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EWC - Manuel Fr

Pour mieux comprendre le problème
de la violence des hommes à l’égard des femmes
 


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Introduction pour l’enseignant(e)

Les jours précédant le 6 décembre devraient être consacrés à la réflexion, la discussion et à des actions en rapport avec la question lourde de conséquences pour toutes les femmes dans le monde : la violence des hommes envers les femmes.  Au cours de cette période tous et toutes, quel que soit leur statut social ou leur croyance, se doivent de conjuguer leurs efforts pour mobiliser l’opinion publique sur cette problématique en privilégiant une approche sexuée des violences et en mettant en avant les stéréotypes liés à l’identité masculine hégémonique.

La panoplie des violences faites aux femmes est à considérer comme très large : les blagues sexistes humiliantes, le harcèlement psychologique, les menaces, le comportement dominateur et contrôleur, les avances sexuelles non-désirées, le harcèlement sexuel, l’agression, le viol même entre conjoints, le meurtre. Mots clés : domination, humiliation, intimidation, accusation, résignation, harcèlement, contrôle, pouvoir, violences physiques, psychologiques, sexuelles…. jeter, casser un objet, séquestrer, empoigner, gifler …

Bien que le problème affecte plus directement les femmes et les jeunes filles, les hommes aussi -surtout les jeunes- sont témoins ou victimes des effets de ces violences dans leur vie courante.

Pourquoi survient-elle?

La majorité des hommes ne sont pas physiquement violents envers les femmes.  Mais la façon dont nous élevons les enfants de sexe masculin dans notre société les amène à penser qu’un comportement agressif et le passage à l’acte violent sont des formes d’extériorisation propre au genre.  Les jeunes garçons sont encouragés à démontrer leur force et leur pouvoir de domination plutôt que leurs qualités empathiques, bienveillantes et humanitaires souvent considérées comme «féminines» et en général dévaluées.  Nous oublions que les personnes réellement les plus humanistes et « fortes » sont en fait les plus sensibles et les plus bienveillantes.  Le mécanisme des liens sociaux est tel que les hommes pensent que le degré de masculinité est proportionnel au pouvoir que l’on peut avoir sur les autres.  En conséquence bien des hommes apprennent à faire valoir leur masculinité au travers de la violence verbale ou physique dans la sphère dite privée envers les femmes tout particulièrement mais aussi très souvent envers d’autres hommes.

Les violences faites aux femmes constituent-elles un phénomène important?

Les violences faites aux femmes constituent est un phénomène mondial.  C’est l’acte criminel le plus commun répandu dans pratiquement tous les pays.  Il affecte les femmes de tout groupe d’âge, de religion, de classe socio-économique et d’origine culturelle.  La menace ou le vécut de la violence est une réalité quotidienne pour une grande majorité des femmes.

-         Encore quelques statistique en provenance du Canada :
1 femme sur 2 a été victime de violence physique ou sexuelle depuis l’âge de 16 ans;
1 femme sur 3 (29 %) qui a vécu avec un homme a subit une violence de sa part;
6 femmes sur 10 ont peur de marcher dans leur quartier toutes seules le soir;
Chaque jour, des jeunes filles et des femmes sont victimes de harcèlement sexuel à l’école, au travail et dans les rues.

Une enquête de 1993 de Statistique Canada révèle par ailleurs que seulement 14 % de tous les cas de violence indiqués dans le cadre de l'enquête ont été signalés à la police. On estime que l'agression sexuelle et la violence physique coûtent 4,2 milliards $ au Canada par an, y compris 408 millions $ en frais médicaux

Quelques chiffres clés pour la France

Il y a 250 crimes passionnels par an en France et 4 millions de femmes battues par leur conjoint.
Universelle, et universellement sous-estimée, faute de statistiques fiables, la violence conjugale concernerait en France tous les milieux, toutes les nationalités, tous les âges, toutes les cultures.
80 % des abus sexuels familiaux portent sur des filles attaquées par des hommes.
Huit mères maltraitantes sur dix sont inoccupées.
85 % des auteurs de harcèlement sexuel sont des hommes mariés et pères de famille.
Il y aurait 10 000 jeunes en errance en France.
80.000 enfants ont été victimes en 1997 en France de négligence, de mauvais traitements ou d'abus sexuels
On compte 12 000 suicides en France, en 1997, pour 165 000 tentatives chaque année.
L'alcoolisme s'accompagne une fois sur deux de violence.

