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MODULE
6
LA VIOLENCE
. « Dans la lutte
pour l'égalité, [la violence] figure côte à côte avec les stéréotypes comme les
dernières horreurs à bannir.»
Germain
Dulac
La
violence est souvent encouragée dans les sports et les jeux. Les jeux
coopératifs bien qu'encouragés cèdent souvent la place aux jeux compétitifs
ayant pour objectif l'élimination de l'adversaire.
L'industrie
du jouet profite de l'engouement des jeunes et des enfants pour les jeux de
guerre, les figurines représentant des vedettes de films violents ou des
étoiles de la lutte.
Il
devient très difficile pour les parents et tous ceux qui ont à cœur l'éducation
à la non-violence de faire contrepoids à la publicité qui entoure tout cet
arsenal.
La
violence est également présente à l'école. La Centrale de l'enseignement du
Québec (CEQ)38 a déjà souligné son omniprésence et soulevé le fait que la
violence s'infiltre dans le monde de l'enfant dès son plus jeune âge. Elle
résulte parfois de l'agressivité, de l'indifférence, d'un manque d'amour, et
fait appel à tous les sens de l'enfant: il l'entend, la voit, la ressent
parfois dans son corps et dans son cœur.
Selon C. Bouchard:
«La violence envers autrui commence tôt; chez les jeunes
de 6 à 10 ans, 6% à 10 % des garçons et 2 % à 3 % des filles y ont recours. Ces
enfants malmènent les autres, se battent en mordant et donnant des coups de
pieds pour arriver à leurs fins (40)
Par la télévision, la violence continue d'être
omniprésente. On a calculé que les dessins animés présentaient, en moyenne, 41
actes de violence à l'heure. On connaît également l'engouement des jeunes pour
les vidéoclips.
Selon Jocelyne Robert, auteur, sexologue et pédagogue:
«Certains enfants consomment plus de dix heures de «stéréoclips» par semaine. Généralement, les hommes et les femmes qu'on y voit sont figés dans la boue de plomb des stéréotypes sexuels et sexistes culturels: la relation amoureuse y relève de la fantasmagorie et la sexualité, démesurément présente, y est associée à la violence et se déroule dans un univers pornographique 41.»
38. M. Turenne. Pitié pour les garçons in
«L'Actualité», Montréal, février 1992, p. 28.
39. L. Pagé et al. Harcèlement sexiste, agression sexuelle à l'endroit des étudiants du primaire et du secondaire, Québec, CEQ, 1985
40. C.
Bouchard. Un Québec fou de ses enfants, Rapport
du groupe de travail pour les jeunes, Québec, MSSS, Direction des
communications, 1991, p. 31.
41. J. Robert.
Prévenir et contrer la violence à
l'école in «La Presse», éditorial,
dimanche
5 avril 1992.
LA VIOLENCE À L'ÉCOLE
L'école
n'est pas à l'abri des manifestations de violence qui peuvent être le fait
tantôt des élèves, tantôt des membres du personnel ou, parfois même, des
parents.
La
violence au primaire est moins visible, mais elle n'en est que plus insidieuse.
Les jeunes enfants sont plus vulnérables, plus fragiles sur les plans physique
et psychologique et n'ont, en général, pas encore acquis les moyens de résoudre
leurs conflits de façon satisfaisante.
LA VIOLENCE VERBALE
La violence
verbale est de loin la plus répandue dans les écoles, au primaire comme au
secondaire. Elle prend plusieurs formes: paroles blessantes, injures,
sarcasmes, railleries, sobriquets, menaces, chantage, cris et propos orduriers.
Elle est, hélas, très fréquente entre les élèves mais peut aussi être dirigée
contre le personnel de l'école, mais à un degré moindre et moins directement.
Elle se
retrouve, à l'occasion, dans certains propos de membres du personnel qui
s'adressent parfois aux élèves en des termes qui les dévalorisent et reflètent
un manque de respect.
Cette
forme de violence n'est pas toujours très visible; aussi risque-t-elle de durer
plus longtemps avant qu'une intervention vienne la contrer.
LA DISCRIMINATION
Les objets de la discrimination
sont notamment la race, la religion, les caractéristiques physiques, le sexe ou
encore le style adopté.
