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EWC - Manuel Fr |
Introduction pour l’élève |
L’adolescence n’est pas une période
facile, tout le monde en convient! C’est
une phase de transition durant laquelle les jeunes cherchent à se situer, à découvrir
ses attirances, ses incompatibilités et ses limites personnelles.
Les pressions sociales pour conformer les adolescents aux diverses
attentes des parents, des camarades et des amis, les influences du cinéma, de
la télévision, des chansons, des enseignants sont prépondérantes.
Ces attentes et standards pour une certaine «normalité» sont souvent
source de conflits et de malentendus. Les
modèles véhiculés par exemple par les médias, présentent les adolescent(e)s
comme étant des personnes socialement et sexuellement actives, un a priori plutôt
démenti par les parents et même souvent non conformes à la réalité.
Dans le même temps, les adolescents sont déjà invités à agir comme
des adultes, alors qu’ils n’ont encore ni leurs droits ni leurs
responsabilités et qu’ils ne peuvent se faire respecter en tant que tel. Bien que la période de l’adolescence soit souvent évoquée comme étant la période de l’amour innocent ou platonique, pour un grand nombre de jeunes cette phase de la vie est déjà auréolée de violences et d’abus.
Quelques
statistiques et considérations générales : Au
Canada : >> 1 élève sur 10 au niveau
secondaire a fait l’expérience d’une forme de violence variable lors
d’une relation de couple. En Europe et selon les pays : Les adolescent-e-s sont particulièrement
vulnérables aux violences susceptibles de survenir lors d’une relation
amoureuse en raison de leur fragilité et de leur enclin à accepter les stéréotypes
sexuels et les mythes amoureux. Les
jeunes adolescent(e)s sont déjà modelés aux croyances et attitudes
traditionnellement admises pour ce qui est des comportements à tenir entre
hommes et femmes. Les hommes, comme
on l’entend encore souvent, se doivent d’être des décideurs, des durs qui
ne peuvent dévoiler leurs émotions, ils ont a priori le droit de dominer et de
contrôler les femmes. Par
opposition, on attend des femmes qu’elles soient dociles et attentionnées au
bien-être émotionnel des autres. Il
n’est pas du tout surprenant que la jeunesse intériorise ces expériences et
agisse selon ces valeurs traditionnelles qui malheureusement sont trop souvent
source de violences vécues lors d’une relation amoureuse. La violence dans les relations
amoureuses peut prendre des formes diverses, elle peut être émotionnelle,
physique ou sexuelle. Plus concrètement
les types de violences le plus souvent éprouvées par les adolescentes vont du
dénigrement à l’isolement, des menaces et l’intimidation à la gifle au
coup de poing, à l’étranglement même au bras tordu, à l’immobilisation,
aux coups de pieds, aux attouchements, des
baisers et caresses non désirés à la coercition et à un rapport
sexuel forcé. L’agression
sexuelle se produit lorsque n’importe quel type de contact à caractère
sexuel se fait sans consentement explicite.
Pour qu’il y ait consentement les deux acteurs doivent pouvoir au préalable
pouvoir exprimer leur accord. Paradoxalement la violence susceptible
d’apparaître lors d’une liaison entre adolescents n’est souvent pas perçue
comme le résultat d’un comportement violent.
Cette violence est interprétée comme un signe d’amour ou
d’affection excessif et non comme un acte de domination.
Les adolescents ont tendance à penser qu’un garçon qui gifle sa
petite amie par jalousie, ne le fait que parce qu’il l’aime énormément.
Vu le manque d’expérience dans le domaine des relations amoureuses, il
n’est pas évident, en tant qu’adolescent, de trouver des références
positives pour évaluer ses relations amoureuses.