Les violences faites aux femmes ont-elles toujours existées?

Les recherches entreprises depuis une centaine d’années, indiquent qu’autrefois de nombreuses sociétés étaient sujettes à peu ou pas de violence envers les femmes, de violence entre hommes, ou de violence envers les enfants.  D’après les anthropologues la moitié des sociétés tribales étudiées ne présentent que peu ou pas du tout de symptômes violents.  Le fait que la violence n’existe pas dans toutes les sociétés laisse à penser que la violence entre les êtres humains n’est pas un fait génétique ni biologiquement nécessaire, mais bien le reflet de la manière dont nous gérons nos sociétés.  Les mêmes chercheurs ont pointé le fait que les sociétés sujettes à la violence étaient celles où les femmes étaient traitées comme des êtres inférieurs.  Là où il y avait égalité entre les hommes et les femmes, peu ou pas de violence existait.

Quelle en est la cause?

La violence des hommes envers les femmes a pour origine la façon dont nous avons historiquement considéré les rapports entre les femmes et les hommes.  Depuis près de dix milles ans et dans la plupart des sociétés, les hommes ont tenu des positions privilégiées de pouvoir, tandis que le rôle des femmes était maintenu de façon subalterne et servile.  Les femmes, en effet, étaient considérées comme un bien des hommes, une possession.  Jusqu’au 20e siècle, les femmes n’avaient pas de droits fondamentaux tels que le droit de vote (malgré la déclaration universelle des « hommes »), le droit de poursuivre une carrière, d’être propriétaire, et de poursuivre des études.  Aujourd’hui, plusieurs pays refusent encore aux femmes ces droits fondamentaux. En Europe les démocraties occidentales les tiennent pour acquis, mais si les droits sont égaux d’un point de vue législatif, des différences de traitement subsistent encore. A fonction égale, les salaires des femmes aujourd’hui en Europe, sont encore en moyenne de 25% inférieurs à ceux des hommes. Le plafond de verre empêche encore beaucoup de femmes d’accéder à des postes de responsabilité. La promotion « canapé » subsiste dans les esprits et dans les faits.

Comment la violence a-t-elle été institutionnalisée dans nos lois?

Les systèmes juridiques en vigueur dans les pays européens présentent encore de sérieuses disparités.  Deux d’entre elles ont un impact plus marqué en matière de violence à l’égard des femmes, à savoir la nature accusatoire ou inquisitoire du système et l’existence ou l’absence de constitution garantissant les droits de l’Homme. La réponse à la première des ces questions influe plus sur la procédure judiciaire que sur la forme et le contenu de la législation et celle à la deuxième question détermine si la violence à l’égard des femmes peut ou non être officiellement reconnue comme une violation des droits fondamentaux de la personne humaine.  L’autre différence notable est que certains pays ont introduit des lois et règlements et/ou des procédures judiciaires spécifiques pour traiter du problème de la violence à l’égard des femmes, signifiant ainsi avec force que ce type de violence est pris au sérieux et ne sera plus toléré.

Un trait commun à tous les systèmes est l’existence d’un taux de déchet ou d’usure, qui traduit l’énorme écart entre le nombre de cas déclarés et ceux faisant l’objet de poursuites et aboutissant à des condamnations.

En annexe, vous pourrez trouver les avancées juridiques récentes les plus significatives de différents pays européens sur la législation concernant les viols, les violences conjugales, les violences sexuelles sur enfants, les harcèlements sexuels, la pornographie, la prostitution et traite des femmes, les mutilations génitales féminines et de façon générale les fondements du droit et l’application des lois en matière de violence à l’égard des femmes.

En quels lieux surviennent la plupart des violences faites aux femmes ?

