P. Bouchard. Plus tout à fait les mêmes, Interview, vidéocassette, CEQ, 1986.
25. C. Bouchard.. cit. , p. 46.

Le rapport va même plus loin et considère également l'absentéisme des pères comme étant un problème causé par le sexisme:

«On s'attriste, sans y réagir vigoureusement, de ce qu'un grand nombre de pères soient absents, qu'ils assument encore maladroitement leur rôle de parent, qu'ils remplissent peu ou mal leurs obligations dans le cas de séparation et de divorce, qu'ils ne s'impliquent pas suffisamment dans la vie familiale, qu'ils puissent se montrer violents ou méprisants envers la mère de leur enfant ou qu'ils puissent un jour abuser de leur pouvoir envers leur fils ou leur fille. La création d'un attachement fort entre les hommes et leurs enfants dès la naissance est une condition indispensable à l'amélioration des relations entre pères et enfants.»

C'est dans ce sens que le groupe de travail recommande:

«de mettre sur pied un important programme national de promotion du rôle paternel en s'adressant directement aux pères, mais aussi aux institutions, et en s'associant des partenaires du monde du travail et des groupes communautaires (26)

Il est bien évident toutefois que le rôle parental est à la fois l'affaire des hommes et des que les deux parents auraient besoin d'aides supplémentaires et d'un plus grand soutien. Le métier de parent mérite d'être valorisé et reconnu par l'ensemble de la société.

L'ensemble des recommandations du rapport Bouchard suppose l'aménagement d'une société plus attentive aux besoins de ses enfants, plus consciente des besoins des parents, plus engagée dans une recherche d'équité envers ses membres, plus prête à fournir aux jeunes des conditions favorisant leur réussite'.

26. C. Bouchard. Op.cit, p. 90.
27. C. Bouchard. . cit., p. 50.

On y rapporte même que 97 p. 100 des écoles secondaires américaines offrent maintenant des cours de formation à la parentalité.

C'est donc par l'éducation à de nouvelles valeurs qu'on pourra contrer les conséquences néfastes du sexisme pour le développement harmonieux des enfants. Comme le soutient le rapport Bouchard:

«À tout prendre, vaut mieux intervenir d'abord massivement et rigoureusement dans les milieux des tout-petits. (...)

Les cinq premières années, si elles ne déterminent pas complètement le parcours du développement des enfants, n'en sont pas moins une période cruciale à leur évolution".»

28. C. Bouchard. Op.çit., p. 64.

 

 

SUGGESTIONS DE LECTURES

Roy, Fernand, Sous le décolleté plongeant, quelle stratégie de lecture:', Protée, 19, n° 2, printemps 1991, p. 23-29.

Aubin, Madeleine et Forest, Louise, Des pratiques sexistes au primaire: stratégies de changement, Apprentissage et socialisation, 14, n° 3, septembre 1991, p. 157-165.

Stanton, Danielle, Sexisme, violence et vidéoclips: plus qu'hier ... moins que demain?, La Gazette des femmes, 13, n° 6, mars-avril 1992, p. 6-9.

Labrosse, Céline, Sexisme dans les dictionnaires, La Gazette des femmes, 13, n° 1, mai juin 1991, p. 6-8.

Gnati, Abdelhamid, Sexualisation des rôles en garderie : une même société, VO : Le magazine de vie ouvrière, n° 232, septembre-octobre 1991, p. 18-20.

Turenne, Martine, Pitié pour les garçons : une génération castrée?, Actualité, 17, n° 2, février 1992, p. 24-32.

Vézina, Marité, Sexisme dans les émissions pour enfants: nos petites amies du samedi matin, La Gazette des femmes, 13, n° 4, novembre-décembre 1991, p. 18.

Pelletier, Lyse, Ça fait partie de la job?, Municipalité, juillet-août 1991, p. 17-18.

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