Cette discrimination se
manifeste parfois par des actes d'agression ouverte, mais prend le plus souvent
une forme que l'on pourrait qualifier de «passive», ce qui a pour conséquence
que certains élèves deviennent des oubliés, des exclus. Certaines attitudes
discriminatoires peuvent être parfaitement inconscientes.
LE HARCÈLEMENT SEXISTE ET SEXUEL
Selon une enquête faite par la
CEQ, la grande majorité des filles du secondaire sont quotidiennement exposées
au harcèlement sexiste à l'école; cela s'exprime par des regards insistants,
des remarques, des blagues. Un grand nombre de filles subissent également du
harcèlement sexuel, notamment des attouchements ou des propositions sexuelles,
du voyeurisme, de l'exhibitionnisme. Les garçons peuvent aussi être victimes de
harcèlement, mais dans une proportion beaucoup moindre. Déjà, au primaire, ces
comportements sont observés de plus en plus souvent.
Le vocabulaire utilisé par
certains garçons pour désigner les filles, la façon de les interpeller, de
parler de leurs organes génitaux et de leur manifester leur intérêt, trop
souvent, reflète le mépris et est empreint de vulgarité. Les propos des filles
ne sont pas complètement exempts de cette violence verbale, mais celle‑ci
se manifeste plus rarement que chez les garçons. On observe cependant une
recrudescence de la violence chez les filles 42.
Le
harcèlement sexiste et sexuel est la forme de violence la plus grave dont les
filles sont victimes, à l'école comme partout dans la société. Elle imprègne
les rapports entre garçons et filles. Elle se manifeste parfois également dans
les rapports entre le personnel enseignant et les élèves.
C'est
dès la maternelle et le premier cycle du primaire que les filles et les garçons
doivent apprendre à vivre dans l'harmonie et le respect afin de préparer une
société plus égalitaire et plus juste.
LA VIOLENCE PHYSIQUE
Les
bagarres sont parmi les manifestations les plus fréquentes de la violence à
l'école. Au primaire, elles correspondent, le plus souvent, à un simple jeu,
mais dégénèrent parfois en véritables batailles entraînant des blessures. Elles
s'accompagnent de propos injurieux, d'insultes, de jurons, mais on utilise
rarement des objets pour se battre.
Au
secondaire, les batailles entre garçons sont plus fréquentes qu'entre filles et
de plus en plus violentes avec l'âge. On y utilise plus souvent des armes:
couteaux, bracelets cloutés, objets de fer, etc. Les filles qui se battent
entre elles le font à coup de taloches, de coups de poing, ou se tirent les
cheveux; elles n'ont pas tendance à utiliser des armes. Au secondaire, les
garçons et les filles ne se battent généralement pas entre eux. Par ailleurs,
l'esprit de «gang» se développe à l'adolescence, et l'on observe davantage de
bagarres entre clans.
Des
gestes positifs pour contrer la violence existent. Il importe de souligner la
démarche de Virginie Larivière, qui a conduit une campagne de sensibilisation
sur la présence de la violence à la télévision. Un article portant sur ses
actions donnait un aperçu de ses objectifs:
«Virginie Larivière a treize
ans et demi. Elle est toute menue mais elle souhaite ardemment que son
enthousiasme et sa ténacité soient plus forts que tout. Elle a donc décidé, peu
après la mort violente de sa petite soeur Marie-Ève, 11 ans, survenue le 7 mars
dernier, de transformer sa douleur en espoir. Elle a déjà amassé 43 000 noms,
dont 293 provenant de détenus, pour la pétition qu'elle fait circuler afin de
dénoncer la violence à la télévision. Son objectif: un million de signatures
d'ici le 31 octobre et une rencontre avec le premier ministre Brian Mulroney.
Virginie considère que la
violence à la télévision n'est pas la cause directe de la mort de sa soeur
Marie-Ève, «une fille talentueuse, enjouée, souriante, un véritable
tourbillon!», mais elle croit néanmoins que les Rambo, Ninja Turtles et autres
sont des facteurs générateurs de violence dans une société qui en permet la
libre diffusion dans les médias.
Comme le souligne Victor
Rodriguez, directeur de la prévention du crime à l'Organisation Jeunesse au
Soleil/Sun Youth, «un jeune de treize ans a déjà passé 13 000 heures en classe
et assisté à 18 000 meurtres à la télévision ...». Cet organisme a remis hier
un chèque de 2 000 $ à Virginie.