On imagine souvent les auteurs de violences comme des voyous traînant dans les rues, mais la plupart des violences faites aux femmes sont commise par un petit ami, voire un mari, un autre membre de la famille ou une connaissance.  Et c’est dans le cadre de leur propre foyer que les femmes sont le plus souvent victimes de leurs agresseurs.

Autrefois, on admettait que tout ce qui peut survenir chez soi était du domaine privé.  Nous avons tous entendu des expressions telles que «Papa a toujours raison», lesquelles renforcent l’idée qu’un homme se doit en tant que chef de famille de tout contrôler et maîtriser.  De tels a priori encouragent des hommes à passer à l’acte et à s’affirmer au moyen d’attitudes violentes.  Une combinaison de ces attitudes, la peur et un manque d’alternatives ont encouragé certaines femmes à se maintenir dans une relation violente.  En grande partie, grâce aux efforts des féministes depuis les années 70, nous réalisons maintenant enfin que nous sommes tous concernés si une femme ou un enfant ou même un homme, est victime d’agression dans l’intimité du foyer.

Il peut y avoir violence envers un homme par une femme et, comme de raison, les actes de violence sont également répréhensibles. Ils sont toutefois moins courants.  En Ontario, par exemple, 93% des accusations relatives à une agression conjugale sont portées contre des hommes.  Dans de nombreux cas, les femmes ne se sont devenues violentes que parce qu’elles avaient enduré des années de violence de la part de leurs conjoints.  Ceci était le cas dans l’affaire Bobbitt aux USA, au cours de laquelle on découvrit que Lorena avait été battue et violée pendant des années avant de mutiler son mari.  Une statistique européenne révèle pour sa part que 98% des agresseurs sont de sexe masculin et que 50% d’entre eux sont mariés ou vivent en union de fait ou en concubinage.  De plus, 70% des viols sont prémédités et seulement 3 % des agresseurs sont des déséquilibrés.

Quelles sont les formes de violence qui affectent en particulier les jeunes femmes?

Malheureusement, les jeunes femmes subissent toutes formes de violences.  Environ la moitié des agressions sexuelles sont subies par des femmes âgées entre 16 et 21 ans.  La plupart de ces agressions sexuelles surviennent dans le contexte d’une relation amoureuse.

Des jeunes filles (et des garçons) ont subit des agressions sexuelles en tant qu’enfant (des attouchements ou actes sexuels non désirés) perpétrés par un membre ou un proche de la famille ou par un prestataire de soins. Dans la grande majorité des cas un homme.

La plupart des jeunes filles sont victimes de harcèlement sexuel à l’école et dans les rues.  Le harcèlement sexuel inclue toute forme d’attouchement, toute avance à caractère sexuel, tout commentaire désobligeant, tout dénigrement.  À quelques exceptions près, comme une relation sexuelle forcée, le harcèlement dépend du contexte.  Si entre copains et copines on échange des remarques sur l’habillement de chacun cela ne peut être considéré comme inconvénient. Par contre si un homme observe le chemisier d’une femme et dit sur un certain ton «quel beau chemisier», cela doit être considéré comme du harcèlement.

Ce contexte associé au fait que les hommes occuper toujours les postes de pouvoir, a un profond impact sur les jeunes femmes.  Les européennes continuent d’être victimes du soi-disant «plafond de verre» (ou barrière invisible) qui non seulement limite leurs possibilités d’avancement, mais abaisse leur potentiel d’épanouissement.  En dépit de nombreux programmes d’action positive à l’échelle européenne ou nationale, les femmes continuent d’être dans une position socialement désavantageuse et constituent encore une petite minorité de décideuses dans de nombreuses professions.  Dans certaines professions ou postes à responsabilités, la situation s’améliore; cependant, presque partout les femmes ont un salaire inférieur à 25% à celui attribué aux hommes pour une même tâche.

Pourquoi les écoles ne constituent-elles pas un environnement si respectueux du genre féminin?