En outre, on est plus apte à identifier un acte comme violent
lorsqu’il est commis envers un étranger plutôt que par une personne qu’on
aime ou à qui on fait confiance. Contrairement à ce que l’on a longtemps affirmé, la
plupart des incidents source de violences faites aux femmes sont commis par un
proche, un petit ami, un mari ou un membre de la famille. Autrefois, on pensait que quoi qu’il arrive dans une relation de couple, cela relevait du domaine privé. Heureusement, grâce au travail de dénonciation de cet a priori entrepris par les organisations de femmes au cours des dernières années, nous prenons à présent conscience que si une femme ou un enfant, ou même un homme, fait l’objet d’un abus lors d’une relation amoureuse cela est à considérer comme une affaire qui nous concerne tous. Toutefois, on continue encore à entendre le point de vue communément exprimé que les hommes sont par nature à dominer et à contrôler les femmes. De telles convictions continuent à encourager certains hommes à s’affirmer par l’usage de la violence. Il arrive aussi que des jeunes femmes se cantonnent dans des rapports de violence par peur et par manque d’alternatives. Les garçons peuvent aussi être victimes de violence lors d’une liaison amoureuse. Cependant, pour eux cette violence prend moins souvent une tournure physique, et les conséquences sont généralement moins sévères. En général les femmes victimes des violences lors d’une liaison amoureuse subissent trois fois plus de blessures superficielles que les hommes, deux fois plus de blessures de gravité moyenne, et sont pratiquement les seules à subir des blessures graves. Établir une relation amoureuse
non-abusive implique beaucoup plus que la recherche du simple plaisir et ne se
mesure pas à la seule attraction physique.
Bien que ces aspects soient importants, ils ne constituent pas une base
stable sur laquelle une liaison peut se maintenir dans la durée.
Une relation équilibrée est basée sur le soutien mutuel et
l’affection entre deux individus qui partagent des intérêts et des points de
vue similaires. Elle est fondée
sur le respect mutuel, l’égalité, la compréhension, l’acceptation des
limites personnelles de l’un et de l’autre, l’amour, la communication
ouverte, la confiance, la franchise et l’acceptation de la personnalité de
l’autre. Si on souhaite établir
une liaison qui perdure, on doit tout d’abord développer des attitudes
non-abusives à l’égard de soi, d’autrui. Nous pouvons agir différemment Il est temps de réagir.
Bien que dans notre société la violence des hommes envers les femmes et
les jeunes filles soit omniprésente, cette réalité ne devrait pas exister.
Si nous désirons changer les mentalités, il est nécessaire de reconnaître
que les violences faites aux femmes et aux jeunes filles est un problème sérieux
et grave. Il s’agit ensuite de
prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette violence. Au cours des semaines précédant le 6 décembre, et au cours de l’année, les hommes, les femmes, et les jeunes en générale peuvent : >> S’instruire et informer les autres à propos de cette problématique : pour les hommes, cette éducation doit commencer par l’écoute de ce que les femmes en pensent. >> Prendre la parole et dénoncer ce fléau: il est important de s’insurger contre toute forme de violence dont nous sommes témoins (dans les médias, dans notre entourage, …) Le silence est complice et sous-entend en quelque sorte une acceptation de ces violences. En élevant la voix, nous exprimons que nous n’acceptons ni ne tolérons aucun acte qui dégrade ou violente les femmes. >> Faire pression pour susciter des réformes : la question des violences faites aux femmes est autant un problème politique que personnel. Il incombe que ce problème constitue une priorité dans l’agenda des politiciens. Au niveau individuel nous pouvons envoyer des lettres aux responsables politiques pour faire appliquer les lois existantes ou en proposer de nouvelles. Les conseils de classe peuvent se rapprocher des groupes ou des associations qui travaillent à solutionner le problème des violences faites aux femmes. >> Soutenir les organisations de femmes et en particulier les refuges pour femmes battues. Certains groupes proposent des services aux femmes dans le besoin (centres d’aide aux victimes d’agression sexuelle, foyers pour femmes battues et maisons de transition), d’autres se placent plutôt au niveau de l’action politique. Tous ces groupes méritent de recevoir un soutien actif. En conclusion les activités du Ruban Blanc donnent l’occasion aux jeunes et aux hommes et garçons en particulier d’analyser nos attitudes, comportements ainsi que les stéréotypes en la matière qui perpétuent un climat dans lequel les violences faites aux femmes sont pratiquement tolérées sinon acceptées. Le défi lancé est celui aussi de réfléchir à nos moyens d’agir sur le changement social.
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