Avant que la vie ne se charge
de façon douloureuse d'en faire une militante engagée dans la lutte contre la
violence, Virginie aimait bien regarder des films de ce type à la télévision,
quand elle visitait ses amis. Chez elle, sa mère le lui interdisait. Elle
s'insurge maintenant contre le je m'en foutisme des réseaux de
télévision. «Si on téléphone aux réseaux de télévision pour se plaindre du
contenu violent de leurs émissions, on nous répond de fermer l'appareil.»
C'est au CRTC que revient la
responsabilité de veiller à la bonne qualité des émissions de télévision et de
radio. Madame Lise Plouffe, du CRTC, annonce d'ailleurs qu'une étude
comparative sera publiée dans les prochaines semaines. Cette étude traitera de
la violence à la télévision et fera le point sur les mesures prises par
d'autres pays pour l'enrayer.
Également, le Conseil canadien
des normes de radiodiffusion, un organisme d'autoréglementation créé en 1989,
est doté d'un code volontaire suggérant des heures tardives pour les émissions
violentes et précisant des paramètres pour le contenu des émissions pour
enfants, des vidéoclips, etc.
Le principal écueil dans le
dossier de la violence, comme dans celui de la pornographie, réside dans la
définition d'une épineuse barrière à ne pas franchir. François Blain, directeur
de l'Association nationale des téléspectateurs et téléspectatrices, attribue au
manque d'imagination des directeurs de programmation la responsabilité des
scènes violentes à la télévision. «Le contenu violent est rarement issu de la
scène locale. Il provient surtout du cinéma américain, dont nous gave le réseau
Quatre Saisons. Pour les Américains, l'action passe par la violence.»
Étonnamment perspicace pour son
jeune âge, Virginie ne connaît pas encore l'impact qu'aura sa pétition sur le
premier ministre. «M. Mulroney, il en fera ce qu'il veut de ma pétition. Mais
il devrait prendre en considération l'arrivée prochaine des élections. Je crois
qu'il n'a pas vraiment le choix.»
Une signature à la pétition de
Virginie est plus qu'une simple griffe. Selon elle, c'est un geste qui équivaut
à un engagement dans la lutte contre la violence 43
Virginie Larivière a présenté sa pétition forte de 1 283
453 signatures au Premier ministre canadien, qui l'a signée, devant les caméras
de la télévision, le 18 novembre 1992.
42. CEQ. Nouvelles,
avril 1992.
43. V. Larivière. Le Devoir, samedi 23 mai 1992.
MODULE
6: LA VIOLENCE
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OBJECTIFS
Terminal:
Amener les enfants à reconnaître les formes de violence dans leur milieu. |
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Intermédiaires:
Amener les enfants à:
6.1 Reconnaître les messages de violence suggérés |
ACTIVITÉS
PROPOSÉES |
Mise
en situation
- Un jouet ou une arme? |
|
6.2 Prendre conscience de la présence de la violence
dans leurs attitudes selon les circonstances |
Autres
activités
- Sondage auprès des enfants
- Gestes de violence
- Violence, où es-tu? |
6.3 Adopter une attitude valorisante par la recherche
de solutions. |
- Des mots doux
- La chicane
- Je trouve une solution |
6.4 Participer à des activités d'expression sur le |
- Les masques
- Le musée des horreurs
- Le musée de l'amour
- Sous la couverture
- J'veux des becs (chanson) |
6.5 Prendre conscience, avec leurs parents, de |
- Sondage: La violence faite et subie |
PISTES
D'OBJECTIVATION
Au fil des activités, effectuer des retours à l'aide de
questions qui amènent les enfants à «se raconter», à exprimer
- Peux-tu maintenant mieux reconnaître la violence?
Comment? Où?
- Qu'est-ce qui t'a le plus surpris ou surprise dans
l'activité?
- Es-tu à l'aise pour travailler ce thème? Pourquoi?
- Que penses-tu qu'on peut faire pour éliminer la violence?
Etc. |
NOTE: Les activités marquées d'un * sont dans le recueil de fiches d'activités pour les enfants.
Programme
« Vers qui? Vers quoi? » « Reproduction autorisée par Les Publications du Québec » au projet européen EuroWRC (Initiative Daphne 1999 de la Commission Européenne) Les Publications du Québec Ministère avec les citoyens et de l’Immigration 5 décembre 2000 - Michèle-A. Gosselin - Gestion des droits d'auteur |
Direction
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