L’éducation des jeunes est une priorité dans la diffusion du principe selon lequel la violence envers les femmes ne peut être tolérée quelle qu’en soit la circonstance.  Il est souhaitable que le système d’enseignement prenne en compte ces réalités et ne marginalise pas la violence masculine en particulier à l’égard des femmes et des fillettes . Il s’agit de se poser la question  « Pourquoi ne dit-on pas jamais que les violences sont principalement masculines? » et bien entendu d’essayer d’y répondre.

Lorsqu’il est question de l’égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif, on tend à limiter la problématique à l’accès des femmes et des jeunes filles à une formation professionnelle.  L’éducation devrait toutefois également consister à encourager les jeunes garçons à réfléchir à cette approche sexuée de la violence pour les amener à remettre en question le modèle classique de la masculinité agressive.  Faire un pas vers l’éradication de la violence suppose une modification radicale des comportements et des attitudes des hommes, ainsi que l’acceptation d’une bien plus large diversité d’identités masculines et féminines.

Jusqu’à une époque récente, la femme dans les livres apparaissait prodiguant des soins et agissant avec émotion, tandis que l’image de l’homme correspondait plus à celui qui agit avec intelligence et virilité et qui assume des responsabilités collectives.  La plupart des contes renforcent la notion selon laquelle les hommes sont définis en fonction de leur travail et de leurs réalisations, tandis que les femmes le sont en fonction de leurs relations par rapport à la famille notamment.  Des études successives ont démontré, encore récemment, que les enseignant(e)s prêtent plus d’attention aux garçons qu’aux filles et que les garçons sont plus souvent «mis en scène» que les filles lorsque l’occasion se présente.

Les écoles continuent d’être des lieux sexués via le contrôle des espaces communautaires et la pratique des sports. Dans les couloirs et sur les terrains de jeux de certaines écoles, les filles sont sans cesse dénigrées, dégradées et harcelées par les garçons.  Il arrive même que des enseignants s’y mettent en se permettent par exemple des commentaires au sujet de l’apparence vestimentaire ou physique de certaines filles.

Comment les médias peuvent-ils inciter à la violence?

Les médias jouent un rôle important quant à la façon dont nous percevons et répondons aux violences faites aux femmes dans notre société.  Si la télévision et les films peuvent nous apporter des satisfactions, ils véhiculent néanmoins aussi de trop nombreux messages qui encouragent la violence.

Les personnages dans les séries télévisées et les films d’action recourent souvent à la violence afin de résoudre un problème ou un conflit, des solutions alternatives sont rarement explorées.

Les actes de violence sont glorifiés et même présentés quasiment comme «héroïques».  En tant que tels, ces actes semblent concourir à solutionner des problèmes, il arrive même qu’ils soient perçus comme renforçant le caractère masculin d’un personnage.  Les personnes violentes, insensibles et agressives correspondent en général au modèle qu’on se fait de la masculinité.  Le degré de masculinité en quelque sorte est fonction du nombre d’actes violents commis.

Les médias suggèrent souvent que certaines femmes apprécient le fait d’être sexuellement dominées.  Les personnages féminins apparaissent dans bien des cas comme des provocatrices à l’égard des hommes qui, excités et presque malgré eux, sont amenés à imposer leur libido.  Cette perception des choses a pour effet de renforcer l’idée que «non» veut dire «oui» et que si un homme force une femme à un rapport sexuel, elle y prendra en fin du compte du plaisir 

De tels messages qui perpétuent les mythes, les attitudes et les stéréotypes de notre vie sociale, amènent la plupart des gens à tolérer les violences faites aux femmes.  La croyance sous-jacente communément admise est que les femmes ne sont non seulement pas égales aux hommes, mais qu’elles sont au service des hommes, un peu comme des objets, pour satisfaire leurs besoins fondamentaux.

Dans quelle mesure le comportement des garçons est-il influencé par tous ces modèles? Cette question fait l’objet de nombreuses discussions.  Heureusement tous les jeunes qui regardent des films violents ne deviennent pas pour autant violents eux-mêmes.  Toutefois pour certains cela peut-être des facteurs de déstabilisation et désensibilisation à la violence ce qui peut inciter à avoir un comportement violent réel.

Qu’en est-il des chansons, des vidéo-clips et de la publicité?

La musique et les images nous touchent tout particulièrement. Des vidéo-clips et des annonces publicitaires présentent les femmes comme de simples objets d’accompagnement comme destinés à combler les désirs sexuels des hommes.  En tant qu’objets, elles apparaissent de ce fait sans cervelle et ont ne leur attribue ni sensibilité, ni individualité.  Seules certaines parties de leur corps sont d’ailleurs importantes. Un corps idéal qui correspond à des mensurations hors du commun de très jeunes filles anorexiques avec un zeste de poupée Barbie.

De plus en plus, le corps masculin est utilisé à son tour pour vendre des produits tout en symbolisant le pouvoir et le prestige.  C’est pour cette raison que de nombreux garçons et des hommes commencent maintenant à comprendre ce que leurs copines dénoncent depuis longtemps.  On peut ainsi se sentir un peu hors normes par rapport à un standard quasiment impossible à atteindre sans stéroïdes ou chirurgie plastique.  Mais il subsiste toutefois une différence de traitement entre les hommes et les femmes dans les médias : bien que la représentation des hommes « bien foutus » est également déshumanisante, elle ne donne cependant pas lieu (comme elle le fait pour les femmes) à la victimisation sexuelle.

De quelle autre manière certains stéréotypes peuvent-ils engendrer des violences?

Dans bien des situations, le passage à l’acte sexuel entre un homme et une femme est présenté non comme un aboutissement d’une relation mais comme une fin en soi.  Peu de temps est consacré à la construction de la relation elle même qui reste pourtant la clef de toute relation non-abusive et durable.  Le comportement des femmes traduit le désir d’une relation sexuelle même lorsqu’elles communiquent verbalement en fait tout à fait autre chose.

Quel impact la violence peut-elle avoir sur le comportement des garçons ?

Bien que les hommes soient les privilégiés de notre société qui juge les traits «masculins» comme primordiaux, certains souffrent aussi des effets du sexisme et sont également victimes des stéréotypes en la matière.  Les hommes sont en général forcés de dénier leur sensibilité, leur compassion, leur empathie et leur créativité – des qualités inhérentes à tout être humain – ou leur capacité de rire d’eux-mêmes.

Les actes de violence ne concernent pas uniquement les femmes.  Énormément de violences sont commises par des hommes à l’égard de garçons et d’autres hommes.  La violence est omniprésente dans les pratiques sportives de ce 20e siècle, et cette violence a ruiné la carrière de nombreux athlètes prometteurs.  De nombreux jeunes hommes sont victimes de violences verbales ou d’agressions parce qu’ils sont homosexuels ou considérés comme l’étant.

Finalement, de nombreux garçons et de jeunes hommes sont abusés émotionnellement, physiquement ou sexuellement par des adultes.  L’agresseur peut être un père ou un adulte responsable et dans une position de pouvoir.  De telles formes d’abus sont toutes criminelles.  En d’autres mots, la violence des hommes envers les femmes est l’un des aspects les plus affreux d’une société sexiste qui discrimine les filles et les femmes.  Un grand nombre d’hommes  violents qui harcèlent sexuellement les femmes, sont aussi violents et abusifs envers d’autres hommes.

 

Votre rôle en tant qu’enseignant(e)
et personne-ressource

De par sa nature, les violences faites aux femmes reste un problème personnel qui est chargé d’émotions.  Il vous incombe de créer une atmosphère de confiance qui permettra aux élèves de discuter franchement de leurs expériences et d'exprimer leurs opinions et sentiments.  Afin d’établir un climat serein sans risques, nous vous suggérons les points suivants. 

Respect

Il incombe aux enseignant(e)s d’agir avec respect de l’autre.  Il est très important de prendre les élèves au sérieux et d’être sensible aux différences entre les individus et à leurs points de vue, ainsi qu’à toute gêne qu’ils/elles pourraient ressentir lors d’une discussion sur un sujet émotionnel, personnel et peut-être même effrayant. 

Jugement

Soyez prudent(e) dans vos jugements.  Ne renforcez pas les stéréotypes telles que «les garçons, on ne les changera jamais» ou que les filles sont des «victimes» sans pouvoir rien y faire.  Concentrez-vous sur les faits.

Confidences

Vous devriez établir des stratégies afin d’être prêt(e) à faire face à tout incident de harcèlement ou d’agression sexuelle qui pourrait être évoqué ou divulgué durant les séances de discussion.  (voir ci-dessous)

Confiance et règles de base

Demandez aux élèves ce qu’ils/elles attendent de vous et d’eux-mêmes pour se sentir à l’aise avant de parler du harcèlement sexuel.  Par exemple, requièrent-ils la confidentialité ou voudraient-ils avoir le droit de refuser de participer? Afin d’encourager la discussion ouverte, établissez des règles de base avant de commercer chaque exercice.  Si la discussion devient enflammée, rappelez avec politesse aux élèves qu’il est possible d’avoir une divergence d’opinion sans avoir recours aux injures ou à l’effronterie.  Afin de remettre la classe sur la bonne voie, vous pouvez demander aux élèves de développer leurs idées sur la question par écrit.

  Un autre moyen de créer un climat de confiance pour les élèves est de mettre en place une «boîte à questions» dans laquelle les élèves peuvent anonymement poser des questions qui pourraient autrement être difficiles à exprimer devant leurs camarades.  Vous pouvez alors les lire tout haut en classe et y répondre sans avoir à nommer l’élève.

Diversité

En divisant les élèves pour les exercices en groupe, essayez d’en créer qui mélangent  les élèves en fonction de leur sexe, race et origine ethnique.  Dans un premier temps, les élèves pourraient exprimer qu’ils/elles jugent plus confortable d’être dans un groupe de leur propre sexe, mais un des objectifs de ce projet est d’ouvrir des voies de communication qui franchissent les frontières entre les sexes, les races et l’appartenance ethnique.

 

Quelques conseils à propos des discussions

Les conseils ci-après sont fournis pour vous aider lors d’une discussion en classe.  Notez bien que l’objet des exercices inclus dans ce manuel éducatif est d’encourager le dialogue et l’auto réflexion au sujet des comportements dans leurs aventures amoureuses et dans leurs relations sociales.  Il pourrait être utile de passer en revue ces conseils avec les élèves afin que la communication soit encore plus ouverte.  Si certains sujets de discussion vous rendent mal à l’aise, vous pouvez inviter quelqu’un qui possède l’expérience nécessaire pour animer la classe sur ce sujet.

Posez des questions ouvertes.  C’est un très bon moyen de lancer et de poursuivre une discussion.  Les questions ouvertes commencent avec : Comment, Pourquoi et Quoi (i.e. «Comment cela nous affecte-t-il?», «Pourquoi est-ce un problème?», «Que pouvons-nous faire pour changer cette situation?»).

Relevez les différentes opinions.  Lorsqu’un élève introduit un point controversé, essayez de séparer le réel de l’imaginaire.  Si un malentendu se produit, encouragez les élèves à contester les idées, pas les élèves.

Encouragez les discussions animées, mais évitez les conflits.  La violence et les relations amoureuses étant des sujets émotionnels, les gens ont tendance à défendre leurs convictions avec force et parfois la discussion peut s’échauffer.  Vous pouvez décider de discuter les causes de cet échauffement, les raisons pour lesquelles les réactions sont si émotionnelles.

Tenez-vous en au centre d’intérêt.  Lorsqu’une discussion semble dévier, essayez de réintroduire le sujet de discussion original (p.ex., «Thomas, c’est juste! Il y a du vrai dans ce que tu dis, mais pourrions-nous revenir où nous en étions tout à l’heure…»).

Écoutez.  Demandez à tout le monde d’écouter et de respecter le point de vue de chaque personne avant de répondre.  Il est non seulement important de comprendre ce qu’une personne essaie de dire, mais aussi de lui donner la chance de s’exprimer.

Reconnaissez qu’il y a de nombreux points de vue sur tout sujet.  Il n’y a pas qu’un seul bon point de vue ou opinion.  L’objet de la discussion est de partager des idées/informations.  Il ne s’agit pas de marquer des points ou de remporter un argument. 

N’ayez pas le sentiment que vous devez être un expert sur un sujet.  Si vous n’êtes pas au courant de quelque chose, admettez-le.  Si un élève soulève une question difficile, demandez si quelqu’un en connaît la réponse.  Ou, si une question est importante, déclarez, «À ma connaissance…, mais laissez-moi faire plus de recherches.»

Considérez la possibilité de former des groupes de discussion avec des élèves du même sexe.  Divisez les élèves en groupes masculins et féminins.  Ceci peut donner confiance aux filles et leur permettre de parler plus librement.  Lorsque les deux groupes se rejoignent, assurez-vous que la discussion ne mène pas à une dispute ou à une confrontation.

Déclarez qu’un comportement violent n’est pas acceptable.  Et puisque nous voulons respecter les différences, les comportements abusifs ou impertinents ne sont également pas acceptables.  Tout dérapage du langage susceptible d’envenimer le climat – des paroles sexistes, racistes ou biaisés contre certains groupes d’individus (basé sur la nationalité, l’âge, l’orientation sexuelle, l’appartenance religieuse, des caractéristiques physiques) – devrait être contesté.  Le débat est positif; les paroles blessantes ne le sont pas.



Comment réagir en cas de confidences ?

Le problème des violences faites aux femmes peut affecter des élèves à titre personnel.  Le fait de discuter de ce problème très répandu pourrait inciter certain(e)s élèves à divulguer des incidents vécus (des violences, des agressions, des abus ayant eu lieu ou encore en cours).  Selon les lois en vigueur, il vous incombe, en tant qu’éducateur/éducatrice, de rapporter ces incidents aux autorités habilitées à les prendre en considération. Les directives de votre établissement scolaire peut indiquer les procédures que vous devrez suivre dans ce cas. 

Les quelques suggestions ci-après peuvent vous être utiles:

Trouvez un endroit sûr et tranquille
Si possible, parlez avec l’élève dans un endroit où vous ne serez pas dérangés.  

Écoutez
C’est peut-être la première fois que l’élève parle de son vécu.

Croyez le
Il est important que l’élève ait le sentiment qu’on la/le comprend et qu’on la/le croit.

Rassurez
Rassurez l’élève que la violence ou l’agression n’est pas de sa faute.

Renseignez le
Renseignez l’élève au sujet des différents services et ressources disponibles dans le quartier ou dans la ville.

Expliquez la procédure à suivre par l’élève et expliquez-lui à quoi elle/il peut s’attendre.  Dès le début, ne faites aucune promesse que vous ne pourriez tenir (i.e.  «Je vais m’en occuper»).  Précisez à l’élève quelle information peut ou ne peut pas être gardée confidentielle.

 


 

  Table des matières - Préface 
Introduction pour l’Élève 
Introduction pour l’enseignant(e) 
Activité 1 - Socialisation 
Activité 2 - Cartes relatives au statut social 
Activité 3 - Interviewer une personne influente 
Activité 4 - Regardez, écoutez et apprenez 
Activité 5 - Retrouver une confiance en soi 
Activité 6 - Les stéréotypes à caractère sexuel - Collages d'images 
Activité 7 - La musique d’aujourd’hui 
Activité 8 - Le harcèlement - Parfois, toujours, jamais 
Activité 9 - Une violence peut en cacher une autre 
Activité 10 - Déconstruire les mythes 
Activité 11- Prévenir les mauvais traitements 
Activité 12 - Que pouvons-nous faire de plus? 
Activité 13 - Qu’est-ce qu’une relation non-abusive? 
Activité 14 - Scénarios des relations amoureuses 
Activité 15 - Les luttes de femmes et d’hommes? 
4 plans d’action pour les écoles 
Les 4 plans d'action (propositions canadiennes)

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